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Les marchés financiers sont le lieu de confrontation des besoins et des capacités de
financement des agents économiques. Non seulement les marchés financiers doivent
satisfaire les préférences des agents économiques, mais ils doivent aussi allouer les
les marchés doivent allouer l’épargne aux secteurs ou projets économiques les plus
rentables.
Ce chapitre s’intéresse aux marchés des valeurs mobilières et des titres à moyen et
long terme. On distingue le marché primaire ∗ qui est celui de l’émission des nouveaux
La détention d’un titre est un droit sur le revenu futur de son émetteur ou sur ses
actifs dans le cas de la détention d’un titre liée à un droit de propriété. Dès lors, la
question centrale est celle de leur valorisation. Quelle est la valeur des revenus futurs
qu’un détenteur de titre peut escompter ? Pour répondre à cette question, le point
important est que l’épargnant (celui qui détient le titre) est intéressé par la valeur
dans lequel le taux d’intérêt joue un rôle majeur est fondamental sur les marchés
financiers.
actualisée est qu’un euro à recevoir dans un an a moins de valeur qu’un euro reçu
tout de suite, ne serait-ce parce qu’un euro reçu aujourd’hui peut être placé dans un
compte d’épargne qui rapporte un intérêt, et permet donc d’avoir plus d’un euro dans
∗
Pour les notions suivies d’un « * », voir aussi le glossaire.
1
un an ». On retrouve ici un principe fondamental du comportement des agents
Ce chapitre est composé de trois sections. Les deux premières sont consacrées aux
marché des actions (section 2). Enfin, on présente quelques données empiriques
cours sur le marché de l'occasion. Il convient ici de bien comprendre la relation inverse
• de montrer la relation qui existe entre taux d'intérêt nominal et taux d'inflation
2
• d’expliquer les principales raisons pour lesquelles les taux d’intérêt à long
terme suivent une tendance à la baisse depuis le début des années 1980 ;
• de définir ce que l'on appelle une action et pourquoi leurs détenteurs sont
• de montrer que le prix d'une action est lié à la valeur actualisée des flux de
les marchés ;
D’une manière générale, une obligation est un titre représentatif d’une fraction d’un
emprunt émis par une société, privée ou publique, ou un Etat. Il s’agit donc d’un titre
des intérêts, calculés par rapport à la valeur nominale (ou faciale) de l’obligation. Le
cours. Nous verrons qu’elle repose sur une relation fondamentale inverse entre taux
d’intérêt à long terme et prix des obligations à un moment donné (1.1.). Le reste de la
section étudie la question de la formation des taux d’intérêt. On commence par voir
dans quelle mesure le niveau de risque des emprunteurs – ceux qui demandent des
3
capitaux – exerce une influence sur le coût de leurs emprunts, soit aussi le taux
d’intérêt à long terme demandé par les investisseurs (ceux qui offrent des capitaux).
structure des taux d’intérêt – appelée aussi courbes des rendements - qui permet
d’établir un lien entre les rendements d’un même titre pour des maturités différentes
(1.3.). Dit autrement, on établit une relation entre taux d’intérêt à court terme et taux
à long terme. Enfin, on analyse la relation entre les taux d’intérêt nominaux et le
taux d’inflation à travers la notion de taux d’intérêt réels (1.4.). Cette relation nous
La fixation des cours sur le marché obligataire de l’occasion repose sur le principe de
base suivant : il existe une relation inverse entre taux d’intérêt et prix des actifs
(1.1.1.), on montre d’abord la relation entre cours du titre et taux d’intérêt (1.1.2.)
pour exprimer ensuite le taux de rendement de l’obligation sur une période donnée
(1.1.3.).
Soit un agent qui dispose de 100 euros et les prête à un autre agent pour un an en lui
10 euros
opération est le suivant : i = = 0,10 = 10% . Ainsi, pour un placement d’un an, il
100 euros
4
reçoit 100 euros × (1 + 0,10) = 110 euros ; pour une durée de deux ans, il reçoit
Ainsi, la somme présente de 100 est équivalente à la somme de 100 (1+ i)n° dans un
d’un bien ou d’une somme d’argent, F = A (1 + i)n°. Cette valeur future est obtenue à
valeur dans le futur n, soit F, on obtient son équivalent présent, actuel, par la relation
taux i.
annuel d’un certain montant d’intérêt (le coupon) et par le paiement final de sa valeur
somme des flux qu’il permet d’encaisser durant sa vie, ces flux étant actualisés au
taux i, soit :
C C C VF
P= + 2
+ .... + n
+ (1)
1 + i (1 + i ) (1 + i ) (1 + i ) n
à l’échéance. Ce taux est donc le taux d’actualisation qui établit une égalité entre le
5
prix du titre et la valeur présente des flux futurs qui lui sont associés. En faisant
tendre n vers l’infini, nous obtenons une obligation perpétuelle dont le prix s’écrit :
C
P= (2)
i
Soit, par exemple, une obligation perpétuelle émise à la valeur faciale de 1 000 euros
100. A l’émission elle est vendue 1 000 euros, son prix correspond bien alors à un taux
Supposons qu’un an plus tard le taux d’intérêt sur le marché soit de i2 = 20 %, le prix
de l’obligation devient alors P = 100/0,2 soit 500. En effet, le passage du taux d’intérêt
que 100 euros alors qu’ils pourraient en obtenir 200 en acquérant de nouvelles au
prix de 1 000. Ainsi, les anciennes obligations sont moins attractives. Leur prix va
baisser jusqu’au niveau qui leur donne le même taux de rendement à l’échéance que
Le taux de rendement d’une obligation entre t et t+1 se définit comme les paiements
C + Pt +1 − Pt
RDT = ou RDT = C + Pt +1 − Pt (3)
Pt Pt Pt
Si le ratio coupon / prix d’achat initial, représentant le rendement courant, est noté
RDT = ic + g (4)
6
Le taux de rendement peut différer du rendement courant, lié au taux d’intérêt facial,
d’intérêt sur le marché. Il en résulte des pertes ou gains en capital d’autant plus forts
rendements obtenus pour une année concernant des titres qui diffèrent par leur
Selon le tableau, le seul titre dont le rendement égal au taux d’intérêt initial – soit
détention sur laquelle le rendement a été calculé. Par hypothèse, il s’agit d’une durée
dernière colonne RDT montre bien que le rendement est égal au taux d’intérêt initial
pour ce titre.
titres
Pour les autres obligations, une hausse du taux d’intérêt entraine une perte en capital
dès que la maturité dépasse la durée de détention (ici un an). Plus la maturité est
éloignée (colonne n), plus le rendement obtenu est fiable et dévie du taux initial égal
à 10 %.
7
En conséquence, le titre obligataire est donc bien un actif risqué, par opposition à la
monnaie dont le rendement nul est sûr et qui représente ainsi l’actif liquide. Dans
leurs choix financiers, les agents doivent donc intégrer les variations des taux
d’intérêt qui sont à l’origine des variations de cours et par là même des plus ou moins-
Un exemple des effets de la hausse des taux d’intérêt à long terme sur le prix des
obligations est la crise des marchés obligataires de 1994 qui a entraîné les pertes en
capital les plus élevées depuis plus de dix ans : 1 500 milliards de dollars, soit près
Rapport Annuel, Bâle, p.108). Cette crise a été initiée par l’accroissement des taux
longs aux États- Unis (hausse de près de 200 points de base2 en 1994), elle a eu une
rendements obligataires a été à l’origine des pertes en capital essuyées par les
investisseurs internationaux. Ainsi, la hausse s’est située entre 200 et 300 points de
base avec un accroissement minimal pour le Japon et la Suisse (près de 120 points de
base) et une augmentation maximale pour la Suède, l’Italie et l’Espagne (entre 300
2 Un point de base est équivalent à un centième de point de pourcentage. Cette expression est très
largement utilisée dans le monde de la banque et de la finance. Le point de base est défini comme la
différence entre deux pourcentages, multipliée par cent. Par exemple, la différence entre deux taux
d'intérêt de 2,00 % et 2,50 % est de 0,5 point de pourcentage, soit 50 points de base. Si une banque
centrale augmente son taux d'intérêt directeur de 1 % à 1,5 %, on dira qu'elle l'a relevé de 50 points de
base.
