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BAHMANI Younes
CHAPITRE IV : ANALYSE ET
ÉQUILIBRE FINANCIERS
Plan du chapitre
1. Introduction
2. Notions sur l’analyse financière
2.1. Définition de l’analyse financière
2.3. Objectifs de l’analyse financière
2.4. Étapes de l’analyse financière
2.5. Sources d’informations de l’analyse financière
2.6. Méthodes de l’analyse financière
2.7. Schéma directeur de l’analyse
2.8. étapes de l’analyse financière
3. Rentabilité économique et Rentabilité financière
3.1. Analyse de la rentabilité économique
3.1.1. Profitabilité et rentabilité économique
3.2. Analyse de la rentabilité financière
3.2.1. Le calcul de la rentabilité financière
3.2.2. L’effet de levier
4. Analyse de l’équilibre financier
4.1. Fonds de roulement (FR)
4.2. Besoin en fonds de roulement (BFR)
4.3. Trésorerie nette (TN)
5. Analyse du bilan fonctionnel
5.1. La résolution des déséquilibres
5.2. Flux de trésorerie
5.3. Le tableau de financement
6. La gestion du besoin en fonds de roulement
6.2. Délais de règlement des créances clients
6.3. Délais de règlement fournisseurs
6.4. Délai de rotation des stocks
6.5. Effet de la saisonnalité sur le BFR
6.6. Effet de la croissance sur le BFR
6.7 Analyse des tableaux de flux
7. Ratios de structure financière
7.1. Solvabilité et liquidité
7.2. Les principaux ratios
7.3. La méthode des scores
8. Conclusion
1. Introduction
L'étude financière du bilan constitue l'aspect essentiel de « l'analyse financière statique ». Elle repose sur
l'examen d'un état comptable (le bilan) établi principalement sur la base d'une normalisation. Cette
normalisation, qu'elle soit d'origine nationale ou internationale, implique des contraintes formelles qui
affectent parfois la signification économique et financière du bilan. Elle présente en revanche l'avantage de
fournir un matériau informatif relativement uniforme, sur lequel les analystes financiers peuvent mettre en
œuvre des principes d'analyse généraux et grâce auxquels ils peuvent établir des comparaisons significatives.
Une première méthode d'étude du bilan consiste à mettre en évidence de « grandes masses » regroupant les
postes en sous-ensembles significatifs. Elle conduit à une représentation synthétique du bilan qui permet de
dégager et de calculer les notions fondamentales de fonds de roulement, besoin en fonds de roulement et
trésorerie.
La confrontation entre grandes masses du bilan permet par la suite de formuler la relation fondamentale de
trésorerie qui résume les ajustements financiers fondamentaux sur lesquels repose le fonctionnement de
l'entreprise, à court comme à moyen et long terme.
Enfin, la méthode des ratios apporte des indications complémentaires, plus analytiques, qui permettent
d'approfondir et de préciser celles fournies par l'approche synthétique du bilan.
Cette analyse permet d’étudier les limites, les caractéristiques et les possibles solutions à un problème.
Financier, d’autre part, est un adjectif qui concerne la finance, un concept lié au Trésor public, aux actifs et
aux flux. La notion de finance est utilisée pour évoquer l’étude de la circulation de l’argent entre les individus,
les entreprises ou les États.
Une méthode permettant d’analyser les implications financières des décisions dans le monde des
affaires. À cet effet, il faut appliquer des techniques qui permettent de recueillir des informations
pertinentes, évaluer une série de choses et tirer des conclusions.
Un ensemble de méthodes et outils exploitant (utilisant) des informations financières et
économiques destinées à apprécier la situation financière de l’entreprise et à porter un jugement sur
sa performance.
L’analyse financière consiste à tirer des renseignements sur la santé d’une entreprise, notamment en
matière de solvabilité et de rentabilité, à partir des documents comptables. Cette analyse s’appuie sur
les documents issus de la comptabilité, notamment la liasse fiscale. Il s’agit en quelque sorte de « faire
parler les chiffres ». L’analyse financière est utilisée dans les projets de rachat d’une entreprise ou au
moment d’ouvrir son capital social à de nouveaux investisseurs.
