Vous êtes sur la page 1sur 17

LES NOUVEAUX DÉFIS DES UNIVERSITÉS DANS L’ÉCOSYSTÈME

ENTREPRENEURIAL

Isabelle Bories-Azeau, Fatiha Fort, Florence Noguera, Catherine Peyroux

AIRMAP | « Gestion et management public »

2019/2 Volume 7 / n° 4 | pages 11 à 26

Article disponible en ligne à l'adresse :


--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
https://www.cairn.info/revue-gestion-et-management-public-2019-2-page-11.htm
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Distribution électronique Cairn.info pour AIRMAP .


© AIRMAP . Tous droits réservés pour tous pays.

La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les
limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la
licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie,
sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de
l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage
© AIRMAP | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)

© AIRMAP | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)


dans une base de données est également interdit.

Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)


Les nouveaux défis des universités
dans l’écosystème entrepreneurial

The new challenges of universities


in a regional entrepreneurial ecosystem

Isabelle BORIES-AZEAU
Maître de conférences - Université de Montpellier – MRM - Institut Montpellier Management
Avenue Dugrand - Bâtiment D - 34960 Montpellier Cedex 2 - 06 10 54 06 02 - isabelle.bories-azeau@univ-montp1.fr

Fatiha FORT
Professeur - Montpellier SupAgro - UMR MOISA - 2 Place Viala - 34060 Montpellier Cedex 1 - fatiha.fort@supagro.fr

Florence NOGUERA
Professeur des Universités - Université Paul Valéry, Montpellier 3 – CORHIS - Site St Charles
Rue du Professeur Henri Serre – 34080 Montpellier - florence.noguera@univ-montp3.fr

Catherine PEYROUX
Maître de conférences - Université Paul Valéry, Montpellier 3– MRM
Route de Mende - 34199 Montpellier Cedex 5 - catherine.peyroux@univ-montp3.fr

RÉSUMÉ Les résultats d’une étude qualitative auprès des


acteurs de l’accompagnement entrepreneurial en
L’Université émerge comme un acteur clé de Languedoc Roussillon montrent que l’implication
l’écosystème entrepreneurial, d’une part sous des universités dans la construction d’une proximité
la pression des politiques publiques à travers le organisée est une attente forte des parties prenantes
changement de son statut et des injonctions à de l’écosystème entrepreneurial territorial, qui sont
introduire l’entrepreneuriat dans les programmes confrontées à un déficit de proximité institutionnelle,
de formation des étudiants. D’autre part, elle est voire à une faible proximité géographique avec les
© AIRMAP | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)

© AIRMAP | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)


tenue de s’impliquer davantage dans les dynamiques ressources universitaires. La construction d’une
territoriales pour favoriser l’insertion professionnelle proximité organisée suppose alors des coopérations
de ses lauréats. et des partenariats qui sont aujourd’hui loin de
constituer la règle.
Cet article interroge les modes de gestion des proximités
que les universités peuvent instaurer pour asseoir leur
rôle de médiation entre le milieu académique et les Mots-clés
acteurs du développement économique du territoire. Universités, Écosystème entrepreneurial, Proximité­,
Comment faciliter les proximités et les interfaces Territoire, Parties prenantes
entre les universités et les laboratoires de recherche,
et les structures d’accompagnement pour créer de la
valeur pour un territoire ?

Revue Gestion & Management public | Vol. 7, n°4 - 2019 11


Les nouveaux défis des universités dans l’écosystème entrepreneurial

ABSTRACT The results of a qualitative study among the


actors of the entrepreneurial accompaniment in
The University is emerging as a key contributor to Languedoc Roussillon show that the involvement
the entrepreneurial ecosystem, on the one hand as of universities in in creating an organized proximity
a result of pressure exerted through public policies is a key expectation among stakeholders in the
to change their status and injunctions to introduce region’s entrepreneurial ecosystem, who face a
entrepreneurship into the academic programs lack of institutional proximity, or even limited
available to students. On the other hand, due to geographical proximity to university resources.
the need for University to become more involved The creation of organized proximity requires then
in regional dynamics with a view to boosting the cooperation and partnerships which are today far
employability of its graduates. from being the norm.

This article examines the ways in which proximities


can be managed by universities in order to establish Key-words
their role as mediators between the academic sphere Universities, Entrepreneurial ecosystem, Proximity,
and the actors involved in the regional economic Territory, Stakeholders
development. What can be done to facilitate greater
proximity and interaction between universities,
research laboratories and support structures in
order to generate value for their local area?

INTRODUCTION positionnement territorial des Universités3 et modifié


leurs modes d’organisation.

L’évolution des politiques publiques d’Enseignement Ainsi, progressivement, l’Université devient un acteur
Supérieur et de Recherche (ESR) depuis une vingtaine clé de l’écosystème entrepreneurial. Cet écosystème
d’années s’est traduite notamment par l’incitation se caractérise par « la complexité et la diversité des
faite aux universités de s’impliquer dans l’écosys- acteurs, des rôles et des facteurs environnementaux
tème entrepreneurial territorial selon deux axes dont les interactions déterminent la capacité entre-
principaux : faciliter le transfert de technologie et des preneuriale d’une région ou d’une localité » (Spilling,
© AIRMAP | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)

© AIRMAP | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)


recherches en sciences humaines et sociales entre les 1996 : p. 91) et recouvre un contexte culturel et ins-
laboratoires de recherche et les entreprises et déve- titutionnel favorable à l’entrepreneuriat (Isenberg,
lopper l’entrepreneuriat étudiant, vecteur d’insertion 2011). Les institutions académiques, en sont des parties
professionnelle. intégrantes et contribuent à la formation d’un capital
humain (Becker, 1975), via la sensibilisation des étu-
Cette évolution a été largement initiée par la loi rela- diants à l’entrepreneuriat, la construction de parcours
tive aux Libertés et Responsabilités des Universités d’étudiants entrepreneurs, ou la co-incubation de pro-
de 2007 (LRU1) et la loi sur l’Enseignement Supérieur jets de création d’entreprise portés par des étudiants.
et la Recherche de 2013 (ESR2), qui ont redéfini le Leurs proximités avec les incubateurs académiques et

1 Loi n° 2007-1199 du 10 août 2007 relative aux Libertés et Responsabilités des Universités.
2 Loi n° 2013-660 du 22 juillet 2013 relative à l’Enseignement Supérieur et à la Recherche.
3 Depuis la loi n° 68-978 du 12 novembre 1968 sur l’orientation de l’enseignement supérieur (loi « Edgard Faure »), les Universités ont le statut
juridique d’établissements publics à caractère scientifique et culturel (EPSC) qui les dote de la personnalité morale et de l’autonomie administrative,
financière et pédagogique.

12
Isabelle Bories-Azeau, Fatiha Fort, Florence Noguera & Catherine Peyroux

les laboratoires de recherche peuvent ainsi favoriser la 1. LE CADRE D’ANALYSE


création d’entreprises innovantes sur le territoire.

