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d'Abidjan
TECHNIQ SUPPORT DE
UES
COURS
D’ELABO
RATION
DE Année universitaire : 2022 - 2023
PROJET
S
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INTRODUCTION GENERALE
Parler des techniques d’élaboration des projets, c’est s’inscrire dans une démarche
rationnelle qui permet à la fois de comprendre l’environnement dans lequel on vit de
le questionner, afin de mettre en relief les dysfonctionnements, les besoins des
populations, les insuffisances à combler et l’identification des réponses appropriées.
Le cours sur les techniques d’élaboration des projets est avant tout une introduction
à la réalité qui nous entoure. Le cours est une invite à une meilleure observation de
son environnement de vie, une invite à la réflexion, une invite au diagnostic mais
aussi une invitation à être proactif et à concevoir des solutions pour une amélioration
permanente de son environnement.
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CHAPITRE I : GENERALITES SUR L’ELABORATION DE PROJET
INTRODUCTION
Le présent chapitre a pour objectif de nous introduire dans le modèle de gestion par
projet et surtout de nous permettre de circonscrire cette notion à travers une
confrontation avec des concepts qui sont proches et avec des notions avec
lesquelles le projet est en interaction.
C’est ainsi qu’à travers ce chapitre, nous aurons l’occasion de nous faire une idée
précise de ce que l’on entend par « projet », de ce qu’est un plan, un programme,
une activité ou encore une tâche.
Nous parviendrons à une compréhension univoque des éléments clés qui permettent
de formuler une définition complète du concept de projet et nous en arriverons à une
exploration des fondements de l’approche par projet qui caractérise la gouvernance
aujourd’hui.
I- LES PROLEGOMENES
1. Définition des concepts
a. La notion de Plan
Le plan peut être définit comme un ensemble de programmes cohérents conçu dans
le but d’atteindre certains objectifs stratégiques. Il peut être appliqué à un domaine
technique, à une zone géographique ou encore à un secteur. Le plan est le plus haut
niveau de planification et c’est en cela qu’il concerne des axes, décisions et objectifs
stratégiques. Par exemple, nous avons à l’échelle de la Côte d’Ivoire le Plan National
de Développement.
b. La notion de programme
Un programme est un ensemble de projets coordonnés mis en œuvre pour atteindre
des objectifs spécifiques selon un calendrier, un budget et des indicateurs de
performance définis. Nous disposons en Côte d’ivoire d’une multitude de
programmes aussi bien dans le domaine de la santé, de l’éducation, de l’économie,
que des infrastructures et de la protection sociale. (Programme National de Lutte
contre le Paludisme Etc.)
c. La notion de projet
Un projet est un ensemble d’activités coordonnées, mises en œuvre pour atteindre
des objectifs spécifiques selon un calendrier, un budget et des indicateurs de
performance définis.
d. La notion d’activité
Une activité est un ensemble de plusieurs tâches interdépendantes qui visent toutes
le même objectif.
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e. La notion de tâche
Une tâche est une action basique, simple dont la mise en œuvre concoure à la
réalisation d’une activité donnée. Par exemple, écrire un courrier pour solliciter une
audience ; réserver une salle pour une séance de travail ou une formation etc.
Pour revenir à la notion de projet, nous devons comprendre qu’un projet est une
unité symbolique, opérationnelle dont la mise en œuvre répond à des principes de
base et qui oriente de plus en plus la gouvernance des sociétés modernes.
Pour Robert K. Wysocki, un projet est une séquence d’activités complexes et
connectées, avec pour but d’atteindre un objectif, ceci devant être réalisé à l’intérieur
d’un cadre temporel, d’un budget et en respect de spécifications (Wysocki 2000).