Les informations concernées sont fournies principalement des documents comptables que les entreprises
sont obligées d’établir et de publier. Ces documents appelés « états financiers » sont composés d’un bilan,
un compte de résultat et une annexe (tableau des immobilisations, tableau des amortissements, tableau des
provisions, tableau des créances et des dettes). L’analyse financière appelée parfois diagnostic financier,
s’effectue à partir des états financiers passés (de deux ou trois dernières années généralement).
L’analyse financière consiste à effectuer des collectes sur les documents comptables afin de mettre en
évidence la situation financière de l’entreprise. Plus précise que la liasse fiscale, elle organise les différents
éléments comptables afin de faire apparaître les éventuelles problématiques et émettre un avis : le diagnostic
financier. Elle permet ainsi d’étudier :
C’est en cela qu’on estime qu’une analyse financière permet de « faire parler les chiffres » en termes de
rentabilité, de performances économiques et de stabilité financière. L’analyse financière est un outil précieux
pour émettre un avis sur la santé financière d’une entreprise, que ce soit en interne afin d’améliorer les
performances ou en externe afin de connaître la situation d’un concurrent, d’un fournisseur, en cas de
rachat…
Une analyse financière ne consiste pas à seulement étudier les comptes de l’entreprise. Il faut ainsi
dans un premier temps analyser le secteur économique de la société. On s’attache alors à son
positionnement sur le marché face à la concurrence, ses points forts et ses faiblesses, mais aussi à sa
stratégie pour évoluer sur son secteur.
Ce n’est qu’une fois cette étude du secteur économique et stratégique effectuée que commence
l’analyse des chiffres. Il s’agit en réalité du même schéma que pour l’élaboration d’un business plan.
Une analyse financière pertinente prend connaissance des règles et des méthodes comptables de la
société, ainsi que des éventuels rapports des commissaires aux comptes qui peuvent contenir de
précieuses informations. Elle a trois objectifs clairs :
L’analyse financière va utiliser les données comptables de l’entreprise, notamment la liasse fiscale. Celle-ci
comprend, pour chaque exercice comptable, le compte de résultat, le bilan ainsi que l’ensemble des annexes
obligatoires (détail des amortissements, des provisions, composition du capital social…). Cette
méthodologie sollicite également différents les tableaux (tableau des soldes intermédiaires de gestion, bilan
fonctionnel), ainsi que la lecture de ratios qui sont des indicateurs révélateurs de la santé financière d’une
société.
En utilisant aussi bien des données économiques que comptables, l’analyse financière permet de mettre en
exergue la réalité d’une entreprise à partir de données chiffrées. Elle permet ainsi de connaître la situation
actuelle et future de la société étudiée. Après avoir considéré le contexte économique de l’entreprise par
rapport à son marché, l’examen des chiffres permet d’analyser la solvabilité et la rentabilité d’une entreprise.
Les objectifs peuvent être classés suivant les utilisateurs de l’analyse financière dans le Tableau (1).
Utilisateurs Objectifs
Leur rôle est d’informer les institutions et le public sur les opportunités de
Les analystes
placements financiers via les marchés boursiers.la santé financière des sociétés
financiers
est donc leur principale préoccupation
Les préteurs et Les préteurs et les frs cherchent à s’assurer que l’entreprise peut faire face à ses
les fournisseurs engagements (remboursement des prêts et paiement à terme des factures
Tableau (1) : Les objectifs suivant les utilisateurs de l’analyse financière
1) À l’extérieur de l’entreprise : l’analyste financier doit collecter les informations sur l’environnement
économique de l’entreprise (le marché, la concurrence, clients, fournisseurs, administration publiques,
…) ces informations proviennent essentiellement de :
2) À l’intérieur de l’entreprise : les informations collectées par l’analyste financier proviennent du système
d’information comptable et plus particulièrement des comptes annuels (états financiers) qui comporte :
L’annexe ont l’objectif est de fournir des informations complémentaires sur le bilan et le
compte de résultat.