La problématique centrale de cet article a trait à la L’analyse des éléments de contexte souligne la polari-
contribution de l’Université au renforcement des liens sation territoriale des Universités (1.1.) qui s’intègrent
entre porteurs de projets, laboratoires de recherche et ainsi dans une approche collective de l’entrepreneuriat
structures d’accompagnement pour créer de la valeur (1.2.) en s’impliquant dans l’écosystème entrepreneu-
pour le territoire et ses acteurs. Autrement dit, com- rial régional (1.3.).
ment­faciliter les proximités et la gestion des interfaces
entre les étudiants porteurs de projet, les laboratoires
de recherche universitaires et les structures d’accom-
pagnement ? L’hypothèse avancée est que la gestion 1.1. Un contexte institutionnel
des proximités et le renforcement du positionnement qui accentue la polarisation
de l’Université dans l’écosystème entrepreneurial territoriale des universités
peuvent en faire un acteur déterminant dans le proces-
sus de création d’entreprises sur le territoire. Les universités françaises ont connu cette dernière
décennie un fort mouvement de réforme, à l’instar des
Afin d’apporter des éléments de réponse à ce question- Universités des pays de l’Organisation de Coopération
nement, nous présentons les résultats d’une recherche et de Développement Économique (OCDE).
développée dans le cadre du Laboratoire d’Excellence
« Entreprendre » de l’Université de Montpellier por- Ainsi, la LRU de 2007 leur a confié davantage de res-
tant sur des structures d’accompagnement à la création ponsabilités et leur a transféré de nouvelles charges.
d’entreprises innovantes du Languedoc Roussillon. Cette loi est sous-tendue par les principes du New
Cette recherche, menée par quatre chercheurs, s’ins- Public Management (Hood, 1991) qui incite les orga-
crit dans une approche méthodologique inter-orga- nisations publiques à tendre vers plus d’efficacité ; et
nisationnelle mobilisant les parties prenantes dans plus de libertés leur sont accordées en contrepartie
l’entrepreneuriat. d’une contractualisation d’objectifs (a priori) et d’une
évaluation de la performance (a posteriori). Cette
Après avoir précisé le cadre d’analyse de la recherche évaluation se fonde dans les universités sur le dé-
(1), et sa méthodologie (2), nous développerons et dis- ploiement d’outils de mesure dans leur gestion et leur
cuterons les premiers résultats (3). pilotage (Chatelain-Ponroy et al., 2013), concourant à
l’instauration d’un contrôle de gestion (Petitjean et al.,
2014). Cette efficacité peut être aussi évaluée par leur
capacité à satisfaire une demande sociale (Côme, 2011)
du fait de leur responsabilité sociale (Chatelain-Ponroy
© AIRMAP | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)

© AIRMAP | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)


et Morin-Delerm, 2012). De plus, la LRU a contribué à
accentuer la polarisation territoriale des universités qui
deviennent des acteurs territoriaux dans le contexte issu
de la décentralisation, au-delà de leurs missions tradi-
tionnelles d’enseignement et de formation (Mailhot
et Scheffer, 2009). Leur autonomie s’accompagne du
renforcement de leur ancrage social et territorial dans
le monde socio-économique, indicateur de l’efficacité
de leur offre de formation, selon le rapport « Petites et
moyennes Universités » (octobre 2016) de l’Inspection
générale de l’administration de l’Éducation nationale et
de la Recherche. Cela suppose l’activation complexe des
ressources du territoire, basée sur la capacité des uni-
versités à mobiliser le potentiel des proximités géogra-
phique et organisée (Torre et Rallet, 2005). La place de

Revue Gestion & Management public | Vol. 7, n°4 - 2019 13


Les nouveaux défis des universités dans l’écosystème entrepreneurial

l’Université dans la nouvelle territorialité semble alors ayant été soulevée dès 1999 avec la loi sur l’innovation
caractérisée par : et la recherche4.

▪ laterritoriales
création par les pouvoirs publics de structures
dont le mode de fonctionnement re-
La loi ESR de 2013 a introduit des changements im-
portants en termes de missions et de coopération terri-
pose sur la proximité et la transversalité et qui ont toriale de l’Université. Selon l’article 6 de ce texte, par
pour objectif de favoriser une coordination régio- exemple, le service public de l’enseignement supérieur
nale pour un projet partagé : pôles de recherche contribue « à l’attractivité et au rayonnement des
et d’enseignement supérieur (PRES) qui ont fait territoires aux niveaux local, régional et national ».
place avec la loi ESR de 2013 aux communautés De la même façon, les compétences et le périmètre des
d’universités et d’établissements (COMUE), ré- territoires ont évolué avec la loi MAPTAM de 20145 et
seaux thématiques de recherche avancée (RTRA), la loi NotRE de 20156. Prenant la mesure de ces enjeux
réseaux thématiques de recherche et de soins territoriaux, la Conférence des Présidents d’Université
(RTRS), pôles de compétitivité… ; a signé en février 20177 une convention cadre de coo-
pération avec l’Association des Régions de France pour
▪ ledesoutien financier de l’enseignement supérieur et
la recherche par les collectivités territoriales ;
définir de nouvelles bases de travail, tout en renforçant
les liens entre ces deux acteurs.

▪ l’irruption de la dimension territoriale dans l’in-


génierie des politiques d’enseignement supérieur
L’évolution du contexte institutionnel des Universités
est schématisée ci-après.
et de recherche…
Ce contexte institutionnel positionne l’enseignement
« Sphère académique » et « monde territorial » sont supérieur et la recherche au cœur des stratégies d’attrac-
donc confrontés à des questionnements partagés ou tivité et de développement des territoires et peut renfor-
symétriques, mais parfois divergents comme celui de la cer l’articulation Université-territoire, notamment via
valorisation, scientifique pour les uns, porteuse d’une le transfert de la recherche vers le monde socio-écono-
valeur ajoutée pour le territoire selon les autres. La mique. La valorisation ne se limite pas à ce transfert, mais
question de la valorisation de la recherche universitaire recouvre diverses activités comme des collaborations

Missions traditionnelles Une mission émergente :


des Universités : satisfaire la demande sociale,
enseignement et formation économique et sociétale
© AIRMAP | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)

© AIRMAP | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)


- ancrage territorial
- implication dans le
processus entrepreneurial
NEW PUBLIC
territorial
MANAGEMENT

Schéma 1 – L’évolution du contexte institutionnel des Universités


Source : auteur

4 Loi n° 99-587 du 12 juillet 1999 sur l’innovation et la recherche.


5 Loi n° 2014-58 du 27 janvier 2014 de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles.
6 Loi n° 2015-991 du 7 août 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la République (dite Loi NotRE).
7 Colloque annuel de la Conférence des Présidents d’Université, 28 février 2017.

14
Isabelle Bories-Azeau, Fatiha Fort, Florence Noguera & Catherine Peyroux

entre univers public et privé, ou l’accompagnement à convergence des acteurs autour de projets communs
la création d’entreprises innovantes (Schieb-Bienfait et (Fort et al., 2013). L’accompagnement à la création
Boldrini, 2016). En outre, parmi les évolutions issues de d’entreprise, au sens large, peut être alors envisagé
la loi ESR, on note le soutien des universités à l’entre- comme une coproduction fondée sur des transferts,
preneuriat avec des dispositifs comme : des échanges, appropriations et apprentissages
(Fayolle, 2004) pour favoriser l’accompagnement au
▪ les PÉPITES (Pôles Étudiants pour l’Innovation,
le Transfert et l’Entrepreneuriat) territoriaux
cours duquel « l’entrepreneur va réaliser des appren-
tissages multiples et pouvoir accéder à des ressources
pour développer la création d’entreprise par les ou développer des compétences utiles à la concrétisa-
étudiants ; tion de son projet » (Cuzin et Fayolle, 2005 : p. 79). À
l’échelle territoriale, cette coproduction suppose des
▪ le(Société
renforcement de l’articulation incubateurs/SATT
Anonyme de Transfert de Technologie) au
interactions entre différents acteurs :

niveau régional ; ▪ les collectivités territoriales représentées par les


acteurs institutionnels politiques, élus chargés du
▪ laprojets
formation à l’entrepreneuriat et à la gestion de
innovants dans les diplômes de l’en­sei­
développement économique et les acteurs insti-
tutionnels experts, fonctionnaires territoriaux
gnement supérieur. pour la plupart, qui apportent des compétences
techniques aux structures ;
Le déploiement de ces dispositifs vise à impliquer les
Universités dans le processus entrepreneurial et contri-
bue­à développer la dimension collective de l’entrepre-
▪ les structures d’accompagnement qui pilotent le
processus d’accompagnement ;
neuriat au niveau du territoire.
▪ les porteurs de projet qui focalisent l’attention
des autres parties prenantes ;
1.2. L’accompagnement territorial :
une coproduction à l’échelle
territoriale
▪ les financeurs sans lesquels les projets ne peuvent
être concrétisés ;

