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LITTÉRATURE ET PRESSE :

CHAPITRE 2, L'ENGAGEMENT
DES AUTEURS

Course contents
Table des matières
1 ACCUEIL DE LA SÉQUENCE ..........................................................................................................................3
1.1 PRÉSENTATION DU CHAPITRE.......................................................................................................................3
2 SÉANCE 1 : LES FIGURES DE L’ENGAGEMENT............................................................................................4
2.1 LES FORMES DE L’ENGAGEMENT ..................................................................................................................4
2.2 QU’EST-CE QUE L’ENGAGEMENT ?................................................................................................................5
2.3 ÉCRIRE, C’EST QUOI ? .................................................................................................................................5
2.4 PETITE HISTOIRE DE L’ENGAGEMENT .............................................................................................................7
2.5 SYNTHÈSE .................................................................................................................................................7
3 SÉANCE 2 : LIRE UNE LETTRE OUVERTE : « J’ACCUSE ! » D’ÉMILE ZOLA................................................8
3.1 PRÉSENTATION DE LA SÉANCE 2...................................................................................................................8
3.2 ANALYSER LA SITUATION D’ÉNONCIATION ......................................................................................................9
3.3 RÉDIGER UN PARAGRAPHE D’ANALYSE ........................................................................................................12
3.4 SYNTHÈSE ...............................................................................................................................................12
4 SÉANCE 3 : LIRE UN TÉMOIGNAGE : ..........................................................................................................12
4.1 INTRODUCTION DE LA SÉANCE ....................................................................................................................12
4.2 ÉTAPE 1 - PRÉSENTATION DE L’AUTEUR ET DU CONTEXTE D’ÉCRITURE DE SI C’EST UN HOMME ...........................14
4.3 ÉTAPE 2 : FAIRE LE PLAN DU TEXTE ............................................................................................................14
4.4 ÉTAPE 3 - ANALYSER LA FONCTION DE CE DOUBLE PORTRAIT ET DE LA SOBRIÉTÉ DU LANGAGE ...........................16
4.5 SYNTHÈSE ...............................................................................................................................................16
5 SYNTHÈSE DE LA SÉQUENCE .....................................................................................................................17
5.1 CONCLUSION DU CHAPITRE 2 .....................................................................................................................17
6 GLOSSAIRE...................................................................................................................................................17
7 DOCUMENTATION........................................................................................................................................18
8 MÉTHODOLOGIE ..........................................................................................................................................18
9 CRÉDITS .......................................................................................................................................................18
1 Accueil de la séquence

1.1 Présentation du chapitre

Cliquez sur les titres pour découvrir le résumé de chaque séance.

Séance 1
Découvrir des figures de l’engagement
Séance 2
Analyser une lettre ouverte : « J’accuse ! » de Zola

Séance 3
Analyser la force d’un témoignage : Primo Lévi, Si c’est un homme

1.1.1 Objectifs de la séquence

Analyser comment les formes de l’argumentation directe et les témoignages ont permis la défense des
valeurs humaines.

1.1.2 Résumé de la séquence

Les XIXe, XXe et XXIe siècles sont des siècles de progrès scientifiques et économiques majeurs, rendant les
conditions de vie de plus en plus aisées. Pourtant, ces siècles ont connu et connaissent des maux terribles :
racisme, colonisation, guerres mondiales, génocides, terrorisme…
Des hommes et des femmes, écrivains mais aussi journalistes, hommes politiques, personnages publics
continuent de s’engager contre les exactions commises contre les hommes. Ce chapitre va permettre de
découvrir quelques figures engagées dans leur siècle.

3 CNED- Littérature et presse : chapitre 2, l'engagement des auteurs


2 Séance 1 : Les figures de l’engagement

2.1 Les formes de l’engagement

2.1.1 Temps de travail indicatif

1 heure

2.1.2 Objectifs de la séquence

La notion « d’ engagement » n’est pas aisée à définir ; certains pensent que tout acte d’écrire est un
engagement, d’autres pensent que la littérature n’a pas pour fonction d’être « engagée », d’autres encore
refusent cette étiquette, trop connotée politiquement.
Pourtant, depuis l’Antiquité, beaucoup d’hommes de lettres ont conseillé des dirigeants politiques, ont
combattu pour des causes justes, ont pris la parole lors de crimes perpétrés contre l’humanité.
Dans cette séance, nous allons donc tenter de définir ce qu’on entend par « engagement », en découvrant
quelques figures majeures du XIXe siècle à nos jours.

2.1.3 Ce que nous allons aborder

 Réflexion sur la notion d’engagement


 Réflexion sur l’acte d’écrire
 Petite histoire de la littérature engagée
 Découverte d’une « affaire » célèbre : l’affaire Dreyfus
 Recherche sur les femmes écrivains engagées

4 CNED- Littérature et presse : chapitre 2, l'engagement des auteurs


2.2 Qu’est-ce que l’engagement ?

Le terme d’écrivain « engagé », comme celui de littérature « engagée », sont apparus au XXe siècle. C’est
finalement une notion assez récente, apparue surtout après la Seconde Guerre mondiale, et qui désigne le
fait que certains écrivains ont éprouvé le besoin d’exprimer leurs opinions politiques clairement, dans leurs
écrits. Ils ont considéré qu’on ne pouvait pas rester neutre et qu’il fallait nécessairement prendre position.
« Engagement » signifie en effet « mise en gage » de la vie au service des idées.
La littérature engagée est marquée par de grandes figures qui ont voulu agir par la parole.
L’auteur le plus célèbre à ce titre-là est Jean-Paul Sartre, qui définit la littérature engagée dans le texte
Qu’est-ce que la littérature ? : « La littérature vous jette dans la bataille ; écrire, c'est une certaine façon de
vouloir la liberté ; si vous avez commencé, de gré ou de force vous êtes engagé »
Réfléchir à la définition de la littérature engagée, c’est se poser la question de ce que veut dire « écrire ».

2.3 Écrire, c’est quoi ?

