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L’évolution du droit de l’indivision
William Dross
Dans Droit et Ville 2014/1 (N° 77), pages 3 à 34
Éditions Institut des Études Juridiques de l'Urbanisme, de la Construction et de
l'Environnement
ISSN 0396-4841
ISBN 9782954085357
DOI 10.3917/dv.077.0003
Distribution électronique Cairn.info pour Institut des Études Juridiques de l'Urbanisme, de la Construction et de l'Environnement.
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ANALYSES ET PERSPECTIVES
UN RÉGIME AMBIVALENT
l’Université de Corse
COLLOQUE
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L’évolution du droit de l’indivision
William DROSS
Professeur de droit privé à l’Université Jean Moulin (Lyon III)
1. Il n’entre pas dans notre propos, n’étant pas historien du droit, de brosser un portrait de
l’évolution de l’indivision depuis l’ancien droit romain.
2. Il faut compter depuis 2009 les articles 815-5-1 et 815-7-1.
3. Articles 1871-1 à 1873-18 du Code civil.
4. Etymologiquement, l’indivision est ce à quoi il manque la division.
5. Il s’agit avant tout de prévenir et de guérir les crises dans l’indivision : N. Leblond, « La
crise dans l’indivision », Defrénois 2010, art. 39171, p. 2173 sq.
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6. Art. 815-3 et 815-5-1, depuis 2009, pour la vente du bien indivis autorisée judiciairement
à la demande des indivisaires représentant les deux-tiers des droits indivis.
7. Art. 815-14 et 815-15, organisant un droit de préemption au profit des coindivisaires en
cas de vente de gré à gré ou un droit de substitution en cas de licitation volontaire.
8. Art. 815-13.
9. Art. 815-4.
10. Art. 815-5.
11. Ils accroissent à l’indivision (art. 815-10) mais chaque indivisaire peut demander
annuellement sa part des bénéfices (art. 815-11).
12. Art. 815-2.
13. Art. 815-2, 815-5 al. 2, 815-18.
14. Partage annuel des bénéfices de l’indivision ou avance en capital (art. 815-11 al. 1 et 4).
15. Art. 1873-1 sq.
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I. LA PERSONNIFICATION DE L’INDIVISION ?
16. La théorie de la personnalité morale et son application au droit français, 2 vol., 3e éd.
par L. Trotabas, LGDJ 1932.
17. Cass. 2e civ., 28 janv. 1954 : n° 54-07081 ; Bull. civ. II n° 32 ; D. 1954 p. 217 note G.
Levasseur ; JCP G 1954, II, 7978 concl. M. Lemoine. – Cette jurisprudence a été réaffirmée
depuis : cf. infra n° 11 et les notes.
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intérêts personnels des indivisaires, n’est pas pour autant un intérêt collectif distinct, mais
est synonyme de l’intérêt bien compris de chaque indivisaire en tant que tel compte tenu
des concessions et des facilités que les indivisaires doivent se consentir réciproquement et
raisonnablement pour permettre une gestion convenable des biens indivis ».
20. C’est l’argument défendu par N. Leblond, « Réflexions sur la personnification de
l’indivision », RLDC mai 2011 p. 74 sq., n° 4255, n° 4-10 : « or cette altérité est absente
entre les indivisaires puisque, partageant le même droit, il poursuivent ensemble dès le
départ le même intérêt » (n° 8).
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27. C. civ., art. 815-3 2° et al. final : « si un indivisaire prend en main la gestion des biens
indivis, au su des autres et néanmoins sans opposition de leur part, il est censé avoir reçu
un mandat tacite couvrant les actes d’administration mais non les actes de disposition ni la
conclusion ou le renouvellement des baux ».
28. V. N. Leblond, « Réflexions sur la personnification de l’indivision », préc. n° 9.
29. Les décisions ne sauraient être prises par simple consultation écrite des copropriétaires,
sans qu’ils ne soient réunis en assemblée.
30. P. Catala, « L’indivision », Defrénois 1979 p. 3 sq. n° 1 in fine.
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31. Cass. soc. 23 janv. 1990 : n° 86-14947 ; Bull. civ. V n° 20 ; JCP G II, 21529 note
M. Nèvrot. – Cass. soc., 17 avr. 1991 : n° 89-17993, 89-43767 et 89-43770 ; Bull. civ. V
n° 206 ; JCP G 1992, II, 21856 note H. Blaise.