La conception de l’entrepreneuriat évolue vers une


approche plus collective, autrement dit une « initia-
▪ les universités et les laboratoires de recherche en
charge de développer les aptitudes entrepreneu-
tive portée par un individu (ou plusieurs individus riales des étudiants et de faciliter leur accès aux
s’associant pour l’occasion) construisant ou saisissant structures d’accompagnement.
une opportunité d’affaires, dont le profit n’est pas
forcément d’ordre pécuniaire, par l’impulsion d’une Appréhender l’accompagnement entrepreneurial
© AIRMAP | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)

© AIRMAP | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)


organisation pouvant faire naître une ou plusieurs comme une coproduction au niveau territorial conduit
entités, et créant de la valeur nouvelle pour des parties alors à s’interroger sur la contribution de ces interac-
prenantes auxquelles le projet s’adresse » (Verstraete tions au développement d’écosystèmes entrepreneu-
et Fayolle, 2005 : p. 45). Il s’agit de contextualiser l’en- riaux performants.
trepreneuriat en prenant en compte l’influence du mi-
lieu « pour susciter le développement des entreprises
en fournissant ressources et conventions plus ou
moins stimulantes » (Julien et Cadieux, 2010 : p. 5). 1.3. L’implication des universités
Cette démarche collective se base ainsi sur la mobili- dans l’écosystème
sation des ressources et des compétences stratégiques entrepreneurial territorial
(Penrose, 1959 ; Wernerfelt, 1984 ; Hamel et Prahalad
1990 ; Barney, 1991 ; Khelil, 2012). Moore (1993) définit le concept d’écosystème
comme « une communauté économique soutenue
Le pilotage de cette action collective nécessite un par l’interaction d’individus et d’organisations ».
système de régulation qui assure complémentarité et La notion d’écosystème entrepreneurial a émergé

Revue Gestion & Management public | Vol. 7, n°4 - 2019 15


Les nouveaux défis des universités dans l’écosystème entrepreneurial

progressivement sur la base de cette définition. L’état sur une logique d’appartenance (les agents se recon-
de l’art d’Hannachi et Chabaud (2013) indique que la naissent par des positionnements relatifs à des projets)
littérature reconnaît que ces écosystèmes regroupent et à la proximité institutionnelle liée à une logique de
des acteurs interconnectés sur un territoire donné et similitude (les agents partagent des codes, règles, re-
englobent a minima les éléments suivants, liés de ma- présentations pour anticiper leur comportement res-
nière ouverte et dynamique : pectif). La proximité géographique peut renforcer ces
logiques d’appartenance et de similitude (Angeon et
▪ universités et instituts de recherche et
développement ;
al., 2006). Mais pour générer des interactions et une
« coordination localisée » (Torre, 2014), elle doit être
▪ ressources humaines qualifiées ; structurée et activée par la proximité organisée (Torre
▪ réseaux formels et informels ; et Rallet, 2005) qui facilite les interactions entre les
▪ investisseurs providentiels
gouvernements ; acteurs impliqués dans des dispositifs territoriaux et
▪ prestataires de services professionnels.
et capitaux-risqueurs ; inscrits dans des logiques d’appartenance.
▪ Les enjeux de cette mise en relation ont été étudiés
Suresh et Ramraj (2012) identifient les acteurs de par les recherches sur l’écosystème entrepreneurial.
l’écosystème entrepreneurial comme un ensemble de Benneworth et al. (2017) ont, par exemple, montré
parties prenantes (Freeman, 1984) aux objectifs et at- que les interactions entre les universités et les ac-
tentes différents. La relation de l’Université à ses par- teurs territoriaux pouvaient contribuer à l’innovation
ties prenantes repose essentiellement sur son choix territoriale via des échanges de connaissances. Selon
de prendre en compte leurs attentes, leur satisfaction Harrison et Leitch (2010), l’une des caractéristiques
et des conséquences de son activité sur celles-ci. Les de cet écosystème est l’apport d’innovations technolo-
structures d’accompagnement représentent alors giques et d’entrepreneurs par les centres de recherche
un lieu privilégié de coopération entre ces parties universitaires. L’écosystème entrepreneurial participe
prenantes dans une gouvernance entendue comme, ainsi d’une dynamique de construction de ressources
suivant Leloup et al. (2005) et Le Galès (2006), un matérielles et immatérielles liées à un territoire or-
processus de coordination d’acteurs territoriaux ganisé. Ces ressources reposent sur la capacité des
impliqués dans l’accompagnement, pour mieux or- acteurs à nouer des relations inter-organisationnelles,
ganiser ce projet collectif, et adossé à une proximité à partir desquelles ils construisent ou renouvellent les
géographique et organisée. ressources locales (Mendez et Mercier 2006).

L’analyse des interactions entre les parties prenantes L’ancrage territorial de l’Université s’appuie sur des
renvoie à celle des proximités liées à des mécanismes relations de proximité avec ses parties prenantes.
d’échange, de coopération et d’adaptation des activités Mais malgré l’intérêt évident pour les universités à
entre les agents du territoire dans le cadre d’actions développer des liens avec les acteurs de l’écosystème
© AIRMAP | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)

© AIRMAP | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)


collectives. Les dynamiques entrepreneuriales territo- entrepreneurial afin de se fertiliser mutuellement, les
riales peuvent être envisagées comme des dynamiques coopérations ne constituent pas la règle (Bécard et al.,
de co-construction et d’activation des ressources, fa- 2008). Ce constat renvoie aux enjeux de l’implication
vorisées par des proximités plurielles (Zimmermann, des universités dans l’écosystème entrepreneurial
2008), à la fois géographiques et organisées, qui territorial : comment mobiliser et valoriser les proxi-
contribuent, via des interactions, à l’apprentissage et mités dans cet écosystème afin que se développent et
à l’innovation (Boschma, 2004). La proximité géo- se diffusent des pratiques adaptées aux attentes, aux
graphique recouvre les liens entre les acteurs du fait ressources et aux contraintes des différentes parties
de la distance les séparant sur l’espace géographique prenantes ?
(Colletis et Rychen, 2004). La proximité organisée
constitue une dimension relationnelle liée à des capa-
cités à interagir et à l’organisation, ou tout autre sys-
tème, facilitant ces interactions (Zimmerman, 2008).
Catalyseur de l’activation des ressources territoriales,
elle se réfère à la proximité organisationnelle fondée

16
Isabelle Bories-Azeau, Fatiha Fort, Florence Noguera & Catherine Peyroux

2. LA MÉTHODOLOGIE logique, nous avons développé une méthodologie qua-


litative fondée sur une démarche de type recherche-ac-
DE LA RECHERCHE tion (Argyris et al., 1985 ; David, 1998 ; Plane, 2000 ;
Savall et al., 2008 ; Cappelletti et Noguera, 2007).
Les raisons du choix d’une recherche-action exploratoire, Cette démarche offre l’intérêt d’être une méthode inte-
analytique et qualitative seront exposées (2.1.), ainsi que ractive entre une équipe de chercheurs et son terrain et
le protocole de recherche (2.2.). s’inscrit dans le courant des recherches collaboratives
(Checkland, 1989 ; Hatchuel et Molet, 1986).

