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Analyse du discours

Cours Magistral

Agnès Steuckardt et Camille Bouzereau


Plan de la séance
1) Texte et textualité

• De l’étymologie aux défini3ons théoriques en linguis3que textuelle et en analyse du discours

• Les no3ons de cohésion, cohérence, de con3nuité et de progression

• Les marqueurs de textualité : anaphores, connecteurs et théma3ques

• Texte d’étude : Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce (1990)

2) Les procédures de mise en clôture

• Défini3on théorique en analyse du discours (Jean-Marc Sarale)

• Présenta3on des types de mise en clôture

• Texte d’étude : Aide et ac3on


1. Du texte à la textualité
Étymologie de texte

Le texte vient du la3n textus, venu de texere, .sser, texte signifie donc
proprement !ssu, puis enchaînement d'idées et suite de mots
(Larousse universel 1876).
Étymologie de texte
Étymologie de texte
Le prologue de Juste la fin du monde de Lagarce

• Combien cet extrait con-ent-il de phrases ?

• S’agit-il d’un texte ?


Le prologue de Juste la fin du monde de Lagarce

• L’écriture de Lagarce, qui revient toujours sur elle-même pour effacer


ou reformuler, dé.sse pour défiger.

• Appréhender le texte comme un 3ssu c’est l’appréhender comme un


entrelacs de cons3tuants.

MAIS pas nécessairement de phrases !

Le texte ne peut pas être défini comme une simple suite linéaire de
phrases…
Défini2on du Larousse universel

Larousse universel (1876) : Du la3n textus, venu de texere, .sser, texte


signifie donc proprement 3ssu, puis enchaînement d'idées et suite de
mots. Propres paroles d'un auteur par opposi3on aux commentaires :
Le Texte de l'Écriture Sainte, de la Vulgate, Le Texte de Platon, de
Virgile. Le texte grec, le texte la3n.

Autres sens : paroles écrites par l'auteur dans sa langue, propre par
opposi3on aux traduc3ons ; passage de l'Écriture qu'un prédicateur
prend pour sujet de son sermon.
Déconstruc2on des préjugés sur le texte

• Des opposi3ons à oublier pour caractériser ce qu’est un texte ou


non… (l’écrit vs l’oral ; l’original vs la traduc3on, la parole de l’Auteur
vs les commentaires)

• Le texte ≠ la créa3on d’un individu unique (cf. textes juridique,


publicitaire, et même poli3que, portail internet qui sont des créa3ons
anonymes ou collec3ves) ;

• Selon ce]e défini3on la parali]érature, la BD, la publicité, la chanson


ne sont pas des textes.
Défini2on linguis2que du texte

Le texte est une « suite d’énoncés oraux ou écrits posés par leur
producteur – et des-nés à être reconnu par leur(s) des-nataire(s)
– comme un ensemble cohérent progressant vers une fin et
parvenant à cons-tuer une complétude de sens. »
(Détrie et al., 2001 : 350).
Du texte à la textualité

Quatre no3ons fondamentales :

• La cohérence

• La cohésion

• La progression

• La con3nuité
Du texte à la textualité

Quatre no3ons fondamentales :

• La cohérence
• La cohésion

• La progression
• La con3nuité
La cohérence

La cohérence discursive désigne l’ensemble des rela-ons


qu’entre-ent le discours avec son contexte.

è Exemple : une le*re de candidature…


La cohérence

La cohérence discursive désigne l’ensemble des rela-ons


qu’entre-ent le discours avec son contexte.

è La présence d’une argumenta7on poli7que ou d’une déclara7on


d’amour dans une le*re de candidature pour un emploi = manque de
cohérence.
La cohésion textuelle

L’ensemble des rela3ons séman3ques et linguis3ques que le texte


instaure entre les énoncés :

• Les enchainements syntaxiques (ex. les connecteurs)

• Les reprises anaphoriques

è le texte comme 3ssu non pas parce qu’ils comportent des fils mais
parce que les fils sont entremêlés
De l’équilibre con2nuité / progression

L’équilibre entre con!nuité et progression : un facteur fondamental


dans la construc3on de la cohésion textuelle :

« Pour que le développement du texte soit harmonieux, il faut que sa


con!nuité théma!que soit indiquée ou puisse être recons3tuée tout
en introduisant un apport séman!que constamment renouvelé »
(Détrie et al., 2001 : 351).
Entraînement sur le texte d’étude (JFM, Lagarce)

• Les marqueurs de con3nuité : iden3fiez le thème principal du propos.

• Les marqueurs de progression : iden3fiez les informa3ons nouvelles.


