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Objectif du cours :
Approche pédagogique :
Cours magistraux - travaux dirigés.
Références Bibliographiques :
• Alain Burlaud (2006), Le contrôle de gestion, collection Repère
• Claude alazard, Sabine separi (2011), contrôle de gestion. DUNOD
• Béatrice et Francis Grandguiliot, comptabilité de gestion (2006), collection les zooms,
8eme Edition.
Enseignant :
Dr Abbo Mohamadou
Chargé de cours/
Dr Palouma Ndiebe Anicet
Assistant
Support de cours : www.fsega-douala.com
INTRODUCTION
Ce cours a pour objet de montrer les différents outils que mettent en œuvre le contrôle
de gestion et sa portée. Dans cette perspective nous situerons le contrôle de gestion dans le
management des organisations, et présenterons les outils traditionnels destinés à supporter le
processus décisionnel. Après une analyse des limites de ces outils, nous aborderons le contrôle
de gestion dans ces nouveaux concepts qui servent de fondement à l’amélioration de la
compétitivité des organisations.
PLAN DU COURS
L’accent sera non seulement sur les thématiques en elles même, mais également sur leurs
finalités.
CHAPITRE 1
LES FONDEMENTS DU CONTROLE DE GESTION DE PILOTAGE
Objectif :
Définir le contrôle de gestion,
Depuis ses origines dans les années 1920, le contrôle de gestion, structure et médiatise les
relations entre les dirigeants et d’autres parties prenantes, spécialement les managers auxquels la direction
délègue. Il est né à la fois d’un environnement qui la rendu nécessaire ou utile nécessaire et d’outils,
disponibles, qui l’ont rendu possible. Son apparition s’inscrit dans l’évolution du monde technique,
économique et social. Il n’y a pas à parler proprement des découvertes en sciences de gestion, mais des
prises de conscience conduisant à une évolution des pratiques auxquelles les recherches et les théories
donnent du sens. Ces origines, illustrent simplement :
Que le développement des outils qui accompagne les transformations de l’industrie entre les deux
guerres a été particulièrement rapide
Que les innovations postérieures à la seconde guerre mondiale sont souvent le fait des chercheurs
en sciences de gestion ou se sont développé leurs concours actifs
Que les innovations du siècle ont porté avant tout sur des outils relatifs à l’organisation du travail
de la production ou du système d’information alors que la suite de la littérature s’est faite plus
attentive aux problèmes de comportement.
Aujourd’hui, les auteurs et les praticiens voient généralement dans le contrôle de gestion un système de
régulation des comportements applicable dans les organisations exerçant une activité économique.
Cette discipline ne traite donc pas un objet qui s’offrirait objectivement à l’observateur, mais une
construction intellectuelle cherchant à décrire des pratiques tout en essayant de prescrire des règles de
comportement qui seraient meilleure que d’autres.
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C’est pourquoi, il est indispensable de définir ce que l’on entend par contrôle de gestion et de
présenter les hypothèses qui sous-tendent les différents modèles. Ensuite nous présentons les
développements récents du contrôle de gestion.
Section 1 : définition du contrôle de gestion
L’expression « management control » et sa traduction en « contrôle de gestion » a
incité à une mise en garde traditionnelle qui conduit à de nombreuses définitions. Avant de
faire le point sur celles-ci, il apparaît nécessaire de s’interroger au préalable sur la signification
du terme « contrôle » et « gestion ». Enfin, d’opposer le contrôle de gestion aux autres formes
de 1’organisation.
1. La notion contrôle et de gestion
Le « contrôle » dont on parle a un double sens : vérifier (ce que fait le contrôleur de gestion)
et avoir le contrôle (ce que recherche le manager). Au sens anglo-saxon du terme, « control »
doit être entendu comme étant l’action de maîtriser, de piloter, c'est-à-dire comme le fait de
dominer ou à tout le moins, d’avoir une certaine emprise sur un système. Il reste qu’en français
le mot « contrôle » est associé à l’idée « vérifier ». Un contrôleur est donc censé surveiller,
vérifier, mais c’est avant tout un teneur de livre, de registre. Le « control » s’exerce plutôt avant
l’acte et le « contrôle » après.