Dans cette configuration, la recherche a si­mul­ta­nément


2.1. Une recherche-action exploratoire, deux types d’objets de connaissance. Le premier réside
analytique et qualitative dans la compréhension des pratiques actuelles des
parties prenantes au sein notamment des structures
Nous avons fait le choix d’une méthodologie quali- d’accompagnement et des concepts, méthodes et outils
tative. Ce choix peu fréquent dans les recherches en qui les font évoluer. Dans une logique plus prescrip-
entrepreneuriat permet d’en éclairer les différentes tive, nous souhaitons proposer de nouveaux modes
facettes (Hlady-Rispal et Jouison Lafitte, 2015) et de coordination entre les parties prenantes afin de
d’analyser les perceptions des acteurs (Aldebert et déployer des projets entrepreneuriaux.
Rouziès, 2011), de les contextualiser, d’apprécier les
interactions et d’analyser les processus contribuant Il s’agit donc pour l’équipe de chercheurs, en complé-
ainsi à l’explication des phénomènes complexes. Cela ment­de l’analyse de la littérature et de documents,
correspond au positionnement de cette recherche d’investir le terrain par une observation empirique et
où il s’agit d’appréhender les interactions entre les longitudinale. Notre recherche vise ainsi à connaître et
Universités et les différents acteurs du processus en- expliquer les tensions possibles entre les parties pre-
trepreneurial territorial. nantes dans l’accompagnement entrepreneurial dans
le cadre d’une investigation trans-organisationnelle,
La recherche a été déployée sur l’ensemble des struc- mais aussi à donner aux acteurs les moyens de com-
tures d’accompagnement à la création et au dévelop- prendre et d’agir sur les réalités.
pement d’entreprises du Languedoc Roussillon. Elle
repose sur l’analyse approfondie de cas selon une
méthodologie qualitative de conduite d’entretiens in-
dividuels semi-directifs. 2.2. Le protocole de la recherche

Dans une première approche descriptive, nous avons La recherche a été menée au sein d’un territoire ; elle
voulu identifier les différentes parties prenantes au s’inscrit dans une approche méthodologique inter-or-
© AIRMAP | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)

© AIRMAP | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)


processus entrepreneurial territorial et leurs attentes. ganisationnelle puisqu’elle mobilise les parties pre-
Puis, dans une démarche plus analytique, nous avons nantes de l’écosystème entrepreneurial. Des entretiens
tenté d’apprécier comment ces attentes étaient prises individuels semi-directifs ont été menés auprès des
en considération pour faciliter les proximités et les parties prenantes du territoire étudié et des directeurs
interfaces entre les Universités et les laboratoires de et techniciens de structures d’accompagnement variées
recherche, et les structures d’accompagnement à la dans leur structure juridique, associations ou émana-
création d’entreprise. tions d’une collectivité locale (département ou service
d’une collectivité territoriale). Ces structures ont un
Dans une démarche plus globale, notre intention scien- périmètre d’activité sur le territoire dans des zones
tifique était d’identifier des pratiques originales de urbaines, périurbaines et rurales. Nous avons mené
gouvernance territoriale dans une logique plus parte- 57 entretiens individuels semi-directifs auprès prin-
nariale (intégration des attentes des parties prenantes) cipaux acteurs de l’accompagnement entrepreneurial
afin de contribuer à une réflexion sur l’amélioration en Languedoc Roussillon : directeurs et techniciens
de la performance des structures et donc de la gou- de structures d’accompagnement, acteurs institu-
vernance territoriale de l’entrepreneuriat. Dans cette tionnels politiques et experts, financeurs, porteurs de

Revue Gestion & Management public | Vol. 7, n°4 - 2019 17


Les nouveaux défis des universités dans l’écosystème entrepreneurial

GROUPES D’ACTEURS NOMBRE D’ENTRETIENS

Acteurs institutionnels 19
Acteurs institutionnels politiques 6
Acteurs institutionnels experts 13

Financeurs 2

Structures d’accompagnement 19
Directeurs 13
Techniciens, chargés de missions 6

Porteurs de projets 12

Enseignants chercheurs 4

Responsable du PEPITE Languedoc-Roussillon 1

TOTAL 57

Tableau 1 – L’échantillon de la recherche

projet, enseignants-chercheurs, Responsable du Chaque entretien a fait l’objet d’une retranscription


PÉPITE Languedoc-Roussillon, impliqués dans l’ac­ complète dont nous avons extrait 10 à 15 phrases types
com­pa­gnement de l’entrepreneuriat étudiant, étu- représentatives et pertinentes pour chaque thème
diants entrepreneurs. L’échantillon de la recherche est abordé dans l’entretien. Nous avons ensuite catégori-
présenté ci-après. sé les discours par thèmes, sous thèmes et idées clés.
Ainsi, de nombreuses données ont été collectées sur le
Les entretiens ont été conduits sur la base d’une no- terrain (plus de 600 verbatims), le traitement et l’ana-
menclature adaptée des travaux de Zardet et Noguera lyse des données ont consisté à la codification des ma-
(2009, 2014) et regroupant six thèmes déclinés en tériaux empiriques. Il était important de sélectionner
sous-thèmes : conditions et contexte territorial (origine des parties de discours pertinents (phrase type) pour la
© AIRMAP | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)

© AIRMAP | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)


de la création et logiques de fonctionnement, typologie recherche de manière à ce que le processus d’analyse ne
des parties prenantes, implication et mobilisation des soit pas le résultat d’une sélection aléatoire.
acteurs…), organisation de la structure (rôle des ac-
teurs, coopération et entraide entre acteurs, efficacité En complément aux entretiens, une analyse documen-
du fonctionnement, procédure d’évaluation des struc- taire a été réalisée (Angot et Josserand, in Thiétart et
tures et des projets, articulation entre la structure et le al., 2007) basée essentiellement sur l’analyse de docu-
réseau local, supra-local, régional, national), gestion du ments fournis par les structures d’ac­com­pa­gnement et
temps et des projets (durée de l’accompagnement…), PÉPITE Languedoc Roussillon.
communication et coordination (échanges d’informa-
tions, communication entre les acteurs, connaissance Nous avons eu aussi recours à la presse régionale
par les parties prenantes des projets…). (Presse quotidienne régionale et presse économique)
et nationale comme sources de données secondaires.
Les entretiens semi-directifs ont permis d’identifier des Cette analyse affine les résultats de l’étude, objective
points faibles, des dysfonctionnements et des tensions les discours des répondants et évalue les écarts entre
au sein du territoire étudié. discours et pratiques.

18
Isabelle Bories-Azeau, Fatiha Fort, Florence Noguera & Catherine Peyroux

3. LES RÉSULTATS « On a cherché des stagiaires auprès du département


R & de l’IUT de B., et on n’a pas eu trop de retours. On
DE LA RECHERCHE
avait pensé faire un lien avec cette Université » (un
porteur de projet).
Les résultats de la recherche mettent en exergue les « S’implanter dans une Université, ça serait ap-
difficultés de la gestion des proximités dans un écosys- préciable. On n’est pas encore mûrs pour ça. Mais
tème entrepreneurial. En effet, si la proximité géogra- c’est une porte d’entrée très intéressante. Avec le L.
phique avec les universités semble déterminante dans [laboratoire de recherche], on peut déboucher sur un
l’accompagnement entrepreneurial (3.1.), le constat terrain universitaire. On est deux et on a pas mal
d’un déficit de proximité organisée (3.2.) souligne une de choses à faire. Ça viendra naturellement, via le
attente forte des parties prenantes : celle d’une réelle L. ou via… On va avoir un stagiaire d’ici juillet sur
implication des universités dans la construction de un thème Recherche et Développement ; c’est un
cette proximité (3.3.). étudiant en première année à l’E., avec un possible
prolongement sur la deuxième et la troisième année »
(un porteur de projet).

3.1. La proximité géographique En outre, la proximité d’une structure universitaire


avec les universités favorise facilite la captation de projets par la structure d’ac-
l’accompagnement entrepreneurial compagnement, parce qu’elle procure des ressources
en termes :
La proximité géograph-ique favorise une meilleure
transmission des connaissances et la confiance
(Loilier, 2010). Au-delà, la proximité géographique
▪ de recherche
avec une structure universitaire et/ou un laboratoire « Nous devons rapprocher les entreprises et les cher-
de recherche est perçue comme un facteur clé de cheurs » (un élu) ; « Là, on s’est appuyés sur l’INRA »
l’émergence d’un environnement favorable à la créa- (un élu à propos du développement d’un projet de
tion d’entreprise : création).