La notion de projet comporte donc plusieurs éléments que nous pouvons mettre en
relief :
- Diversité d’activités ;
- Des objectifs prédéfinis ;
- Des délais (un début et une fin)
- Des ressources disponibles (humaines, matérielles, financières)
- Une stratégie et des paramètres de performance bien pensés
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II- CYCLE DE VIE DU PROJET ET ELABORATION DU PROJET
Le cycle de vie du projet peut s’envisager sous deux angles. Du point de vue d’un
partenaire technique et financier et du point de vue d’une organisation de mise en
œuvre. Toutefois, les principales phases ci-dessous sont de mise dans les deux cas
même si on peut noter quelques différences d’échelle autour de certaines tâches.
a. La programmation
Chaque bailleur de fonds qui entend solliciter de la part des partenaires techniques
et de mise en œuvre la conception et la soumission d’un projet doit au préalable
procéder à une phase de programmation. Il s’agit pour ce bailleur, de procéder à une
analyse stratégique de la situation en lien avec le secteur dans lequel il souhaite
intervenir. Il devra, identifier et retenir les principaux objectifs et les priorités
sectorielles de la et offrir un cadre de programmation pertinent et réaliste à l'intérieur
duquel il est possible d’identifier et de préparer des projets. Cette étape est le point
de départ pour les partenaires de mise en œuvre ou partenaires opérationnel qui
s’appuient sur cette programmation pour initier leur propre réflexion en termes
d’opportunité de projet et de pertinence des problèmes mis en relief. Pour les
porteurs de projet ou encore partenaire de mise en œuvre, cette phase est
davantage une période de veille informative ou phase de quête d’information et
d’opportunités. En effet, il faut rester alerte pour suivre l’évolution de la réflexion et
de la programmation des bailleurs afin de capter l’information au bon moment.
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b. L’identification
Autant le bailleur de fonds doit identifier les problèmes prioritaires qui se posent dans
un secteur ou à un pays, autant les partenaires qui doivent proposer des projets
doivent procéder à une identification minutieuse des problèmes auxquels ils pensent
pouvoir donner une suite à travers un projet. Cette démarche implique une
consultation les bénéficiaires possibles du projet, une analyse approfondie et
interactive des problèmes qu'ils rencontrent et l’esquisse des solutions possibles.
c. Instruction
d. Financement
e. Mise en œuvre
Durant la phase de mise en œuvre, le projet est lancé et exécuté. C’est à ce niveau
que peuvent intervenir les appels d'offres et les attributions de contrats d'assistance
technique ou de travaux et de fournitures. Durant la mise en œuvre et en
concertation avec les bénéficiaires et les parties prenantes, les gestionnaires du
projet évaluent l'avancement effectif par rapport à l'avancement prévu afin de
déterminer si le projet est en voie d'atteindre ses objectifs.
f. Evaluation
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2. Phase d’élaboration et cycle de vie du projet
Bien que le promoteur du projet soit intéressé par toutes les phases du cycle de vie
du projet, nous constatons qu’il est singulièrement actif lors des phase 2, 3, 5 et 6.
Lors des phase 1 et 4, il est davantage attentif à ce que fait le bailleur et sans être
oisif, il est davantage consommateur d’informations et dans une position de veille,
d’attente, d’accueil qui lui permettra de se mettre en mouvement en vue de
l’élaboration de son projet (phase 1) ou de sa mise en œuvre lorsque la décision de
financement lui est favorable (phase 4).
CONCLUSION
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CHAPITRE II : ELABORATION DES COMPOSANTES DU DOCUMENT-PROJET
INTRODUCTION
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2. Evaluation des actions antérieurs menées en vue d’adresser ce
problème et trouver des réponses ;
Il s’agit de faire preuve d’humilité d’une part mais aussi de logique et de rigueur dans
la conception de son projet. Ignorer les initiatives antérieures peut entrainer le
concepteur dans une répétition de ce qui a déjà été fait avec ses limites mais aussi
cela peut donner l’impression d’une action sans intérêt car la solution proposée a
déjà été mise en œuvre. Dans un autre sens, i gnorer les actions antérieures peut
conduire également à une répétition d’erreurs ou de situations dommageables au
projet et à la réputation du promoteur.