2.3.1 Vidéo

Regardez cette vidéo une première fois ici .


Exercice 1 - Corrigé à la page 19
Quel est le seul écrivain qui parle explicitement de la notion de littérature engagée ? Comment
comprenez-vous qu’il la définisse comme de la « littérature préfabriquée » ?

5 CNED- Littérature et presse : chapitre 2, l'engagement des auteurs


2.3.2 Exercice

Exercice 2 - Corrigé à la page 19


Regardez la vidéo une seconde fois et attribuez à chaque auteur sa réponse à la question :
"Ecrire, c'est quoi ?". Cochez la réponse exacte.

DESPENTE
CELINE SAGAN PEREC DURAS CAMUS NIN KUNDERA
S

Faire une
compositio
n ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○
musicale

Mettre sa
peau sur ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○
la table.

Se
raccroche
r à la ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○
réalité

Reconstitu
er,
rassemble
r, comme ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○
un
archéolog
ue

S’enterrer ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○
Conserver
tout ce
qu’on ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○
aime

Une
activité ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○
solitaire

Un drôle
de truc,
une autre ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○
vision du
réel

6 CNED- Littérature et presse : chapitre 2, l'engagement des auteurs


2.4 Petite histoire de l’engagement

2.4.1 Exercice

D’autres événements historiques vont donner l’occasion à des écrivains d’exprimer leurs idées :

- Les horreurs de la première guerre mondiale bien sûr qui interrogent les artistes sur l’impuissance de la
raison ; on peut citer Henri Barbusse qui dénonce le « feu » de la guerre ;

- L’Occupation, pendant laquelle certains écrivains comme Louis Aragon, René Char, Paul Eluard entrent
en résistance ;

- L’horreur des camps de concentration dont certains auteurs comme primo Lévi font le récit (nous en
avons étudié un extrait dans le chapitre 1) ;

- Les nombreux conflits, les génocides, le terrorisme qui font s’élever des voix nombreuses.

L’engagement des femmes en littérature


Les manuels et anthologies scolaires font une place plus importante aux hommes qu’aux femmes.
Pourtant, des figures féminines majeures ont su faire entendre leur voix et contribuer à la littérature
d’idées.
Exercice 3 - Corrigé à la page 20
Faites des recherches personnelles et retenez 5 figures féminines majeures, qui, par leur art,
ont réfléchi à des problèmes de société.
Pensez à consigner vos recherches dans votre carnet de lecture !

2.5 Synthèse

2.5.1 Synthèse de la séance

2.5.2 A retenir

On le voit, la notion de littérature engagée est variée et complexe ; les artistes ont toujours su trouver les
mots pour combattre les maux de leur siècle, sans pour autant avoir envie de l’étiquette « engagement ».
Jean-Paul Sartre, qui représente souvent la figure de l’écrivain engagé, expliquait qu’un texte littéraire
n’est presque jamais neutre. Un écrivain serait donc toujours, en quelque sorte, engagé, puisqu’il offre une
vision particulière du monde en défendant des valeurs. Toute littérature serait alors une « littérature
d’idées », même si son projet affiché n’est pas toujours de faire circuler une idée ni d’affirmer une position.

7 CNED- Littérature et presse : chapitre 2, l'engagement des auteurs


2.5.3 Engagement

Définition du dictionnaire le Petit Robert :


« Acte ou attitude de l’intellectuel, de l’artiste qui, prenant conscience de son appartenance à la société et
au monde de son temps, renonce à une position de simple spectateur et met sa pensée ou son art au
service d’une cause ».

2.5.4 Prolongements

Aujourd’hui, la littérature est en quête de repères, face à des traumatismes comme les attentats par
exemple. Michel Houellebecq, souvent de manière polémique et cynique, participe aux débats sur les
violences islamistes dans le monde actuel, en proposant des récits d’anticipation où des sociétés sont
soumises à des dictatures (Soumission par exemple). La littérature contemporaine aborde de nouveaux
thèmes, invente de nouvelles formes, fait entendre de nouvelles voix, comme celle de l’auteur congolais
Alain Mabanckou qui évoque, dans Mémoires du porc-épic, la complexité du monde africain. Le théâtre
exprime le désenchantement mais sait aussi porter des voix fortes qui viennent penser le déracinement,
comme Wajdi Mouawad par exemple.
3 Séance 2 : Lire une lettre ouverte : « J’accuse ! » d’Émile Zola

3.1 Présentation de la séance 2

3.1.1 Objectif de la séance

Une lettre ouverte est un texte rédigé en forme de lettre et adressé à une personne (ou à un groupe de
personnes) en particulier, mais qui est volontairement rendu public, généralement par sa diffusion dans la
presse.
L'exemple le plus célèbre est la lettre intitulée « J'accuse ! » qu’Émile Zola adresse au Président de la
République Félix Faure et qui est publiée le 13 janvier 1898 en première page du journal l'Aurore.
Dans son réquisitoire, Zola défend la thèse de la fraude judiciaire au service de la raison d’État, ou plutôt de
la « raison de l’Armée »

8 CNED- Littérature et presse : chapitre 2, l'engagement des auteurs


3.1.2 Ce que nous allons aborder

Objectifs en termes de savoirs :

 Analyser la situation d’énonciation


 Comprendre les accusations portées
 Analyser les procédés oratoires

En termes de savoir-faire :