Cependant, d’autres sources d’information interne peuvent être utilisées tel que : le rapport de gestion
Bilan Comptable
Compte de Résultat
1ère étape :
Elle précise le passage du bilan comptable au bilan retraité, ce dernier pouvant être fonctionnel ou
financier selon l’approche adoptée. Il en est de même du compte de produits et de charges qui doit
être retraité.
2ème étape :
Elle présente le bilan financier (patrimonial ou liquidité) ou fonctionnel en grandes masses, et le CPC
retraité…
3ème étape :
Elle présente, en justifiant le cas échéant les calculs, les ratios les plus significatifs concernant la
structure financière ; la liquidité, l’activité et la rentabilité.
4ème étape :
C’est la plus importante, est l’analyse financière proprement dite. Il s’agit de commenter l’évolution
des ratios (pourquoi cette variation ? Est-ce favorable ou défavorable ? Dans ce dernier cas, que
peut-on faire ? …) Et ceci ratio par ratio ou par bloc de ratios. Cette étape doit mener à un jugement
de valeur ou à une appréciation de la situation financière de l’entreprise (ses forces et les faiblesses).
1) Procéder à l’examen global des états financiers, cet examen porte généralement sur les emplois
(actifs), les ressources (passifs), les ventes et les bénéfices ;
2) Étudier l’environnement de l’entreprise (son secteur d’activité, la convention collective à laquelle elle
doit se référer, la concurrence, la répartition de son capital …) ;
3) Analyser le rapport du vérificateur, l’énoncé des principes comptables, les notes aux états financiers
et d’autres informations pertinentes ;
4) Appliquer les techniques d’analyse comme les ratios, l’étude du bilan en grande masses et autres ;
5) Analyser le compte de résultat et calculer « les soldes intermédiaires de gestions » pour expliquer la
formation du résultat ;
Les documents financiers et non financiers ainsi collectés vont ensuite être analysés selon plusieurs méthodes
complémentaires, chacune apportant un éclairage différent sur un aspect de la situation de l’entreprise, en
particulier sur sa performance et sur sa solidité.
Enfin, porter un jugement sur la situation financière, formuler des recommandations et prendre des
décisions.
La rentabilité économique mesure la rentabilité de l’entreprise dans son ensemble, sans distinction
de l’origine des montants investis (fonds propres ou endettement),
La rentabilité financière mesure la rentabilité du point de vus de l’actionnaire, en s’intéressant
uniquement au rendement des fonds propres.
Lorsque l’entreprise n’est pas endettée, les deux montants sont identiques mais dans le cas contraire ils
peuvent être très différents. Le recours à l’endettement est d’ailleurs un moyen risqué mais efficace d’obtenir
une rentabilité financière élevée à partir d’une rentabilité économique médiocre.
La rentabilité économique est un ratio. Elle est obtenue en divisant le résultat économique (résultat
d’exploitation après impôt) par le montant des capitaux engagés pour obtenir ce résultat (actif économique) :
= éé
=
= :
= é ’
è ô
L’impôt à déduire est celui calculé sur le résultat d’exploitation : il ne faut pas utiliser tel quel le montant
d’impôt sur les sociétés figurant au compte de résultat et qui tient également compte des éléments financiers
et exceptionnels.
L’actif économique, est égal à la somme de l’actif immobilisé et du besoin en fonds de roulement
d’exploitation (cf. chapitre suivant).
De même que pour les SIG, l’utilité de ces calculs est avant tout comparative : un taux de
rentabilité de 7% n’a de signification que comparé à la rentabilité moyenne du secteur d’activité
ou étudié dans son évolution sur plusieurs années.
é É
= ×
é
é
= éé
:
= ℎ ’
é é
Le premier ratio ( ) mesure la profitabilité de l’entreprise,
Le second ( é
) le taux de rotation de l’actif économique.