Pour cette revue des actions antérieures, il est important de se documenter sur les
initiatives publiques, sur celles des PTF, sur celles des parties prenantes locales et
singulièrement sur celles des populations cibles qui sont impactées par la situation
décriée. L’analyse de ces actions permettra sans doute d’avoir des idées plus claires
sur ce qui peut être réellement fait dans l’intérêt des cibles/bénéficiaires. Cette
analyse permet également d’évaluer les actions antérieures, de savoir ce qui a bien
fonctionné, ce qui a moins bien marché et d’en tenir compte dans la construction de
la nouvelle solution.
A ce stade, il est important de faire appel à un outil pour mieux comprendre son
problème, en identifier les causes mais aussi les conséquences pour mieux orienter
le projet que l’on est en train de concevoir. En effet, trop souvent, une confusion est
faite entre les causes et les conséquences d’un problème donné car la formulation
de l’une et de l’autre se fait toujours négativement mais il faut, à travers l’arbre à
problème structurer la pensée, hiérarchiser les choses pour lever toute équivoque.
Ceci permet de passer en revue les principaux problèmes, les insuffisances, les
incohérences, les failles, les dysfonctionnements, les manques qui font que la
situation analysée pose problème. On identifie tous les problèmes directs et indirects
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induits par la situation analysée. Ensuite, sur la base des problèmes listés, faire un
arbre à problème et identifier le problème prioritaire.
L'analyse des problèmes consiste à dégager les aspects négatifs d'une situation et
les relations « causes à effets » entre les différents problèmes
L’analyse des problèmes peut être définie comme l’étude approfondie d’un ou de
plusieurs problèmes dans le but de définir leurs causes, de décider de les résoudre
et de déterminer comment le faire. L’analyse des problèmes oriente toutes les
analyses et les prises de décisions ultérieures sur les priorités. Le but de l’analyse
des problèmes est de structurer, de résumer et d’organiser les conclusions issues du
constat initial afin de mieux comprendre la situation analysée.
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Le problème principal
Les causes
secondaires 1.2
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4. Construction de l’arbre des objectifs
Il peut être difficile pour une équipe de se mettre d'accord sur une hiérarchie
partagée : confusion entre buts et moyens, niveaux de priorité différents selon
les sensibilités, etc.
D'un point de vue méthodologique, l'arbre d'objectifs s’élabore à partir de
l'arbre à problèmes. Il fixe le cap pour résoudre les dysfonctionnements et
opportunités analysés mais parfois, les promoteurs, dès le constat d’un
problème se fixe déjà des objectifs alors que l’analyse du problème telle que
décrit précédemment n’a pas encore été fait.
Dans un premier temps, il faut lister tous les objectifs possibles que l’on pourrait
assigner au projet en réponse au problème identifié. En effet, il faut toujours
s’appuyer sur les problèmes, sur les besoins des bénéficiaires et sur l’esquisse de
solution et partant, formuler des objectifs en s’assurant bien qu’il s’agit des buts à
atteindre et non des actions. Généralement, les objectifs sont de l’ordre de la finalité
et exprime une idée d’augmentation, d'amélioration, de réduction etc.
Parmi les objectifs listés, il faut identifier l'objectif le plus englobant qui répond au
mieux au problème principal que l’on a formulé. Cet objectif devient alors l’objectif
principal que vous placez au centre de l’arbre. La formulation se fait généralement en
utilisant un verbe à l’infinitif qui soit assez expressif pour que l’on puisse voir
clairement le changement que l’on vise. Pour formuler au mieux l’objectif général, on
se pose la question de savoir « pourquoi » on doit mettre en œuvre ce projet ?
Pourquoi veut-on résoudre le problème identifié ? Quel est le but que l’on poursuit
etc.
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L’objectif général revient à préciser ce à quoi le projet doit contribuer. Il n’est pas
question d’indiquer ce que le projet doit réaliser, mais ce qu’il doit favoriser.