 Rédiger un paragraphe d’analyse

3.1.3 Temps de travail indicatif

1 heure

3.2 Analyser la situation d’énonciation

3.2.1 Les destinataires de la lettre

Mais cette lettre est longue, monsieur le Président, et il est temps de conclure.
J’accuse le lieutenant-colonel du Paty de Clam d’avoir été l’ouvrier diabolique de l’erreur judiciaire, en
inconscient, je veux le croire, et d’avoir ensuite défendu son œuvre néfaste, depuis trois ans, par les
machinations les plus saugrenues et les plus coupables.
J’accuse le général Mercier de s’être rendu complice, tout au moins par faiblesse d’esprit, d’une des plus
grandes iniquités du siècle.
J’accuse le général Billot d’avoir eu entre les mains les preuves certaines de l’innocence de Dreyfus et de
les avoir étouffées, de s’être rendu coupable de ce crime de lèse-humanité et de lèse-justice, dans un but
politique et pour sauver l’état-major compromis.
J’accuse le général de Boisdeffre et le général Gonse de s’être rendus complices du même crime, l’un
sans doute par passion cléricale, l’autre peut-être par cet esprit de corps qui fait des bureaux de la guerre
l’arche sainte, inattaquable.
J’accuse le général de Pellieux et le commandant Ravary d’avoir fait une enquête scélérate, j’entends par
là une enquête de la plus monstrueuse partialité, dont nous avons, dans le rapport du second, un
impérissable monument de naïve audace.
J’accuse les trois experts en écritures, les sieurs Belhomme, Varinard et Couard, d’avoir fait des rapports
mensongers et frauduleux, à moins qu’un examen médical ne les déclare atteints d’une maladie de la vue
et du jugement.
J’accuse les bureaux de la guerre d’avoir mené dans la presse, particulièrement dans L’Éclair et dans
L’Écho de Paris, une campagne abominable, pour égarer l’opinion et couvrir leur faute.
J’accuse enfin le premier conseil de guerre d’avoir violé le droit, en condamnant un accusé sur une pièce
restée secrète, et j’accuse le second conseil de guerre d’avoir couvert cette illégalité, par ordre, en
commettant à son tour le crime juridique d’acquitter sciemment un coupable.

9 CNED- Littérature et presse : chapitre 2, l'engagement des auteurs


Exercice 4 - Corrigé à la page 21
Relisez le début de cette lettre et dites quels en sont les destinataires.

3.2.2 La prise à partie des témoins

Exercice 5 - Corrigé à la page 22


Surlignez en jaune tous les adversaires auxquels Zola s’adresse et en vert les images
péjoratives qui leur sont associées.

Les adversaires
Les images péjoratives
auxquels Zola
qui leur sont associées
s’adresse

Mais cette lettre est longue, monsieur le Président, et il est temps de conclure.
J’accuse le lieutenant-colonel du Paty de Clam d’avoir été l’ouvrier diabolique de l’erreur judiciaire, en
inconscient, je veux le croire, et d’avoir ensuite défendu son œuvre néfaste, depuis trois ans, par les
machinations les plus saugrenues et les plus coupables.
J’accuse le général Mercier de s’être rendu complice, tout au moins par faiblesse d’esprit, d’une des plus
grandes iniquités du siècle.
J’accuse le général Billot d’avoir eu entre les mains les preuves certaines de l’innocence de Dreyfus et de
les avoir étouffées, de s’être rendu coupable de ce crime de lèse-humanité et de lèse-justice, dans un but
politique et pour sauver l’état-major compromis.
J’accuse le général de Boisdeffre et le général Gonse de s’être rendus complices du même crime, l’un
sans doute par passion cléricale, l’autre peut-être par cet esprit de corps qui fait des bureaux de la guerre
l’arche sainte, inattaquable.
J’accuse le général de Pellieux et le commandant Ravary d’avoir fait une enquête scélérate, j’entends par
là une enquête de la plus monstrueuse partialité, dont nous avons, dans le rapport du second, un
impérissable monument de naïve audace.
J’accuse les trois experts en écritures, les sieurs Belhomme, Varinard et Couard, d’avoir fait des rapports
mensongers et frauduleux, à moins qu’un examen médical ne les déclare atteints d’une maladie de la vue
et du jugement.
J’accuse les bureaux de la guerre d’avoir mené dans la presse, particulièrement dans L’Éclair et dans
L’Écho de Paris, une campagne abominable, pour égarer l’opinion et couvrir leur faute.
J’accuse enfin le premier conseil de guerre d’avoir violé le droit, en condamnant un accusé sur une pièce

10 CNED- Littérature et presse : chapitre 2, l'engagement des auteurs


restée secrète, et j’accuse le second conseil de guerre d’avoir couvert cette illégalité, par ordre, en
commettant à son tour le crime juridique d’acquitter sciemment un coupable.

Aide pour le surlignage

3.2.3 Analyser les accusations formulées

Exercice 6 - Corrigé à la page 23


Associez à chaque personne ou binôme les reproches formulés. Cochez la bonne réponse à
chaque fois.

Belhomme,
Pellieux et du Paty de Boisdeffre et
Mercier Varinard et Billot
Ravary Clam Gonse
Couard

Volonté de
couvrir sa ○ ○ ○ ○ ○ ○
propre faute

Aveuglement
clérical et ○ ○ ○ ○ ○ ○
militaire

Dissimulation
de preuves ○ ○ ○ ○ ○ ○
Complicité par
lâcheté ○ ○ ○ ○ ○ ○
Partialité et
bonne ○ ○ ○ ○ ○ ○
conscience

Expertise
graphologique ○ ○ ○ ○ ○ ○
erronée

3.2.4 Analyser le système de valeurs invoqué

Exercice 7 - Corrigé à la page 23


Zola en appelle à la justice pour tous , à la vérité, au « droit au bonheur ». À quel mouvement
littéraire correspondent ce valeurs ?
Cochez la bonne réponse.

○ Au Classicisme

11 CNED- Littérature et presse : chapitre 2, l'engagement des auteurs


○ Aux Lumières

○ Au Romantisme

3.3 Rédiger un paragraphe d’analyse

Dans votre carnet de lecture, rédigez un paragraphe d’analyse autour des questions suivantes :
1/ Comment l’auteur s’engage-t-il personnellement dans cette lettre ?
2/ Quels sont les procédés utilisés par Zola qui traduisent un élan oratoire ?
3/ Quelle image l’auteur donne-t-il de lui ?
Vous trouverez un corrigé ICI.

