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Encyclopédie Médico-Chirurgicale 17-022-A-40

17-022-A-40

Troubles du comportement
et de la personnalité d’origine neurologique
JM Annoni
A Nicola
J Ghika
Résumé. – Dans cet article, un trouble neurocomportemental est défini comme une anomalie des
S Aybeck
interactions sociales, secondaire à une pathologie cérébrale. Ces modifications surviennent dans trois
S Gramigna
domaines différents : des altérations de conduites individuelles, qu’elles se rapportent à des réactions aiguës
S Clarke
(agressivité, colère) ou à des modifications de conduite plus générales (comportement sexuel ou religieux) ;
J Bogousslavsky
des modifications de la personnalité ; des modifications de l’affect et du comportement émotionnel. Les
syndromes comportementaux classiques (syndrome frontal, paramnésies, syndrome de Klüver-Bucy),
d’origine neurologique, sont souvent caractérisés par une constellation de modifications touchant
simultanément ces trois domaines. Plusieurs observations cliniques et évidences expérimentales suggèrent la
présence d’interactions entre des altérations neuropsychologiques spécifiques et des modifications du
comportement.
© 2001 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : comportement, personnalité, émotions, accident vasculaire cérébral, traumatisme


craniocérébral.

Introduction à s’améliorer avec le temps [84]. Nous définissons ici un trouble


neurocomportemental comme un trouble des « forces » qui
modulent les interactions sociales, mais aussi les fonctions
La définition d’un comportement est extrêmement flexible. En
cognitives.
psychologie, elle fait allusion à toute réaction d’un individu face à
un stimulus ou un environnement. En neurologie, la notion de Les conséquences neurocomportementales des lésions cérébrales ont
comportement fait plutôt référence aux interactions sociales et un été regroupées en quatre groupes nosographiques. Le premier
trouble comportemental se réfère donc à une pathologie de ces groupe concerne des comportements individuels, qu’ils se
interactions sociales. rapportent à des réactions aiguës (agressivité, colère) ou à des
modifications de conduite (comportement sexuel ou religieux). Le
Les troubles comportementaux et le tableau clinique décrits dans le deuxième groupe est celui des modifications de la personnalité. Le
cadre de la paralysie générale constituent un premier exemple troisième groupe décrit les différentes conséquences des lésions
classique de trouble à la fois cognitif et comportemental [121] : troubles cérébrales sur l’affect et le comportement émotionnel. Le dernier
mnésiques, dysarthrie, troubles du langage, mais également groupe rappelle les syndromes comportementaux classiques en
irritabilité, conduites déviantes et délire mégalomaniaque. Le rapport avec des lésions cérébrales ou des maladies neurologiques.
tableau, très fréquent au XIXe siècle, est devenu rare. Actuellement, Par ailleurs, sont exposés les différents mécanismes sous-jacents aux
les troubles neurocomportementaux donnent lieu à des descriptions modifications du comportement et de la personnalité.
cliniques de plus en plus approfondies, même si les mécanismes
physiopathologiques sont encore mal connus. Contrairement aux
troubles sensitivomoteurs ou cognitifs qui ont bénéficié du
développement des neurosciences, les troubles comportementaux
Comportements inappropriés
postlésionnels sont encore mal individualisés, que ce soit en en situation
neurologie ou en psychiatrie. En effet, les problèmes d’agressivité,
de déviance sexuelle, de modification de personnalité sont peu Indépendamment des modifications de la personnalité, des lésions
familiers à la neurologie, alors que celui des lésions cérébrales reste focales et diffuses peuvent donner lieu à des réactions altérées face
actuellement moins familier à la psychiatrie. Pourtant, plusieurs à une situation, donc à des conduites inappropriées. Les causes de
études effectuées chez les traumatisés crâniens indiquent que les ces modifications de conduites sont multiples (cf infra).
troubles comportementaux après lésion cérébrale constituent un
handicap à long terme, alors que les troubles cognitifs ont tendance
DÉSINHIBITION
Il existe peu de données épidémiologiques sur les comportements
Jean-Marie Annoni : Médecin associé. désinhibés chez les patients neurologiques, malgré le fait que ce
Alain Nicola : Psychologue. comportement ait été identifié déjà au siècle passé [179]. Ceci est
Joseph Ghika : Médecin adjoint, maître d’enseignement et de recherche.
Selma Aybeck : Médecin assistant. probablement en rapport avec la multiplicité des syndromes
Sandrine Gramigna : Logopédiste. cliniques associés à la désinhibition : syndrome frontal, manie
Stéphanie Clarke : Professeur, médecin chef, division autonome de neuropsychologie.
Julien Bogousslavsky : Professeur, médecin chef de service.
secondaire, personnalité antisociale. Au sens large, la désinhibition
Service de neurologie, centre hospitalier universitaire vaudois, 1011 Lausanne, Suisse. revêt plusieurs aspects : moteur (hyperactivité, diminution du besoin

Toute référence à cet article doit porter la mention : Annoni JM, Nicola A, Ghika J, Aybeck S, Gramigna S, Clarke S et Bogousslavsky J. Troubles du comportement et de la personnalité d’origine neurologique. Encycl Méd Chir
(Editons Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Neurologie, 17-022-A-40, 2001, 12 p.
17-022-A-40 Troubles du comportement et de la personnalité d’origine neurologique Neurologie

