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Licence « Génie des opérations industrielles et

digitalisation » (OID)
Semestre : S3
Elément de module : Matériaux avancés et composites

Structures métallurgiques des


métaux et alliages

Pr. Mohammed BOUAICHA

1
Matériau polycristallin
Un métal est formé d’une multitude de petits volumes polyédriques appelés grains
dont la taille varie en général de 2 à 20 μm, et qui sont limités par des surfaces
appelées joints de grains.

Chaque grain est en fait un monocristal.

L’orientation du réseau cristallin propre à chaque grain est différente et le


matériau est dit polycristallin.

Dans le cas très particulier où le matériau n’est constitué que d’un seul grain, il
est dit monocristallin.

2
Matériau polyphasé
Dans les cas les plus simples (métaux purs, solutions solides) tous les cristaux ont une
structure et une composition identiques : le matériau est monophasé.
Mais en général le matériau est polyphasé, chaque ensemble de cristaux de mêmes
structure et composition formant une phase distincte.

Les propriétés macroscopiques d’un matériau métallique sont en relation directe avec
sa structure à l’échelle cristalline.

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Structure métallurgique

La structure d’un matériau


correspond à la manière dont les
éléments qui le constituent sont
arrangés dans l’espace.

Selon le moyen utilisé pour


l’observer, la structure de la
matière peut s’étudier suivant
trois niveaux d ’examen :
- Structure macrographique
- Structure granulaire
- Structure cristalline

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Structure métallurgique

La structure d’un matériau


correspond à la manière dont les
éléments qui le constituent sont
arrangés dans l’espace.

Selon le moyen utilisé pour


l’observer, la structure de la
matière peut s’étudier suivant
trois niveaux d ’examen :
- Structure macrographique
- Structure granulaire
- Structure cristalline

5
Structure cristalline

Lorsque des atomes métalliques se lient entre eux à l’état solide - par exemple quand
ils se solidifient - ils ne s’ordonnent pas dans l’espace n’importe comment, mais
tendent à prendre un arrangement régulier, « en ne se gênant pas les uns les autres d’un
point de vue mécanique ».
L’aspect géométrique que prend cet arrangement à l’échelle de l’atome est appelé :
structure cristalline ou réseau cristallin.
Le plus petit empilement des atomes en point de vue géométrique, est appelé : Maille.

Tous les réseaux cristallins peuvent être décrits à partir de 7 mailles élémentaires qui
définissent les 7 systèmes cristallins.
Pour les éléments métalliques il n’y a que trois possibilités. Les mailles sont :
- ou cubique à face centrée (C.F.C.),
- ou hexagonal compact (H.C.),
- ou cubique centrée (C.C.).

6
Structure cristalline

Maille C.C

Maille H.C

Maille C.F.C

7
Structure cristalline

Les mailles C.F.C. et les mailles H.C. sont dites compacte ou dense car les atomes
présents sont tous très proches les uns des autres.
C’est pourquoi le cuivre, le nickel, l’aluminium (C.F.C.) ou le titane et le zirconium
(H.C.) sont des matériaux facilement déformables (ductiles et malléables), alors que
le fer ou le chrome (C.C.) sont plus difficilement déformables (Résistants).

8
Diversités cristallines

Réseau à l’équilibre :
Lorsque l’arrangement cristallin est proche de la perfection, le réseau est dit à
l’équilibre, c’est une première distinction, dans ce cas la matière présente son plus
bas niveau de contrainte interne, « il y a peu de coincement entre les atomes ».

9
Diversités cristallines

Réseau hors équilibre :


Lorsque l’édification du réseau cristallin a été perturbée, par exemple lors de sa
solidification ou après déformation mécanique, ou dans certains cas de
refroidissement rapide (trempe), de nombreuses imperfections, ou défauts
d’empilement, apparaissent dans les cristaux, qui est alors « distordu ».
Ces défauts sont du type :
- lacune, il manque un atome,
- ou dislocation, il manque un plan d’atome.

Dans ce cas on dit que la matière est


hors d’équilibre.
Les réseaux hors équilibre n’ont pas les
mêmes propriétés que les réseaux à
l’équilibre. Par exemple : ils sont souvent
nettement plus durs.