3.4 Synthèse

3.4.1 Synthèse de la séance

3.4.2 A retenir

En proclamant haut et fort son « J’accuse !… », Zola a agi en en intellectuel convaincu de la légitimité de
son
combat.
Lisez les conséquences de cette lettre en suivant ce lien ici.

3.4.3 Vocabulaire à retenir

 Argumentation directe
 Lettre ouverte
 Réquisitoire
 Anaphore
 Élan oratoire

3.4.4 Pour approfondir

Entraînez-vous à lire cette lettre, en vous laissant emporter par l’élan oratoire. Enregistrez-vous pour vous
écouter. Écoutez maintenant une lecture de ce texte par un comédien ; le passage correspondant à notre
extrait est à partir de 29 minutes :

Emile_zola_-_j'accuse.mp3http://www.litteratureaudio.net/mp3/Emile_zola_-_j_accuse.mp3
4 Séance 3 : Lire un témoignage :

4.1 Introduction de la séance

12 CNED- Littérature et presse : chapitre 2, l'engagement des auteurs


4.1.1 Temps de travail indicatif

1 heure

Cliquez sur chacune des cases pour découvrir le résumé des étapes.

Étape 1
Présenter l’auteur
Étape 2
Faire le plan du texte
Étape 3
Analyser la fonction de ce double portrait et de la sobriété du langage

4.1.2 Objectif de la séance

Dans les séances précédentes, nous avons lu des récits ou des discours à thèses, dans lesquelles les
écrivains avaient des causes à défendre. Nous vous proposons dans cette séance de lire non pas un texte à
thèse, mais un témoignage d’un homme et écrivain, Primo Lévi, qui, alors qu’il se trouve dans un camp
d’extermination et qu’il est face à la plus extrême barbarie, se demande ce qui le rattache encore à
l’humanité.
Ce texte souligne combien celle-ci se reconnaît à des gestes et à des rites, mais aussi à la rencontre de
personnages à part.

4.1.3 Ce que nous allons aborder

 Lire un diptyque de portraits exemplaires

13 CNED- Littérature et presse : chapitre 2, l'engagement des auteurs


 Réfléchir sur ce qu’est le témoignage

4.2 Étape 1 - Présentation de l’auteur et du contexte d’écriture de Si c’est un homme

Primo Levi est né à Turin le 31 janvier 1919 dans une famille juive mais peu pratiquante. Après avoir suivi
des études de chimie, il part s'installer à Milan. En 1943, il s'engage dans la Giustizia e Liberta
(organisation antifasciste installée dans les Alpes italiennes) et se fait arrêter le 13 décembre de la même
année, à l'âge de 24 ans, par la milice fasciste. Il est interné au camp de Carpi-Fossoli, tout près de la
frontière autrichienne.
En février 1944, il est déporté à Auschwitz. ; il sera libéré le 27 janvier 1945, date de la libération du camp
par les soviétiques. Il dirigera une entreprise de produits chimiques, se mariera et aura deux enfants. Très
affecté par la montée du révisionnisme, en dépression, il se suicidera le 11 avril 1987. Sur sa tombe sont
inscrits son nom et 174 517, son matricule à Auschwitz.
Si c'est un homme est son premier livre. Il paraît en 1947 : ce journal de sa déportation sera un choc pour
les lecteurs puisqu’il s’agit de l'un des premiers témoignages de la vie au camp d'Auschwitz. L’auteur y
montre comment l'homme peut être déshumanisé, quasi-bestialisé par l'enfer concentrationnaire.

Regardez une présentation du camp d’Auschwitz en suivant ce lien ici.

4.3 Étape 2 : Faire le plan du texte

4.3.1 I - L'arrivée de Jean

Exercice 8 - Corrigé à la page 24


Relisez le début de l’extrait :
Surlignez en jaune le passage narratif, en vert le passage descriptif et en rouge le passage de
discours.

Le passage Le passage Le passage de


narratif descriptif discours

Ce n’était pas le Vorarbeiter, ce n’était que Jean, le Pikolo de notre Kommando.


Jean était un étudiant alsacien. Bien qu’il eût déjà vingt-quatre ans, c’était le plus jeune Häftling du
Kommando de Chimie. Et c’est pour cette raison qu’on lui avait assigné le poste de Pikolo, c’est-à-dire de
livreur-commis aux écritures, préposé à l’entretien de la baraque, à la distribution des outils, au lavage des
gamelles et à la comptabilité des heures de travail du Kommando.
Jean parlait couramment le français et l’allemand ; dès qu’on reconnut ses chaussures en haut de
l’échelle, tout le monde s’arrêta de racler :
— Also, Pikolo, was gibt es Neues ?
— Qu’est-ce qu’il y a comme soupe aujourd’hui ?
… De quelle humeur était le Kapo ? Et l’histoire des vingt-cinq coups de cravache à Stern ? Quel temps

14 CNED- Littérature et presse : chapitre 2, l'engagement des auteurs


faisait-il dehors ? Est-ce qu’il avait lu le journal ? Qu’est-ce que ça sentait à la cuisine des civils ? Quelle
heure était-il ?

Aide pour le surlignage

4.3.2 II - Le portrait de Jean

Exercice 9 - Corrigé à la page 24


Surlignez en jaune les termes mélioratifs utilisés pour faire le portrait de Jean.

Les termes mélioratifs utilisés pour faire le portrait de


Jean

Jean était très aimé au Kommando. Il faut savoir que le poste de Pikolo représente un échelon déjà très
élevé dans la hiérarchie des prominences : le Pikolo (qui en général n’a pas plus de dix-sept ans) n’est pas
astreint à un travail manuel, il a la haute main sur les fonds de marmite et peut passer ses journées à côté
du poêle : « c’est pourquoi » il a droit à une demi-ration supplémentaire, et il est bien placé pour devenir
l’ami et le confident du Kapo, dont il reçoit officiellement les vêtements et les souliers usagés. Or, Jean
était un Pikolo exceptionnel. Il joignait à la ruse et à la force physique des manières affables et amicales :
tout en menant avec courage et ténacité son combat personnel et secret contre le camp et contre la mort, il
ne manquait pas d’entretenir des rapports humains avec ses camarades moins privilégiés ; et de plus il
avait été assez habile et persévérant pour gagner la confiance d’Alex, le Kapo.
Aide pour le surlignage

4.3.3 III - Le portrait d’Alex

Exercice 10 - Corrigé à la page 25


Poursuivons la lecture du texte, par le portrait d’un second personnage, Alex.
Surlignez en jaune les termes péjoratifs utilisés pour faire le portrait d’Alex.