de sommeil, logorrhée), sensoriel (hallucinations visuelles, psychotiques à contenu religieux sous forme d’automutilation [106],
auditives), intellectuel (idées de grandeur, fuites des idées), instinctif de délire d’identité (les patients se prenant pour des personnages
(hypersexualité, hyperphagie, agressivité) et émotionnel (euphorie, mythologiques ou religieux connus), ou encore sous forme de
irritabilité). Le plus souvent, le tableau clinique du syndrome de posture religieuse adoptée, comme la crucifixion [30].
désinhibition comprend un mélange de ces différents aspects [162]. Les patients neurologiques peuvent présenter des modifications du
Concernant les localisations associées au phénomène de comportement religieux, notamment sous forme de délires religieux,
désinhibition, on a décrit des lésions orbitofrontales, temporobasales d’hallucinations auditives (avec la voix de Dieu qui ordonne de
et diencéphaliques, avec une nette prédominance hémisphérique quitter la famille), de cénesthopathies, pouvant persister plusieurs
droite [ 1 6 0 ] . Le rôle d’un dysfonctionnement des régions années après un traumatisme craniocérébral (TCC) [10]. Des délires
orbitofrontales droites dans le développement d’un tel tableau a été religieux [122] et une hyperreligiosité avec conversions religieuses,
confirmé par des études d’imagerie fonctionnelle chez des patients lecture compulsive de la bible, hypergraphie sur les thèmes
souffrant à la fois de démence et de désinhibition [104], et chez des religieux [143] ont également été décrits dans l’épilepsie temporale.
sujets sans atteinte neurologique [162]. Il est probable que d’autres Dostoïevski, connu pour une épilepsie, décrit au travers de l’un de
facteurs, tels des caractéristiques familiales, une anosognosie [89], de ses personnages que, lors d’une crise, « il vit les portes du paradis
même qu’un certain degré d’atrophie cérébrale sous-corticale s’ouvrir et des rangées d’anges se trouvaient là, soufflant dans des
(noyaux gris), puissent jouer un rôle dans le développement de ces trompettes en or. »
troubles suite à une lésion cérébrale [162].
Il n’existe pas actuellement de traitement « spécifique » de la
AGRESSIVITÉ
désinhibition. Les approches thérapeutiques visent l’ensemble du
syndrome postlésionnel, que ce soit à travers la prise de conscience Des comportements agressifs entravent la qualité de vie de
et l’analyse du trouble, ou par des traitements médicamenteux l’entourage des traumatisés [84] dans un tiers des cas. Ce défaut de
orientés sur les conséquences sociales comme l’agressivité. régulation émotionnelle peut même persister au long cours, alors
que les autres troubles physiques ont disparu. Certaines épilepsies
sont à l’origine d’accès agressifs, voire violents, bien que la
MODIFICATIONS DU COMPORTEMENT SEXUEL fréquence soit difficile à quantifier [60]. Cliniquement, on distingue
Les modifications du comportement sexuel observées chez des l’agressivité dirigée, sous forme d’une réaction disproportionnée à
patients neurologiques se présentent sous forme d’hyposexualité l’égard d’un événement irritant déclenchant, de celle non dirigée
avec diminution de la libido, parfois impuissance et, plus rarement, s’exprimant par une manifestation agressive impulsive sans objet.
sous forme d’hypersexualité. Dans l’épilepsie, on sépare l’agressivité ictale, non dirigée et dans le
cadre d’un état confusionnel, de l’agressivité interictale, qui revêt
¶ Hyposexualité plus souvent un aspect planifié, le sujet s’en prenant à quelqu’un ou
quelque chose de précis [177]. Plus rarement, on a décrit des accès de
Elle peut se manifester par une diminution de la libido, une rage pendant la crise, avec agitation psychomotrice sous forme de
impuissance, une diminution des fantasmes sexuels et des thèmes mouvements destructeurs. Suite à un TCC, l’expression de
sexuels dans le discours [176]. Ce genre de trouble a le plus souvent l’agressivité semble être influencée par la personnalité et la
été décrit chez les épileptiques et a longtemps été considéré comme consommation éthylique prémorbides [103], certains traits de caractère
caractéristique des crises d’épilepsie temporale. Sur 100 patients s’exacerbant après le traumatisme.
souffrant d’épilepsie temporale, 72 se plaignaient de baisse de la Différentes structures limbiques sont impliquées dans l’agressivité,
libido [169]. Même si l’association entre épilepsie et troubles de la en particulier l’hypothalamus et la région amygdalienne. Des
sexualité est bien établie, le mécanisme étiopathologique est mal tumeurs qui détruisent de façon bilatérale l’hypothalamus ont
connu. Dans une petite série de patients, Pritchard et al ont observé provoqué des réactions d’agressivité non dirigée [90], le patient s’en
un pic de prolactine sérique 15 minutes après des crises partielles prenant à la première personne venue, avec des mouvements
complexes documentées par un électroencéphalogramme [137] . violents non prémédités, lançant au hasard des objets sans utiliser
L’hyperprolactinémie observée pourrait alors intervenir dans le de vraies armes. Concernant la lésion amygdalienne, le cas de
développement de l’impuissance. Après un traumatisme crânien, on Charles Whitman est un exemple d’agressivité non contrôlable
retrouve également des troubles sexuels, les patients rapportant probablement due à une tumeur cérébrale. En 1969, cet homme tua
entre 50 et 75 % d’insatisfaction concernant leur sexualité [31, 131]. Un sa mère et sa femme, puis grimpa en haut d’une tour à l’université
hypogonadisme hypogonadotrope a été retrouvé souvent chez des du Texas et ouvrit le feu, tuant et blessant de nombreuses personnes
patients ayant souffert d’un traumatisme crânien, 88 % des patients avant de se donner la mort. Il demanda lui-même par écrit avant sa
présentant un taux de testostérone inférieur à la normal dans les mort qu’une autopsie soit effectuée car il ressentait « des pensées
semaines et même les mois qui suivent le traumatisme [48]. Une telle étranges et irrationnelles, ainsi que des impulsions violentes
baisse semble se retrouver également chez les parkinsoniens. envahissantes ». On découvrit alors un glioblastome multiforme de
la grandeur d’une noix, comprimant l’amygdale [168]. Chez les
¶ Hypersexualité épileptiques, une atrophie amygdalienne ou des lésions touchant
Elle se manifeste par des masturbations en public, l’interpellation l’amygdale ou les régions périamygdaliennes gauches semblent
de tiers, un langage à connotation sexuelle. Ces symptômes ont été induire plus volontiers un comportement agressif [170], mais ces
remarqués le plus fréquemment dans le syndrome de Klüver et anomalies sont également associées à une atrophie frontale gauche
Bucy. Cependant, on a aussi décrit une hypersexualité dans des et à des déficiences intellectuelles [182]. Ces observations semblent
lésions frontales [125] et des foyers épileptiques temporaux [25], ainsi conforter le rôle de relais que joue l’amygdale entre les aires
que lors de traitements dopaminergiques. Gorman a décrit deux cas sensorielles primaires et l’hypothalamus, et confirment des études
de patients présentant une hypersexualité après une lésion du animales antérieures selon lesquelles la stimulation de la région
septum dorsal, lors de la mise en place d’un shunt basolatérale de l’amygdale inhibait la réaction d’attaque, alors que
ventriculopéritonéal [80]. celle de la région dorsale l’augmentait [62].
Le traitement de l’agressivité nécessite une prise en charge
comportementale, avec une information dispensée au patient et à
RELIGIOSITÉ son entourage, leur apprenant à reconnaître les prémices et les
Le terme religiosité est utilisé ici, non pas dans le sens anglais de facteurs déclenchants, ainsi que des méthodes d’autocontrôle comme
religiousity, qui caractérise une personne concernée et imprégnée par la relaxation. Une autre approche est pharmacologique [69]. Les
la religion, mais de religiosity, qui définit un intérêt pathologique bêtabloquants permettraient une baisse de l’agressivité chez la
pour la religion. Elle peut s’exprimer sous forme de troubles majorité des patients testés, sans toutefois que le mécanisme d’action

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Neurologie Troubles du comportement et de la personnalité d’origine neurologique 17-022-A-40

soit réellement identifié. La fluoxétine semble également être efficace


dans le traitement de l’agressivité. Le lithium a été testé chez des Tableau I. – Critères diagnostiques pour un trouble de la personnalité
selon les critères du Diagnostic and statistical manual of mental di-
patients souffrant de traumatisme crânien avec environ 50 % de
sorders IV.
réponse favorable ; il reste cependant un risque de neurotoxicité non
négligeable. La carbamazépine diminue l’agitation et par conséquent A. Un trouble de la personnalité est une modalité durable de l’expérience interne et
l’agressivité chez des patients cérébrolésés [12]. Enfin, la buspirone a des conduites qui dévie notablement de ce qui est attendu dans la culture de
l’individu. Cette déviation est manifeste dans au moins deux des domaines sui-
montré une diminution de l’agressivité chez 90 % de patients vants :
violents après lésion cérébrale [166]. Cette approche est prometteuse
mais des études ultérieures sont encore nécessaires. Enfin, des 1. la cognition (c’est-à-dire la perception et la vision de soi-même, d’autrui et
des événements) ;
amygdalohippocampectomies ont été tentées avec succès chez des
épileptiques avec comportement agressif [150]. 2. l’affectivité (c’est-à-dire la diversité, l’intensité, la labilité et l’adéquation de la
réponse émotionnelle) ;

3. le fonctionnement interpersonnel ;
MANIFESTATIONS HYSTÉRIQUES
4. le contrôle des impulsions.
Elles restent des entités intrigantes dont la pathogénie est à
l’intersection de la psychologie, la psychiatrie et la neurologie. B. Ce mode durable entraîne une souffrance cliniquement significative ou une altéra-
tion du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines.
Charcot lui-même a considéré que la paralysie hystérique était due
à des lésions « dynamiques ou fonctionnelles » dans le cortex moteur C. Ce mode est stable et prolongé et ses premières manifestations sont décelables au
plus tard à l’adolescence ou au début de l’âge adulte.
controlatéral à la paralysie [46]. Une série d’études récentes confirme,
à l’aide de l’imagerie fonctionnelle, l’hypothèse de Charcot. Marshall D. Ce tableau n’est pas mieux expliqué par les manifestations ou les conséquences
et al ont rapporté le cas d’une patiente avec une paralysie gauche. d’un autre trouble mental.
Le fait de bouger le membre paralysé provoquait chez cette patiente E. Ce mode durable n’est pas dû aux effets physiologiques directs d’une substance
un pattern d’activations inhabituelles dans l’hémisphère (par exemple une drogue donnant lieu à un abus ou un médicament) ou d’une
affection médicale générale (par exemple un traumatisme crânien).
controlatéral, avec une hyperactivation du cortex orbitofrontal droit
et du cortex cingulaire antérieur droit, et l’absence d’activation des
aires prémotrices et motrices [116]. Des activations similaires ont été Tableau II. – Classification des troubles de la personnalité selon le
obtenues dans une étude de patients avec une paralysie hystérique Diagnostic and statistical manual of mental disorders IV.
d’un membre supérieur. L’aspect marquant était une déactivation
du cortex préfrontal dorsolatéral gauche [156]. Une perturbation des Groupe Tendance caractéristique Types de personnalité
patterns d’activation très similaire à celle de l’hystérie a été observée I Troubles dissociatifs Personnalité paranoïde
récemment dans un cas de paralysie du membre inférieur induite Personnalité schizoïde
par l’hypnose [85]. Personnalité schizotypique

II Troubles somatoformes Personnalité antisociale (1)


Personnalité borderline (1)
Modification de la personnalité Personnalité narcissique
Personnalité histrionique

III Troubles anxieux Personnalité évitante (1)


DÉFINITION ET DESCRIPTION DES TROUBLES Personnalité dépendante
DE LA PERSONNALITÉ Personnalité obsessive-compulsive (1)

