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La possession – Code des droits réels

Définition : La possession est comme l’état de fait découlant de ce qu’une personne qui se
croit propriétaire d’une chose (en l’occurrence d’un immeuble) se conduit publiquement en
propriétaire.

L’exercice d’une action possessoire ne peut être envisagé pour les immeubles immatriculés.

En matière d’immeubles non-immatriculés, la possession remplissant les conditions légales


peut être une cause d’appropriation d’un immeuble. Le fondement juridique du droit de
propriété des immeubles non-immatriculés est le fait d’une possession paisible, publique, à
titre de propriétaire, non interrompue pendant une certaine période.

I. Les caractères de la possession


La possession de droit est fondée sur la maitrise effective d’un immeuble avec l’intention de
se l’approprier.

En l’absence des deux principaux caractères, on ne peut parler de prescription acquisitive, c-


à-d, le moyen d’acquérir, ç l’issue d’une certaine période, un bien ou un droit par l’effet de la
possession sans que celui qui l’allègue soit obligé d’en rapporter un titre.

Aucun ressortissant non marocain ne peut se prévaloir de ladite possession quelle que soit la
durée.

1. L’élément matériel de la possession

Cet élément matériel consiste dans la maitrise matérielle de l’immeuble comme par exemple
habiter une maison ou cultiver une terre. Cette maitrise effective doit être publique,
matérielle et récurrente.

La possession doit être assurée par la personne qui revendique la possession et peut être
exercée par l’intermédiaire d’une personne sous ses ordres.

Celui qui a mainmise sur l’immeuble est présumé possesseur pour lui-même jusqu’à preuve
du contraire.

Deux personne ou plus peuvent posséder ensemble un immeuble indivis.

L’incapable ou le non pleinement capable peut jouir de la possession si elle est exercée pour
son compte par son représentant légal.

2. L’élément moral de la possession

Cet élément consiste dans l’attention du possesseur de s’approprier l’immeuble objet de la


possession. En d’autres termes, il faut que le possesseur agisse comme un propriétaire ou un
ayant-droit et non pas de manière occasionnelle.
II. La présomption de possession

A chaque fois que les caractères cités ci-après sont réunis, la possession peut être présumée
juridiquement valable permettant ainsi au possesseur de revendiquer l’appropriation de
l’immeuble par effet de la prescription acquisitive.

La possession n’est valable que si :

- Le possesseur a mainmise sur l’immeuble ;


- Le possesseur dispose de l’immeuble tel un propriétaire dans sa propriété ;
- Le possesseur attribue l’immeuble à lui-même et les gens le lui attribuent ;
- Il n’y a pas de contestation à son égard ; (en d’autres termes la possession devrait être
paisible et ne devrait pas faire l’objet de contestation) ;
- La possession continue pendant la durée prévue par la loi, même dans l’hypothèse d’un
changement dans l’identité du possesseur comme en cas de décès par exemple ou les
héritiers continuent la possession ;
- En cas de décès du possesseur, il n’y a pas connaissance d’une quelconque cession.

La loi a prévu certaines exceptions à cette présomption. En effet, la possession n’a pas lieu :

- Entre le père et son fils à l’infini, ni entre la mère et ses enfants à l’infini ;
- Entre conjoints pendant le mariage ;
- Entre les associés de manière absolue ;
- Entre le représentant légal et ceux qu’il représente ;
- Entre le mandataire et son mandant ;
- Entre la personne chargée de la gestion des biens immobiliers et les propriétaires de ces
biens.

Egalement, la possession n’est pas valable lorsque :

- Le propriétaire du bien objet de la possession est un incapable ou non pleinement


capable n’ayant pas de représentant légal. Dans ce cas, la durée de la possession ne court
qu’à compter de la date de désignation dudit représentant légal ou de majorité, selon le
cas ;
- Le propriétaire du bien objet de la possession s’absente pour une durée longue et
ininterrompue et il est présumé ne pas être au courant de la possession de son bien
jusqu’à preuve du contraire ;
- Le propriétaire du bien objet de la possession ne peut réclamer son droit à cause d’un
empêchement majeur tel la crainte du possesseur jouissant d’un pouvoir ou qui s’appuie
sur un pouvoir ;
- Le propriétaire du bien objet de la possession a eu un empêchement le mettant dans la
possibilité de réclamer ses droits pendant la durée prévue en matière de possession.
III. Les conditions juridiques de la possession
1. Conditions relatives à l’immeuble objet de la possession

Certains immeubles ne peuvent être acquis par possession :

- Les biens relevant des domaines public et privé de l’Etat ;


- Les bien habous ;
- Les terres des collectivités ethniques
- Les biens des collectivités territoriales ;
- Les immeubles immatriculés ;
- Les autres biens expressément prévus par la loi

2. Conditions relatives à la durée de la possession

Si un étranger non copropriétaire possède un immeuble en remplissant toutes les conditions,


sans interruption, pendant dix années complètes alors qu’un copropriétaire présent avait
gardé le silence en connaissance de cause, sans empêchement ni excuse, il acquiert par sa
possession la propriété de l’immeuble.

Date d’entrée en vigueur de la possession : La durée de la possession court à compter de la


date de la mainmise du possesseur sur l’immeuble avec l’intention de se l’approprier. En cas
d’aliénations successives, elle commence à compter de la date de début de la possession du
premier cédant.

Calcul de la période de possession :

- La durée de la possession est franche. Cela veut dire que cette durée est prise en
considération en totalité ;
- Les durées de possession successives sont cumulées pour calculer la durée prévue par la
loi.

Causes d’interruption de la possession :

La durée de possession est interrompue si :

1. Le possesseur perd sa possession ou y renonce ;


2. Une action est intentée contre le possesseur ; dans ce cas, l’interruption n’a pas d’effet
si le tribunal rejette l’action du demandeur dans le fond ou si ce dernier y renonce ;
3. Le possesseur reconnait la validité de l’action du propriétaire du bien objet de la
possession.

Si la durée de la possession est interrompue pour l’une des causes prévues à l’article
précédent, la durée de la nouvelle possession commence à compter de la date de cessation de
la cause d’interuption.

3. Autres conditions de validité


- Absence de moyen dolosifs pour revendiquer la possession ; La possession n’a pas lieu
si elle est fondée sur un acte illicite
- Absence de vice de la possession ; Si la possession est assortie de contrainte, si elle s’est
faite clandestinement ou si elle est équivoque, elle ne peut produire d’effet qu’à compter
de la disparition desdits vices.
IV. Les effets de la possession

La possession remplissant ses conditions a pour effet l’acquisition par le possesseur de la


propriété de l’immeuble.

En d’autres termes la possession répondant aux conditions ci-dessous et pendant le délai


légal fixé par la loi permet la prescription acquisitive comme mode d’appropriation d’un
immeuble et ce, quand bien même le possesseur se baserait sur un acte non conforme. La
possession a dans ce sens, un effet de purge.

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