« On a voulu créer sur un site qui mélange la recherche


en nous appuyant sur l’INRA avec les biotechnologies
▪ d’apporteurs potentiels de projets :
liées à la méthanisation, l’enseignement grâce à l’IUT « On aimerait que le L. [laboratoire de recherche] joue
avec les biotechnologies et le génie des procédés, et un rôle d’apporteur d’affaires » (un élu) ; « Ce qui se-
l’entrepreneuriat avec la pépinière. C’est donc une rait intéressant, ce serait que le territoire de B. puisse
sorte de technopôle » (le directeur d’une pépinière développer des formations bac + 4, bac + 5, voire
d’entreprises). quelques laboratoires de recherche. Les étudiants en
© AIRMAP | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)

© AIRMAP | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)


bac + 4 et bac + 5 sont plus faciles à sensibiliser à la
« Pour la pépinière, il y a déjà des indices promet- création » (directeur d’une pépinière d’entreprises) ;
teurs, comme la création d’un labo. La pépinière « J’ai des difficultés à instaurer des liens avec l’Ins-
s’insère dans un ensemble plus large avec l’idée de titut universitaire » (un directeur d’une pépinière
créer une collaboration avec un IUT Génie des procé- d’entreprises).
dés chimiques, mais aussi de développer une offre de
formation dans le cadre de l’Université. Une licence
Bâtiment a été créée en 2011 et cette année, une licence
▪ de qualité de l’accompagnement :
professionnelle Éco-technologique » (un élu). « Nous associons les Universités dans l’accompagne-
ment des projets » (un élu).
L’environnement universitaire peut constituer un
vivier en capital humain facilement actionnable car il La proximité de ressources, qui a trait à la ressemblance
permet de se procurer des ressources humaines dispo- ou à la complémentarité des activités et des ressources
nibles et proches, en particulier pour les porteurs de des acteurs (Bouba-Olga et Grossetti, 2008), semble
projet : donc favoriser l’accompagnement entrepreneurial au

Revue Gestion & Management public | Vol. 7, n°4 - 2019 19


Les nouveaux défis des universités dans l’écosystème entrepreneurial

niveau territorial. C’est ce que souligne la responsable 3.2. Le constat d’un déficit
du PÉPITE-LR, également enseignant-chercheur : de proximité organisée

« Aujourd’hui, on nous [PÉPITE-LR] considère La proximité organisée se fonde sur les proximités or-
comme un apporteur d’affaires via l’entrepreneuriat ganisationnelle et institutionnelle liées à une logique
étudiant. On voit bien qu’aujourd’hui, c’est une popu- de similitude (Zimmerman, 2008). Nos résultats
lation cible pour l’ensemble des acteurs de l’écosys- indiquent en premier lieu un déficit de proximité orga-
tème, y compris pour les incubateurs académiques ». nisationnelle, notamment avec les structures d’accom-
pagnement : les porteurs de projet mentionnent leurs
Si les difficultés des acteurs des territoires éloignés des difficultés à développer leur projet dans le cadre d’un
universités à se constituer en interlocuteurs audibles partenariat de recherche, généralement public/privé :
ou en réseaux bien identifiés sont réelles, on constate
aussi que la proximité géographique ne suffit pas. « J’ai été mis en partenariat avec un labo de recherche
Ainsi, le responsable du Pôle Création et services aux mais ce n’était pas adapté » ; « C’est très dur de tra-
entreprises d’un organisme consulaire (chambre de vailler avec une équipe de recherche, un labo. Ce n’est
commerce et d’industrie), interrogé sur ses relations pas évident de faire un partenariat de recherche.
avec le réseau local des acteurs de l’entrepreneuriat, ne Pour moi, ce n’est pas une réussite en soi. Il y a des
mentionne pas la structure universitaire de la commu- différences de compétences, ce n’est pas le même lan-
nauté d’agglomération. gage. Il y a le problème de l’échelle du temps qui n’est
pas la même pour un labo et pour un créateur » (un
La proximité des acteurs peut être envisagée comme un porteur de projet).
cadre de structuration inter-organisationnel qui facilite
les rencontres, les échanges d’information et le partage À travers l’évocation des difficultés de langage commun
des connaissances (Rallet, 2002). Mais il s’agit d’une et de communication entre chercheurs académiques et
forme de proximité initialement neutre que les acteurs porteurs de projets, transparaît en second lieu l’ab-
territoriaux ont à activer (Detchenique, 2013). La sence d’une réelle proximité institutionnelle.
proximité géographique doit donc s’accompagner d’une
proximité organisée qui facilite les interactions entre les « On a été déçus de la collaboration, du travail qui a
acteurs de l’écosystème entrepreneurial territorial. été fourni. Ce que j’espérais c’est un vrai échange. Il y
a un contrat et quand je lui ai demandé des comptes…
La distance géographique par rapport aux ressources Avec d’autres projets plus « ingénieurs », ils com-
et réseaux universitaires peut induire une distancia- muniquent mieux. Il y a quand même un « gap ».
tion culturelle : « Ici, la culture entrepreneuriale n’est L’ingénieur qui travaille avec nous a beaucoup de mal
pas la même qu’à M., ni les ressources en termes de re- pour communiquer avec son chercheur référent » (un
cherche » (Le directeur d’une pépinière d’entreprises), porteur de projet).
© AIRMAP | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)

© AIRMAP | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)


voire générer des dynamiques entrepreneuriales hété-
rogènes selon le degré d’attractivité entrepreneuriale De leur côté, les acteurs de l’enseignement supérieur
des territoires : peuvent souligner leurs difficultés à mobiliser les en-
seignants sur les enjeux de l’entrepreneuriat étudiant,
« Le problème est qu’aujourd’hui, on n’est pas dans un à l’instar du directeur d’une École d’ingénieurs : « C’est
contexte de choix mais plutôt dans une recherche tous une question de management des enseignants : com-
azimuts pour trouver des porteurs de projets. Notre ment valoriser cet accompagnement des projets ?
préoccupation principale aujourd’hui c’est de détecter Alors qu’un des enjeux clés est la capacité à injecter
des porteurs de projets susceptibles de venir sur le de la recherche et de la technologie dans les projets
territoire et/ou s’y développer » (un élu). de création. C’est la question opérationnelle la plus
pertinente : inciter les enseignants-chercheurs ».
Nous rejoignons ici les conclusions de Caron et Torre
(2006) à propos de l’inégalité face à l’espace, la situa- Même si, selon un expert de l’accompagnement en-
tion des acteurs étant plus ou moins avantageuse selon trepreneurial, « Une forte majorité des enseignants
leur localisation sur le territoire. chercheurs est très intéressée à aider les porteurs, à

20
Isabelle Bories-Azeau, Fatiha Fort, Florence Noguera & Catherine Peyroux

s’impliquer dans les projets. La relation est évidente termes de mission de service public mise en avant
entre les porteurs et le centre de recherche, mais les par deux enseignants-chercheurs : « On est dans un
porteurs de projet ne s’en rendent pas compte ». Ce service public. On est en soutien ; sinon, ce n’est plus
que semblent confirmer deux enseignants-chercheurs : la même mission. D’autant qu’on n’a pas les mêmes
« Avec le co-accompagnant professionnel on a essayé moyens que les structures d’accompagnement. Notre
d’être complémentaire dans nos apports à l’étudiant. offre pour l’accompagnement ce n’est pas compa-
L’accompagnant professionnel était plus dans les rable » ; « En fait, on a deux objectifs : sensibiliser et
choses très pratiques, les aides qui peuvent être mo- soutenir les projets qui démarrent. C’est vraiment un
bilisées, les différents dispositifs, formations que l’étu- rôle de service public ».
diant peut avoir. Du coup, moi avec l‘étudiant, j’étais
plus dans l’utilisation des outils de gestion, comme par Ces propos appellent implicitement les universités à
exemple, comment on fait un questionnaire, un plan organiser une proximité dans l’écosystème entrepre-
de financement ; Peut-être que du fait de côtoyer le pu- neurial territorial pour renforcer leur capacité à créer
blic étudiant au quotidien et d’être habitué à interagir de la valeur dans cet écosystème, par un apport de res-
avec lui on a une sorte de compétence. Alors peut-être sources, comme le rappelle un enseignant-chercheur :
qu’un accompagnant professionnel est moins apte à « On “fabrique” des porteurs de projet. On est un
les accompagner car il est moins à l’écoute de leurs vivier pour l’écosystème entrepreneurial dans son en-
attentes, étant plus habitué à un public plus âgé qu’il semble. On crée de la valeur économique finalement,
côtoie. Nous, les universitaires, on est plus habitués même si c’est de manière indirecte. Parce qu’on va
aux étudiants et on peut s’ajuster. Peut-être que face à mettre sur le marché des personnes qui vont être un
une population d’entrepreneurs jeunes, notre compé- soutien à l’entrepreneuriat, aux institutions, à l’éco-
tence distinctive c’est notre capacité à être pédagogue système entrepreneurial ».
avec ce public jeune, à être patient, plus indulgent
qu’on peut l’être dans le monde professionnel où on a
des objectifs plus contraignants et moins de temps à
accorder à l’apprentissage ». 3.3. L’implication des universités
dans la construction d’une
La divergence de représentations, de codes et de lan- proximité organisée :
gages est aussi mise en avant par les élus : une attente forte des
parties prenantes
« Les différents acteurs de l’accompagnement ont
des logiques organisationnelles, des périmètres de « L’obligation de création en Languedoc Roussillon »
champ d’action, de pouvoir qui ne sont pas toujours soulignée par un expert de l’entrepreneuriat suscite
évidents » (un élu). des attentes fortes des parties prenantes de la dyna-
mique entrepreneuriale régionale, notamment sur la
© AIRMAP | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)