La personnalité est définie par l’ensemble des traits physiques et


(1) Troubles se retrouvant plus fréquemment après lésion cérébrale.
psychiques qui différencient un individu d’un autre. Ces traits
dépendent de facteurs génétiques et environnementaux [153]. Selon le vraies variations de pattern. Les personnalités retrouvées le plus
Diagnostic and statistical manual of mental disorders (DSM IV), un fréquemment après TCC sont les personnalités « frontales »
trouble de la personnalité est « un pattern durable d’expériences borderline, évitantes, antisociales et les troubles obsessionnels
internes et de comportements qui dévie fortement des attentes compulsifs (TOC).
culturelles de l’individu » (tableau I). Cette déviation peut se
manifester dans la cognition, l’affectivité, le fonctionnement
interpersonnel et le contrôle des impulsions. Ce trouble concerne TROUBLES DE LA PERSONNALITÉ
environ 15 % de la population et est suffisamment prononcé pour D’ORIGINE NEUROLOGIQUE
handicaper affectivement et socialement ces individus [11].
Les « vrais » changements de personnalité après lésion cérébrale ¶ Troubles habituels dans la personnalité « frontale »
constituent une minorité des pathologies psycho-organiques. En Les modifications classiques de la personnalité proviennent de
effet, après des lésions cérébrales, la survenue de troubles de la lésions frontales. Cette notion est connue depuis 1850, avec le cas de
personnalité ne concernerait que 10 % des troubles neuro- Phineas Gage, dont les modifications du comportement après un
psychiatriques [93]. Après un TCC, la personnalité elle-même semble traumatisme cérébral pénétrant frontal gauche ont attiré l’attention
paradoxalement peu se modifier et les modifications peuvent aussi sur le rôle « de contrôle » du lobe frontal [87]. La plupart des
refléter des réactions émotionnelles plus générales face à un descriptions cliniques de ces personnalités insistent sur la
traumatisme, comme une diminution du score d’« extraversion » [105]. conservation de l’intelligence (telle que mesurée par l’échelle
Cependant, l’expérience clinique montre que des TCC donnent lieu d’intelligence « WAIS »), mais signalent un comportement social
à des tableaux comportementaux spécifiques, parmi lesquels les plus inadéquat et une désinhibition sexuelle souvent associée à une
connus sont les différents « syndromes frontaux » (dont la impuissance [20]. Le tableau neuropsychologique est caractérisé par
sémiologie clinique diffère en fonction de la localisation des lésions une intrication de troubles cognitifs et comportementaux [27]. Une
à l’intérieur du lobe frontal), et qui peuvent parfois mimer des description classique est celle du patient appelé EVR qui a présenté,
troubles de la personnalité [107]. Ces troubles peuvent être de type suite à la résection d’un méningiome bifrontal, non seulement une
dissociatif, somatoforme ou anxieux (tableau II). Il y a fréquemment inadéquation sociale et une désinhibition, mais aussi une difficulté à
une tendance à l’exagération de traits pathologiques prémorbides planifier la vie future, des manières de faire correctes mais
(comme la tendance à la dépression [42], à l’anxiété généralisée et aux stéréotypées, une tendance à se surestimer, une incapacité à modifier
troubles affectifs bipolaires [171]). Ces informations suggèrent donc un comportement même après une punition et une difficulté à
que les « modifications de personnalité » observées suite aux lésions éprouver du plaisir [67]. D’autres patients montraient encore un
cérébrales proviennent plus de l’altération de quelques traits que de manque d’originalité et de créativité, et une tendance à avoir des

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17-022-A-40 Troubles du comportement et de la personnalité d’origine neurologique Neurologie

Tableau III. – Traits caractéristiques de la personnalité borderline Tableau IV. – Caractéristiques de la personnalité antisociale.
(cf Encyclopédie Médico-Chirurgicale, traité Psychiatrie, fascicule
37-395-A-10). Mode général de mépris et de transgression des droits d’autrui qui survient depuis
l’âge de 15 ans, comme en témoignent au moins trois des manifestations suivantes :
1. Efforts répétés pour éviter les abandons réels ou imaginés. I Incapacité de se conformer aux normes sociales qui déterminent les comporte-
2. Mode de relations interpersonnelles instables et intenses, caractérisées par ments légaux, comme l’indique la répétition passible d’arrestations
l’alternance entre des positions extrêmes, d’idéalisation excessive et de dévalo- II Tendance à tromper par profit ou plaisir, indiquée par des mensonges répétés,
risation. l’utilisation de pseudonymes ou d’escroquerie
3. Perturbation de l’identité : instabilité marquée et persistance de l’image ou de la III Impulsivité ou incapacité à planifier à l’avance
notion de soi.
IV Irritabilité ou agressivité, indiquées par la répétition de bagarres ou d’agres-
4. Impulsivité dans au moins deux domaines potentiellement dommageables sions
pour le sujet (par exemple dépenses, sexualité, toxicomanie, conduite automo-
V Mépris inconsidéré pour sa sécurité ou celle d’autrui
bile dangereuse, crise de boulimie).
VI Irresponsabilité persistante, indiquée par l’incapacité répétée d’assumer un
5. Répétition de comportements, de gestes ou de menaces suicidaires, ou d’auto-
emploi stable ou d’honorer des obligations financières
mutilations.
VII Absence de remords, indiquée par le fait d’être indifférent ou de se justifier
6. Instabilité affective due à une réactivité marquée de l’humeur (dysphorie épiso-
après avoir blessé, maltraité ou volé autrui
dique intense, irritabilité pendant quelques heures...).
7. Sentiment chronique de vide.
8. Colère intense et inappropriée ou difficulté à contrôler sa colère (bagarres...). démence frontotemporale, mais également dans les lésions
9. Survenue transitoire dans des situations de stress d’une idéation persécutrice
ou d’un syndrome dissociatif sévère.
néostriatales [108], pallidales [78] et frontales. Par exemple, quelques
patients avec syndrome athymormique sur lésions bilatérales des
ganglions de la base présentent, outre l’inertie mentale, des activités
réactions émotionnelles inadéquates. Ce tableau, relativement stéréotypées avec comportements compulsifs et obsessionnels
fréquent mais non unique, présente par ailleurs quelques similarités moteurs, verbaux ou cognitifs. Au vu d’un hypométabolisme frontal
avec la personnalité antisociale. associé, Laplane a suggéré des disconnexions sous-
Bien que les lésions frontales orbitobasales, particulièrement du corticofrontales [108] avec, sur le plan comportemental, une perte de
cortex ventromédian, soient nécessaires à l’apparition de tels la capacité d’inhiber des programmes moteurs.
troubles [7], le contexte sociofamilial du patient, ainsi que l’anxiété L’intérêt grandissant des neurosciences pour les TOC réside dans la
dégagée par le contexte, peuvent être les révélateurs de ces spécificité des réseaux neuronaux impliqués : la plupart des études
modifications de la personnalité. En particulier, les patients en d’imagerie fonctionnelle effectuées chez des patients psychiatriques
milieu protégé réussissent mieux à contrôler leur personnalité. souffrant de TOC ont montré un hypermétabolisme dans le cortex
orbitofrontal ou cingulaire [117], ou dans le néostrié, sans que l’on ait,
¶ Troubles borderline pour l’instant, pu mettre en évidence une latéralisation
préférentielle [119].
La personnalité borderline est définie comme un mode général
d’instabilité des relations interpersonnelles, de l’image de soi et des ¶ Personnalité antisociale
affects. Elle est caractérisée par une instabilité affective, des
sensations de vide, des colères intenses, et surtout une impulsivité La description de la personnalité antisociale, caractérisée par un
marquée dans au moins la moitié des cas. Or, cette impulsivité peut mode général de mépris et de transgression du droit d’autrui (on
être retrouvée dans plusieurs pathologies neurologiques. Parmi les utilise parfois le terme de psychopathie), n’est pas fréquente dans la
patients borderline, il existe un sous-groupe [8] avec des lésions littérature neurologique. En particulier, cette personnalité est
cérébrales organiques (épilepsie, souffrance néonatale, TCC, lésion caractérisée par une absence de remords et une indifférence
vasculaire). Une anamnèse détaillée révèle des antécédents de TCC (tableau IV), alors que les patients cérébrolésés sont surtout victimes
chez 42 % d’un collectif de patients connus pour personnalité d’une impulsivité marquée et non d’une absence de remords.
borderline, mais chez seulement 4% d’un groupe de sujets Cependant, les démences frontotemporales sont associées à un
contrôles [167]. Il semble exister une relation entre la sévérité du comportement « psychopathique » dans environ la moitié des
trouble borderline et l’importance de l’atteinte cérébrale [172], mais non cas [126]. Les processus neuropsychologiques impliqués dans ce
chez des patients présentant seulement quelques traits BPD comportement ne sont pas clairs [152]. Cependant, on a constaté, chez
(tableau III). des psychopathes non neurologiques, une difficulté à traiter le
Bien que les quelques troubles neuropsychologiques décrits chez les contenu émotionnel des mots [94] : la présentation de tels mots active
patients borderline concernent surtout les fonctions exécutives des aires cérébrales différentes de celles des sujets contrôles. Cette
(mémoire de travail, sensibilité à l’interférence), il est difficile modification de l’organisation fonctionnelle cérébrale des patients
d’attribuer le trouble BPD à une lésion cérébrale précise. On peut psychopathes se retrouve dans les études du métabolisme cérébral
tout au plus postuler une dysfonction de certains systèmes sous- régional par une technique d’imagerie fonctionnelle. Ces patients,
cortico-frontaux. Les études d’imagerie fonctionnelle faites sur les en particulier si leur psychopathie n’est pas d’origine
patients « psychiatriques » montrent des hypométabolismes « environnementale », semblent avoir un métabolisme basal diminué
corticaux et sous-corticaux antérieurs (en particulier préfrontaux, dans les régions frontales [139].
cingulaires antérieurs, caudés et lenticulaires, mais également
thalamiques), laissant suspecter un dysfonctionnement d’une boucle
sous-cortico-frontale [58], sans nette latéralisation. Mécanismes neuropsychologiques
pouvant induire des troubles
¶ Troubles obsessifs compulsifs du comportement et de la personnalité
Les TOC sont connus dans plusieurs pathologies neurologiques.
Rappelons que la principale caractéristique du TOC est la présence
d’obsessions et de pensées ou d’images intrusives, qui vont générer MODIFICATION DES PERCEPTIONS ÉMOTIONNELLES
des conduites stéréotypées et répétées. Ce comportement compulsif La faculté de percevoir ou d’exprimer des émotions, en particulier
se différencie d’un comportement persévératif par l’aspect « auto- vocales et faciales, a fait l’objet de nombreuses recherches,
induit », indépendant du contexte, et par l’anxiété qu’induisent les notamment chez des patients avec lésion hémisphérique unilatérale.
éventuelles tentatives d’inhiber un tel comportement. Ce type Elle semble plus altérée chez des patients avec lésions droites [148].
d’activités répétées a été observé dans plusieurs maladies Ces données expérimentales restent controversées [76], mais sont
neurologiques, en particulier dans la chorée de Huntington, le renforcées indirectement par la démonstration que les réactions
syndrome de Gilles de La Tourette [135], la maladie de Parkinson, la autonomes liées aux émotions (battements cardiaques par exemple)

