Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
© Lavoisier | Téléchargé le 11/12/2023 sur www.cairn.info par sultan diarra (IP: 217.64.100.237)
© Lavoisier | Téléchargé le 11/12/2023 sur www.cairn.info par sultan diarra (IP: 217.64.100.237)
ÉVALUATION ENVIRONNEMENTALE
RJ • E 3/2013
548
© Lavoisier | Téléchargé le 11/12/2023 sur www.cairn.info par sultan diarra (IP: 217.64.100.237)
(§ 29).
La seconde question posée à la Cour de justice portait sur les conséquences de
l’absence d’évaluation environnementale du projet en cause sur l’existence d’un
droit à réparation d’un préjudice patrimonial. La Cour recherche, en premier lieu,
s’il peut exister un lien causal entre l’évaluation environnementale et un préju-
dice patrimonial. Elle admet ainsi que « dans des circonstances où l’exposition
au bruit résultant d’un projet (…) a des effets notables sur l’homme, en ce sens
qu’une maison à usage d’habitation affectée par ce bruit est rendue moins apte
à remplir sa fonction et que le milieu environnemental de l’homme, la qualité de
vie de celui-ci et, éventuellement, sa santé sont affectés, une dépréciation de la
valeur patrimoniale de cette maison peut, en effet, être une conséquence écono-
mique directe de tels effets sur l’environnement, ce qu’il convient d’examiner au
cas par cas » (§ 35). Elle précise surtout que « la prévention de préjudices patri-
moniaux, dans la mesure où ils sont des conséquences économiques directes
des incidences sur l’environnement d’un projet public ou privé, est couverte par
l’objectif de protection poursuivi par la directive 85/337/CEE. De tels dommages
économiques étant des conséquences directes de telles incidences, ils doivent
être distingués des dommages économiques n’ayant pas leur source directe
dans les incidences sur l’environnement et qui, dès lors, ne sont pas couverts par
l’objectif de protection poursuivi par cette directive, tel que, notamment, certains
désavantages concurrentiels » (§ 36).
En second lieu, la Cour expose dans quelle mesure il peut exister un droit à
réparation découlant de la violation du droit de l’Union européenne du fait de
l’absence d’évaluation environnementale, cela indépendamment du droit à répa-
ration qui est susceptible de découler du droit interne. Après avoir rappelé le
549
© Lavoisier | Téléchargé le 11/12/2023 sur www.cairn.info par sultan diarra (IP: 217.64.100.237)
Renvoi préjudiciel - Directive 85/337/CEE - Limites de la marge d’apprécia-
tion - Travaux d’extension de l’infrastructure d’un aéroport - Examen sur la
base de seuil ou de critères - Zone à forte densité de population.
CJUE, 21 mars 2013, Salzburger Flughafen GmbH c/ Umweltsenat, aff.
C-244/12.
Le litige au principal dans cette affaire portait sur les travaux d’extension de
l’infrastructure de l’aéroport de Salzbourg. En 2002, la société Salzburger Flu-
ghafen, gérante de l’aéroport, a demandé à l’autorité autrichienne compétente
un permis de construire un terminal supplémentaire. L’autorité administrative a
délivré ce permis en 2003, sans demander à la société de procéder à une évalua-
tion des incidences sur l’environnement. Un an après, le nouveau terminal a été
construit et il est en service depuis lors. En 2004 la société Salzburger Flughafen
présente de nouvelles demandes pour étendre l’infrastructure de l’aéroport. Ces
demandes concernaient l’extension de l’aéroport aux terrains autour d’une aire
totale d’environ 210 000 m². La situation de l’aéroport en zone urbaine, caracté-
risée en outre par une pollution élevée de l’air, et les effets attendus sur l’environ-
nement ont amené le Commissariat local compétent en matière d’environnement
à demander à l’Office du gouvernement fédéré de Salzbourg d’établir l’obligation
d’une étude environnementale concernant tant le terminal, déjà autorisé, que les
nouvelles demandes d’extension de l’aéroport. L’Office du gouvernement ayant
rejeté sa demande, le Commissariat local a saisi l’Umweltsenat, la chambre
administrative compétente.
3. CJCE, 19 novembre 1991, Andrea Francovich et Danila Bonifaci e.a. c/ République Italienne, aff.
C-6/90 et C-9/90, Rec., p. I-05357 : Europe, décembre 1991, p. 1, note Denys Simon.
RJ • E 3/2013
550
© Lavoisier | Téléchargé le 11/12/2023 sur www.cairn.info par sultan diarra (IP: 217.64.100.237)
certain pouvoir d’appréciation aux Etats membres de décider si les travaux tels
que les modifications à l’infrastructure d’un aéroport seront soumis à une étude
d’évaluation des effets néfastes à l’environnement, ce pouvoir trouve ses limites
dans l’obligation énoncée à l’article 2, paragraphe 1, de la même directive de
soumettre à une étude d’incidences les projets susceptibles d’avoir des inci-
dences notables sur l’environnement, notamment en raison de leur nature, de
leurs dimensions ou de leur localisation.
