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immatriculé ne vaut ? »
Observations sur CS Sénégal n° 79 du 16 juillet 2008, Aliou Bathily
c/Abdoul Diallo
Boubacar Diallo
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Dans Droit et Ville 2011/1 (N° 71), pages 173 à 197
Éditions Institut des Études Juridiques de l'Urbanisme, de la Construction et de
l'Environnement
ISSN 0396-4841
DOI 10.3917/dv.071.0173
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« Promesse sous seings privÉs de VENTE
d’immeuble immatriculÉ ne vaut ? »
Observations sur CS Sénégal n° 79 du 16 juillet 2008,
Aliou Bathily c/Abdoul Diallo
par
Boubacar DIALLO
Maître-assistant associé
Université Gaston Berger - Saint-Louis, Sénégal
droit et ville 175
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La Cour
Après en avoir délibéré conformément à la loi ;
Vu la loi organique n° 92-25 du 30 mai 1992 sur la Cour de cassation ;
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Qu’en se déterminant ainsi, alors que la vente porte sur un immeuble
immatriculé, la cour d’Appel a violé les textes susvisés ;
Observations
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elles ont été passées par acte sous seings privés. Cet enseignement
constant 2 de la jurisprudence de la Cour suprême du Sénégal 3
vient, à nouveau, d’être confirmé par l’arrêt n° 79 du 16 juillet
2008. Toutefois, malgré cette constance de la jurisprudence de
la Cour, cet arrêt peut faire débat à un double point de vue, au
moins. D’une part, la règle plusieurs fois répétée ne semble
pas être parfaitement entendue par les juridictions du fond.
Certaines décisions continuent à accorder, comme en l’espèce,
une certaine valeur juridique à la promesse sous seings privés de
vente d’immeuble immatriculé. C’est le signe que le principe du
formalisme de la promesse est loin de faire l’unanimité. Il appelle
certaines critiques qui, à maints égards, paraissent légitimes
au regard du fondement discutable que lui assigne la Cour
suprême. D’autre part, le principe de solution consacré apporte
une précision supplémentaire quant à la portée du formalisme
des contrats relatifs à une transaction immobilière, au-delà de la
seule promesse de vente4. Cet arrêt suscite ainsi une discussion
1. Souvent prêtée aux hommes politiques (on se demande bien pourquoi ?), cette expression
aurait pour origine la pancarte « demain on rase gratis » qui ornait, en permanence, la porte
d’un barbier. On imagine facilement l’étonnement de ceux qui se présentaient le lendemain
et se voyaient réclamer paiement au motif que « c’est demain que c’est gratuit ».
2. Cf. CS, 2ème civ. et com., 04 juin 1993, Arrêt n° 107, EDJA n° 24, janv. - mars 1995, note
A. Cissé. Plus récemment, la Cour a rappelé l’exigence d’un acte authentique en approuvant
la décision d’une Cour d’appel qui avait retenu que « la promesse synallagmatique de vente
d’un immeuble immatriculé doit revêtir la forme d’un acte authentique » : CS, civ. et com.,
16 janvier 2008, arrêt n° 21, Youssou Seck c/SNR, Bull n° 16, op. cit. Dans le même sens,
CS, civ. et com., 05 déc. 2007, arrêt n° 121, Amadou Lamine Kébé c/Mayoro Mbaye, Bull
n° 15, année judiciaire 2006-2007 : « … tant la promesse de vente que le contrat définitif
ayant pour objet la vente d’un immeuble immatriculé au livre foncier doivent être établis
obligatoirement par un notaire ». Et, plus récemment, CS, civ. et com. n° 63 du 18 nov.
2009, Nasrallah c/S.C.I. Padrino.