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Neurologie Troubles du comportement et de la personnalité d’origine neurologique 17-022-A-40

sont diminuées chez les patients avec lésion hémisphérique autobiographique. Il est classé dans les mémoires non
droite [181]. Un tel déficit, démontré dans le cas d’une lésion frontale déclaratives [157] et semble mettre en jeu le noyau caudé et le
post-traumatique [22], pourrait expliquer des réactions inappropriées putamen. Ce type d’apprentissage est conservé chez les patients
dans des psychopathies acquises. amnésiques, mais est déficitaire chez les patients avec lésions
frontales [138].
IMPULSIVITÉ ET AGRESSION
Une des raisons pour lesquelles les personnalités borderline et PERTE DE LA CONSCIENCE DU TROUBLE
antisociales se développent facilement après une lésion cérébrale, a (ANOSOGNOSIE)
possiblement à voir avec les concepts d’impulsivité et d’agression. La tendance naturelle, par le cerveau, à ignorer les déficits sensoriels
L’impulsivité est définie comme l’impossibilité de résister à une a bien été démontrée par la capacité qu’ont des patients de
impulsion, conduite ou tentation, qui peut avoir des conséquences « compléter » inconsciemment leur scotomes rétiniens en absence
dangereuses pour soi-même ou autrui. L’agression est un acte de toute lésion cérébrale [151]. Un déni du trouble associé à une lésion
prédéterminé de violence envers autrui. Ces deux concepts se cérébrale est souvent présent dans le cas d’atteinte des aires
rencontrent dans plusieurs troubles de la personnalité. En particulier, corticales perceptives primaires et est connu sous le nom
l’impulsivité est un point central de la personnalité borderline et d’anosognosie. On le retrouve en phase aiguë dans les cécités
l’agression un des points de la personnalité antisociale. Il est suggéré corticales, les troubles de la perception langagière comme les
que ces comportements puissent se développer suite à une lésion surdités verbales ou les aphasies de Wernicke. La majorité des
cérébrale spécifique [177]. Par exemple, des lésions frontobasales ont
patients avec lésion cérébrale ont donc tendance à minimiser les
conduit, chez le singe, à une augmentation des réactions aversives
conséquences de leur lésion [ 1 3 6 ] . Cette anosognosie est
et une diminution des réactions agressives [43]. Des comportements
particulièrement importante lors de certaines lésions droites
agressifs ont été décrits chez l’homme après lésions du noyau
étendues incluant le lobe pariétal, associée à des troubles de la
hypothalamique et ventromédian. Trente pour cent des patients
perception spatiale et à un syndrome déficitaire sensitivomoteur de
présentant des crises de rage intermittentes ont des épilepsies
l’hémicorps gauche (syndrome d’Anton-Babinski). Elle
temporales [64], ce qui suggère, avec d’autres travaux expérimentaux,
s’accompagne alors d’autres anomalies émotionnelles
que l’amygdale joue un rôle important dans la modulation de
l’agressivité. Enfin, des comportements agressifs ont été trouvés (anosodiaphorie), perceptives (hallucinations kinesthésiques,
fréquemment suite à des lésions frontales. allochiries), le tout pouvant mimer des états confusionnels. Dans le
cas de ces lésions hémisphériques droites, elle n’exclut pas
l’apparition d’une dépression [159]. Elle a été également décrite suite
DIMINUTION DES CAPACITÉS D’APPRENTISSAGE à des lésions thalamiques droites [112]. Dans les cas de démences,
« ÉMOTIONNEL » ET D’APPRENTISSAGE l’anosognosie est aggravée par les dysfonctionnements frontaux [124]
« PROBABILISTIQUE »
et est alors moins dépendante de la latéralisation droite des lésions :
Les patients avec lésions temporales antérieures ont des difficultés elle diffère de celle qui caractérise le syndrome d’Anton-Babinski et
dans l’apprentissage d’une émotion, c’est-à-dire à prévoir une touche alors la perception du comportement par le patient lui-même.
émotion en fonction d’un contexte. Le rôle de l’amygdale dans cet
apprentissage a été démontré par une étude de neuro-imagerie
fonctionnelle chez les sujets sains : l’amygdale gauche s’active MODIFICATION DES PRÉFÉRENCES ET DES VALEURS
lorsque les sujets sont avertis juste avant, par un son, qu’un visage Certaines lésions cérébrales peuvent modifier non pas le
« fâché » va apparaître [127]. Si, dans un même paradigme, on comportement mais les préférences et les plaisirs qui dictent ces
manipule les temps de présentation des stimuli de façon à ce que le comportements. Un exemple de ces modifications est le « syndrome
sujet n’ait pas conscience que le visage est « fâché », le sujet présente
du gourmand », décrit après des lésions antérieures droites et
également une activation de l’amygdale, mais à droite. Dans la
caractérisé par un désir nouveau et irrésistible de cuisine raffinée [140],
même lignée, des patients avec lésions amygdaliennes bilatérales
témoignant d’un changement dans les plaisirs et les préférences
peuvent juger l’expression faciale de photographies qui leur sont
culinaires chez ces patients. Des modifications des « goûts » sexuels
présentées, mais n’arrivent pas à en tirer des conclusions [1] quant
ont également été décrites chez quelques patients, spécifiquement
aux règles à tenir devant ces visages (par exemple, faut-il éviter de
après des lésions limbiques [125]. Ces modifications des goûts sexuels
s’en approcher ?). Cette incapacité à ressentir une expérience
sont à différencier d’une hyper- ou hyposexualité telle qu’on l’a
antérieure peut altérer les prises de décision, comme l’ont démontré
décrite après des lésions diencéphaliques ou frontobasales.
les erreurs de jugement et l’absence de réaction électrodermale
trouvée chez des patients avec lésions biamygdaliennes dans un test Une atteinte cérébrale peut également modifier le raisonnement
simulant un jeu d’argent [16]. Dans cette même étude, les patients social et les valeurs morales. Des difficultés à développer un
avec lésions fronto-orbitaires avaient une réaction électrodermale raisonnement moral acceptable ont été décrites chez des patients
(témoignant d’un apprentissage émotionnel), mais ne pouvaient avec des antécédents de lésions préfrontales précoces, suggérant
prendre la décision adéquate. Dans ce cas, la prise de décision qu’il s’agit là d’une absence d’apprentissage moral et non d’un
nécessite la capacité d’apprécier les risques dans certains choix, donc changement de préférences au cours de la vie [6] . Cependant,
de pouvoir parier et de pouvoir inhiber certains comportements quelques descriptions non publiées font état de changement de
inappropriés [22]. Des études comportementales et d’imagerie par valeurs morales également après des lésions acquises.
résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) suggèrent que ces
capacités de parier sont très dépendantes de la mémoire de travail
et nécessitent une activation frontale dorsolatérale, en particulier CAPACITÉ À FAIRE DES INFÉRENCES
gauche. De plus, elles impliquent des prises de décision (jugement) La compréhension d’un discours, la perception d’une métaphore ou
qui nécessitent l’activation des aires orbitofrontales, particulièrement d’un trait d’humour nécessitent la compréhension complète du
droites (il faut rappeler que ces décisions découlent d’une initiation contexte et de la prosodie. Cette capacité de traitement contextuel
interne et ne sont pas indicées par un événement externe) [65]. est particulièrement sensible aux lésions hémisphériques droites,
Par ailleurs, une prise de décision en fonction d’une situation dont les effets sur la compréhension du discours ont montré une
découle directement d’un apprentissage probabilistique préalable. incapacité à faire des inférences [37, 81]. À l’opposé, les patients avec
En effet, face à la possibilité de deux événements, nous devons lésions hémisphériques gauches, malgré des déficits linguistiques
pouvoir estimer la probabilité de survenue de l’un ou l’autre importants, peuvent conserver une certaine compréhension
événement en relation (contingence) avec le contexte. Cet pragmatique qui est d’ailleurs utilisée en rééducation
apprentissage est dissociable d’un apprentissage déclaratif ou orthophonique.