Les termes péjoratifs utilisés pour faire le portrait


d’Alex

Alex avait tenu toutes ses promesses. Il avait amplement confirmé sa nature de brute violente et sournoise,
sous une solide carapace d’ignorance et de bêtise sauf pour ce qui était de son flair et de sa technique de
garde-chiourme consommé. Il ne perdait pas une occasion de vanter la pureté de son sang et la supériorité
du triangle vert, et affichait un profond mépris pour ses chimistes loqueteux et affamés :

15 CNED- Littérature et presse : chapitre 2, l'engagement des auteurs


« Ihr Doktoren, Ihr Intelligenten ! », ricanait-il chaque jour en nous voyant nous bousculer, gamelle tendue,
à la distribution de la soupe. Avec les Meister civils, il se montrait extrêmement empressé et obséquieux, et
avec les SS il entretenait des rapports de cordiale amitié.

Aide pour le surlignage

4.3.4 La stratégie et les bienfaits du Pikolo

Relisez la fin du texte qui montre la stratégie et les bienfaits du Pikolo :

Il était visiblement intimidé par le registre du Kommando et le petit rapport quotidien des travaux et
prestations, et c’est par ce biais que Pikolo s’était rendu indispensable. Les travaux d’approche avaient été
longs, prudents et minutieux, et l’ensemble du Kommando en avait suivi les progrès pendant tout un mois
en retenant son souffle ; mais finalement la défense du porc-épic avait cédé, et Pikolo s’était vu confirmer
dans sa charge à la satisfaction de tous les intéressés.
Bien que Jean n’abusât pas de sa position, nous avions déjà pu constater qu’un mot de lui, dit au bon
moment et sur le ton qu’il fallait, pouvait faire beaucoup ; plusieurs fois déjà il avait pu ainsi sauver certains
d’entre nous de la cravache ou de la dénonciation aux SS. Depuis une semaine, nous étions amis : nous
nous étions découverts par hasard, à l’occasion d’une alerte aérienne, mais ensuite, pris par le rythme
impitoyable du Lager, nous n’avions pu que nous dire bonjour en nous croisant aux latrines ou aux lavabos.

4.4 Étape 3 - Analyser la fonction de ce double portrait et de la sobriété du langage

Dans votre Carnet de lecture, rédigez un paragraphe de synthèse qui montre la fonction de ces portraits
antithétiques, dressés dans un langage très sobre.
Vous pourrez trouver un corrigé ICI.

4.5 Synthèse

4.5.1 Synthèse de la séance

4.5.2 Ce qu'il faut retenir

L’après-guerre est un moment très particulier, partagé entre soulagement, bonheur parfois de retrouver
les siens, mais aussi douleur de la perte, volonté d’oublier et un certain déni. Certains déportés n’ont pas
eu envie de raconter, soit pour tenter d’oublier, soit parce que les mots ne leur semblaient pas
suffisamment puissants pour traduire l’horreur vécue.
Primo Levi au contraire raconte qu’il a écrit pour répondre à un besoin , à une urgence, pour lui sauver la
vie. Il écrit pour témoigner, mais aussi pour que l’histoire serve de leçon. Le style choisi par Primo Lévi a
pu surprendre les lecteurs, tant il paraît sobre, neutre, presque détaché. Primo Lévi s’en explique : « Je
pensais que mes paroles seraient d’autant plus crédibles qu’elles paraîtraient plus objectives et
dépassionnées ; c’est dans ces conditions seulement qu’un témoin appelé à déposer en justice remplit sa
mission, qui est de préparer le terrain aux juges. Et les juges, c’est vous. »

4.5.3 Vocabulaire

16 CNED- Littérature et presse : chapitre 2, l'engagement des auteurs


 Témoignage
 Portraits antithétiques
 Éloge
 Blâme

Primo Levi
5 Synthèse de la séquence

5.1 Conclusion du chapitre 2

5.1.1 Résumé

Ce chapitre a donc été l’occasion de découvrir plusieurs figures « engagées » dans les combats de leur
siècle. Que ce soit de manière directe, par l’essai ou la lettre, ou de manière indirecte, par le récit, et que
ce soit de façon consciente et assumée ou de manière inconsciente, les artistes regardent le monde de
manière particulière et nous le donnent à voir. C’est en se confrontant à des points de vue variés que l’on
peut se forger ses propres opinions.

5.1.2 Prolongements

Dans les séances à venir :

 Vous allez apprendre la méthodologie de la contraction de texte à partir du texte de Camus.


 Nous verrons quel rôle a joué la presse dans les débats d’idées.
 Nous analyserons des discours célèbres qui ont changé le cours de l’histoire.

6 Glossaire

17 CNED- Littérature et presse : chapitre 2, l'engagement des auteurs


Réquisitoire
Discours ou écrit contenant de violentes attaques
7 Documentation

Carnet de lecture
Corrigé du paragraphe de la lettre de Zola
Corrigé du paragraphe de synthèse sur le texte de Primo Lévi
8 Méthodologie

Surlignage

9 Crédits

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18 CNED- Littérature et presse : chapitre 2, l'engagement des auteurs


Solutions
Exercice 1 - Page 5
Quel est le seul écrivain qui parle explicitement de la notion de littérature engagée ? Comment
comprenez-vous qu’il la définisse comme de la « littérature préfabriquée » ?

