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UNIVERSITE MOHAMMED PREMIER .

Année Universitaire : 2019-2020


FACULTE DES LETTRES .Filière : Etudes françaises
ET SCIENCES HUMAINES Master: Linguistique Générale et
- OUJDA - .Didactique du FLE
Elément de Module : Morphosyntaxe et
Syntaxe Appliquées à l'Enseignement
.du FLE
.Professeur : EL HEDAR Amina

SEANCE DU MARDI 17 MARS 2020

La valence

La valence est un trait syntaxique concernant principalement les verbes mais aussi
quelques noms et adjectifs. On nomme valence d'un tel terme le nombre d'actants qu'il
peut recevoir ou qu'il doit recevoir pour être saturé, c'est-à-dire fournir
un syntagme grammaticalement correct.
La théorie de la valence a surtout été développée par le linguiste français Lucien
Tesnière. Dans sa terminologie valencielle, le sujet est dénommé prime actant,
le complément d'objet direct second actant et le complément d'objet indirect tiers
actant.
La valence verbale
L. Tesnière propose une classification des verbes selon leur valence, c'est-à-dire selon
le nombre d'actants qui leur sont associés. Il distingue :
 les verbes avalents, impersonnels ou unipersonnels (pluit, il pleut) ;
 les verbes monovalents, encore appelés selon les époques verbes neutres ou
intransitifs (sommeiller, voyager) ;
 les verbes divalents ou transitifs. Pour ces verbes, il considère qu'on peut
envisager quatre sous-voix ou diathèses : active, passive, réfléchie et réciproque ;
 les verbes trivalente (verbes de dire et de don).
Par exemple, le verbe dormir est monovalent, il a une valence 1. En effet, dans « Je
dors », le verbe dormir n'est syntaxiquement rattaché qu'au sujet je.
En revanche, le verbe manger est bivalent (valence 2). En effet, on mange quelque
chose : ce verbe a un sujet et un complément.
Quant au verbe donner, il est trivalent. En effet, on donne quelque chose à quelqu'un :
ce verbe est rattaché syntaxiquement à un sujet, un complément d'objet direct et un
complément d'objet indirect.
Quelques verbes sont quadrivalents en français :

le verbe traduire : « on traduit des paroles d'une langue vers une autre ». Le
verbe est rattaché à un sujet, un COD et deux COI.

le verbe acheter : « Il lui a acheté sa maison 50 000 euros. »


Enfin sont les verbes sans actant, dont la valence est nulle (ou à valence zéro) comme
les verbes impersonnels comme il pleut, il vente, etc. Ces verbes sont dits avalents.
Cependant, dans certaines langues, les verbes impersonnels ne sont pas tous avalents,
comme le latin : me pudet alicuius (littéralement « il y a de la honte en moi à propos
de quelque chose », d'où « j'ai honte de quelque chose »), où le verbe pudet n'a pas de
sujet mais a un complément d'objet direct et un complément d'objet indirect.
La valence des noms
Certains noms sont en réalité des nominalisations d'actions verbales. La notion de
valence leur est donc applicable.
Ainsi, de même que dans la proposition « Cette loi s'applique à d'autres cas. », on
constate que le verbe s'appliquer est divalent, ayant un sujet et un complément
d'objet, de la même manière, dans le GN prédicatif « L'application de cette loi à
d'autres cas.. », le nom prédicatif application est divalent.
Autre exemple : dans « La Grèce a été envahie par les Barbares. » on remarque que le
verbe envahir est divalent puisqu'il a un sujet (agent) et un complément d'objet, ou
encore, au passif, un sujet (patient) et un complément d'agent ; donc si l'on prend la
structure nominalisée « L'invasion de la Grèce par les Barbares... », alors on peut dire
que le nom prédicatif invasion est divalent, ayant à la fois un sujet et un complément
d'agent.
La valence des adjectifs
Certains adjectifs ont une valence non nulle et un complément appelé complément de
l'adjectif : dans « Il est différent de moi », de moi est complément de
l'adjectif différent. Certains adjectifs n'ont pas besoin d'un complément pour être
utilisés, voire ne peuvent pas en avoir : rond, confortable, idiot.
La valence de l'adjectif ne modifie jamais la valence du verbe de la phrase.
Le complément est introduit par les prépositions à, de, pour, contre, envers, avec, en :

 Il est las de tout.


 Il est semblable à lui-même.
 Il est furieux contre son professeur.
 Il est généreux envers ses parents.
 Il est taillé pour la lutte.
 Il est aimable avec tout le monde.
 Il est fort en latin.
La valence d'un verbe est déterminée une fois pour toutes par le sens qui lui est donné
dans un dictionnaire.
Ainsi, on peut rattacher au verbe dormir un complément circonstanciel (« je dors dans
mon lit »), il n'en reste pas moins monovalent, car le complément circonstanciel n'est
pas un complément essentiel.
Inversement, on peut utiliser le verbe traduire avec un seul complément : « Je traduis
le polonais », au sens de « mon métier est traducteur de polonais ». Le
verbe traduire n'en reste pas moins quadrivalent, car cette quadrivalence lui est
essentielle, même si elle est parfois sous-entendue : « je traduis (des textes) du
polonais (vers une autre langue) ».
Le verbe parler peut être monovalent : « il parle », ou bien bivalent, « il parle à
Jean » (deux actants, le sujet-acteur il et le bénéficiaire-objet indirect Jean), au moyen
un changement du sens contextuel, non, du verbe. Ce verbe parler peut changer de
valence avec un changement de sens presque imperceptible. Un grand nombre de
verbes changent de valence avec plus ou moins de modification de sens :
Par exemple, le verbe monovalent vivre devient bivalent dans « il vit sa vie », par
restriction du sens du verbe vivre.
Inversement, le verbe trivalent donner devient monovalent par extension de son sens
dans « j'ai déjà donné ».
Enfin, certains verbes ont toujours la même valence, comme pour les verbes qui
apportent peu d'informations sur la situation, comme faire : « je fais quelque chose »,
et non « *je fais ».
D'autre part, la périphrase verbale actantielle (se) faire + infinitif modifie
systématiquement la valence d'un degré supplémentaire en ajoutant un actant de plus
dans le procès verbal initial.
Ainsi, un verbe avalent devient monovalent : « il pleut », « ce dieu fait pleuvoir la
foudre », un verbe monovalent devient bivalent : « Pierre dort », « j'essaye de faire
dormir Pierre », « il est tombé dans le fossé », « je le fais tomber dans le fossé », un
verbe bivalent devient trivalent : « j'aime Vivaldi », « je fais aimer Vivaldi à mon
épouse », un verbe trivalent devient quadrivalent : « il a acheté un cadeau à
Marie », « il a fait acheter un cadeau à Marie par son domestique », « Lucien s'offre
un cadeau », « Lucien se fait offrir un cadeau par une amie ».
Il y a des langues qui ne permettent pas de tels changements de valence.

Lucien, Tesnière, Éléments de syntaxe structurale, Paris, Klincksieck, 1959.

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