On s’aperçoit ainsi que deux entreprises peuvent atteindre le même taux de rentabilité économique de deux
façons totalement différentes :
Soit en réalisant un faible taux de marge mais en ayant besoin de peu de capitaux pour réaliser leur
chiffre d’affaires (hypermarchés),
Soit en réalisant un taux de marge plus élevé mais nécessitant un investissement plus important pour
réaliser le même chiffre d’affaires (industrie).
Cette analyse donne également deux solutions possibles à une entreprise souhaitant améliorer sa rentabilité
économique :
La rentabilité financière est un ratio. Elle est obtenue en divisant le résultat net par le montant des capitaux
propres :
= é è
= : =
= é
Les capitaux propres sont égaux à la somme du capital social, des réserves et report à nouveau (bénéfices
accumulés non distribués) et du résultat de l’exercice. On peut également les calculer par différence entre le
total de l’actif et le montant des dettes.
= + é + à + é ’
= −
é ( )= + è ( )
é ’ è ô ( )= é ( )– é
Si on considère, par simplification, que le résultat financier reflète le coût des dettes financières, on en déduit
que :
L’impact de cet écart sera d’autant plus important que le taux d’endettement est élevé, c’est pourquoi on
parle d’effet de levier.
Exemple d’application 1.
Les entreprises « A » et « B » disposent du même actif économique (100.000DA) et réalisent le même résultat
d’exploitation après impôt (8.000DA). Toutes deux ont donc une rentabilité économique de 8%. L’entreprise
« A » a financée son actif économique exclusivement sur fonds propres. Son résultat financier et son résultat
exceptionnel sont nuls. Sa rentabilité financière est donc égale à sa rentabilité économique, soit 8%.
En revanche, l’entreprise « B » a financé 60% de son actif économique par endettement au taux de 5%. Elle
réalise un résultat économique de 8.000DA tout comme l’entreprise A. En revanche, elle a un résultat
financier négatif de 3.000DA avant impôt (60.000 × 5%). Si on considère que le taux d’impôt est de
33,33%, le résultat financier après impôt sera donc de 2.000DA (3.000– 33,33% × 3.000). Sa rentabilité
. – .
financière sera donc de .
= 15%.
L’effet de levier est égal à la différence entre la rentabilité financière et la rentabilité économique divisée par
la rentabilité économique.
– = éé
= : = entabilité inancière
=
= 15– 8
→ = = , %
= 8
L’effet de levier est très recherché, en particulier en période de faibles taux d’intérêts. Il faut
toutefois l’utiliser avec précaution car il accroît le risque de l’entreprise. En effet, si le taux de
rentabilité économique diminue jusqu’à être inférieur au coût de la dette, la rentabilité financière
sera d’autant plus faible (voire négative) que le taux d’endettement est élevé. On parle alors
d’effet de massue.
Exemple d’application 2.
(1.000– 2.000)
( ) = =– 2,5%
40.000
L’effet de levier est alors de :
(−2,5 − 1)
( ) = =– 350%
1
La rentabilité financière est liée à la rentabilité économique par la formule suivante :
= è
=
= +( – )× :
= û ’é ’ ô
= ’ é ê × (1– ’ ô )
=
( – é ê )
=
( × – × )
=
: = é
[ ×( + )– × ]
=
( × + × – × )
=
= +( – )×
En effet, les analystes financiers procèdent à des regroupements et à des sous totaux pour analyser le bilan
(après retraitements) d’une entreprise. Ainsi, le bilan fonctionnel permet d’étudier l’utilisation qui est faite
par l’entreprise de ses ressources.
Nous rappelons que construire un bilan fonctionnel, on distingue trois sous-ensembles dans l’actif et dans
le passif : les éléments à long terme, les éléments à court terme et la trésorerie.
Les éléments à long terme sont appelés les emplois et les ressources stables.
À l’actif (trésorerie positive) : les sommes disponibles en banque ou en caisse, les placements de
trésorerie à court terme,
Au passif (trésorerie négative) : les découverts bancaires et concours bancaires courants.