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17-022-A-40 Troubles du comportement et de la personnalité d’origine neurologique Neurologie

Modification de l’affect Les états dépressifs post-AVC répondent, parfois de manière


incomplète, aux antidépresseurs tricycliques, surtout si les patients
et du comportement émotionnel ont moins de 65 ans [154]. L’efficacité des inhibiteurs du recaptage de
la sérotonine est probable, mais encore en cours d’évaluation [146].
DÉFINITION Parmi les interventions non médicamenteuses, les approches
Une émotion est un processus cérébral multicomponentiel résultant cognitivocomportementales semblent prometteuses dans certains
d’une afférence interne ou externe, s’exprimant sur au moins cinq cas [100].
axes. Le premier consiste en une expérience purement cérébrale sous
¶ Troubles anxieux
forme d’émotions dites primaires (joie, tristesse, peur, colère) ou
sociales (surprise, dégoût, doute, remords). Le deuxième axe est une L’anxiété est une crainte inappropriée, un sentiment de malaise et
réaction d’éveil (intérêt, motivation, indifférence, évitement). Les une inquiétude que quelque chose va se passer, accompagnés d’un
troisième et quatrième axes sont les axes expressifs, aussi appelés cortège de troubles végétatifs tels que palpitations, sudations,
indicateurs émotionnels, se répartissant en une réaction autonome tremblements, souffle court, sensation de constriction thoracique ou
et viscérale (fréquence cardiaque, réactivité capillaire cutanée, de boule dans la gorge, bouche sèche, douleurs abdominales. Les
diamètre pupillaire, sécrétion salivaire, sensations de constriction attaques de panique sont des paroxysmes d’angoisse de durée
œsophagienne, gastrique, intestinale, restriction respiratoire, contrôle limitée. Les phobies consistent en une crainte irrationnelle,
sphinctérien, tremblements etc), et une expression motrice (mimique, persistante, envers un objet, une personne ou une situation. Les
gestique, prosodie, vocalisation). Le cinquième axe est cognitif avec études métaboliques montrent une diminution d’activité dans les
l’expression, la reconnaissance, la sémantique, la mémoire et régions frontales et temporales antérieures, médianes et inférieures,
l’imagerie mentale des affects. La durée des états et des troubles ainsi que dans le cortex cingulaire postérieur et les noyaux gris [40].
émotionnels ou affectifs est un peu semblable aux événements Des troubles anxieux secondaires aux pathologies cérébrales se
météorologiques. On parle d’émotion ou d’affect en présence d’un voient plutôt dans les maladies des noyaux gris (maladie de
état ou d’une réaction émotionnelle de courte durée (par analogie à Parkinson, chorée de Huntington ou de Sydenham, maladie de
une averse, une éclaircie ou une prévision météorologique de 1 Wilson) [51, 72] ou dans les lésions temporopolaires gauches [47, 92]. Les
ou 2 jours). Lorsque ces états durent, on parle de troubles affectifs prises en charges médicamenteuses se font par analogie aux troubles
(par analogie à ce qu’est un climat), en particulier d’états psychiatriques classiques, mais leur effet doit encore être démontré
dysphoriques, dépressifs, anxieux, maniaques ou bipolaires. par des études contrôlées [144].
¶ Manie
TROUBLES ÉMOTIONNELS CONSÉCUTIFS
À DES PATHOLOGIES CÉRÉBRALES La manie primaire comprend une association de symptômes tels
qu’une euphorie, une irritabilité, une fuite et une accélération des
¶ Dépression idées, une hyperactivité (téléphones, achats, logorrhée,
Comme la dépression primaire, la dépression survenant à la suite hypergraphie, dépenses, voyages), une augmentation du temps de
d’une lésion cérébrale consiste en une baisse de l’humeur, une travail et une diminution de celui du sommeil, une absence de
diminution de l’appétit et de la libido, un sentiment de perte fatigue, une augmentation de la motivation et des idées de grandeur.
d’énergie (anergie, adynamie) et de plaisir (anhédonie), un sentiment Les épisodes maniaques peuvent exister comme tels, sans
d’inutilité, parfois des autoaccusations pathologiques, et des pensées dépression, ou en alternance avec celle-ci dans les syndromes
ou des plans suicidaires. Sur le plan cognitif, les états dépressifs sont bipolaires. Le scanner ou l’IRM ne révèlent généralement aucune
caractérisés par un ralentissement psychomoteur, des troubles de la lésion visible. Le SPECT et le PET, en revanche, mettent en évidence
concentration et des oublis, ainsi qu’un syndrome dysexécutif [118]. une diminution d’activité dans l’hémisphère droit plus fréquemment
La présence d’une dépression secondaire ou symptomatique se que dans le gauche, surtout dans les régions temporobasales, mais
rencontre dans 20 à 50 % des accidents vasculaires cérébraux n’impliquant généralement pas les noyaux gris.
(AVC) [75], mais est également rapportée en association avec d’autres Des formes unipolaires de manie ont été décrites en présence de
lésions, tumorales ou traumatiques [21, 26, 74, 79, 145, 163]. Les lésions se lésions cérébrales, en particulier vasculaires, mais aussi d’autre
situent généralement plutôt dans l’hémisphère gauche, lésant les origine (tumorales, traumatiques) situées dans l’hémisphère droit,
circuits fronto-sous-corticaux, soit au niveau du cortex notamment dans le cortex orbitofrontal, les noyaux gris, la substance
frontotemporal, des noyaux gris (striatum, thalamus) ou de la noire et les voies d’association sous-corticales de la substance
substance blanche (surtout bras antérieur de la capsule interne ou blanche, mais aussi dans les régions limbiques et paralimbiques [32].
substance blanche frontale). Un gradient antéropostérieur et gauche
est rapporté dans les lésions hémisphériques. Des lésions ¶ Troubles bipolaires
microangiopathiques vasculaires ou vasculitiques multiples dans les Ils consistent en des cycles de durée variable faisant alterner un état
noyaux gris, le thalamus et dans la substance blanche peuvent aussi dépressif et un épisode maniaque avec plus ou moins de régularité.
causer un état dépressif secondaire, s’associant généralement à une La tomographie axiale et la résonance magnétique ne révèlent
labilité émotionnelle. Des états dépressifs sont d’ailleurs bien généralement aucune pathologie. Les analyses morphologiques, en
connus, en association avec des maladies des noyaux gris [2, 52, 54, 86, revanche, ont montré une plus grande fréquence de dilatation
111, 113, 158, 165, 176]
. Des états dépressifs aigus ont même été déclenchés ventriculaire, de lésions striatales droites, ainsi que des altérations
par des stimulateurs sous-thalamiques [17]. bilatérales de la taille des noyaux gris [15, 49, 61, 97] , du vermis
La prédisposition de certaines lésions sous-corticales et cérébelleux, des lobes temporaux (en particulier l’hippocampe) ou
hémisphériques antérieures gauches à induire des états dépressifs de la substance blanche. Les études métaboliques, de débit sanguin
est probablement en rapport avec les modifications du métabolisme et l’IRMf montrent les mêmes anomalies fonctionnelles que celles
cérébral trouvées dans la dépression unipolaire « primaire », qui décrites dans l’état dépressif ou maniaque, selon la phase du cycle
touche 2 à 7 % de la population générale au cours de sa vie. Dans la en activité durant l’analyse. Les troubles maniformes secondaires à
plupart des cas, on ne rencontre pas d’anomalies des lésions cérébrales sont rencontrés surtout à la suite de lésions
neuroradiologiques. Cependant, les études métaboliques (positon hémisphériques droites [79, 161] ou dans les maladies des noyaux gris
emission tomography [PET]), du débit sanguin cérébral (single photon (maladie de Gilles de La Tourette, maladies de Huntington et de
emission tomography [SPECT]), de même que l’IRMf révèlent des Fahr) [51, 57].
déficits dans les circuits fronto-sous-corticaux et paralimbiques,
surtout gauches : le cingulum antérieur, le cortex préfrontal antéro- ¶ Labilité émotionnelle
et dorsolatéral, temporal supérieur et pariétal, mais aussi le noyau Elle est associée fréquemment à des lésions bilatérales des faisceaux
caudé. Ces déficits fonctionnels régressent après thérapie [40, 77]. corticobulbaires et se rencontre souvent dans la démence vasculaire

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Neurologie Troubles du comportement et de la personnalité d’origine neurologique 17-022-A-40

Tableau V. – Différentes étapes du processus émotionnel et structures cérébrales impliquées ou supposées être impliquées dans ces étapes.

Processus émotionnel Exemples Localisations importantes


Expérience primaire joie, tristesse, peur, (émotion primaire) ; doute, dégoût, remords - Locus coeruleus, raphé, substance périaqueducale et réticulée
(émotion sociale) - Noyau accumbens et septal, amygdale, hippocampe

Réaction d’éveil intérêt, indifférence, évitement

Réactions végétatives pulsation, pupilles, sécrétions, tremblement... - Hypothalamus


- Insula/claustrum
- Noyau gris
- Substance réticulée, noyaux salivaires...