Louis Aragon parle explicitement de littérature engagée comme étant « préfabriquée » ; on peut
comprendre que l’auteur n’aime pas « l’étiquette » de « littérature engagée », ce qui ne l’empêche pas, il le
dit, de faire passer ses idées dans ses romans ou ses poèmes. Louis Aragon ne pense pas qu’un écrivain
doive se donner pour mission de faire passer un message ; ce n’est pas une obligation. Louis Aragon est
pourtant souvent classé parmi les écrivains engagés, son œuvre étant profondément marquée par son
engagement dans la résistance pendant la seconde guerre mondiale, aux côtés de sa femme, Elsa Triolet.

Louis Aragon parle explicitement de littérature engagée comme étant « préfabriquée » ; on peut
comprendre que l’auteur n’aime pas « l’étiquette » de « littérature engagée », ce qui ne l’empêche pas, il le
dit, de faire passer ses idées dans ses romans ou ses poèmes. Louis Aragon ne pense pas qu’un écrivain
doive se donner pour mission de faire passer un message ; ce n’est pas une obligation. Louis Aragon est
pourtant souvent classé parmi les écrivains engagés, son œuvre étant profondément marquée par son
engagement dans la résistance pendant la seconde guerre mondiale, aux côtés de sa femme, Elsa Triolet.
Exercice 2 - Page 6
Regardez la vidéo une seconde fois et attribuez à chaque auteur sa réponse à la question :
"Ecrire, c'est quoi ?". Cochez la réponse exacte.

DESPENTE
CELINE SAGAN PEREC DURAS CAMUS NIN KUNDERA
S

Faire une
compositio
n ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ●
musicale

Mettre sa
peau sur ● ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○
la table.

Se
raccroche
r à la ○ ○ ● ○ ○ ○ ○ ○
réalité

19 CNED- Littérature et presse : chapitre 2, l'engagement des auteurs


Reconstitu
er,
rassemble
r, comme ○ ○ ○ ● ○ ○ ○ ○
un
archéolog
ue

S’enterrer ○ ● ○ ○ ○ ○ ○ ○
Conserver
tout ce
qu’on ○ ○ ○ ○ ○ ○ ● ○
aime

Une
activité ○ ○ ○ ○ ○ ● ○ ○
solitaire

Un drôle
de truc,
une autre ○ ○ ○ ○ ● ○ ○ ○
vision du
réel

Bravo ! Vous avez bien retenu les propos de ces écrivais majeurs.
Exercice 3 - Page 7
Faites des recherches personnelles et retenez 5 figures féminines majeures, qui, par leur art,
ont réfléchi à des problèmes de société.
Pensez à consigner vos recherches dans votre carnet de lecture !

Il n’y a pas de réponse fausse ; on peut retenir plusieurs femmes engagées. En voici 5 qui ont été
importantes dans l’histoire de la littérature d’idées :
Olympe de Gouges (1748-1793) : Auteur de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, elle est
considérée comme une des pionnières du féminisme français ; elle a laissé de nombreux écrits en faveur
des droits civils et politiques des femmes et de l’abolition de l'esclavage des Noirs.
George Sand ( 1804-1876) : elle fonde La Revue indépendante, dans laquelle elle affiche des opinions
ardemment démocratiques. Elle publie des romans dits socialistes, qui posent au siècle des questions
qu'il n'a pas résolues sur la propriété, les rapports du capital et du travail, les associations de travailleurs.
La grande idée du progrès moral de l'humanité domine son œuvre. Elle est liée avec la plupart des têtes
pensantes de la démocratie (Leroux, Barbès, Blanc, Lamennais, Cavaignac), avec des révolutionnaires
étrangers (Mazzini, Bakounine). Elle patronne les écrivains prolétaires de qui elle attend un
renouvellement et un enrichissement de la littérature.
Simone de Beauvoir (1908-1986) : elle devient célèbre en publiant en 1949 Le Deuxième Sexe, un essai
philosophique et féministe, qui devient la référence du féminisme moderne. Simone de Beauvoir obtient le

20 CNED- Littérature et presse : chapitre 2, l'engagement des auteurs


prix Goncourt en 1954 avec Les Mandarins, roman qui met en scène des intellectuels parisiens confrontant
leurs points de vue sur la société française au sortir de la Seconde Guerre mondiale.
Marguerite Duras (1914-1996) : née au Vietnam, elle viendra en France à 17 ans pour faire des études de
droit et de sciences politiques. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle s'engage dans la Résistance aux
côtés de son mari Robert Antelme avant que celui-ci ne soit déporté dans le camp de Dachau. Elle en fera
le récit dans La Douleur qu'elle publiera à la fin de sa vie. En 1960, elle signe le "Manifeste des 121" qui
prône la désobéissance militaire et l'indépendance de l'Algérie. Par la suite, elle combattra aux côtés des
manifestants de mai 68 et sera favorable à la dépénalisation de l'avortement.
Toni Morrison (1931-20019) : En 1988, elle obtient le Prix Pulitzer pour son roman Beloved qui raconte
l'histoire de Sethe, une ancienne esclave, hantée par le fantôme de sa fille. En 1993, elle reçoit le Prix
Nobel de littérature pour l'ensemble de son œuvre. L'Académie suédoise a voulu récompenser celle "qui,
dans ses romans caractérisés par une force visionnaire et une grande puissance poétique, ressuscite un
aspect essentiel de la réalité américaine". Elle est la huitième femme seulement, la première femme noire
et le seul auteur afro-américain, à avoir reçu cette distinction.