10
Comportements mécanique des matériaux
Comportement élastique et plastique d’un matériau :

Schématisation du
comportement élastique
Schématisation du
comportement plastique
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Comportements mécanique des matériaux
Comportement fragile d’un matériau :
la rupture se fait entre les atomes situés sur les plans de faible densité atomique ou
plan non dense (là où les atomes ne sont pas en contact) car ce sont les lieux où
les liaisons sont les plus faibles, on parle alors de clivage.

Schématisation de la
rupture fragile

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Relation entre structure cristalline et propriétés
Le comportement mécanique d’un matériau dépend, principalement : de la facilité
avec laquelle une contrainte peut déplacer des dislocations jusqu’à créer une
déformation plastique.
• Les structures hors d’équilibre sont de plus haute limite d’élasticité que les
structures d’équilibre, car le grand nombre de perturbations cristallines qu’elles
présentent gêne les glissements (ou mouvement des dislocations).
• Les structures C.F.C., plus denses, se plastifient facilement car elles présentent
beaucoup de directions de forte densité atomique où les atomes, au contact,
sont prompts à se pousser les uns les autres pour générer des déformations
plastiques.
• Dans le même ordre d’idée les structures C.F.C. sont souvent quasiment
insensibles à la rupture fragile, car elles contiennent beaucoup de directions de
forte densité atomique, ce qui facilite les glissements, et aucun plan de
suffisamment faible densité atomique pour permettre les clivages.
• Notons aussi l’effet de la température. A basse température les matériaux sont
susceptibles de rupture fragile, car le peu d’agitation thermique qu’ils présentent,
gêne les glissements.
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Relation entre structure cristalline et propriétés
Le tableau ci-après permet de résumer le lien qui existe entre structures,
températures, et propriétés mécaniques.

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Structure granulaire
La construction du réseau cristallin se fait par germination puis croissance.
Lors d’une solidification, dans le creuset qui contient le métal liquide, la direction
que prend la construction de chacun des nombreux germes cristallins qui se forme
en début de solidification, s’oriente dans l’espace de façon tout à fait aléatoire.
Chaque germe se développe sous la forme d’un cristal, relativement équilibré si la
température est suffisante pour permettre la diffusion.
Par contre, en fin de croissance, les cristaux formés ne peuvent se joindre les uns
aux autres que par le biais de réseaux déséquilibrés, qui cherchent à s’adapter aux
différences d’orientations des réseaux.
Ces réseaux cristallins équilibrés, désorientés les uns par rapport aux autres, sont
appelés : grains.
Les réseaux déséquilibrés qui lient ces grains entre eux sont appelés : joints de
grain.

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Structure granulaire
Lorsqu’après préparation métallographique spéciale, on observe la coupe d’un
matériau métallique au microscope, les cristaux apparaissent sous la forme de grain
et de joint de grain, on parle de structure granulaire ou micrographique.

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Relation entre structures granulaires et propriétés
Petch et Hall ont démontré que la limite d’élasticité d’un matériau augmentait
quand le diamètre des grains diminuait. Il en va de même pour la résistance au
choc.
En effet, plus les joints de grains sont nombreux, plus il y a d’obstacles aussi bien
aux glissements qu’au passage des clivages…

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Evolution de la taille des grains
Nous nous limiterons à présenter trois phénomènes métallurgiques qui agissent sur
la taille des grains des alliages métalliques :
- la régénération des aciers transformables,
- la surchauffe,
- l’écrouissage/recristallisation.

 Régénération des aciers transformables :