Emplois Stables
Ressources stables
Emplois
Circulants Ressources
Circulantes
Trésorerie
Positive Trésorerie Négative
= –
Emplois
Stables Ressources
Fonds de Stables
Roulement
= –
Ressources
Emplois Circulantes
Circulants
Besoin en fonds
de roulement
Il peut être intéressant de distinguer, d’une part, le BFR lié à l’exploitation et, d’autre part, le BFR non lié à
l’exploitation :
Le BFR d’exploitation (BFRE) est composé essentiellement des créances clients, des stocks, des dettes
fournisseurs et des dettes sociales,
Le BFR hors exploitation (BFRHE) est composé des autres créances et dettes (en particulier celles
liées aux achats et cessions d’immobilisations),
Le BFR d’exploitation évolue proportionnellement au volume d’activité et peut de façon pertinente être
exprimé en jours de chiffre d’affaires.
Trésorerie
Trésorerie nette
positive Trésorerie
négative
Comme l’actif et le passif sont équilibrés, on obtient par construction :
é ( )= –
Trésorerie nette
FR
BFR
Il s’intéressera ensuite au BFR, qu’il détaillera en BFR structurel et BFR conjoncturel. Le BFR structurel
correspond au montant stable du BFR. En effet, même si les créances, dettes et stocks du bilan sont à court
terme, ils sont constamment renouvelés et l’entreprise a toujours un montant minimum à son bilan.
Le BFR conjoncturel correspond aux éléments éphémères des emplois et ressources circulants, liés à des
fluctuations saisonnières de l’activité ou à des opérations exceptionnelles (cession d’immobilisation par
exemple).
Université Batna 2 - Faculté technologie Département Génie industriel Page 63
Gestion financière [GI 014] Chapitre IV : Analyse et Équilibre Financières Dr. BAHMANI Younes
Variations
Montant en DA
Niveau structurel conjoncturelles BFR
du BFR du BFR
La distinction entre BFR structurel et conjoncturel est parfois délicate. Elle peut être menée de plusieurs
façons :
Le BFR structurel peut être reconstitué lorsque l’on connaît les délais moyens de stockage, et de
règlement des clients et des fournisseurs de l’entreprise (on parle alors de BFR normatif) ;
Lorsque l’entreprise établit des comptes trimestriels, on peut calculer le BFR structurel comme la
moyenne des BFR trimestriels :
On peut considérer que l’entreprise a choisi la date de clôture de ses comptes de façon à présenter
le BFR le plus faible possible et que le BFR d’exploitation calculé à la clôture comptable
correspond au minimum incompressible, donc au BFR structurel (le BFRHE est considéré comme
structurel).
L’analyste financier s’assurera que le fonds de roulement est suffisant pour couvrir la partie structurelle du
BFR. Les variations conjoncturelles du BFR pourront être absorbées par la trésorerie. Il est donc tout à fait
normal que la trésorerie soit parfois négative, à condition que cette situation ne soit que temporaire :
Montant en DA
BFR
T- T- T- FR
T+ T+
En revanche, une trésorerie nette systématiquement négative est une situation alarmante qui risque de
conduire l’entreprise à la faillite :
Montant en DA
T-
FR
Le FR est insuffisant par rapport au BFR → la trésorerie
est systématiquement négative.
Temps
Inversement, une trésorerie trop importante ne fait pas courir de risques à l’entreprise mais génère un
manque à gagner. En effet, la trésorerie est peu ou pas rémunérée et les sommes disponibles devraient être
investies dans des placements plus rentables.
Montant en DA
FR
T+ T+
Remarque :
Les analyses exposées ci-dessus doivent être adaptées en fonction des secteurs d’activité. Ainsi,
pour un hypermarché dont les clients règlent au comptant, il est tout à fait normal d’avoir un
fonds de roulement négatif et de financer une partie des investissements par des ressources
circulantes (crédit fournisseurs).
En revanche, si la trésorerie reste continuellement (ou du moins fréquemment et longuement) négative, cela
signifie que le FR est insuffisant par rapport au BFR. Le chef d’entreprise doit alors soit augmenter le fonds
de roulement, soit réduire le BFR.