La gestion n’est pas le management. On « gère » les choses, on « manage » les personnes, les
organisations. Un gestionnaire « administre les intérêts d’autres personnes », un manager « fait
agir les autres ».
Ultérieurement, en 1982, l'ancien Plan comptable général français (PCG 82) avait défini le
contrôle de gestion de la façon suivante : « C’est l'ensemble des dispositions prises pour fournir
aux dirigeants des données chiffrées périodiques caractérisant la marche de l'entreprise. Leur
comparaison avec des données passées ou prévues peut, le cas échéant, inciter les dirigeants à
déclencher des mesures correctives appropriées. » 5
Anthony (1988), Le contrôle de gestion est le processus par lequel les managers influencent
d'autres membres de l'organisation pour mettre en œuvre les stratégies de l'organisation.
Bouquin (1998), Le contrôle de gestion aide les managers à comprendre l'avenir et à agir en
conséquence ... ; il aide (aussi) les managers à orienter, sinon à maîtriser, les actions de leurs
collaborateurs et partenaires, y compris, dans les grandes structures, de ceux qu'ils ne peuvent côtoyer
directement.
Simons, en 1995, présente le contrôle de gestion comme l'ensemble des processus et des
procédures fondés sur l'information que les managers utilisent pour maintenir ou modifier
certaines configurations des activités de l'organisation. Insistant plus sur l'implication des
responsables et sur l'usage des systèmes de contrôle de gestion qui différent selon les
entreprises, que sur les différences entre les systèmes de contrôle eux-mêmes, sans doute assez
similaires, Simons décrit des systèmes de contrôle « diagnostique » qui, sur la base
d'indicateurs de mesure, visent le contrôle des résultats et le respect des standards. Il décrit
aussi des systèmes « interactif » représentés par des systèmes d'informations que les managers
utilisent pour interagir avec leurs subordonnés et pour s'impliquer dans leurs décisions.
En somme, Le « management control » c’est donc l’ensemble des dispositifs et procédures qui
permettent aux managers d’avoir, sinon le contrôle, du moins une certaine maîtrise de leurs
propres missions et des actions de leurs équipes, formées de managers et de non-managers.
Ouchi (1979) présente une typologie qui vise à relier les mécanismes de contrôle au regard de
caractéristiques organisationnelles.
Burlaud (2000) montre aussi que déférentes formes de « contrôle de la gestion » coexistent
avec le contrôle de gestion dans une organisation. Généralement, elles s'exercent ou sont mises
en œuvre simultanément. Elles doivent alors être connues, prises en compte et gérées de façon
à ce que leur coexistence et leurs actions réciproques et variables soient adaptées en fonction
des besoins et contraintes de l'entreprise face à un moment et un contexte donnés.
Ces différentes formes sont par exemple (Burlaud 2000, Burlaud et Simon 1997)
- le contrôle par la hiérarchie, plus ou moins fort selon le type de structure adopté, l'histoire
de l'entreprise, les conceptions des managers ;
- le contrôle par le règlement et les procédures ; Il est caractéristique des organisations
bureaucratiques, correspond à un pilotage mécanique.
- le contrôle par la culture d'entreprise ou les valeurs ;
- le contrôle par la morale ou l'éthique ; etc.
Dans cette hypothèse, l’entreprise est vue comme un système ouvert. Le contrôle de gestion
procède par ajustement successif selon une démarche en boucles consistant à faire des
prévisions, à comparer ces prévisions aux réalisations, puis prendre les mesures correctives
afin d’ajuster l’action aux objectifs.
Le contrôle de gestion est aussi un modèle contractuel (Lorrino, 1995). L’entreprise est
considérée comme une somme de « contrat » mettant ses différentes cellules en contact dans
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une relation « client-fournisseur ». Cette représentation n’exclut pas le modèle cybernétique.
Le sommet délègue à des « agents » une mission et des moyens en contrepartie d’une obligation
de résultat. Il est donc adapté à la gestion de situations complexes car le mandant n’a plus à
contrôler une multitude des variables d’action qu’il ne maitrise pas. Le contrôle de gestion
permet de réduire cette complexité.