Le fer et la plupart des aciers (aciers non et faiblement alliés et aciers
inoxydables martensitiques notamment), sont dits transformables. C’est-à-dire
qu’ils changent de structure cristalline avec la température.
A température ambiante, ils sont cubiques centrés. Passé, au chauffage une
température, appelée A3, ils deviennent totalement cubiques à faces centrées,
pour redevenir cubiques centrées lorsqu’ils retournent à température ambiante.
A3 se situe aux alentours de 900°C.
Cette particularité cristalline s’accompagne d’une particularité granulaire : le
changement de structure cristalline s’accompagne d’un affinement de grains.
On parle de phénomène de régénération.
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Evolution de la taille des grains
Ce phénomène est largement mis à profit par les métallurgistes lors du
traitement thermique des aciers transformables ; en effet pour affiner leurs
grains, il suffit de chauffer ces aciers juste au dessus de leur température de
transformation, A3, puis de les laisser refroidir à l’air calme. On parle de
traitement thermique Recuit de normalisation.
 Surchauffe :
lorsqu’un alliage métallique est porté à haute température, par exemple
quelques dizaines de degrés au-dessous de la température de fusion, l’agitation
thermique devient telle que les réseaux cristallins tendent à se réunir entre eux,
en prenant les mêmes alignements, et ce en effaçant les imperfections de réseau
situées au joint des grains.
Le résultat de ce mécanisme cristallin est simple : les grains, se réunissant entre
eux, deviennent moins nombreux et par conséquent plus gros.
Etant donné que les propriétés mécaniques chutent quand la taille des grains
augmente, les métallurgistes parlent de surchauffe.

19
Evolution de la taille des grains

20
Evolution de la taille des grains
 Ecrouissage/recristallisation, surchauffe :
Un alliage déformé à froid est dit écroui.
L’écrouissage crée un réseau cristallin déséquilibré, instable, qui cherche à
évoluer vers l’état d’équilibre.
Si un alliage suffisamment écroui est réchauffé, il recristallise, afin de retourner
vers un état d’équilibre plus stable ; alors, de nouveaux grains se forment.
On peut affiner des grains en réchauffant un alliage fortement écroui, juste au-
dessus de sa température de recristallisation.
Ce principe est notamment utilisé lors du laminage contrôlé… ou encore lors
d’un traitement thermique de recuit de recristallisation.
la température de recristallisation des alliages est sensiblement égale à la moitié
de leur température de fusion.

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Evolution de la taille des grains

22
Evolution de la taille des grains

Cuivre
écroui

Cuivre recristallisé

Cuivre
réchauffé

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Structure macrographique
Lorsqu’après préparation métallographique spéciale, on observe à l’œil nu, la coupe
d’un matériau métallique, on parle d’examen macrographique ou macrostructural.
Macrographiquement, dans les grandes lignes, on distingue :
- les produits moulés,
- les produits mis en forme par déformations à chaud (laminés, forgés,
corroyés…).
 Ségrégation des produits moulés :
Les produits moulés, du fait qu’ils séjournent longtemps à haute température,
présentent des structures granulaires grossières, parfois visibles à l’œil nu.
D’autre part, s’ils sont bruts de fonderie, présentent des hétérogénéités
chimiques appelées ségrégations, c’est-à-dire que la composition chimique de
ces produits peut varier d’une région à l’autre.

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Structure macrographique
Ces ségrégations sont issues de la solidification. Le premier élément à cristalliser
lors de la solidification est l’élément majoritaire. Il en résulte que les éléments
minoritaires tendent à rester piégés dans les régions liquides qui se solidifient en
dernier.

25
Structure macrographique
 Fibrage des produits déformés à chaud :
Les produits déformés à chaud ont pour origine des produits moulés. C’est
notamment le cas des produits laminés, forgés ou corroyés.
Lors de cette déformation les grains tendent à s’affiner, par le biais de
phénomènes d’auto-écrouissage recristallisation, et les régions ségrégées tendent à
s’aplatir et à s’aligner suivant le sens des déformations.
Ces ségrégations allongées apparaissent lors de l’examen métallographique sous
forme de lignes, on parle de fibrage.

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Relation entre structure macrographique et
propriétés
• L’état de surchauffe naturel que présente les produits moulés, lorsque leurs
grains n’ont pas été affinés par un traitement thermique ultérieur, tend à les
rendre moins résistants mécaniquement.
• Les produits moulés, tendent à présenter des propriétés anisotropes, les
propriétés varient selon l’orientation des contraintes par rapport à l’orientation
des grains.
• Les sites de ségrégation, et notamment les sites de ségrégation majeure sont des
lieux où la fragilité des alliages moulés est accrue (notamment par le biais des
concentrations d’impuretés que ces régions présentent).
• Les produits déformés à chaud présentent des propriétés anisotropes, ils sont
d’autant moins résistants que les contraintes appliquées génèrent des efforts de
traction perpendiculaires aux fibres.
• L’affinement des grains dont bénéficient les produits déformés à chaud lors de
leur fabrication (phénomènes d’auto-écrouissage recristallisation), tend à les rendre
plus résistants mécaniquement.