Il n’y a pas de réponse fausse ; on peut retenir plusieurs femmes engagées. En voici 5 qui ont été
importantes dans l’histoire de la littérature d’idées :
Olympe de Gouges (1748-1793) : Auteur de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, elle est
considérée comme une des pionnières du féminisme français ; elle a laissé de nombreux écrits en faveur
des droits civils et politiques des femmes et de l’abolition de l'esclavage des Noirs.
George Sand ( 1804-1876) : elle fonde La Revue indépendante, dans laquelle elle affiche des opinions
ardemment démocratiques. Elle publie des romans dits socialistes, qui posent au siècle des questions
qu'il n'a pas résolues sur la propriété, les rapports du capital et du travail, les associations de travailleurs.
La grande idée du progrès moral de l'humanité domine son œuvre. Elle est liée avec la plupart des têtes
pensantes de la démocratie (Leroux, Barbès, Blanc, Lamennais, Cavaignac), avec des révolutionnaires
étrangers (Mazzini, Bakounine). Elle patronne les écrivains prolétaires de qui elle attend un
renouvellement et un enrichissement de la littérature.
Simone de Beauvoir (1908-1986) : elle devient célèbre en publiant en 1949 Le Deuxième Sexe, un essai
philosophique et féministe, qui devient la référence du féminisme moderne. Simone de Beauvoir obtient le
prix Goncourt en 1954 avec Les Mandarins, roman qui met en scène des intellectuels parisiens confrontant
leurs points de vue sur la société française au sortir de la Seconde Guerre mondiale.
Marguerite Duras (1914-1996) : née au Vietnam, elle viendra en France à 17 ans pour faire des études de
droit et de sciences politiques. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle s'engage dans la Résistance aux
côtés de son mari Robert Antelme avant que celui-ci ne soit déporté dans le camp de Dachau. Elle en fera
le récit dans La Douleur qu'elle publiera à la fin de sa vie. En 1960, elle signe le "Manifeste des 121" qui
prône la désobéissance militaire et l'indépendance de l'Algérie. Par la suite, elle combattra aux côtés des
manifestants de mai 68 et sera favorable à la dépénalisation de l'avortement.
Toni Morrison (1931-20019) : En 1988, elle obtient le Prix Pulitzer pour son roman Beloved qui raconte
l'histoire de Sethe, une ancienne esclave, hantée par le fantôme de sa fille. En 1993, elle reçoit le Prix
Nobel de littérature pour l'ensemble de son œuvre. L'Académie suédoise a voulu récompenser celle "qui,
dans ses romans caractérisés par une force visionnaire et une grande puissance poétique, ressuscite un
aspect essentiel de la réalité américaine". Elle est la huitième femme seulement, la première femme noire
et le seul auteur afro-américain, à avoir reçu cette distinction.
Exercice 4 - Page 10
Relisez le début de cette lettre et dites quels en sont les destinataires.

21 CNED- Littérature et presse : chapitre 2, l'engagement des auteurs


Les différents destinataires de la lettre ouverte sont le président de la République, les lecteurs de
L’Aurore, l’opinion publique en général. Tous sont pris à témoin, à travers la figure du président, premier
destinataire. Le pronom « nous » (« J’accuse le général de Pellieux et le commandant Ravary d’avoir fait
une enquête scélérate, j’entends par là une enquête de la plus monstrueuse partialité, dont nous avons,
dans le rapport du second, un impérissable monument de naïve audace. ») met les lecteurs du côté des
témoins à charge.

Les différents destinataires de la lettre ouverte sont le président de la République, les lecteurs de
L’Aurore, l’opinion publique en général. Tous sont pris à témoin, à travers la figure du président, premier
destinataire. Le pronom « nous » (« J’accuse le général de Pellieux et le commandant Ravary d’avoir fait
une enquête scélérate, j’entends par là une enquête de la plus monstrueuse partialité, dont nous avons,
dans le rapport du second, un impérissable monument de naïve audace. ») met les lecteurs du côté des
témoins à charge.
Exercice 5 - Page 10
Surlignez en jaune tous les adversaires auxquels Zola s’adresse et en vert les images
péjoratives qui leur sont associées.

Les adversaires
Les images péjoratives
auxquels Zola
qui leur sont associées
s’adresse

Mais cette lettre est longue, monsieur le Président, et il est temps de conclure.
J’accuse le lieutenant-colonel du Paty de Clam d’avoir été l’ouvrier diabolique de l’erreur judiciaire, en
inconscient, je veux le croire, et d’avoir ensuite défendu son œuvre néfaste, depuis trois ans, par les
machinations les plus saugrenues et les plus coupables.
J’accuse le général Mercier de s’être rendu complice, tout au moins par faiblesse d’esprit, d’une des plus
grandes iniquités du siècle.
J’accuse le général Billot d’avoir eu entre les mains les preuves certaines de l’innocence de Dreyfus et de
les avoir étouffées, de s’être rendu coupable de ce crime de lèse-humanité et de lèse-justice, dans un but
politique et pour sauver l’état-major compromis.
J’accuse le général de Boisdeffre et le général Gonse de s’être rendus complices du même crime, l’un
sans doute par passion cléricale, l’autre peut-être par cet esprit de corps qui fait des bureaux de la guerre
l’arche sainte, inattaquable.
J’accuse le général de Pellieux et le commandant Ravary d’avoir fait une enquête scélérate, j’entends par
là une enquête de la plus monstrueuse partialité, dont nous avons, dans le rapport du second, un
impérissable monument de naïve audace.
J’accuse les trois experts en écritures, les sieurs Belhomme, Varinard et Couard, d’avoir fait des rapports
mensongers et frauduleux, à moins qu’un examen médical ne les déclare atteints d’une maladie de la vue
et du jugement.
J’accuse les bureaux de la guerre d’avoir mené dans la presse, particulièrement dans L’Éclair et dans
L’Écho de Paris, une campagne abominable, pour égarer l’opinion et couvrir leur faute.

22 CNED- Littérature et presse : chapitre 2, l'engagement des auteurs


J’accuse enfin le premier conseil de guerre d’avoir violé le droit, en condamnant un accusé sur une pièce
restée secrète, et j’accuse le second conseil de guerre d’avoir couvert cette illégalité, par ordre, en
commettant à son tour le crime juridique d’acquitter sciemment un coupable.