De tels déséquilibres sont fréquents dans les entreprises en forte croissance. En effet, les éléments du BFR
évoluent proportionnellement à l’activité. Il est important de les anticiper par des prévisions de trésorerie
(d’où l’intérêt du calcul du BFR en jours de chiffre d’affaires) afin d’obtenir en temps utiles les capitaux
nécessaires.
BFR en croissance
Montant en DA
T-
T- FR Stable
T+
T+
BFR < FR → T > 0
Temps
∆ =∆ − ∆
Le tableau de financement présente séparément les nouvelles ressources obtenues durant l’exercice et
l’usage qui en a été fait, c’est-à-dire les nouveaux emplois. Les nouvelles ressources peuvent provenir des
éléments suivants :
Capacité d’autofinancement,
Augmentation de capital,
Nouvel emprunt bancaire,
Réduction du BFR,
Obtention de concours bancaires courants, etc.
Les nouveaux peuvent être les suivants :
Investissement,
Financement de l’augmentation du BFR,
Distribution de dividendes,
Remboursement d’emprunts,
Amélioration de la trésorerie, etc.
5.2.1. Tableau des flux de trésorerie (statement of cash flows)
Le tableau des flux de trésorerie a pour objet de montrer la contribution de chacune des trois grandes
catégories d'opérations de l'entreprise (activité, investissement, financement) à la variation globale de
trésorerie au cours d'un exercice. La notion de trésorerie retenue recouvre les disponibilités (caisse et dépôts
bancaires à vue) ainsi que l'ensemble des instruments financiers qui permettent à l'entreprise de gérer, sans
prendre de risques significatifs, ses excédents ou ses besoins de trésorerie à court terme.
Fondamental : Le tableau des flux de trésorerie permet de calculer la notion de Free Cash-Flow que nous
retrouverons dans le module 7.
= ′ + ′
Tableau des flux de trésorerie (en Mum) N N+1 N+2 N+3 N+4
EBE 1894 2 003 1 975 2 005 2 191
- Variation du besoin en fond de roulement 95 149 -212 59 195
Flux de trésorerie provenant de l'exploitation 1 799 1 854 2 187 1 946 1 996
- charges financières nettes pdt fin 147 154 127 106 143
- IS 298 314 290 307 293
Flux de trésorerie généré par l'activité 1 354 1 386 1 770 1 533 1 560
- Investissements 845 1114 846 788 3635
+ cession d'actifs 0 0 0 0 0
= flux d'investissement 845 1 114 846 788 3 635
Flux de trésorerie disponible avant impôt 509 272 924 745 -2 075
+ Augmentation de capital -185 130 -350 10 548
- Dividendes versés 287 355 396 459 489
Désendettement/endettement net -408 602 -825 -126 2 782
= Flux de trésorerie lié aux opérations de financement -880 377 -1 571 -575 2 841
= flux global de trésorerie -371 649 -647 170 766
Commentaire :
L'entreprise engendre des flux importants de trésorerie grâce à son exploitation. L'activité
est donc saine. L'acquisition en N+4 n'a porté préjudice au flux global de trésorerie.
L’analyse de ce tableau complète utilement celle du bilan fonctionnel : un bilan fonctionnel tout juste
équilibré n’aura pas du tout la même signification selon qu’il résulte de la dégradation d’une situation très
confortable ou du rétablissement d’une situation fortement déséquilibrée.
Le tableau de financement peut également être établi de façon prospective en recensant les ressources et les
emplois estimés pour les années à venir. On parle alors de « plan de financement ». L’établissement d’un tel
document est très utile pour anticiper les besoins de trésorerie liés à la croissance ou aux investissements.
Diminuer le BFR suppose de réduire les stocks et créances et /ou d'augmenter les dettes fournisseurs.
Attention, il ne s'agit pas d'agir sur les prix mais sur les délais (vendre moins cher pour diminuer ses créances
clients n'a pas de sens !). En effet, le BFR existe de par le décalage entre le jour de la réalisation d'une vente
ou d'un achat et le jour du paiement correspondant.