32. V. aussi, Cass. 1re civ., 18 janv. 2005 : n° 01-17059 ; Bull. civ. I n° 28 ; Dr. sociétés
2005 n° 86 obs. F.-X. Lucas ; JCP E 2005 p. 1834 n° 10 obs. J.-J. Caussain, F. Deboissy et
G. Wicker à propos d’une Compagnie de commissaires priseurs créée par la loi.
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33. La question de l’actif indivis pourrait être aussi mobilisée en faveur de l’idée de
patrimoine. L’article 815-10 prévoit que « sont de plein droit indivis, par l’effet d’une
subrogation réelle, les créances et indemnités qui remplacent des biens indivis, ainsi que
les biens acquis, avec le consentement de l’ensemble des indivisaires, en emploi ou en
remploi des biens indivis ». La doctrine classique cantonnait traditionnellement le jeu de la
subrogation réelle aux universalités de droit, ce qui excluait naturellement qu’elle puisse se
produire en matière d’indivision, la masse indivise ne constituant pas un patrimoine. Cette
analyse restrictive du champ de la subrogation n’a plus cours depuis le fameux arrêt Chollet/
Dumoulin de 1907 (Cass. ch. réun., 5 déc. 1907 : GAJC : Dalloz 2000, T. I n° 117 ; DP
1908, 1, p. 113 note A. Colin ; S. 1908, 1, p. 5 concl. Baudouin, note Lyon-Caen). L’article
815-10 du Code civil, issu de la réforme de 1976, n’a fait que confirmer cette jurisprudence
sans qu’il faille y voir un argument en faveur de la personnification de l’indivision.
34. C. civ., art. 815-17 al. 3.
35. C. civ., art. 1166.
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36. Planiol disait, dans une formule célèbre bien qu’un peu absconse, « la copropriété
indivise, c’est donc toujours la propriété individuelle, avec confusion matérielle des
parts » (M. Planiol et G. Ripert, Traité élémentaire de droit civil, T. III, LGDJ 11e éd. 1928,
n° 3005).
37. Cette seconde interdiction est peut-être moins, à y regarder de près, un argument en
faveur de la personnification de l’indivision qu’en sa défaveur. Dans le cadre d’une société
personnifiée, si l’actif social appartient à la société et demeure à l’abri des créanciers des
associés, les parts sociales constituent en revanche le gage de ces derniers. S’il en va autrement
en matière d’indivision, c’est précisément, peut-on penser, que l’absence de personnification
donne à l’indivisaire un droit direct sur les biens indivis, lequel rend inutile l’érection dans
son patrimoine d’une quote-part indivise, bien nouveau et incorporel à l’image de la part
sociale, qui pourrait être alors saisie de manière autonome par ses créanciers personnels.
Autrement dit, l’impossibilité de saisie de la quote-part pourrait n’être que la conséquence
logique de son inexistence au yeux du droit, seuls existant les biens indivis, que le législateur
décide alors de mettre à l’abri de toute saisie des créanciers personnels.
38. C. civ., art. 815-17 al. 1er.
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39. En ce sens pourtant : H. Capitant, « De l’indivision successorale », Rev. crit. lég. jur.
1924 p. 19 sq., spéc. p. 25. – Y. Lequette, « Le privilège de séparation des patrimoines à
l’épreuve de l’article 815-17 du Code civil », Etudes Weill, Dalloz-Litec 1983 p. 371. –
N. Leblond, « Réflexions sur la personnification de l’indivision », préc. n° 13.
40. Infra n° 33.
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41. Cass. 1re civ., 6 nov. 2001, n° 98-20518 ; Bull. civ. I n° 271 ; JCP G 2002, I, 176 n° 8
obs. H. Périnet-Marquet et I, 178 n° 4 obs. R. Le Guidec.
42. Car s’il ne l’est pas, il est inopposable aux autres indivisaires, ce qui implique qu’ils ne
soient pas tenus d’en supporter les conséquences et donc que la saisie des biens indivis en
paiement de la dette cesse d’être possible.
43. C. civ., art. 815-2.
44. C. civ., art. 815-3 1°.
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Les lois de 1976 sur l’indivision et de 1978 sur les sociétés ont
considérablement rapproché les deux institutions au point qu’elles
ne sauraient plus aujourd’hui être opposées sur aucune considération
d’ordre objectif. Il n’est d’évidence plus possible, depuis 1976, de
soutenir que l’indivision serait un état inorganisé à l’inverse de la
société : l’efficacité de la gestion des biens indivis a été l’un des
principaux soucis des réformateurs successifs. Son caractère précaire
est pareillement en net recul. Certes, le droit au partage demeure,
mais on ne compte plus les obstacles que le législateur a semé sur
sa route, convention d’indivision, sursis au partage, maintien dans
l’indivision, attribution éliminatoire 52. Quant à la question des
bénéfices, tandis que la loi de 1976 prévoyait que « chaque indivisaire
a droit aux bénéfices provenant des biens indivis et supporte les
pertes proportionnellement à ses droits dans l’indivision »53, la loi
de 1978, dans un mouvement inverse, élargissait le but des sociétés
à la simple réalisation d’économies54. Il devient alors impossible
d’opposer le dynamisme de l’une au statisme de l’autre.
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Quant aux profits tirés des biens indivis, le principe d’un partage des
bénéfices et des pertes proportionnel aux droits dans l’indivision71
peut être librement rejeté, sauf l’interdiction des clauses léonines
par lesquelles un indivisaire supporterait la totalité des pertes ou
accaparerait la totalité des bénéfices72. La liberté est donc largement
accrue. Et l’on pourrait faire le même constat au sujet du droit
de préemption organisé par les articles 815-14 et 815-15 73 : les
indivisaires pourraient sans doute y faire obstacle en supprimant
l’agrément dans la société en participation74.