3. La loi organique n° 2008-35 du 7 août 2008 a institué, à nouveau, une Cour suprême,
au Sénégal, qui a repris les compétences de la Cour de cassation, notamment, en matière
civile et commerciale. La Cour de cassation avait été instituée, en même temps qu’un
Conseil constitutionnel et un Conseil d’Etat, en remplacement de l’ancienne Cour suprême,
par la loi organique n° 92-25 du 30 mai 1992. Aussi, l’expression « Cour suprême du
Sénégal » (et l’abréviation « CS ») sera utilisée pour désigner, indistinctement, les arrêts
rendus par la Cour de cassation sénégalaise et la Cour suprême du Sénégal qui se sont
succédés, notamment, en matière civile et commerciale. L’expression « Cour de cassation »
(et l’abréviation « cass. ») désignera la Cour de cassation française, afin d’éviter les
équivoques.
4. Cf. infra : n° 33. - s.
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d’une procuration notariée avait signé un acte sous seings privés
portant sur la vente d’un immeuble immatriculé. La perfection de
la vente a été poursuivie par le futur acquéreur qui s’était libéré du
prix convenu. Celle-ci sera ordonnée par la Cour d’appel de Dakar
dans son arrêt n° 657 du 17 décembre 2004, confirmant le jugement
entrepris par le tribunal régional hors classe de Dakar en date du 28
mars 2001. En déférant cet arrêt de la Cour d’appel à la censure de
la Haute juridiction sénégalaise, le pourvoi l’invitait à se prononcer
sur la question de savoir si la promesse synallagmatique de vente
sous seings privés portant sur un immeuble immatriculé est valable.
Répondant clairement par la négative, la Cour suprême a affirmé
qu’une telle promesse, tout comme la vente sur laquelle elle porte,
doivent être passées par acte notarié.
5. La question est d’autant plus importante dans le contexte du Sénégal. En effet, si dans
le contexte français, « en matière civile, la vente d’immeuble est presque toujours établie
par acte authentique, le plus souvent notarié » (Ph. Malaurie, L. Aynès, P.-Y. Gautier,
Les contrats spéciaux, Paris, Defrénois, 2003, n° 156), au Sénégal, le recours à l’écrit et,
particulièrement, à l’écrit authentique est loin d’être systématique.
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ci peuvent ainsi différer la seule prise d’effets de la vente jusqu’à
l’accomplissement de certaines formalités, auquel cas, la promesse
synallagmatique de vente vaut vente7. Mais elles peuvent également
prévoir que la formation de la vente est subordonnée à la signature
d’un acte authentique dans un certain délai. Dans ce dernier cas, la
promesse ne vaut pas vente8. Elle s’analyse en un simple projet non
obligatoire que certains qualifient, de manière discutable, de vente
sous condition suspensive9.
6. Ainsi, en droit français, la forme notariée n’est pas exigée pour la validité mais seulement
pour la publicité de l’acte de vente immobilière classique (la règle, qui vaut pour la
vente finale, l’est a fortiori pour les avant-contrats de vente). Il résulte, en revanche, des
dispositions de l’article L. 261-11 du CCH que le contrat de vente d’immeubles à construire
doit, s’il porte sur un immeuble ou une partie d’immeuble à usage d’habitation ou à usage
professionnel et d’habitation, être nécessairement passé par acte notarié à peine de nullité ;
et une règle analogue est prévue par l’article L. 262-4 à propos de la vente d’immeubles à
rénover.
7. Par exemple, si les parties prévoient que le transfert de propriété du bien immobilier ne
se produira qu’au jour de la signature de l’acte notarié, on parle de clause de réitération
ou de régularisation. Cette clause est valable et s’explique, le plus souvent, par le fait que
le paiement du prix se fera le jour de la signature de l’acte authentique entre les mains du
notaire rédacteur. Dans ce cas, selon la Cour de cassation française, le contrat étant supposé
d’ores et déjà formé, le refus de l’une des parties de se prêter à la formalité requise l’expose
à des sanctions dont l’exécution forcée (le cas échéant, un jugement pourra tenir d’acte
authentique de vente) : Cass. 3e civ. 20 déc. 1994, n° 92-20878, Bull. civ. III, n° 229,
p. 148 ; JCP G, 1995, p. 353, note Chr. Larroumet ; JCP N, 1996, p. 501, note D. Mainguy.
