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CHAPITRE 7 – APPAREIL LOCOMOTEUR

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires de la Direction générale de la santé des
Premières nations et des Inuits (DGSPNI).
Le contenu de ce chapitre a été mis à jour en mars 2011.

Table de matières

ÉVALUATION DE L’APPAREIL LOCOMOTEUR.......................................................7–1


EXAMEN DE L’APPAREIL LOCOMOTEUR..............................................................7–2
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL DES SYMPTÔMES
MUSCULO‑SQUELETTIQUES DOMINANTS...........................................................7–4
AFFECTIONS COURANTES DE L’APPAREIL LOCOMOTEUR...............................7–8
Lésion des articulations acromio‑claviculaires....................................................7–8
Capsulite rétractile (épaule gelée)....................................................................7–10
Entorse de la cheville........................................................................................7–12
Syndrome du canal carpien..............................................................................7–16
Épicondylite : latérale (tennis elbow) et médiale (coude du golfeur).................7–17
Luxation gléno‑humérale (de l’épaule)..............................................................7–19
Goutte...............................................................................................................7–20
Blessure du genou (ligamentaire et méniscale)................................................7–24
Lombalgies........................................................................................................7–29
Douleur cervicale..............................................................................................7–34
Arthrose (arthropathie chronique dégénérative)...............................................7–39
Ostéoporose.....................................................................................................7–42
Syndrome fémoro‑patellaire..............................................................................7–42
Polyarthrite rhumatoïde.....................................................................................7–42
Syndrome d’accrochage de l’épaule.................................................................7–47
Tendinopathie et bursite de l’épaule.................................................................7–51
URGENCES DE L’APPAREIL LOCOMOTEUR.......................................................7–54
Fracture de la clavicule.....................................................................................7–54
Fracture d’un membre, du pelvis ou de la hanche............................................7–57
Ostéomyélite.....................................................................................................7–63
Arthrite septique................................................................................................7–64
SOURCES...............................................................................................................7–66

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Appareil locomoteur 7–1

ÉVALUATION DE L’APPAREIL LOCOMOTEUR1,2

Chaque symptôme doit être noté et examiné en –– Déformations (par exemple, tuméfaction,
fonction des caractéristiques suivantes : inflammation, contracture, position ou apparence
inhabituelles)
–– Apparition (soudaine ou graduelle)
–– Blocage articulaire, instabilité
–– Symptôme aigu ou chronique
–– Signes extra‑articulaires (par exemple, urétrite,
–– Chronologie
éruptions cutanées pustuleuses, tophus, nodules,
–– État actuel (amélioration ou aggravation) engourdissement et picotements)
–– Localisation et nature de la lésion –– Traumatisme ou blessure due au surmenage
–– Gravité et étendue (obtenez une description précise du mécanisme
–– Évolution dans le temps (fréquence, durée, de la blessure, des bruits entendus, de la position
présence intermittente ou constante, moment de dans laquelle le traumatisme s’est produit, des
prédilection de la journée) sensations ressenties et de la fonctionnalité du
–– Facteurs déclenchants et aggravants membre après la blessure)
–– Facteurs de soulagement
–– Répercussions sur les activités quotidiennes Muscles
–– Épisodes similaires diagnostiqués auparavant –– Douleur ou crampes
–– Traitements antérieurs –– Faiblesse
–– Efficacité des traitements antérieurs –– Atrophie
–– Symptômes associés (par exemple, fièvre, frissons, –– Blessures et traitements antérieurs
traumatisme, activité répétitive)
Manifestations neurovasculaires
Évaluer et surveiller la douleur ou le malaise à l’aide
d’un instrument de mesure de l’intensité de la douleur –– Paresthésie (par exemple, sensation de
comme l’Échelle de visages de Wong‑Baker, l’Échelle picotements)
de cotation numérique (Numeric Rating Scale), –– Engourdissement
ou l’Échelle de mesure du désagrément (Comfort –– Parésie
Scale), disponibles à : http://painconsortium.nih.gov/ –– Paralysie (par exemple, incontinence fécale ou
pain_scales/. Il faut également évaluer la présence urinaire)
de douleurs nocturnes, d’irradiation ou de douleur –– Peau : éruptions cutanées, changements dans la
projetée, et l’évolution de la douleur. couleur des membres ou signes d’abus physique
(comme des ecchymoses, des boursoufflures, des
SYMPTÔMES DOMINANTS brûlures de cigarette)
Les caractéristiques générales décrites plus haut
doivent être explorées pour chacun des symptômes ÉVALUATION FONCTIONNELLE
suivants, le cas échéant. –– Notez toute lacune dans les soins personnels
(par exemple, bain, habillement, toilette, soin
Os et articulations del’apparence, alimentation, communication)
–– Douleur, tuméfaction, rougeur, chaleur, raideur –– Mobilité, utilisation d’aides à la mobilité (se lever
(durée) et s’asseoir, monter des escaliers, sortir du bain
–– Moment de la journée où ces symptômes sont le ou de la douche, incapacité ou refus d’utiliser le
plus incommodants (par exemple, réveils nocturnes membre ou d’y mettre du poids)
en raison de la douleur) –– Niveau général de fatigue (quantifier)
–– Symétrie des articulations touchées
–– Rapport des symptômes avec certains mouvements
et activités
–– Limitation des mouvements

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7–2 Appareil locomoteur

ANTÉCÉDENTS MÉDICAUX ANTÉCÉDENTS FAMILIAUX


(APPAREIL LOCOMOTEUR) (APPAREIL LOCOMOTEUR)
–– Traumatismes antérieurs (par exemple, aux os, aux –– Polyarthrite rhumatoïde
articulations, aux ligaments) –– Rhumatisme psoriasique
–– Arthrite (polyarthrite rhumatoïde, arthrose) –– Arthrite réactionnelle
–– Diabète sucré (associé à un risque accru de –– Spondylite ankylosante
syndrome du canal carpien) –– Diabète sucré (associé à l’arthrose)
–– Hypothyroïdie (associée à un risque accru de –– Hypothyroïdie (associée à un risque accru de
syndrome du canal carpien) syndrome du canal carpien)
–– Immobilisation récente d’un membre –– Lupus érythémateux
–– Médication (par exemple, corticostéroïdes)3 –– Ostéoporose
–– Allergies –– Cancer (des os)
–– Problème congénital avec atteinte orthopédique
(par exemple, dysplasie développementale de la ANTÉCÉDENTS PERSONNELS ET
hanche) SOCIAUX (APPAREIL LOCOMOTEUR)
–– Obésité –– Absentéisme au travail ou à l’école (plusieurs jours)
–– Ostéoporose –– Risques professionnels (métier comportant la levée
–– Cancer d’objets lourds ou des mouvements articulaires
–– Ménopause répétés, par exemple la flexion des genoux ou
–– Déficit immunitaire (infection récente) l’extension au‑dessus de la tête)
–– Exposition potentielle à une infection transmissible –– Activités sportives (par exemple, sports de contact
sexuellement ou activités avec des mouvements répétés)
–– Infection récente, comme une infection des voies –– Comportements à risque de blessures (par exemple,
respiratoires supérieures, une méningite ou une motoneige, planche à roulettes, usage de drogues
infection des tissus mous illicites, utilisation de drogues injectables, abus
–– Vaccination récente (surtout si le vaccin a été d’alcool [notamment conduite avec facultés
administré dans le membre atteint) affaiblies])
–– Antécédents chirurgicaux –– Apport en calcium et prise de vitamine D
–– Tabagisme
–– Habitudes en matière d’exercice
–– Si le problème est chronique, quel est son impact
sur les interactions avec la famille et les amis et sur
la conception que le patient se fait de lui‑même
–– Activités traditionnelles comme la chasse et
la pêche

EXAMEN DE L’APPAREIL LOCOMOTEUR

Le but de l’examen de l’appareil locomoteur est GÉNÉRALITÉS


d’évaluer le fonctionnement et l’exécution des –– État de santé apparent
activités de la vie quotidienne, et de noter les
–– Aise ou détresse apparentes (par exemple, celle-
anomalies. Chez la plupart des gens, un examen de
ci est souvent observée en présence de douleur,
dépistage suffit.
d’infection, d’inflammation ou de fracture)
Même si le système nerveux (voir chapitre 8 intitulé –– Attitude (par exemple, appréhension, agitation)
« Système Nerveux Central ») et l’appareil locomoteur –– Teint (rouge, pâle)
sont présentés séparément dans le présent guide de –– État nutritionnel (obésité, maigreur)
pratique clinique, ils sont habituellement examinés
–– Concordance entre l’âge apparent et l’âge déclaré
conjointement.

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Appareil locomoteur 7–3

SIGNES VITAUX –– Observez l’alignement, la taille (masse musculaire,


–– La température peut être élevée en présence augmentation du volume osseux) et le contour de
d’inflammation ou d’infection l’articulation (par exemple, valgus : déviation ou
angle vers l’extérieur du segment distal d’un os
–– Tachycardie liée à la douleur ou à un choc en cas
ou d’une articulation (les jambes sont en forme de
de traumatisme important
> < ); ou varus : déviation ou angle vers l’intérieur
–– Tension artérielle normale, sauf en cas de choc lié à du segment distal d’un os ou d’une articulation
un traumatisme important (les jambes sont en forme de < >)
EXAMEN GÉNÉRAL DE –– Examinez la peau et les tissus sur les articulations
L’APPAREIL LOCOMOTEUR et comparez les articulations et les os des deux
côtés du corps sur les points suivants :
Évaluez l’articulation située au‑dessus et en dessous –– Couleur et étendue de la région atteinte (par
de la blessure ou de l’anomalie. Examinez la colonne exemple, une rougeur indique une inflammation
vertébrale au niveau lombosacré et en dessous en ou un processus infectieux; ecchymose,
cas de problème touchant un membre inférieur, et décoloration)
examinez la colonne au niveau cervical et le cou
–– Tuméfaction (par exemple, une enflure autour
en cas de problème touchant un membre inférieur.
de l’articulation peut indiquer de l’arthrite ou
Examinez les articulations dans l’ordre suivant, en
une infection; sur une région osseuse, elle peut
fonction des articulations à évaluer. Comparez les
indiquer un traumatisme, une fracture ou une
articulations des deux côtés du corps.
tumeur; sur les tissus mous, elle peut indiquer
–– Articulation temporo‑mandibulaire un traumatisme ou une infection)
–– Rachis cervical –– Éruption cutanée, plaies punctiformes et
–– Épaules cicatrices
–– Coudes –– Masses
–– Poignets et mains –– Déformations (par exemple, altération de la
–– Rachis thoracique forme, alignement des os, ongle incarné sur
–– Rachis lombosacré un orteil)
–– Hanches Palpation
–– Genoux
Palpez chaque articulation, y compris la peau, les
–– Chevilles et pieds
muscles, les os et la capsule articulaire, pendant que le
Inspection patient est aussi détendu que possible, à la recherche
des signes suivants :
–– Mobilité
–– Démarche (par exemple, claudication de –– Chaleur (la chaleur indique un processus
Trendelenburg, démarche antalgique) et posture. inflammatoire ou une infection – si une région
Examinez comment le patient se lève d’une chaise, semble dégager de la chaleur, comparez à d’autres
manipule un petit objet, se lève d’une position articulations ou à la peau de régions non atteintes)
couchée et utilise des aides à la mobilité. La plupart –– Tuméfaction (peut indiquer une infection de
des problèmes de mobilité peuvent être évalués l’articulation ou un épanchement)
lorsque le patient entre dans la pièce; évaluez aussi –– Induration (par exemple, tension dans les tissus,
la démarche sans souliers et la posture lorsqu’il est tissus en « monts et vallées »)
déshabillé –– Sensibilité
–– Symétrie de structure et de fonction (par exemple, –– Nodules, masses
épaules à la même hauteur) –– Gonflement des ganglions lymphatiques4

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7–4 Appareil locomoteur

Amplitude des mouvements État neurologique


Demandez au client de vous démontrer l’amplitude Inspectez les membres à la recherche des
de ses mouvements pendant que vous immobilisez caractéristiques suivantes :
la partie du corps située la plus près de l’articulation
–– Examen moteur : Notez la présence de tremblements
sollicitée. Cet examen vous fournira de l’information
ou de fibrillations musculaires. Évaluez la masse
sur les structures musculaires et osseuses permettant le
et le tonus musculaires. Vérifiez la force des
mouvement fonctionnel3. Toute anomalie proviendra
principaux groupes musculaires (fléchisseurs et
d’un problème neurologique ou mécanique. Si
extenseurs) de chaque articulation. Lorsque cela est
vous observez une limite, essayez de faire bouger
possible, vérifiez la force des groupes musculaires
vous‑même délicatement l’articulation (mobilisation
(par exemple, vérifiez les flexeurs des doigts
passive) (l’examinateur fait bouger l’articulation
avec vos propres flexeurs). La force musculaire
vers sa limite tout en la maintenant solidement); cela
devrait être égale des deux côtés du corps et offrir
vous fournira des renseignements sur la mobilité et la
une résistance complète à votre poussée en sens
stabilité de l’articulation et sur les limites des tendons
contraire. La force musculaire varie énormément
et muscles en jeu. Observez le degré de mouvement
d’une personne à l’autre
articulaire obtenu (hyper ou hypomobilité), la résistance
au mouvement, la présence d’une crépitation et/ou de –– Réflexes (grade et symétrie)
douleur pendant le mouvement de l’articulation. –– Sensations (y compris paresthésie)
–– Démarche et coordination (par exemple,
Normalement, l’amplitude devrait être la même pour talon‑pointe)
les mouvements actifs et passifs.
Voir « Examen du système nerveux central » dans le
Stabilité des ligaments autour chapitre 8 intitulé « Système nerveux central ».
des articulations
État vasculaire
–– Déterminez la stabilité des ligaments latéraux de la
cheville (voir la section « Entorse de la cheville ») Inspectez les membres à la recherche des
–– Déterminez la stabilité des ligaments latéraux caractéristiques suivantes :
et croisés des genoux (voir la section « Blessure –– Pouls périphérique
du genou ») –– Pâleur
–– Température du membre (notamment la froideur
de la peau)
Cette partie de l’examen est particulièrement
importante lorsque le client a subi un traumatisme.

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL DES SYMPTÔMES


MUSCULO‑SQUELETTIQUES DOMINANTS5

SYMPTÔMES REGROUPÉS EN FONCTION –– Tumeur et infection (douleur constante, douleur


DE LA CAUSE POTENTIELLE nocturne, fièvre, perte pondérale, anorexie, fatigue,
–– Inflammation (par exemple, douleur, érythème, faiblesse, antécédents de cancer)
chaleur, tuméfaction, raideur matinale pendant –– Neurologique (par exemple, paresthésie,
> 30 minutes); voir aussi le tableau 1, « Symptômes picotements, incontinence fécale et urinaire,
de lésions de l’appareil locomoteur » céphalées, faiblesse)
–– Mécanique/dégénérative (par exemple, Le tableau 1 présente les symptômes associés à divers
intensification de la douleur à la fin de la journée, types de lésions musculo‑squelettiques.
diminution avec le repos; blocage de l’articulation,
craquement, instabilité); voir aussi le tableau 1,
« Symptômes de lésions de l’appareil locomoteur »

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Appareil locomoteur 7–5

Tableau 1 – Symptômes de lésions de l’appareil locomoteur


Symptôme Fracture Luxation Entorse ligamentaire Entorse musculaire
Douleur Aiguë Modérée‑aiguë Légère‑modérée Légère‑modérée
Tuméfaction Modérée-aiguë Légère Légère‑prononcée Légère‑modérée
Contusions Légère‑prononcées Légère‑prononcées Légère‑prononcées Légère‑prononcées
Déformations Variables Prononcées Aucune Aucune
Fonction Perte de fonction Perte de fonction Limitée Limitée
Sensibilité Aiguë Modérée‑aiguë Modérée Modérée
Crépitation Présente Absente Absente Absente
* Comme le seuil de la douleur peut varier grandement d’une personne à l’autre, le degré de douleur devrait servir
de ligne directrice.

CAUSES DE LA DOULEUR INFLAMMATOIRE CAUSES DE LA DOULEUR NON


MUSCULO‑SQUELETTIQUE INFLAMMATOIRE MUSCULO‑SQUELETTIQUE
–– Ténosynovite –– Arthrose
–– Polyarthrite rhumatoïde –– Arthropathie métabolique
–– Arthrite réactionnelle –– Tumeurs
–– Rhumatisme psoriasique –– Anomalies mécaniques (par exemple, érosion du
–– Polyarthrite virale (par exemple, hépatite B, virus cartilage et des os)
Epstein‑Barr) –– Dyscrasie
–– Arthrite septique (par exemple, Staphylococcus –– Anémie falciforme
aureus, streptocoques) –– Arthropathie neurogène
–– Maladie auto-immune (par exemple, –– Lésion aux ligaments
pseudopolyarthrite rhizomélique) –– Fibromyalgie
–– Rhumatisme articulaire aigu –– Radiculopathie
–– Arthrite à complexe immun (par exemple, VIH) –– Coincement ou pincement d’un nerf
–– Polyarthrite associée à des maladies générales (par –– Spondylolyse
exemple, lupus érythémateux disséminé, maladie –– Ostéomyélite
de Lyme, syphilis, endocardite bactérienne)
–– Fracture de fatigue
–– Goutte et pseudo‑goutte
–– Nécrose avasculaire
–– Bursite
–– Tendinite CAUSES DE LA DOULEUR CERVICALE6,7
–– Spondylite ankylosante Les causes de la douleur cervicale sont présentées
au tableau 2, « Causes de la douleur cervicale et des
troubles du rachis cervical ».

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7–6 Appareil locomoteur

Tableau 2 – Causes de la douleur cervicale et des troubles du rachis cervical


Origine biomécanique Douleur projetée Origine rhumatologique Origine néoplasique
Entorse cervicale Syndrome du défilé Polyarthrite rhumatoïde Ostéoblastome
Hernie discale thoracique Spondylite ankylosante Ostéochondrome
Spondylose Tumeur de Pancoast Rhumatisme psoriasique Tumeur à cellules géantes
Myélopathie Œsophagite Syndrome de Hémangiome
Coup de fouet cervical Angine de poitrine ou Fiessinger‑Leroy‑Reiter Métastases
Fracture infarctus du myocarde Myélopathie Myélome multiple
Douleur cervicale facettaire Dissection vasculaire (artère Arthrite entéropathique Chondrosarcome
vertébrale ou carotide) Pseudopolyarthrite Chordome
Douleur à l’épaule rhizomélique
Origine infectieuse Gliome
Fibromyalgie Syringomyélie
Ostéomyélite Origine neurologique Douleurs Neurofibrome
Discite
Plexite brachiale myoaponévrotiques
Méningite Tumeur pulmonaire apicale
Pincement périphérique Hyperostose diffuse
Zona idiopathique du squelette
Neuropathies Origines diverses
Maladie de Lyme Maladie microcristalline
Dystrophie sympathique
Abcès pharyngé Arthrose Maladie de Paget
réflexe
Sarcoïdose
Radiculopathie cervicale
Neuropathie diabétique
Myélopathie cervicale
spondylosique
Céphalée de stress

CAUSES DE LA DOULEUR À L’ÉPAULE Troubles extrinsèques (douleur projetée)

Troubles intrinsèques –– Troubles du rachis cervical


–– Neuropathie du plexus brachial
–– Arthrose gléno‑humérale
–– Douleurs myoaponévrotiques
–– Syndrome acromio‑claviculaire
–– Syndrome du défilé thoracique
–– Arthrite septique
–– Irritation diaphragmatique
–– Polyarthrite rhumatoïde
–– Maladie néoplasique
–– Arthrose
–– Ischémie myocardique
–– Goutte
–– Trouble de la vésicule biliaire (douleur irradiant
–– Coincement de la coiffe des rotateurs vers l’épaule droite)
–– Rupture de la coiffe des rotateurs
La douleur de l’épaule peut provenir des structures
–– Tendinite de la coiffe des rotateurs
osseuses de l’articulation ou des muscles, ligaments et
–– Tendinite bicipitale tendons qui la soutiennent. La plupart des problèmes
–– Rupture du tendon du biceps d’épaule sont attribuables au surmenage et à des
–– Bursite sous‑acromiale traumatismes.
–– Tendinite calcifiante
–– Capsulite rétractile (épaule gelée) CAUSES DE LA DOULEUR AU COUDE
–– Lésion traumatique des structures osseuses –– Fracture
(par exemple, clavicule, articulation –– Épicondylite latérale (tennis elbow)
acromio‑claviculaire, articulation gléno‑humérale) –– Épicondylite médiale (coude du golfeur)
–– Luxation
–– Arthrose
–– Polyarthrite rhumatoïde
–– Goutte8
–– Bursite rétro‑olécranienne

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Appareil locomoteur 7–7

CAUSES DE LA DOULEUR –– Arthrite inflammatoire


AU POIGNET ET À LA MAIN –– Spondylite ankylosante
–– Arthrose –– Spondylite psoriasique
–– Polyarthrite rhumatoïde –– Maladie de Paget (tuberculose de la colonne
–– Syndrome du canal carpien vertébrale)
–– Fracture
Douleur projetée d’une maladie viscérale
–– Ténosynovite de Quervain
–– Doigt et pouce à ressort –– Prostatite
–– Kyste ganglionnaire –– Endométriose
–– Goutte8 –– Infection génitale haute chronique
–– Calculs rénaux
CAUSES DE LA DOULEUR À LA HANCHE –– Pyélonéphrite
–– Douleur projetée (par exemple, rachis lombaire, –– Anévrisme de l’aorte
articulation sacro‑iliaque) –– Pancréatite
–– Arthrose –– Cholécystite
–– Fracture –– Ulcère gastro‑duodénal pénétrant
–– Bursite du trochanter
CAUSES DE LA DOULEUR AU GENOU
–– Bursite de l’iIliopsoas
–– Bursite ischio‑glutéale –– Bursite
–– Tendinite des adducteurs –– Tendinite rotulienne
–– Polyarthrite rhumatoïde –– Syndrome fémoro‑patellaire
–– Fractures de fatigue du tibia ou de la fibule
CAUSES DE LOMBALGIES –– Arthrose
–– Polyarthrite rhumatoïde
Troubles mécaniques du rachis lombaire
–– Kyste poplité
–– Entorse sacro‑lombaire (lombalgie mécanique) –– Lésion aux ligaments
–– Discopathie dégénérative (ostéophytes, pincement –– Lésions au cartilage / déchirure méniscale
discal)
–– Goutte8
–– Syndrome des facettes articulaires
–– Chondromalacie rotulienne
–– Spondylolisthésis
–– Hernie discale CAUSES DE LA DOULEUR
–– Sténose du canal rachidien À LA CHEVILLE ET AU PIED
–– Ostéoporose –– Tendinite achilléenne
–– Fracture –– Rupture du tendon d’Achille
–– Spondylolyse –– Bursite talonnière postérieure
–– Spondylose –– Entorse (ligamentaire)
–– Cyphose grave –– Entorse (musculaire)
–– Scoliose grave –– Fracture
–– Lordose lombaire –– Goutte8
–– Polyarthrite rhumatoïde
Troubles non mécaniques
de la colonne vertébrale –– Arthrose
–– Contraction douloureuse du tibia
–– Néoplasie (par exemple, myélome multiple,
–– Fasciite plantaire
lymphome, tumeur de la moelle épinière,
–– Hallux valgus (bursite des orteils)9
carcinome métastatique)
–– Infection (par exemple, ostéomyélite, infection
septique du disque, abcès épidural)

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7–8 Appareil locomoteur

AFFECTIONS COURANTES DE L’APPAREIL LOCOMOTEUR

LÉSION DES ARTICULATIONS ANAMNÈSE


ACROMIO‑CLAVICULAIRES10,11,12 –– Mécanisme de la blessure. Parmi les antécédents
figure souvent une chute sur l’acromion, le bras
Déboîtement ou luxation de l’épaule en raison d’une
généralement en adduction. Les forces importantes
blessure aux ligaments.
résultant de chutes graves entraînent souvent des
blessures de type III
TYPES
–– Douleur à la région lésée ou au sommet de l’épaule
Type I (entorse) : Déchirure partielle ou entorse des –– Incapacité de bouger l’épaule
ligaments acromio‑claviculaires. Douleur légère à
–– Réveil nocturne et douleur, souvent lorsque le sujet
l’articulation acromio‑claviculaire sans déformation
se tourne sur l’épaule lésée
de l’articulation, même s’il peut y avoir une légère
tuméfaction avec luxation et instabilité ligamentaires –– Blessures antérieures à l’épaule ou explorations
minimes. Amplitude des mouvements limitée par instrumentales
la douleur. –– Symptômes neurovasculaires
–– Symptômes liés au rachis cervical
Type II (subluxation) : Rupture complète des ligaments
acromio-claviculaires et entorse ou déchirure partielle OBSERVATIONS
des ligaments coraco‑claviculaires. L’articulation
acromio‑claviculaire est sensible localement et –– Déformation possible en « marche d’escalier »
douloureuse au mouvement. On observe souvent de l’articulation acromio‑claviculaire
une tuméfaction marquée. L’extrémité distale de la –– Notez la position de la clavicule (clavicule distale
clavicule peut faire saillie légèrement vers le haut. proéminente dans les cas de déformation de type
III) et la présence de tuméfaction ou d’ecchymoses
Type III (luxation) : Rupture complète des ligaments –– Sensibilité à la palpation de l’articulation acromio-
acromio‑claviculaires et coraco‑claviculaires. Douleur claviculaire
intense, notamment à toute tentative d’abduction
–– Palpez les structures suivantes à la recherche
ou de palpation des ligaments coraco‑claviculaires;
d’une sensibilité afin d’écarter toute autre
déformation « en marche d’escalier » évidente à
blessure : articulation sterno‑claviculaire,
l’examen physique, bien qu’elle puisse être masquée
clavicule, acromion, épine scapulaire, ligaments
par la tuméfaction.
coraco‑claviculaires, apophyse coracoïde, humérus
Types IV, V, VI : Blessures plus graves à l’épaule –– Réduction de l’amplitude de mouvement de
résultant d’un traumatisme plus intense et nécessitant l’épaule; douleur lorsque le bras est en abduction
une intervention chirurgicale. Déplacement de la –– Douleur au repos ou provoquée par le mouvement
clavicule distale, avec atteinte musculaire et/ou –– Augmentation de la douleur en fonction de la
des fascias. gravité de la blessure
CAUSES –– Résultat positif au test d’adduction croisée
(l’élévation du bras affecté à 90 degrés puis,
Ces lésions résultent habituellement d’un coup direct en maintenant le coude en position, l’adduction
ou d’une chute sur le sommet de l’épaule (aspects passive du bras entraînent de la douleur); ne
supérieur ou latéral) pendant que le bras est en procéder à ce test qu’en présence d’une blessure
adduction, ou d’une chute sur un bras en extension mineure et d’un diagnostic de lésion à l’articulation
ou sur le coude. acromio‑claviculaire incertain
Procédez à une évaluation neurovasculaire rigoureuse
des fonctions motrices et sensorielles du plexus
brachial, car il peut y avoir des lésions associées,
mais cela est rare. Procédez aussi à une évaluation
du rachis cervical (voir la section « Traumatisme
à la colonne cervicale et à la moelle épinière »
dans le chapitre 14 intitulé « Urgences générales et
traumatismes majeurs »).