Le modèle suppose qu’il soit possible de décliner les facteurs clés de succès sur l’échelle temps
(Long, Moyen et Court Terme). Le contrôle de gestion suppose que la stratégie et les objectifs
qui en découlent soient explicités afin que puissent fonctionner tant le modèle cybernétique
que le modèle contractuel.
- Les centres de coût standard qui correspondent généralement à des ateliers dont le
responsable ne maitrise que la productivité.
- Les centres des dépenses discrétionnaires, le plus souvent des services administratifs
dont l’activité est difficilement mesurable.
- Les centres de recettes ou de chiffres d’affaires, habituellement des services
commerciaux lorsque le responsable n’a pas la maitrise des prix et des coûts de distribution.
- Les centres de profits qui se rencontrent à un niveau assez élevé de la hiérarchie des
grandes entreprises lorsque le responsable dispose d’une large délégation du pouvoir.
- Les centres d’investissement qui correspondent à des centres de profit, dans lequel le
responsable aurait en outre la maitrise des investissements, se situant au niveau élevé.
Les échanges entre les différents centres sont réglés par les prix de cession internes, internes
par rapport à l’entreprises ou au groupe (Burlaud et Simon, 2003). Cette logique de découpage
en centre pousse à la volonté d’indépendance, d’autonomie des organisations.
Ayant présenté les fondements du modèle du contrôle de gestion, nous allons voir maintenant
les différents modèles mis en œuvre.
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3. Les différents modèles du contrôle de gestion
L’évolution de l’environnement interne et externe a conduit à la réorganisation et des nouvelles
approches du contrôle de gestion. Nous allons mettre l’accent sur la synthèse de Lorrino qui
met en évidence deux modèles de pilotage ou encore de contrôle de gestion : le modèle
stratégico- opérationnel qui rend compte des influences du juste à temps, de la qualité totale et
de la représentation de l’entreprise en chaine de valeur sur le contrôle de gestion.
Le modèle financier est pertinent dans les environnements concurrentiels stables (ayant des
technologies stables) ou le prix est le critère de performance le plus important. Ce modèle part
d’un objectif financier global que l’on décompose en plusieurs objectifs partiels (profits,
recettes coûts) attribué aux différents centres de responsabilité. Le modèle financier s’appuie
sur une logique financière (centre de profit, de recette, de coûts). Selon cette logique, le contrôle
de gestion se focalise avant tout sur les résultats financiers et s’appuie sur la responsabilité
individuelle des managers des centres de responsabilités pour réaliser l’objectif financier
global. Les centres opérationnels ou s’effectuent la transformation des imputs en output sont
considérés comme étant des boites noires (le contrôle de gestion ne s’occupe pas de ce qui se
passent dans les centres de responsabilité, ils intéressent uniquement des résultats des actions
de leurs responsables respectifs au regard des moyens qu’ils ont négociés lors du processus
budgétaire.
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4. Champs d’application du contrôle de gestion
La stratégie est déterminée par la direction générale. Cette dernière précise vers quelle direction
l’entreprise doit se diriger à long terme afin de pérenniser son activité. La formulation d’une
stratégie est un préalable indispensable à la mise en place d’un contrôle de gestion.
Le contrôle de gestion intervient à deux niveaux : En amont pour éclairer les choix stratégiques.
Il est courant, par exemple que les services du contrôle de gestion soient sollicités dans le cadre
d’achat d’une entreprise pour analyser le plan d’affaire de l’entreprise cible. En aval, pour
s’assure que la stratégie est bien mise en œuvre à l’échelle de l’entreprise. Le contrôle de
gestion organise alors le suivi au moyen d’indicateur propre à chaque stratégie. Dans le cas de
croissance externe par exemple il est très important de suivre la progression de l’intégration
des systèmes d’information et du personnel.
Pour comprendre les adaptations et les nouvelles pistes des outils de contrôle de gestion depuis
les années 90, il est nécessaire de préciser les caractéristiques de l’organisation et les facteurs
de l’environnement qui semblent influencer et orienter les choix de gestion.