8
1.2. Taux d’intérêt et risque
Les deux graphiques qui suivent présentent l’évolution des taux de rendement de
titres à 10 ans émis par différentes entités. Le Graphique 1 montre, sur sa partie
gauche, les rendements des titres émis par des entreprises très peu risquées (AAA),
des entreprises risquées (BBB) et les Etats pour la zone euro tandis que la partie
droite présente les mêmes données pour les Etats-Unis (Aaa et Baa).
-2 0
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01/03/1998
01/05/1999
01/07/2000
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AAA Rated BBB Rated Gouvernement Corporate Aaa Corporate Baa Etat
9
Ces graphiques révèlent deux faits très importants. En premier lieu, pour une même
date, on voit que les rendements diffèrent entre les émetteurs, mais aussi entre les
différents pays. En second lieu, même si les taux d’intérêt adoptent la même
tendance, il apparaît que les écarts entre eux, appelés spreads, diffèrent au cours du
temps.
Afin d’expliquer les deux faits précédents, il convient d’introduire dans l’analyse les
Comme tous contrats de dettes, les obligations sont soumises au risque de défaut de
son émetteur. Le risque de défaut caractérise une situation dans laquelle l’émetteur
d’une obligation n’est pas en mesure de faire face au paiement des intérêts, voir aussi
du taux d’intérêt. D’une manière générale, et c’est ce que montre le Graphique 1, les
économiques, et faisant donc l’objet d’une notation inférieure (BBB (Baa) ici), sera
plus risquée qu’une firme en bonne santé (notée AAA (Aaa)), ce qui implique que le
taux payé par la première tend à être plus élevé que celui versé par la seconde. La
logique est d’intégrer une prime de risque* dans le taux d’intérêt que doit verser la
firme BBB au moment d’émettre des obligations afin d’inciter les investisseurs à les
acheter. Il doit en résulter des taux d’intérêt pour les entreprises BBB qui sont plus
élevés que ceux des firmes AAA. Le graphique montre aussi que les taux payés par
les Etats sont inférieurs à ceux que doivent verser les firmes AAA et BBB. Cela
10
provient du fait que les investisseurs vont considérer que l’Etat ne peut pas faire
défaut car il est en mesure d’augmenter les impôts pour faire face à ses engagements.
De ce fait, on va souvent considérer que les obligations émises par les Etats – les
obligataire. Cette caractérisation implique que les taux longs des obligations
Cependant, les Etats ne sont pas exempts de risques de défaut sur leur dette.
Le défaut d’un Etat – appelé aussi défaut souverain* – caractérise une situation dans
laquelle un Etat n’est plus en mesure d’honorer dans les termes prévus dans le
favorables aux prêteurs. Le défaut peut être partiel, ce qui signifie que les intérêts
continuent à être payés mais pas le principal. Un accord sur l’arrêt momentané des
Les défauts souverains ne sont pas des événements rares. On en observe à l’occasion
des guerres napoléoniennes et dans les trois décennies qui suivent, au cours de la
dépression des années 1870 – 1890, dans les années 1930, dans les années 1980 puis
La possibilité d’un défaut des Etats implique que les niveaux de risque sur les dettes
publiques varient, ce qui est exprimé par des taux d’intérêt différents selon les Etats
émetteurs (voir le Graphique 2 plus haut). Lorsque des Etats connaissent des crises
4Reinhart C.M. et Rogoff K.S. (2009), This time is different, eight centuries of financial folly, Princeton
University Press.
11
importantes – à l’instar de la Grèce à partir de 2010 – la prime de risque pays par
l’Etat pour émettre de nouvelles obligations peut devenir très élevée. Le Graphique
3 montre cela en calculant l’écart d’intérêt, le spread, entre le taux d’intérêt pays par
la Grèce et celui pays par l’Allemagne. On voit clairement une explosion de la prime
Une autre caractéristique importante d’une obligation exerçant une influence sur le
taux d’intérêt est sa liquidité. Rappelons que la liquidité d’un actif fait référence à la
importante de cette définition est que plus la liquidité d’un actif est élevée, plus les
transactions – le turnover – effectué dans la journée. Plus celui-ci est élevé, plus le
marché est considéré comme liquide. En effet, des transactions journalières élevées
12
parle de contreparties – ce qui doit permettre de vendre facilement et à un faible coût
l’actif considéré. Une autre manière de mesurer la liquidité d’un actif est d’observer
varient dans le temps, plus le marché est considéré comme peu liquide car cela
rendement.
économies développées, les titres émis par l’Etat sont plus liquides que ceux émis par
comprendre le spread positif que l’on doit observer entre les différents taux d’intérêt.
Après avoir présenté les principes de base, on analyse les fondements théoriques de
la structure par termes des taux d’intérêt. Dans un troisième temps, on montre ses
liens avec la politique monétaire conduite par les banques centrales aujourd’hui.
d’intérêt dans les principaux pays développés depuis les années 2000.
Cette structure, dite aussi courbe des rendements*, désigne les rendements de titres
aux caractéristiques similaires (même risque, même liquidité, même fiscalité) selon
des termes (échéances) différents. Cette courbe donne ainsi une liaison entre les taux
d’intérêt à court terme et les taux à long terme. Par exemple, en prenant en compte
des titres d’Etat, la structure des taux fait apparaître les taux à un mois, trois mois…,
dix ans liés à ces titres. Le Graphique 4 représente les trois formes principales que
peut prendre la courbe des rendements. En abscisse se trouve la durée des placements
13
(1, 2, 3, …, n ans). En ordonnée figure le rendement correspondant au taux d’intérêt
Le graphique suggère que la courbe des rendements peut prendre trois formes :
- la forme ascendante (partie gauche), forme 1, dans laquelle les taux courts sont
- la forme dite plate (partie centrale), forme 2, où les taux courts et les taux longs
tendent à s’égaliser ;
- la forme descendante (partie droite), parfois dite aussi inversée, forme 3, où les taux
Selon la théorie des anticipations, le taux d’intérêt à long terme d’un titre est égal à
la moyenne des taux courts anticipés par les agents sur la durée de vie de ce titre.
Cela signifie que si les agents anticipent qu’en moyenne les taux courts seront de 8 %
au cours des dix prochaines années, alors le taux d’un titre de maturité dix ans doit
être de 8 %. Autrement dit, les agents sont indifférents entre détenir un titre pendant
14
dix ans avec un taux de 8 % ou détenir pendant un an un titre de même rendement
et racheté dix fois. L’hypothèse sous-jacente à cette théorie est que les titres sont de
avec in le taux long (n années), i1 le taux court (un an) et 𝑖𝑖1𝑎𝑎,𝑘𝑘 le taux court anticipé
En approximant, le taux long peut s’écrire comme une moyenne arithmétique des
1
𝑖𝑖𝑛𝑛 = �𝑖𝑖 + 𝑖𝑖1𝑎𝑎,1 + 𝑖𝑖1𝑎𝑎,2 + ⋯ + 𝑖𝑖1𝑎𝑎,𝑛𝑛−1 �
𝑛𝑛 1
Si les agents anticipent que le taux court va rester constant pendant n années, alors
le taux à n ans (taux longs) sera égal au taux à un an (taux court). Si les agents
anticipent une hausse des taux courts, le taux long sera supérieur au taux court.