L’objectif général reflète les changements à grande échelle que le projet souhaite
encourager. Il décrit les changements économiques, politiques, sociaux ou
environnementaux à l’émergence desquels le projet espère contribuer. C’est un
objectif à long terme dont la réalisation finale dépasse les capacités du projet lui-
même. Il représente l’idéal que le projet souhaite promouvoir, reflète votre vision du
monde futur, bien que vous n’ayez pas la responsabilité ou la capacité d’en faire une
réalité par vous-même.
Sur la base de l’objectif principal énoncé, il faut élaborer des objectifs spécifiques.
Pour y arriver, il est toujours important de procéder à un brainstorming, à un travail
d’équipe afin de s’assurer de la pertinence des objectifs retenus. Ici, on ne se pose
plus la question du pourquoi du projet mais on s’interroge sur "Comment atteindre
l’objectif général identifié ?".
Ecrire des objectifs clairs rend aussi plus facile le suivi de l’avancée des projets et
l’évaluation de leur succès.
La méthode SMART peut donner des clés pour la formulation d’un indicateur :
• Mesurable : l’objectif doit être quantifiable de façon à ce que l’on puise aisément
savoir s’il a été atteint ou pas.
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• Réalisable : l’objectif doit être réaliste et réalisable. Il faut s’assurer que l’on
dispose d’aptitudes et de compétences pour réaliser l’objectif.
La justification du projet se fait tout d’abord par rapport aux défis que l’on doit relever.
Il faut montrer que notre projet a la capacité de produire le changement nécessaire à
l’amélioration de la situation que nous avons trouver problématique. Il est primordial,
de prouver de façon logique et cohérente que les activités que nous prévoyons
mettre en œuvre vont produire des résultats qui alimenteront la solution au problème
que nous avons identifié dès le départ.
Nous avons analysé le contexte dans lequel le problème se situe et notre solution
doit pouvoir influencer ce contexte-là. En effet, nous ne pouvons pas adresser une
situation et prétendre l’avoir résolu sans toutefois opérer un changement dans le
contexte qui sous-tend et qui alimente le problème. Il s’agit ici de montrer notre
réponse en tant que projet aux contraintes que nous avons identifié dans
l’environnement qui influence le problème. Nous devons aussi montrer que notre
projet permet effectivement d’apporter des réponses concrètes aux contraintes qui
sont liées au secteur d’activité en cause ou à la thématique que nous abordons. Si
par exemple nous analysons le secteur du commerce en Côte d’Ivoire et nous nous
rendons compte que la précarité dans laquelle vivent les ménages à un lien de
causalité avec le caractère informel de leur activité, il faut que notre projet montre
clairement en quoi il propose des solutions contre cette informalité qui caractérise le
secteur du commerce en Côte d’Ivoire au-delà des actions concrètes et
transversales que nous mènerons avec et pour les commerçants eux-mêmes.
Un autre aspect à développer dans cette partie sur la pertinence c’est le lien avec les
priorités nationales et sectorielles. En effet, tout projet est une contribution à l’atteinte
d’un objectif général qui le dépasse. Il faut clairement montrer que le projet prend en
compte les priorités nationales relativement à ce secteur ou à cette thématique.
Ce niveau de pertinence est davantage mise en relief lorsque le projet est destiné à
un financement ou une subvention relevant des activités d’un partenaire financier ou
d’un partenaire au développement. Car, si la pertinence n’est pas établie
relativement aux priorités de l’Etat, le projet risque de ne pas être financé parce que
la durabilité sera difficile à démontrer dans un contexte où ce qui se fait doit venir en
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appoint aux actions de l’Etat et s’inscrire dans le cadre des priorités qu’il a identifié et
auxquels les bailleurs ont souscrit.
L’identification de ces acteurs se fait par une revue des différentes entités impliquées aussi
bien dans la survenance du problème que son traitement. Il s’agit avant tout, des cibles du
projet que sont les bénéficiaires, les autorités à différents niveaux notamment au niveau
coutumier, administratif, politique, religieux, tout comme les partenaires de mise en œuvre
etc.