8. Cf. La vente d’immeuble. Sécurité et transparence, 99e Congrès des notaires de France,
Deauville, 25-28 mai 2003, Paris, Ed. Exposition, 2003, p. 389.
9. Cette qualification est contestable dans la mesure où, d’une part, le consentement ne peut
faire l’objet d’une condition et, d’autre part, une telle condition serait purement potestative
et, pour cette raison, frappée de nullité.
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vue adopté, le développement de ce formalisme de validité marque
un recul supplémentaire du consensualisme ou liberté des formes
contractuelles12. La justification réside, selon la décision d’espèce,
dans l’ordre public, c’est-à-dire, des impératifs liés à la protection
des parties, des tiers et de la société, en général. Partant, la Cour a
apporté une précision quant à la sanction des actes sous seings privés
portant sur un immeuble immatriculé (II).
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COCC consacre le caractère d’ordre public des dispositions relatives,
notamment, aux contrats relatifs aux immeubles immatriculés 13.
Il fait partie des dispositions du titre préliminaire de la deuxième
partie du Code traitant des contrats spéciaux14. Toutefois, force est de
reconnaître qu’il ne suffit pas, comme le fait la Cour, de constater le
caractère d’ordre public des dispositions visées pour caractériser le
fondement du formalisme de la promesse ou du mandat. Un examen
minutieux de ces textes et de leur situation dans le COCC permet
d’apporter de sérieuses réserves sur la justesse de la référence.
13. Ainsi, après avoir précisé que les dispositions de la deuxième partie du Code sont
supplétives de volonté, le législateur affirme, dans le second alinéa de l’article 258 que,
« ne tolèrent pas la convention contraire, les règles concernant les contrats portant sur les
immeubles immatriculés et le fonds de commerce, les baux à usage d’habitation ou à usage
commercial, l’assurance ainsi que toute disposition particulière expressément déclarée
d’ordre public ».
14. Loi n° 66-70 du 13 juillet 1962, entrée en vigueur le 1er janvier 1967, plusieurs fois
modifiée, notamment par la loi n° 85-37 du 23 juillet 1985 et par la loi n° 98-21 du 26
mars 1998 abrogeant les dispositions modifiées et remplacées par celles de l’OHADA.
Dans le livre premier consacré aux contrats translatifs de propriété, quatre chapitres sont
dédiés successivement à la vente, aux autres contrats translatifs, aux contrats relatifs aux
droits réels portant sur les immeubles immatriculés et à la vente de fonds de commerce. Les
articles 382 et 383 du COCC, logés dans le chapitre consacré aux contrats relatifs aux droits
réels immobiliers sont donc indiscutablement d’ordre public.
15. Art. 382 al. 1.
16. Art. 382 al. 2.
17. Ce texte peut être rapproché de l’article L. 261-11 du Code français de la construction
et de l’habitation qui exige que le contrat de vente d’immeuble à construire, lorsque celui-ci
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« le contrat » visé est entendu au sens large englobant l’« avant-
contrat » dont traite l’article 382 du COCC18. C’est ainsi que l’on
peut expliquer que la décision de la Cour se réfère expressément à
« la vente et la promesse synallagmatique de vente d’un immeuble
immatriculé ainsi que la procuration donnée pour conclure de tels
actes ». Cette conception large pourrait apparaître comme conforme
à l’architecture du code qui insère l’article 383 parmi les règles
générales applicables « aux contrats relatifs aux droits réels
portant sur les immeubles immatriculés ». Alors, la référence « aux
contrats » justifierait de ne pas cantonner la règle de l’article 383 à la
seule vente définitive. Sous cet angle, la position de la Cour respecte
la nature juridique de la promesse synallagmatique ainsi que du
mandat. La promesse synallagmatique de vente s’analyse, en effet,
comme un contrat par lequel les parties s’obligent mutuellement,
l’une à vendre, l’autre à acheter un bien déterminé à un prix fixé.