De même, des formes structurelles sont apparues pour mieux répondre aux exigences de
flexibilité et de réactivité liées aux stratégies mises en œuvre dans un environnement plus
instable, incertain et complexe.
Il faut donc spécifier les caractéristiques de ces organisations pour comprendre les demandes
faites au contrôle de gestion pour de nouvelles informations et un nouveau pilotage.
• L’organisation un système social : après l’école des relations humaines qui prend
conscience des besoins et des motivations de l’homme au travail, l’étape suivante est
la conception de l’organisation comme un système social. En élargissant la perception
et le rôle de l’entreprise, les auteurs tels que Herzberg, Crozier, recherchent la
participation et l’intégration du personnel pour améliorer les performances de
l’organisation. Cela conditionne de nouvelles formes d’autorité, de nouvelles pratiques
du pouvoir, de responsabilisation et d’autonomie.
L’organisation est soumise à des facteurs de contingence, c’est-à-dire des éléments propres à
une entreprise, qui évoluent avec elle et qui influencent ses choix et ses actions.
L’environnement et ses caractéristiques sont des facteurs discriminants pour structurer
l’organisation.
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• L’organisation, lieu de contrat: Cette approche provient des formalisations de la théorie
de la firme. Trois courants peuvent apporter un éclairage sur l’organisation et son
contrôle. Il s’agit de la Théorie des droits de propriété, de la Théorie des Coûts de
transaction, la Théorie de l’agence.
L’entreprise « managériale » qui apparaît dans les années 60 aux États-Unis fait apparaître
une séparation entre le propriétaire de la firme (actionnaires) et le dirigeant manager gérant
l’organisation. Le propriétaire délègue au gestionnaire un mandat de gestion de ses droits de
propriété.
Théorie de l’agence
Une relation d’agence est un contrat par lequel une personne (le principal) engage une autre
personne (l’agent) pour exécuter en son nom une tâche qui implique une délégation d’un
certain pouvoir de décision à l’agent. Cette réalité apparaît dans les organisations avec la
diversification des activités et donc la nécessaire spécialisation des tâches ; un seul acteur ne
peut maîtriser tous les domaines de la gestion. Avec cette approche, synthèse des deux
précédentes, l’entreprise devient un ensemble de contrats au sein de l’organisation, qu’il faut
mettre en place puis contrôler.
2. Les représentations actuelles de l’environnement
Toutes les dimensions de l’environnement se sont profondément complexifiées avec un degré
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d’incertitude et de versatilité croissant. Il apparaît :
- une ouverture des marchés et une intensification de la concurrence à l’échelle
mondiale ;
- une demande de biens et de services plus diversifiée et plus versatile ;
- une exigence de qualité, de délai et de services, attachée aux produits ;
- des potentialités apportées par l’électronique dans les machines et dans
l’information et la communication.
Ce contexte plus aléatoire, plus rapide, plus instable rend encore plus nécessaire un pilotage
permanent des variables d’action pour réagir aux turbulences.
Les tendances de l’environnement général conditionnent les orientations des entreprises pour
l’organisation de leur production et les choix de calculs de coûts.
Dans le contexte actuel, les frontières de l'entreprise deviennent de plus en plus floues et de
moins en moins pérennes : la vision statique d'une structure rigide se transforme en une vision
dynamique d'un maillage de relations fluctuantes avec des partenaires plus ou moins proches.
Il s'agit d'organiser de manière temporaire des compétences et des coopérations d'acteurs qui
soient innovantes et réactives. Les stratégies d'alliance et les partenariats divers conduisent à
des structures « modifiables », temporaires, incluant des entités extérieures déférentes selon les
objectifs et les stratégies. L'impact des technologies de l'information et de la communication est
important car, plus les frontières seront floues et instables, plus il faudra mettre en place des mécanismes
de coordination, pour que les acteurs travaillent et coopèrent ensemble, mécanismes qui seront fondés
sur des systèmes d'information (logiciels communs) et de communication (internet, intranet).
Le tableau ci-dessous nous donne une comparaison entre les deux modèles de contrôle de
gestion : 13
Tableau 1: Comparaison contrôle de gestion traditionnel et contrôle de gestion renouvelé