Université Loyola du Congo (ULC)
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Faculté de Philosophie St-Pierre Canisius
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J ournal hilosophique
Editorial
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ie Wende ! Un nouveau mur s’élève
! Plus géant que Berlin ! Plus
morcelant que le Bloc Est - Ouest de
l’Europe. Devrait-on crier malheur ?
Malheur, certes pour certains, bonheur pour
d’autres ! Malheur, puisqu’une civilisation
supplante une autre ! Malheur, tant qu’il
faudra un gagnant et un perdant ! Tant que
l’on continuera à percevoir l’autre comme
quelqu’un à utiliser, quelqu’un à traire,
quelqu’un à effacer ! Tant que l’on sera
convaincu, excusez-moi l’expression, que
noir et blanc ne se confondent pas ! Malheur
puisqu’érection et chute sont là le binôme qui
recoupe les époques !
Fabrice BAGENDEKERE, SJ
Rédacteur en chef L’Occident avait réussi tant bien que mal
à garder son hégémonie sur des dizaines
d’années, à une époque où les forces
concurrentes devenaient de plus en plus
vives et nombreuses, s’érigeant ainsi en
modèle de toute aspiration politique, morale
et économique. Et puisqu’il n’y a qu’un ciel,
l’autre, c’était l’enfer ! L’oppression, le non-
respect de la dignité humaine, la féodalité
moderne, tel était le visage de l’autre. Cette
campagne avait jusque-là réussi, peut-être
réussira-t-elle encore pour quelques années
mais, doit-on admettre, « le monde s’effondre
»! On en ramassera des morceaux, et
chaque morceau en fera un monde ! Bloc
Est, bloc Ouest, bloc Arabo-mahométan, et
pourquoi pas l’Afrique, puisque nous nous
sommes toujours vu un bloc ! L’Afrique n’est
pas maudite!
Avec autant de condensation que connait notre
globe, à travers l’intensification chaque jour
plus grande des réseaux de communication,
il est aujourd’hui impossible d’être le seul
maître du monde. La concurrence est grande
et grande sont les possibilités pour les nations
N°121 - Novembre 2023
de s’inventer, de s’émanciper de toute « main
secourable ! » et choisir tant ses acheteurs
que sa clientèle. Se refuser de l’accepter
n’est que présomption, c’est rester rivé sur
un passé qui semble encore très récent pour
être reconquis! Se refuser de l’accepter, c’est
« se cacher les tendances essentielles de
l’histoire » ! Qui a vraiment côtoyé l’histoire,
en effet, n’en sortirait sans cette angoisse
de Paul Valery : « Nous autres, civilisations,
nous savons maintenant que nous sommes
mortelles. » (Paul Valery, La Crise de l’esprit)
Dans une analyse des événements qui
menèrent les Etats-Unis d’Amérique à sa toute
puissance, Jeronimo MUHINDO, l’auteur du
premier article de ce numéro, prévoit la fin du
monopolarisme et la germination d’un monde
bipolaire. Multipolaire, irons-nous plus loin !
La meilleure attitude pour les vieux loups,
pense-t-il, serait de trouver des moyens de
convivialité avec les Etats émergeants ! Car,
certes, ce n’est que dans un rendez-vous
du donner et du recevoir qu’un Etat, qui
qu’il soit, trouvera sa place dans le nouvel
ordre mondial qui est en train de naître! «
Tout change, tout évolue, seuls les imprécis
ne changent pas », avise MUHINDO !
NDEDIKA Michel, l’auteur du second article,
lui, entrevoit un mur transversal, traversant
le Nord, le Sud, l’Est et l’Ouest. Il s’agit de
ce ravin qu’on voit s’élargir entre la jeunesse
et les vieux âges. Selon lui, la jeunesse a
été abandonnée! Abandonnée aux médias,
abandonnée au cinéma, abandonnée au
farniente. Il en découle, nous dit-il, « des
consciences inachevées », qu’il faut sauver
si on ne veut pas avoir à l’avenir des sous-
hommes !
Chers férus, je ne suis qu’un précurseur !
 LA CHUTE DU MONDE UNIPOLAIRE ET LES
Jeronimo MUHINDO
L3 PHILO / ULC
NOUVEAUX CHANGEMENTS TECTONIQUES
DANS LA GEOPOLITIQUE INTERNATIONALE
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oute grande puissance, de l’antiquité à nos
jours, aspire à imposer sa vision du monde
au reste des peuples. Toute l’histoire de
la géopolitique internationale est marquée par
d’empreintes des grandes puissances de chaque
époque. Par ailleurs, lorsqu’il y a deux ou plusieurs
puissances dont les puissances militaire, économique
et technologique sont relativement comparables, et
que par contre, leurs intérêts ne convergent pas sur
tel ou tel objet substantiel, la volonté de puissance
prend place. Les deux guerres mondiales ne sont rien
d’autre que le choc inévitable des intérêts des grandes
puissances. C’est un fait incontestable que dans la
politique internationale le plus fort a toujours eu une
place spéciale. La géopolitique internationale de la
deuxième moitié du XXe siècle est fortement marquée
par la domination américaine.