Remarque :
Le compte de résultat permet de retrouver un chiffre d'affaires HT. Il faut ensuite y appliquer le taux de
TVA. Attention, certaines entreprises peuvent mener des activités à des taux différents (19,6%, 5,5%,
2,1%). Un calcul au prorata s'impose alors...
Diminuer les créances clients : Bien entendu, on ne va pas baisser les prix de vente ! Cela « risquerait »
même d'augmenter la demande et donc les créances... En essayant d'imposer des délais de paiement plus
courts aux clients, l'entreprise peut baisser le montant de ses créances, puisqu'elles seraient réglées plus
vite. Malheureusement, les délais de paiement accordés aux clients sont souvent la résultante des usages
du secteur qu'il est parfois préférable de respecter sous peine de voir partir sa clientèle vers la concurrence.
Une autre solution est de proposer un escompte de règlement aux clients qui acceptent de payer comptant.
Remarque : L’escompte de règlement Réduction de prix accordée au client contre paiement comptant de
la facture. Un client attendant l'échéance de la facture ne peut prétendre à cette réduction du
prix.
A l'inverse, l'entreprise peut tenter de négocier des délais de règlement plus long auprès de ses
fournisseurs, mais là aussi, elle se heurtera bien souvent aux délais pratiqués dans son secteur.
Il n'est donc pas toujours facile d'agir sur les délais. Lorsque le BFR reste supérieur au FR, peut être prise
la décision de financer ce surplus en augmentant le FR. Ainsi, un BFR structurellement élevé mais
correspondant à l'activité normale de l'entreprise pourra être financé par une augmentation des capitaux
permanents (FR).
é = ×
é
= ×
û
é è è
è è
= ×
è è
Diminuer le délai de stockage : C'est un risque car le stock est là pour assurer le bon déroulement de la
production sans rupture de stock. Un travail sur les approvisionnements peut améliorer les délais de
livraison à travers la mise en place de partenariat avec les fournisseurs. Un fournisseur fiable assurant des
délais de livraisons courts peut être le partenaire idéal dans la mise en place d'une politique de gestion des
stocks en flux tendus.
Remarque : La gestion des stocks en flux tendus vise à rationaliser les stocks en amont (matières
premières) et en aval (produits finis) de la production. Les stocks de produits finis n'existent
pas car on ne produit qu'après avoir reçu des commandes fermes des clients. De même, les
stocks de matières premières sont minimisés car on ne va lancer des commandes
fournisseurs qu'en fonction des commandes clients reçues.
Une entreprise de fourniture scolaire n'a pas le même BFR en septembre qu'en avril. De même, le
producteur de fraise bio n'aura pas la même activité en mai et en janvier !
Exemple : Prenons l'exemple d'une petite entreprise spécialisée dans la vente de chouchou sur les plages
de la Côte d'Azur. Au printemps, elle constitue le stock de chouchou qu'elle compte écouler
sur les plages en juillet et août. Les clients paient comptant, il n'y a donc pas de créances
clients. Il est alors facile de comprendre qu'établir le BFR en juin et en septembre ne donnera
pas le même montant.
En juin, les stocks sont importants, ce qui gonfle le BFR et donne une trésorerie peut être
négative.
En septembre, les stocks sont vides, les créances inexistantes et la trésorerie pleine ! Le BFR
est alors vraisemblablement proche de 0 voire négatif.
Aussi, conclure à la vue du BFR de juin que l'entreprise court de gros risques financiers est
maladroit. À cette date, ce BFR élevé pèse sans doute sur la trésorerie, mais il est fort probable
que le dirigeant aura négocié un découvert bancaire sous forme de crédit de campagne.
En cas d'activité saisonnière, l'analyse du BFR devra donc être fortement relativisée en fonction de la date
d'établissement du bilan...
Hormis les échecs de nature commerciale ou technique, une des principales causes de disparition de jeunes
entreprises est la mauvaise appréciation du BFR nécessaire à l'activité et donc l'absence d'un financement
adéquat.