Ainsi, la forme 1 (forme ascendante) révèle une anticipation de hausse des taux qui
celle des titres à long terme (attente d’une baisse du cours des obligations).
Une structure plate (forme 2) révèle une anticipation de stabilité des taux, le taux à
5A. Bénassy-Quéré, L. Boone et V. Coudert, Les taux d’intérêt, collection Repères, La Découverte,
Paris, 2003.
15
Une structure inversée (forme 3) révèle une anticipation de baisse des taux, qui
justifie la détention de titres longs malgré une rémunération inférieure à celle des
titres courts.
La théorie des anticipations fournit une explication au fait que tous les taux ont
tendance à évoluer en même temps. En effet, une augmentation aujourd’hui des taux
à court terme est généralement interprétée comme des taux courts plus élevés
demain, ce qui justifie alors l’accroissement des taux longs aujourd’hui. Cependant,
dans un contexte de stabilité des prix, ce principe est d’une portée moins générale : si
l’augmentation des taux courts liés à l’action de la banque centrale est jugée crédible
(du point de vue de la lutte contre l’inflation), alors les taux longs peuvent baisser (on
anticipe des taux courts plus bas). Si les taux courts sont bas aujourd’hui, la forme 1
est prédominante : les agents anticipent une hausse demain. S’ils sont élevés, on
substituables en raison des préférences des agents : certains préfèrent des échéances
courtes, d’autres des maturités longues. Dès lors, chaque marché est segmenté. Cela
signifie par exemple que le jeu de l’offre et de la demande sur les titres à un an est
indépendant des rendements sur d’autres maturités. Cette théorie apporte une
justification au fait que la forme 1 est souvent considérée comme normale. En effet,
la demande de titres longs est souvent inférieure à celle de titres courts : le prix des
16
1.3.2.3. La théorie de la préférence pour la liquidité
rémunération d’autant plus élevée qu’ils vont prêter à long terme. En effet, la
détention d’actifs liquides est synonyme de sécurité. Le taux à long terme est alors
égal à la moyenne des taux à court terme sur la durée de vie du titre à laquelle on
Une courbe plate (forme 2) correspond à l’absence de toute prime de liquidité, les
agents considérant alors que le risque est identique quelle que soit l’échéance de
l’investissement.
Une courbe inversée (forme 3) correspond à l’existence d’une prime d’illiquidité : les
agents préfèrent acquérir des titres à long terme, considérant que le risque lié à la
détention de ces titres est plus faible que pour des échéances plus rapprochées.
induit des taux courts en moyenne plus élevés demain, ce qui accroît les taux longs.
Elle explique aussi pourquoi, lorsque les taux courts sont bas, la forme ascendante de
la courbe des rendements est observée. Dans cette situation, les agents anticipent
une hausse des taux courts jusqu’à un niveau jugé normal. Ainsi, la moyenne
anticipée des taux courts est plus élevée. Il convient de noter qu’en raison de la
présence de la prime de liquidité, les taux longs doivent s’accroître davantage que
dans les deux théories précédentes (la pente des courbes est plus forte). Enfin, si la
17
forme ascendante paraît normale, c’est en raison de la prime de liquidité qui doit
compare ainsi pour trois pays les taux de rendement des obligations d’Etat* à un an
Graphique 5 Taux des obligations à un an et taux des obligations d’Etat à dix ans
10 6 9
8
5
8 7
4 6
6 5
3
4
4
2 3
2
2 1
1
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-1
-2
-2
Le graphique montre clairement que la tendance lourde est bien un taux court
Les années 2000 sont particulièrement intéressantes. A partir de mai 2004, la banque
centrale des Etats-Unis a régulièrement remonté ses taux d’intérêt pour faire face
aux pressions inflationnistes de plus en plus importantes à cette période. Or, en dépit
de ces augmentations régulières (le taux des Fed funds est ainsi passé de 1,00 % en
juin 2003 à 3,75 % en septembre 2005), les taux d’intérêt à long terme ont peu réagi
aux Etats-Unis, mais aussi dans la zone euro. On a donc observé un aplatissement de
la courbe des taux aux Etats-Unis, moins marqué dans la zone euro car les taux courts
ont monté plus tardivement. Sur le graphique, l’aplatissement se traduit par le fait
que les taux courts se sont de plus en plus rapprochés des taux longs.
18
Cette évolution traduit ce que l’on appelle parfois « l’énigme des taux » depuis que le
En effet, alors que dans les précédents épisodes de durcissement monétaire, les taux
longs augmentaient, dans la période évoquée les rendements du Trésor 10 ans ont
enregistré un repli cumulé de 50 points de base (pb) en dix mois jusqu’à mi-mai 2005,
pour s’établir à 4,12 % aux États-Unis. De même, dans la zone euro et au Japon, ils
ont cédé respectivement 107 pb et 49 pb de fin juin 2004 à mi-mai 2005. Le Graphique
La crise financière mondiale de 2008-2009 a entrainé une très forte baisse des taux
d’intérêt à court terme accompagnée de celle des taux longs, mais à un rythme moins
rapide. En conséquence, la courbe des taux s’est de nouveau « pentifiée » dans le sens
normal, mais sur des niveaux de taux d’intérêt très bas. Cette tendance n’a pas
aux Etats-Unis, à partir de fin 2015, un aplatissement de la courbe des taux lié à la
fin de la politique d’aisance quantitative aux Etats-Unis. Ainsi, les taux courts ont
augmenté de manière significative mais sans forte réaction des taux longs. Du début
2019 à la crise liée à la COVID-19, la courbe des taux est presque plate aux Etats-
Unis, puis elle se « pentifie » de nouveau sous l’impact de la forte baisse des taux
La baisse des taux d'intérêt à long terme nominaux et réels est une tendance lourde
19
Voir aussi la vidéo Ch3_02_Baisse structurelle des taux d'intérêt à long
terme_Explications
Le graphique 6 illustre ce mouvement pour les pays du Groupe des Sept hors Italie.
On voit clairement que les taux réels sont marqués par un trend baissier qui débute
dès les années 1980, donc bien avant la crise financière mondiale. Une vaste
le concept de « taux d’équilibre » ou « taux naturel », que l'on peut définir comme étant
« le taux d’intérêt réel compatible avec une production à son niveau potentiel et une
la « stagnation séculaire » mise en avant par L.H. Summers (2015) mais dont les
Graphique 6 Moyenne des taux d'intérêt sur les emprunts d'État protégés contre
6 Summers L. H. (2015), « Have we entered an age of secular stagnation », IMF Economic Review,
vol. 63, pp. 277-280. Hansen A.H. (1939), « Economic progress and declining population », The
American Economic Review, vol. 29, no 1, pp. 1-15.