A chaque « accusé » énuméré est associé un ensemble de griefs. Zola combine accusation polémique et
protestation d’intégrité morale. D’une part, les accusations sont présentées comme émanant d’une soif de
justice (fin de la lettre, déni de « rancune » ou de « haine ») ; d’autre part, elles sont assorties d’une réelle
violence polémique. Zola ne recourt pas à l’insulte personnelle mais vient accuser des responsables.
L’image des adversaires est marquée par des connotations péjoratives exprimant son indignation.
Exercice 6 - Page 11
Associez à chaque personne ou binôme les reproches formulés. Cochez la bonne réponse à
chaque fois.

Belhomme,
Pellieux et du Paty de Boisdeffre et
Mercier Varinard et Billot
Ravary Clam Gonse
Couard

Volonté de
couvrir sa ○ ● ○ ○ ○ ○
propre faute

Aveuglement
clérical et ○ ○ ○ ○ ○ ●
militaire

Dissimulation
de preuves ○ ○ ○ ○ ● ○
Complicité par
lâcheté ○ ○ ● ○ ○ ○
Partialité et
bonne ● ○ ○ ○ ○ ○
conscience

Expertise
graphologique ○ ○ ○ ● ○ ○
erronée

Bravo ! Vous avez bien lu et compris le texte.


Exercice 7 - Page 11
Zola en appelle à la justice pour tous , à la vérité, au « droit au bonheur ». À quel mouvement
littéraire correspondent ce valeurs ?
Cochez la bonne réponse.

23 CNED- Littérature et presse : chapitre 2, l'engagement des auteurs


○ Au Classicisme

● Aux Lumières

○ Au Romantisme

Bravo ! Vous avez bien compris et retenu les valeurs des Lumières.
Exercice 8 - Page 14
Relisez le début de l’extrait :
Surlignez en jaune le passage narratif, en vert le passage descriptif et en rouge le passage de
discours.

Le passage Le passage Le passage de


narratif descriptif discours

Ce n’était pas le Vorarbeiter, ce n’était que Jean, le Pikolo de notre Kommando.


Jean était un étudiant alsacien. Bien qu’il eût déjà vingt-quatre ans, c’était le plus jeune Häftling du
Kommando de Chimie. Et c’est pour cette raison qu’on lui avait assigné le poste de Pikolo, c’est-à-dire de
livreur-commis aux écritures, préposé à l’entretien de la baraque, à la distribution des outils, au lavage des
gamelles et à la comptabilité des heures de travail du Kommando.
Jean parlait couramment le français et l’allemand ; dès qu’on reconnut ses chaussures en haut de
l’échelle, tout le monde s’arrêta de racler :
— Also, Pikolo, was gibt es Neues ?
— Qu’est-ce qu’il y a comme soupe aujourd’hui ?
… De quelle humeur était le Kapo ? Et l’histoire des vingt-cinq coups de cravache à Stern ? Quel temps
faisait-il dehors ? Est-ce qu’il avait lu le journal ? Qu’est-ce que ça sentait à la cuisine des civils ? Quelle
heure était-il ?

Dans le témoignage se succèdent des passages narratifs et des passages descriptifs et explicatifs. Le
portrait du personnage est fait dans le paragraphe suivant.
Exercice 9 - Page 15
Surlignez en jaune les termes mélioratifs utilisés pour faire le portrait de Jean.

Les termes mélioratifs utilisés pour faire le portrait de


Jean

24 CNED- Littérature et presse : chapitre 2, l'engagement des auteurs


Jean était très aimé au Kommando. Il faut savoir que le poste de Pikolo représente un échelon déjà très
élevé dans la hiérarchie des prominences : le Pikolo (qui en général n’a pas plus de dix-sept ans) n’est pas
astreint à un travail manuel, il a la haute main sur les fonds de marmite et peut passer ses journées à côté
du poêle : « c’est pourquoi » il a droit à une demi-ration supplémentaire, et il est bien placé pour devenir
l’ami et le confident du Kapo, dont il reçoit officiellement les vêtements et les souliers usagés. Or, Jean
était un Pikolo exceptionnel. Il joignait à la ruse et à la force physique des manières affables et amicales :
tout en menant avec courage et ténacité son combat personnel et secret contre le camp et contre la mort, il
ne manquait pas d’entretenir des rapports humains avec ses camarades moins privilégiés ; et de plus il
avait été assez habile et persévérant pour gagner la confiance d’Alex, le Kapo.

Dans le témoignage se succèdent des passages narratifs et des passages descriptifs et explicatifs. Le
portrait du personnage se construit à la fois grâce aux précisions sur son caractère et grâce à la
description de ses gestes ; ses qualités physiques et morales sont mises en valeur : Jean est fort,
courageux, aimable et surtout humain. L’auteur fait donc l’éloge de son personnage.
Exercice 10 - Page 15
Poursuivons la lecture du texte, par le portrait d’un second personnage, Alex.
Surlignez en jaune les termes péjoratifs utilisés pour faire le portrait d’Alex.

Les termes péjoratifs utilisés pour faire le portrait


d’Alex

Alex avait tenu toutes ses promesses. Il avait amplement confirmé sa nature de brute violente et sournoise,
sous une solide carapace d’ignorance et de bêtise sauf pour ce qui était de son flair et de sa technique de
garde-chiourme consommé. Il ne perdait pas une occasion de vanter la pureté de son sang et la supériorité
du triangle vert, et affichait un profond mépris pour ses chimistes loqueteux et affamés :
« Ihr Doktoren, Ihr Intelligenten ! », ricanait-il chaque jour en nous voyant nous bousculer, gamelle tendue,
à la distribution de la soupe. Avec les Meister civils, il se montrait extrêmement empressé et obséquieux, et
avec les SS il entretenait des rapports de cordiale amitié.

Le portrait d’Alex est très péjoratif : l’auteur le présente comme une « brute violente », sans humanité,
profondément méprisant, ami avec les SS. L’auteur fait donc un blâme du personnage (contraire de
l’éloge). Les deux portraits sont donc antithétiques.

25 CNED- Littérature et presse : chapitre 2, l'engagement des auteurs

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