De même, le mandat, qu’il soit bénévole ou salarié, nécessite un
accord de volontés entre le mandant et le mandataire. Il fait naître au
moins une obligation, à la charge du mandataire, de réaliser des actes
déterminés, à titre indépendant, pour le compte du mandant.
doit être à usage d’habitation ou à usage professionnel et d’habitation, soit passé par acte
notarié. Le formalisme est alors distinct de celui de l’article L. 222-3 du CCH qui exige, à
peine de nullité, que le contrat de promotion immobilière portant sur un immeuble à usage
d’habitation ou à usage professionnel et d’habitation soit constaté par un écrit contenant
certaines mentions.
18. Cette analyse est partagée en droit sénégalais. Cf. notamment, A. Faye, « Le transfert
de propriété dans la vente de l’immeuble en droit sénégalais », PUSS, Droit sénégalais,
n° 8/2009.
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effets) dans l’article 382 présente une autonomie certaine par rapport
à un contrat définitif qui, indubitablement, est formaliste. On peut
donc raisonnablement considérer que si l’article 383 a consacré
un formalisme à un « contrat », il s’agit bien du contrat de vente
définitive. Le principe d’une interprétation stricte des exceptions
milite en ce sens. Le législateur l’aurait certainement précisé sans
équivoque dans l’article 382 qui est consacré à cet avant-contrat s’il
avait entendu exiger le même formalisme pour la promesse. Celle-ci
devrait donc être valable lorsqu’elle est passée sous seings privés.
Toutefois, ce n’est pas la position adoptée par la Cour suprême qui a
écarté cet entendement strict de l’article 383 par un raisonnement qui
ne semble pas exact, ni bien fondé.
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contractants ». L’article 323 fait partie des dispositions consacrées
aux modalités de la vente. Il pose donc une règle dispositive à
laquelle la Cour renvoie, sans raison, comme à une règle d’ordre
public.
14. Ensuite, une telle référence est de nature à jeter le trouble dans
la mesure où il s’évince de ce texte que la promesse synallagmatique
de vente, par laquelle les parties s’accordent mutuellement, l’une
pour vendre, l’autre pour acheter une chose déterminée pour un
prix fixé19, est une vente parfaite lorsque le contrat est consensuel.
Sinon, elle oblige les parties à parfaire le contrat en accomplissant
les formalités nécessaires à sa formation20. La solution induite par
l’article 323 prend le contre-pied de celle qui découle de la position
de la Cour. Elle obligerait les parties à un contrat portant sur un
droit réel immobilier à le parfaire en accomplissant les formalités
nécessaires à sa formation. Des dispositions supplétives de
volontés, consacrées à la vente, en général, ne devraient pas, selon
la solution de l’espèce, pouvoir faire échec à l’application de règles
d’ordre public consacrées spécialement aux contrats portant sur
des immeubles immatriculés. L’opportunité d’inclure l’article 323
du COCC parmi les bases légales de l’exigence de formalisme est
donc très discutable. Et ce texte est d’ailleurs souvent brandi afin de
justifier la solution contraire21 permettant de conclure à la validité de
la promesse de vente sous seings privés22.
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du formalisme.
B. L’expression du formalisme
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intelligible27. En principe, le support sur lequel est établi l’écrit est
indifférent quant à sa valeur juridique. En effet, la loi 2008-08 du
25 janvier 2008 sur les transactions électroniques (LTE) prévoit que
« lorsqu’un écrit est exigé pour la validité d’un acte juridique, il
peut être établi et conservé sous forme électronique… »28. Il n’en est
autrement que pour, d’une part, les actes sous seing privé relatifs au
droit de la famille et des successions et, d’autre part, les actes sous
seing privé relatifs à des sûretés souscrites pour des besoins non
professionnels29. La promesse de vente d’immeuble n’échapperait
donc pas à la règle de l’équivalence fonctionnelle des écrits sur
support papier et électronique.