Il existe plusieurs modèles, chacun reposant sur des conceptions financières différentes :
Le TPFF (tableau pluriannuel des flux financiers) beaucoup utilisé dans les années 70 et 80,
Le tableau de l’ordre des experts-comptables (OEC)
Le tableau de la centrale des bilans de la banque de France.
À titre d’exemple, le tableau de l’OEC regroupe les variations de ressources et d’emplois en trois catégories :
La somme des flux de ces trois catégories explique la variation de la trésorerie sur l’exercice.
Le principal risque étudié est le risque d’insolvabilité, c’est-à-dire l’incapacité pour l’entreprise à rembourser
ses dettes à leur échéance. Dans ce cas, les apporteurs de ressources externes (banquiers et fournisseurs)
perdront une partie de leur créance sur l’entreprise.
Une entreprise peut se retrouver en situation d’insolvabilité dans deux cas de figure :
si le produit de la vente de ses actifs est insuffisant pour rembourser ses dettes,
si le montant des actifs est suffisant pour rembourser les dettes mais que ceux-ci ne sont pas
disponibles au moment où les dettes arrivent à échéance.
On réservera le terme d’insolvabilité à la première situation. Dans le second cas, on parlera d’illiquidité.
Ce ratio, appelé ratio d’autonomie financière, est particulièrement étudié par les banquiers car les capitaux
propres sont pour eux une garantie. En effet, en cas de liquidation de l’entreprise, les actionnaires seront les
derniers servis lors de la vente des actifs. Si l’actif s’avère insuffisant pour couvrir le passif, la perte sera donc
imputée sur les fonds propres avant de l’être sur les autres dettes :
Le même bilan mais avec une proportion de capitaux propres plus faible :
Actif
Valeur
liquidative
Dettes Les dettes ne sont
de l’actif que partiellement
remboursées
Bien qu’il n’existe pas de norme absolue, un « bon » rapport ne doit pas être inférieur à 1/3
(exceptionnellement 1/4).
=
è
Ce ratio représente la structure de financement de l’entreprise (autofinancement ou recours à l’emprunt). Là
encore, il n’existe pas de norme absolue, mais en règle générale un « bon » rapport ne doit pas être inférieur
à 1.
è
=
Ce ratio représente le nombre d’années nécessaires pour rembourser la dette dans le cas où la CAF serait
exclusivement employée à ce remboursement (pas de dividendes ni d’investissements). Ce chiffre peut
utilement être comparé à l’échéancier des dettes financières : un ratio de 4 est correct si l’endettement est en
moyenne à 8 ans mais inquiétant s’il est à échéance d’2 ou 3 ans.
à ’
=
à ’
Ce ratio, appelé ratio de liquidité, reflète le risque d’illiquidité de l’entreprise. Il doit être au moins supérieur
à 1 car sinon l’entreprise risque de se retrouver en situation de cessation de paiement.
Il n’existe pas une formule type, mais chaque banque ou agence de notation a développé sa propre fonction
de « scoring » qu’elle conserve secrète pour éviter que les comptes soient « maquillés » de façon à se présenter
de la façon la plus avantageuse possible.
À titre d’exemple le score de Conan et Holder (un peu ancien mais simple à calculer) s’obtient grâce à la
formule suivante :
Soit :
= =
= =
× + × + × – × – ×
8. Conclusion
La réalisation d’une analyse financière nécessite d’avoir une bonne connaissance du marché visé (il s’agit
généralement de l’entrepreneur) et des compétences particulières en analyse financière (l’expert-comptable
est alors le mieux positionné). Devant l’enjeu que peut représenter l’analyse financière avant un éventuel
rachat, l’accompagnement par un professionnel est vivement recommandé.
L’analyse financière poursuit plusieurs objectifs, qui peuvent être différents en fonction du destinataire (un
prêteur n’a pas les mêmes préoccupation qu’un acquéreur par exemple). En fin, La conclusion de cette
analyse se matérialise par une vision très claire de la solvabilité de l’entreprise, de sa rentabilité et de ses
perspectives.