7 Rachel L. et Summers L.H. (2019), « On falling neutral real rates, fiscal policy, and the risk of secular
20
La faible dynamique de l'investissement repose sur deux facteurs principaux. D'une
part, on observe depuis la fin des années 1970 une baisse tendancielle de la
productivité des facteurs dans les principaux pays avancés. En outre, la croissance
potentielle8 des économies est elle aussi en baisse. La conséquence est un impact
négatif sur les rendements marginaux du capital et, par là même, sur
l'investissement des firmes. D'autre part, les coûts relatifs du capital (notamment les
équipements informatiques) tendent à diminuer, ce qui à son tour réduit les dépenses
de l’espérance de vie. Dans son Panorama de la société 2019, l'OCDE montre que si,
en 1970, il y avait, en moyenne dans les pays de l'OCDE, 18 personnes âgées de 65 ans
et plus pour 100 personnes âgées de 20 à 64 ans, ce ratio est passé à 28 en 2015. Les
les agents économiques sont à la retraite. Ils puisent alors dans cette épargne afin de
inégalités présentes dans les économies avancées depuis le début des années 1980.
En effet, les ménages à revenus élevés ont une propension à épargner supérieure
8 La croissance potentielle peut se définir comme le taux de croissance du PIB potentiel, soit « la
croissance que l’économie peut maintenir à long terme, hors effets de court terme liés à un écart entre
la demande et le niveau potentiel de l’offre ». Le PIB potentiel est « le niveau maximum de production
que peut atteindre une économie sans qu’apparaissent de tensions sur les facteurs de production qui
se traduisent par des poussées inflationnistes ». Source : Banque de France, « La croissance
potentielle : une notion déterminante mais complexe », Focus no 13, 2 mars 2015.
https://publications.banque-france.fr/sites/default/files/medias/documents/focus-13_2015-03-02_fr.pdf
21
relativement aux ménages les plus pauvres et à ceux de la classe moyenne. L. Rachel
et L.H. Summers (2019) ont étudié l'évolution du taux naturel agrégé pour les pays
que le taux naturel serait négatif si on éliminait l'influence des politiques budgétaires
sur ces taux, influence qui s'exerce notamment via la hausse structurelle des
dépenses liées aux retraites et à la santé. Les deux auteurs soulignent ainsi que les
P.O. Gourinchas et H. Rey (2016)9 reprennent la thèse du saving glut pour expliquer
la faiblesse des taux d'intérêt réels à trois mois sans risque (bons du Trésor). Le
demande accrue d’actifs sûrs, en particulier celle des pays émergents. La seconde
tendance est ce que G.B. Eggertsson et P. Krugman (2012)10 ont appelé le delevaring
shock (choc de désendettement). Les pays les plus frappés par la crise financière
longue période du ratio consommation/richesse dans les pays avancés. C'est ce que
auteurs montrent que dans les périodes d'euphorie financière, ce ratio diminue
fortement en raison de la hausse des prix des actifs. Deux points bas sont identifiés :
9 Gourinchas P.O. et Rey H. (2016), « Real interest rates, imbalances and the curse of regional safe
asset providers at the Zero Lower Bound », in The future of the international monetary and financial
architecture, ECB Conference proceedings, pp. 70-109.
10 Eggertsson G.B. et Krugman P. (2012), « Debt, deleveraging, and the liquidity trap: a Fisher-
Minsky-Koo approach », The Quarterly Journal of Economics, vol. 127, no 3, pp. 1469–1513.
22
1928-1929 et 1997. Cependant, la crise financière provoque une chute de la richesse
des agents privés consécutive à la baisse du prix des actifs. Elle est suivie par une
Or, au cours de cette période d'ajustement, les taux d'intérêt réels sans risque se
Dans son Rapport annuel 2018, la BRI met en avant un déterminant peu étudié dans
la littérature : le facteur monétaire. Selon la BRI, les facteurs monétaires ont des
« effets sur les taux d’intérêt réels plus persistants qu’on ne le suppose
habituellement » (BRI, 2018, p. 46). Deux canaux principaux peuvent expliquer cette
influence sur les taux d'intérêt réels. D'une part, certains régimes monétaires – en
efficace les anticipations d’inflation conduisant alors à une transmission continue des
variations du taux d’intérêt nominal aux taux réels. D'autre part, dans la mesure où
contraction des cycles financiers et que ces derniers peuvent eux-mêmes exercer une
Une conclusion importante de cette littérature sur la faiblesse structurelle des taux
longs est que les gouvernements et les banques centrales doivent accepter de mener
des politiques économiques expansionnistes afin de sortir les économies d'une forme
23
1.4. La distinction taux d’intérêt nominal – taux d’intérêt réel
Nous avons raisonné jusqu’à présent en termes de taux d’intérêt nominal*, c’est-à-
dire un taux d’intérêt ne tenant pas compte de l’inflation. Or, les agents économiques,
emprunteurs comme prêteurs, peuvent être sensibles non pas au taux nominal mais
opération d’emprunts. Dans ce cas, ce qui importe est le taux d’intérêt réel*. Ce
dernier est calculé comme la différence entre le taux d’intérêt nominal et le taux
d’inflation anticipé.
Pour comprendre cette relation que nous allons expliciter, on peut raisonner comme
si l’intérêt reçu par le prêteur était un salaire. Lorsque l’on est un salarié, ce qui
compte ce n’est pas le salaire affiché sur la fiche de paye, le salaire nominal, mais ce
qu’il peut effectivement acheter avec, ce que l’on appelle le pouvoir d’achat. Ce dernier
appelle le salaire réel. La distinction taux d’intérêt nominal – taux d’intérêt réel
Le taux d’intérêt réel est défini par la relation de Fisher 11 qui exprime une relation
entre le taux d’intérêt nominal, le taux d’intérêt réel et l’inflation anticipée. Cette
relation s’écrit :
24
𝑖𝑖 = 𝑖𝑖𝑟𝑟 + 𝜋𝜋 𝑎𝑎
Selon cette relation, les agents anticipant une inflation positive exigent une
Lorsque le taux d’inflation* est supérieur au taux d’intérêt nominal, alors le taux
d’intérêt réel est négatif, ce qui encourage l’emprunt, mais pas les placements.
Lorsque le taux d’inflation diminue plus rapidement que le taux d’intérêt nominal,
Graphique 7 Taux d’intérêt réel dans quelques pays avancés, 1960-2023 (avril)
25
Le graphique montre bien dans quelle mesure l’inflation relativement élevée de
l’inflation en France et en Italie dans la seconde moitié des années 1970 a favorisé
l’endettement en raison de taux d’intérêt réels très faibles, voire même négatifs. A
début des années 1980 a conduit à une très forte augmentation des taux d’intérêt
et jouit de tous les droits qui s’y attachent, dont le droit de vote aux assemblées et la
Les dividendes ne peuvent être versés que lorsque les résultats de l’exercice sont
créanciers et ses prêteurs ont un privilège par rapport à l’actionnaire si la société fait
faillite. C’est la raison pour laquelle l’actionnaire est qualifié de « créancier résiduel »
ou en tant que détenteur d’un « droit résiduel ». Le risque encouru par l’actionnaire
est compensé par une possibilité de revenu, le dividende, à laquelle s’ajoute celle
de déterminer le prix d’une action (2.1). Dans un second temps, on aborde l’hypothèse
d’efficience du marché des actions qui revient à se poser la question suivante : le prix
26
courant des actions reflète-t-il en moyenne leur prix d’équilibre ? (2.2). L’appendice 1
Comme nous l’avons souligné dans l’introduction de ce chapitre, une des fonctions des
marchés financiers est de pouvoir permettre aux détenteurs de titres d’estimer leur
valeur. Nous avons alors mis en avant l’idée de base suivante : la valorisation d’un
actif repose sur les flux de revenus futurs qu’il génère durant sa durée de vie. Ce
principe est au cœur de l’évaluation du prix d’une action. Il est important de souligner
son détenteur. En effet, une « bonne » évaluation des valeurs boursières doit conduire
à une meilleure allocation des capitaux entre les différents secteurs de l’économie
Supposons 13 un épargnant qui décide d’acquérir, sur les conseils de son courtier, les
La question que l’on se pose est la suivante : compte-tenu de ces informations, notre
épargnant doit-il acquérir cette action ? La réponse à cette question repose sur celle
13On prend appui ici sur F. Mishkin (2007), Monnaie, banque et marchés financiers, 8ème édition,
Pearson Education, Paris, p.170-171.