25. Le formalisme de validité peut également résider dans la remise d’une chose, dans les
contrats dits « réels ».
26. L’acte juridique qui est frappé d’un tel formalisme est un acte juridique solennel. Cf.
Guerriero, L’acte juridique solennel, th. Toulouse, 1975, préf. Vidal.
27. Définition consacrée par l’article 1316 du Code civil français issu de la loi n° 2000-230
du 13 mars 2000, JORF 14 mars 2000.
28. Article 19 LTE. Il convient également de noter que le règlement 15-2002 du Conseil des
Ministre de l’UEMOA prévoit la même règle de l’équivalence fonctionnelle entre le papier
et l’électronique. Le pricipe est posé par les articles 18 et 19 du Règlement n° 15/2002/CM/
UEMOA relatif aux systèmes de paiement dans les Etats membres de l’Union Economique
et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) adopté le 16 septembre 2002 à Cotonou (Bénin).
Toutefois, le champ d’application du Règlement est circonscrit aux transactions bancaires
et financières et aux opérations effectuées dans tous les systèmes de paiement (article 17 du
Règlement). Autrement dit, la preuve électronique dont il s’agit dans ce texte ne concerne
que les opérations-là.
29. Article 20 LTE.
30. Ce montant est fixé à 20 000 FCFA, soit environ 30,48 euros.
droit et ville 187
Elle lui donne la publicité »31. D’autre part, en plus d’être passé par
devant notaire, l’acte constitutif ou translatif de droit réel immobilier
doit faire l’objet d’une inscription au titre foncier. Mais est-ce un
acte de formation ou d’exécution du contrat translatif de droit réel ?
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En vertu de l’article 381 du COCC, « l’acquisition du droit réel
résulte de la mention au titre foncier du nom du nouveau titulaire
du droit ». En droit sénégalais, le transfert de propriété ne s’opère
pas solo consensu32. C’est plutôt par l’exécution de l’obligation de
délivrance que se réalise le transfert de la propriété de la chose à
l’acquéreur33. S’agissant de la vente d’immeuble, la délivrance est
faite par la réalisation des formalités de publicité exigées par les
dispositions particulières à la propriété foncière et l’établissement du
titre foncier au nom de l’acheteur34. L’acte translatif de droit réel fait
ainsi l’objet d’un formalisme de validité, un écrit ad solemnitatem,
mais également de publicité, qui permet d’assurer l’exécution de
l’obligation de délivrance.
31. G. Cornu, L’art du droit en quête de sagesse, Paris, PUF, « Doctrine juridique », 1998,
p. 151.
32. V. article 276 du COCC.
33. Cf. article 276, al. 3 du COCC.
34. Cf. article 277, al. 2 du COCC. L’inscription est soumise aux dispositions des articles
130 et suivants du décret juillet 1932, JO Afrique occidentale française du 22 avril 1933, p.
426 s.
35. CA Dakar, arrêt n° 657 du 17 décembre 2004, inédit.
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21. La Cour considère que la promesse de vente d’immeuble
immatriculé, comme les autres actes portant sur les droits réels
immobiliers, doit être passée par devant notaire36. Cette exigence
d’un acte notarié fait de la promesse un contrat solennel au sens
strict du terme37. La solennité réside dans l’intervention du notaire
qui établit l’acte. Il s’agit d’un « rite d’écriture »38 qui révèle, aux
yeux des parties, l’importance de l’acte. Ce rite fait des actes dont
il célèbre l’existence « des actes ostensibles, de grands piliers
dressés pour être vus »39. Si l’acte est établi par voie électronique,
le rite de l’intervention du notaire prend la forme d’une signature
électronique qui « confère l’authenticité à l’acte »40. Toutefois, si
l’acte authentique en question est en principe un acte notarié, celui-
ci peut, dans certains cas, être suppléé par un acte équivalent.