© AIRMAP | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)


La critique du « millefeuille » territorial est ici sous- nécessité de structurer l’écosystème entrepreneurial
jacente : l’enchevêtrement des compétences des territorial par la construction d’une proximité organi-
acteurs territoriaux de l’entrepreneuriat nuit à la lisi- sée dans laquelle les universités et les laboratoires de
bilité et au rapprochement nécessaire à une démarche recherche jouent un rôle non négligeable.
collective. C’est aussi dans ce sens que l’on peut inter-
préter les propos d’un autre élu : Nous rejoignons les travaux de Bertrand et Moquay
(2004) pour qui l’action collective suppose l’activation
« Il faut fédérer les initiatives dans la valorisation de d’une proximité organisée, selon différentes logiques,
la recherche dans les SATT pour éviter le millefeuille avec des interactions plus ou moins formalisées
et réduire le nombre d’institutions et les services de entre les acteurs : réseaux, instances formalisées de
valorisation des Universités pour des structures ré- concertation, dans une logique d’appartenance. Le
gionales et nationales » (un élu). déploiement des politiques publiques en faveur de
l’entrepreneuriat peut en effet s’appuyer sur un ma-
Mais ces divergences peuvent être liées à une approche nagement stratégique collaboratif au sens de Favoreu
de l’accompagnement entrepreneurial étudiant en et al. (2016).

Revue Gestion & Management public | Vol. 7, n°4 - 2019 21


Les nouveaux défis des universités dans l’écosystème entrepreneurial

La fusion de structures peut alors renforcer la cohérence réseaux d’affaires et de gagner en légitimité (Gartner,
territoriale de l’accompagnement entrepreneurial : 1985 ; Messeghem et Sammut, 2010).

« On peut imaginer une fusion entre l’incubateur aca- La proximité organisationnelle en appuyant la proximi-
démique et l’Agence régionale de l’innovation LR » té organisée par le partage de règles et de représenta-
(un technicien d’une structure d’accompagnement). tions collectives et en favorisant la structuration, peut
ainsi être envisagée comme un substitut de la proximité
Les pratiques de co-accompagnement relèvent de la géographique, comme le suggère Boschma (2004).
même logique :
Au final, il s’agit de mener une réflexion sur les dispo-
« Dans les laboratoires de recherche qui sont des sitifs de soutien à cette proximité organisationnelle,
sites d’incubation, il n’y a pas d’accompagnement, à savoir la traduction opérationnelle des politiques
nous faisons du co-accompagnement » (un technicien publiques (Fixari et Pallez, 2016) en faveur du dévelop-
d’une structure d’accompagnement). pement de l’entrepreneuriat sur le territoire, et sur la
cohérence entre l’intention politique et l’opérationnel
La construction d’une proximité organisée suppose aus- (Horvath et Dechamp, 2016). Cela conduit à s’inter-
si le développement de dispositifs structurants pour ces roger sur le positionnement des universités dans ces
techniciens : dispositifs.

« La nouvelle SATT est une bonne chose pour pro-


fessionnaliser l’accompagnement et pour valori-
ser l’innovation » (un technicien d’une structure
d’accompagnement).
CONCLUSION
« Avec la SATT, ça va évoluer » (un technicien d’une
structure d’accompagnement). Cette recherche offre un éclairage sur les dynamiques
de développement d’un écosystème entrepreneurial
Les attentes des élus portent en particulier sur le déve- territorial, en les abordant comme des dynamiques
loppement de formations universitaires liées aux projets de co-construction et d’activation des ressources, fa-
de création d’entreprise des étudiants : vorisée par un contexte de proximités plurielles. Elle
propose une contribution à l’analyse de la structura-
« L’idée du développement de la fonction entrepre- tion de cet écosystème dans lequel les structures d’ac­
neuriale dans l’enseignement supérieur, c’est impor- com­pa­gnement, au cœur du processus entrepreneurial
tant » ; « La formation des étudiants et des chercheurs (Chabaud et al., 2010), ont un rôle non négligeable.
est pauvre en sciences juridiques et en commercial » Elle souligne en effet les enjeux des interactions et de
(deux élus). la coordination des activités entrepreneuriales pour
© AIRMAP | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)

© AIRMAP | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)


améliorer la cohérence territoriale.
La capacité des universités à développer des partena-
riats externes (Goy, 2015) est ainsi questionnée. Or, La contribution des universités à la gestion des proxi-
l’enjeu de leur implication dans la construction d’une mités dans un écosystème entrepreneurial territorial
proximité organisée est d’autant plus fort qu’il s’agit de semble impliquer une action institutionnelle forte pour
rapprocher porteurs de projet et structures d’accompa- éviter notamment une fracture territoriale de la dyna-
gnement. En effet, celles-ci peinent parfois à accéder mique entrepreneuriale, au plan du transfert de tech-
aux viviers d’étudiants (Bécard et al., 2008), et les nologie entre les laboratoires de recherche et les entre-
universités, souvent trop focalisées sur l’enseignement prises, comme de l’accompagnement entrepreneurial.
de l’entrepreneuriat, peuvent se priver de l’expertise de Si les universités sont appréhendées comme des ac-
ces structures. L’objectif est de permettre aux porteurs teurs du développement de tous les territoires, il s’agit
de projet d’accéder à des ressources financières, d’ac- alors de créer des cadres réglementaires autorisant la
quérir des compétences managériales déterminantes constitution de structures d’interface recherche/terri-
pour démarrer leur entreprise, mais aussi de déve- toire adaptées, relevant d’une logique d’appartenance
lopper leurs relations d’affaires, de s’insérer dans des et de similitude.