27
qui sera donnée par l’épargnant à une autre question : le prix de l’action constaté sur
Pour déterminer si c’est le cas, il convient de déterminer la valeur actualisée des flux
de revenus futurs générés par la détention de cette action. Le raisonnement est très
prix d’une obligation. Cependant, dans le cas du prix de l’action de la société Omega,
le taux d’actualisation est défini comme le taux de rendement – appelé aussi taux de
rentabilité – demandé par les actionnaires. Il ne s’agit donc pas du taux d’intérêt, ce
Le prix des actions repose sur deux déterminants : le dividende versé par la société
et le prix de vente final de l’action. Ce sont ces deux variables qui sont donc utilisées
𝐷𝐷𝐷𝐷𝐷𝐷 𝑃𝑃
𝑃𝑃0 = (1+𝑘𝑘1 ) + (1+𝑘𝑘1 (1)
𝑒𝑒 𝑒𝑒 )
avec P0 le prix actuel de l’action (soit aussi le prix constaté sur le marché au moment
de décider de son achat). L’indice t = 0 désigne l’instant présent ; Div1 est le dividende
payé à la fin de la première année ; ke le taux de rentabilité exigé par les actionnaires ;
Supposons que le taux de rentabilité qui satisfait l’épargnant est 12 %. Il est alors
possible d’utiliser l’équation (1) pour calculer le prix d’une action de la Société Omega.
- ke = 0,12 ;
- Div1 = 2 ;
- P1 = 60.
28
La valeur actuelle théorique de l’action de la Société Omega est la suivante :
2 60
𝑃𝑃0 = + = 55,36 €
1 + 0,12 1 + 0,12
Dans la mesure où le prix actuel de l’action est de 50 euros, notre épargnant peut
l’acheter car l’opération, sur la base des données précédentes, est rentable.
Cependant, il convient de noter que le fait que la valeur de marché soit inférieure à
la valeur théorique peut résulter de la présence d’un risque perçu par les autres
précédemment.
Au lieu d’avoir une seule période, on suppose à présent qu’il existe n périodes. Cela
implique que les revenus actualisés liés à la détention d’une action de la Société
Omega repose sur une série de n dividendes (une par période) et sur le prix de revente
𝐷𝐷 𝐷𝐷 𝐷𝐷 𝑃𝑃
𝑃𝑃0 = (1+𝑘𝑘1 )1 + (1+𝑘𝑘2 )2 + ⋯ + (1+𝑘𝑘𝑛𝑛 )𝑛𝑛 + (1+𝑘𝑘𝑛𝑛 )𝑛𝑛 (2)
𝑒𝑒 𝑒𝑒 𝑒𝑒 𝑒𝑒
Un point important doit être souligné. Pour utiliser l’équation (2) dans l’évaluation
du prix d’une action, il est nécessaire de faire une hypothèse sur le cours de l’action
au moment de sa revente (soit Pn). Dans le cas où n est grand, c’est-à-dire que
l’horizon de revente est très éloigné, cette question a peu de conséquence sur P0. Plus
50€
�(1+0,12)80� = 0,006€. Cet exemple nous conduit à une conclusion importante : il est
29
possible de calculer la valeur d’une action en prenant en compte uniquement la valeur
manière suivante :
∞
𝐷𝐷𝑡𝑡
𝑃𝑃0 = � (3)
(1 + 𝑘𝑘𝑒𝑒 )𝑡𝑡
𝑡𝑡=1
On retrouve bien l’idée selon laquelle le prix actuel de l’action est estimé à partir du
Il est cependant une fonction sous-jacente à cette mise en correspondance qui est
essentielle, c’est celle de la capacité des marchés à allouer de manière la plus efficace
possible des ressources rares. Cette fonction est discutée à travers ce que l’on appelle
explique les principes de base de l’efficience en l’appliquant aux marchés des actions
On dira qu'un marché est efficient du point de vue informationnel lorsqu'en moyenne
il n'est pas possible d’obtenir des profits en excès de transactions effectuées sur la
30
base d'informations publiques. On distingue trois formes d'efficience
informationnelle 14 :
prix (ou des rendements) passés. Aucun opérateur ne peut obtenir un rendement
anormal en utilisant les prix ou rendements du passé dans la mesure où tout le monde
les connaît ;
- la forme semi-forte : les prix absorbent toute l'information publique disponible. Nul
opérateur ne peut donc obtenir de rendements en excès en se fondant sur ces éléments
l'efficience
Le point de départ de l’analyse est le suivant : sur un marché efficient d’un point de
vue informationnel, on considère que le prix des actions reflète l’intégralité des
rendement d’un actif financier – ici une action – est la somme de deux composantes
- les gains en capital liés à la variation du prix de l’action entre le moment de l’achat
et le moment de la vente ;
On a ainsi :
14 E. Fama (1970), « Efficient capital markets: a review of theory and empirical work », The Journal of
Finance, vol.25, n°2, p. 383-417.
15 Ce paragraphe prend appui sur F. Mishkin (2007), op. cit., p.179-182.
31
(𝑃𝑃𝑡𝑡+1 −𝑃𝑃𝑡𝑡 )+𝐷𝐷𝐷𝐷𝐷𝐷
𝑅𝑅 = 𝑃𝑃𝑡𝑡
(4)
moment de la revente à t + 1 ; Pt, le prix de l’actif à son achat à t ; et Div, les flux de
dividendes entre t et t + 1.
Dans l’équation (4) ci-dessus, la seule variable qui n’est pas connue par un agent au
l’action à t pour t + 1, alors le taux de rentabilité anticipé de l’action, Ra, peut s’écrire
de la manière suivante :
𝑎𝑎
�𝑃𝑃𝑡𝑡,𝑡𝑡+1 −𝑃𝑃𝑡𝑡 �+𝐷𝐷𝐷𝐷𝐷𝐷
𝑅𝑅 𝑎𝑎 = (5)
𝑃𝑃𝑡𝑡
Avant d’aller plus loin, il est important d’introduire une hypothèse fondamentale
précisément, l’hypothèse d’efficience des marchés suppose que les agents forment des
Ainsi, dans l’équation (5), on a supposé que les agents anticipaient à t le prix futur de
X ta,t +1 = E ( X t +1 / I t ) avec X ta,t +1 la valeur prévue d’une variable (ici une action) en t pour
mathématique est liée au fait que les agents forment les meilleures anticipations
possibles.