36. Cf. les décisions déjà citées de la chambre civile et commerciale : 16 janvier 2008, arrêt
n° 21, op. cit. ; 05 déc. 2007, arrêt n° 121, op. cit.
37. On peut avoir une perception plus ou moins large de la notion de contrat solennel. De
manière large, le caractère solennel vise les actes dans lesquels un formalisme autre que
la remise d’une chose est prescrit (actes authentiques ou sous seings privés). De manière
plus étroite, ce caractère est réservé aux actes dans lesquels le formalisme exigé confère
l’authenticité à un acte (acte authentique).
38. J. Carbonnier, Droit civil, vol. 2, Les biens, les obligations, Paris, PUF, « Quadrige »,
1ère éd. 2004, n° 1005.
39. G. Cornu, op. cit., p. 149.
40. Article 41, al. 1 LTE. Pour une analyse doctrinale de l’acte authentique électronique,
cf. M. Grimaldi et B. Reynis, « L’acte authentique électronique», Defrénois 2003, art.
37798, p. 1023 s. ; A. Raynouard, « Sur une notion ancienne de l’authenticité : l’apport de
l’électronique », Defrénois 2003, art. 37806, p. 1117 s.
41. Cf. sur la notion d’authenticité, A. Lapeyre, « L’authenticité », JCP G, 1970, I, 2365 n°
14 ; J. Flour, « Sur une notion nouvelle de l’authenticité », Defrénois 1972, art. 30159, p.
977 s. ; Ph. Malaurie, « L’authenticité », Les éditions du CRIDON, Paris, intervention du 4
avril 2001 ; D. Froger, « Contribution notariale à la définition de la notion d’authenticité »,
Defrénois 2004, art. 37873, p. 173 s.
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conventions, à l’exclusion de celle de tout autre dépositaire du sceau
public. D’autres titulaires de l’office public ont reçu le « pouvoir de
communiquer l’authenticité aux actes qu’ils reçoivent »42.
42. G. Cornu, op. cit., p. 149. Cf. sur les différentes catégories d’actes authentiques,
D. Froger, op. cit., p. 173 s.
43. En France, « cette catégorie comprendrait les avocats au Conseil d’État et à la Cour
de cassation, les avocats inscrits à un barreau français, les notaires, les huissiers de
justice, les commissaires-priseurs, les administrateurs judiciaires et les mandataires-
liquidateurs » : F. G’Sell-Macrez, « Justification et régime de l’acte sous signature
juridique », Gaz. Pal. 14 oct. 2008, n° 288, p. 12.
44. F. G’Sell-Macrez, op. cit. p. 12.
45. Idem.
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décision d’espèce, la nullité qui sanctionne les actes sous seings
privés relatifs aux immeubles immatriculés est absolue. Mais au-delà
de la consécration de la nullité absolue (A), cet arrêt apporte une
précision. La nullité est encourue non seulement par la vente et la
promesse de vente, mais également par le mandat les concernant.
L’étendue de la nullité (B) couvre donc d’autres contrats constitutifs
ou translatifs de droits réels immobiliers que la seule vente.
46. V. sur cette distinction, J. Carbonnier, Droit civil, vol. 2, Paris, PUF, « Quadrige », n° 984.
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parties ou tiers, recèle nécessairement une part d’intérêt général, la
société accordant à cette protection d’intérêts privés une certaine
attention qui manifeste l’intérêt général. Les notions d’intérêt47 privé
ou d’intérêt général sont à contenu variable48, ce qui rend difficile
leur caractérisation.
47. Cf. sur cette notion d’intérêt en droit, Ph. Gérard, F. Ost, M. Van de Kerchove (dir.),
Droit et intérêt, Publications des Facultés universitaires Saint-Louis, Bruxelles, 1990.
48. Sur ces notions, cf. Ch. Perelman, R. Vander Elst, Les notions à contenu variable en
droit, Bruxelles, Bruylant, 1984.
49. J. Flour, J.-L. Aubert, E. Savaux, Droit civil. Les obligations, vol. 1 L’acte juridique,
Paris, Sirey, 12e éd. 2006, n° 306.