Nous devons faire un focus sur les acteurs qui ont soit la possibilité d’appuyer notre projet
soit d’entraver sa mise en œuvre de quelque manière que ce soit.
Concrètement, si nous sommes dans une localité X et que nous souhaitons nous attaquer à
un problème Y, il faut tout d’abord, relativement aux parties prenantes identifier :
Les cibles, ceux qui font face au problème et qui en subissent les conséquences au
quotidien. Ici dans le cas de l’éducation, il s’agira avant tout des élèves.
Les services publics dont les missions touchent le secteur concerné par notre
problème. S’il s’agit par exemple de l’éducation Nationale, il faut identifier les services
de la DREN, de l’IEP, les associations de parents d’élève etc. mais également toutes
les autres structures du Ministère de l’Education nationale concernées par le
problème ou qui ont une responsabilité dans la résolution de ce problème (DMOSS,
DVS etc.).
Outre les services du Ministère de l’Education, dans le cas ci-dessus, il faut identifier
les collectivités décentralisées et déconcentrées concernées, notamment la
commune du lieu de l’intervention, la préfecture/la sous-préfecture etc.
Ensuite, il est important d’identifier dans la localité la mutuelle ou l’association des
enseignants concernés par les établissements d’intervention ;
On peut également identifier toutes les associations et ONG qui interviennent dans la
zone et qui touchent par leurs actions le secteur de l’éducation ;
Selon la nature du problème et son envergure, on peut également identifier des
directions centrales du ministère à Abidjan pour qu’une suite institutionnelle soit
donnée aux solutions qui seront trouvées.
Cet inventaire doit nous permettre de faire ressortir la base de données de tous les acteurs
de la communauté éducative qui, d’une manière ou d’une autre, sont intéressés par le
problème que nous voulons adresser et qui pourrait être affecté par notre projet soit
positivement soit négativement.
En effet, nous définissons une partie prenante comme étant une entité physique ou morale
qui a quelque chose à gagner ou à perdre si le problème que nous soulevons est résolu.
Donc, d’emblée, une partie prenante n’est pas forcément un allié ou une opportunité pour le
porteur du projet, il peut être une entrave, un obstacle d’où l’importance de l’analyse de
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chacune d’elle pour avoir une idée claire de son attitude à notre égard et à l’égard du projet
que nous proposons.
L’analyse des parties prenantes permet de déterminer la logique d’intervention. Elle s’intègre
dans une perspective plus globale d’analyse et de compréhension du contexte. Il s’agit de
sélectionner le mode d’intervention au regard des autres alternatives possibles permettant
également de répondre à cette même problématique.
Forte
ÞÞÞÞ
Moyenne
INFLUENCE
Faible
Farouchement
Opposé Favorable Très favorable
opposé
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ATTITUDE
Le carré rouge concerne les cibles dont l’influence est très forte sur notre problématique
mais qui dans le même temps sont farouchement opposés au changement que nous
souhaitons obtenir.
Le carré vert concerne les cibles dont l’influence est très forte sur notre problématique et qui
dans le même temps sont très favorables au changement que nous souhaitons obtenir.
Le carré jaune concerne les cibles dont l’influence est très faible sur notre problématique et
qui dans le même temps sont très favorables au changement que nous souhaitons obtenir.
Bien que ne pouvant pas agir directement en matière de prise de décision, ils peuvent jouer
un rôle important d’influenceurs auprès des décideurs. Ce sont également de bons alliés.
Le carré gris concerne les cibles dont l’influence est très faible sur notre problématique et qui
dans le même temps sont farouchement opposés au changement que nous souhaitons
obtenir. Nous devons éviter qu’ils ne constituent un problème en développant des arguments
qui les mettent en difficulté ou en minorité d’une part ou d’autre part en mettant en œuvre
des actions pour faire évoluer leur perception de la situation et de ses enjeux et parvenir
ainsi à une évolution de leur position sur la problématique.