En effet, les relations internationales après la IIe
guerre mondiale reposait sur trois bases : la création
de l’ONU, le Dollar comme monnaie de réserve et
d’échange dans le marché international et le principe
de Non-ingérence dans des affaires internes de
chaque pays. Par conséquent, l’Amérique avait
toutes les chances de maintenir son influence dans le
monde plus qu’aucune autre puissance dans l’histoire
contemporaine. En effet, l’économie dicte l’orientation
politique de tout pays, et l’économie mondiale reposait
sur la confiance au Dollar, monnaie américaine choisie
par un consensus de plusieurs acteurs internationaux
de l’après IIe guerre. De plus, le siège de l’ONU fût à
New York. Depuis lors, les USA ont presque toujours
Sophia / n°121-Novembre
fait le contraire. Profitant de la décadence de la vielle
civilisation européenne, ils jouent à un cynisme non
moins hideux à l’égard de ses valeurs. Ils détruisent
des pays, limogent des dirigeants, sanctionnent
quiconque s’oppose à leurs intérêts. Bref, les USA se
présentent partout dans le monde comme les envoyés
de Zeus pour éradiquer les méchants au monde. Voilà
pourquoi, dans l’analyse de la politique internationale
contemporaine, lorsqu’on parle du monde unipolaire,
il s’agit manifestement de cette structure américano-
européenne, caractérisée par l’euro-dollar, l’OTAN
et une soi-disant démocratie. Le monde multipolaire
s’avère comme la fin de cette domination américano-
européenne et la naissance de plusieurs pôles
d’influences.
Les USA d’aujourd’hui ne sont plus ceux de l’après IIe
guerre mondiale, ni politiquement, ni économiquement,
ni technologiquement, ni non plus militairement, bien
que le nombre de pays qui quittent le dollar comme
monnaie d’échange ne cesse d’augmenter. Au lieu
de trouver de nouvelles méthodes de convivialité
dans un monde de plus en plus fissuré, toujours
méfiant, l’Amérique et l’Europe refusent d’accepter
les aspirations de tant de pays qui veulent garder leur
autosuffisance, leur indépendance et souveraineté.
Toujours est-il que, bon gré mal gré, nul ne peut
arrêter le destin, puisqu’il relève de l’inflexible voie
de la nécessité. Seulement que le changement n’est
profitable qu’à ceux qui profitent du changement ; tout
change, tout évolue, pourtant seuls les imprécis ne
changent pas, disait l’artiste Ivoirien Alpha Blondi.
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 LA FORMATION INTELLECTUELLE : UNE
ENTREE DANS LA SOCIETE DU SAVOIR OU
Michel NDEDIKA, S.J.
UNE SOIF DES DIPLOMES ?
L3 PHILO / ULC
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epuis l’aube de l’humanité, beaucoup de
choses ont été laissées à l’oubli. Alors que la
société précoloniale, tout au moins dans ses
zones les plus développées, se voulait une féodalité
collective au sein de laquelle pouvait coexister des
clans et les tribus juxtaposées, aussi bien du point
de vue de la superficie que celui de l’importance de
la population, le lyrisme éducationnel de la jeunesse
devient d’autant plus un véritable sujet d’étude qu’un
tabou. Se questionnant, il devient une nouvelle
interrogation et un sérieux problème à résoudre. C’est
en fait, une totale incompréhension, une conscience
inachevée marquée par une lutte de justice, de
liberté et de récupération de l’humanisme offensé et
spolié. Finalement, s’installe à petit feu la culture de
la fatalité, de la passivité d’ordre intellectuel et de la
glorieuse célébration des toges portant à faire croire
à la jeunesse que même sans intelligence, sans
compétence, le diplôme est un jeu facile du hasard,
un gâteau d’anniversaire bon marché. Désormais,
plus rien n’est respecté.
En effet, loin de nous engager dans un activisme
intellectuel, cette réflexion se veut un appel au
rééquilibrage éducationnel de la jeunesse afin de
penser comment barrer, spectacles désolants, la
dépravation des mœurs, la témérité et les méconduites
des jeunes dues à l’insuffisance d’appréciation et au
manque d’objectivité du jugement. Le monde actuel
étant essentiellement technologique, est-il possible
d’examiner la continuité historique de la jeunesse
dans l’amélioration de son avenir et l’acquisition du
savoir ? De plus en plus, les antivaleurs interrogent
la responsabilité de la transmission et la réceptivité
de la connaissance. Cependant, la question qui
jaillit d’emblée est celle de savoir s’il est possible de
3 Sophia / n°121-Novembre
rehausser l’accès et d’assurer ouvertement l’équité
de l’éducation en RDC afin d’améliorer la créativité
d’apprentissages et le pilotage intellectuel à défendre
en société après un luxueux parcours éducationnel ?
Suivant le fil Ariane qui s’offre aujourd’hui aux
observateurs attentifs et aux passionnés assidus
et affermis de la science dans diverses anales de
communication, la question de la nomenclature
éducationnelle et tous ses enjeux n’est plus un
sujet secret pour personne. Dans le contexte de la
mondialisation et de la numérisation technologique
qui est le nôtre, l’initiation à l’esprit critique (à la
philosophie), la transformation du mental de la
jeunesse, l’éveil des consciences inachevées,
endormies et imbécilisées est un fastidieux et un
accomplissement pour la connaissance qui a pour
finalité : la transformation de l’individu sur le plan
rationnel et comportemental. Ainsi, préoccupé par
cette même formation intellectuelle, notre schème
philosophique a pris pour orientation, l’étude de la
problématique de l’éducation pour tenter d’expliquer
cette allégation ou slogan : « Eduquer la jeunesse
aujourd’hui, c’est éduquer toute une nation et surtout
préparer l’avenir de tout un peuple ».
En somme, il n’y a pas une vie accomplie sans une
éducation de qualité. Le sens de la responsabilité est
l’acmé du parcours éducatif, signe rendant manifeste
la maturité humaine. D’un sens à l’autre, il s’avère
impérieux de mobiliser et de maximiser les forces
pour que l’éducation à la vertu, soit une expression
du sens de responsabilité réelle et non d’une utopie
de la soif et de la célébration des diplômes.
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ournal hilosophique

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