22
Isabelle Bories-Azeau, Fatiha Fort, Florence Noguera & Catherine Peyroux

La formalisation des coordinations de l’action collective d’action et de jeux politiques (Bories-Azeau et Loubès,
entrepreneuriale suppose en effet des modalités orga- 2013), et à des choix stratégiques des universités qui ne
nisationnelles en mesure de favoriser le transfert de sont pas clairement explicités (Goy, 2015), au détriment
connaissance en dehors de la proximité géographique d’une lisibilité de leur positionnement dans l’écosys-
(Freel, 2003). tème entrepreneurial. Mais ce cadre d’action peut aussi
relever de politiques territoriales qui favorisent la coo-
Des procédures contractuelles, plus ou moins explicites, pération des acteurs territoriaux de l’entrepreneuriat
liant les universités aux parties prenantes de l’écosys- et l’émergence d’un projet collectif dans une logique
tème entrepreneurial territorial via un engagement « construite » (Horvath et Dechamp, 2016).
formel réciproque, et qui précisent les engagements en
termes d’apports et de création de valeur ajoutée de ces
parties prenantes (Hill and Jones, 1992), peuvent sou-
tenir cette formalisation. L’objectif est de « contractua-
liser », notamment par des partenariats publics/privés,
la proximité organisée qui structure cet écosystème et
qui fait émerger un projet collectif entrepreneurial fa-
vorable aux interactions et à la coordination d’acteurs
territoriaux hétérogènes. Cette contractualisation fa-
cilite des mécanismes d’ajustement entre les différents
acteurs de l’écosystème entrepreneurial. Nous rejoi-
gnons ici Bouba-Olga et Grossetti (2008 : p. 13) selon
qui « la proximité relationnelle ne peut se construire
qu’en définissant les relations entre organisations ».
Les universités sont ainsi en capacité de favoriser le rap-
prochement des représentations des parties prenantes
de l’écosystème entrepreneurial territorial, en créant un
cadre cognitif. Il s’agit de développer un capital social
territorial i.e. « la somme des ressources actuelles ou
potentielles, tangibles et intangibles encastrées à l’in-
térieur, disponibles au travers, et dérivées du réseau de
relations possédé par un acteur individuel ou collectif,
l’accès à ces ressources devant avoir des conséquences
positives pour l’action » (Plociniczak, 2003 : p. 456).

Tel est l’enjeu de l’émergence des Universités dans la


© AIRMAP | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)

© AIRMAP | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)


nouvelle territorialité. Au-delà, les Universités sont
bien des lieux d’interconnexions de plusieurs réseaux,
en ce sens elles ont un rôle à jouer dans l’assemblage
de ressources et de compétences nécessaire au maillage
territorial créateur de valeur.

L’analyse du positionnement des universités dans l’éco-


système entrepreneurial territorial renvoie à celle du
cadre de l’action publique en matière d’entrepreneuriat.
Celui-ci peut relever de politiques publiques territoriali-
sées dans une logique « prescrite » de mise en cohérence
des dispositifs entrepreneuriaux territoriaux avec les
politiques publiques nationales. Cette analyse révèle des
difficultés liées aux variations et croisements des espaces

Revue Gestion & Management public | Vol. 7, n°4 - 2019 23


Les nouveaux défis des universités dans l’écosystème entrepreneurial

BIBLIOGRAPHIE developpementdurable.2641]

CHABAUD, D. ; MESSEGHEM, K. ; SAMMUT, S. (2010).


ALDEBERT, B. ; ROUZIÈS, A. (2011). « L’utilisation des mé- « Vers de nouvelles formes d’accompagnement ? », Revue de
thodes mixtes dans la recherche francophone en stratégie : l’Entrepreneuriat, 9,2, p. 1-5.
constats et pistes d’amélioration », 20e Colloque de l’AIMS.
CHATELAIN-PONROY, S. ; MIGNOT-GÉRARD, S. ;
ANGEON, V. ; CARON, P. ; LARDON, S. (2006). « Des liens MUSSELIN, C. ; SPONEM, S. (2013). « De l’opposition
sociaux à la construction d’un développement territorial "politiques/administratifs" au clivage "centre/périphérie" :
durable : quel rôle de la proximité dans ce processus ? », les divergences de perception des outils de mesure dans
Développement durable et territoires [En ligne], Dossier 7 : les Universités », Politiques et management public, 30, 4,
Proximité et environnement, mis en ligne le 17 juillet 2006, p. 495-518.
[URL : http://developpementdurable.revues.org/2851].
CHECKLAND, P.B. (1989). « Soft systems methodology ». In
ARGYRIS, C. ; PUTNAM, R. ; MCLAIN SMITH, D. (1985). ROSENHEAD, J., Rational analysis for a problematic wor-
Action Science, San Francisco, Jossey-Bass Publishers. ld, Chichester, John Wiley & Sons.

BARNEY, J. (1991). « Firm resources and sustained compe- COLLETIS, G. ; RYCHEN F. (2004). « Entreprises et terri-
titive advantage », Journal of Management, 17, 1, p. 99-120. toires : proximités et développement local ». In PECQUEUR,
B. ; ZIMMERMAN, J.-B. (Eds), Économie de proximités,
BÉCARD, F. ; CALCEI, D. ; KAROUI, L. ; MOROZ, D. ; Paris, Hermes Science Publications, p. 207-230.
NLEMVO, F. (2008). "Promouvoir l’innovation et l’entrepre-
neuriat à travers la coopération entre les écoles d’ingénieurs, CÔME, T. (2011). « Quelle structure pour optimiser les re-
les écoles de management et les structures d’appui à l’innova- lations Universités-entreprises ? », Revue Management &
tion et à l’entrepreneuriat", ICSB Conference. Avenir, n° 45, p. 107-125.

BECKER, G.S. (1975). Human Capital, 2nd ed., Chicago CUZIN, R. ; FAYOLLE, A. (2005). « Les dimensions structu-
University Press. rantes de l’accompagnement en création d’entreprise », La
Revue des sciences de gestion, n° 210, p. 77-88.
BENNEWORTH, P. ; PINHEIRO, R. ; KARLSEN, J. (2017).
« Strategic agency and institutional change: investigating the DAVID, A. (1998). « Models implementation: a state of the
role of universities in regional innovation systems (RISs) », art », EURO Conference, Brussels.
Regional Studies, 51, 2, p. 235-248.
DETCHNENIQUE, G. (2013). « Le rôle de la proximité or-
BERTRAND, N. ; MOQUAY, P. (2004). « La gouvernance ganisée sur la régénération d’un territoire : le cas de la filière
locale, un retour à la proximité », Économie rurale, n° 280, cidricole », Conférence ASRDLF.
p. 77-95.
FAVOREU, C. ; CARASSUS, D. ; MAUREL, C. (2016). « Le
BORIES-AZEAU, I. ; LOUBÈS, A. (2013). « Territoire management stratégique en milieu public : Approche ration-
prescrit, territoire construit : Quels rôles pour un État stra- nelle, politique ou collaborative ? », Revue Internationale
tège ? », Atelier Mutécos (Ministère de l’Économie et des des Sciences Administratives, Vol. 82, p. 465-482.
Finances - ENA).
FAYOLLE, A. (2004). « Compréhension mutuelle entre les
BOSCHMA, R.A. (2004). « Proximité et innovation », créateurs d’entreprise et les accompagnateurs : une recherche
© AIRMAP | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)

© AIRMAP | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)


Économie Rurale, n° 280, p. 8-24. exploratoire sur les différences de perception », Management
International, 8, 2, p. 1-14.
BOULBA OLGA, O. ; GROSSETTI, M. (2008). « Socio-
économie de la proximité », Revue d’Économie Régionale FIXARI, D. ; PALLEZ, F. (2016). « Une stratégie publique
Urbaine, n° 3, p. 1-18. en travaux ? Coordinations et performances dans les sys-
tèmes territoriaux d’innovation », Revue Internationale des
BROWN, R. ; MASON, C. (2017). « Looking inside the spiky Sciences Administratives, Vol. 82, p. 447-464.
bits : a critical review and conceptualization of entrepreneu-
rial ecosystems », Small Business Economics, n° 49, p. 11-30. FORT, F. ; BORIES-AZEAU, I. ; NOGUERA, F. ; PEYROUX,
C. (2013). « Sustainable development of territories: what is
CAPPELLETTI, L. ; NOGUERA, F. (2007). « Research me- the role of support structures for entrepreneurship in crea-
thods in Management Consulting », MC Doctoral student ting value? An exploratory study », EURAM Conference.
Consortium, Academy Of Management Conference.
FREEL, M.S. (2003). « Sectoral patterns of small firm inno-
CARON, A. ; TORRE, A. (2006). « Vers une analyse des vation, networking and proximity », Research Policy, n° 32,
dimensions négatives de la proximité », Développement du- p. 751-770.
rable et territoires [En ligne], Dossier 7 | 2006, mis en ligne
le 10 mai 2006, consulté le 20 novembre 2014. [URL : http:// FREEMAN, R.E. (1984). Strategic Management: a stakehol-
developpementdurable.revues.org/2641 ; DOI : 10.4000/ der approach, Boston, Pitman.