Réaction motrice mimique, gestique, prosodie Circuits cortico-sous-corticaux


Noyau accumbens

Traitement cognitif des affects sémantique, imagerie mentale, mémoire Cortex cérébral
Hémisphère droit (émotions primaires)
Hémisphère gauche (émotions sociales)

et les lésions lacunaires multiples. Des variations émotionnelles façon encore fragmentaire [95]. Des anomalies primaires d’expression,
rapides et bipolaires (mood swings) sont aussi bien connues des comme akinésie, aspontanéité, bradyhypokinésie, impersistence,
parkinsoniens en phase de fluctuations motrices [70, 71, 92] que dans tendance aux persévérations et stéréotypies, phénomènes d’écho- ou
d’autres affections des noyaux gris [88, 97, 98]. d’hyperkinésie, sont décrits également, mais de façon rudimentaire,
dans les syndromes akinétiques et chez les schizophrènes. Une
¶ Émoussement affectif, indifférence, apathie, alexithymie (perte de l’expression verbale des émotions) ou une
anhédonie hyperlexithymie (exagération de l’expression verbale des émotions)
sont rapportées dans des lésions hémisphériques droites ou des
L’émoussement affectif peut se manifester de plusieurs façons. Il est
noyaux gris et du thalamus [174]. Des phénomènes de dépendance à
classique dans le syndrome cingulaire antérieur, dans le syndrome
l’environnement, de stéréotypie, ou de persévération du
aboulique-athymormique ou le mutisme akinétique, mais également
comportement et de l’expression émotionnelle sont encore peu
dans la maladie de Parkinson [134] et d’autres maladies des noyaux
décrits.
gris [113]. L’anhédonie consiste en une perte du plaisir des activités
gratifiantes et se rencontre aussi en association avec un état
dépressif, un syndrome aboulique-athymormique ou une catatonie, PHYSIOPATHOLOGIE DES TROUBLES ÉMOTIONNELS
mais aussi dans la maladie de Parkinson, par exemple dans les Les réseaux cortico-sous-corticaux impliqués dans la genèse et la
lésions bilatérales des noyaux gris. L’émoussement affectif témoigne modulation des émotions commencent à être décrits dans une
généralement d’un dysfonctionnement des zones cingulaires première approximation (tableau V). Il semble que les circuits
antérieures, du noyau accumbens, de la substance noire et responsables de la computation primaire de l’expérience mentale
tegmentale ventrale, ainsi que du télencéphale basal, souvent subjective des affects se situent dans le télencéphale basal (noyau
bilatéralement. accumbens et septaux), les structures limbiques temporomésiales
(amygdale, hippocampe), le diencéphale et le tronc cérébral
¶ Troubles du contrôle émotionnel (substance grise périaqueductale, locus coeruleus, noyaux du raphé,
Les troubles intermittents et explosifs du contrôle émotionnel se substance réticulée, substance noire) [36]. Les impressions végétatives
voient lors d’expression violente des émotions, particulièrement lors seraient organisées principalement dans l’hypothala-
d’expression de rage. Ils peuvent aussi exister sous forme de mus [180], l’insula [123], les noyaux gris et certaines régions du tronc
bascules particulièrement rapides d’humeur ou en association avec cérébral (noyaux respiratoires et cardiovasomoteurs, substance
des impulsions irrésistibles. Ils s’accompagnent alors d’une réticulée), induisant les patterns moteurs simples, souvent
sensation de gratification momentanée suivie, après la réalisation de rythmiques ou toniques et végétatifs, que l’on reconnaît dans le
l’acte, de culpabilité ou de regret. Ceux-ci diffèrent donc de la labilité peur, le rire, la rage, la copulation, etc...
émotionnelle, sont fréquents dans certaines maladies affectant les Des altérations fondamentales du traitement cérébral des émotions
noyaux gris centraux, comme la chorée de Huntington, la maladie se voient surtout chez des schizophrènes, chez certains pervers, et
de Wilson, la chorée de Sydenham [74], la maladie de Gilles de La chez des patients avec lésions temposomésiales, diencéphaliques ou
Tourette, l’encéphalite épidémique de von Economo [91], mais sont du tronc cérébral. Une expérience mentale pure émotionnelle, sans
aussi observés dans la démence frontotemporale. corrélat moteur ou végétatif, est rencontrée dans des crises
Ces troubles répondent généralement aux antiépileptiques épileptiques amygdaliennes, orbitofrontales ou temporales
« thymorégulateurs » comme le valproate ou la carbamazépine. En antérieures. En revanche, une expression viscérale et motrice d’allure
cas d’agressivité ou d’agitation surajoutées, les bêtabloquants sont émotionnelle (sham rage), dénuée de son corrélat d’expérience
efficaces. Les alternatives sont les neuroleptiques et le lithium. En mentale cérébrale, peut se déclencher par stimulation des structures
présence d’impulsivité, les inhibiteurs du recaptage de la sérotonine hypothalamiques [180]. Le « troisième système moteur », ou système
sont indiqués, comme la clomipramine, la fluoxétine, la moteur limbique, est le principal responsable de la coordination
fluvoxamine, la sertraline ou le citalopram, mais aussi la buspirone. motrice et viscérale de l’expression émotionnelle. Une connexion
directe des structures limbiques et paralimbiques (orbitofrontales,
¶ Troubles de la communication émotionnelle cingulaires, temporopolaires et parahippocampales) avec le tronc
cérébral (mimique, respiration, fréquence cardiaque, réactivité
Les troubles de l’expression émotionnelle spontanée du visage [142] capillaire, tremblement, etc), le néocortex préfrontal (mimique,
ou amimie, mais aussi de la gestique (akinésie émotionnelle), de la gestique, prosodie, sémantique verbale), pariéto-occipital (perception
prosodie et de la démarche, sont classiques dans les syndromes de la sémantique verbale, mimique, gestique, imagerie mentale),
hypokinétiques (parkinsoniens, abouliques-athymormiques) [23, 45] et temporal (mémoire et reconnaissance) avec « servo-assistance » des
les chorées [33]. Des troubles de la communication émotionnelle circuits fronto-sous-corticaux (cingulaire antérieur, orbitofrontal,
(expression faciale, prosodique, gestique, compréhension, dorsolatéral préfrontal) et d’autres circuits encore non décrits chez
sémantique, syntaxique, alexithymie), mais aussi de la mémoire l’homme mais supputés par Nauta et d’autres [24, 55, 130], peut se
émotionnelle et de l’imagerie mentale émotionnelle, sont décrits de regrouper sous le nom de circuits cortico- (fronto-, temporo-,

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17-022-A-40 Troubles du comportement et de la personnalité d’origine neurologique Neurologie