32
Les anticipations étant optimales (o), on peut donc écrire que
𝑎𝑎 𝑜𝑜
𝑃𝑃𝑡𝑡,𝑡𝑡+1 = 𝑃𝑃𝑡𝑡+1
et donc que
𝑅𝑅 𝑎𝑎 = 𝑅𝑅 𝑜𝑜
L’idée centrale est de considérer que le rendement anticipé, Ra, va varier tant que sur
𝑅𝑅 𝑜𝑜 , on peut en déduire que 𝑅𝑅 𝑜𝑜 = 𝑅𝑅 ∗ . Cela signifie que sur un marché efficient, le prix
actuel d’une action est tel que la prévision optimale du taux de rentabilité avec des
L’implication essentielle de l’analyse qui précède est que sur un marché efficient, les
Pour comprendre cette implication, il faut montrer que sur un marché efficient les
d’équilibre. On dira alors qu’il n’existe sur le marché aucune opportunité d’arbitrage
(ou de profit) qui serait inexploitée. L’idée est ainsi de considérer que :
33
- lorsque à un moment donné 𝑅𝑅 𝑜𝑜 > 𝑅𝑅 ∗ , alors les investisseurs achètent le titre en
question, ce qui accroît son prix (Pt) et par là-même diminue son rendement (Ro) ;
question, ce qui diminue son prix et par là-même augmente son rendement.
achètent quand ils pensent que les prix sont bas et vendent lorsqu’ils considèrent que
les prix sont élevés. Les prix du marché sont ainsi constamment ramenés vers leur
inexploitées de manière durable, cela signifierait que les investisseurs n’utilisent pas
l’hypothèse d’anticipations rationnelles et, par implication, avec celle d’efficience des
marchés.
selon laquelle les cours des titres suivent une marche aléatoire. Afin de comprendre
cette idée, il faut en revenir au fait que les opérateurs connaissent toute l'information
16 N. Kaldor (1939) a donné la définition suivante de la spéculation, très largement utilisée : il s’agit
d’un « achat ou vente de biens avec intention de revente (ou de rachat) à une date ultérieure, lorsque
l'action est motivée par l'espoir d'une modification du prix en vigueur et non par l'avantage lié à l'usage
du bien ». La spéculation est donc une opération risquée. Elle ne repose pas sur la détention d’un bien
en raison de l’utilité que l’on peut en retirer mais sur la détention de ce bien (ou de cet actif) dans la
perspective de le revendre plus tard avec une plus-value. Source : « Speculation and Economic
Stability », Review of Economic Studies, vol.7, n°1 ; p.1-27, traduction française sous le titre
« Spéculation et stabilité économique », Revue française d'économie, 1987, vol. 2, n°3, p.115-164.
34
Dans ce contexte, l'hypothèse de marche aléatoire signifie que le meilleur prédicteur
du prix futur d’une action est le prix observé aujourd'hui. Autrement dit, la variation
du prix d’une action entre deux points du temps – t et t + 1 par exemple – est
actions. Plus précisément, on dira qu'à l'instant t, les opérateurs ne peuvent pas
prévoir les variations futures du prix d’une action puisque celles-ci dépendent des
modifications des informations qui participent à la formation des prix futurs, mais
qui sont inconnues à t. Si elles étaient connues, l'hypothèse d'efficience fait qu'elles
suivre une marche aléatoire : il est impossible de prévoir ses variations futures. En
de l’action d'aujourd'hui (à t), en terme formel, nous avons donc : E(Pt,t+1 /I t )=Pt . Cela
disponible. La variation du prix d'une période sur l'autre ne dépend que des effets de
disponible initialement.
L’efficience des marchés financiers implique que ces derniers tendent à s’autoréguler
17On s’appuie ici sur J.P. Allegret et P. Le Merrer (2015), Economie de la mondialisation, 2ème édition,
p.265-274 et Mankiw G.N. et Taylor M.P. (2015), Principes de l’économie, 4ème édition, Paris, p.800-
807.
35
reviennent toujours vers leurs « vraies » valeurs, c’est-à-dire vers leur valeur
d’équilibre.
Sur des marchés efficients, des déviations persistantes et croissantes – ce que l’on
appelle des bulles – des valeurs courantes par rapport aux valeurs d’équilibre ne
peuvent pas être observées. Les formations de bulles sont observées sur les marchés,
comme par exemple la bulle sur les valeurs liées aux nouvelles technologies de
nomme L’exubérance irrationnelle des marchés 18. Le Graphique 8 est tiré des
données compilées par Shiller depuis de nombreuses années. Il montre pour les Etats-
Unis l’évolution en longue période du Price Earning Ratio (PER) qui est le rapport
entre le cours d’une action et le bénéfice par action. Ainsi, en supposant un capital
composé de 500 000 actions à 200 euros l’unité, un résultat net de 20 millions d’euros,
200
alors le PER est égal à �20000000� = 5. Autrement dit, la société en question vaut
500000�
cinq fois son bénéfice. D’un point de vue économique, le PER mesure dans quelle
mesure le marché est cher relativement à la capacité des firmes à dégager des profits.
18Du nom de son ouvrage Irrational exuberance publié en 2000 à Princeton University Press et traduit
en français la même année chez Valor. R.J. Shiller a reçu le Prix Nobel d'économie en 2013 en
compagnie notamment d'Eugène Fama.
36
Graphique 8 Etats-Unis : Price Earning Ratio de l’indice SP500 ajusté du cycle, 1881-
2022 (janvier)
particulièrement élevés, 1929 et fin 1999, deux périodes qui correspondent toutes les
deux à des krachs boursiers. On voit aussi que la période après la libéralisation
financière du début des années 1980 est marquée par un net accroissement des PER
suggérant que les prix des actions sont de moins en moins reliés avec la capacité des
à refléter les prix d’équilibre est de rapprocher en longue période le prix des actions
et les profits. Le Graphique 9 montre clairement que jusqu’à la fin des années 1970
les deux courbes se suivent d’assez près, mais elles divergent ensuite. On observe en
effet une augmentation beaucoup plus importante des prix des actions relativement
37
Graphique 9 Etats-Unis : prix des actions et profits des entreprises, prix constants,
1871 – 2021 (décembre)
5000 70
4500
60
4000
3500 50
3000
40
2500
30
2000
1500 20
1000
10
500
0 0
01/01/1871
01/07/1875
01/01/1880
01/07/1884
01/01/1889
01/07/1893
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Index, Price Return, Average of Period Index (Shiller), Constant Prices, Dividends Index (Shiller), Constant Prices, Dividends
interaction avec les autres investisseurs sur le marché – ne prend pas seulement en
compte les informations qu’il reçoit sur la valeur fondamentale d’un titre, mais
Dans cette perspective, on est amené à souligner que les cours des titres
donné. Le marché financier est dès lors le théâtre de ce que André Orléan appelle le
marché et, d'autre part, des informations liées à la conscience de l'acteur d'intervenir
38
dans l'évaluation des cours représentatifs de titres productifs. Chaque individu
du marché. Plus la valeur fondamentale est fondée sur des bases imprécises, plus le
ont d'autant plus de chances de se développer que les acteurs du marché sont peu
Comme l’a souligné J.M. Keynes (1936), les comportements des spéculateurs peuvent
deviner la valeur des fondamentaux : ils cherchent à choisir des actions appropriées
étant donné l’état de l’économie. Mais ils s’engagent également dans un jeu à somme
nulle pour deviner les actions des autres agents, le gain d’un joueur dépendant de la
distance entre son action et l’action des autres. Plus la distance est petite, plus le gain
aussi de ce que les autres décident de faire. Cette approche a connu des
39
Section 3 Les acteurs des marchés financiers
Les acteurs concernent l’émission des titres (3.1.) et leur détention (3.2.).