24
Isabelle Bories-Azeau, Fatiha Fort, Florence Noguera & Catherine Peyroux

GARTNER, W.B. (1985). « A Conceptual Framework for LEROUX, E. ; PUPION, P.C. (2012). « Bilan social et person-
Describing the Phenomenon of New Venture Creation », nel à l’épreuve de la nouvelle gouvernance des universités »,
Academy of Management Review, 10, 4, p. 696-706. Revue Management et Avenir, n° 55, p. 252-271.

GOY, H. (2015). « Politique contractuelle et stratégies univer- LOILIER, T. (2010). « Innovation et territoire - Le rôle de la
sitaires : le rendez-vous manqué ? », Gestion et management proximité géographique ne doit pas être surestimé », Revue
public, 3, 4, p. 65-82. Française de Gestion, n° 200, p. 15-35.

HAMEL, G. ; PRAHALAD, C.K. (1990). « The Core MAILHOT, C. ; SCHAEFFER, V. (2009). « Les Universités
Competence of the Corporation », Harvard Business Review, sur le chemin du management », Revue Française de Gestion,
n° 68, May-June 1990, p. 79-91 n° 191, p. 33-48.

HANNACHI, M. ; CHABAUD, D. (2013). « L’écosystème MENDEZ, A. ; MERCIER, D. (2006). « Compétences-clés


entrepreneurial de la Tunisie post-révolution : le cas de l’ini- de territoires : le rôle des relations interorganisationnelles »,
tiative pilote "Souk At-tanmia" », Congrès de l’AEI. Revue Française de Gestion, 32 (164), p. 253-275.

HARRISON, R. ; LEITCH, C. (2010). « Spin-off companies, MESSEGHEM, K. ; SAMMUT, S. (2010). « Accompagnement


the Entrepreneurial System and Regional Development in du créateur : de l’isolement à la recherche de légitimité »,
the UK », Regional Studies, 44(9), p. 1241-1262. Revue de l’Entrepreneuriat, n° 9, p. 82-107.

HATCHUEL, A. ; MOLET, H. (1986). « Rational Modelling MOORE, J.F. (1993). « Predators and prey: a new ecology of
in Understanding Human Decision Making: about two case competition », Harvard business review, n° 71, p. 75-86.
studies », European Journal of Operations Research, n° 24,
p. 178-186. PENROSE, E. (1959). The Theory of the Growth of the Firm,
Oxford, Basil Blackwell.
HILL, C.W.L. ; JONES, T.J. (1992). « Stakeholder-Agency
theory », Journal of Management Studies, n° 29, p. 131-154. PETITJEAN, J. ; ORY, J. ; CÔME, T. (2014). « Entre besoins
internes et exigences externes, la difficile mise en œuvre d’un
HLADY-RISPAL, M. ; JOUISON-LAFITTE, E. (2015). « La contrôle de gestion à l’Université », Recherches en Sciences
contribution des méthodes qualitatives au développement du de Gestion, n° 103, p. 143-160.
champ de l’entrepreneuriat », Revue de l’Entrepreneuriat, 1,
14, p. 15-40. PLANE, J.-M. (2000). Méthodes de recherches-interventions
en management, L’Harmattan, Paris.
HOOD, C. (1991), « A public management for all seasons? »,
Public Administration, 69, 1, p. 3-19. PLOCINICZAK, S. (2003). « La construction sociale du
marché des très petites entreprises. Des réseaux sociaux au
HORVATH, I. ; DECHAMP, G. (2016). « Quand les pouvoirs capital social local des entrepreneurs. L’exemple de l’arron-
publics favorisent la proximité pour stimuler la créativité du dissement Lensois », Revue d’économie régionale et urbaine,
territoire », Gestion et management public, n° 4, p. 139-157. n° 3, p. 441-476.

ISENBERG, D. (2011). « The entrepreneurship ecosystem RALLET, A. (2002). « L’économie de proximité. Propos
strategy as a new paradigm for economic policy: Principles d’étapes », Études et Recherche sur les Systèmes Agraires et
for cultivating entrepreneurship », Institute of International le Développement, INRA, 33, p. 11-23.
European Affairs, Dublin, Ireland.
© AIRMAP | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)

© AIRMAP | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)


SAVALL, H. ; ZARDET, V. ; BONNET, M. ; PERON, M.
JULIEN, P.A. ; CADIEUX, L. (2010). « La mesure de l’entre- (2008). « The emergence of implicit criteria actually used
preneuriat », Rapport d’étude pour l’Institut de la statistique by reviewers of qualitative research articles: Case of a
du Québec, 22 décembre 2010, 90 p. European journal », Organizational Research Methods,
n° 11, p. 510-540.
KHELIL, N. (2012). « Contribution à la compréhension de
l’échec des nouvelles entreprises : exploration qualitative des SCHIEB-BIENFAIT, N. ; BOLDRINI, J.C. (2016). « La va-
multiples dimensions du phénomène », Revue de l’Entrepre- lorisation de la recherche publique à l’échelon des Régions
neuriat, 11, p. 39-72. françaises : quels enjeux, quels leviers d’activation ? »,
Management & Avenir, n° 83, p. 165-187.
LE GALÈS, P. (2006). « Gouvernement et gouvernance des
territoires », Problèmes politiques et sociaux, n° 922, La SPILLING, O.R. (1996). « The entrepreneurial system: On
Documentation française. entrepreneurship in the context of a mega-event », Journal
of Business research, 36, 1, p. 91-103.
LELOUP, F. ; MOYART, L. ; PECQUEUR, B. (2005). « La
gouvernance territoriale comme nouveau mode de coordi- SURESH, J. ; RAMRAJ, R. (2012). « Entrepreneurial
nation territoriale ? », Géographie, Économie, Société, n° 7, Ecosystem: Case Study on the Influence of Environmental
p. 321-331. Factors on Entrepreneurial Success », European Journal of
Business and Management, 4, 16, p. 95-101.

Revue Gestion & Management public | Vol. 7, n°4 - 2019 25


Les nouveaux défis des universités dans l’écosystème entrepreneurial

THIETART, R.A. et Coll. (2007). Méthodes de recherche en


management, Dunod, Paris.

TORRE, A. (2014). « Relations de proximité et comporte-


ments d’innovation des entreprises des clusters : le cas du
cluster de l’optique en île de France », Revue Française de
Gestion, n° 242, p. 49-80.

TORRE, A. ; RALLET, A. (2005). « Proximity and


Localization », Regional Studies, 39, 1, p. 1-13.

VERSTRAETE, T. ; FAYOLLE A. (2005). « Paradigmes et


entrepreneuriat », Revue de l’Entrepreneuriat, 4, 1, p. 33-52.

WERNERFELT, B. (1984). « A Resource-Based View of the


Firm », Strategic Management Journal, 5, 2, p. 171-180.

WIRTZ, P. (2006). « Compétences, conflits et création de va-


leur : vers une approche intégrée de la gouvernance », Finance
Contrôle Stratégie, Association FCS, 9 (2), p. 187-201.

ZARDET, V. ; NOGUERA, F. (2014). « Quelle contribution


du management au développement de la dynamique ter-
ritoriale ? Expérimentation d’outils de contractualisation
sur trois territoires », Gestion et Management Public, 2, 2,
p. 5-31.

ZARDET, V. ; NOGUERA, F. (2009). « Mythes et réalités


de la contractualisation de l’action publique : les cas de
contrats de développement territoriaux ». In MAHE DE
BOISLANDELLE, H. ; BORIES-AZEAU, I. (coord.), Les nou-
veaux défis du manager public, L’Harmattan, p. 259-276.

ZIMMERMAN, J.B. (2008). « Le territoire dans l’analyse


économique : Proximité géographique et proximité organi-
sée », Revue Française de Gestion, n° 184, p. 106-118.
© AIRMAP | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)

© AIRMAP | Téléchargé le 20/12/2020 sur www.cairn.info (IP: 207.241.231.83)

26

Vous aimerez peut-être aussi