pariéto-, insulo-) striato-limbo-thalamo-mésencéphalo-frontaux. Les bromocriptine (5 à 20 mg/j) et l’amantadine. Les quelques cas de
noyaux gris ont ici essentiellement un rôle de renforcement traitement décrits concernent notamment des tableaux de mutisme
facilitateur ou inhibiteur. Il semble que le transfert de la computation akinétique [44] , syndrome frontal [101] et aphasie transcorticale
limbique vers les noyaux gris se fasse dans les noyaux motrice [3].
accumbens [130] pour l’expression motrice et par le claustrum vers
l’insula pour le traitement autonome [123]. ¶ Syndrome frontal pseudomaniaque
La cognition émotionnelle est essentiellement répartie dans le cortex Appelé également « manie secondaire » ou « syndrome
cérébral, avec une dominance pour l’hémisphère mineur (droit) pour pseudopsychopathique » [24], ce syndrome se situe à l’autre pôle du
les émotions primaires, gauche pour les émotions sociales (et les syndrome frontal pseudodépressif. Il regroupe des troubles du
classifications des émotions), selon une répartition assez identique comportement tels que désinhibition, agitation psychomotrice,
au traitement du langage dans l’hémisphère gauche et une changement d’humeur, irritabilité, agressivité (parfois violente),
modulation probablement dorsolatérale préfrontale sous-tendant le tendance aux calembours (le Witzelsucht dans la littérature
concept d’intelligence, d’adaptabilité ou de modulation affective allemande), conduites puériles, niaises, voire égocentriques ou
primaire comme il en est dans le syndrome dysexécutif, et plutôt mégalomaniaques. Le patient fait preuve d’un optimisme étonnant
dans l’hémisphère gauche pour ce qui a trait au contrôle ou à la malgré sa maladie ; il se montre peu ou pas concerné par ses
modulation des affects sociaux. Des mimiques évocatrices d’états modifications comportementales. Le terme de « moria » fait
dépressifs, sans leur corrélat viscéral ou moteur, ont été décrites référence à ces traits euphoriques. Des allusions déplacées à sa vie
dans des lésions operculaires droites [148]. Des troubles expressifs ou sexuelle sont exprimées [34] et des comportements boulimiques
cognitifs (surtout gnosiques) de l’expression émotionnelle ont été peuvent se présenter [13]. Une altération de certaines fonctions
décrits chez les schizophrènes, les parkinsoniens, dans la chorée de exécutives, une distractibilité et un manque de jugement sont
Huntington, dans des lésions hémisphériques antérieures et fréquemment associés. On décrit par ailleurs des troubles
postérieures droites (aprosodie motrice, sensorielle, globale, de neurovégétatifs.
conduction, transcorticale motrice, alexithymie, imagerie mentale
Bien que pouvant survenir suite à des désordres toxiques,
émotionnelle), soit à tous les niveaux des circuits fronto-sous-
métaboliques ou inflammatoires [102], ce tableau évoque des lésions
corticaux mentionnés ci-dessus [41, 149].
situées sur la face orbitaire ou orbitobasale du lobe frontal,
principalement dans l’hémisphère droit. Starkstein, par l’étude de
Grand syndromes comportementaux 12 cas, suggère comment une manie secondaire peut se développer
suite à des lésions du cortex orbitofrontal, principalement dans
en neurologie l’hémisphère droit [160]. Vardi décrit un patient avec comportement
persistant de moria dont le SPECT montre une hypoperfusion
frontopariétale droite en l’absence d’une lésion plus focalisée [173]. Les
SYNDROMES CARACTÉRISÉS PAR UN TROUBLE
DE LA MOTIVATION ET L’INITIATION régions corticales orbitofrontales et basotemporales de cet
hémisphère peuvent sélectivement inhiber les conduites motrices,
¶ Frontal pseudodépressif modifier les comportements instinctifs, affectifs et intellectuels [162].
Cependant, d’autres structures sous-corticales sont impliquées dans
Face à des signes de type dépressif, trois cas de figure au moins une telle symptomatologie, comme le thalamus [112], en particulier le
peuvent être dégagés : noyau dorsomédian [ 2 8 ] , essentiellement à droite, bien que
– un état dépressif sans atteinte neurologique ; l’hémisphère gauche semble aussi jouer un rôle dans de tels
comportements [19].
– une réaction dépressive dans les suites d’une lésion cérébrale ;
Sur le plan thérapeutique, des mesures d’adaptation de
– des signes évoquant un état dépressif chez un patient cérébrolésé l’environnement du patient et d’information de son entourage sont
sans véritable trouble de la thymie. à prendre, parfois des mesures légales comme une mise sous tutelle.
C’est ce dernier cas qui fait l’objet de notre propos : le syndrome Au niveau médicamenteux, outre le lithium, des substances
frontal pseudodépressif. anticonvulsives (Dépakinet, Tégrétolt) semblent être efficaces dans
Sur le plan comportemental, il se caractérise par une apathie et une le traitement des manies secondaires [68].
réduction de la spontanéité verbale (latences et courts énoncés, voire
réponses monosyllabiques), une inertie motrice, une diminution des ¶ Athymhormie
champs d’intérêt du malade, une indifférence affective [27].
Le syndrome athymhormique ou perte de l’autoactivation psychique
Ces patients ne sont pourtant pas tristes. Ils n’expriment est caractérisé par une réduction de la motricité spontanée et de
subjectivement pas de nets sentiments d’incapacité et de désespoir. l’expression, ainsi que par l’appauvrissement de l’activité mentale
Dans ce syndrome, il convient de souligner l’un de ses éléments [83, 108]
. La perte de l’élan vital présentée par ces patients est souvent
principaux, l’apathie, que certains auteurs considèrent comme un associée à une apparente indifférence affective. Ce tableau est
syndrome neuropsychiatrique spécifique [109, 114], survenant sans autre généralement associé à des lésions, parfois lacunaires, des noyaux
signe dépressif [115] et comprenant notamment une perte d’intérêt et caudés et lenticulaires [18, 83, 108].
d’élan vital, une baisse de la motivation, une réduction de la
spontanéité, un émoussement affectif, un manque d’intérêt pour de
nouveaux projets. L’apathie peut se différencier de l’inertie SYNDROMES DE TYPE PSYCHOTIQUE
pathologique qui a été utilisée pour décrire la dissociation entre une
réponse verbale correcte et une absence totale d’actions [110]. ¶ Syndromes de « misidentification »
Blumer et Benson [24] font référence à des lésions de la face Pour Weinstein, les delusionnal misidentification syndromes (DMS)
dorsolatérale des lobes frontaux : convexité préfrontale, ganglions incluent le syndrome de Capgras, de Fregoli, les illusions
de la base et thalamus, ainsi que leurs connexions. La mesure du d’intermétamorphose, les illusions de double subjectif et de double
débit sanguin cérébral de base a confirmé l’implication des régions inanimé, les phénomènes autoscopiques et les paramnésies
frontales et temporales, plus particulièrement dorsolatérale droite et réduplicatives [178]. Le trait essentiel qui relie tous ces syndromes est
frontotemporale gauche [132]. Enfin, il convient de souligner la l’idée de duplication, avec comme caractéristiques communes la
contribution de circuits fronto-sous-corticaux, notamment en relation sélectivité (seulement quelques personnes, lieux), la coexistence
avec certaines structures cingulaires antérieures [53]. possible de plusieurs types de DMS, la dissociation (la fausse
Les essais thérapeutiques qui ont amené à certains succès ont surtout identification n’exclut pas une connaissance implicite de la vraie
utilisé les agonistes dopaminergiques, en particulier la identité). Parmi les phénomènes de duplication, les plus classiques

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Neurologie Troubles du comportement et de la personnalité d’origine neurologique 17-022-A-40

sont les paramnésies réduplicatives et le syndrome de Capgras. taille et de forme décrites par le romancier souffrant lui-même de
Quand ces troubles sont secondaires à une atteinte neurologique, les céphalées ont fait supputé à des auteurs que Lewis Caroll aurait
antipsychotiques et antiépileptiques sont peu efficaces, et le personnellement présenté de telles altérations perceptives [129].
traitement doit être plutôt causal ou consister en une adaptation de
l’environnement. En cas d’atteinte dégénérative, les inhibiteurs de Syndrome de Clérambault
l’acéthylcholinestérase diminuent très significativement ces troubles Davantage connu sous le terme d’érotomanie, ce syndrome a été
de type psychotique [120]. introduit dans la littérature dans les années 1920 par Clérambault. Il
s’agit d’un « délire érotique » où le patient a la conviction d’être
Paramnésies réduplicatives
follement aimé par une personne avec laquelle il n’a pas de contact.
En 1903, Pick décrit un patient qui croyait qu’un hôpital identique Quelques observations d’érotomanie d’étiologie organique ont été
avec ses médecins et son personnel soignant avait été déplacé d’un rapportées, notamment dans les cas d’épilepsie sur évacuation d’un
site à un autre et existait simultanément avec l’original. Il introduit hématome pariétotemporal droit [63], suite à une hémorragie sous-
le terme de paramnésies réduplicatives [133]. Elles sont souvent arachnoïdienne [5] ou dans les suites d’un TCC [155].
décrites pour les lieux, mais existent aussi pour des personnes, des
événements, des règles sociales. Il y a coexistence du double. Syndrome d’Othello
Toutefois, il ne s’agit pas d’un phénomène autoscopique. Le patient Dans ce syndrome, également rencontré dans des encéphalopathies
ne voit pas le double, ne ressent pas le double simultanément dans diffuses ou après des lésions frontales droites, le thème du délire est
le même espace que lui-même. caractérisé par une jalousie pathologique [141].
Les sites lésionnels le plus souvent cités sont les lobes frontaux, ainsi
que l’hémisphère droit. Si un lien entre l’hémisphère droit et les
SYNDROME DE KLÜVER ET BUCY
réduplications d’aspect visuospatial (lieu, autrui) paraît se dessiner
dans la littérature, des réduplications pour le temps et la personne Décrit en 1937 chez le singe suite à une lobectomie temporale
peuvent se voir sur lésions paralimbiques gauches [35]. bilatérale [99], le syndrome de Klüver et Bucy se retrouve chez les
patients atteints de démence frontotemporale et se caractérise par
Syndrome de Capgras des hypermétamorphoses (ou compulsion à se diriger vers
Bien qu’identifié d’abord comme un syndrome purement n’importe quel stimulus visuel), une hyperoralité, une
psychiatrique, le syndrome de Capgras a aussi été décrit en relation hypersexualité, une agnosie visuelle et une réactivité affective
avec une souffrance hémisphérique droite [4, 73, 164]. Le syndrome de émoussée lorsque le stimulus est visuel. Ce tableau clinique
Capgras, ou l’illusion des sosies, décrit la conviction que certaines provoque chez ces patients une tendance à explorer tout stimulus
personnes, bien connues par le patient avant le début de sa maladie, visuel, non seulement avec les mains, mais aussi avec la bouche, et
ont été remplacées par des sosies [29]. Bien que certains patients à tout avaler. Il se retrouve après des lésions bilatérales de
présentant le syndrome de Capgras aient des difficultés de l’amygdale temporale, bien que des lésions bithalamiques aient
reconnaissance des visages, de l’appariement de visages et de la également été décrites [128]. L’hypersexualité se remarque dans des
mémoire des visages, ces difficultés ne semblent pas être suffisantes avances déplacées, et non dans l’aspect quantitatif de l’activité
pour expliquer l’illusion des sosies [ 6 6 ] . D’autres troubles sexuelle. Ce tableau peut contraster avec l’aspect très placide des
d’identification de personnes, tels que l’illusion de Fregoli, c’est-à- patients.
dire la transmigration de certaines caractéristiques psychologiques
d’une personne à l’autre, ont été décrits suite à une souffrance COMPORTEMENT ET ÉPILEPSIE TEMPORALE :
hémisphérique droite, surtout temporale [59]. Y A-T-IL UNE « PERSONNALITÉ ÉPILEPTIQUE » ?