Par conséquent, la marge d’appréciation est considérée comme dépassée parce
que le seuil fixé par l’Etat est trop élevé, excluant en réalité de l’étude d’éva-
luation tous travaux de modification d’un aéroport de petite ou moyenne taille.
De plus, la Cour rappelle qu’en application de l’article 4, paragraphe 3, les seuils
fixés par les Etats doivent tenir compte des critères de sélection qui figurent
à l’annexe III de la directive. Cependant, l’Etat autrichien n’a pas pris en compte
la capacité de charge de l’environnement naturel, et notamment le point 2
sous g), vu que la zone affectée par le projet est une zone à forte densité de
population.
La deuxième question de la juridiction autrichienne portait sur le point de savoir
si, lorsqu’un Etat membre procède à une transposition incorrecte de la directive
85/337, cette transposition requiert une évaluation des incidences sur l’environ-
nement. La Cour de justice a précisé que quand le seuil instauré par un Etat
membre est incompatible avec les dispositions des articles 2, paragraphe 1, 4,
paragraphe 2 sous a), et 3, ces dernières déploient un effet direct. En suivant sa
jurisprudence classique, la Cour énonce que l’effet direct desdites dispositions
implique qu’il appartient aux autorités de l’Etat de prendre toutes les mesures
nécessaires pour que les projets concernés soient examinés afin de déterminer
551
s’ils sont susceptibles d’avoir des effets notables sur l’environnement et dans
l’affirmative, qu’ils soient soumis à une étude d’incidences.
Pantelina EMMANOUILIDOU,
Doctorante à l’Université de Limoges,
CRIDEAU-OMIJ.
© Lavoisier | Téléchargé le 11/12/2023 sur www.cairn.info par sultan diarra (IP: 217.64.100.237)
l’obligation d’évaluation environnementale sous deux conditions : une qualitative
qui se réfère au caractère du plan comme plan de développement interne et une
condition quantitative qui indique que la superficie de surface au sol construc-
tible ne doit pas dépasser les 20 000 m2.
Le plan de construction a été mis à la disposition du public pendant un mois,
période pendant laquelle L. et autres personnes ont présenté leurs objections
et ont réclamé une évaluation environnementale au titre de la directive 2001/42.
Sans procéder à une telle évaluation, la commune M. a adopté le plan de
construction en tant que « plan de développement interne ». Un an après, L. a
introduit un recours contestant la légalité de ce plan auprès de la juridiction de
renvoi, son principal argument étant que le plan de construction en cause ne peut
pas être considéré comme un plan de développement interne, vu qu’il urbanisait
des zones du secteur extérieur à l’agglomération.
Le juge interne considérait que, en effet, le plan en cause n’était pas un plan de
construction de développement interne au sens de l’article 13 bis, paragraphe 1,
du BauGB et que donc il ne pouvait pas être adopté par le biais de la procédure
accélérée qui dispense de l’obligation d’établir une évaluation environnemen-
tale. Il constate ensuite qu’il s’agit d’une appréciation erronée de la part de la
commune de la condition qualitative de la notion de « développement interne ».
Cependant, l’article 214, paragraphe 2 bis, point 1 du BauGB énonce que pour
les plans de construction qui ont été établis selon la procédure accélérée, la vio-
lation de dispositions de forme ou de procédure prévues par le même texte n’a
pas d’incidences sur la validité du plan de construction, y compris dans le cas
où elle a son origine dans le fait que la condition qualitative du développement
interne a été appréciée de manière erronée.
RJ • E 3/2013
552
© Lavoisier | Téléchargé le 11/12/2023 sur www.cairn.info par sultan diarra (IP: 217.64.100.237)
plans de développement interne.
Néanmoins, l’article en cause de la directive doit être interprété dans le sens
qu’il s’oppose à une réglementation nationale telle que celle en cause au prin-
cipal. En effet, la Cour de justice a considéré dans cette affaire que la directive
2001/42 combinée avec les dispositions du BauGB, notamment l’article 214, se
voit privée d’effet utile. En conséquence, elle déclare que la juridiction de renvoi
doit appliquer les dispositions du droit de l’Union afin d’assurer son plein effet,
en laissant inappliquée toute disposition du BauGB, notamment l’article 214
paragraphe 2 bis, point 1, qui amènerait cette juridiction à prendre une décision
contraire à la directive.
Pantelina EMMANOUILIDOU,
Doctorante à l’Université de Limoges,
CRIDEAU-OMIJ.
553