50. A. Cissé, op. cit., p. 74. Ainsi, dans le domaine des contrats immobiliers, le formalisme
est devenu la règle du fait de « l’adéquation des vertus informatives de la confection d’un
écrit au souci croissant d’un consentement mieux éclairé » : J.-L. Aubert, F. C. Dutilleul, Le
contrat, Paris, Dalloz, « Connaissance du droit », 4e éd. 2010, p. 88.
51. Cf. J. Flour, J.-L. Aubert, E. Savaux, op. cit., n° 306.
52. G. Cornu, op. cit., p. 151.
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autres contrats afférents à des immeubles immatriculés. Dans cet
esprit, la nullité encourue par une opération passée en violation d’une
telle condition ne pouvait être qu’absolue54. La sanction est radicale.
2) La radicalité de la sanction
53. J. Carbonnier, Droit civil, vol. 2, Les biens, les obligations, Paris, PUF, « Quadrige »,
1ère éd. 2004, n° 1004.
54. Cf. en ce sens, J. Carbonnier, Droit civil, op. cit., n° 1004.
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ainsi maintenu sur le contrat définitif de vente. La protection des
parties par un acte notarié serait pourvue efficacement au moment de
la perfection de la vente.
32. Par contre, il s’en déduit que l’absence d’acte notarié rend les
actes préparatoires de nul effet. Aucun engagement contractuel ne
peut résulter d’une promesse sous seings privés. L’action en nullité
contre une telle promesse peut être initiée par les parties, mais aussi
par le ministère public. Le juge peut également soulever d’office
la nullité absolue d’un contrat portant sur un droit réel immobilier
passé sous seings privés. L’initiative est élargie afin d’augmenter
les chances d’éradiquer de tels actes considérés comme contraires
à l’intérêt général. La nullité s’impose au juge qui ne peut, comme
l’a fait la Cour d’appel, reconnaître aucun effet à l’acte conclu
en violation du formalisme. Les parties ne peuvent pas non plus
maintenir l’acte dans la vie juridique en le confirmant. Et le périmètre
de la nullité s’étend, selon la Cour suprême, à tous les contrats relatifs
à des droits réels portant sur des immeubles immatriculés.
55. Cf. notamment, CS, civ. et com., 16 janvier 2008, arrêt n° 21, op. cit. ; 05 déc. 2007,
arrêt n° 121, op. cit.
56. Article 382, alinéa 2, du COCC.
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suprême donne une large portée au formalisme des contrats relatifs
aux immeubles immatriculés. La nullité absolue est encourue par
les actes sous seings privés qui constatent des contrats translatifs de
droits réels immobiliers (1) ou des contrats préparatoires à de telles
conventions (2).
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par un notaire. Ainsi, si les statuts ne sont plus nécessairement établis
par un notaire -ceux-ci pouvant être simplement enregistrés auprès
d’un notaire-, il en est autrement lorsqu’un associé apporte un droit
réel immobilier en pleine propriété. Dans ce cas, le transfert doit être
passé par devant notaire.
38. Il devrait en être de même d’un échange portant sur des droits
réels immobiliers. Il résulte également d’un accord de volontés et
permet de réaliser le transfert de propriété des immeubles qui en
font l’objet. Comme en matière de vente, le transfert de propriété
dans l’échange se produit par l’inscription de chacun des transferts
aux titres fonciers respectifs61. Même le bail peut être inclus dans
le périmètre du formalisme de l’article 383 du COCC lorsqu’il est
assorti d’une promesse de vente. Non seulement l’opposabilité aux
tiers requiert dans ce cas une inscription au titre foncier62, mais la
59. Article 379 du COCC : « Les contrats relatifs à des immeubles immatriculés sont soumis
aux dispositions spéciales du présent chapitre ».