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Le second est que l’influence ne se fait pas toujours à sens unique, les
règles de la société assouplissant celles de l’indivision. Le législateur
permet ainsi que le partage des biens indivis soit possible alors même
que la société n’est pas dissoute, à condition qu’une clause expresse
l’autorise76. C’est dire que la durée de la société ne conditionne pas
nécessairement celle de l’indivision, ce qui dote la seconde d’une
réelle autonomie, qui semble néanmoins problématique. En effet,
si le bien indivis dont le partage est demandé est le seul qui ait été
apporté par les indivisaires, il semblerait que l’apport, qui est une des
conditions d’existence de la société, disparaisse, ce qui doit entraîner
ipso facto la disparition de la société elle-même. Dans ce cas, ce
sont les règles de l’indivision qui conditionneraient la durée de la
société et non pas l’inverse. Il faudrait, pour qu’il en aille autrement,
considérer que le partage du bien indivis met fin à l’indivision mais
non à l’apport en ce sens que le lot attribué à chaque indivisaire doit
rester à la disposition de la société.
75. En ce sens, Cass. com., 18 nov. 1997, n° 96-10999 ; RTD com. 1998 p. 710 obs. F.
Deboissy.
76. C. civ., art. 1872-2 al. 2.
77. Le projet de réforme du droit des biens présenté par l’association H. Capitant des amis
de la culture juridique française ne prévoyait-il pas, dans sa version initiale, l’insertion dans
le Code civil d’un article 516 inaugural énonçant que « les dispositions du présent livre sont
d’ordre public, sauf dispositions contraires » ?
78. C. civ., art. 1871 al. 2.
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79. Sur l’idée que le critère de la révélation de la société en participation aux tiers est d’une
considération majeure : F. Dekeuwer-Defossez, op. cit. n° 9 sq.
80. Le droit positif en offre pourtant de multiples illustrations, soit jurisprudentielles
(statut des sépultures ou des souvenirs de famille) soit légales, dont la plus éclatante est le
statut des biens communs aux époux. Loin d’être une forme particulière d’indivision, la
communauté est -il faut ici faire confiance aux mots- une propriété commune, c’est-à-dire
collective.
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83. On observera que, pour mieux asseoir cette solution et la rattacher plus fermement
encore au modèle de la propriété individuelle, la doctrine a réussi ce tour de force de
restaurer la propriété exclusive au sein de l’indivision, au moyen d’un artifice conceptuel.
Puisque la chose indivise elle-même (le meuble, l’immeuble) est sujette à la concurrence de
plusieurs droits réels de propriété, la doctrine a créé ex-nihilo un objet spécifique incorporel,
la « quote-part », destiné à devenir l’objet de la propriété exclusive de l’indivisaire.
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84. C. civ., art. 815-14. Cette disposition est l’héritière du retrait lignager.
85. La protection de la communauté des indivisaires qui est au fondement de
l’institution justifie que, lorsqu’il est stipulé que le cessionnaire du droit
indivis aura la faculté de se substituer un tiers, une nouvelle signification aux
coïndivisaires soit exigée en cas de mise en œuvre de cette faculté, à peine de
nullité de la cession (Cass. 1re civ., 28 janv. 2009 : n° 07-18120 ; Bull. civ. I
n° 18 ; JCP G 2009, I, 127 n°8 obs. H. Périnet-Marquet ; D. 2009 p. 2310 obs. B.
Mallet-Bricout). On remarquera de surcroît que dans l’hypothèse d’indivisions
complexes, c’est-à-dire portant l’une sur l’usufruit, l’autre sur la nue-propriété,
d’un point de vue technique, le droit de préemption ne devrait pouvoir s’exercer
qu’au sein de chaque indivision : l’absence de toute indivision entre l’usufruit et
la nue-propriété devrait interdire qu’un nu-propriétaire puisse préempter un droit
d’usufruit indivis et réciproquement. Si l’article 815-18 al. 2 autorise néanmoins
une telle préemption (ou substitution) à titre subsidiaire, c’est parce qu’au-delà de
la stricte technique juridique, le législateur entend reconnaître qu’usufruitiers et
nus-propriétaires font partie d’une même communauté.
86. Il est néanmoins quelque peu paradoxal d’observer que le législateur préfère
prendre le risque que la communauté des indivisaires se désagrège suite à une
demande en partage plutôt que de permettre qu’elle perde sa cohérence initiale du
fait de l’irruption d’un tiers. Ce n’est que lorsque les indivisaires, par l’effet d’une
convention d’indivision, ont choisi d’écarter tout partage (C. civ., art. 1873-3), que
leurs créanciers personnels, faute alors de pouvoir demander le partage, recouvrent
la possibilité de saisir le droit indivis. Il n’était pas admissible que la valeur que
ce dernier représente soit mise durablement à l’abri de leur droit de gage général.
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