Autoscopies ¶ Épidémiologie et historique


Les phénomènes autoscopiques (Doppelgänger) sont différents des De manière générale, la prévalence des troubles psychiatriques chez
autres DMS car ici le double est ressenti à droite ou à gauche du les épileptiques est de 20 à 30 % environ. Il y a donc un risque
sujet, ou vu, alors que dans les autres DMS, le double est prétendu significativement plus important de troubles psychiatriques associés
ou présumé [39]. Ces expériences, suffisamment anxiogènes pour à l’épilepsie dont la fréquence précise, la durée et le mode
conduire à des tentamen, peuvent être induites par des souffrances d’évolution ne peuvent pas être précisés pour l’instant en raison du
diffuses ou focales. L’hypothèse d’une localisation lésionnelle manque d’une classification internationale et d’une méthodologie
préférentiellement hémisphérique droite n’a pas pu être démontrée rigoureuse [175].
sur une analyse rétrospective de patients avec lésions focalisées [38]. Le concept de personnalité épileptique, par exemple la présence
d’un ensemble négatif de changements du comportement chez les
¶ Autres syndromes psychotiques
patients épileptiques, a évolué lentement, marqué par des stigmates
État confusionnel et psychotique aigu et une incompréhension. Les quatre courants de pensée qui ont
prédominé ce dernier siècle sont [82] :
L’état confusionnel est une dysfonction cognitive globale avec des
troubles simultanés de l’attention, de la perception (hallucinations – la période de détérioration épileptique de la fin du XIXe siècle :
ou hallucinoses), du cycle veille-sommeil et du comportement l’épilepsie crée une détérioration de la personnalité et de la
psychomoteur. Bien que ce trouble puisse se trouver dans n’importe cognition ;
quelle encéphalopathie diffuse, métabolique [ 9 ] , toxique ou – la période du caractère épileptique du début du XXe siècle :
médicamenteuse, particulièrement chez la personne âgée, il est l’épilepsie et les troubles du comportement associés sont secondaires
également mimé par certaines pathologies focales. Une cause à un trait de caractère inhérent à la personne ;
classique est l’état de mal à expression confusionnelle (incidence
– la période de normalité du milieu du siècle : les patients
annuelle : 10/100 000 [96]), par exemple dans le cadre d’une épilepsie
épileptiques sont considérés comme parfaitement normaux ;
temporale. Les hallucinations ou hallucinoses visuelles ou auditives
d’origine focale sont liées à des lésions corticales [ 5 0 ] ou – la période des spécificités psychomotrices, plus récente : la
thalamopédonculaires [56]. localisation et l’activité du foyer sont plus importantes que
l’épilepsie elle-même.
Alice au pays des merveilles
¶ Personnalité épileptique ou syndrome de Geschwind
La perception altérée de l’image corporelle, souvent en relation avec
des céphalées migraineuses, a donné lieu à ce syndrome, en L’association de plusieurs changements de personnalité chez les
référence au célèbre conte de Lewis Caroll [147]. Les fluctuations de patients souffrant d’une épilepsie du lobe temporal (TLE) poussa

9
17-022-A-40 Troubles du comportement et de la personnalité d’origine neurologique Neurologie

Geschwind et Waxman, en 1975, à esquisser un syndrome dont le changements de personnalité. Cette constatation corrobore les
trait central était l’« approfondissement » des émotions. La observations concernant les réactions aux déficits après une lésion
constellation des symptômes caractéristiques est la suivante : idées unilatérale non épileptogène (AVC). Les dénis les plus dramatiques
philosophiques ou cosmiques, hypergraphie, hyposexualité, de la maladie (anosognosie de l’hémiplégie) sont plus fortement
agressivité, irascibilité et viscosité mentale. Ce syndrome peut être associés à une localisation hémisphérique droite, alors que les
complet ou partiel. En 1977, Bear et Fedio étendent ce syndrome à patients avec lésion hémisphérique gauche ont été associés aux
18 traits [14] qu’ils regroupent en trois catégories de troubles : réactions de catastrophe. On trouve deux explications à cela :
– troubles émotionnels (par exemple : hyperaffectivité, dépression, – l’hémisphère droit est dominant pour les émotions ;
état maniaque, mégalomanie...) ;
– l’hémisphère gauche, intact, ne recevant plus les informations
– troubles du comportement sexuel (par exemple hypo- ou sensorielles de l’hémisphère droit, confabulerait une réponse.
hypersexualité, exhibitionnisme, agressivité, colère, violence...) ; Par contraste, le déficit des fonctions cognitives (langage, calcul) de
– troubles de la pensée (par exemple : préoccupation religieuse, l’hémisphère gauche ou les émotions verbales établies dans
philosophique, cosmologie, moralité, dépendance, paranoïa...). l’hémisphère seraient apparentés à une conscience verbale de la
Bien que ces traits ne soient pas propres à l’épilepsie et se retrouvent lésion, d’où l’« hyperconscience ».
également chez d’autres patients (par exemple psychiatriques, autres La nature de la réponse et de l’association affective suggère
pathologies neurologiques ou sujets normaux), il semble qu’ils soient également des styles hémisphériques distinctifs. L’hémisphère droit,
significativement plus fréquents chez les TLE. Le rôle exact de apparemment, utilise des réactions non verbales, alors que
l’épilepsie reste encore à préciser. l’hémisphère gauche montre une prédilection pour l’idéation, la
contemplation, et peut-être des expressions verbales des affects
¶ Influence du côté du foyer (gauche, droit) comme représentées dans la conceptualisation religieuse ou
et de son origine (temporale et frontale) cosmique.
Seules les épilepsies temporales ont fait l’objet d’études Les modifications de personnalité chez les patients épileptiques ont
systématiques. Bear et Fedio envisagent ces différences sous trois surtout été étudiées lors de dysfonctionnement du lobe temporal et
aspects : la sévérité des troubles, leur pattern, la perception des spécialement lors de crises du système limbique en raison du rôle
troubles par les patients eux-mêmes. potentiel de ce dernier dans la psychopathologie constatée (par
exemple syndrome de Klüver et Bucy). Cependant, il existe
Sévérité également des changements de personnalité lors d’épilepsie sur
foyer préfrontal. On constate en effet également une augmentation
De manière générale, la sévérité du trouble est plus grande chez les des comportements violents chez les patients souffrant d’épilepsie
patients avec épilepsie droite que chez les patients avec épilepsie frontale. Ces derniers montrent souvent de l’indifférence quant à
gauche, en particulier la tristesse. Ce trait est par ailleurs (cf infra) leurs actes, alors que les patients TLE expriment de profonds
nettement minimisé, voire nié par les patients avec épilepsie droite, remords. Ceci s’expliquerait par le fait que le cortex préfrontal
alors que les patients avec épilepsie gauche l’augmentent. Ceci est module les activités limbiques et hypothalamiques. Les lésions
également constaté avec l’obsessionnalisme, la dépendance, la colère, préfrontales peuvent donc engendrer des comportements agressifs
la tendance punitive et l’hypermoralisme. par un processus secondaire causé par un manque d’inibition de
l’aire limbique (cf supra).
Pattern
Il en ressort que les patients avec lésion gauche présentaient plus de
changements dans la contemplation intellectuelle, notamment le Conclusion
sens du destin personnel, la colère, la paranoïa, la dépendance, ainsi
que les événements ayant du sens. Les patients avec lésions droites
Les troubles comportementaux d’origine neurologique sont
se distinguaient par des changements dans la conduite affective ou
extrêmement variés. Leur existence et leurs caractéristiques sont
comportementale avec des items comme l’élation, l’obsession, la
importantes à connaître car ils sont persistants et souvent très
viscosité, l’« émotionnalité », la tristesse et l’attraction sexuelle.
invalidants pour l’entourage et le patient. L’intrication entre troubles
comportementaux et troubles cognitifs est encore mal connue, mais
Perception des troubles
plusieurs mécanismes neurophysiologiques et neuropsychologiques
En ce qui concerne l’évaluation des troubles par les patients eux- semblent être communs. Les traitements sont encore surtout
mêmes, les auteurs constatent que les patients avec lésion gauche symptomatiques. Ils devront, dans le futur, intégrer les différentes
ont une tendance significative à se décrire plus sévèrement que les disciplines des neurosciences cliniques [22] pour permettre une plus
patients avec lésion droite, ces derniers ayant tendance à nier leurs grande spécificité.

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