On distingue les émetteurs d’obligation d’un côté (3.1.1) et les émissions d’actions de
l’autres (3.1.2). Dans les deux cas, une attention particulière est portée au cas du
Comme souligné dans l’introduction de ce chapitre, les obligations sont des titres de
dette négociables sur un marché de l’occasion. Lorsque l’on s’intéresse aux principaux
émetteurs d’obligations, il est important de garder à l’esprit que nous observons une
souvent à la fois sur des considérations historiques – par exemple comment s’est opéré
séparation entre banques d’affaires et banques de dépôts aux Etats-Unis entre 1932
et 1999 ou la composition des fonds propres décidée par les superviseurs (Bâle I, II et
III)) 19.
statut de valeur refuge du Franc suisse. Comme le rappellent Meier et al. (2023), il
se caractérise par deux spécificités importantes : (i) le marché de la dette privée est
plus important que celui de la dette publique (voir Graphique 00 infra) et (ii) il existe
19
Pour les étudiants intéressés, voir le Supplément 2 Stabilité financière, règlementation prudentielle et supervision
financière.
40
ces dernières proviennent de trois zones économiques : Union européenne, États-Unis
et Canada.
Les emprunts suisses sont dominés par les banques, les entités gouvernementales
les deux instituts Pfandbrief qui servent à la constitution de ressources à long terme
développement est lié à des exigences réglementaires ayant pour objectifs d'éviter
du marché des obligations d'Etat en Suisse est quant à elle liée à une meilleure
maitrise de la dette publique que ce que l'on observe dans d'autres pays avancés
(Graphique 10).
Comme dit précédemment, à l’exception de quelques pays qui ont réussi à maîtriser
leur dette, les principaux émetteurs sont les Etats (Graphique 11). Aux Etats-Unis
41
répandue qu’en Europe continentale, on voit que ces firmes sont les deuxièmes
développés au sein de la zone euro. Les banques apparaissent dès lors comme des
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
Entreprises non financières Etat Institutions monétaires financières Gouvernement fédéral Secteur financier Entreprises non financières Sociétés non financières Sociétés financières Administrations publiques
suisse
Pour terminer, il est important de souligner que les pays émergents connaissent
depuis le milieu des années 2000 – particulièrement après 2008 – une expansion
Les marchés boursiers suisses ont connu des transformations significatives visant à
mouvement initié par le Bigbang britannique en 1986. Plus précisément, depuis 1987,
les marchés suisses se sont davantage intégrés aux marchés boursiers internationaux
des places boursières qui a été particulièrement important à la fin des années 1990 -
42
Comme le rappellent Meier et al. (2023 : 456-457), comparé à d'autres pays avancés,
le marché boursier suisse est relativement jeune. Cet état de fait est lié à une
entreprises privées n'ayant pas besoin de faire appel à des capitaux externes. La
première bourse suisse, située à Genève), a ouvert en 1850. Après cette date,
d'importants besoins d capitaux sont apparus pour financer en particulier des grands
projets d'infrastructure. Comme d'autres pays développés avant la Suisse, ces projets
C'est ainsi que d'autres bourses ont été créées à Bâle (1866), Lausanne et Zurich
(1873), Berne (1884), Saint-Gall (1887) et Neuenburg (1905). La SIX Swiss Exchange,
basée à Zurich, est le résultat d'une fusion en 1993 des bourses encore en activité à
Une particularité du marché des capitaux suisses est de faire face à peu de
des marchés. Les coûts de transaction réduits rendent aussi la place financière suisse
Le Tableau 2 montre pour les années 2000, 2010 et 2022 l’évolution du classement de
(dimension volume) sur une place par les cours de bourse des entreprises cotées
(dimension prix). En dépit d’un recul significatif par rapport à notre année de départ,
43
Tableau 2 Capitalisation boursière des 17 premières places boursières mondiales, en
dollars
2000 2010 2022
NYSE 11442383 1 NYSE 13394081,8 1 NYSE 24060385,92
Nasdaq - US 3578593 2 Nasdaq - US 3889369,88 2 Nasdaq - US 16237594,4
Japan Exchange Group Tokyo 3157221,78 3 Japan Exchange Group Tokyo 3827774,2 3 Shanghai Stock Exchange 6724470,89
LSE Group London Stock Exchange 2576991,34 4 LSE Group 3613063,97 4 Euronext 6064467,44
Euronext Paris 1446634,12 5 Euronext 2930072,44 5 Japan Exchange Group 5380475,46
Deutsche Boerse AG 1270243,17 6 Shanghai Stock Exchange 2716470,22 6 Shenzhen Stock Exchange 4700872,09
SIX Swiss Exchange 792315,95 7 Hong Kong Exchanges and Clearing 2711316,16 7 Hong Kong Exchanges and Clearing 4566809,06
TMX Group 770116,51 8 LSE Group London Stock Exchange 2686880,88 8 National Stock Exchange of India 3387366,67
Borsa Italiana 768363,35 9 TMX Group 2170432,73 9 LSE Group London Stock Exchange 3095983,43
Euronext Amsterdam 640456,3 10 Euronext Paris 1911515,39 10 TMX Group 2744719,7
Hong Kong Exchanges and Clearing 623397,74 11 BSE India Limited 1631829,54 11 Saudi Exchange (Tadawul) 2638591,15
BME Spanish Exchanges 504219,32 12 National Stock Exchange of India 1596625,26 12 Deutsche Boerse AG 1889663,94
ASX Australian Securities Exchange 372794,35 13 B3 - Brasil Bolsa Balcão 1545565,66 13 Nasdaq Nordic and Baltics 1856730,17
NASDAQ OMX Nordic Stockholm 328339,04 14 ASX Australian Securities Exchange 1454490,57 14 SIX Swiss Exchange 1830524,61
Taiwan Stock Exchange 247601,87 15 Deutsche Boerse AG 1429719,05 15 ASX Australian Securities Exchange 1679171,93
B3 - Brasil Bolsa Balcão 226152,31 16 Shenzhen Stock Exchange 1311370,08 16 Korea Exchange 1644507,58
Johannesburg Stock Exchange 204300,79 17 SIX Swiss Exchange 1229356,54 17 Taiwan Stock Exchange 1447690,51
En termes relatifs, mesurés ici par le Produit intérieur brut, la Suisse se classe
https://databank.worldbank.org/source/global-financial-development# (consulté le
17 mai 2023)
On observe dans les pays avancés un recul du nombre d’entreprises cotées et,
parallèlement, un accroissement dans les pays émergents. Au sein des pays avancés,
44
Graphique 12 Nombre d’entreprises cotées pour 1 000 000 habitants
1975
1977
1979
1981
1983
1985
1987
1989
1991
1993
1995
1997
1999
2001
2003
2005
2007
2009
2011
2013
2015
2017
2019
Nombre Poids
https://databank.worldbank.org/source/world-development-indicators (consultation
le 17 mai 2023)
2021
Les facteurs explicatifs des tendances observées sur les marchés primaires peuvent
être regroupés en (i) facteurs liés à la demande d'actions et (ii) facteurs liés à l'offre
d'actions.