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Appareil locomoteur 7–9

RheumInfo, un site Web canadien, offre un document Interventions non pharmacologiques


en format PDF et des vidéos décrivant en détail Garder le membre blessé au repos
comment procéder à un examen physique complet de
l’épaule. Consultez la section de RheumInfo intitulée Le type et la durée du repos varient selon la gravité
« Shoulder examination », disponible en anglais de la blessure.
seulement à : http://rheuminfo.com/physician-tools/ –– Le client doit éviter les positions et les activités
shoulder-examination. qui aggravent son état
Le site Web du Nicholas Institute of Sports Medicine –– Type I : Pendant la période aiguë, utiliser une
and Athletic Trauma du Lenox Hill Hospital décrit, écharpe durant une courte période (3–5 jours),
à l’aide d’illustrations, certaines techniques précises puis cesser. Ce type de blessure guérit en quelques
pour l’examen physique de l’épaule, disponible en semaines. Il faut entreprendre des exercices
anglais seulement à : http://www.nismat.org/orthocor/ d’amplitude de mouvement et de renforcement dès
exam/shoulder.html. que ces exercices peuvent être tolérés, et seulement
si la douleur ressentie lors des exercices est légère.
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL La plupart des patients peuvent retourner à leurs
–– Fracture de la clavicule activités quotidiennes dans un délai de 3 jours à
2 semaines, selon la douleur ressentie
–– Lésion de la coiffe des rotateurs
–– Type II : Immobilisez le bras et protégez la blessure
–– Luxation de l’épaule
en plaçant le bras dans une écharpe pendant 3 à
–– Syndrome d’accrochage de l’épaule
7 jours. La subluxation commande une période
COMPLICATIONS d’immobilisation plus longue (7–21 jours). Il
faut entreprendre des exercices d’amplitude
–– Instabilité de l’épaule et/ou de la clavicule de mouvement et de renforcement dès que ces
–– Perte de mobilité exercices peuvent être tolérés, et seulement si la
–– Douleur chronique douleur ressentie lors des exercices est légère.
–– Arthrite La plupart des patients peuvent retourner à leurs
activités quotidiennes en 2 à 4 semaines, une fois
TESTS DIAGNOSTIQUES récupérées l’amplitude complète et la force, mais
il existe un risque de retour de la blessure dans les
–– Il peut être conseillé de faire une radiographie
10 semaines suivant la blessure d’origine
antéropostérieure unique des deux articulations
acromio‑claviculaires, le bras du patient tourné –– Type III : Immobilisez le bras et protégez la blessure
vers l’intérieur, pour déterminer l’ampleur de en plaçant le bras dans une écharpe pendant 2 à
la lésion, notamment chez les sujets jeunes 3 semaines. Il faut entreprendre des exercices
présentant des symptômes graves; si cet examen ne d’amplitude de mouvement et de renforcement dès
convient pas, on peut procéder à une radiographie que ces exercices peuvent être tolérés, et seulement
antéropostérieure de la cavité glénoïde ou obtenir si la douleur ressentie lors des exercices est légère.
un cliché en position de Zanca. Il n’est plus La plupart des patients peuvent retourner à leurs
recommandé de procéder à des radiographies en activités quotidiennes après 6 à 12 semaines une
position forcée (où le patient supporte un poids) fois récupérées l’amplitude complète et la force
Appliquer de la glace pour atténuer la douleur et
TRAITEMENT la tuméfaction
Consultation Pour toutes les lésions acromio‑claviculaires, on peut
appliquer de la glace :
Consultez un médecin sans tarder pour toute blessure
de type II ou plus. –– Appliquer sur la région touchée pendant au plus
15 minutes qid
–– Si les lésions aux tissus mous sont considérables,
appliquer q2-3 h
–– Utiliser la glace tant que l’œdème et la douleur
persistent
–– La chaleur est contre‑indiquée dans les cas de
lésions importantes des tissus mous

Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires 2011


7–10 Appareil locomoteur

Éducation du client À mesure que s’amélioreront l’amplitude des


–– Pendant la période de repos de l’épaule, éviter mouvements, la souplesse et la force, l’épaule
d’étirer les bras au-dessus de la tête ou en reprendra son fonctionnement normal
croisé devant le torse, de soulever des objets,
de s’appuyer sur ses coudes et de dormir sur Orientation vers d’autres ressources médicales
l’épaule blessée Envisagez d’orienter vers d’autres services les clients
présentant des blessures de type III, en fonction de la
Interventions pharmacologiques
gravité du tableau clinique. Tous les clients présentant
Anti‑inflammatoires non stéroïdiens (AINS) pour des blessures de type IV à VI doivent être adressés à
atténuer la douleur et la tuméfaction : un médecin le plus tôt possible pour consultation13.
ibuprofène (Advil, Motrin, génériques), 200 mg,
Les blessures de type IV à VI nécessitent une
1–2 comprimés PO tid‑qid prn consultation auprès d’un orthopédiste et possiblement
une intervention chirurgicale13.
ou
Si la douleur est toujours présente 12 semaines après
naproxène (Naprosyn, génériques), 250 mg,
une blessure de type III ou si elle revient lorsque le
1–2 comprimés PO bid‑tid prn
patient augmente ses activités, consultez un médecin
Ne pas utiliser en cas de contre‑indication aux AINS pour vérifier la nécessité de consulter un orthopédiste.
ou à l’AAS (comme des antécédents d’allergie à
l’AAS ou aux AINS ou des antécédents d’ulcère
gastro‑duodénal). Utiliser plutôt :
CAPSULITE RÉTRACTILE
(ÉPAULE GELÉE)14,15
acétaminophène (Tylenol), 325 mg, 1–2 comprimés
PO q4-6 h prn Syndrome réversible de contracture douloureuse
ou de la capsule de l’articulation gléno-humorale
entraînant une limitation des mouvements actifs et
acétaminophène avec codéine (Tylenol nº 3), passifs de l’épaule; la cause de ce syndrome n’est
1–2 comprimés q4-6 h prn
pas établie. Ce processus entraîne une augmentation
progressive de la douleur qui dure environ 1 à 2 ans
Surveillance et suivi
avant de diminuer; la baisse globale de la mobilité
–– Prévoyez un suivi après 1–2 jours et après 14 jours de l’articulation gléno‑humorale s’atténuera aussi.
–– Amorcez des exercices d’amplitude de mouvement Environ 10 % des patients présenteront une restriction
exempts de douleur dès qu’ils peuvent être à long terme des mouvements.
tolérés. Commencez ces exercices par de petits
mouvements circulaires avec les bras en position CAUSES
de pendule Il existe deux types de capsulite :
–– Conseillez au client de commencer les exercices
d’étirement et de renforcement dès qu’il aura –– Capsulite rétractile primitive : Idiopathique
retrouvé l’amplitude normale de ses mouvements (d’origine inconnue), non liée à une blessure.
–– Progression des exercices : mobilisation Elle s’observe le plus souvent chez les personnes
passive, mobilisation active assistée, exercices de 40 à 60 ans, chez les femmes et chez les
isométriques, étirement actif, exercices finals diabétiques. Environ 15 % des sujets touchés
d’étirement et de renforcement présenteront une capsulite bilatérale
–– Il est préférable de faire les exercices en plusieurs –– Capsulite rétractile secondaire : Consécutive à
petites séances, plutôt qu’en longues séances un autre processus pathologique, qui entraîne
une mauvaise utilisation, telle une bursite ou
–– L’exercice doit être précédé d’une application
une tendinite de l’épaule, ou à un événement
de chaleur humide pendant 10–15 minutes et
contributif (par exemple, immobilisation prolongée
suivi d’une application de glace pendant au plus
à la suite d’un accident vasculaire cérébral avec
15 minutes
paralysie des membres supérieurs, d’une lésion au
–– Tout exercice qui provoque une douleur doit être plexus brachial, d’une radiculopathie cervicale,
interrompu temporairement d’une fracture de l’humérus ou de la maladie
de Parkinson)

2011 Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil locomoteur 7–11

ANAMNÈSE ET OBSERVATIONS Le site Web du Nicholas Institute of Sports Medicine


–– Traumatisme pouvant avoir contribué à une and Athletic Trauma du Lenox Hill Hospital décrit,
capsulite rétractile secondaire à l’aide d’illustrations, certaines techniques précises
pour l’examen physique de l’épaule (disponible en
–– La douleur se manifeste au départ la nuit sans
anglais seulement à : http://www.nismat.org/orthocor/
aucune cause connue et n’entraîne aucune
exam/shoulder.html).
restriction dans l’amplitude des mouvements
–– Douleur à l’épaule et restriction des mouvements DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
passifs dans toutes les directions, accompagnées
de douleur à la limite des mouvements; la –– Rupture du biceps ou tendinopathie
limitation de l’amplitude des mouvements peut –– Névrite brachiale
ne se manifester que des mois après l’apparition –– Discopathie cervicale
de la douleur –– Spondylose cervicale
–– La douleur progresse sur plusieurs semaines –– Entorse cervicale
jusqu’à se produire constamment au repos, et est –– Plexopathie brachiale néoplasique
aggravée par des mouvements répétés, par l’effort, –– Maladie de Parkinson
le froid, la vibration et les changements de climat
–– Polyarthrite rhumatoïde
–– La raideur dans l’épaule limite les mouvements
–– Dysfonction de la coiffe des rotateurs
davantage que la douleur; abduction passive
–– Plexopathie brachiale traumatique
impossible de l’épaule dans un arc de 90 degrés
pendant que l’examinateur stabilise l’omoplate; COMPLICATIONS
perte plus importante de rotation externe passive
que d’amplitude d’abduction et de rotation interne –– Douleur chronique
(diminution d’au moins 50 % de l’amplitude de –– Capsulite rétractile secondaire (perte de mobilité)
mouvement de l’épaule – pour les mouvements tant –– Instabilité de l’épaule
actifs que passifs) –– Récurrence de la capsulite rétractile
–– Douleur causée par la combinaison d’un
mouvement d’abduction avec une rotation externe, TESTS DIAGNOSTIQUES
ou d’une extension avec rotation interne (étirement –– Glycémie à jeun (pour écarter la possibilité de
de la capsule) diabète sucré, si un diagnostic de diabète n’a pas
–– Plus tard, la douleur diminue et l’amplitude des déjà été posé)
mouvements augmente avec le temps; la douleur
disparaît après 1 à 2 ans TRAITEMENT
–– Autres observations sans particularité
–– Examen des structures musculo‑squelettiques et Objectifs
tégumentaires –– Atténuer la douleur et l’inflammation
–– Examen neurologique des bras et du cou pour –– Conserver la fonction de l’épaule en rétablissant
écarter toute autre cause potentielle (par exemple, l’amplitude normale de mouvement
une radiculopathie cervicale ou la maladie de –– Prévenir les complications
Parkinson) –– Traiter toute maladie sous‑jacente (par exemple,
–– Évaluation de la thyroïde pour écarter toute atteinte diabète sucré)
de cette glande comme cause sous‑jacente
Interventions non pharmacologiques
RheumInfo, un site Web canadien, offre un document
en format PDF et des vidéos décrivant en détail –– Mobiliser l’épaule dès que possible
comment procéder à un examen physique complet de –– Le client doit éviter les positions et les activités
l’épaule. Consultez la section de RheumInfo intitulée qui aggravent son état (par exemple, lever les
« Shoulder examination » (disponible en anglais bras au‑dessus de la tête, faire des mouvements
seulement à : http://rheuminfo.com/physician-tools/ répétitifs)
shoulder-examination). –– On peut appliquer de la chaleur pour réduire la
raideur chronique et l’inconfort

Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires 2011


7–12 Appareil locomoteur

–– Amorcez des exercices d’amplitude pour les Consultez un médecin lorsque les mesures ci‑dessus
mouvements exempts de douleur avec des poids ne parviennent pas à calmer la douleur et/ou lorsque le
légers. Commencez ces exercices par de petits patient présente des douleurs au repos et/ou la nuit.
mouvements circulaires, les bras en position
de pendule Surveillance et suivi
–– Après les exercices d’amplitude en position de Prévoyez un suivi après 1–2 semaines puis tous les
pendule, il faut entreprendre des étirements passifs mois jusqu’au retour de l’amplitude complète de
dans toutes les directions jusqu’au point de tension, mouvement du patient.
mais pas de douleur; ne pas lever le bras plus haut
que l’épaule Orientation vers d’autres ressources médicales
–– Progression des exercices : mobilisation Adressez le client à un médecin le plus tôt possible.
passive, mobilisation active assistée, exercices Il est particulièrement important de diriger le client
isométriques, étirements actifs, exercices finals vers un physiothérapeute (si possible) dans les cas de
d’étirement et de renforcement une fois l’amplitude capsulite rétractile, car la meilleure façon de traiter
des mouvements améliorée cette affection est une physiothérapie et des exercices
–– Il est préférable de faire les exercices à la maison thérapeutiques. Cependant, le traitement devrait
(par exemple, les étirements et les exercices de aussi comprendre des injections intra‑articulaires
renforcement) en plusieurs petites séances (par de corticostéroïdes administrées par un médecin.
exemple, 5 minutes), plutôt qu’en longues séances L’association de la physiothérapie et des injections de
–– L’exercice doit être précédé d’une application de corticostéroïdes améliorera la fonction et l’amplitude
chaleur humide pendant 15 minutes et suivi d’une de mouvement plus rapidement que les injections en
application de glace pendant au plus 15 minutes monothérapie.
–– Tout exercice qui provoque une douleur doit être
interrompu temporairement
ENTORSE DE LA CHEVILLE16,17
–– Renseigner les patients au sujet de l’évolution de
la maladie (le rétablissement complet peut prendre Étirement (au-delà de la limite normale) ou déchirure
jusqu’à 18 mois) et de la prévention (par exemple, des ligaments qui supportent la cheville. L’emplacement
éviter les mouvements répétitifs, les sources de l’entorse dépend du mécanisme de la blessure.
de vibration) Entorse médiale : Entorse du complexe ligamentaire
À mesure que s’amélioreront l’amplitude des médial (deltoïde) résultant d’une blessure par
mouvements, la souplesse et la force, l’épaule éversion. Elle entraîne habituellement une avulsion
reprendra son fonctionnement normal. de la malléole interne ou postérieure et une entorse
de la syndesmose.
Interventions pharmacologiques
Entorse latérale : Entorse du complexe ligamentaire
Analgésiques pour atténuer la douleur pendant latéral (comprenant les ligaments péronéo‑astragalien
2–3 semaines antérieur, péronéo‑calcanéen et péronéo‑astragalien
acétaminophène (Tylenol), 325 mg, 1–2 comprimés postérieur) résultant habituellement d’une blessure par
PO q4-6 h prn inversion lorsque le pied est en flexion plantaire. Le
ligament péronéo‑astragalien antérieur est souvent le
ou
premier ligament lésé et celui qui est le plus atteint.
ibuprofène (Advil, Motrin, génériques), 200 mg,
1–2 comprimés PO tid-qid prn Entorse syndesmotique : Entorse du complexe
ligamentaire syndesmotique (comprenant les
ou ligaments tibio‑péroniers antérieur et postérieur, les
naproxène (Naprosyn, générique), 250 mg PO ligaments tibio‑péroniers transverses et la membrane
bid‑tid pendant 2 semaines ou plus prn interosseuse) résultant habituellement d’une blessure
Ne pas utiliser l’ibuprofène ou le naproxène en cas de par dorsiflexion et/ou par éversion. Ces entorses
contre‑indication à l’AAS ou aux AINS (comme des entraînent une instabilité chronique de la cheville.
antécédents d’allergie à l’AAS ou aux AINS ou des –– Entorse de stade 1 : Élongation ligamentaire;
antécédents d’ulcère gastro‑duodénal). l’articulation est stable

2011 Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil locomoteur 7–13

–– Entorse de stade 2 : Plus grave; déchirure –– Présence d’ecchymoses dans les entorses modérées
ligamentaire partielle importante ou rupture et graves
des ligaments; l’articulation est légèrement ou –– Sensibilité de la face antéro‑latérale de
moyennement instable, mais certains mouvements l’articulation de la cheville
sont caractérisés par une laxité anormale –– Sensibilité possible de la face postéro‑latérale de
–– Entorse de stade 3 : Déchirure complète du ou des l’articulation de la cheville
ligaments; l’articulation est instable –– Dans les cas d’entorses graves, la face antérieure
de la cheville est également sensible
CAUSES
–– Laxité possible du ligament externe
–– Traumatisme –– Sensibilité d’une des malléoles
–– Activité physique –– L’amplitude des mouvements passifs (flexion
–– Pied posé sur une surface inégale ou dans un angle dorsale, flexion plantaire, inversion, éversion) est
–– Laxité prédisposante des ligaments parfois limitée à cause de la douleur; une douleur
accrue à l’éversion indique la présence d’une
ANAMNÈSE entorse médiale, et une douleur plus importante
–– Mécanisme de la blessure : souvent une torsion à l’inversion évoque une entorse latérale
soudaine du pied et de la cheville latérale – la –– Palpez tout le péroné, le tibia distal, le pied et le
plupart du temps, une inversion forcée du pied et tendon d’Achille à la recherche d’une sensibilité
de la cheville entraînant une blessure du ligament et pour vérifier l’intégrité, afin d’écarter tout autre
collatéral latéral, la blessure de type éversion type de blessure
au ligament deltoïde étant le deuxième type –– Test de compression : Pressez le péroné contre
le plus fréquent d’entorse (voir la description le tibia vers le milieu du mollet; une douleur
des emplacements des entorses en fonction du au ligament tibio‑péronier antérieur (cheville
mécanisme de la blessure ci‑dessus) antérolatérale et proximale) indique la présence
–– La sévérité des symptômes varie selon l’étendue d’une entorse syndesmotique
de la lésion et le stade de l’entorse –– Manœuvre de Thompson18: Demandez au patient
–– Douleur aiguë de s’étendre en décubitus ventral, les genoux
–– Tuméfaction formant un angle de 90 degrés. Serrez le mollet du
–– Contusions patient. La cheville homolatérale devrait effectuer
une flexion plantaire si le tendon d’Achille est
–– Incapacité de marcher à la suite de la blessure
intact. En cas de rupture du tendon d’Achille, la
(selon le stade de l’entorse)
force n’est pas transmise et il n’y a aucune flexion
–– Bruits (par exemple, un « pop ») plantaire de la cheville
–– Blessure antérieure
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
OBSERVATIONS
–– Fracture
–– La mise en charge du membre touché est parfois –– Fracture par arrachement du 5e métatarse proximal
impossible
–– Rupture d’un tendon (par exemple, tendon
–– Tuméfaction évidente (dont l’ampleur dépend de d’Achille, péronier, postérieur du tibia)
la gravité de l’entorse; par exemple, une entorse
–– Luxation ou sous‑luxation
de stade 1 s’accompagne d’une sensibilité et
d’une tuméfaction minimales, et le patient peut –– Plaie perforante
mettre du poids sur la cheville sans ressentir plus
COMPLICATIONS
qu’une douleur minimale; une entorse de stade 2
s’accompagne d’une sensibilité et d’une tuméfaction –– Hyperlaxité ligamentaire chronique, instabilité et
modérées et d’une réduction de l’amplitude des lésions récurrentes de la cheville
mouvements, et le patient peut mettre du poids sur –– Douleur chronique
la cheville mais non sans douleur; une entorse de –– Atteinte neurovasculaire (par exemple, anomalie
stade 3 présente une sensibilité et une tuméfaction de la proprioception)
importantes et une grande réduction de l’amplitude
des mouvements, et le patient ne peut mettre aucun
poids sur la cheville)

Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires 2011


7–14 Appareil locomoteur

TESTS DIAGNOSTIQUES Interventions non pharmacologiques


Radiographie de la cheville et/ou du pied Garder l’articulation au repos
(conformément aux Règles d’Ottawa pour la cheville, Le type et la durée du repos varient selon la gravité de
ci‑dessous) pour écarter toute éventualité de fracture la blessure.
Règles d’Ottawa pour la cheville19 –– Dans le cas des entorses de stade 2 et 3, le client ne
Procéder à une radiographie de la cheville uniquement doit mettre aucun poids sur la blessure ou ne mettre
dans les cas suivants : qu’un poids partiel à l’aide de béquilles, et il faut
limiter les activités où il doit appliquer du poids sur
–– Douleur à la palpation près des malléoles (à l’une
la cheville
ou l’autre des malléoles et à moins de 6 cm des
malléoles) ET –– Dans le cas des entorses de stade 1, le client peut
mettre du poids sur la cheville en fonction de ce
–– Douleur à la palpation de l’os à l’extrémité
qu’il peut tolérer
postérieure de la malléole latérale OU
–– On recommande d’augmenter graduellement la
–– Douleur à la palpation de l’os à l’extrémité
mise en charge dès que la douleur a suffisamment
postérieure de la malléole médiale OU
diminué et que l’articulation est assez stable pour
–– Si le patient ne peut prendre appui sur le pied le permettre, afin de favoriser la guérison et la
immédiatement après le traumatisme et ne peut proprioception
faire plus de quatre pas au moment de l’examen
–– Le client doit continuer d’utiliser les béquilles
Procéder à une radiographie du pied uniquement dans jusqu’au retour de sa démarche normale
les cas suivants :
Appliquer de la glace pour atténuer
–– Douleur à la palpation au milieu du pied ET la tuméfaction et la douleur.
–– Douleur à la palpation à la base du 5e métatarsien –– Appliquer de la glace dès que possible sur la face
OU latérale de la cheville pendant au plus 20 minutes
–– Douleur à la palpation de l’os naviculaire OU q3-4 heures durant 48 heures (ou plus longtemps
–– Si le patient ne peut prendre appui sur le pied si la tuméfaction persiste)
immédiatement après le traumatisme et ne peut –– Si l’entorse est grave, appliquer de la glace q2 h
faire plus de quatre pas au moment de l’examen –– Utiliser la glace tant que l’œdème et la douleur
Voir le programme d’enseignement pour plus de détails persistent
sur les Règles d’Ottawa pour la cheville (disponible –– La chaleur est contre‑indiquée dans le cas d’un
en anglais seulement à : http://www.ohri.ca/emerg/ traumatisme aigu de la cheville
cdr/ankle_rule_flash.html). On peut aussi se procurer –– Ne jamais utiliser de chaleur pendant les phases
une affiche (disponible en anglais seulement à : http:// aiguë ou subaiguë du rétablissement
www.ohri.ca/emerg/cdr/docs/cdr_ankle_card.pdf). –– On peut recourir à la chaleur pour atténuer la
tuméfaction chronique
TRAITEMENT
Compression et élévation pour atténuer
Objectifs la tuméfaction et la douleur
–– Atténuer la douleur et l’inflammation –– Le client doit porter un bandage de contention
–– Maintenir l’amplitude des mouvements pendant les 2–3 premiers jours dans le cas des
entorses de stade 1 et plus longtemps pour les
–– Restaurer la force de la cheville
entorses de stade 2
–– Prévenir toute autre lésion
–– Le bandage ne doit pas être trop serré, mais doit
Consultation offrir un bon support à la cheville
–– Si possible, la cheville doit être surélevée au‑dessus
Consultez un médecin lorsqu’il y a instabilité
du niveau du cœur pendant les 48 premières heures
articulaire au moment du premier examen. Consultez
–– Un médecin pourrait recommander
également un médecin s’il n’y a aucune amélioration
l’immobilisation dans le cas des entorses de stade 2
après 2 semaines de traitement prudent.
à l’aide d’une attelle pneumatique ou classique, en
plus du bandage de contention

2011 Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil locomoteur 7–15

–– En cas d’entorse de stade 3, il faut immobiliser la –– Expliquez‑lui l’utilisation appropriée des


cheville à l’aide d’un plâtre ou d’un dispositif de médicaments (dose, fréquence, effets secondaires)
stabilisation et s’assurer qu’il n’y a aucune mise –– Montrez‑lui des exercices permettant de retrouver
en charge, selon la recommandation du médecin son amplitude de mouvement et de renforcer sa
–– Pendant tout mouvement, la cheville devrait cheville, et encouragez‑le à poursuivre jusqu’à ce
être supportée par une attelle de cheville lacée, que les activités n’entraînent plus de douleur
si possible, ou un bandage de contention, pour –– Expliquez‑lui comment reprendre graduellement
prévenir toute aggravation de la blessure ses activités qui ne demandent aucune torsion ou
pression de la cheville et comment réintroduire
Exercices
graduellement les activités qui nécessitent ce type
–– Le client doit amorcer des exercices d’amplitude de mouvement
légers pour la flexion dorsale et la flexion
–– Donnez‑lui des conseils sur les moyens d’éviter de
plantaire, et faire des cercles avec le pied dans les
se blesser à nouveau la cheville (par exemple, faire
deux directions dans les 24–48 heures suivant le
des exercices d’échauffement avant les activités
traumatisme ou lorsque la douleur et la tuméfaction
physiques, comme les sports, porter des chaussures
sont légères dans le cas des entorses de stades 1 et
montantes lacées et/ou des supports externes de
2, selon son degré de tolérance
chevilles pour marcher et courir, regarder les
–– Encouragez le client à étirer le tendon d’Achille surfaces sur lesquelles on marche, maintenir la
s’il peut le faire sans douleur force, l’équilibre et la flexibilité)
–– Demandez au client de dessiner les lettres de
l’alphabet avec le gros orteil dans les airs Interventions pharmacologiques
La flexion plantaire, l’inversion et l’éversion Anti‑inflammatoires non stéroïdiens (AINS) pour
doivent être évitées au tout début du rétablissement atténuer la douleur et la tuméfaction :
(commencer après 1–2 semaines) ibuprofène (Advil, Motrin, produits génériques),
Le client doit amorcer des exercices de renforcement 200 mg, 1–2 comprimés PO tid‑qid prn
musculaire dès qu’il a retrouvé l’amplitude de ses ou
mouvements. Montrez‑lui les exercices suivants :
naproxène (Naprosyn, génériques), 250 mg,
–– Inversion, éversion, plier les orteils, ramasser des 1–2 comprimés PO bid‑tid prn
billes avec les orteils Ne pas utiliser l’ibuprofène ou le naproxène en cas de
–– Appui sur la pointe des orteils et le talon sur une contre‑indication à l’AAS ou aux AINS (comme des
surface inclinée, maintien de la position finale antécédents d’allergie à l’AAS ou aux AINS ou des
pendant 4–6 secondes (10–20 répétitions) antécédents d’ulcère gastro‑duodénal). Utiliser plutôt :
–– Appui sur la pointe des orteils et le talon sur
acétaminophène (Tylenol), 325 mg, 1–2 comprimés
une surface plane, maintien de la position finale
PO q4-6 h prn
pendant 4–6 secondes (10–20 répétitions)
–– Marche sur le talon et les orteils Pour une douleur modérée ou intense, il faut parfois
–– Maintien en équilibre sur un pied (pour la recourir à des analgésiques plus puissants en plus des
proprioception) AINS au cours des 24–48 premières heures :
–– Marcher sur différentes surfaces (pour la acétaminophène avec codéine (Tylenol nº 3),
proprioception) 1–2 comprimés q4-6 h prn

Éducation du client Surveillance et suivi


–– Expliquez au client qu’il est important de garder la Prévoyez un suivi en clinique après 48 heures et
cheville au repos, d’y appliquer de la glace et une encore une fois après 2 semaines, ou plus tôt si la
compression et de la surélever douleur et la tuméfaction persistent.
–– La guérison prendra de 4 à 6 semaines
–– Montrez au client comment utiliser les béquilles Orientation vers d’autres ressources médicales
pour prévenir la mise en charge jusqu’à ce qu’il Prévoyez une physiothérapie (si cela peut se faire
retrouve une démarche normale facilement) si les symptômes persistent plus de
–– Montrez‑lui comment mettre le bandage de 2–3 semaines, ou en cas d’entorse de stade 2 ou 3.
contention

Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires 2011


7–16 Appareil locomoteur

Dirigez tout client souffrant d’une entorse de stade 2 –– Atténuation des symptômes par l’agitation ou la
vers un médecin, car il peut être recommandé de friction de la main ou l’arrêt des activités irritantes
porter un dispositif d’immobilisation (par exemple, –– Faiblesse motrice occasionnelle de la main affectée
une attelle pneumatique) ou une attelle classique. –– Il peut y avoir des périodes de rémission et
Dirigez tous les clients souffrant d’une entorse de d’exacerbation, et/ou le problème peut passer
stade 3 vers un médecin; ils ont souvent besoin de d’intermittent à permanent
porter un plâtre de marche en bas du genou pendant –– Évaluer la présence des facteurs de risque
2–3 semaines et/ou d’une intervention chirurgicale. énumérés ci‑dessus

OBSERVATIONS
SYNDROME DU CANAL CARPIEN20,21,22
–– Perte sensorielle sur la face palmaire du pouce,
Les signes et symptômes résultent de la compression de l’index et du majeur, sur la moitié radiale de
du nerf médian dans le canal carpien. Le syndrome l’annulaire et sur l’éminence thénar (par exemple,
touche en général la main dominante, mais il peut discrimination de 2 points)24
aussi être bilatéral. –– Signe de Tinel : sensation douloureuse et/ou
paresthésie induite dans les doigts par la percussion
CAUSES du nerf médian au niveau de la paume
–– Pression accrue sur le canal carpien –– Signe de Phalen : le fait de garder les deux poignets
en flexion palmaire pendant une minute provoque
Facteurs de risque parfois les symptômes (par exemple, douleur et/ou
–– Obésité paresthésie des doigts innervés par le nerf médian)
–– Profession nécessitant des flexions et extensions –– Test de compression du canal carpien 25:
répétées et prolongées du poignet ou l’utilisation application directe de pression sur le canal carpien
prolongée d’appareils manuels vibratoires23 (face palmaire du poignet). Un résultat positif
–– Grossesse en cours est obtenu lorsqu’un engourdissement et des
picotements se manifestent après l’application de la
–– Sexe féminin
pression. Ce test est plus sensible et plus spécifique
–– Diabète sucré
que les signes de Tinnel et de Phalen
–– Polyarthrite rhumatoïde
–– Diminution de la force de la main à l’exécution des
–– Hypothyroïdie tâches (par exemple, pour ouvrir un bocal, pour
–– Trouble des tissus conjonctifs l’abduction et l’opposition du pouce [signe tardif])
–– Mononeuropathie médiane préexistante –– Atrophie musculaire dans l’éminence thénar
–– Utilisation d’un inhibiteur de l’aromatase (par (signe tardif)
exemple, traitement d’un cancer du sein)
Il arrive parfois qu’un syndrome du canal carpien
–– Facteurs génétiques prédisposants ne soit pas accompagné de ces déficits sensoriels et
moteurs. Consultez un médecin si vous soupçonnez
ANAMNÈSE
la présence de cette situation.
Les symptômes touchent habituellement le pouce,
l’index et le majeur, et la moitié de l’annulaire. DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
Néanmoins, ils peuvent aussi toucher le poignet
–– Spondylose cervicale
et la main en entier et/ou irradier jusqu’à l’épaule.
–– Neuropathie périphérique
–– Sensation de fourmillements, de picotements ou –– Lésion du plexus brachial
d’engourdissement dans les doigts ou la main
–– Douleur sourde dans les doigts, la main ou COMPLICATIONS
l’avant‑bras En l’absence de traitement, une lésion nerveuse
–– Les symptômes sont souvent pires la nuit et permanente peut survenir.
peuvent réveiller le patient
–– Les symptômes sont provoqués par la flexion ou TESTS DIAGNOSTIQUES
l’extension du poignet, des gestes répétés de la Aucun.
main ou du poignet, ou l’élévation des bras

2011 Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil locomoteur 7–17

TRAITEMENT Orientation vers d’autres ressources médicales

Objectifs Dirigez le client vers un médecin si le symptôme


du canal carpien ne s’améliore pas après 6 semaines
–– Atténuer les symptômes où vous aurez appliqué de façon constante les
–– Prévenir les complications mesures prudentes décrites plus haut (voir la section
« Interventions non pharmacologiques »); une
Consultation intervention chirurgicale et/ou un traitement par des
Consultez un médecin en présence de faiblesse corticostéroïdes oraux ou par injection sont peut‑être
musculaire, d’une atrophie de l’éminence thénar ou de indiqués. En présence d’une faiblesse musculaire ou
paresthésies constantes, si le patient a plus de 50 ans, d’une atrophie du thénar, il faut diriger le patient vers
s’il y a discrimination de 2 points séparés (> 6 mm), un médecin immédiatement.
en présence du signe de Phalen ou si les symptômes
sont présents depuis plus de 10 mois lorsque vous ÉPICONDYLITE : LATÉRALE
voyez le patient pour la première fois à ce sujet.
(TENNIS ELBOW) ET MÉDIALE
Sinon, administrez un traitement prudent et exercez
un suivi étroit. (COUDE DU GOLFEUR)28,29,30
L’épicondylite latérale (tennis elbow) est un
Interventions non pharmacologiques processus inflammatoire chronique survenant à
–– Le client doit éviter les activités aggravantes, l’origine de l’extenseur de l’épicondyle latéral.
notamment les mouvements répétitifs L’épicondylite médiale (coude du golfeur) est un
–– Posez une attelle qui maintiendra le poignet en processus inflammatoire chronique survenant à
position neutre d’extension la nuit; cette attelle l’origine de l’extenseur de l’épicondyle médial.
peut être portée de façon continue pour réduire L’épicondylite latérale est cinq fois plus fréquente
la gravité des symptômes que l’épicondylite médiale.
–– Encouragez le patient à faire des exercices de
CAUSES
yoga pour étirer et renforcer les articulations
des membres supérieurs. Ces exercices aideront –– Survient généralement à la suite d’un surmenage
à atténuer la douleur ou de mouvements répétés (> 2 heures par jour)
–– Si le syndrome du canal carpien apparaît pendant la
grossesse, informez la patiente que les symptômes Facteurs de risque
disparaissent souvent graduellement après –– Populations à risque : athlètes et travailleurs
l’accouchement manuels
–– Fumeurs
Interventions pharmacologiques
–– Obésité
Les AINS ne sont pas plus efficaces qu’un placebo –– Personnes de 45 à 54 ans
dans le traitement du syndrome du canal carpien si –– Levée de poids de plus de 20 kg plus de 10 fois
on se fie aux résultats d’une revue systématique de par jour
la base de données Cochrane26.
–– Mouvements athlétiques répétés ou rapides avec
À long terme, les corticostéroïdes par injection sont une mauvaise technique
moins efficaces que la chirurgie27. –– Mouvements répétés, le poignet fléchi, pendant
plus de 2 heures par jour
Un traitement de courte durée avec des
corticostéroïdes par voie orale peut être bénéfique –– Emploi d’outils de plus de 1 kg au travail
(consultez un médecin)26. –– Extension et/ou supination répétées du poignet
(épicondylite latérale)
Surveillance et suivi
–– Prévoyez un suivi après 2 semaines pour vérifier
la réponse au traitement
–– Si l’état du client s’améliore, continuez le suivi
aux 2 semaines jusqu’à la guérison ou jusqu’à la
6e semaine

Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires 2011


7–18 Appareil locomoteur

ANAMNÈSE DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL


–– Douleur à l’épicondyle latéral ou médial –– Lésion du tendon par avulsion
(extra‑articulaire); peut varier entre un effet –– Bursite
minimal sur le travail et un trouble nuisant –– Ténosynovite septique
au sommeil –– Compression des nerfs médians ou interosseux
–– Douleur exacerbée par des mouvements répétés –– Fracture
du poignet et du coude
–– Arthrose
–– Douleur projetée à la surface de l’extenseur
–– Ostéochondrite disséquante du condyle
de l’avant‑bras (épicondylite latérale)
de l’humérus
–– Douleur projetée à la surface de l’extenseur
–– Radiculopathie cervicale
de l’avant‑bras (épicondylite médiale)
–– Facteurs de risques décrits plus haut (voir la section COMPLICATIONS
« Facteurs de risque »)
–– Rupture du tendon
OBSERVATIONS –– Épisodes récurrents
–– Tuméfaction (légère) TESTS DIAGNOSTIQUES
–– Chaleur
Aucun.
–– Rougeur (légère)
–– La douleur peut être exacerbée par l’extension du TRAITEMENT
poignet et la pronation du poignet contre résistance
(épicondylite médiale) ou la supination contre Objectifs
résistance (épicondylite latérale)
–– Atténuer la douleur
Épicondylite latérale –– Réduire l’inflammation
–– Prévenir les complications
–– Sensibilité à l’épicondyle latéral et aux muscles
extenseurs proximaux du poignet (distaux par Interventions non pharmacologiques
rapport à l’épicondyle latéral)
–– Douleur exacerbée par l’extension contre résistance Garder le membre blessé au repos
du poignet ou par la flexion passive du poignet –– Le client doit éviter les activités aggravantes
à l’amplitude maximale lorsque le coude est en –– On peut placer une bande de contention sur la
extension complète partie proximale de l’avant‑bras à environ 10 cm
pendant les 6 premières semaines (on trouve sur le
Épicondylite médiale marché des bandes spéciales pour le tennis elbow)
–– Sensibilité à l’épicondyle médial et aux muscles
Appliquer de la glace pour atténuer la douleur et
flexeurs proximaux du poignet (distaux par rapport
la tuméfaction
à l’épicondyle médial)
–– Douleur exacerbée par la flexion contre résistance –– Appliquer de la glace sur le coude blessé pendant
du poignet ou par l’extension passive du poignet au plus 15 minutes qid
à l’amplitude maximale lorsque le coude est en –– Utiliser la glace tant que l’œdème et la douleur
extension complète persistent
RheumInfo, un site Web canadien, offre un document –– La chaleur est contre‑indiquée durant la phase
en format PDF décrivant en détail comment procéder aiguë des lésions des tissus mous
à un examen physique complet du coude. Voir la Physiothérapie
section de RheumInfo intitulée « Examination of the
–– Exercices pour retrouver graduellement la force
Elbow », disponible en anglais seulement à : http://
et la flexibilité
rheuminfo.com/physician-tools/elbow-examination.