60. La supranationalité du droit uniforme africain des affaires de l’OHADA consacrée par
l’article 10 du traité de l’OHADA ne s’oppose pas à l’existence de dispositions nationales
non contraires aux dispositions des actes uniformes. Cf. J. Issa-Sayegh, « La portée
abrogatoire des actes uniformes de l’OHADA sur le droit interne des Etats-Parties »,
Revue Burkinabè de Droit, n° 3940, n° spécial 2001, p. 57 ; F. M. Sawadogo, « Les actes
uniformes de l’OHADA : aspects techniques généraux », Revue Burkinabè de droit,
n° 3940, n° spécial 2001, p. 46 ; P. Diédhiou, « L’article 10 du Traité de l’OHADA : quelle
portée abrogatoire et supranationale ? », Rev. droit uniforme 2007, p. 265.
61. V. article 391 du COCC.
62. Cf. article 390 du COCC en ce qui concerne l’opposabilité aux tiers.
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2) Les actes préparatoires aux contrats translatifs de droits réels
immobiliers
63. Cf. sur la promesse synallagmatique de vente, Ph. Malaurie, L. Aynès, P.-Y. Gautier, Les
contrats spéciaux, Paris, Defrénois, 2003, n° 128 s.
64. A. Cissé, op. cit., p. 69.
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le mandataire dont l’opération ne sera pas anéantie pour défaut de
pouvoir de ce dernier. L’exigence d’une procuration notariée pour la
vente d’un immeuble immatriculé est très clairement affirmée66 par
les hauts magistrats dans cette espèce. Il en va de même d’autres actes
préparatoires à la vente d’un immeuble immatriculé, notamment,
un pacte de préférence portant sur un immeuble immatriculé67. Le
contrôle de l’opération immobilière est ainsi totalement assuré
d’un bout à l’autre de la chaîne. L’ensemble des contrats relatifs
à un immeuble immatriculé, y compris la promesse et le mandat,
est soumis au même formalisme de validité -un acte notarié- et
à une même sanction -la nullité absolue-. Il en sera ainsi, hélas,
jusqu’à ce que la Haute juridiction abandonne sa lecture extensive
contestable des dispositions visées en l’espèce. Pour une légitimité
plus forte, les chambres réunies pourraient le faire, à moins que le
législateur n’intervienne par une réécriture univoque de ces textes,
pour que vaille la promesse sous seings privés de vente d’immeuble
immatriculé !
65. En droit français, tout mandat peut indirectement devenir formaliste du fait de
l’application de la règle dite du parallélisme des formes qui veut qu’il emprunte la même
forme que l’acte à accomplir. Ainsi, par exemple, le mandat de faire une donation ou
de constituer une hypothèque conventionnelle est nécessairement notarié, parce que la
donation (C. civ., art. 931: « tous actes portant donation entre vifs seront passés devant
notaires dans la forme ordinaire des contrats ; et il en restera minute, sous peine de
nullité ») ou l’hypothèque conventionnelle (C. civ., art. 2394 et 2416: « l’hypothèque
conventionnelle ne peut être consentie que par acte notarié ») suppose elle-même une
telle formalité. De même, « le mandat sous seing privé de se porter caution pour l’une des
opérations relevant des chapitres I ou II du titre premier du livre troisième du Code de la
consommation doit répondre aux exigences des articles L. 313-7 et L. 313-8 de ce code
(mentions manuscrites) ; que l’irrégularité qui entache le mandat s’étend au cautionnement
subséquent donné sous la forme authentique » (Cass. 1re civ., 8 déc. 2009, n° 08-17531 :
JCP G 2010, 149, note Ph. Simler). Cf. pour plus de développements, M. Thioye, Droit des
intermédiaires immobiliers, Litec, 2010, n° 439.
66. On pourrait citer, dans le même sens, C. supr. Sénégal, n° 1 du 8 janv. 1986, cité in rev.
EDJA, sept. - oct. 1987, p. 15.
67. CS. n° 57 du 16 juillet 2003, Soc. Foncière de la côte d’Afrique représentée par la Régie
Mugnier c/Raphaël Hédant.