La demande d'actions de la part des firmes joue un rôle déterminant. Avant la crise
financière globale de 2008, des changements importants ont affecté à la fois le niveau
45
de l'investissement des entreprises et leur épargne. Plus précisément, ces deux
en dehors de la zone OCDE. Les changements dans la régulation des marchés ont
aussi joué un rôle significatif. Ainsi, aux Etats-Unis, le Sarbanes-Oxley Act de 2002
a augmenté les contraintes réglementaires des firmes faisant l'objet d'une cotation
publique. Des évolutions réglementaires similaires ont été observées en France (Loi
sur la sécurité financière de 2003) et en Italie (Loi sur l'épargne de 2006). Certains
Du côté des facteurs d'offre, les scandales financiers qui ont émaillé les places depuis
la fin des années 1990 ont sapé la confiance des investisseurs. Le trading à haute
Crash de 2010 attribué au trading à haute fréquence - au cours duquel l'indice Dow
Jones Industrial Average a perdu 998,52 points avant de regagner environ 600 points,
investisseurs, en particulière les fonds mutuels. Un autre facteur lié à l'offre est la
l'allocation des actifs des actions vers les titres à revenus fixes.
46
3.2. Les principaux intervenants en termes de détentions de titres
Trois groupes d’intervenants sont distingués : les investisseurs institutionnels
qui ont pour point commun de gérer l’épargne d’agents économiques à des horizons
plus ou moins longs. Ainsi, les fonds de pension*, les compagnies d’assurance, les
fonds d’investissement* – tels que, par exemple, les fonds mutuels – font partie de
cette catégorie.
Les investisseurs institutionnels sont devenus des acteurs majeurs des marchés
financiers en raison des montants croissants d’épargne qu’ils gèrent (Graphique 14).
de titres (plus de 70 % du total des actifs détenus). Si, aux États-Unis, la part des
obligations et des actions est presque égale, les investisseurs institutionnels français
47
pays, le poids des devises et des dépôts représente un tiers des placements. La
géographie des actifs gérés demeure marquée par la présence d’un biais domestique.
delà de leur frontière, les investisseurs institutionnels tendent à détenir des actifs
volume en jeu, des déplacements de capitaux, limités de leur point de vue, ont des
conséquences importantes sur les marchés. D’autre part, en détenant des actions
d’entreprises cotées, ils exercent une influence déterminante sur la gestion des
fonds de pension dans le capital des entreprises a modifié les relations entre
demeurant diversifié, est moins passif qu'auparavant et suit de manière plus étroite
Les compagnies d’assurance et fonds de pension ont pour point commun de gérer une
les compagnies d’assurance-vie et, dans les pays ayant fondé leur régime de retraite
sur la capitalisation, les fonds de pension qui gèrent les montants les plus importants
versés par les salariés pour leur assurer une rente viagère après leur départ en
retraite 20.
48
3.2.2. Les fonds souverains
Les fonds souverains* ont émergé dans les pays bénéficiant des avantages procurés
Russie) ou ayant accumulé des réserves de change importantes (Chine et autres pays
d’Asie).
Les fonds souverains n’ont pas d’engagements contractuels au passif : pas de dépôts
forme d’épargne collective forcée destinée à lisser dans le temps le bénéfice d’une
ressource immédiate. On peut les définir par trois éléments : les fonds souverains
sont la propriété d’administrations publiques ; ils investissent des fonds publics ; ils
Les objectifs précis assignés aux fonds souverains sont variés, mais on peut
- une mission d’auto-assurance contre les fluctuations du prix du pétrole pour les
crises de change pour les fonds souverains des États disposant de réserves de change
pendant la crise asiatique de 1977- 1998, les banques centrales d’Asie ont, à partir
du début des années 90, accumulé des réserves de change dans le double objectif de
travers les générations les revenus des ressources naturelles, en convertissant des
49
actifs non renouvelables en actifs financiers pérennes. C’est dans cette perspective
qu’ils ont émergé comme catégorie d’acteurs financiers à côté des Banques centrales
et des entreprises publiques. Les Banques centrales ont des horizons de long terme
liquidité élevé des actifs. Par rapport aux banques centrales, les fonds souverains se
caractérisent par une politique de placement plus risquée, fondée sur la recherche
d’une rentabilité plus élevée que celle procurée par les traditionnels placements en
obligations et bons du Trésor américains. Par rapport aux entreprises publiques, les
Le graphique 15 montre l’augmentation des avoirs gérés par les fonds souverains
2008.
Source : https://www.statista.com/topics/8616/sovereign-wealth-funds/#dossierKeyfigures
50
Cette augmentation des actifs gérés par les fonds souverains est en partie la
16).
Source : https://www.statista.com/topics/8616/sovereign-wealth-funds/#dossierKeyfigures
Le graphique 17 montre en janvier 2022 que le principal fonds souverain est le fonds
Source : https://www.statista.com/topics/8616/sovereign-wealth-funds/#dossierKeyfigures
51
Raymond (2013) 21 rappelle que la montée en puissance des fonds souverains soulève
trois interrogations principales. En premier lieu, ces fonds étant la propriété d’Etat,
suivre des objectifs relevant de la politique stratégique des Etats d’origine. Enfin, il
convient de s’interroger sur l’impact des fonds souverains sur les performances des
entreprises dont ils détiennent des participations et, plus largement, sur la stabilité
financière.
investisseurs internationaux. Selon le SWF Institute, les fonds souverains ont détenu
en 2011 des actifs pour un montant de 4,7 trillions de dollars. Ce montant peut être
dollars). Les actifs gérés par les fonds souverains sont deux fois plus élevés que ceux
des fonds spéculatifs, mais ils représentent moins de 6 % des actifs gérés par les fonds
d’épargne et des fonds de pension tendent à investir dans des actions. Leur
comportement semble proche de celui des investisseurs privés. Ce point de vue est
corroboré par le fait qu’à court terme les entreprises qui bénéficient de leurs prises
Raymond H. (2013) « Les fonds souverains et la stabilité financière », in Les systèmes financiers,
21
52
de participation voient leur rentabilité boursière s’accroître. Les fonds de
centrales. Ils investissent en effet davantage dans des actifs peu risqués et facilement
mobilisables.
Raymond (2010 22 et 2013) souligne que les fonds souverains ont exercé une influence
stabilisatrice lors de la crise financière mondiale. Ainsi, entre juillet 2007 et octobre
2008, ils ont apporté plus de 55 milliards de dollars à des banques de pays avancés
Suisse : UBS (11,6 milliards), Crédit Suisse (0,6 milliard) ; Italie : Unicrédit (1,6
nombre de fonds souverains ont retiré une partie de leurs capitaux placés à l’extérieur
afin de stabiliser leurs marchés financiers domestiques. Ils ont joué le rôle
22 Raymond H. (2010), « Sovereign Wealth Funds as domestic investors of last resort during crises »,
International Economics, 2010/3, n°123, p.121‑159.
53
Annexe 1
Prix de
Coupons l'obligation Pt+1
Périodes
1 83,3333333
2 69,4444444 694,444444 847,222222 ((1000/(1+0,2)^2)) = 694,44
3 57,8703704 ^ signifie puissance
4 48,2253086 482,253086 741,126543
5 40,1877572
6 33,4897977
7 27,9081647
8 23,2568039
9 19,3806699
10 16,1505583 161,505583 580,752791
11 13,4587986
12 11,2156655
13 9,3463879
14 7,78865658
15 6,49054715
16 5,40878929
17 4,50732441
18 3,75610368
19 3,1300864
20 2,60840533
21 2,17367111
22 1,81139259
23 1,50949383
24 1,25791152
25 1,0482596
26 0,87354967
27 0,72795806
28 0,60663171
29 0,50552643
30 0,42127202
Somme 497,89364 4,21272023 502,10636 ((1000/(1+0,2)^30)) = 4,21
54