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Appareil locomoteur 7–19

Interventions pharmacologiques LUXATION GLÉNO‑HUMÉRALE


Anti‑inflammatoires non stéroïdiens (AINS) pour (DE L’ÉPAULE)32,33
atténuer la douleur et la tuméfaction :
Désinsertion de la tête de l’humérus hors de la cavité
ibuprofène (Advil, Motrin, génériques), 200 mg, de l’articulation gléno‑humérale.
1–2 comprimés PO tid-qid prn
ou CAUSES
naproxène (Naprosyn, génériques), 250 mg, Traumatisme (habituellement contondant)
1–2 comprimés PO bid-tid prn
–– > 95% des luxations sont des luxations antérieures :
L’usage des AINS devrait être limité à une courte le mécanisme habituel est l’abduction et la rotation
période (par exemple, 5–7 jours) dans ces cas en externe forcées d’un bras étendu (par exemple,
raison du risque d’effets secondaires à long terme31. chute retenue par un bras en pleine extension)
–– Luxation postérieure : traumatisme de l’épaule
Ne pas utiliser l’ibuprofène ou le naproxène en cas de
antérieure, adduction et rotation interne forcées
contre‑indication à l’AAS ou aux AINS (comme des
du bras
antécédents d’allergie à l’AAS ou aux AINS ou des
antécédents d’ulcère gastro‑duodénal). Utiliser plutôt : –– Luxation inférieure : forces transférées à un bras en
pleine abduction ou hyperabduction forcée du bras
acétaminophène (Tylenol), 325 mg, 1–2 comprimés
PO q4-6h prn ANAMNÈSE
Surveillance et suivi –– Douleur intense
–– Perte de mobilité de l’épaule
–– Prévoyez un suivi après 1–2 jours et après 14 jours
–– Antécédents de luxation de l’épaule (plus fréquents
–– Amorcez les exercices d’amplitude pour les
si le patient a moins de 40 ans)
mouvements exempts de douleur après 2–3 jours
–– Conseillez au client de commencer les exercices OBSERVATIONS
d’étirement et de renforcement dès qu’il aura
retrouvé l’amplitude normale de ses mouvements Luxation antérieure
et que les douleurs au coude auront disparu
–– L’épaule semble latéralement aplatie (carrée plutôt
–– Progression des exercices : mobilisation qu’arrondie) et antérieurement proéminente
passive, mobilisation active assistée, exercices
–– Bras en légère abduction et rotation externe
isométriques, étirement actif, exercices finals
–– Résistance au mouvement
d’étirement et de renforcement
–– L’acromion est proéminent chez les clients maigres
–– Il est préférable de faire les exercices en plusieurs
petites séances, plutôt qu’en longues séances
Luxation postérieure
–– Il doit y avoir un rétablissement des mécaniques
appropriées du corps avant que le client ne –– L’épaule semble aplatie antérieurement et il
puisse recommencer à faire du sport ou retourner y a proéminence postérieure de l’épaule et de
au travail l’apophyse coracoïde
–– Bras en adduction et rotation interne
Orientation vers d’autres ressources médicales –– Incapacité de faire une rotation externe
Chez la plupart des clients, le problème se résorbe à
Luxation inférieure
l’aide d’un traitement prudent. Consultez un médecin
en cas d’échec du traitement (par exemple, persistance –– Le bras est tenu au‑dessus de la tête et l’adduction
ou aggravation de la douleur ou de la dysfonction) est impossible
dans les 4 mois suivants. Il peut être justifié de –– Pronation de l’avant‑bras
procéder à des tests diagnostiques et de diriger –– Blessures connexes fréquentes
le patient vers un orthopédiste.

Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires 2011


7–20 Appareil locomoteur

Recherchez les lésions associées avec tous les types TRAITEMENT


de luxations :
Objectifs
–– Fracture proximale de l’humérus, de l’acromion,
de l’omoplate, de l’apophyse coracoïde et de la –– Atténuer la douleur
cavité glénoïde –– Réduire la luxation
–– Avulsion ou déchirure de la coiffe des rotateurs –– Prévenir les complications
–– Lésions des structures neurovasculaires
Consultation
adjacentes : les lésions du nerf axillaire sont
très courantes et sont souvent associées à une Consultez un médecin. La luxation doit être réduite
diminution de la contraction active du deltoïde et sans tarder.
à un engourdissement dans la région du deltoïde
(procédez à un examen neurovasculaire, y compris Interventions non pharmacologiques
les fonctions motrices et sensorielles de la région) Immobilisez le bras du client dans une écharpe et un
–– Lésion artérielle (prendre le pouls radial sur les bandage croisé (utiliser un oreiller et/ou un coussin si
deux bras) nécessaire) dans la position la plus confortable.
RheumInfo, un site Web canadien, offre un document
Interventions pharmacologiques
en format PDF et des vidéos décrivant en détail
comment procéder à un examen physique complet de Les analgésiques s’imposent :
l’épaule. Consultez la section de RheumInfo intitulée morphine à 5–10 mg IM ou SC
« The Shoulder Examination», disponible en anglais
seulement à : http://rheuminfo.com/physician-tools/ Surveillance et suivi
shoulder-examination.
Surveillez fréquemment la douleur et l’état
Le site Web du Nicholas Institute of Sports Medicine neurovasculaire du client jusqu’au transfert.
and Athletic Trauma du Lenox Hill Hospital décrit,
à l’aide d’illustrations, certaines techniques précises Orientation vers d’autres ressources médicales
pour l’examen physique de l’épaule. Disponible en
Procédez à une évacuation médicale vers l’hôpital
anglais seulement à : http://www.nismat.org/orthocor/
pour une réduction.
exam/shoulder.html.

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL GOUTTE34,35,36,37,38


–– Lésion des tissus mous (par exemple, avulsion Affection inflammatoire des articulations périphériques
ou déchirure de la coiffe des rotateurs) liée à de fortes concentrations d’acide urique cristallisé
–– Fracture de la clavicule ou de l’humérus dans le liquide synovial et d’autres tissus39.
–– Luxation ou lésion acromio‑claviculaires
CAUSES
COMPLICATIONS L’hyperuricémie est due à de fortes concentrations
–– Atteinte neurovasculaire d’acide urique attribuables soit à une production
–– Dislocation ou subluxation récurrentes accrue, soit à une excrétion diminuée de l’acide
urique par le rein.
TESTS DIAGNOSTIQUES
–– Goutte primaire : hyperuricémie idiopathique;
Une radiographie (si possible) s’impose avant la dure habituellement toute la vie
réduction; obtenez des clichés sur deux plans (face –– Goutte secondaire : hyperuricémie attribuable
antéro‑postérieure [AP] et vue « scapulaire en Y » à des états comorbides (comme l’hypertension,
ou vue axillaire de l’omoplate) pour confirmer la l’insuffisance rénale, l’anémie hémolytique,
luxation et éliminer la possibilité d’une fracture si le psoriasis), des médicaments, des produits
le mécanisme de la blessure l’évoque. Les luxations alimentaires ou des toxines
postérieures sont souvent difficiles à voir en AP.

2011 (Revu en avril 2013) Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires
Appareil locomoteur 7–21

Facteurs de risque –– Elle est parfois précipitée par un traumatisme, un


–– Hommes de 30 à 50 ans excès d’alcool, la prise de certains médicaments
(comme les diurétiques), une intervention
–– Femmes ménopausées (les œstrogènes ont un effet
chirurgicale, un problème médical grave (AVC,
urocosurique [protecteur])
infarctus du myocarde) ou d’autres facteurs de
–– Obésité risque comme ceux énumérés plus haut (voir la
–– Hypertension section « Facteurs de risque »)
–– Saturnisme –– Les crises sont récurrentes (si elles ne sont
–– Traumatisme pas traitées) et séparées par des périodes
–– La prise de médicaments, dont l’AAS à faible asymptomatiques après résolution d’un
dose, les diurétiques thiazidiques et de l’anse, épisode aigu
le pyrazinamide, la cyclosporine et l’acide
nicotinique, peut causer une hyperuricémie par OBSERVATIONS
réduction de la sécrétion d’acide urique. Les agents
cytotoxiques peuvent entraîner une hyperuricémie Crise aiguë de goutte
en exacerbant le syndrome de lyse tumorale –– Température habituellement normale
–– Abus d’alcool (en particulier des épisodes de –– Température parfois légèrement élevée lorsque
consommation excessive) plusieurs articulations sont atteintes
–– Ingestion accrue de purines alimentaires (en –– Fréquence cardiaque parfois élevée
particulier dans les viandes et les fruits de mer)40 –– Le client semble sujet à une douleur intense
–– Prise quotidienne par les femmes de breuvages –– Il a du mal à marcher ou est incapable de s’appuyer
sucrés à l’aide de fructose (par exemple, les boissons sur le membre affecté
gazeuses ou le jus d’orange avec sucre ajouté)41 –– L’articulation métatarsophalangienne ou
–– Autres facteurs de risque : antécédents familiaux, interphalangienne du gros orteil présente les
hyperlipidémie, athérosclérose, diabète sucré, caractéristiques suivantes (ou autres articulations
insuffisance rénale chronique, hypothyroïdie, touchées) : rougeur et tuméfaction; la peau est
anémie hémolytique, psoriasis tendue et brillante; l’amplitude des mouvements
est réduite et les mouvements sont douloureux;
ANAMNÈSE l’articulation est extrêmement sensible et est tiède
–– Douleur soudaine modérée à intense dans une ou chaude au toucher
articulation; sensation de brûlure dans l’articulation
–– Le gros orteil (première articulation Crise aiguë récurrente
métatarsophalangienne) est le siège de douleur –– Les crises aiguës surviennent après une période
le plus fréquent au début asymptomatique (les périodes asymptomatiques
–– Le cou‑de‑pied, la cheville, les mains, le genou, raccourcissent)
le poignet et le coude sont parfois touchés –– Durée accrue des symptômes, aggravation
–– Presque toutes les crises sont monoarticulaires de l’incapacité et augmentation du nombre
–– L’atteinte articulaire généralisée survient rarement, d’articulations atteintes
et peut être accompagnée de fièvre, de frissons et –– Une fièvre accompagne souvent les crises
d’un malaise général –– Une arthropathie goutteuse chronique (érosions
–– La douleur survient en général spontanément, et déformations osseuses asymétriques, y compris
est intense (par exemple, le poids des draps est tophi calcaires) peut survenir avec disparition des
insupportable), pulsatile et continue; la douleur la périodes asymptomatiques
plus intense est notée dans les 24 premières heures
–– La première crise commence la nuit ou tôt le matin

Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires 2011


7–22 Appareil locomoteur

Goutte tophacée chronique COMPLICATIONS


–– Déformation articulaire possible avec inflammation –– Crises récurrentes
s’étendant sur plus d’une articulation –– Déformation articulaire et mobilité réduite
–– Présence de tophi (dépôts crayeux sous‑cutanés) –– Douleur chronique
visibles et/ou palpables dans les tissus conjonctifs –– Calculs rénaux (néphrolithiase, en cas
ou les os (par exemple, dans le pavillon de l’oreille, d’hyperuricémie chronique)
la bourse séreuse olécranienne, sur le dos de la –– Tophi (dépôts de cristaux d’acide urique dans les
main, la surface cubitale des avant‑bras, le tendon tissus mous)
d’Achille et les articulations des mains et des
–– Néphropathie (peut prendre des années avant de se
pieds). Ces dépôts ne sont habituellement pas
manifester en présence d’hyperuricémie chronique)
douloureux ni sensibles au toucher
Le diagnostic clinique de la goutte nécessite des TESTS DIAGNOSTIQUES
épreuves diagnostiques et de laboratoire. Les éléments –– Mesurez l’acide urique sérique (élevé si
suivants fourniront les données probantes permettant > 425 µmol/l)
de confirmer le diagnostic :
–– Une radiographie de la région atteinte est utile
–– Antécédents d’une crise ou plus d’arthrite pour vérifier la présence d’une érosion, de tophi
monoarticulaire suivie d’une période sans et d’autres changements associés à la goutte
symptôme chronique (ne seront pas présents en général
–– L’inflammation atteint son niveau le plus élevé en pendant la première crise)
24 heures –– Prélevez un échantillon de sang pour une
–– Atteinte unilatérale de la première articulation leucocytémie (élevée en phase aiguë)
métatarsophalangienne –– Déterminez la vitesse de sédimentation globulaire
–– Une lésion est visible ou palpable et susceptible (VSG) (élevée en phase aiguë)
d’être un tophus (par exemple, ils surviennent –– Évaluez ce qui suit pour écarter les maladies
souvent dans le pavillon de l’oreille) connexes et obtenir des valeurs de base (étant
–– La synovite se résorbe rapidement après un donné les séquelles possibles de la goutte et de son
traitement pharmacologique par la colchicine traitement)38 : créatinine, analyse d’urine, FSC,
–– Voir les tests énumérés à la section « Tests tests de la fonction hépatique et profil lipidique
diagnostiques » ci‑dessous Le test de référence par excellence est l’analyse du
liquide synovial à la recherche d’urate cristallisé; ce
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL42 test n’est cependant pas souvent offert et doit être
–– Arthrite septique effectué par un médecin.
–– Traumatisme (par exemple, fracture de fatigue)
TRAITEMENT
–– Pseudo-goutte (peut être coexistante)
–– Infection (bactérienne, mycobactérienne, fongique) Objectifs du traitement
–– Maladie de Lyme
–– Atténuer les symptômes
–– Bursite
–– Prévenir les récidives
–– Cellulite
–– Prévenir les complications
–– Ostéomyélite
–– Arthrose accompagnée d’inflammation aiguë Consultation appropriée
–– Arthrose Consultez un médecin si le client est gravement
–– Polyarthrite rhumatoïde malade ou fébrile à la première consultation.
–– Fièvre rhumatismale aiguë Consultez également s’il ne répond pas au traitement
après 24–48 heures.

2011 Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil locomoteur 7–23

Interventions non pharmacologiques Interventions pharmacologiques


–– Le client doit garder le lit pendant la phase aiguë; Crise aiguë
le membre touché ne doit pas porter le poids du Pour la crise aiguë (y compris chez les patients
corps (recours à une canne ou des béquilles) sous antihyperuricémiques), atténuez la douleur et
–– Immobilisez l’articulation jusqu’à ce que les l’inflammation dès que possible par l’administration
symptômes hyperaigus soient maîtrisés d’anti‑inflammatoires (idéalement dans les 24 heures
–– Le client doit accroître sa consommation de liquide suivant l’apparition des symptômes, sinon un
pendant l’accès jusqu’à plus de 3 l par jour (débit traitement plus long pourrait être requis).
urinaire de 2 l/jour ou plus), en particulier au début
d’un traitement médicamenteux)43 AINS :
–– Le client ne doit pas boire d’alcool ibuprofène (Advil, Motrin, génériques), 200 mg,
–– Régime faible en sucres et en matières grasses 2–3 comprimés PO tid‑qid jusqu’à disparition des
symptômes aigus, puis diminution graduelle jusqu’à
(pour réduire le risque de goutte)
cessation complète du traitement après 72 heures
–– Régime faible en protéines et en purines (par
exemple, limiter la consommation d’abats ou
rouges, de bière, de pois, de fèves, de lentilles, naproxène (Naprosyn, génériques), 500 mg PO
de gruau, d’épinards et d’asperges; augmenter la bid pendant au plus 5 jours; ramenez à une prise
consommation de produits laitiers faibles en gras) uniquotidienne après atténuation objective et
seulement en cas d’apport excessif36 subjective des symptômes; cessez l’administration
une fois la crise résorbée.
–– Une perte de poids (jusqu’à l’atteinte d’un poids
idéal) aidera à long terme le client obèse De courts traitements par corticostéroïdes oraux
–– Évaluez et traitez tout état comorbide pouvant être (prednisone à 30 à 50 mg/jour pendant un ou deux
présent (voir la section « Causes » et « Facteurs jours puis réduction graduelle de la dose sur 7 à
de risque ») 10 jours) peuvent être administrés aux patients
qui ne peuvent prendre d’AINS en raison de
Éducation du client contre‑indications ou d’une intolérance35.
–– Expliquez au client la nature chronique et
l’évolution de la maladie; on peut prévenir la Crise aiguë récurrente
goutte tophacée chronique par l’instauration Administrer un agent pour maîtriser l’hyperuricémie
précoce d’un traitement de réduction des urates, récurrente; voir « Orientation vers d’autres ressources
si le patient observe bien ce traitement et évite médicales » et « Prévention » ci‑dessous.
les facteurs de risque (voir la section « Facteurs
de risque ») Surveillance et suivi
–– Expliquez‑lui l’utilisation appropriée des –– Faites un suivi après 24 heures pour vérifier la
médicaments (dose, fréquence, effets secondaires, réponse au traitement
adhésion au traitement entre les accès pour –– Faites un autre suivi après 1 mois pour évaluer
prévenir d’autres crises) l’état du client
–– Conseillez‑lui d’éviter les facteurs déclenchants –– Dans le cas des clients souffrant de goutte
et/ou les causes réversibles (voir « facteurs de chronique, mesurez les taux d’acide urique chaque
risque ») année et évaluez l’observance de la prophylaxie
–– Expliquez‑lui comment prévenir l’irritation
(par exemple, chaussures bien ajustées, pas de Orientation vers d’autres ressources médicales
déplacements pieds nus à la maison) Consultez un médecin au sujet du traitement
–– Conseillez‑lui de revenir à la clinique dès le prophylactique des clients présentant des épisodes
premier signe de récidive récurrents.
–– Conseillez‑lui de prendre des anti‑inflammatoires
dès les premiers signes d’une crise aiguë Prévention44
La plupart des patients, y compris ceux qui souffrent
de la goutte tophacée, auront un autre épisode de
goutte dans les 2 ans suivants s’ils ne reçoivent pas
de traitement de prévention.

Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires 2011


7–24 Appareil locomoteur

Indications de prophylaxie Colchicine (0,6 mg PO bid) en prophylaxie contre


–– Taux de sécrétion urinaire d’acide urique sur la goutte pendant l’instauration du traitement de
24 heures > 1 000 mg (chez les hommes de réduction de l’acide urique (pendant au plus 6 mois
< 25 ans ou les femmes préménopausées) après le retour à la normale des taux sériques d’acide
–– Plus de 2 crises par année urique). La colchicine est très toxique (fatale) en
–– Hyperuricémie sévère, persistante > 720 µmol/l38 surdose; il faut donc conseiller aux patients à qui elle
est prescrite de s’assurer de bien garder le médicament
–– Présence de tophi
hors de la portée des enfants.
–– Goutte chronique (signes cliniques ou
radiologiques)
–– Antécédents de calculs rénaux récurrents BLESSURE DU GENOU
–– Insuffisance rénale (LIGAMENTAIRE ET
–– Néphropathie liée à l’acide urique MÉNISCALE)45,46,47,48,49
–– Allergie aux uricosuriques Le genou est l’articulation la plus susceptible d’être
Mesures prophylactiques non blessée. La plupart des blessures du genou comportent
pharmacologiques une lésion des ligaments et du cartilage.
–– Changements au mode de vie comme indiqué
TYPES
ci‑dessus à la section « Interventions non
pharmacologiques » (voir la section « Interventions Lésions ligamentaires
non pharmacologiques »)
Tous les stades d’entorse sont accompagnés de douleur.
–– Informez le patient que les médicaments réduisant
l’acide urique sont souvent pris indéfiniment (voir Entorse de stade 1 : microrupture ligamentaire avec
plus bas) et soulignez l’importance d’observer inflammation; augmentation de < 5 mm (0,2 pouce)
le traitement, même pendant les périodes sans de l’écartement articulaire dans le cas des stress du
symptôme valgus; pas d’instabilité
–– Informez les clients sous traitement prophylactique
Entorse de stade II : macrorupture ligamentaire
que ce dernier ne vise pas une crise de goutte
partielle accompagnée d’une augmentation sensible
aiguë. Par conséquent, en cas de crise, le client
de l’écartement articulaire (avec point limite) et d’une
doit poursuivre son traitement prophylactique et
instabilité
consulter son fournisseur de soins dès que possible
pour traiter cet épisode. La crise sera traitée de Entorse de stade III : rupture ligamentaire complète
la même façon que toute autre crise de goutte sans point limite observable à l’examen et avec
aiguë. En outre, le traitement par des médicaments instabilité du genou
inhibiteurs de l’acide urique ne doit pas être
instauré tant que la crise de goutte aiguë n’a pas été Lésion ligamentaire collatérale
résolue –– Habituellement causées par un traumatisme direct
–– Informez le client au sujet de la goutte (voir la à la face contralatérale du genou ou par une force
section « Éducation du client ») indirecte excessive exercée sur le genou en varus
ou en valgus; des lésions ligamentaires collatérales
Prophylaxie de la goutte (médicaments médiales surviennent aussi chez les athlètes
inhibiteurs de l’acide urique) pratiquant un sport exigeant des changements
La prophylaxie de la goutte est instaurée par de direction soudains et de la vitesse
l’infirmière praticienne ou le médecin et peut –– Le client éprouve parfois une douleur et une
comprendre ce qui suit : sensation de rupture au moment du traumatisme
Inhibiteurs de la xanthine oxydase : prévient la goutte –– Dans le cas d’une lésion du ligament collatéral
en réduisant la production d’acide urique. latéral, on peut observer une sensibilité le long
du fémur distal s’étendant jusqu’à l’interligne
Allopurinol à 100 mg PO od au départ, avec articulaire. Le client pourra aussi présenter une
augmentation de la dose à des intervalles de 2 à douleur articulaire médiale et aura habituellement
3 semaines jusqu’à l’obtention d’un taux d’acide de la difficulté à marcher et à tourner le genou
urique < 357 µmol/l. Le fébuxostat (Uloric) est un –– Une douleur sous l’interligne articulaire médial
agent plus récent utilisé pour prévenir la goutte. évoque une entorse de faible stade

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Appareil locomoteur 7–25

–– Les lésions ligamentaires collatérales latérales –– Utilisez la manœuvre du tiroir postérieur (voir
sont rares mais seront accompagnées de douleur à la section « Observations ») et le fléchissement
l’interligne articulaire latéral postérieur du tibia pour démontrer la laxité.
–– Les tests en valgus et en varus montrent une laxité Consultez la section de RheumInfo intitulée
accrue dans le cas des entorses de stade II ou III « The Knee Examination”», disponible en anglais
(voir la section « Observations ») seulement à : http://rheuminfo.com/physician-tools/
–– Les lésions ligamentaires collatérales médiales knee-examination
sont les lésions les plus fréquentes et sont souvent –– Peut être associée à d’autres lésions ligamentaires
associées à des déchirures méniscales et des lésions
à d’autres ligaments Lésion méniscale
–– Les lésions du ménisque médial sont l’une des
Lésion du ligament croisé antérieur
causes les plus fréquentes de douleur articulaire
–– Antécédents de blessure par torsion, arrêt au genou; le ménisque médial est beaucoup plus
soudain sans contact et changement de direction vulnérable aux lésions que le ménisque latéral
ou pivotement, tension du genou en valgus ou
–– Cette blessure survient souvent après une torsion
hyperextension du genou, accompagnée d’un
du genou sur un pied à plat; les adultes plus âgés
« pop » ou d’une sensation de rupture
peuvent présenter une déchirure du ménisque en
–– Plus fréquente chez les femmes pratiquant des raison d’une dégénérescence des tissus sans qu’il
sports avec pivotement y ait de traumatisme
–– Épanchement dans les quelques heures suivant le –– Le client signale de la douleur et parfois un bruit de
traumatisme déchirure ou un « pop » au moment du traumatisme,
–– Hémarthrose observée dans 75 % des cas mais continue souvent à marcher; la douleur et la
–– Genou qui semble instable (par exemple, le genou tuméfaction augmentent au cours de la première
semble sur le point de lâcher) journée
–– Difficulté à descendre des marches, à s’accroupir –– Les symptômes vagues et la douleur persistent
et à faire des pas de côté et nuisent aux activités nécessitant de porter
–– Laxité notée lors du test de Lachman ou signe du une charge
tiroir antérieur (voir la section « Observations ») –– Le client peut consulter des semaines après le
–– Lésion ligamentaire du genou la plus fréquente traumatisme
–– Fréquemment associée à une lésion du ligament –– La douleur se manifeste pendant les activités, en
collatéral médial et/ou du ménisque particulier celles qui s’accompagnent d’une torsion
ou d’un pivotement, mais pas au repos
Lésion du ligament croisé postérieur
–– Le client signale souvent que son genou « bloque »
–– La plupart des lésions résultent d’un traumatisme ou ne bouge pas normalement; ceci peut être
direct au tibia proximal, lorsque le genou fléchi est attribuable à la douleur ou à l’incapacité physique
rapidement décéléré, comme dans le syndrome du d’étendre le genou à cause de la lésion méniscale
tableau de bord –– Le signe le plus fréquent est une sensibilité à la
–– La lésion n’entraîne aucune incapacité grave palpation le long de l’interligne articulaire médial;
–– Le client peut ressentir de la douleur dans les il peut aussi y avoir un léger épanchement qui
positions semi‑fléchies, lorsqu’il commence entraîne une « raideur », une amplitude réduite
à courir, soulève un poids ou marche sur de dans les mouvements passifs et/ou l’impossibilité
longues distances d’étendre entièrement le genou
–– Les symptômes d’une blessure aiguë sont souvent –– Les tests cliniques aident à détecter une lésion du
vagues et accompagnés de douleur et/ou de ménisque (par exemple, le test de McMurray et le
tuméfaction minimales; l’amplitude totale des test de Thessaly, voir la section « Observations »);
mouvements est préservée voir la section de RheumInfo intitulée « The Knee
Examination», disponible en anglais seulement
à : http://rheuminfo.com/physician-tools/knee-
examination

Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires 2011


7–26 Appareil locomoteur

Plus du tiers des lésions méniscales sont associées –– Vérifiez l’amplitude active et passive des
à une lésion du ligament croisé antérieur et à de mouvements; recherchez une amplitude de
possibles lésions du ligament collatéral médial. mouvement sans interruption
–– Vérifiez la force des muscles ischio‑jambiers et
ANAMNÈSE des quadriceps des deux côtés
–– Mécanisme de la blessure (par exemple, –– Examen neurovasculaire (sensation, motricité
traumatisme ou activité) et moment de survenue et pouls)
de la blessure –– Observez la démarche du patient
–– Âge du patient et états comorbides –– Observez la capacité de marcher sur les orteils
–– Endroit où la douleur a été ressentie au départ et est et sur les talons, la capacité de s’accroupir et de
actuellement ressentie marcher comme un canard en position accroupie
–– Durée de la douleur Effectuer les tests suivants une fois les muscles
–– Bruit au moment du traumatisme (par exemple, des jambes détendus, pour évaluer les ligaments
un « pop ») des genoux.
–– Moment de survenue et siège de la tuméfaction
–– Tests en valgus et en varus – Évalue les ligaments
de l’articulation
collatéraux par application de pressions en varus et
–– Inquiétudes au sujet de la fonction du genou (par en valgus sur le genou, celui-ci étant fléchi selon
exemple, faiblesse, impression que le genou va un angle de 30 degrés (pour isoler les ligaments
céder, claudication, blocage du genou) collatéraux); comparez à l’autre genou
–– S’il y a eu traumatisme, quantité d’énergie –– Test de Lachman – Évalue le ligament croisé
déployée dans le mouvement fautif et tout antérieur par flexion du genou à un angle de
symptôme lié au genou avant le traumatisme 20 degrés. Poussez sur la cuisse avec la main.
–– Capacité de fonctionner (par exemple, marcher, Saisir le tibia proximal et tirez‑le vers l’avant avec
monter des escaliers) l’autre main. Un ligament croisé antérieur déchiré
–– Lésions associées permettra un glissement antérieur plus prononcé
et un point final vague en comparaison avec
OBSERVATIONS l’autre genou
La possibilité d’examiner la blessure peut être limitée –– Signe du tiroir antérieur – Évalue le ligament
par la douleur et la tuméfaction. Un patient peut croisé antérieur par flexion du genou à un angle de
devoir revenir plus tard pour un examen complet du 90 degrés. Tentez ensuite de déplacer le tibia vers
genou, après que les symptômes ont été traités à la l’avant par rapport au fémur; il est souvent utile de
première visite. s’asseoir sur le pied en tentant de déplacer le genou
vers l’avant. Tout déplacement évoque une lésion :
Toujours comparer le genou blessé à l’autre genou
une différence de 1 cm par rapport à l’autre genou
(non blessé).
évoque une déchirure complète
–– Observez les genoux pendant la mise en charge et –– Manœuvre du tiroir postérieur – Évalue le ligament
sans mise en charge; recherchez une tuméfaction croisé postérieur par flexion du genou à un angle de
et des ecchymoses, vérifiez la structure et 90 degrés avec les pieds sur la table. Tentez ensuite
l’alignement des genoux de déplacer le tibia vers l’arrière par rapport au
–– Palpez le genou, les tissus mous et les structures fémur; tout déplacement évoque une lésion
osseuses avoisinantes, y compris l’interligne –– Test de Thessaly – Évalue le ménisque. Demandez
articulaire, à la recherche d’une sensibilité au au patient de tenir la main du clinicien et de se tenir
toucher, de chaleur et de crépitation debout sur une jambe, le genou fléchi à un angle
–– Vérifiez la présence d’un épanchement en de 20 degrés. Demandez‑lui ensuite de tourner
comparant les fossettes rotuliennes médiales et le genou vers l’intérieur et vers l’extérieur; toute
latérales et en cherchant un signe de ballottement douleur ou tout blocage évoque une déchirure
(par exemple, après drainage du liquide présent au méniscale
milieu du genou, on peut pousser la rotule contre
le fémur pour produire un bruit de contact)

2011 Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil locomoteur 7–27

–– Test de McMurray – Évalue le ménisque. Règles d’Ottawa pour le genou50


Demandez au patient de s’étendre et de fléchir et Demandez des radiographies seulement en cas de
étirer passivement le genou en faisant des rotations traumatisme du genou accompagné de l’un des
avec le tibia, d’abord vers l’intérieur puis vers signes suivants :
l’extérieur. Le clinicien tient le talon et le genou
médial près de la ligne articulaire; un « clic » –– Le patient a 55 ans ou plus OU
douloureux près de la ligne articulaire évoque une –– Présence de douleur à la palpation de la rotule OU
déchirure méniscale –– Présence de douleur à la palpation de la tête du
RheumInfo, un site Web canadien, offre un document péroné OU
en format PDF et des vidéos décrivant en détail –– Incapacité de fléchir le genou à un angle de
comment procéder à un examen physique complet de 90 degrés OU
l’épaule. Consultez la section de RheumInfo intitulée –– Si le patient ne peut prendre appui sur le pied
« The Knee Examination », disponible en anglais immédiatement après le traumatisme et ne peut
seulement à : http://rheuminfo.com/physician-tools/ faire plus de quatre pas au moment de l’examen
knee-examination. Un programme de formation sur les Règles d’Ottawa
pour le genou est offert en ligne, en anglais seulement
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
à : http://www.ohri.ca/emerg/cdr/knee_rule_flash.html.
–– Entorse ligamentaire (ligament croisé antérieur, On peut aussi se procurer une affiche, disponible en
croisé postérieur, collatéral médial, collatéral anglais seulement à : http://www.ohri.ca/emerg/cdr/
latéral, péronéo‑astragalien) docs/cdr_knee_card.pdf.
–– Luxation du genou et/ou de la rotule
–– Arthrose TRAITEMENT
–– Polyarthrite rhumatoïde Objectifs
–– Épanchement (par exemple, liquide synovial, kyste
poplité) –– Atténuer les symptômes
–– Bursite –– Rétablir ou conserver la fonction du genou
–– Syndrome fémoro‑patellaire –– Prévenir les complications
–– Fractures de fatigue des condyles fémoraux ou du Consultation
plateau tibial
–– Douleur projetée de l’articulation sacro‑iliaque et/ En cas de doute au sujet du diagnostic, consulter
ou de la hanche un médecin sans tarder. En particulier, consulter
un médecin si la blessure est survenue à la suite
COMPLICATIONS d’un impact à grande vitesse (comme un accident
de voiture).
–– Récurrence
–– Raideur et/ou instabilité articulaires Interventions non pharmacologiques
–– Arthrose
Si la douleur, la tuméfaction et/ou des spasmes
TESTS DIAGNOSTIQUES musculaires empêchent de procéder à un examen
complet du genou, traiter les symptômes et demander
Utilisez les Règles d’Ottawa pour le genou afin de au patient de revenir une fois les symptômes atténués,
déterminer si une radiographie est requise dans les cas pour une évaluation plus complète46.
de lésions aiguës du genou. La plupart des blessures
ne requièrent pas de radiographie. Le traitement prudent des lésions de stades 1 et
2 du ligament collatéral et des lésions mineures
du ménisque fait appel à des interventions non
pharmacologiques.

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7–28 Appareil locomoteur

Traitements spécifiques : –– Les exercices de renforcement du ligament


croisé antérieur commencent par des exercices
–– Dans les cas de blessures aux ligaments
des muscles ischio‑jambiers et des quadriceps,
collatéral médial et croisé antérieur, il ne faut
les pieds à plat sur le sol pendant les 6 premières
jamais immobiliser complètement le genou. Un
semaines; le patient progressera ensuite vers
support articulé ou élastique peut être utilisé tôt
des exercices de proprioception, d’équilibre
dans le processus de réadaptation pour aider au
et de force
soulagement de la douleur
–– Les exercices de renforcement du ligament
–– Dans le cas de déchirure méniscale, il faut d’abord
croisé postérieur commencent par des exercices
mettre le genou au repos en évitant les positions et
de renforcement des quadriceps et de la hanche,
les activités qui mettent beaucoup de pression sur
les pieds à plat sur le sol pendant les 2 premières
le genou jusqu’à la disparition de la douleur et de
semaines; le vélo stationnaire aidera à améliorer
la tuméfaction
l’amplitude des mouvements et peut fournir
–– En cas de blessure de stade 3 du ligament croisé une résistance accrue; on ajoute ensuite des
postérieur, le patient doit porter un support long exercices de proprioception et d’entraînement
de la jambe pendant au moins 3 semaines en puissance
Pour tous les types de blessure du genou :
Éducation du client
–– Le client doit reposer et surélever son genou au –– La plupart des blessures du genou répondent bien
cours des 24–72 premières heures. au traitement prudent
–– Le client doit appliquer de la glace pendant au plus –– Les ruptures du ménisque, du ligament croisé
15 minutes qid les 3 premiers jours. postérieur et/ou du ligament croisé antérieur
–– Une compression, sous forme de bandage de peuvent prédisposer le patient à l’arthrose plus tard
contention, peut être appliquée pendant les –– Pour prévenir les blessures, les athlètes devraient
quelques premiers jours pour réduire la douleur suivre régulièrement un programme ciblé
–– Le client doit commencer à utiliser des béquilles, d’exercices neuromusculaires axés sur la force,
avec mise en charge du membre atteint selon ce l’agilité, la flexibilité et la puissance
qu’il peut tolérer, dès que l’ambulation ne lui cause
qu’une douleur mineure Interventions pharmacologiques
–– Le client doit commencer des exercices Anti‑inflammatoires non stéroïdiens (AINS) pour
d’amplitude légers pour les mouvements exempts atténuer la douleur et la tuméfaction :
de douleur, dès que la douleur et la tuméfaction
diminuent assez pour le lui permettre. Commencer ibuprofène (Advil, Motrin, génériques), 200 mg,
1–2 comprimés PO tid-qid prn
par l’extension des quadriceps. Les mouvements
accéléreront la guérison et le rétablissement ou
de la force. Dès que l’amplitude complète des naproxène (Naprosyn, génériques), 250 mg,
mouvements est retrouvée sans douleur, le client 1–2 comprimés PO bid-tid prn
peut commencer des exercices de renforcement :
Ne pas utiliser l’ibuprofène ou le naproxène en cas de
–– Les exercices de renforcement du ligament
contre-indication à l’AAS ou aux AINS (comme des
collatéral médial sont des exercices de
antécédents d’allergie à l’AAS ou aux AINS ou des
contraction isométrique des quadriceps suivis de
antécédents d’ulcère gastro-duodénal). Utiliser plutôt :
flexions partielles, avec augmentation graduelle
de l’amplitude des mouvements acétaminophène (Tylenol), 325 mg, 1–2 comprimés
–– Dans le cas des déchirures du ménisque, le PO q4-6h prn
patient commence en levant la jambe sans Si la douleur est modérée ou intense, utiliser :
flexion avec maintien de la position pendant
acétaminophène avec codéine (Tylenol nº 3),
5 secondes; au départ sans poids, puis avec des
1–2 comprimés PO q4h prn jusqu’à un maximum
poids aux chevilles; les exercices exigeant une de 15 comprimés, puis passer à l’acétaminophène
flexion prononcée des genoux avec résistance ordinaire.
(par exemple, vélo stationnaire) devraient
être évités jusqu’à ce que la douleur et la
tuméfaction soient disparues

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Appareil locomoteur 7–29

Surveillance et suivi Lésion du ligament croisé postérieur


Prévoyez un suivi après 1–2 jours pour réévaluer la Les ruptures isolées doivent faire l’objet d’un
blessure. Si la tuméfaction et la douleur ont diminué, traitement prudent; certaines lésions commandent
vous pourrez peut‑être examiner le genou de plus cependant parfois une réparation chirurgicale.
près. Cela peut prendre jusqu’à 6 semaines après Diriger le client atteint d’une lésion de stade 3 vers
une blessure avant qu’on puisse évaluer pleinement un médecin pour déterminer la pertinence d’une
l’étendue des dommages subis par le genou. intervention chirurgicale.
Réévaluez le genou toutes les semaines jusqu’à ce Lésion méniscale
que vous soyez en mesure d’évaluer complètement
Si le genou demeure bloqué ou que le patient ne
le genou pour vous assurer qu’aucune autre blessure
peut s’accroupir, ou si les symptômes de douleur, de
n’est présente, qu’il n’est pas nécessaire de diriger le
déboîtement (sensation que le genou va céder) et la
patient vers un médecin ni de procéder à des épreuves
tuméfaction ne sont pas disparus après 3 semaines
diagnostiques par imagerie, et pour entreprendre le
de traitement prudent, il faut diriger le client vers
programme de réadaptation.
un orthopédiste pour une éventuelle intervention
Les clients peuvent reprendre leurs activités sportives chirurgicale. L’intervention chirurgicale ne convient
ou leurs activités professionnelles habituelles une pas aux adultes plus âgés qui présentent des
fois qu’ils ont retrouvé leur pleine amplitude de déchirures, en raison d’une dégénérescence chronique.
mouvement et leur pleine force.

Orientation vers d’autres ressources médicales


LOMBALGIES51,52
Envisager la possibilité de diriger le patient vers un La lombalgie aiguë figure parmi les problèmes de
chirurgien orthopédiste si l’un des éléments suivants santé les plus fréquents. En effet, presque personne
est présent : n’y échappe au cours de sa vie, à un degré ou à un
autre. Il s’agit du deuxième motif de consultation
–– Le genou est instable en raison de blessures à plus médicale le plus fréquent.
d’un ligament, ou en cas de déchirure du ligament
croisé antérieur et du ménisque Diverses structures dorsales peuvent être source
–– Fracture angulée ou avec déplacement de douleur : les muscles, les ligaments, les os de la
colonne vertébrale, les facettes articulaires, les disques
–– L’instabilité du genou demeure après le traitement
intervertébraux, les racines nerveuses et les muscles.
prudent
La douleur est habituellement due à une sollicitation
Lésion du ligament collatéral excessive de ces structures ou à leur dégénérescence,
Les lésions de stade 3 du ligament collatéral peuvent mais elle peut aussi être attribuable à des troubles
presque toujours être traitées sans intervention inflammatoires, infectieux ou néoplasiques graves.
chirurgicale; il est toutefois recommandé de diriger Les lombalgies peuvent également être provoquées
le client vers un médecin, qui s’assurera qu’il n’y par des atteintes des organes situés immédiatement
a pas d’autres blessures au genou nécessitant une devant la colonne vertébrale : l’aorte, les reins, les
telle intervention. intestins, le pancréas, l’estomac, la vésicule biliaire,
la prostate, l’utérus et les ovaires.
Lésion du ligament croisé antérieur
Le traitement doit se faire sous la supervision d’un TYPES
orthopédiste car il peut comprendre ou non une
intervention chirurgicale. Le traitement des lésions Entorse lombo-sacrée (lombalgie mécanique)
aiguës dépend de leur gravité.
–– Élongation ou déchirure des muscles, des tendons,
Par contre, en présence d’une autre lésion ligamentaire des ligaments ou de l’aponévrose lombaire par
ou d’une lésion méniscale, il faut diriger le patient suite d’un traumatisme ou d’un stress mécanique
vers un orthopédiste sans tarder, car une chirurgie chronique
est souvent nécessaire. –– Peut être accompagnée d’une névralgie sciatique

Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires 2011


7–30 Appareil locomoteur

Névralgie sciatique –– Affaiblissement moteur majeur des quadriceps


–– Irritation des racines nerveuses (radiculopathie (extenseurs des genoux), des fléchisseurs plantaires
lombo‑sacrée) de la cheville, des éverseurs et des dorsifléchisseurs
(pied tombant)
–– Douleur aiguë ou sensation de brûlure dans les
fesses ou la partie postérieure et latérale des –– Sciatique bilatérale
jambes ou les deux, le long du nerf sciatique
Tumeur ou infection possible
(habituellement jusqu’au pied ou à la cheville); la
douleur en dessous du genou est plus probablement –– Client âgé de moins de 18 ans ou de plus de 50 ans
attribuable à une radiculopathie véritable –– Antécédents de cancer (connus ou inconnus) –
–– Engourdissement ou picotements dans la jambe vérifier les seins, la prostate et les ganglions
atteinte lymphatiques
–– Douleur accrue pendant la toux, les éternuements –– Symptômes constitutionnels comme la fièvre, les
ou la manœuvre de Valsava si la lombalgie est due frissons et/ou une perte de poids inexpliquée
à une hernie discale –– Facteurs de risque d’infection médullaire (par
exemple, infection bactérienne récente, utilisation
Sténose lombaire de drogues injectables, cathéter à demeure ou
–– Amincissement du canal rachidien, du canal des immunosuppression)
racines nerveuses ou foramens intervertébraux, –– Douleur plus vive en décubitus dorsal ou douleur
coinçant la racine nerveuse intense la nuit
–– Une sténose importante est présente si la –– Aucune atténuation de la douleur après 1 mois
dorsalgie est atténuée en position assise ou en de traitement
flexion médullaire, ou si le patient éprouve des –– Déficits neurologiques aigus (compression
fourmillements intermittents dans les jambes et potentielle de la moelle épinière) qui sont graves
des douleurs dans les mollets causés par la marche ou en progression
et soulagés au repos (pseudoclaudication), en
présence d’un pouls artériel normal Possible hernie discale avec
–– L’engourdissement et les picotements peuvent saillie du noyau gélatineux53
irradier vers le pied –– Élévation de la jambe tendue positive à < 60 degrés
–– Faible dorsiflexion de la cheville ou du gros orteil
SIGNAUX D’ALERTE DE TROUBLES
–– Diminution du réflexe achilléen
POTENTIELLEMENT GRAVES
–– Réduction de la sensation tactile dans les
Fractures possibles dermatomes du pied ou de la jambe (L4, L5, S1)
–– Traumatisme majeur CAUSES
–– Traumatisme mineur chez les clients plus âgés, les
–– Contusions
clients qui peuvent être atteints d’ostéoporose et/ou
ceux qui suivent un traitement de longue durée par –– Entorse ligamentaire
corticostéroïdes –– Entorse musculaire
–– Tension musculaire liée à un stress mécanique
Possible syndrome de la queue –– Arthrose de la colonne
de cheval (urgence chirurgicale) –– Hernie discale
–– Habituellement dû à une tumeur ou à une hernie
discale importante Facteurs de risque
–– Anesthésie en selle (par exemple, perte de –– Vieillissement
sensation dans la région périnéale) –– Périodes prolongées en position debout ou assise
–– Dysfonctionnement de la vessie et des intestins –– Mauvaise posture
–– Dysfonctionnement grave ou progressif des jambes –– Grossesse en cours
–– Laxité du sphincter anal –– Tabagisme
–– Obésité
–– Sexe féminin

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Appareil locomoteur 7–31

–– Mauvaises techniques de soulèvement de charges OBSERVATIONS


–– Antécédents familiaux –– Détresse apparemment modérée ou intense
–– Ostéoporose –– Posture anormale (client penché d’un côté)
–– Traumatismes antérieurs –– Difficulté à marcher
–– Travail ardu sur le plan psychologique ou physique –– Le client est parfois incapable de se tenir droit
–– Scolarité faible en position assise ou debout (observer le client
–– Insatisfaction au travail lorsqu’il change de position)
–– Problèmes psychologiques (par exemple, –– Déformation possible de la colonne vertébrale
dépression ou anxiété) (scoliose, cyphose dorsale)
–– Ecchymoses ou tuméfaction possible des tissus
ANAMNÈSE mous
Faites une anamnèse détaillée, avec description –– Spasmes possibles des muscles paradorsaux
précise de la douleur (siège, durée, gravité, irradiation) –– Sensibilité possible de l’espace intervertébral
et des événements qui ont entouré sa survenue (par dans la région lombaire et le long des muscles
exemple, activité pratiquée au moment de l’apparition paravertébraux
de la douleur). –– Limitation possible de l’amplitude des
–– Douleur localisée dans la région lombaire basse mouvements (flexion, extension, rotation, flexion
–– Irradiation possible de la douleur dans la fesse ou latérale) (notamment la flexion antérieure)
la jambe (par exemple, névralgie sciatique) –– Élévation de la jambe tendue – en position
–– Douleur constante parfois accompagnée de couchée, élever passivement la jambe tendue avec
spasmes musculaires intenses et aigus la cheville en dorsiflexion. Le test est positif si la
douleur apparaît entre 10 et 60 degrés; peut être
–– Douleur accrue en position assise
limité à cause de la crispation des muscles, de
–– Douleur moindre en position couchée spasmes ou de l’irritation radiculaire (névralgie
–– Douleur moindre au repos sciatique)
–– Douleur accrue par le mouvement –– Réflexes normaux dans le cas d’une lésion des
–– Faiblesse motrice focale tissus mous, mais parfois anormaux dans le cas
–– Changements sensoriels (engourdissement, d’une atteinte radiculaire
picotements, fourmillements) –– Palper les pouls périphériques
–– Gêne dans l’exécution des activités de la vie –– Faiblesse possible lors de la marche sur les talons
quotidienne ou les orteils (dans les cas d’atteinte radiculaire)
–– Gêne dans l’exécution des activités –– Déficits sensoriels possibles (dans les cas d’atteinte
professionnelles radiculaire)
–– Profession nécessitant de se pencher ou de soulever –– Déficits moteurs possibles (par exemple,
de lourdes charges dorsiflexion de la cheville et du gros orteil,
–– Antécédents récents ou non de traumatisme ou flexion plantaire)
de dorsalgie; traitements utilisés, le cas échéant –– Épreuve de la compression poplitée parfois positive
–– Autres affections discales, osseuses ou articulaires (dans les cas d’atteinte radiculaire)
préexistantes (par exemple, sténose du canal –– Recherchez les signaux d’alerte de troubles
rachidien, arthrose) potentiellement graves (voir « Signaux d’alerte
–– Détresse sociale ou psychologique contribuant de troubles potentiellement graves »)
à la douleur chronique (par exemple, vérifier la
présence de dépression) DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
–– Antécédents d’abus de substance Voir la rubrique « Causes de lombalgies ».
–– Recherchez les signaux d’alerte de troubles
potentiellement graves (voir « Signaux d’alerte
de troubles potentiellement graves »)

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7–32 Appareil locomoteur

COMPLICATIONS –– Les clients souffrant d’une névralgie sciatique


–– Lombalgie chronique ou récurrente (habituellement en raison d’une hernie discale)
mettent parfois plus de temps à guérir que ceux
–– Absentéisme au travail
qui présentent des symptômes lombaires non
–– Dépendance à l’égard des analgésiques ou spécifiques, et peuvent donc avoir besoin de plus
consommation abusive d’analgésiques opioïdes de conseils et de réconfort
–– Invalidité professionnelle –– Le repos au lit est à déconseiller car il peut en fait
intensifier la douleur et ralentir le rétablissement;
TESTS DIAGNOSTIQUES
les patients devraient être encouragés à poursuivre
En l’absence de tout signal d’alerte, aucune analyse leurs activités quotidiennes habituelles dès que
spéciale ne s’impose pendant les 4 premières possible et devraient être rassurés sur le fait que la
semaines où le client éprouve des douleurs lombaires douleur ressentie pendant les déplacements n’est
mécaniques aiguës résultant d’un lumbago. pas liée à des lésions permanentes
–– Le client doit retourner au travail dès que possible
TRAITEMENT54,55,56,57 (par exemple, les clients qui travaillent dans un
Traitez les clients souffrant d’une lombalgie aiguë bureau pourront retourner au travail plus tôt que
non compliquée à l’aide d’un traitement prudent et ceux qui font du travail manuel); si possible et/
suivez‑les étroitement en l’absence de tout signal ou si requis, demandez que les tâches du client
d’alerte (même en présence d’une névralgie sciatique). soient modifiées
–– Le client doit diminuer toute activité physique
Objectifs astreignante pendant 2 semaines; sinon, il peut
–– Atténuer la douleur s’adonner à toute activité tolérée
–– Favoriser un rétablissement rapide et empêcher –– Le client ne doit pas soulever de charges lourdes
le problème de devenir chronique (> 11 kg [25 lb])
–– Prévenir toute autre lésion –– Ne proposez un programme d’exercices qu’après
–– Prévenir ou réduire les absences au travail la disparition de la douleur initiale; l’exercice peut
aider à prévenir les récurrences une fois la douleur
–– Éduquer et rassurer le client
aiguë atténuée
Consultation appropriée –– Le client peut utiliser une bouillotte ou un coussin
chauffant pour atténuer la raideur, la douleur et les
Consultez le médecin pour les lombalgies modérées spasmes musculaires (pendant 20 minutes qid au
ou graves, en particulier si le client a plus de 50 ans, besoin si la douleur est présente depuis moins de
s’il présente des anomalies neurologiques ou un état 3 mois)
comorbide psychologique, ou si vous soupçonnez une
–– Si le client fait de l’embonpoint, donnez‑lui des
cause organique sous‑jacente. Consultez le médecin
conseils en matière de nutrition et sur les façons
pour discuter de la possibilité d’une évacuation
de perdre du poids
médicale en présence de l’un des signaux d’alerte
ci‑dessus (voir « Signaux d’alerte de troubles –– Le client pourrait avoir besoin d’un billet pour son
potentiellement graves »). absence du travail. Le congé accordé doit être bref;
l’objectif est de garder le client actif. Planifiez et
Interventions non pharmacologiques organisez des modifications de tâches, si possible,
avec le supérieur du client
–– Si l’évaluation initiale ne met en évidence
aucune affection grave ni aucun signal d’alerte, À éviter :
rassurez le client en lui disant que son problème –– Position debout pendant une longue période
n’est pas grave et qu’il devrait bientôt se rétablir –– Position assise pendant une longue période
complètement (voir « Signaux d’alerte de troubles
–– Repos au lit
potentiellement graves »)
–– Soulèvement de charges > 11 kg (25 lb)
–– Mouvements de levage et de torsion
–– Posture affaissée (dos rond)

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Appareil locomoteur 7–33

À encourager : Interventions pharmacologiques


–– Support lombaire Analgésiques anti‑inflammatoires pour atténuer
–– Changements de position fréquents la douleur :
–– Alignement normal de la colonne en position assise ibuprofène (Advil, Motrin, génériques), 200 mg,
et debout 1–2 comprimés PO tid-qid prn (pendant au plus
–– Bonnes techniques de soulèvement 2–4 semaines)
ou
Éducation du client
naproxène (Naprosyn, génériques), 250 mg,
La nécessité d’une éducation varie selon les clients et
1–2 comprimés PO bid-tid prn (pendant au plus
selon les étapes du traitement; le client manifestement
2–4 semaines)
inquiet peut avoir besoin d’explications plus
détaillées. Informez le client sur les causes des ou
lombalgies, insistez sur le fait que le pronostic est acétaminophène (Tylenol), 325 mg, 1–2 comprimés
bon et que les tests diagnostiques ne fournissent PO q4-6h prn
habituellement que des renseignements minimaux,
Ne pas utiliser l’ibuprofène ou le naproxène en cas de
offrez des suggestions pour les activités et le travail,
contre‑indication à l’AAS ou aux AINS (comme des
et indiquez-lui quand il doit revenir à la clinique (en
antécédents d’allergie à l’AAS ou aux AINS ou des
présence d’un signal d’alerte) (voir « Signaux d’alerte
antécédents d’ulcère gastro-duodénal).
de troubles potentiellement graves »).
Si la douleur est modérée ou intense ou si les agents
Les clients qui ne se rétablissent pas en deux semaines
de première intention sont contre-indiqués, mal tolérés
peuvent avoir besoin d’une éducation plus poussée
ou n’arrivent pas à atténuer la douleur :
au sujet des troubles du dos et d’être rassurés sur le
fait qu’ils peuvent subir des tests spéciaux si leur acétaminophène avec codéine (Tylenol nº 3),
rétablissement est trop lent. 1–2 comprimés PO q4-6h prn – peut être utilisé
conjointement aux AINS
–– Rappelez au client l’importance de poursuivre
ses activités autant que possible et de ne pas Surveillance et suivi
rester confiné au lit, sauf dans les périodes de
Prévoyez un suivi après 1–2 jours, puis aux 2 semaines
symptômes graves
jusqu’au rétablissement. Évaluez l’observance du
–– Discutez de l’objectif qui est de les aider à revenir traitement et du programme d’exercices. Réévaluer les
à une vie production à la maison et au travail signaux d’alerte et tout état comorbide psychologique
(même si la douleur n’est pas entièrement disparue) après 4 semaines (voir « Signaux d’alerte de troubles
–– Expliquez au client l’utilisation appropriée potentiellement graves »).
des médicaments (dose, fréquence, abus,
consommation excessive) Orientation vers d’autres ressources médicales
–– Montrez au client les exercices de renforcement –– Adressez le client à un médecin si ses symptômes
et d’étirement du dos qu’il peut faire à la maison; persistent après 4 semaines, ou plus tôt s’ils
les exercices aérobiques, les étirements et les s’aggravent malgré le recours au traitement prudent
exercices de renforcement devraient faire partie de
–– Prévoyez une consultation chez un
sa routine; la fréquence et l’intensité des exercices
physiothérapeute (si cela peut se faire facilement)
devraient être augmentées graduellement
après 3 semaines de douleur
–– Le yoga, le pilates, l’acupuncture, les
–– Organisez une évacuation sanitaire, après
manipulations rachidiennes et la massothérapie
discussion avec le médecin, si la présence de l’un
peuvent être bénéfiques pour les patients intéressés
des signaux d’alerte susmentionnés est soupçonnée
par ces options et y ayant accès
ou confirmée (voir « Signaux d’alerte de troubles
–– Conseillez au client de ne pas commencer ces potentiellement graves »)
exercices tant que ses symptômes n’auront pas
diminué, ou après 4 semaines de symptômes; après Prévention
cette période, les exercices aident à atténuer la
douleur et à rétablir le bon fonctionnement Les programmes d’exercice peuvent prévenir les
lombalgies et réduire leur récurrence (s’ils sont
entrepris après disparition de la douleur).

Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires 2011


7–34 Appareil locomoteur

DOULEUR CERVICALE58,59,60,61,62 La douleur neuropathique est en général décrite


comme une douleur vive et constante ou une
Dans le cadre des soins primaires, on doit souvent sensation de brûlure, et concorde habituellement
traiter une douleur au cou aiguë ou chronique. Des avec le territoire du segment nerveux affecté.
dégénérescences du rachis cervical sont souvent la Les mouvements qui étirent le nerf ou les racines
cause principale. nerveuses touchées augmentent la douleur. Celle‑ci
Peu de patients atteints de douleur cervicale doivent s’accompagne souvent de troubles sensori‑moteurs
s’absenter du travail et < 1 % présentent une comme l’hyperesthésie, la paresthésie, l’hypalgésie
dysfonction neurologique. et une diminution de la force musculaire. Une hernie
discale accompagnée de douleur radiculaire est un
Quoique rares, les maladies organiques touchant le exemple de maladie neuropathique.
rachis cervical sont d’importantes causes de douleur;
certains signes et symptômes permettent de mieux SIGNAUX D’ALERTE
repérer les états pathologiques graves.
–– Traumatisme grave
Pour les patients qui ont récemment subi une –– Altération du degré de conscience
chute ou un traumatisme importants pouvant avoir –– Perte de réflexes
entraîné le traumatisme cervical et/ou le trouble du
–– Déficits sensori-moteurs; par exemple, faiblesse,
rachis cervical, voir la section « Traumatismes à
trouble de la démarche (myélopathie spondylotique
la colonne cervicale et à la moelle épinière » dans
cervicale)
le chapitre 14 intitulé « Urgences générales et les
traumatismes majeurs » et la Règle canadienne pour –– Perte de la fonction intestinale ou vésicale,
le rachis cervical à la section des tests diagnostiques dysfonction sexuelle (myélopathie spondylotique
ci‑dessous, disponible à : http://www.ohri.ca/emerg/ cervicale)
cdr/docs/cdr_cspine_poster.pdf. –– Céphalées, douleur à l’épaule ou à la hanche,
et/ou troubles de la vision chez l’adulte plus âgé
TYPES (maladies rhumatologiques)
–– Symptômes constitutionnels comme de la fièvre,
Douleurs myoaponévrotiques des frissons et/ou une perte de poids inexpliquée
Les douleurs myoaponévrotiques sont le type le plus accompagnée d’une immunosuppression,
courant de douleur aiguë et chronique du cou. Les d’un cancer ou de l’utilisation de drogues ou
douleurs myoaponévrotiques du cou, de la tête et médicaments intraveineux (tumeur, infection)
du haut du dos intéressent le plus souvent le trapèze
supérieur et l’angulaire de l’omoplate. La douleur, CAUSES
souvent décrite comme sourde, constante ou à type Les causes les plus fréquentes de douleur du cou sont
de brûlure, irradie depuis des points gâchettes (points les troubles biomécaniques découlant d’un surmenage,
hyper-irritables au sein d’une bande tendue de muscle d’un traumatisme ou d’une déformation. En général,
squelettique ou d’une aponévrose musculaire) qui sont ces troubles sont caractérisés en reliant l’exacerbation
sensibles à la pression. ou l’atténuation des symptômes à certaines activités
physiques.
Douleur neuropathique
Parmi les causes des troubles biomécaniques figurent
Les maladies et lésions du cou peuvent intéresser l’entorse cervicale, la hernie discale, la spondylose et
les nerfs ou les racines nerveuses situés le long de la myélopathie.
l’apophyse transverse ou de la région paravertébrale
de la moelle épinière. Elles provoquent une douleur La plupart des troubles biomécaniques du rachis
neuropathique ressentie dans la région occipitale, cervical non accompagnés d’une compression
le dos, l’oreille postérieure (y compris le lobe) et le nerveuse ont tendance à s’atténuer naturellement.
cou antérieur. La plupart des patients présentant une douleur légère
à modérée sans compression nerveuse voient leur état
Des antécédents de traumatisme grave, de s’améliorer en 2–3 semaines.
cervicarthrite, de hernie discale ou de zona, et la
présence d’une douleur névralgique et de troubles
sensoriels caractéristiques doivent évoquer un
processus neuropathique.

2011 Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil locomoteur 7–35

Problèmes biomécaniques du cou Facteurs de risque


sans compression nerveuse
Dans les cas de coup de fouet cervical, les facteurs
Les clients qui éprouvent une douleur circonscrite à sont les suivants :
la région cervicale, au trapèze et aux épaules peuvent
–– Sexe féminin
souffrir de nombreuses affections, dont les plus
fréquentes sont l’entorse cervicale, le syndrome cervical –– Jeune âge
facettaire et la douleur cervicale d’origine discale. –– Antécédents de douleur cervicale
–– Collision arrière dans un véhicule stationnaire
Entorse cervicale –– Le patient n’est pas responsable de l’accident
–– Lésion aux muscles et ligaments paradorsaux –– Travail répétitif
–– Peut être liée à la posture ou aux habitudes de
sommeil ANAMNÈSE
–– N’est pas à l’origine de douleurs chroniques –– Mécanisme de la blessure ou événements s’étant
Syndrome cervical facettaire
produits juste avant l’apparition de la douleur, s’ils
sont connus
–– Causé par une blessure de type flexion‑extension
(par exemple, coup de fouet cervical, ou whiplash) –– Apparition et évolution des symptômes
ou dû à un travail exigeant des extensions du cou –– Irradiation de la douleur (épaules, thorax, bras,
répétées omoplates, région occipitale, visage)
–– Causes fréquentes : impact arrière lors d’un –– Signes neuropathiques (par exemple, paresthésie,
accident d’automobile, chutes, accidents de engourdissements, faiblesse)
plongée, autres blessures sportives
OBSERVATIONS
–– Peut impliquer des lésions aux tissus mous, aux
ligaments, aux nerfs, aux disques intervertébraux –– Vérifiez la présence d’ecchymoses et de
et/ou aux structures osseuses déformations dans le cou
–– Certains patients présentent des symptômes –– Palpez le muscle paradorsal et le trapèze supérieur
pendant des années des deux côtés à la recherche d’une sensibilité au
toucher et de spasmes
Douleur cervicale d’origine discale –– Observez les mouvements et la posture de la tête
–– Cause la plus fréquente de douleur cervicale et du cou
–– Dégénérescence du disque intervertébral –– Vérifiez l’amplitude des mouvements cervicaux
(flexion antérieure, flexion latérale, rotation,
Problèmes biomécaniques du cou extension) et l’amplitude des mouvements
avec compression médullaire des épaules
Surviennent la plupart du temps conjointement à une –– Test neurologique; voir le tableau 3,
compression de la moelle épinière ou des racines « Caractéristiques de la radiculopathie causée par
nerveuses dans le canal rachidien. Les symptômes compression de la racine nerveuse cervicale », pour
sont désignés par le terme « radiculopathie cervicale ». connaître les changements spécifiques anticipés au
Ces troubles entraînent une douleur aiguë et chronique niveau de la racine nerveuse :
au niveau du cou. De plus, la douleur peut irradier –– Réflexes bilatéraux (réflexe stylo‑radial, biceps,
vers le bras, avec ou sans déficit sensori-moteur. triceps)
Le siège, la durée et la taille des lésions influent sur la –– Tests des fonctions motrices et sensorielles
sévérité et la distribution des symptômes. La compression (force musculaire et tonus des articulations des
est habituellement causée par une combinaison épaules et des bras contre résistance, démarche,
d’ostéophyte et de discopathie dégénérative. Les sensation dans les bras, les mains, les épaules
lésions se situent le plus souvent aux niveaux C6–C7. et le cou)
–– Vérifiez les signes des neurones moteurs
Radiculopathie cervicale supérieurs (soit la spasticité, la faiblesse, les
–– Due à des changements dégénératifs (dans la plupart réflexes hyperactifs, le signe de Babinski, une
des cas), une sténose des foramens cervicaux, une dérive à la pronation)
hernie discale cervicale, le zona, une radiculopathie
de Lyme ou une radiculopathie diabétique

Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires 2011


7–36 Appareil locomoteur

Il peut ne pas y avoir de signes neurologiques en Classification des douleurs cervicales


cas de fracture cervicale; il faut donc faire preuve et troubles associés au coup de fouet
de jugement clinique au moment d’évaluer et de –– Troubles associés au coup de fouet cervical de
déterminer la nécessité de consulter un médecin. classe I : douleur, raideur ou sensibilité sans
Les résultats des examens peuvent être catégorisés changement ni restriction sur le plan physique
de différentes façons. Le traitement est fondé sur la –– Troubles associés au coup de fouet cervical de
« Classification des douleurs cervicales et troubles classe II : douleur et sensibilité avec réduction
associés au coup de fouet » tel que décrit ci‑dessous de l’amplitude des mouvements
(voir le tableau 3). Les résultats habituels des –– Troubles associés au coup de fouet cervical
examens dans le cas de certains problèmes cervicaux de classe III : douleur et signes neurologiques
biomécaniques plus précis, avec (voir le tableau 4) (changements sensori-moteurs ou dans les réflexes)
et sans (voir le tableau 3) compression du nerf, se sans fracture ni instabilité cervicale
trouvent dans les tableaux ci‑dessous. –– Troubles associés au coup de fouet cervical de
classe IV : fracture ou luxation

Tableau 3 – Anamnèse et examen physique pour des problèmes biomécaniques


cervicaux sans compression nerveuse
Affection Anamnèse Examen physique
Entorse Douleur dans la région moyenne ou inférieure Sensibilité locale, raideur ou tension des muscles
de la nuque paracervicaux et trapéziens, réduction de l’amplitude des
Douleur diffuse ou localisée des deux côtés mouvements, diminution de la lordose cervicale
de la colonne vertébrale Aucune anomalie observée à l’examen neurologique
Spasme des muscles cervicaux et dorsaux ou à l’examen des épaules
supérieurs À la radiographie de la colonne, résultats normaux
Douleur, raideur, tension dans le haut du dos ou ou indiquant une diminution de lordose
les épaules pendant au plus 6 semaines
Syndrome Blessure de type flexion‑extension (et blessure Possibilité de contraction des muscles paracervicaux
cervical avec accélération‑décélération dans le cas du et/ou de céphalées occipitales
facettaire coup de fouet) aux tissus mous Douleur cervicale médiane ou légèrement déplacée d’un
(whiplash) Travail nécessitant des extension répétées côté; plus intense que la douleur aux extrémités
du cou Limitation de l’amplitude des mouvements du cou
Lésion potentielle des ganglions sympathiques, Possibilité de douleur projetée vers les épaules, la région
entraînant des nausées, un enrouement ou des des omoplates, l’occiput ou la partie supérieure des bras
étourdissements
Souvent rien de remarquable à l’examen neurologique,
Des lésions des disques intervertébraux font à l’exception d’un syndrome de Homer occasionnel
suite à des traumatismes graves.
La radiographie peut mettre en évidence une diminution
Raideur et douleur au mouvement; parfois, de la lordose cervicale.
difficulté à avaler ou à mastiquer
Chez les clients gravement blessés, les lésions
structurales repérées à la radiographie commandent une
stabilisation immédiate.
Douleur Douleur exacerbée lorsqu’on tient la tête dans la Aucune anomalie à l’examen neurologique
cervicale même position sur une longue période de tempsDouleur cervicale pendant les mouvements (douleur
d’origine Souvent accompagnée de tension et de spasmes cervicale mécanique); douleur plus intense que la
discale musculaires douleur aux extrémités
Limitation de l’amplitude des mouvements du cou

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Appareil locomoteur 7–37

Tableau 4 – Caractéristiques de la radiculopathie cervicale causée par la compression des racines


nerveuses cervicales
• Douleur cervicale, faiblesse
• Douleur dans le bras
• Changements neurologiques (dans les réflexes et sensori-moteurs)
Racine Siège de la perte Perte de
nerveuse Siège de la douleur sensorielle Perte de fonction motrice réflexes
C4 Du cou à l’omoplate Entre les épaules Élévation de l’épaule Aucune
C5 Du cou à la face externe de Partie latérale du bras Abduction de l’épaule, rotation Bicipitale,
l’épaule et à l’omoplate externe, flexion du coude, stylo‑radiale
supination de l’avant‑bras
C6 Épaule, omoplate, de la face Partie latérale de l’avant- Abduction de l’épaule, rotation Bicipitale,
externe du bras jusqu’au bras, index et pouce externe, flexion du coude, stylo‑radiale
pouce et à l’index supination et pronation de
l’avant‑bras
C7 Épaule, main, majeur Index et majeur, paume Extension du coude et du poignet Tricipitale
(radiale), pronation de l’avant‑bras,
flexion du poignet
C8 Épaule, de la face interne Face interne de l’avant‑bras, Extension des doigts et du poignet, Aucune
de l’avant‑bras à l’annulaire milieu de la main, annulaire flexion, extension, abduction et
et à l’auriculaire, milieu de et auriculaire adduction du doigt distal, flexion
la main du pouce distal

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL –– Le mécanisme de la blessure était dangereux (par


DE LA DOULEUR CERVICALE exemple, chute de 3 pieds ou plus / 5 marches
Voir le tableau 2, « Causes de la douleur cervicale d’escalier, impact direct à la tête, accident de vélo,
et des troubles du rachis cervical. » tonneau ou éjection d’un véhicule, accident d’un
véhicule motorisé récréatif) OU
COMPLICATIONS –– Aucun des facteurs de faible risque suivants :
–– Le patient est assis à la clinique OU
–– Atteinte nerveuse permanente accompagnée d’une
compression radiculaire –– Il est capable de marcher en tout temps après le
traumatisme OU
–– Douleur cervicale chronique
–– Il y a apparition retardée de douleur au cou OU
–– Absentéisme au travail
–– Douleur à la palpation du rachis cervical médian
–– Invalidité (de longue durée)
OU
TESTS DIAGNOSTIQUES63,64 –– Simple collision arrière du véhicule OU
–– L’un des signes ci‑dessus de faible risque ET
Discutez avec un médecin avant de demander un
incapacité de tourner le cou activement à 45 degrés
test quelconque. La Règle canadienne pour le rachis
vers la gauche et vers la droite
cervical peut aider à discuter des cas éventuels de
patients ayant subi un traumatisme cervical. On peut se procurer une affiche expliquant la « Règle
canadienne pour le rachis cervical », disponible en
La Règle canadienne pour le rachis cervical peut
anglais seulement à : http://www.ohri.ca/emerg/cdr/
être utilisée pour tous les patients ayant subi un
docs/cdr_cspine_poster.pdf.
traumatisme et pouvant avoir une blessure du rachis
cervical, qui ont un score de 15 à l’échelle de coma de TRAITEMENT
Glasgow et dont l’état est stable.
Les radiographies du rachis cervical ne sont Objectifs
nécessaires que dans les situations suivantes : –– Atténuer les symptômes
–– Âge > 65 ans OU –– Rétablir ou maintenir l’amplitude des mouvements
–– Paresthésie touchant les extrémités OU –– Prévenir les complications

Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires 2011


7–38 Appareil locomoteur

Consultation –– Il doit éviter les absences au travail, si possible


Consultez un médecin dans les plus brefs délais –– Faire des exercices à la maison une fois par
en cas de blessure grave (par exemple, traumatisme jour dès que les symptômes sont maîtrisés sous
important) ou s’il y a douleur neuropathique associée contrôle (par exemple, exercice d’amplitude de
et modifications neurologiques. Pour toutes les mouvement en tenant le cou à chaque position
autres blessures, administrez un traitement prudent finale pendant 5 secondes, étirement, roulement
et assurez un suivi étroit. Chez les patients présentant des épaules); 15 répétitions deux fois par jour après
un traumatisme du rachis cervical et/ou de la application de chaleur humide sur le cou; continuer
moelle cervicale, voir aussi le chapitre 14 intitulé les exercices aux deux jours après disparition de
« Urgences générales et traumatismes majeurs », la douleur aiguë
section « Traumatisme à la colonne cervicale et à
la moelle épinière ». Interventions pharmacologiques
Acétaminophène ou anti‑inflammatoires non
Interventions non pharmacologiques stéroïdiens (AINS) pour réduire la douleur localisée :
Traitement des patients atteints d’un trouble acétaminophène (Tylenol), 325 mg, 1–2 comprimés
associé à un coup de fouet de classe I à III (voir PO q4-6h prn
« Classification des douleurs cervicales et troubles ou
associés au coup de fouet ») :
ibuprofène (Advil, Motrin, génériques), 200 mg,
–– Les clients ne présentant pas de maladie 1–2 comprimés PO tid-qid prn
systémique doivent recevoir un traitement non
ou
chirurgical pendant 3 à 6 semaines
–– Dans certains cas, l’application de glace pendant naproxène (Naprosyn, génériques), 250 mg,
1–2 comprimés PO bid-tid prn
au plus 15 minutes qid permet d’atténuer la douleur
–– La chaleur peut diminuer la rigidité musculaire et Ne pas utiliser l’ibuprofène ou le naproxène en cas de
améliorer l’amplitude des mouvements contre‑indication à l’AAS ou aux AINS (comme des
–– Modification de la posture (par exemple, s’asseoir antécédents d’allergie à l’AAS ou aux AINS ou des
droit, les épaules vers l’arrière, conduire avec les antécédents d’ulcère gastro‑duodénal). Utiliser plutôt
épaules légèrement haussées, éviter de porter des de l’acétaminophène.
sacs sur l’épaule, limiter le temps passé assis dans
la même position), y compris pendant le sommeil Surveillance et suivi
(la tête et le cou doivent être alignés avec le reste –– Prévoyez un suivi après 1–2 jours, après 7 jours,
du corps – par exemple, dormir sur le dos avec puis toutes les 2 semaines par la suite, pour évaluer
des oreillers sous les cuisses) la réponse au traitement
–– L’utilisation d’un collet cervical souple (qui –– Amorcez les exercices d’amplitude de mouvement
soutient le cou sans l’étirer) ne doit pas se qui ne causent pas de douleur dès que les
prolonger sur de longues périodes car cela pourrait symptômes sont maîtrisés
retarder le rétablissement; utiliser pendant pour –– Conseillez au client de commencer les exercices
un maximum de 3 heures à la fois, et tout au plus d’étirement et de renforcement dès qu’il aura
2 semaines; ces collets pourront être plus utiles retrouvé l’amplitude normale de ses mouvements
la nuit lorsque la douleur est accrue (pour aider
le patient à dormir). Éviter l’immobilisation Orientation vers d’autres ressources médicales
si possible
La plupart des clients, notamment ceux qui
–– Informez le patient du fait que le pronostic de souffrent de radiculopathie cervicale, voient leur
rétablissement est bon, et de l’absence de déficit état s’améliorer et peuvent reprendre leurs activités
neurologique dans la plupart des cas normales en moins de 2 mois. Ceux qui présentent
–– Le client doit éviter les activités pouvant aggraver toujours des symptômes après 4 semaines de traitement
son état non chirurgical doivent être adressés à un médecin
–– Il doit reprendre ses activités habituelles dès que pour subir une évaluation.
possible

2011 Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil locomoteur 7–39

Il peut être utile de consulter un physiothérapeute Facteurs de risque68


ou d’orienter le client vers cet intervenant si cela –– Client âgé
peut se faire facilement, surtout si le patient présente
–– Sexe féminin
des douleurs cervicales depuis plus de 3 semaines
et/ou que la douleur persiste malgré les exercices –– Obésité (dans les cas d’arthrose de la main et du
à la maison. genou, possiblement de la hanche)
–– Aucune ostéoporose
–– Activités sportives (par exemple, pratique régulière
ARTHROSE (ARTHROPATHIE de la lutte, la boxe, du vélo, du cricket ou du
CHRONIQUE DÉGÉNÉRATIVE)65,66,67 soccer)
Influence de multiples facteurs sur le cartilage –– Travail (travail physique – le type de travail
des articulations mobiles. Inflammation synoviale déterminera le risque d’un type particulier
variable, nouvelles formations osseuses sur les d’arthrose; par exemple, des flexions répétées
surfaces articulaires (ostéophytes). du genou prédisposent le client à une arthrose
du genou)
L’arthrose primaire est habituellement notée en
–– Traumatisme antérieur aux articulations du genou
conjonction avec les problèmes suivants :
ou de la hanche
–– Douleur (et raideur) touchant les doigts –– Mauvais alignement articulaire (par exemple,
(articulations interphalangiennes distales et genoux en varus ou en valgus)
proximales), le genou, la hanche et/ou la colonne –– Anomalies articulaires de développement (par
vertébrale, dans la majorité des cas exemple, dysplasie développementale de la hanche)
–– Atteinte asymétrique des articulations –– Faiblesse musculaire (quadriceps et arthrose
–– Crépitation lors des mouvements actifs du genou du genou); force manuelle accrue et arthrose
–– Sensibilité et/ou hypertrophie des os de la main
–– Aucune chaleur ressentie à la palpation –– Déficits de la proprioception (dans le cas de
–– Raideur le matin (< 30 minutes) ou après une l’arthrose du genou)
période d’inactivité de < 30 minutes –– Facteurs génétiques
–– Il est rare que les douleurs soient intenses et aiguës –– Acromégalie
–– Âge > 50 ans –– Dépôts pathologiques de cristaux (par exemple,
–– VSG faible (< 20 mm/h) goutte et pseudo‑goutte)
–– Faible facteur rhumatoïde (< 1:40)
ANAMNÈSE69
–– Ostéophytes ou pincement de l’interligne
articulaire (surtout au niveau de la hanche et du –– Antécédents familiaux
genou) observés à la radiologie; les observations –– Client de > 40 ans
peuvent ne pas correspondre aux résultats de –– Douleur articulaire (les articulations les plus
l’examen clinique atteintes sont les articulations interphalangiennes
L’arthrose secondaire est plus susceptible d’être distales [IPD], les articulations interphalangiennes
atypique. Les facteurs de risque courants sont un proximales [IPP], les articulations
traumatisme, la goutte, d’autres maladies et d’autres métacarpophalangiennes [MCP], les genoux, les
troubles osseux ou articulaires. hanches et la colonne vertébrale [C5, T8, L3 sont
les sièges les plus fréquents])
D’ordinaire, l’arthrose évolue lentement suivant –– Douleur constante
un déclin fonctionnel par étapes. Les patients –– Douleur souvent exacerbée par les changements
présenteront différents niveaux d’incapacité qui météorologiques
peuvent être corrélés avec leur observance des
–– Douleur accrue à l’activité, atténuée par le repos et
traitements non pharmacologiques.
peut évoluer de façon à survenir pendant le repos
CAUSES et la nuit
–– La douleur peut être projetée (par exemple, de la
Inconnues. hanche vers le genou)
–– Raideur articulaire localisée possible le matin
(< 30 minutes) ou après des périodes d’inactivité

Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires 2011


7–40 Appareil locomoteur

–– Absence de raideur articulaire généralisée DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL


–– Crépitation (articulation bruyante) possible –– Goutte
–– Augmentation du volume articulaire possible, –– Polyarthrite rhumatoïde
accompagnée d’une limitation de l’amplitude des –– Maladie monoarticulaire infectieuse
mouvements
–– Bursite trochantérienne (chez les clients présentant
–– Accès de douleur possibles après un usage des troubles de la hanche)
prolongé ou inhabituel
–– Troubles ligamenteux ou méniscaux, bursite locale,
OBSERVATIONS69,70 arthrophytes (chez les patients présentant des
troubles du genou)
L’étendue et le profil des observations varient.
COMPLICATIONS
–– Gêne possible de la mobilité si la colonne
vertébrale (cervicale ou lombaire), les hanches, –– Douleur chronique
les pieds ou les genoux sont atteints –– Destruction articulaire progressive accompagnée
–– Les articulations semblent parfois grossies et de douleur et d’une diminution croissante des
déformées fonctions
–– L’amplitude des mouvements est limitée selon –– Atteinte radiculaire rachidienne
l’ampleur de l’atteinte articulaire
–– La force musculaire et la stabilité des articulations TESTS DIAGNOSTIQUES
(ligaments) sont parfois affectées –– Radiographie des articulations atteintes
–– Formation d’ostéophytes (épaississements osseux –– Vitesse de sédimentation globulaire
sur les articulations périphériques) –– Facteur rhumatoïde
–– Les articulations IPD et IPP présentent parfois des
ostéophytes (nodosités d’Heberden et de Bouchard) TRAITEMENT70
–– Les premières articulations carpométacarpales et
métatarsophalangiennes sont souvent atteintes Objectifs du traitement
–– Une sensibilité peut être notée lors de la palpation –– Soulager ou atténuer les symptômes
des articulations –– Conserver la fonction articulaire
–– On peut sentir ou entendre des crépitations lors –– Réduire l’incapacité au minimum
du mouvement de l’articulation –– Prévenir les complications
Il existe deux formes d’arthrose, soit une forme –– Améliorer la qualité de vie
inflammatoire et une forme non inflammatoire. Le traitement dépend de la gravité de l’arthrose et de
L’arthrose inflammatoire s’accompagne souvent la présence d’une inflammation réactionnelle associée
d’une tuméfaction des articulations, de raideur (synovite). Il doit être adapté à chaque client.
matinale, de douleurs nocturnes, d’épanchement
articulaire et de chaleur perçue à la palpation Consultation
de l’articulation. L’arthrose non inflammatoire
s’accompagne habituellement de douleurs (exacerbées Consultez un médecin si le client a < 50 ans, si
par les mouvements) et d’une certaine incapacité, l’atteinte articulaire est multiple ou atypique ou si
en plus d’une sensibilité au toucher des articulations, vous soupçonnez une dysfonction nerveuse. Consultez
de protubérances osseuses et de crépitation. aussi un médecin si un traitement par acétaminophène
ne réduit pas la douleur et si les AINS sont
contre‑indiqués pour le client.

2011 Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil locomoteur 7–41

Interventions non pharmacologiques –– Une brochure en ligne au sujet de l’arthrose peut


–– Stratégies de réduction du poids pour diminuer le être obtenue de la Société de l’arthrite (du Canada),
stress imposé aux articulations si le client est obèse disponible à : http://www.arthritis.ca/local/files/
pdf%20documents/Types%20of%20Arthritis/
–– Programme d’exercices quotidiens (la marche
TAS_OA_eBROCH_ENG.pdf. La Société de
est la meilleure option; aussi natation ou vélo)
l’arthrite offre aussi un programme d’initiative
pour conserver la fonction articulaire et la force
personnelle contre l’arthrite vers lequel on peut
musculaire, réduire la douleur arthritique et
diriger les patients, si ce programme est offert
limiter l’invalidité; plus on intervient tôt, plus les
dans votre collectivité. Disponible en anglais
avantages sont grands
seulement à : http://www.arthritis.ca/splash/default.
–– Exercices d’amplitude de mouvement, de asp?s=1&returnurl=/asmp/Default.asp
flexibilité, de renforcement musculaire et exercices
aérobiques pour cibler des groupes de muscles Interventions pharmacologiques71
faibles (pour aider à réduire l’incapacité et la
Les médicaments n’empêchent pas l’évolution des
douleur)
lésions articulaires. Par conséquent, il faut viser à
–– Application alternée de chaleur humide et de maîtriser la douleur :
froid, 20 minutes à la fois, pour atténuer la douleur
articulaire acétaminophène (Tylenol), 325 mg, 1–2 comprimés
PO q4-6h prn (maximum 4 g/jour [12 comprimés
–– Dissuadez le client de garder le lit ou de demeurer
ordinaires/jour])
inactif, car cela entraîne une perte de fonction
encore plus prononcée et accroît l’immobilité Si la douleur n’est pas suffisamment maîtrisée par
–– Reposer l’articulation atteinte pendant de courtes l’acétaminophène, cessez ce traitement et instaurez un
périodes (maximum 24 heures) si la douleur traitement par un AINS, sauf s’il y a contre‑indication
apparaît après un usage prolongé (par exemple, insuffisance cardiaque, hypertension,
–– En cas d’arthrose du genou, le patient peut essayer insuffisance rénale, antécédents d’ulcère
des chaussures de sport à talons en matériel souple gastro‑duodénal).
et élasticisé, des semelles intérieures, une canne, Commencez par une faible dose et augmentez après
une marchette et/ou un bandeau élastique de 2 à 4 semaines si le médicament est bien toléré mais
soutien pour le genou que la douleur n’est pas suffisamment maîtrisée.
–– Physiothérapie ibuprofène (Advil, Motrin, génériques), 200 mg,
1–2 comprimés PO qid prn (la dose maximale pour
Éducation du client
un effet anti-inflammatoire est de 3,2 g/jour)
–– Expliquez au client le pronostic, le processus, les
restrictions physiques, les options thérapeutiques et ou
l’évolution prévue de la maladie naproxène (Naprosyn), 250 mg bid prn (la dose
–– Expliquez au client l’importance de faire de maximale pour un effet anti‑inflammatoire est de
l’exercice pour réduire la douleur et l’invalidité 1,5 g/jour)
–– Discutez des stratégies d’adaptation (par exemple, Les AINS doivent être pris de façon continue si
évitement des activités, déni) et de la possibilité un usage au besoin ne permet pas de maîtriser
de dépression; encouragez la prise en charge par les symptômes ou si le patient est atteint
le patient d’arthrose inflammatoire.
–– Conseillez le client au sujet de l’utilisation Si un traitement de 2–4 semaines par un AINS n’est
appropriée des médicaments (dose, fréquence, pas efficace, on peut essayer un autre AINS.
effets secondaires) et des interventions non
pharmacologiques Le célécoxib (Celebrex), un inhibiteur de la COX-2,
–– « RheumInfo » est un site Web canadien offrant peut être prescrit par un médecin, surtout si le patient
des renseignements pour les patients au sujet des a un profil de risque cardiovasculaire favorable et un
maladies, des médicaments, de l’exercice et du risque élevé de saignements gastro‑intestinaux.
traitement par la chaleur et le froid. Disponible en –– Une association d’analgésiques (par exemple,
anglais seulement à : http://rheuminfo.com/ acétaminophène avec codéine [Tylenol nº 3]) peut
aussi être prescrite à certains patients dont les
symptômes ne sont pas suffisamment soulagés par
les AINS

Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires 2011


7–42 Appareil locomoteur

–– On a parfois recours à des injections POLYARTHRITE


intra‑articulaires de corticostéroïdes RHUMATOÏDE72,73,74,75,76,77
–– Les traitements topiques incluent du diclofénac en
solution topique (Pennsaid) ou en gel (Voltaren) Maladie systémique chronique auto‑immune
et de la capsaïcine (Zostrix, nombreuses versions caractérisée par une inflammation progressive,
génériques) en crème topique symétrique et érosive de plusieurs articulations,
en particulier des articulations distales. Elle peut
Surveillance et suivi évoluer jusqu’à atteindre les articulations proximales.
Certaines manifestations extra‑articulaires sont
Faites un suivi 2–4 semaines après l’instauration
courantes, dont les nodules rhumatoïdes, l’artérite,
d’un nouveau traitement pour évaluer l’efficacité du
la neuropathie périphérique, la kératoconjonctivite,
médicament, puis tous les 3 mois. Les clients qui
la péricardite et la splénomégalie. Jusqu’à 5 % des
prennent des doses quotidiennes d’acétaminophène,
membres des Premières nations sont atteints de
d’AAS ou d’autres AINS doivent faire l’objet d’une
polyarthrite rhumatoïde.
surveillance régulière (tous les 6–12 mois) : tension
artérielle, formule sanguine complète, taux de Si le traitement n’est pas efficace, une invalidité
créatinine, taux d’électrolytes, tests d’exploration importante surviendra dans les 20 années suivantes. Les
fonctionnelle hépatique et analyse de selles (à la lésions articulaires se manifestent tôt dans le processus
recherche de sang occulte). Évaluez l’observance morbide de la polyarthrite rhumatoïde. Plus la maladie
du programme d’exercices quotidiens et discutez est active sur une longue période, moins il y aura de
des problèmes de prise en charge auxquels peut être chances qu’elle réponde au traitement. Par conséquent,
confronté le patient. un traitement précoce et énergique est requis, car les
agents antirhumatismaux modificateurs de la maladie
Orientation vers d’autres ressources médicales peuvent ralentir la progression des lésions.
Adressez le client à un médecin si le traitement
CAUSES
prudent ne permet pas de maîtriser ses symptômes en
moins de 6 semaines. Prenez des dispositions pour –– Essentiellement inconnues
une physiothérapie (si cela peut se faire facilement).
Envisagez de diriger le patient vers un ergothérapeute Facteurs de risque
si les activités de la vie quotidienne sont limitées –– Sexe féminin
par la douleur (par exemple, un ergothérapeute peut –– Client âgé de 30 à 55 ans
fournir des appareils d’aide à la mobilité).
–– Nulliparité
–– Antécédents familiaux
OSTÉOPOROSE –– Ascendance autochtone
Pour des détails sur le tableau clinique, l’évaluation –– Tabagisme
et la prise en charge de cette maladie, consultez la –– Facteurs génétiques
section « Ostéoporose » dans le chapitre 10 intitulé –– Facteurs infectieux (rôle potentiel)
« Hématologie, métabolisme et endocrinologie ». –– Facteur rhumatoïde (auto‑anticorps; le patient
sera plus susceptible de présenter une maladie
SYNDROME FÉMORO‑PATELLAIRE extra‑articulaire)
–– Exposition à la poussière et aux fibres au travail
Pour des détails sur le tableau clinique, l’évaluation (par exemple, travailleurs manipulant silice,
et la prise en charge de cette maladie, consultez amiante, bois et installations électriques)
la section « Syndrome fémoropalletaire » dans le
–– Poids élevé à la naissance
chapitre 14 intitulé « Appareil locomoteur » du Guide
de pédiatrie clinique du personnel infirmier en soins ANAMNÈSE
primaires.
–– Maladie systémique ou traumatisme récent
possible (habituellement dans le cas de l’arthrite
monoarticulaire)

2011 Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil locomoteur 7–43

–– L’apparition des symptômes est généralement –– Chaleur et sensibilité des articulations atteintes à
insidieuse et plusieurs articulations sont atteintes la pression ou au mouvement
(polyarthrite); on note d’autres formes d’apparition, –– Réduction de l’amplitude des mouvements (en
dont une atteinte articulaire intermittente particulier la flexion des doigts, l’extension du
(palindromique) ou une atteinte monoarticulaire poignet et du coude, la flexion du genou)
(mono‑arthrite, touchant habituellement une –– Réduction de la force de préhension
articulation importante) –– Épaississement possible des tendons responsables
–– Les mains, les poignets, les coudes, les épaules, de la flexion palmaire
les chevilles et les pieds sont les articulations les –– Érythème palmaire
plus fréquemment atteintes; douleur, tuméfaction,
raideur, chaleur et/ou rougeur des articulations L’état fonctionnel peut être évalué à l’aide du
–– La douleur et la raideur sont exacerbées par le Questionnaire d’évaluation de la santé (HAQ) de
repos prolongé ou l’activité vigoureuse Stanford, un questionnaire rempli par le patient et
offert sur le site de « RheumInfo » (disponible en
–– Raideur articulaire (mouvements lents ou difficiles)
anglais seulement à : http://rheuminfo.com/wp-
pendant au moins 30 minutes à 1 heure au lever,
content/uploads/2011/04/Rheumatology_Clinic_
sur une période de plus de 6 semaines; s’atténue
HAQ_VAS_V2.pdf).
après les mouvements
–– Une fatigue, un malaise général, une faible fièvre, En plus des signes et symptômes typiques de
une dépression et une perte de poids peuvent être la polyarthrite rhumatoïde, on peut noter des
présents durant les phases d’exacerbation aiguë, y manifestations extra‑articulaires, y compris,
compris la phase initiale mais sans s’y limiter, une anémie typique des
–– Nuit aux activités quotidiennes et à la qualité de vie maladies chroniques, de la fatigue, une maladie
(par exemple, activités quotidiennes, type d’emploi pleuropulmonaire, une péricardite, une neuropathie,
et capacité à effectuer des tâches) une épisclérite, une maladie rénale, une vasculite, une
perte pondérale, une dépression, un syndrome bilatéral
À mesure qu’évolue la maladie : du canal carpien et une ostéoporose.
–– La raideur matinale et au repos dure plus
longtemps (cette augmentation dans le temps est un Maladie évolutive chronique
signe fiable de la progression de la maladie) –– Hypertrophie des articulations atteintes
–– En évoluant, la maladie s’étend à beaucoup –– Les articulations se déforment : les articulations
d’autres articulations, y compris les IPD, toutes les IPP deviennent fusiformes (déformation en
articulations du bras et du pied (lésions semblables boutonnière); il y a parfois rétraction en flexion
à celles des mains), le genou, la hanche, le rachis (par exemple, déformation en col de cygne);
cervical et l’articulation crico‑aryténoïdienne déviation cubitale des articulations MCP; déviation
(enrouement, stridor inspiratoire) des poignets
–– Destruction articulaire progressive, déformations –– Présence possible de nodules rhumatoïdes
sous‑cutanés qui ne sont pas rattachés à la peau ni
OBSERVATIONS aux os (petits nodules de taille variant entre une
graine et une bille; le plus souvent sur le cubitus
Exacerbation aiguë
proximal)
–– Le client est assez souffrant –– Perte de poids progressive possible
–– La température peut être élevée
Le diagnostic définitif de polyarthrite rhumatoïde
–– Fréquence cardiaque parfois élevée
(PR) repose sur la présence confirmée des éléments
–– Tuméfaction des articulations atteintes (atteinte suivants :
articulaire généralement bilatérale et symétrique,
déterminant le diagnostic; atteinte surtout des –– Synovite touchant au moins une articulation
articulations MCP, MTP et IPP); l’articulation peut –– Absence d’un autre diagnostic pouvant mieux
sembler « en monts et vallées »; les lésions peuvent expliquer la présence de la synovite
ne pas être symétriques –– Un score total ≥ 6 dans les 4 domaines formant
–– Rougeur possible des articulations atteintes le critère de classification ci‑dessous

Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires 2011


7–44 Appareil locomoteur

Tableau 5  – Critères de classification de la polyarthrite rhumatoïde


Domaine Description Score
A. Atteinte articulaire 1 articulation importante (épaule, coude, hanche, genou ou cheville) 0
(articulations tuméfiées ou 2 à 10 articulations importantes 1
sensibles à l’examen)
1 à 3 petites articulations (avec ou sans atteinte d’une articulation importante) 2
4 à 10 petites articulations (avec ou sans atteinte d’une articulation importante) 3
> 10 articulations (au moins 1 petite articulation) 5
B. Sérologie (au moins 1 Facteur rhumatoïde (FR) négatif et anticorps anti‑protéines citrullinées (ACPA) 0
résultat de test requis) négatif
FR légèrement positif ou ACPA légèrement positif 2
FR très positif ou ACPA très positif 3
C. Réactifs de phase aiguë Taux normal de protéine C‑réactive (CRP) et vitesse de sédimentation 0
(au moins 1 résultat de test globulaire (VSG) normale
requis) Taux anormal de CRP ou VSG anormale 1
D. Durée des symptômes < 6 semaines 0
(douleur, tuméfaction ou ≥ 6 semaines 1
sensibilité signalées par le
patient)
Un score ≥ 6/10 est requis pour que le patient soit considéré comme atteint de PR confirmée.
Source : American College of Rheumatology/European League Against Rheumatism Collaborative Initiative.
2010 Rheumatoid Arthritis Classification Criteria. Arthritis & Rheumatism 2010;62(9):2569-81.

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL COMPLICATIONS


–– Arthrose accompagnée d’inflammation (voir –– Douleur chronique
la section « Arthrose [athropathie chronique –– Destruction ou déformation articulaire progressive
dégénérative] ») –– Perte de mobilité (en raison de la faiblesse
–– Arthrite septique musculaire)
–– Pseudopolyarthrite rhizomélique –– Atteinte hématologique (par exemple, anémie
–– Lupus érythémateux disséminé typique des maladies chroniques, neutropénie)
–– Goutte –– Atteinte pulmonaire (par exemple, épanchement
–– Rhumatisme psoriasique pleural, fibrose interstitielle)
–– Arthrite gonococcique –– Atteinte rénale (par exemple, glomérulonéphrite,
–– Syndrome de Fiessinger‑Leroy‑Reiter (chez les toxicité médicamenteuse)
hommes) –– Dermatite (par exemple, nodules rhumatoïdes
–– Maladie de Lyme sous‑cutanés, ulcères cutanés)
–– Polymyosite –– Atteinte coronarienne (par exemple, péricardite,
–– Affections intestinales inflammatoires coronaropathie)
(par exemple, maladie de Crohn, rectocolite –– Atteinte vasculaire (par exemple, vasculite,
hémorragique) maladie des artères périphériques, AVC)
–– Polyarthrite virale aiguë (par exemple, due au virus –– Atteinte neurologique (par exemple, neuropathie,
de la rubéole ou de l’hépatite B, ou au parvovirus) syndrome du canal carpien)
–– Sarcoïdose –– Troubles oculaires (par exemple, épisclérite,
–– Syndrome de Sjögren sclérite, kératoconjonctive sèche, syndrome de
Sjögren)
–– Fibromyalgie
–– Dépression
–– Maladie paranéoplasique
–– Ostéopénie
–– Lymphome

2011 Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil locomoteur 7–45

TESTS DIAGNOSTIQUES –– Clients dont le traitement actuel ne permet


Avant de commencer la médication, les clients ayant pas de maîtriser la maladie (y compris les cas
récemment reçu leur diagnostic de polyarthrite d’exacerbation des symptômes, ou lorsque les
rhumatoïde doivent subir quelques tests de laboratoire résultats à l’examen physique ou aux analyses de
de base : formule sanguine complète, VSG, protéine laboratoire évoquent une synovite inflammatoire)
C‑réactive, facteur rhumatoïde (noter que seulement –– Clients dont la maladie est évolutive
30 % des patients obtiennent un résultat positif la –– Clients chez qui se développent des complications
première fois), anticorps antinucléaires, anticorps anti-
protéines citrullinées, taux de créatinine, exploration Interventions non pharmacologiques81
de la fonction hépatique. Des analyses d’urine Épisode aigu
s’imposent également avant le début du traitement
médicamenteux. –– Repos suffisant et alimentation appropriée
–– Mise au repos des articulations atteintes en
Des radiographiques bilatérales des mains, des présence d’inflammation et/ou sieste en cas
poignets et des pieds permettront d’établir des de fatigue
valeurs de base lorsqu’on soupçonne une polyarthrite –– Attelle pour l’articulation atteinte durant la phase
rhumatoïde. aiguë, au besoin
TRAITEMENT78,79,80 –– Application de glace pour atténuer la douleur et la
tuméfaction des articulations atteintes; application
Objectifs de chaleur humide pour réduire la douleur, les
spasmes musculaires et la raideur (15 min qid prn)
–– Soulager la douleur
–– Réduire l’inflammation À long terme
–– Conserver la fonction articulaire –– Régime alimentaire équilibré et approprié, riche en
–– Prévenir l’invalidité à long terme huiles de poisson
–– Obtenir rapidement et maintenir la maîtrise de –– Programme d’exercice au moins deux fois par
la maladie (par exemple, rémission ou niveau semaine pour maintenir la mobilité articulaire
d’activité le plus bas possible de la maladie) (exercices d’amplitude de mouvement) et la force
–– Maintenir ou améliorer la qualité de vie musculaire; devrait aussi inclure des exercices
aérobiques réguliers (par exemple, marche,
L’activité de la maladie (hausse ou baisse des natation, vélo)
symptômes) varie en fonction de l’évolution naturelle
–– Maintien du poids corporel idéal ou perte de poids
de la maladie et des interventions auxquelles on a
en cas d’obésité
recours (agents antirhumatismaux modificateurs de la
maladie). Le but est d’obtenir la rémission clinique, –– Protection des articulations (par exemple,
mais des crises peuvent survenir. La rémission respecter son rythme, suivre une bonne mécanique
clinique survient lorsque l’activité de la maladie (par corporelle, utiliser des poignées adaptées et
exemple, la réponse inflammatoire) est nulle, mais des orthèses)
cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas progression des –– Protection des os si le client prend des
lésions érosives ni douleurs articulaires, tuméfaction corticostéroïdes
ou sensibilité. –– Protection cardiaque (par exemple, abandon du
tabac, surveillance régulière de la tension artérielle
Consultation et du profil lipidique, exercices réguliers)
Consultez le médecin sans tarder dans les cas Éducation du client
suivants : –– Expliquez au client les facteurs de risque,
–– Clients n’ayant jamais reçu de diagnostic de l’évolution et le pronostic de la maladie
polyarthrite rhumatoïde (par exemple, clients –– La PR s’atténue souvent pendant la grossesse, mais
ayant une arthrite inflammatoire précoce chez l’usage de médicaments doit être discuté avec un
qui on soupçonne la présence d’une polyarthrite médecin avant le début de la grossesse
rhumatoïde)

Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires 2011


7–46 Appareil locomoteur

–– Expliquez au client l’utilisation appropriée des Les corticostéroïdes par voie orale (par exemple,
médicaments (dose, fréquence, effets secondaires, la prednisone) sont aussi utilisés pour limiter
observance du traitement) et des interventions non l’inflammation, en particulier pendant les
pharmacologiques phases aiguës.
–– Recommandez‑lui de prendre ses médicaments L’érosion des articulations peut débuter dans les
avec les repas pour réduire les dérangements mois qui suivent l’apparition de la polyarthrite
gastro‑intestinaux rhumatoïde. Il faut donc entreprendre dès que
–– Soulignez l’importance de faire de l’exercice possible un traitement par un agent antirhumatismal
chaque jour pour maintenir la fonction et la modificateur de la maladie (ARMM, par exemple
mobilité des articulations hydroxychloroquine [Plaquenil], sulfasalazine,
–– Il est important de procéder aux vaccins annuels méthotrexate, léflunomide [Arava]) et/ou un agent
antipneumococcique et antigrippal en raison de biologique (inhibiteurs du TNF, par exemple
l’immunodépression infliximab [Remicade], étanercept [Enbrel],
–– Montrez au client des exercices de relaxation adalimumab [Humira]).
qui pourraient lui être bénéfiques (par exemple,
Ces médicaments doivent être prescrits par un
imagerie mentale dirigée)
médecin.
–– Évaluez le réseau de soutien familial et incitez les
membres de la famille à participer au programme Une réactivation d’une tuberculose latente est possible
de traitement du client chez les patients recevant un agent biologique
–– Demandez au client de revenir à la clinique en cas (anti‑TNF). Lorsque cette complication survient,
d’épisode aigu elle a tendance à le faire dans les 8 premiers mois
–– « RheumInfo » est un site Web canadien offrant de traitement; tous les patients à qui on envisage de
des renseignements pour les patients au sujet des prescrire un agent biologique doivent donc obtenir un
maladies, des médicaments, de l’exercice et du résultat négatif au test cutané à la tuberculine avant le
traitement par la chaleur et le froid (disponible en début du traitement.
anglais seulement à : http://rheuminfo.com/)
Surveillance et suivi
–– La Société de l’arthrite (du Canada) offre une
brochure sur la polyarthrite rhumatoïde, disponible Épisode aigu
en anglais seulement à : http://www.arthritis.ca/ –– Faites un suivi après 48–72 heures pour vérifier la
local/files/pdf%20documents/Types%20of%20 réponse au traitement
Arthritis/TAS_RA_eBROCH_ENG.pdf. La Société
de l’arthrite offre aussi un programme d’initiative Surveillance à long terme
personnelle contre l’arthrite vers lequel on peut –– Faites un suivi régulier (la fréquence dépend du
diriger les patients, si ce programme est offert stade de la maladie; par exemple, aux 2–3 semaines
dans votre collectivité, disponible à : http://www. en cas de maladie très active; aux 3–6 mois en cas
arthritis.ca/splash/default.asp?s=1&returnurl=/ de maladie bien maîtrisée)
asmp/Default.asp –– Évaluez la protéine C‑réactive et la vitesse de
sédimentation globulaire pour déterminer l’activité
Interventions pharmacologiques
de la maladie tous les 1–2 mois (ou selon la
Il existe de nombreux médicaments pour traiter la fréquence déterminée par le médecin); mesurez la
polyarthrite rhumatoïde. Les patients atteints de PR créatinine (aux 6 mois); faites une analyse d’urine
légère recevront souvent un AINS (par exemple, (annuellement); d’autres évaluations de laboratoire
ibuprofène, naproxène), si ces agents sont tolérés, peuvent être requises selon les médicaments pris
pour maîtriser la douleur et l’inflammation. Si un par le patient
patient ne répond pas à un agent précis, il pourrait –– Déterminez le poids, l’appétit, le degré d’énergie et
répondre à un autre AINS. le sentiment de bien‑être du client
ibuprofène (Advil, Motrin, génériques), 200 mg, –– Évaluez les articulations (modifications, nouvelles
2–3 comprimés PO tid‑qid articulations atteintes, tuméfaction, sensibilité,
ou réduction des mouvements, déformation); si les
mains sont atteintes, examinez les poignets, les
naproxène (Naprosyn, génériques), 250 mg, coudes, les épaules, les genoux, les articulations
2 comprimés PO bid
MCP et IPP

2011 Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil locomoteur 7–47

–– L’état fonctionnel peut être évalué à l’aide du Le muscle sus‑épineux est le plus souvent atteint dans
Questionnaire d’évaluation de la santé (HAQ) de les déchirures de la coiffe des rotateurs. Une déchirure
Stanford, un questionnaire rempli par le patient et du subscapulaire peut aussi être accompagnée d’une
offert sur le site de « RheumInfo », disponible en blessure au tendon bicipital.
anglais seulement à : http://rheuminfo.com/wp-
Stade 1 : Survient habituellement chez les personnes
content/uploads/2011/04/Rheumatology_Clinic_
de ≤ 25 ans après des exercices vigoureux;
HAQ_VAS_V2.pdf
l’apparition est souvent graduelle, commençant
–– Surveillez les symptômes et les changements par une douleur sourde à la partie antérolatérale
physiques pour suivre l’évolution de la maladie de l’épaule. Une tuméfaction et des lésions dans la
(par exemple, complications) bourse séreuse de l’épaule et les tendons surviennent
–– Déterminez l’efficacité du traitement par suite de l’accrochage.
–– Favorisez la mobilité des articulations au moyen
d’un programme d’exercices Stade 2 : Apparaît habituellement chez les personnes
de 25–40 ans qui ont présenté de nombreux
–– Décelez toute exacerbation aiguë
épisodes antérieurs; en plus de la douleur liée à la
–– Les patients sous hydroxychloroquine doivent subir tendinopathie de la coiffe des rotateurs, une fibrose
un examen optométrique annuel permanente, un épaississement ou une cicatrisation
de la bourse synoviale et des tendons sont présents;
Orientation vers d’autres ressources médicales
des radiographies pourront révéler des dépôts calcifiés
Adressez à un médecin tout patient chez qui on dans la coiffe des rotateurs.
soupçonne la présence d’une polyarthrite rhumatoïde.
Dans le cas de patients ayant déjà reçu un diagnostic Stade 3 : Client habituellement âgé de > 40 ans; peut
de polyarthrite rhumatoïde, dirigez‑les vers un sentir un « pop » dans l’épaule suivie d’une douleur
médecin si leur schéma thérapeutique actuel ne intense. Le client présente une déchirure de la coiffe
permet pas de maîtriser la maladie. Organisez une des rotateurs, une rupture du tendon bicipital et/ou des
consultation en physiothérapie et en ergothérapie altérations osseuses.
(si cela peut se faire facilement).
CAUSES
Syndrome d’accrochage de l’épaule : mouvement
SYNDROME D’ACCROCHAGE forcé ou répétitif
DE L’ÉPAULE82,83,84,85
Déchirure de la coiffe des rotateurs : en plus des
Douleur et diminution de la fonction de l’épaule facteurs susmentionnés, dégénérescence, accrochage
secondaire à une compression des structures entourant des structures extrinsèques ou surcharge tensionnelle
l’articulation gléno‑humérale avec élévation de en raison d’un mouvement de lancer ou de forces
l’épaule. Le terme ne renvoie pas à une lésion à une traumatiques
partie anatomique précise (par exemple, la coiffe des
rotateurs). Ce syndrome entraîne une inflammation Facteurs de risque
et une faiblesse des muscles de la coiffe des rotateurs
–– Mouvements répétitifs (en particulier des
qui entraînent à leur tour un accrochage, une
mouvements au‑dessus de la tête)
tendinopathie de la coiffe des rotateurs et/ou des
déchirures de la coiffe des rotateurs (aussi désignés –– Âge plus avancé
comme stades 1, 2 et 3). –– Indice de masse corporelle élevé
–– Travail manuel (par exemple, peintre, mécanicien)
Les muscles de la coiffe des rotateurs sont le muscle
–– Traumatisme (dans le cas des déchirures de la
sus‑épineux (abduction et rotation externe), le sous-
coiffe des rotateurs seulement)
épineux (rotation externe et abduction), le muscle
petit rond (rotation externe et abduction) et le muscle –– La douleur dans une épaule prédispose à la
subscapulaire (rotation interne, abduction, adduction), survenue de problèmes dans l’autre épaule
qui entourent tous l’omoplate. Ces muscles sont
nécessaires pour la stabilité et le fonctionnement de
l’articulation gléno‑humérale.

Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires 2011


7–48 Appareil locomoteur

ANAMNÈSE ET OBSERVATIONS86 –– Douleur en présence d’une amplitude de


Procédez à une vérification complète de la mouvement supérieure à 90 degrés pour
symptomatologie et à un examen physique des l’abduction ou pendant la rotation interne
épaules et du cou, comme il est décrit aux sections –– Faiblesse de l’épaule affectée
« Évaluation de l’appareil locomoteur » et « Examen –– Réduction de la force lors du « empty can test »
de l’appareil locomoteur » dans ce chapitre. Vérifiez pour la force du muscle sus‑épineux (disponible en
les antécédents de traumatisme ou de blessures anglais seulement à : http://www.livestrong.com/
répétitives dans la région de l’épaule au travail ou article/368202-how-to-test-supraspinatus-strength/)
lors d’activités de loisir et les antécédents médicaux –– Réduction de la force à la rotation interne et
en entier. externe (les coudes fléchis à 90 degrés et près
du thorax)
Tous les problèmes touchant la coiffe des rotateurs
(y compris le syndrome d’accrochage de l’épaule)87 : Rupture de la coiffe des rotateurs
–– Il peut y avoir atrophie des muscles postérieurs –– Faiblesse et raideur qui nuisent à la fonctionnalité
de l’épaule si l’accrochage est présent depuis de l’épaule affectée
longtemps –– Certaines déchirures de la coiffe des rotateurs
–– Réduction (par comparaison à l’épaule opposée et n’entraînent aucune douleur, surtout chez les
non atteinte) de la force des muscles de la coiffe adultes plus âgés
des rotateurs affectés si l’accrochage est présent –– Incapacité de bien maîtriser l’adduction de l’épaule
depuis longtemps (épreuve du bras tombant)
–– Amplitude de mouvements actifs réduite en raison –– Réduction de la force lors de la rotation externe
de la douleur (les coudes fléchis à 90 degrés et près du thorax)
–– Douleur à l’épaule (souvent localisée au deltoïde et de l’abduction
latéral) intensifiée par les mouvements au‑dessus –– Une déchirure complète peut être diagnostiquée
de la tête et souvent pire la nuit (par exemple, si le avec précision chez les patients de plus de 60 ans
client est étendu sur le côté de l’épaule atteinte) qui présentent un arc douloureux, un signe du bras
–– La douleur est accrue en cas d’abduction avec tombant et une faiblesse à la rotation externe
résistance et de rotation externe RheumInfo, un site Web canadien, offre un document
–– L’arc douloureux (par exemple, abduction des bras en format PDF et des vidéos décrivant en détail
à 30 degrés par rapport à l’épaule) se situe entre 60 comment procéder à un examen physique complet de
et 120 degrés l’épaule. Consultez la section de RheumInfo intitulée
–– Le test de Neer se fait par stabilisation de « The Shoulder Examination » (disponible en anglais
l’omoplate suivie de la pronation complète du bras seulement à : http://rheuminfo.com/physician-tools/
du patient et d’une flexion forcée de l’épaule. Une shoulder-examination).
douleur pendant cette manœuvre signale un test
positif et évoque un accrochage sous‑acromial Le site Web du Nicholas Institute of Sports Medicine
and Athletic Trauma du Lenox Hill Hospital décrit,
–– Le test de Hawkins (saisir l’épaule affectée d’une
à l’aide d’illustrations, certaines techniques précises
main et, de l’autre, plier le coude à 90 degrés et
pour l’examen physique de l’épaule (disponible en
faire faire une rotation interne de l’épaule). La
anglais seulement à : http://www.nismat.org/orthocor/
présence de douleur pendant la manœuvre indique
exam/shoulder.html).
un test positif
Tendinopathie de la coiffe des rotateurs DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
–– Douleur présente pendant les activités de la vie –– Radiculopathie cervicale
quotidienne –– Arthrose acromio‑claviculaire
–– Présence possible d’une atrophie musculaire dans –– Bursite sous‑acromiale
la fosse scapulaire si la tendinopathie est installée –– Tendinopathie bicipitale
depuis longtemps –– Rupture de la coiffe des rotateurs
–– Possibilité d’asymétrie des mouvements de –– Déchirure de la lèvre glénoïde
l’omoplate affectée –– Capsulite rétractile
–– Présence fréquente d’une sensibilité des muscles
affectés

2011 Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil locomoteur 7–49

COMPLICATIONS –– Ne jamais utiliser de chaleur pendant les phases


–– Limitation de l’amplitude de mouvement aiguë ou subaiguë du rétablissement
de l’épaule –– On peut utiliser la chaleur pour traiter la douleur
–– Douleur chronique chronique ou la tuméfaction
–– Capsulite rétractile secondaire (perte de mobilité) Traitement prudent (exercices)
–– Déchirure du tendon Suivre ces consignes de traitement dans tous les cas
–– Réduction de la force et de l’endurance musculaires d’accrochage de l’épaule, de tendinopathie de la coiffe
des rotateurs, de déchirures partielles, de déchirures
TESTS DIAGNOSTIQUES symptomatiques et chroniques et de déchirures
Aucun. complètes chez les patients âgés présentant des états
comorbides. Dans la plupart de ces cas, ces mesures
TRAITEMENT doivent être suivies pendant au moins 12 semaines
avant qu’on n’envisage de procéder à une intervention
Objectifs chirurgicale.
–– Atténuer la douleur et l’inflammation –– Commencer les exercices d’amplitude de
–– Conserver la fonction de l’épaule mouvement exempts de douleur 2–3 jours après
–– Prévenir les complications le traumatisme, si possible. Étirer la capsule
de l’épaule pour augmenter la flexibilité et
Consultation maintenir la capacité de mouvement, de sorte que
Consultez un médecin immédiatement dans les cas l’amplitude de mouvement soit la même dans
de blessure de stade 3 (déchirure de la coiffe des toutes les directions pour les deux épaules (flexion,
rotateurs ou ruptures des tendons bicipitaux). Faites de extension, abduction, adduction, rotation interne
même pour toute blessure de stade 1 ou 2 qui demeure et externe)
symptomatique > 4–6 semaines. –– Le client doit éviter les positions et les activités qui
aggravent la blessure afin de maîtriser la douleur
Interventions non pharmacologiques (par exemple, limiter au départ les activités où il
Garder le membre blessé au repos faut lever les bras au‑dessus de la tête ou étirer les
bras; pousser, tirer et lever en tenant les coudes
Le type et la durée du repos varient selon le type et près du corps; éviter les activités répétitives)
la gravité de la blessure. –– Conseillez au client de commencer les exercices
–– Éviter les positions et les activités qui déclenchent de renforcement seulement une fois que la pleine
la douleur (par exemple, les activités où il faut amplitude de mouvement est revenue. Le client
lever les bras au‑dessus de la tête) doit renforcer les muscles de l’épaule (coiffe du
–– Stade 3 : Mettre le bras blessé en écharpe pour rotateur, stabilisateurs scapulaires et muscles
le confort du client88 centraux) avec des bandes élastiques et des poids
légers utilisés en dessous du niveau de l’épaule
Appliquer de la glace sur la région atteinte pour –– Progression des exercices : mobilisation
réduire la douleur et la tuméfaction accompagnant passive, mobilisation active assistée, exercices
les blessures aiguës isométriques, étirement actif, exercices finals
Appliquer de la glace selon les principes suivants : d’étirement et de renforcement
–– Il est préférable de faire les exercices à domicile en
–– Appliquer sur la région touchée pendant au plus
petites séances répétées (par exemple, 5 minutes),
15 minutes qid
plutôt qu’en longues séances
–– Si les lésions aux tissus mous sont considérables,
–– Des exercices pour renforcer les épaules, avec
appliquer q2-3h
directives et schémas, se trouvent sur le site
–– Utiliser la glace tant que l’œdème et la douleur Web du Nicholas Institute of Sports Medicine
persistent and Athletic Trauma du Lenox Hill Hospital
–– La chaleur est contre‑indiquée dans les cas de (disponible en anglais seulement à : http://www.
lésions aiguës des tissus mous nismat.org/orthocor/programs/upperstr.html)

Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires 2011


7–50 Appareil locomoteur

–– L’exercice doit être précédé d’une application de Surveillance et suivi


chaleur humide pendant 15 minutes et suivi d’une Stades 1 et 2 : Les clients souffrant de ce type de
application de glace pendant au plus 15 minutes lésion doivent être suivis comme suit :
–– Tout exercice qui provoque une douleur doit être
interrompu temporairement –– Prévoir un suivi après 1–2 jours, puis 10 jours
après la première consultation et ensuite tous les
À mesure que s’amélioreront l’amplitude des mois pour évaluer les symptômes et la fonction
mouvements, la souplesse et la force, l’épaule jusqu’au rétablissement de la pleine amplitude de
reprendra son fonctionnement normal. Les patients mouvement et de la force complète
peuvent retourner à leurs activités normales
–– Si la fonction de l’épaule revient et que la douleur
graduellement après qu’ils notent une atténuation
s’atténue après 4–6 semaines d’exercices, le
des symptômes et une amélioration de la fonction
patient doit poursuivre les exercices et reprendre
de l’épaule résultant de quelques semaines
graduellement ses activités régulières
de physiothérapie.
–– Avant de reprendre toutes ses activités
Éducation du client professionnelles, le client doit avoir retrouvé sa
–– Informez le client au sujet des mesures préventives pleine amplitude de mouvement et sa force, et la
à prendre et des facteurs pouvant aggraver la douleur doit être disparue
blessure (par exemple, éviter les mouvements –– Après le retour de la pleine fonction de l’épaule, le
répétitifs, surtout les mouvements au‑dessus de client devrait continuer de faire des exercices pour
la tête; éviter de porter des objets lourds) prévenir les récurrences
–– Pour une atténuation des symptômes et une
Orientation vers d’autres ressources médicales
amélioration de la fonction de l’épaule, le client
doit observer son programme d’exercices pendant Une consultation ou une orientation en physiothérapie
des mois devrait être envisagée dans le cas de toute blessure à
l’épaule, si possible.
Interventions pharmacologiques
Stades 1 et 2 : Si les symptômes persistent après
Stades 1–3 : Analgésiques anti‑inflammatoires 4–6 semaines de traitement prudent, envisagez
pour réduire la douleur et la tuméfaction pendant d’orienter le client vers un médecin pour une
7–10 jours, puis prn par la suite : évaluation.
ibuprofène (Advil, Motrin, génériques), 200 mg, Stade 3 : Le client devrait être acheminé vers un
1–2 comprimés PO tid-qid prn
médecin lors du prochain transport prévu. Le
ou traitement implique habituellement une réparation
naproxène (Naprosyn, génériques), 250 mg, PO chirurgicale, selon que la perte fonctionnelle est
bid-tid prn importante et selon que la déchirure est totale ou
partielle. Une réparation est plus probable chez les
Ne pas utiliser l’ibuprofène ou le naproxène en cas de sujets jeunes que chez les sujets âgés. De nombreux
contre‑indication à l’AAS ou aux AINS (comme des clients âgés éprouvent une perte progressive
antécédents d’allergie à l’AAS ou aux AINS ou des de fonction de la coiffe des rotateurs à cause
antécédents d’ulcère gastro‑duodénal). Utiliser plutôt : du vieillissement.
acétaminophène (Tylenol), 325 mg, 1–2 comprimés
Discutez avec le médecin de la possibilité de diriger
PO q4-6h prn
le patient vers un chirurgien orthopédiste :
ou
–– sans tarder en cas de déchirure complète aiguë de
acétaminophène avec codéine (Tylenol nº 3), la coiffe des rotateurs chez un patient en santé
1–2 comprimés q4-6h prn
–– sans tarder en cas de déchirure partielle
Stades 2 et 3 : En plus des médicaments susmentionnés, préexistante de la coiffe des rotateurs si le patient
on peut procéder à des injections de corticostéroïdes a soudainement perdu sa capacité d’abduction ou
dans la bourse séreuse sous‑acromiale qui seront de flexion de l’épaule
effectuées par un médecin.