Bilan

• Texte : « suite d’énoncés oraux ou écrits posés par leur producteur... comme un ensemble cohérent
progressant vers une fin et parvenant à cons7tuer une complétude de sens. »

• Qu’est-ce qui rend une suite d’énoncés apte à se transformer en texte ? (l’annuaire du téléphone ? une
affiche publicitaire ?)

è un macro-acte de langage (acte de langage, speech act) – suite et somme d’actes de langage par7culiers, il est saisi comme
un acte de communica7on global, composé de plusieurs « séquences » ;
è une unité générale de thème et une con7nuité nécessaires : rela7ons de coréférence, des isotopies lexicales, des anaphores
è une certaine unité énoncia7ve, même s’il y a plusieurs énonciateurs différents (dialogue) ;
è un apport séman7que constamment renouvelé (dynamisme communica7onnel) ;
è une règle de non-contradic7on.
Dépassement
2. Les procédures de mise en clôture
Le sens étroit vs le sens large de clôture

Il faut dis!nguer :

• La clôture au sens large de la clôture textuelle qui inclut toutes les


balises faisant du texte une en3té (= l’objet de notre cours)

• La clôture au sens étroit désigne la délimita3on finale d’un texte


Point de départ

La mise en clôture repose sur la rela3on entre :


• L’ac3vité par laquelle les sujets structurent leurs énoncés en
séquences selon un ou plusieurs genres du discours ou selon un ou
plusieurs types de textes (cf. Journal du dehors d’A. Ernaux)

• La varia3on historique des marques formelles de clôture, leur


adapta3on aux réac3ons du des3nataire et au contexte situa3onnel.

La mise en clôture fait comprendre en quoi la réalité des textes


dépasse tous les critères formels de la textualité.
Les types de mise en clôture

• Éléments péritextuels et paratextuels

• Mise en clôture iconique

• Mise en clôture typographique

• Mise en clôture d’ordre composi3onnel

• Mises en clôture syntaxiques et phoné3ques


Les no2ons de péritexte et de paratexte

Le péritexte et le paratexte entourent le texte et le formatent.

• Le péritexte fonc7onne comme un seuil de l’écriture liJéraire et peut


prendre une valeur de programme ou de manifeste.
Types de péritexte : les notes de bas de page, les 4tres et sous-4tre (cf. Les confessions
de Rousseau qui proclame une rela4on intertextuelle fondatrice).

• Le paratexte accompagne le texte de manière distante. Il occupe une


fonc7on d’iden7fica7on du texte en qu’il catégorise, classe dans un genre
du discours ou une collec7on éditoriale.
Types de paratexte : les commentaires ou ar4cles cri4ques.
La mise en clôture iconique

• Au niveau le plus général = les mises en clôture iconiques (cad des


liens entre l’écrit et les signes visuels ou de la mise en page globale).

è Exemples : photos, dessins, schémas, logos et de leurs rela?ons avec le code


linguis?que

è Quelle rela?on avec le code linguis?que : rela?on de redondance, de


complémentarité, de contradic?on ?

• Ces codes iconiques et plas3ques contribuent à délimiter le texte, à


l’ancrer dans un genre discursif, à en esquisser le sens.
La mise en clôture typographique

• La mise en clôture typographique = le rôle clôturant de la typographie

• Dans la presse écrite, la li]érature, la BD…

• Marqueurs : choix des polices de caractères, des tailles et des polices


de caractère, des puces (indicateurs de séries ou d’énuméra3ons), la
ponctua3on.
La mise en clôture d’ordre composi2onnel

• La mise en clôture d’ordre composi3onnel et séquen3el configurent le


texte par le biais du classement des par3es ;

è Exemple : le découpage d’une pièce de théâtre en actes et scènes


Les mises en clôture syntaxiques et phoné2ques

• Des opéra7ons de mise en clôture percep7bles au niveau de l’énoncé isolé

• Dans des genres liJéraires ou publicitaires qui pra7quent le proverbe, la


maxime, le slogan poli7que ou publicitaire

è Exemple de mise en clôture syntaxique : les rela7ves substan7ves (« qui vole un


œuf vole un bœuf ») me?ent en clôture des proverbes qu’elles signalent par leur
forme même.

è Exemple de mise en clôture phoné7que : la rime à la fin du vers (jusqu’à la fin du


symbolisme).
La mise en clôture dans les sciences du langage

La mise en clôture relève de plusieurs disciplines, à savoir de :

• La sémio3que (les clôtures iconiques et typographiques)

• La séman3que (le rôle des éléments paratextuels et péritextuels ;


trajet séman3que entre clôture ini3ale et clôture finale d’un texte)

• La syntaxe (la forme qui signale le genre dans lequel l’énoncé se


trouve)
Entraînement sur le texte d’étude (Aide et ac9on)

Relevez et analysez les différentes procédures de mises en clôture

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