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Rôles ou effets des éléments d’alliages
Industriellement, il est très rare qu’un métal soit utilisé pur.
Dans la plupart des cas, des éléments sont mélangés à l’élément métallique de base
pour former un alliage.
On ajoute essentiellement un ou plusieurs éléments d’alliage a un élément de base
dans le but d’améliorer ses propriétés physiques, et le plus souvent (entre autres
propriétés visées comme la résistance à la corrosion, la dilatation…), dans
l’intention d’augmenter ses propriétés mécaniques de résistance en traction.
Prenons l’exemple du fer, le simple fait de le mélanger à 0,1 % de carbone (soit
d’ajouter 0,1 gr de carbone à 99,9 gr de fer), permet quasiment de doubler ses
résistances à la déformation plastique (Re) et à la rupture (Rm).

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Effets métallurgiques et mécaniques
 Effet de soluté :
Pour ce qui est de l’effet de soluté, « ou effet de mélange », lorsque un ou
plusieurs éléments d’alliage sont intimement mélangés au réseau cristallin d’un
élément de base, ils tendent à gêner le déplacement des atomes du réseau mis
sous contrainte.
En conséquence, si l’on veut obtenir
la déformation plastique de ce
cristal, maintenant allié, il faut alors
appliquer des efforts
nécessairement plus grands : le ou
les éléments d’alliages, rajoutés, ont
augmenté la limite d’élasticité et la
résistance à la rupture de l’élément
de base par le biais de l’effet de
soluté.

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Effets métallurgiques et mécaniques
 Effet des précipités :
Dans certains cas (pour certaines proportions), et notamment, lorsqu'ils ont des
affinités chimiques avec l’élément de base, le ou les éléments d’alliages rajoutés
font plus que se mélanger intimement avec l’élément principal, ils forment par
endroit, avec l’élément de base, des petites particules que l’on appelle des
précipités.
Quand il s’agit d’affinité chimique, il est important de préciser que les précipités
formés sont très durs. Ils sont très durs parce que les atomes qui les constituent
sont associés entre eux par des liaisons chimiques très fortes.
On peut notamment citer les précipités de carbure métallique, comme le
carbure de fer, de formule chimique Fe3C (Cémentite), ou le carbure de
tungstène, de formule chimique WC.
A titre d’exemple, le carbure de fer, Fe3C, est 20 fois plus dur que le fer pur…

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Effets métallurgiques et mécaniques
En première conséquence, les
mouvements de dislocation et la
déformation plastique qui en découle
deviennent alors très difficiles à
mettre en place.
En deuxième conséquence, les efforts
à appliquer pour obtenir la
déformation plastique du cristal
(maintenant allié à des éléments qui
forment des précipités), doivent
devenir nécessairement plus grands :
le ou les éléments d’alliages, rajoutés,
ont augmenté la résistance à la
traction (Re et Rm) de l’élément de
base par le biais de l’effet des
précipités.

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Effets métallurgiques et mécaniques
 Effet trempant :
Pour certains alliages, et notamment en ce qui concerne l’acier, il est possible
d’obtenir un réseau cristallin à l’état hors équilibre en refroidissant rapidement
l’alliage qui le constitue après l’avoir chauffé (par exemple en le trempant dans
l’eau après l’avoir chauffé au four).
On appelle cela l’effet de trempe et l’on dit que l’alliage est à l’état trempé.
Or à l’état trempé le réseau cristallin obtenu comprend de nombreuses
imperfections : dislocations ou défauts d’empilement, qui « distordent » le cristal,
(état comparable à l’écrouissage), et dans cet état, ce réseau disloqué devient
beaucoup plus difficile à déformer plastiquement ; il présente alors une limite
d’élasticité (Re), voire une résistance à la rupture (Rm), plus élevées.
Dans le cas des alliages trempés, l’augmentation de la résistance à la traction est
souvent accompagnée d’une notable diminution de la capacité de déformation
plastique (A %).

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