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Appareil locomoteur 7–51

–– après 6–9 mois en cas de tendinopathie de la ANAMNÈSE ET OBSERVATIONS


coiffe des rotateurs si les mesures susmentionnées Procédez à une vérification complète de la
n’entraînent pas un soulagement marqué des symptomatologie et à un examen physique des
symptômes et/une une amélioration importante épaules et du cou, comme il est décrit aux sections
de la fonction « Évaluation de l’appareil locomoteur » et « Examen
–– après 6–12 semaines pour des déchirures partielles de l’appareil locomoteur » dans ce chapitre. Vérifiez
de la coiffe des rotateurs si les mesures ci‑dessus les antécédents de traumatisme ou de blessures
ne permettent pas d’atténuer les symptômes ou répétitives dans la région de l’épaule au travail ou
d’améliorer la fonction lors d’activités de loisir, et les antécédents médicaux
en entier. Une fièvre ou une infection bactérienne
TENDINOPATHIE ET BURSITE récente pourrait évoquer une bursite septicémique.
DE L’ÉPAULE89,90,91 Il est souvent difficile de faire la distinction entre
une tendinite ou une déchirure de la coiffe des
Tendinopathie : atteinte d’un tendon, par exemple une rotateurs et une bursite sous‑acromiale à partir de
tendinite, une tendinose et une rupture du tendon la symptomatologie et de l’examen physique.
Tendinite : inflammation d’un tendon RheumInfo, un site Web canadien, offre un document
Tendinose : lésion à un tendon au niveau cellulaire, en format PDF et des vidéos décrivant en détail
souvent causée par une dégénérescence chronique comment procéder à un examen physique complet de
l’épaule. Consultez la section de RheumInfo intitulée
La tendinite bicipitale qui intéresse la portion longue « The Shoulder Examination » (disponible en anglais
du tendon bicipital est la cause la plus fréquente de seulement à : http://rheuminfo.com/physician-tools/
douleur à l’épaule. shoulder-examination).
La tendinopathie de la coiffe des rotateurs touche Le site Web du Nicholas Institute of Sports Medicine
souvent le tendon sus‑épineux92 (voir « Rupture and Athletic Trauma du Lenox Hill Hospital décrit,
de la coiffe des rotateurs », sous « Anamnèse à l’aide d’illustrations, certaines techniques précises
et Observations », de la section « Syndrome pour l’examen physique de l’épaule (disponible en
d’accrochage de l’épaule », dans ce chapitre). anglais seulement à : http://www.nismat.org/orthocor/
Bursite : inflammation ou dégénérescence des bourses exam/shoulder.html).
séreuses sous‑acromiales; c’est une cause fréquente Tendinite et bursite : Douleur non spécifique à l’épaule
de douleur à l’épaule (au repos et pendant les mouvements) s’accompagnant
d’une diminution de l’amplitude des mouvements
CAUSES
Dans le cas de la tendinite bicipitale, la douleur
Tendinite : surmenage, microtraumatismes dus à des est exacerbée par la flexion de l’avant‑bras lorsque
mouvements répétés l’examinateur exerce une résistance et palpe en
La blessure au tendon bipicital survient plus même temps la longue portion du biceps dans la
fréquemment chez les personnes dont les activités les gouttière bicipitale.
amènent à souvent tirer, lever ou lancer des objets, Tendinopathie bipicitale : La douleur se situe
ou étirer les bras. Elle survient aussi en raison d’une habituellement dans la partie antérieure de l’épaule et
blessure à l’épaule comme un accrochage, une atteinte peut irradier vers le biceps. On note une augmentation
de la coiffe des rotateurs ou une instabilité. de la douleur lors des activités où il faut lever ou tirer
Bursite : traumatisme local, surmenage, traumatismes un objet, ou exécuter un mouvement au‑dessus de
répétés, infection, saignement, consécutive à une la tête. La tendinopathie est souvent accompagnée
maladie systémique généralisée (par exemple, d’autres pathologies de l’épaule. Une sensibilité à la
polyarthrite rhumatoïde, goutte, sepsie, pseudo- palpation sur la longue portion proximale du biceps au
polyarthrite rhizomélique), inflammation du tendon niveau de la gouttière bicipitale (en position médiale
sus‑épineux, accrochage de l’épaule par rapport à la grosse tubérosité de l’humérus)
devrait être présente. Le test de Yergason peut servir
à diagnostiquer une tendinite bicipitale. Dans ce test,
on procède à une adduction de l’épaule du patient
avec flexion du coude à 90 degrés. L’examinateur

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7–52 Appareil locomoteur

palpe le tendon bicipital au niveau de la gouttière TESTS DIAGNOSTIQUES


bicipitale tout en résistant à l’effort du patient en vue Aucun.
de la supination de l’avant‑bras. S’il y a douleur dans
la gouttière bicipitale, le test est positif et évoque une TRAITEMENT
tendinite bicipitale88.
Objectifs
Une rupture du tendon bicipital survient souvent en
lien avec un traumatisme et implique d’ordinaire une –– Atténuer la douleur et l’inflammation
rupture proximale de la longue portion du biceps, sans –– Conserver la fonction de l’épaule en rétablissant
atteindre la courte portion du biceps. Au moment du l’amplitude de mouvement et la force normales
traumatisme, le patient ressentira souvent un « pop » et –– Prévenir les complications
une douleur soudaine; il présentera une ecchymose et
une tuméfaction. Souvent, il y a déformation en boule, Consultation
qui survient lorsque le biceps se retire dans le bras et
Consultez un médecin dans tous les cas de rupture
semble une masse visible ou palpable près du coude
du tendon bicipital.
ou dans le milieu de la partie supérieure du bras93.
Dans le cas de la bursite sous‑acromiale, la douleur Interventions non pharmacologiques
est ressentie lorsque le client est couché sur le côté Le traitement est le même pour tous les cas de
en appui sur son épaule et irradie souvent vers le tendinopathie bicipitale et de bursite sous‑acromiale.
deltoïde. L’espace sur la face externe de l’épaule, Repos et application de glace et de chaleur sont
juste au‑dessous de l’acromion, le long du deltoïde, recommandés jusqu’à la disparition de la douleur.
est sensible à la palpation. Habituellement, on ne
note qu’une réduction de l’abduction passive du Garder le membre blessé au repos
bras atteint. La bursite sous‑acromiale peut survenir –– Le client doit éviter les positions et les activités
chez un client présentant une atteinte de la coiffe qui aggravent son état
des rotateurs, un syndrome d’accrochage de l’épaule
–– Le type et la durée du repos varient selon la
ou une maladie systémique (dans ce cas, la bursite
sévérité des symptômes et le type de blessure ou
sera bilatérale).
de trouble
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL –– Garder le bras en écharpe pendant une brève
période (2–3 jours) au cours de la phase aiguë,
–– Atteinte de la coiffe des rotateurs (par exemple, puis arrêter
tendinopathie ou déchirure, accrochage –– Reposer l’épaule pendant 5–7 jours
sous‑acromial)
–– Arthrite gléno‑humérale Appliquer de la glace ou des compresses froides pour
atténuer la douleur et la tuméfaction
–– Atteinte acromio‑claviculaire
–– Entorse du muscle petit pectoral –– Dans certains cas, l’application de la glace pendant
–– Douleur au plexus cervical ou brachial au plus 15 minutes q3-4 h qid permet d’atténuer
–– Bursite septicémique la douleur
–– Goutte ou pseudogoutte –– Utiliser la glace tant que l’œdème et la douleur
persistent
–– Polyarthrite rhumatoïde
–– La chaleur est contre‑indiquée durant la phase
–– Pseudopolyarthrite rhizomélique
aiguë des lésions des tissus mous
COMPLICATIONS –– On peut utiliser la chaleur pour traiter la raideur
chronique et l’inconfort
–– Douleur chronique
–– Capsulite rétractile secondaire (perte de mobilité)
–– Instabilité de l’épaule
–– Rupture du tendon
–– Réduction de la force et de l’endurance musculaires

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Appareil locomoteur 7–53

Exercice Ne pas utiliser l’ibuprofène ou le naproxène en cas de


Notez que les exercices suivants ne doivent pas être contre‑indication à l’AAS ou aux AINS (comme des
réalisés en cas de bursite aiguë. antécédents d’allergie à l’AAS ou aux AINS ou des
antécédents d’ulcère gastro‑duodénal). Utiliser plutôt :
–– Amorcez les exercices d’amplitude de mouvement
qui ne causent pas de douleur après 2–3 jours acétaminophène (Tylenol), 325 mg, 1–2 comprimés
(en cas de blessure mineure) PO q4-6h prn
–– Le client doit éviter les positions et les activités qui Consultez un médecin lorsque les mesures ci‑dessus
aggravent la blessure (par exemple, mouvements ne parviennent pas à calmer la douleur et/ou lorsque
avec les bras au‑dessus de la tête, mouvements le patient présente des douleurs au repos ou pendant
répétitifs) la nuit.
–– Conseillez au client de commencer les exercices
d’étirement et de renforcement dès qu’il aura Surveillance et suivi
retrouvé l’amplitude normale de ses mouvements –– Faites un suivi après 14 jours, ou plus tôt si
–– Progression des exercices : mobilisation nécessaire, puis tous les mois jusqu’au retour de
passive, mobilisation active assistée, exercices l’amplitude de mouvement et de la force normales
isométriques, étirement actif, exercices finals –– Le client peut reprendre graduellement ses activités
d’étirement et de renforcement habituelles une fois retrouvée toute l’amplitude des
–– Il est préférable de faire les exercices à la mouvements sans douleur
maison en petites séances répétées (par exemple,
5 minutes), plutôt qu’en longues séances Orientation vers d’autres ressources médicales
–– L’exercice doit être précédé d’une application de Dirigez le client vers un médecin s’il n’y a aucune
chaleur humide pendant 15 minutes et suivi d’une amélioration avec un traitement prudent après
application de glace pendant au plus 15 minutes 4–6 semaines, si la douleur persiste ou en cas de
Tout exercice qui provoque une douleur doit être rupture du tendon bicipital. Dans le cas d’une bursite
interrompu temporairement. sous‑acromiale, consultez un médecin et dirigez
le client vers un médecin si la douleur entraîne
À mesure que s’amélioreront l’amplitude des toujours une incapacité importante après 3 jours d’un
mouvements, la souplesse et la force, l’épaule traitement analgésique par des anti‑inflammatoires,
reprendra son fonctionnement normal. pour une éventuelle injection de corticostéroïdes dans
Éducation du client
la région atteinte.
–– Informez le client au sujet des mesures préventives Une consultation en physiothérapie (si possible)
à prendre et des facteurs pouvant aggraver la est utile pour améliorer la force et la flexibilité du
blessure (par exemple, éviter les mouvements biceps et des muscles de l’épaule si les symptômes ne
répétitifs, surtout les mouvements au‑dessus de s’atténuent pas 4–6 semaines après l’instauration du
la tête; éviter de porter des objets lourds) traitement prudent.

Interventions pharmacologiques
Analgésiques anti‑inflammatoires pour réduire la
douleur et la tuméfaction pendant 5–7 jours :
ibuprofène (Advil, Motrin, génériques), 200 mg,
1–2 comprimés PO tid-qid prn
ou
naproxène (Naprosyn, génériques), 500 mg PO bid
pendant 2 semaines ou plus prn

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7–54 Appareil locomoteur

URGENCES DE L’APPAREIL LOCOMOTEUR

FRACTURE DE LA CLAVICULE94,95,96 Facteurs de risque

Les fractures de la clavicule sont courantes et –– Sexe masculin


représentent environ 2,6 % de toutes les fractures95. –– Client de < 30 ans
Comme il faut une force plus grande pour provoquer –– Adulte âgé
une fracture de la clavicule chez l’adulte que chez
l’enfant, ces fractures surviennent plus souvent chez ANAMNÈSE
les enfants et les adolescents. Néanmoins, l’incidence –– Chute sur un bras en extension ou sur l’épaule,
repart à la hausse chez les adultes plus âgés. La ou traumatisme direct à la clavicule
guérison est en outre plus lente chez l’adulte, et le –– Douleur (modérée ou intense), notamment à la
risque de complications, plus grand. mobilisation du bras
Les clavicules sont les seules structures qui rattachent –– La douleur est moindre en position assise ou si le
la ceinture scapulaire au tronc. Elles protègent poids du bras est soutenu (dans le cas des fractures
d’importants vaisseaux sanguins, les poumons et le du tiers proximal de la clavicule)
plexus brachial, lesquels sont situés à proximité de la
clavicule et peuvent donc être lésés par les extrémités OBSERVATIONS95
pointues des fragments osseux. –– Sensibilité
Soixante‑neuf pour cent des fractures de la clavicule –– Tuméfaction dans la région de la fracture
touchent le tiers moyen de l’os (classe A), 28 %, (par exemple, hématome)
le tiers distal ou externe (classe B) et 3 %, le tiers –– Crépitation et/ou mouvement palpable du
proximal ou interne (classe C).‑ fragment osseux
–– Déformation (habituellement un déplacement vers
Les fractures de classe B se subdivisent en trois types :
le bas et vers l’avant de l’épaule du côté atteint)
–– Type I (sans déplacement) : ligaments de soutien –– Soulèvement en tente de la peau sur la fracture
intacts; aucun déplacement important des –– Ecchymoses, notamment lorsqu’un déplacement
fragments osseux prononcé provoque le soulèvement en tente de
–– Type II (avec déplacement) : rupture du ligament la peau
coracoclaviculaire avec déplacement vers le –– Saignement en cas de fracture ouverte (rare) (par
haut du segment proximal à cause du muscle exemple, peut prendre l’apparence d’une plaie
sternocléidomastoïdien punctiforme)
–– Type III (surface articulaire) : fracture intéressant –– Le client n’utilise pas le bras du côté atteint et
l’articulation acromioclaviculaire ce bras est tenu près du thorax et supporté par
l’autre bras
CAUSES94
Il faut procéder à un examen neurovasculaire distal
–– Les fractures de classe A résultent habituellement
(par exemple, pouls périphérique, remplissage
d’une force directe appliquée à la face latérale de
capillaire, sensation, force) et à un examen de la
l’épaule lors d’une chute, d’un accident de sport
tête, du cou, des structures cardiovasculaires et
ou d’un accident de voiture
des poumons (pour éliminer l’éventualité d’un
–– Les fractures de classe B résultent d’une force pneumothorax) (voir la section « Évaluation
directe appliquée sur le dessus de l’épaule de la fonction respiratoire » dans le chapitre 3
–– Les fractures de classe C résultent d’une force intitulé « Appareil Respiratoire »). Cette étape est
directe appliquée sur la face antérieure du thorax particulièrement importante si une grande force a été
–– Chute sur l’épaule ou l’extrémité du bras en appliquée lors du traumatisme (par exemple, collision
extension automobile) ou si on soupçonne la présence d’une
–– Traumatisme direct dans la région de la clavicule fracture du tiers proximal de la clavicule.
–– La plupart des fractures du tiers proximal de la
clavicule résultent d’un traumatisme intense

2011 Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil locomoteur 7–55

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL Consultation95


–– Luxation Dès que l’état du patient est stable, consultez un
–– Fracture de l’épaule médecin en vue d’une orientation potentiellement
–– Lésion de la coiffe des rotateurs urgente vers d’autres ressources, dans les cas suivants :
–– Lésion de l’articulation sterno-claviculaire –– Fracture ouverte
–– Luxation acromio‑claviculaire –– Atteinte neurovasculaire
–– Atteinte respiratoire
COMPLICATIONS95
–– Lésion intrathoracique
–– Pneumothorax –– Instabilité hémodynamique
–– Hémothorax –– Fracture avec déplacement complet (par exemple,
–– Des lésions internes graves sont souvent associées déplacement de plus de 1 cm dans les cas de
à une fracture du tiers proximal de la clavicule fracture du tiers proximal de la clavicule ou
–– Lésion intrathoracique (comme dans le cas d’une déplacement supérieur à la largeur de l’os)
fracture de la première côte, il faut une grande –– Fractures avec déplacement et raccourcissement
force pour provoquer une fracture du tiers proximal ou fragmentation (présence de deux fractures)
de la clavicule et il est impératif d’éliminer –– Fracture de la partie distale de la clavicule de
l’éventualité de lésions sous‑jacentes) type II ou III
–– Lésion d’une artère ou d’une veine –– Déplacement postérieur dans le cas d’une fracture
sous‑claviculaire du tiers proximal de la clavicule
–– Lésion de la veine jugulaire interne
–– Lésion de l’artère axillaire Interventions non pharmacologiques95
–– Fracture de l’omoplate et/ou d’une côte –– Utilisez la méthode de l’ABC (airway, breathing
–– Compression possible du plexus brachial and circulation – voies aériennes, respiration et
attribuable à la formation d’un cal hypertrophique circulation) pour l’évaluation et la stabilisation
pouvant causer une neuropathie périphérique –– Procédez à un examen secondaire rigoureux
–– Arthrite post‑traumatique –– Appliquez des compresses froides sur la blessure
–– Soudure retardée ou absence de soudure pendant 20 minutes toutes les 1 à 3 heures pendant
(notamment dans le cas de fractures du tiers distal) les heures de veille, sur une durée de 72 heures
–– Aspect inesthétique –– Immobilisez le bras au moyen d’une écharpe
jusqu’à la soudure clinique de la fracture (par
TESTS DIAGNOSTIQUES exemple, la sensibilité est disparue et le patient
–– Radiographie courante de la clavicule (on peut peut bouger son bras sans restriction avec très
habituellement voir la fracture sur un cliché AP) peu de douleur). Chez l’adulte, cela prend de
–– Radiographie thoracique pour écarter la possibilité 3 à 12 semaines
d’un pneumothorax Classe A (fractures du tiers moyen)

TRAITEMENT –– Traitez en immobilisant le bras dans une écharpe


(certains préfèrent l’anneau en 8, en particulier
Objectifs pour les fractures avec déplacement)
–– Détecter et traiter les lésions associées qui Classe B (fractures du tiers distal)
pourraient être fatales
–– Les fractures de type 1 (sans déplacement) et
–– Stabiliser le siège de la fracture de type 3 (surface articulaire) du tiers distal
–– Atténuer la douleur sont traitées par immobilisation du bras dans
–– Déceler et traiter les complications une écharpe
Les fractures de la clavicule non compliquées peuvent –– Les fractures de type 2 (avec déplacement) doivent
être prises en charge par un fournisseur de soins être immobilisées dans une écharpe avec bandage
primaires. croisé (pour maintenir le bras dans une bonne
position anatomique) et commandent parfois une
fixation chirurgicale orthopédique

Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires 2011


7–56 Appareil locomoteur

Classe C (fractures du tiers proximal) –– Donnez au client des conseils sur la prévention des
blessures : port d’équipement protecteur approprié
–– Traitez les fractures sans déplacement par
lors de la pratique de certains sports, utilisation
immobilisation du bras dans une écharpe
de la ceinture de sécurité, counselling sur la
–– Les fractures avec déplacement nécessitent parfois consommation de drogue et d’alcool (au besoin),
l’intervention d’un orthopédiste pour une réduction physiothérapie précoce (par exemple, exercices
chirurgicale d’amplitude) si indiqué
Fractures ouvertes –– Le client doit éviter les activités vigoureuses et
les sports de contact pendant au moins 4 semaines
Si la fracture est ouverte, il faut administrer
après la soudure osseuse clinique et le retour de
une antibiothérapie prophylactique et un vaccin
sa pleine amplitude de mouvement et de sa force
antitétanique (au besoin), irriguer la plaie avec une
habituelle au niveau de l’épaule, et s’il ne ressent
solution stérile et appliquer un pansement stérile en
aucune douleur pendant la palpation profonde de la
attendant une consultation orthopédique d’urgence.
région fracturée
Éducation du client
Interventions pharmacologiques
–– Le client doit porter une écharpe ou un appareil
d’immobilisation de l’épaule Soulagez la douleur au moyen d’anti‑inflammatoires
–– Sinon, il peut utiliser un anneau en huit (bandage non stéroïdiens (AINS).
claviculaire); montrez‑lui comment le mettre ibuprofène (Advil, Motrin, génériques), 200 mg,
en place et l’ajuster correctement. La présence 1–2 comprimés PO tid-qid prn pendant
d’une paresthésie ou d’œdème dans les mains ou 1–2 semaines
les doigts indique que la bande est trop serrée et ou
doit être enlevée et remise en place. Le but de ce
bandage est d’atténuer la douleur en diminuant naproxène (Naprosyn, génériques), 250 mg,
la mobilisation des fragments fracturés et pas 1–2 comprimés PO bid-tid prn pendant
1–2 semaines
nécessairement de maintenir un alignement parfait;
on peut le combiner à une écharpe pour plus Ne pas utiliser l’ibuprofène ou le naproxène en cas de
de confort contre‑indication à l’AAS ou aux AINS (comme des
–– Le patient peut utiliser l’épaule autant que le antécédents d’allergie à l’AAS ou aux AINS ou des
permettent les symptômes, mais ne doit participer à antécédents d’ulcère gastro‑duodénal).
aucune activité vigoureuse En cas de contre‑indications à l’usage d’AINS, ou si
–– Si le client porte le bras en écharpe, encouragez‑le ces derniers ne sont pas bien tolérés ou ne permettent
à faire des exercices d’amplitude de mouvement pas de suffisamment maîtriser la douleur, il faut
du coude tous les jours pour prévenir tout déclin envisager l’emploi d’un analgésique narcotique :
fonctionnel
acétaminophène avec codéine (Tylenol nº 3),
–– Dans le cas des fractures du tiers distal de la
1–2 comprimés PO q4-6h prn
clavicule, encouragez‑le à faire des exercices
d’amplitude de mouvement de l’épaule autant Consultez un médecin pour une prescription
que le permettent les symptômes, pour prévenir d’antibiotiques en prophylaxie en cas de fracture
la survenue d’une épaule gelée. Un exercice en ouverte. Ces patients ont aussi besoin d’un vaccin
pendule où le patient forme des cercles avec le bras antitétanique (si ce dernier doit être renouvelé).
pendant, en position penchée, est utile
–– Après retrait du dispositif d’immobilisation Surveillance et suivi
et disparition de la douleur, le patient doit –– Réévaluez les blessures après 48 heures, puis faites
entreprendre des exercices d’amplitude de un suivi par semaine jusqu’à ce que l’épaule ait
mouvement et de renforcement retrouvé son entière mobilité
–– Prévoyez un examen de contrôle en orthopédie
si nécessaire (cela dépendra du type de fracture
initiale et de la présence de complications)

2011 Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil locomoteur 7–57

Orientation vers d’autres ressources médicales Fracture avec fragmentation


Consultez un médecin comme indiqué sous –– Fracture comminutive : fracture comportant
« Consultation » dans cette section. Procéder à 3 fragments ou plus du même os
une évacuation vers l’hôpital sur recommandation
Fracture avec angulation ou déplacement
d’un médecin.
–– Fracture sans déplacement : fracture dans laquelle
Organisez une consultation en physiothérapie (si cela
les fragments osseux ont conservé leur position
peut se faire facilement).
anatomique
–– Fracture avec déplacement : fracture dans laquelle
FRACTURE D’UN MEMBRE, les fragments osseux n’ont pas conservé leur
DU PELVIS OU DE LA HANCHE97 position anatomique
Rupture de continuité du tissu osseux. –– Fracture angulée : le siège de la fracture forme un
angle par rapport à l’axe long de l’os
CAUSES Fracture avec raccourcissement
–– Traumatisme –– Mesure (en mm ou en cm) par laquelle la longueur
–– Fracture pathologique consécutive à une maladie de l’os est réduite, sur l’axe long de l’os
préexistante (par exemple ostéoporose)
ANAMNÈSE
TYPES DE FRACTURES97,98
–– Déterminez le mécanisme exact de la blessure
La description des fractures doit inclure le nom de l’os (par exemple, chute sur un bras en extension)
atteint, le siège de la blessure (par exemple, blessure –– Douleur
dorsale ou palmaire) et les renseignements suivants –– Tuméfaction
si possible :
–– Perte de fonction
État des tissus recouvrants –– Engourdissement distal par rapport au siège de la
–– Fracture fermée : fracture qui ne communique pas fracture (symptôme possible)
avec le milieu extérieur –– Lésions touchant d’autres parties du corps
–– Fracture ouverte : fracture qui communique avec le –– Antécédents médicaux (par exemple, ostéoporose,
milieu extérieur (par une lacération de la peau ou blessures ou chirurgies antérieures dans la région
une plaie punctiforme près de la blessure) atteinte)
–– Dernier repas (dans les cas où une intervention
Orientation de la fracture
chirurgicale d’urgence est requise)
–– Transverse : fracture perpendiculaire à l’axe long
de l’os FRACTURES COURANTES
–– Oblique : fracture en diagonale par rapport à l’axe –– Fracture de la clavicule : voir la section « Fracture
long de l’os de la clavicule » dans ce chapitre
–– En spirale : la ligne de fracture se dirige dans deux –– Fracture de la tête radiale (coude)99,100 :
directions Habituellement causée par une chute sur un bras
–– Segmentaire : fracture qui entraîne le flottement en extension. Le client peut avoir de la difficulté à
d’une seule section osseuse de grande taille entre fléchir le coude et peut être incapable de tourner la
deux lignes de fracture main vers le bas (pronation)
–– Fracture‑avulsion (par arrachement) : fracture dans –– Fracture de l’extrémité inférieure du radius
laquelle un fragment osseux est tiré hors de sa (poignet)101 : Chez les adultes, la fracture de ce type
position normale par la contraction musculaire ou la plus courante est la fracture de Pouteau‑Colles,
la résistance d’un ligament qui est extra‑articulaire et se produit à 2,5–3 cm
–– Fracture en motte de beurre : fracture où le cortex (1–1,2 pouce) en amont de la surface articulaire
osseux fait saillie, qui est presque exclusivement du radius distal. Cette fracture se produit lorsque
observée chez les enfants la main est en dorsiflexion; le fragment distal
–– Fracture en bois vert : fracture angulée incomplète est angulé dorsalement et peut présenter une
d’un os long, observée le plus souvent chez déformation « en dos de fourchette »
les enfants

Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires 2011


7–58 Appareil locomoteur

–– Fracture du scaphoïde102 : Habituellement causée –– Fractures du tibia et du péroné : Surviennent à la


par une chute sur un bras en extension; douleur suite d’impacts importants ou faibles ou après
lorsque le poignet est tourné en position radiale. usage répété. Une fracture des deux os en même
Jusqu’à preuve du contraire, il faut envisager temps sera instable et nécessite une consultation
une fracture du scaphoïde chez les patients qui urgente en orthopédie112,113
présentent une sensibilité près du scaphoïde –– Fracture de la cheville : Souvent causée par un
–– Fracture du métacarpe103 : Résulte habituellement coup à faible impact. La majorité des fractures
d’un traumatisme direct. La douleur est localisée intéressent une malléole ou plus114
dans l’os métacarpien lésé. La fracture « du
boxeur » est une fracture du col distal du cinquième OBSERVATIONS
métacarpien et constitue l’une des fractures –– Présence possible de plaies punctiformes ou de
métacarpiennes les plus fréquentes. Elle résulte lacérations cutanées près d’une fracture avec ou
généralement d’un coup donné avec le poing sans os en saillie, dans le cas des fractures ouvertes
fermé contre une surface (en général un mur ou –– Ecchymoses et tuméfaction
un réfrigérateur)
–– Diminution de l’amplitude des mouvements (éviter
–– Fracture du doigt : La plupart de ces fractures d’évaluer l’amplitude des mouvements avant
s’accompagnent de douleur au doigt fracturé. Les d’avoir obtenu des clichés radiographiques si une
trois types de fracture du doigt les plus fréquents fracture est soupçonnée)
sont les suivants : 1) Les fractures de la phalange
–– La région atteinte est parfois pâle si la circulation
distale sont habituellement des lésions par
sanguine y est gênée (par exemple, ralentissement
écrasement du bout du doigt ou coup sur cette
du remplissage capillaire)
région pouvant produire des lésions importantes
aux tissus mous104. 2) Les fractures des phalanges –– Vérifiez la température de la région atteinte, le
moyenne et proximale doivent faire l’objet remplissage capillaire et la présence d’un pouls
d’un examen à la recherche d’une angulation distal au siège de la blessure (membre froid, pouls
(radiographie) ou d’une rotation (examen clinique absent et diminution des sensations si l’apport
comparant l’alignement des phalanges des deux sanguin est réduit)
côtés lorsque les métacarpophalanges et les –– Vérifiez (avec la tête et la pointe d’une épingle) la
interphalanges proximales sont fléchies à un angle sensibilité tactile distale par rapport au siège de la
de 90 degrés), et commandent toutes deux une fracture, avec discrimination de 2 points séparés
réduction par un médecin. La plupart du temps, ce –– Palpez la région autour de la fracture (y compris les
type de fracture est causé par un impact direct sur autres os et l’articulation immédiatement au‑dessus
l’os ou sur le dos de la main105,106. 3) Les petites et en dessous) pour vous assurer qu’il n’y a pas
fractures‑avulsions de la base de la phalange d’autres blessures
moyenne surviennent lors d’une hyperextension107 –– La région atteinte est extrêmement sensible
–– Fracture du bassin : Souvent associée à un –– Lorsque les os sont déplacés, on sent parfois des
traumatisme majeur, cette fracture peut provoquer crépitations
une importante hémorragie108 (voir la section
RheumInfo, un site Web canadien, offre un document
« Fracture du bassin » dans le chapitre 14 intitulé
en format PDF et des vidéos décrivant en détail
« Urgences générales et traumatismes majeurs »)
comment procéder à un examen physique complet de
–– Fracture de la hanche : Ce type de fracture est la hanche, du coude, de l’épaule et du genou. Voir la
fréquent chez les personnes âgées et attribuables section « Ressources sur Internet » ci‑dessous et/ou
à une chute ou à l’ostéoporose. Elle peut ne la RheumInfo’s Arthritis University (disponible en
pas être très douloureuse, mais s’accompagne anglais seulement à : http://rheuminfo.com/).
souvent d’une douleur soudaine et de l’incapacité
de marcher. Survient souvent avec une hanche DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL115
en rotation externe et un raccourcissement du
membre inférieur109,110 –– Entorse grave
–– Fracture du fémur : Souvent associée à un –– Contusion sévère
traumatisme majeur, cette fracture peut provoquer –– Luxation
une importante hémorragie111 –– Violence
–– Fracture pathologique

2011 Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil locomoteur 7–59

COMPLICATIONS116,117,118,119,120,121 Règles d’Ottawa pour la cheville122

Immédiates (au cours des premières heures) Procéder à une radiographie de la cheville uniquement
dans les cas suivants :
–– Hémorragie
–– Douleur à la palpation près des malléoles (à l’une
–– Lésion des artères, des paquets vasculonerveux et
ou l’autre des malléoles et à moins de 6 cm des
des tissus mous avoisinants
malléoles) ET
–– Syndrome de loge (peut être observé avec les
–– Douleur à la palpation de l’os à l’extrémité
fractures fermées et ouvertes des membres)
postérieure de la malléole latérale OU
Précoces (au cours des premières semaines) –– Douleur à la palpation de l’os à l’extrémité
postérieure de la malléole médiale OU
–– Infection de la plaie
–– Si le patient ne peut prendre appui sur le pied
–– Ostéomyélite dans le cas d’une fracture ouverte
immédiatement après le traumatisme et ne peut
–– Cal vicieux faire plus de quatre pas au moment de l’examen
–– Embolie pulmonaire ou graisseuse
Procéder à une radiographie du pied uniquement dans
–– Syndrome de détresse respiratoire aiguë
les cas suivants :
–– Infection thoracique
–– Coagulopathie intravasculaire disséminée –– Douleur à la palpation au milieu du pied ET
–– Exacerbation d’une maladie systémique –– Douleur à la palpation à la base du 5e métatarsien
–– Syndrome de loge possible dû au plâtre OU
–– Lésion neurovasculaire –– Douleur à la palpation de l’os naviculaire OU
–– Raideur des articulations –– Si le patient ne peut prendre appui sur le pied
immédiatement après le traumatisme et ne peut
–– Atrophie musculaire, syndrome de contracture
faire plus de quatre pas au moment de l’examen
et/ou de mauvaise utilisation
–– Thromboembolie Un programme d’enseignement sur les Règles
–– Dégradation tégumentaire, y compris plaies de d’Ottawa pour la cheville est offert en ligne, en
pression anglais seulement à : http://www.ohri.ca/emerg/cdr/
ankle_rule_flash.html.
Tardives (des mois ou des années plus tard) On peut aussi se procurer une affiche, disponible en
–– Soudure retardée ou absente, ou anormale anglais seulement à : http://www.ohri.ca/emerg/cdr/
–– Problème mécanique (dans le cas de fractures qui docs/cdr_ankle_card.pdf.
ont été réduites par voie chirurgicale avec fixation
interne) Règles d’Ottawa pour le genou123
–– Douleur persistante Demander des radiographiques seulement en cas
–– Déformations de traumatisme du genou accompagné de l’un des
–– Arthrose des articulations adjacentes ou distantes signes suivants :
–– Nécrose avasculaire –– Le patient a 55 ans ou plus OU
–– Chondromalacie traumatique –– Douleur à la palpation de la rotule OU
–– Dystrophie sympathique réflexe –– Douleur à la palpation de la tête du péroné OU
–– Synostose (soudure de deux os avoisinants) –– Incapacité de fléchir le genou à un angle de
90 degrés OU
TESTS DIAGNOSTIQUES –– Si le patient ne peut prendre appui sur le pied
Radiographie si possible mais seulement si le résultat immédiatement après le traumatisme et ne pas faire
peut avoir une incidence sur la décision de transférer plus de quatre pas au moment de l’examen
le client à l’hôpital. Dans ces cas, utilisez les Règles
Un programme de formation sur les Règles d’Ottawa
d’Ottawa pour déterminer si une radiographie
pour le genou est offert en ligne, en anglais seulement
s’impose en cas de lésions à la cheville ou au genou.
à : http://www.ohri.ca/emerg/cdr/ankle_rule_flash.
html. On peut aussi se procurer une affiche, disponible
en anglais seulement à : http://www.ohri.ca/emerg/cdr/
docs/cdr_ankle_card.pdf.

Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires 2011


7–60 Appareil locomoteur

TRAITEMENT117 Ne plâtrez pas les fractures.


La plupart des os se soudent en 4–6 semaines; ce Ne tentez pas de réduire une fracture avec
délai est parfois plus long pour les os des membres déplacement.
inférieurs et moins long chez les enfants. Voir
« Traitement de fractures particulières des membres –– Immobilisez et soutenez la région blessée à l’aide
supérieurs » dans cette section pour plus de détails. d’attelles, d’une attelle postérieure ou d’une
écharpe (pour les membres supérieurs) selon
Objectifs ce qui convient afin de maintenir le membre
dans sa position actuelle, sauf (si la fonction
–– Stabiliser la fracture neurovasculaire distale (par exemple, pouls,
–– Atténuer la douleur fonctions motrice et sensorielle) n’est pas intacte.
–– Prévenir ou traiter les complications En cas de trouble neurovasculaire, consultez un
médecin avant de poser une attelle. Les attelles
Consultation aident à réduire la douleur
Consultez un médecin pour toutes les fractures –– N’administrez rien par voie orale dans les cas où
soupçonnées ou confirmées. Toutes les fractures vous soupçonnez une fracture avec déplacement ou
ouvertes et de nombreuses fractures comminutives une atteinte neurovasculaire, car le client pourrait
nécessitent un traitement chirurgical124. avoir besoin d’une intervention chirurgicale
Fracture ouverte
Traitement adjuvant
Si la fracture est ouverte, le client doit, en attendant
Si le client victime d’une fracture majeure (par
la consultation urgente en orthopédie, recevoir un
exemple, fémur, pelvis, hanche) (voir aussi la section
traitement prophylactique par antibiotiques et un
« Fracture du bassin » dans le chapitre 14 intitulé
vaccin antitétanique (au besoin); on doit également
« Urgences générales et traumatismes majeurs »)
procéder à une irrigation stérile de la peau et poser
est hypertendu, traitez‑le pour un état de choc :
un bandage stérile.
–– Administrez de l’oxygène à raison de 10 à 12 l/min
ou plus à l’aide d’un masque; maintenez le taux de Éducation du client
saturation en oxygène au‑dessus de 97 % à 98 % –– Expliquez au client l’utilisation appropriée des
–– Mettez en place deux tubulures IV de gros calibre médicaments (dose et fréquence)
et administrez un soluté physiologique ou du –– Conseillez‑lui de surélever le membre fracturé
lactate de Ringer au besoin (voir la section « État le plus possible au cours des premiers jours pour
de choc » dans le chapitre 14 intitulé « Urgences atténuer la tuméfaction
générales et traumatismes majeurs ») –– Si le client porte une attelle, conseillez‑lui
Pour le traitement d’un état de choc hypovolémique, d’appliquer de la glace pendant les 72 premières
voir la section « État de choc » dans le chapitre heures
14 intitulé « Urgences générales et traumatismes –– Montrez-lui comment prendre soin de son attelle
majeurs ». et de son plâtre et comment garder ce dernier sec;
dites-lui d’éviter d’y insérer des objets, car cela
Interventions non pharmacologiques125 pourrait blesser la peau
–– Conseillez‑lui de revenir à la clinique dès que
–– Utilisez la méthode de l’ABC (airway, breathing
possible si la douleur augmente ou si de nouvelles
and circulation ‑ voies aériennes, respiration et
douleurs surviennent, si une pression, un
circulation) pour l’évaluation et la stabilisation
engourdissement ou des picotements surviennent,
–– Vérifiez la présence de lésions potentielles en
en cas de dommages importants au plâtre ou à
fonction du mécanisme de la blessure
l’attelle, en cas de saignement ou d’épanchement
–– Effectuez un examen secondaire attentif et traitez hors du plâtre ou de l’attelle, si le membre devient
tout problème de santé aigu ou menaçant le froid, si l’extrémité du membre change de couleur
pronostic vital ou si le client n’est plus capable de bouger les
–– Le client doit éviter tout mouvement excessif articulations distales ou les doigts
de l’os fracturé
–– Appliquez de la glace et surélevez le membre
atteint à un niveau supérieur au cœur, si possible

2011 Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil locomoteur 7–61

–– Montrez‑lui comment prendre soin du membre Surveillance et suivi


blessé après l’enlèvement du plâtre : garder la peau –– Surveillez les signes vitaux et recherchez les signes
propre et bien hydratée avec de l’huile ou de la de tachycardie ou d’hypotension; un état de choc
gelée de pétrole pour prévenir l’assèchement, la peut survenir dans les cas de fractures majeures du
desquamation et l’infection. Le client doit faire pelvis ou du fémur
des exercices d’amplitude de mouvement pour
–– Surveillez l’état neurovasculaire de la région en
retrouver sa mobilité articulaire (prévenez‑le que
aval du siège de la fracture
ces exercices peuvent être douloureux et qu’il
faut parfois un certain temps avant de retrouver –– Dans le cas des fractures non compliquées et
complètement la mobilité) stables, le client doit retourner à la clinique après
3 à 7 jours (ou moins si nécessaire) pour une
Interventions pharmacologiques125 évaluation neurovasculaire125
Analgésiques tels que des AINS pour réduire Orientation vers d’autres ressources médicales
la douleur :
–– Prenez des dispositions pour une évacuation
ibuprofène (Advil, Motrin, génériques), 200 mg, vers l’hôpital, si indiqué, après consultation
1–2 comprimés PO tid-qid prn d’un médecin
ou –– Procédez à l’évacuation médicale d’urgence
naproxène (Naprosyn, génériques), 250 mg, des clients victimes de fractures ouvertes, vu
1–2 comprimés PO bid-tid prn la nécessité d’une consultation immédiate en
orthopédie
Ne pas utiliser l’ibuprofène ou le naproxène en cas de
–– Adressez d’urgence les clients présentant une
contre‑indication à l’AAS ou aux AINS (comme des
fracture avec déplacement à un orthopédiste, car
antécédents d’allergie à l’AAS ou aux AINS ou des
une réparation chirurgicale pourrait s’imposer
antécédents d’ulcère gastro‑duodénal).
En cas de contre‑indications à l’usage d’AINS, ou si PRISE EN CHARGE DES FRACTURES
ces derniers ne sont pas bien tolérés ou ne permettent DES MEMBRES SUPÉRIEURS
pas de suffisamment maîtriser la douleur, il faut Toutes les considérations thérapeutiques
envisager l’emploi d’un analgésique narcotique : susmentionnées s’appliquent aussi aux fractures ci-
morphine 5–10 mg IM ou SC q4h prn dessous(voir « Traitement »).
ou
Fracture de la tête radiale128
acétaminophène avec codéine (Tylenol nº 3),
Le traitement d’une fracture sans déplacement
1–2 comprimés PO q4-6h prn
consiste à mettre le bras en écharpe et à appliquer une
La douleur liée à la fracture peut durer de quelques attelle postérieure sur le coude, pendant 1–2 jours;
jours à une semaine. Après cette période, la douleur le client doit commencer des exercices d’amplitude
peut évoquer la présence d’une complication. dès que possible. Faites le suivi toutes les semaines
Si la douleur n’est toujours pas maîtrisée par l’une des pendant 3 semaines pour vous assurer que l’état
mesures ci‑dessus, consultez un médecin. du patient s’améliore. Procédez à de nouvelles
radiographies si la douleur augmente ou s’il n’y a
Consultez un médecin en cas de fracture ouverte pas d’amélioration au niveau de l’amplitude des
pour obtenir une ordonnance d’antibiotiques mouvements pour vérifier qu’aucun déplacement
prophylactiques si nécessaire (par exemple, les ne s’est produit à cause de la mobilisation (le
fractures ouvertes des phalanges distales ne requièrent déplacement peut survenir si le patient essaie trop
pas d’antibiotiques)126. Les sujets présentant une vite d’effectuer des mouvements).
fracture ouverte ont aussi besoin d’un vaccin
antitétanique s’ils n’ont pas reçu un tel vaccin dans Les cas de fractures ouvertes et instables, avec
les 10 années précédentes. Si la première série déplacement ou luxation de la tête radiale, doivent
d’injections du vaccin antitétanique n’est pas terminée être dirigés vers un chirurgien orthopédiste pour
(< 3 doses d’une série d’injection) ou si le nombre une intervention chirurgicale. Une réparation
d’injections reçues n’est pas connu, administrez le (chirurgicale) ouverte aura de meilleurs résultats
vaccin dans le cas où la dernière dose remonte à plus fonctionnels pour la majorité des fractures de la
de 5 ans127. tête radiale129.

Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires (Revu en avril 2013) 2011
7–62 Appareil locomoteur

Fracture du radius130,131 4–6 semaines136 et les fractures sans déplacement de


Au besoin, un médecin pourra procéder à une la tête métacarpienne peuvent être immobilisées dans
réduction par traction et manipulation. Une fois la une attelle courte pendant 2–3 semaines137. Il faut
fracture réduite, le client doit porter un plâtre court ou répéter les radiographies chaque semaine pendant
une attelle pendant 5–8 semaines. Dans le cas d’une 3 semaines pour assurer la stabilité de la fracture.
fracture sans déplacement qui n’a pas été réduite, Des exercices précoces d’amplitude des mouvements
plâtrez pendant 6 semaines. Une radiographie de (par exemple, flexion du poignet, extension et force
contrôle est effectuée 2 semaines après la blessure, de préhension) doivent être entrepris dès que possible
à travers le plâtre, pour vérifier l’alignement. Si la après le retrait de l’immobilisation.
fracture a été réduite, une radiographie de suivi devrait
Fracture de la phalange distale126,138
être effectuée 6 semaines après la survenue de la
blessure, à travers le plâtre, pour vérifier la guérison Une attelle protectrice posée sur le bout du doigt, avec
et établir si possible quand le plâtre pourra être retiré. l’articulation interphalangienne distale en extension,
Des exercices d’amplitude active des mouvements pendant 3–4 semaines suffit habituellement. S’il
doivent être entrepris immédiatement après le retrait y a angulation ou déplacement, la fracture doit
du plâtre. être réduite. En cas de fracture ouverte, instable,
comminutive ou intra‑articulaire, il faut diriger le
Fracture du scaphoïde102,132 client vers un chirurgien orthopédiste.
Il faut considérer les patients qui présentent une
Fracture des phalanges moyenne
sensibilité de la tabatière (près du scaphoïde) comme
et proximale126,139,140
ayant une fracture du scaphoïde, jusqu’à preuve du
contraire. Les patients ayant une fracture du scaphoïde Les fractures extra‑articulaires stables sans
sans déplacement confirmée ou une sensibilité de la déplacement peuvent être traitées par la pose d’une
tabatière sans fracture apparente sur les radiographies attelle dynamique fixée au doigt adjacent (les 4e et
initiales (les premières radiographies peuvent être 5e doigts doivent être attelés ensemble) pendant
négatives dans jusqu’à 10 % des cas) devraient être 4–6 semaines. Si la douleur ou la tuméfaction
traités par immobilisation dans un court spica plâtré sont importantes, on peut commencer par une
de pouce ou une attelle. Après 7–10 jours, il faut immobilisation de 1–2 semaines dans une attelle.
répéter la radiographie pour confirmer ou infirmer le Effectuez des radiographies de suivi une semaine plus
diagnostic de fracture. Les fractures sans déplacement tard. Des exercices doux d’amplitude de mouvement,
confirmées sont plâtrées pendant 6–10 semaines. Les actifs et passifs, doivent être entrepris après
patients atteints d’une fracture du scaphoïde avec 2 semaines avec fixation au doigt adjacent141. Évaluez
déplacement confirmée devraient porter un long spica le doigt et l’amplitude des mouvements toutes les
plâtré de pouce et devraient être examinés d’urgence 1–2 semaines jusqu’à ce que la fonction normale du
par un chirurgien orthopédiste. doigt soit revenue.
Les grosses fractures intra‑articulaires ou avec
Fracture des métacarpiens133,134,135
déplacement sont habituellement instables et
Les fractures sans déplacement de la base des commandent les soins d’un orthopédiste, tout comme
métacarpiens sont d’abord traitées par immobilisation les fractures ouvertes.
dans un plâtre court couvrant le dos et la paume
de la main atteinte qui permet de placer toutes
les articulations et jointures dans une position
fonctionnelle afin de permettre la diminution de la
tuméfaction. Il faut utiliser une attelle dans les cas
de fractures avec déplacement jusqu’à leur réduction
par un médecin. Une radiographie de suivi dans les
7 jours est requise, après quoi on peut poser un plâtre
court de l’avant‑bras ou une attelle ajustée par un
médecin pendant pour 4 semaines. Autrement, les
fractures des métacarpiens peuvent être maintenues
dans une attelle courte de l’avant‑bras pendant

2011 Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil locomoteur 7–63

OSTÉOMYÉLITE142,143,144 Ostéomyélite chronique

Infection osseuse En plus des symptômes susmentionnés à la section


« Anamnèse » ci‑dessus :
CAUSES –– Présence possible d’une fistule
Infection d’origine bactérienne (les agents pathogènes –– Ulcère qui ne guérit pas
les plus fréquents sont Staphylococcus aureus [50 %
des cas] et les bactéries des genres Streptococcus, Ostéomyélite à diffusion hématogène
Enterobacter et Pseudomonas). En plus des symptômes susmentionnés à la section
« Anamnèse » ci‑dessus :
Facteurs de risque
–– Foyer initial de l’infection souvent non apparent;
–– Propagation d’une infection existante des tissus
dans bien des cas, le client aura des antécédents de
mous ou des articulations
bactériémie aiguë si les vertèbres sont atteintes
–– Traumatisme, fracture ouverte
–– Survient le plus souvent dans les vertèbres
–– Pénétration des micro‑organismes directement dans
–– Se manifeste par une douleur dorsale persistante
les os (par exemple, perforation au niveau du pied,
accompagnée ou non de fièvre légère
chirurgie)
–– L’installation et la progression des symptômes
–– Dissémination hématogène d’une infection
peuvent être brutales ou lentes
préexistante
–– Peut également se manifester par une douleur
Les personnes souffrant de diabète, d’anémie dorsale aiguë accompagnée d’une forte fièvre,
falciforme, de maladies vasculaires périphériques de spasmes des muscles paravertébraux et
accompagnées d’ulcérations cutanées chroniques, d’une rigidité des mouvements (apparence
d’immunosuppression, d’alcoolisme ou d’une de pyélonéphrite)
infection cutanée chronique sont particulièrement
sujettes à l’ostéomyélite. OBSERVATIONS
–– La température peut être élevée
ANAMNÈSE
–– Fréquence cardiaque modérément élevée
–– Présence d’un des facteurs de risque énumérés –– Le client est assez souffrant
ci‑dessus (par exemple, pied diabétique, os
–– Détresse à la mise en charge et/ou lorsque le
palpable ou exposé)
membre n’est pas utilisé
–– Une fièvre légère ou modérée peut être présente,
–– Tuméfaction de la région atteinte parfois fluctuante,
que l’installation de la maladie soit brutale ou lente
avec rougeur de la peau recouvrante
–– Infection possible de l’épiderme et des tissus
–– Diminution de l’amplitude des mouvements
sous‑cutanés
lorsque l’articulation adjacente est atteinte
–– Douleur localisée, parfois accrue par la mise en
–– Fistule possible avec écoulement purulent
charge ou la mobilisation de l’articulation atteinte
(observation tardive et/ou dans les cas chroniques)
–– Chaleur, rougeur et tuméfaction de la région
–– Région chaude et sensible au toucher
atteinte
–– Fracture qui ne guérit pas (ostéomyélite chronique)
–– Fatigue
–– Malaise DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL

Ostéomyélite aiguë –– Arthrite septique


–– Cellulite
–– Apparition graduelle des symptômes sur plusieurs
–– Polyarthrite rhumatoïde évolutive
jours
–– Morsure d’un animal
–– L’ostéomyélite de la hanche, des vertèbres ou
du pelvis ne s’accompagne habituellement que –– Infection ou tumeur touchant la moelle épinière
de douleur –– Goutte
–– Peut entraîner une arthrite septique comme premier –– Thrombose veineuse profonde
symptôme si du pus s’infiltre dans l’articulation –– Trouble des disques lombaires
(voir la section « Arthrite septique »)

Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires 2011


7–64 Appareil locomoteur

COMPLICATIONS Orientation vers d’autres ressources médicales


–– Ostéomyélite chronique avec fistules purulentes Procédez à l’évacuation médicale dès que possible.
–– Douleur osseuse chronique Un traitement de longue durée par des antibiotiques et
–– Perte du membre la consultation potentielle d’un chirurgien général ou
–– Abcès sous‑cutané, osseux, paravertébral ou orthopédique sont requis pour traiter cette maladie.
épidural
–– Bactériémie ARTHRITE SEPTIQUE145,146
–– Fracture Infection articulaire. Habituellement d’origine
–– Cellulite (sur la région atteinte) bactérienne, mais peut aussi être fongique ou
mycobactérienne. Aussi appelée arthrite infectieuse.
TESTS DIAGNOSTIQUES
Environ la moitié des cas intéressent le genou.
Prélèvement d’échantillons de sang pour une formule
sanguine complète, une VSG et des hémocultures × 3 CAUSES
Au nombre des organismes pathogènes fréquents
TRAITEMENT
figurent Neisseria gonorrheae, Staphylococcus
Objectifs aureus, Streptococcus pneumoniae, Mycobacterium
tuberculosis, Pseudomonas aeruginosa, les bacilles
–– Enrayer l’infection Gram négatif et, parfois, Hemophilus. L’infection par
–– Prévenir les complications des agents viraux ou fongiques est rare, mais peut
survenir chez les clients immunodéprimés.
Consultation
Consultez un médecin immédiatement. Facteurs de risque
Facteurs prédisposants
Interventions non pharmacologiques
–– Âge avancé (> 80 ans)
–– Repos au lit
–– Diabète sucré
–– Surélévation et immobilisation de la région atteinte
–– Affection articulaire préexistante (par exemple,
–– Appliquer un bandage stérile sur les ulcères et/ou polyarthrite rhumatoïde)
sur les fistules purulentes
–– Chirurgie articulaire récente
Traitement adjuvant –– Injection intra‑articulaire antérieure de
corticostéroïdes
Amorcez un traitement IV avec un soluté
–– Prothèse articulaire
physiologique pour garder la veine ouverte.
–– Consommation de drogues injectables
Interventions pharmacologiques –– Alcoolisme
–– Infection tégumentaire (par exemple, cellulite),
Antipyrétiques ou analgésiques pour réduire la fièvre
ulcères de peau
et la douleur :
Origine de l’infection
acétaminophène (Tylenol), 325 mg, 1–2 comprimés
PO q4-6h prn (maximum de 4 g [12 comprimés –– Propagation de l’ostéomyélite aux structures
ordinaires] par jour) contiguës
Envisagez d’amorcer un traitement empirique par –– Traumatisme (blessure pénétrante [par exemple,
antibiotiques en consultation avec un médecin si le morsure] ou contondante)
transfert vers l’hôpital est retardé. –– Dissémination hématogène de bactéries (dans
80 % à 90 % des cas) (par exemple, due à l’usage
L’antibiotique utilisé et la voie d’administration
de drogues injectables, à la présence d’un cathéter
(orale ou parentérale) pour le traitement initial de
à demeure, à l’immunosuppression [par exemple,
l’ostéomyélite varient en fonction du tableau clinique
VIH, médicaments])
et des antécédents médicaux du patient. Consultez
un médecin. –– Inoculation pendant une chirurgie dans une
articulation

2011 Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil locomoteur 7–65

ANAMNÈSE DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL


–– Présence d’un des facteurs de risque énumérés –– Synovite localisée due à un traumatisme
plus haut –– Cellulite
–– Fièvre, et occasionnellement frissons –– Rhumatisme articulaire aigu
–– Apparition soudaine d’une douleur monoarticulaire –– Polyarthrite rhumatoïde évolutive
ou polyarticulaire aiguë, qui est souvent intense –– Goutte ou pseudo‑goutte évolutive
(la douleur peut s’intensifier graduellement dans –– Arthrite réactionnelle (syndrome de
le cas des infections d’une articulation prothésée) Fiessinger‑Leroy‑Reiter)
–– Chaleur –– Rhumatisme psoriasique
–– Rougeur –– Maladie de Lyme
–– Tuméfaction –– Arthrite médicamenteuse
–– En règle générale, atteinte d’une grosse articulation –– Arthrite virale
–– Le client est incapable de se porter sur le membre –– Endocardite infectieuse (il faut toujours écarter
atteint ni de mobiliser complètement l’articulation cette possibilité, car l’arthrite septique peut en être
–– Présence possible d’une urétrite, d’une salpingite le signe initial)
ou de lésions cutanées hémorragiques récentes
(évoquant une infection gonococcique) COMPLICATIONS
–– Cathétérisme vasculaire, ou injection ou aspiration –– Septicémie
intra‑articulaires récents –– Choc septique
–– Exposition à des tiques (maladie de Lyme) –– Ostéomyélite
–– Maladie diarrhéique récente –– Destruction articulaire
–– Consommation de drogues injectables –– Dysfonctionnement articulaire
–– Perte du membre
OBSERVATIONS
Absence possible des symptômes classiques TESTS DIAGNOSTIQUES
d’inflammation aiguë chez les sujets âgés ou Prélèvement d’échantillons de sang pour une formule
immunodéprimés et chez les utilisateurs de sanguine complète, un test de vitesse de sédimentation
drogues injectables. globulaire (VSG) différentiel et des hémocultures × 3
–– Température élevée (dans 40 % à 60 % des cas)
–– Fréquence cardiaque élevée TRAITEMENT
–– Le client a l’air malade et très souffrant Objectifs
–– Rougeur articulaire (dans seulement 50 % des cas)
–– Atténuer la douleur et l’inflammation, traiter
–– Tuméfaction articulaire (à cause de l’épanchement)
l’infection
–– Limitation sévère de l’amplitude (active et passive)
des mouvements –– Prévenir les complications
–– Résistance active à la mobilisation de l’articulation Consultation
–– Présence possible de lésions cutanées
hémorragiques Consultez un médecin immédiatement.
–– Chaleur de l’articulation (dans seulement 50 % des
Interventions non pharmacologiques
cas)
–– Sensibilité de l’articulation –– Repos au lit
–– Hypertrophie et sensibilité des ganglions –– Placez le membre dans une attelle, en utilisant des
lymphatiques locaux oreillers ou une planche dorsale, pour protéger la
–– Fistules purulentes (articulation prothésée) région atteinte et pour atténuer la douleur
–– Lésions cutanées papuleuses, pustuleuses et/
Traitement adjuvant
ou vésiculaires (en cas d’arthrite septique
gonococcique) Entamez un traitement intraveineux (IV) avec un
–– Infection cutanée, respiratoire ou urinaire soluté physiologique pour garder la veine ouverte.
concomitante

Guide clinique du personnel infirmier en soins primaires 2011


7–66 Appareil locomoteur

Interventions pharmacologiques L’antibiotique utilisé et la voie d’administration (orale


Analgésiques ou antipyrétiques pour réduire la ou parentérale) pour le traitement initial de l’arthrite
douleur et la fièvre : septique varient en fonction du tableau clinique et
des antécédents médicaux du patient. Consultez
acétaminophène (Tylenol), 325 mg, 1–2 comprimés un médecin.
PO q4-6h prn (maximum de 4 g [12 comprimés
ordinaires] tous les jours) Surveillance et suivi
Envisagez d’amorcer une antibiothérapie empirique Vérifiez les signes vitaux fréquemment.
après consultation du médecin; un retard dans
l’administration du traitement peut entraîner une Orientation vers d’autres ressources médicales
destruction des articulations et/ou une sepsie.
Procédez à l’évacuation médicale dès que possible.

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