Cette analyse nous situe sur les acteurs pour lesquels nous n’avons pas vraiment besoin de
fournir beaucoup d’efforts parce que acquis a priori à notre cause ou parce qu’ils ne sont pas
vraiment significatifs d’une part et les acteurs que nous pouvons convaincre facilement et
ceux qui vont nous prendre beaucoup de temps et beaucoup d’énergie d’autre part.
Il est clair que les messages que nous allons élaborer pour les principales cibles selon
qu’elles sont farouchement opposées avec une forte influence ou très favorables avec une
forte influence également, vont être différents.
En outre, il est évident que le choix d’indiquer qu’un tel acteur doit appartenir à tel carré n’est
pas arbitraire, il doit être justifié et documenté de façon à ne pas biaiser notre démarche. En
effet, si nous nous trompons sur les cibles notre action va prendre du plomb dans l’aile.
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Exemple : relativement à la pénurie d’eau dans le village X, il est vrai que toute la
population souffre de ce manque mais si l’on veut initier un projet, il y a forcément un
groupe au sein de cette population qui est le plus visé et ce sont par exemple les
femmes et les enfants dans une moindre mesure. En effet, que l’eau soit accessible
dans les environs ou qu’il faille aller en recueillir loin du village avec la pénibilité que
cela suppose, c’est généralement aux femmes qu’incombe cette charge. Alors, la
cible directe ici ce sont les femmes et on peut encore circonscrire davantage en
mettant en avant le statut matrimonial ou l’âge de ces dernières.
Après cette identification claire et formelle, il faut décrire le groupe, ceci suppose que
l’on puisse donner leurs caractéristiques, leur nombre, leurs occupations
quotidiennes, y compris le lien avec l’accessibilité ou non de l’eau.
Face à ces bénéficiaires, il faut identifier leurs besoins et leurs contraintes. Ceci
suppose un travail de proximité avec au moins un échantillon représentatif de ces
bénéficiaires afin d’examiner avec eux ce dont ils ont besoin pour surmonter la
situation préjudiciable que nous avons qualifier de problème et que nous tentons de
résoudre.
Cette partie est extrêmement importante, elle est cruciale car si elle n’est pas bien
construite, c’est la logique du projet qui est mise à mal. C’est en effet, grâce à cet
aspect entre autres que se mesureront les résultats du projet et surtout son impact.
Si les bénéficiaires ne sont pas satisfaits du projet, s’ils estiment que leurs besoins
n’ont pas été adressés alors difficile de justifier notre approche du problème, notre
stratégie et notre théorie du changement.
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a. Description des bénéficiaires
Ce sont les personnes physiques ou morales qui bénéficieront du projet sur le long
terme. Il s’agit ici des entités sur lesquelles on n’agit pas directement ou qui ne
profitent pas directement de l’action mais qui tirent un bénéfice du projet simplement
parce qu’elles ont pour mission soit d’offrir aux bénéficiaires directs les services que
propose le projet, soit de soutenir les initiatives dans ce sens de par leurs missions
régaliennes. Dans cette catégorie, nous avons par exemple les structures de l’Etat
en charge du secteur d’activité dans lequel nous intervenons en voulant résoudre le
problème identifié. Il peut s’agir aussi des collectivités décentralisées ou
déconcentrées, des villages et communautés au-delà des cibles réelles du projet qui
profiteront à long terme du changement que le projet doit promouvoir sur les
bénéficiaires directs.
L’expérience du terrain montre que nous ne sommes pas les premiers à adresser le
problème que nous souhaitons résoudre, il y a des initiatives antérieures, qu’elles
aient été positives ou non. L’idée c’est déjà de capitaliser ce qui se fait de bien, de
tirer les leçons des échecs et surtout de voir qui exécute un projet sur la même
thématique dans les mêmes zones. Mieux, il faut voir quelles sont les initiatives
similaires ou proches qui sont en cours d’exécution et qui pourraient être une
opportunité pour nous et établir des connexions en vue d’une collaboration. Seule
l’atteinte de nos objectifs doit guider nos choix de synergie et de collaboration.
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