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0. INTRODUCTION

0.1. PROBLEMATIQUE

En ce jour, les atteintes à l’environnements ne cessent d’être croissante en


République Démocratique du Congo comme partout ailleurs. Dans la ville de
Lubumbashi, ces atteintes vont de nos propres domiciles, nos propres quartiers et
communes jusqu’à nos propres lieux de travail. Selon les estimations de
l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 12,6 millions de personnes sont
décédées en 2012 du fait d’avoir vécu ou travaillé dans un environnement insalubre.
Les facteurs de risque environnementaux, tels que la pollution de l’air, de l’eau et des
sols, l’exposition aux substances chimiques, le changement climatique font survenir
plus de cent maladies ou traumatismes (OMS, 2016).

Dans tous les métiers les travailleurs peuvent être exposés à une multitude de
risques sur le lieu de travail. Un environnement insalubre sur le lieu de travail peut
être considéré comme un risque potentiel pour la santé mentale des travailleurs.
Lorsque les conditions ne sont pas réunies pour que le travail se déroule dans un
cadre sain, les agents ou les travailleurs ne peuvent donner la pleine mesure de leurs
capacités de production car cela affecte en même temps leurs santé mentale et
physique. Alors pour ce faire, il nous faut nous attaquer aux différents dangers de
l’environnement au travail insalubre pour offrir une garantie de sécurité à tous les
agents qui travaillent dans une entreprise.

En effet, notre recherche porte sur l’effet de l’environnement au travail


insalubre sur la santé mentale des agents de l’entreprise Chemical of Africa
(Chemaf) qui a été, d’après nos recherches, plusieurs fois accusé de pollution de
l’environnement a causes de ses usines chimiques et de sa quantité de production
d’acide. Cela a soulevé un certains nombres des questions de notre part, à savoir :

– L’environnement dans lequel les agents de l’entreprise Chemaf


travaillent est-il réellement insalubre et pourquoi ?
– Comment l’environnement au travail insalubre peut-il affecter la
santé mentale des agents de l’entreprise Chemaf ?
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– Les agents de l’entreprise Chemaf reconnaissent-ils pouvoir


travailler dans un environnement insalubre et comment réagissent-
ils sur ce fait ?

Ces questions, auxquelles nous avons répondu de manière hypothétique dans


sous-point qui suit, constituent le fil conducteur de notre recherche.

0.2. HYPOTHESE DE RECHERCHE

Dans cet ordre d’idée, nos hypothèses peuvent se formuler de la manière


suivante :

– L’environnement dans lequel les agents de l’entreprise Chemaf


travaillent serait réellement insalubre parce ce que son usine
chimique dégage certaines substances toxiques qui polluent
l’espace aérien et terrestre de l’entreprise et ses environs, et aussi à
cause d’un manque d’entretien régulier de l’environnement de
travail.
– L’environnement au travail insalubre pourrait affecter la santé
mentale des agents de l’entreprise Chemaf par le fait que ces
derniers exercent leurs métiers dans un cadre qui présente divers
dangers pour leurs vies et leurs santés à longueur de temps, et dont
l’organisation ne favorise pas des meilleurs rapports humains ; ce
qui est source de stress, d’anxiété, de dépression ou même de
traumatismes pour les certains agents. Mais aussi parce que son
usine dégage certaines substances toxiques nuisant à certains
organes du corps humain, dont le cerveau.
– Certains agents de l’entreprise Chemaf reconnaîtraient pouvoir
travailler dans un environnement insalubre mais que l’entreprise a
toujours mis à leur disposition plusieurs équipements de
protection, en plus de ses mesures de sécurité rigoureuse sur le lieu
de travail, pour les protéger des différent accidents, incidents et
maladies pouvant nuire à leur santé mentale et physique. Ils
réagiraient de différentes manières. Certains diraient que l’effet de
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travailler dans un environnement insalubre n’a aucun impact sur


leurs santés mentales, et d’autres penserons le contraire.

0.3. OBJECTIF DU TRAVAIL

Notre travail poursuit quatre objectifs suivants :

1. Identifier les facteurs à la base de l’environnement au travail


insalubre à l’entreprise Chemaf ;
2. Démontrer de quelle manière l’environnement au travail insalubre
affecte la santé mentale des agents de l’entreprise Chemaf ;
3. Identifier et décrire les différentes maladies mentales ou
traumatismes causés par l’environnement au travail insalubre sur
les agents de l’entreprise Chemaf ;
4. Proposer des mesures thérapeutiques pour protéger la santé
mentale des agents de l’entreprise Chemaf.

0.4. IMPORTANCE DE L’ETUDE

Si nous avons choisi ce sujet, c’est d’abord dans le souci de vouloir avoir une
idée précise sur la manière dont l’environnement au travail insalubre affecte la santé
mentale des agents de l’entreprise Chemaf. Ensuite, parce qu’en tant que chercheur,
il est nécessaire pour nous de travailler sur une thématique qui traite un problème qui
n’a jusque-là, pas encore trouver de solution définitive. Etant donné que le problème
de l’environnement insalubre dans l’espace de travail de l’entreprise Chemaf menace
la santé mentale de sa ressource humaine, il est de nos attributions en que chercheur
en psychologie du travail, de trouver des solutions pour résoudre ce problème.

Notre sujet présente un intérêt particulier sur plusieurs niveaux d’exploration,


à savoir :

– Sur le plan personnel : il nous permet d’acquérir des nouvelles


connaissances en matière de l’environnement du travail et la santé
mentale au travail et nous ouvrir davantage à l’univers scientifique en
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nous confrontant aux réalités qui se trouvent sur terrains pour y


apporter notre contribution dans une démarche purement scientifique ;
– Sur le plan scientifique : il permet d’enrichir les théories existantes
dans le domaine de la psychologie du travail et celle de la gestion de
ressources humaines dans la mesure où il semble définir des bonnes
mesures pour la protection des agents dans leur cadre de travail ;
– Sur le plan social : il permet de faire allusion à la situation de
l’environnement insalubre qui polluent la société manière
significative, puisqu’en tant futur psychologue du travail, gestionnaire
de ressources humaines ou même créateur d’entreprise, nous devons
savoir qu’une prise en compte de l’environnement au travail par
l’entreprise, permet à cette dernière d’améliorer sa performance à
moyen ou à long terme tout en conservant son image.

0.5. METHODE DE RECHERCHE

Toute démarche scientifique se doit de passer par une méthode pour rendre
intelligible les faits et la vérité qu’elle veut saisir. En ce qui nous concerne, pour
aboutir à la vérité, nous avons recouru principalement à la méthode d’enquête
psychosociale qui sera accompagnée de la technique d’entretien et des questionnaires
pour la collecte des données et de l’analyse de contenu pour le dépouillement des
données. Pour le traitement des données nous allons recourir à la méthode statistique.

0.6. DELIMITATION DU SUJET

Pour bien traiter en profondeur notre sujet de recherche, nous l’avons délimité
dans le temps, dans l’espace et dans la science.

A. Dans le temps : il est évident que pour pouvoir mieux comprendre la


problématique présentée en son temps, il nous faut remonter à la création
de l’entreprise. Mais pour des raisons de commodités liées aux difficultés
de restitution des données relatives du temps de sa création, nous
mènerons notre étude de 2019 à 2024.
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B. Dans l’espace : nous avons choisi d’opérer notre investigation


uniquement sur les agents de l’entreprise Chemaf size au numéro 144,
avenue Usoke, quartier Industriel 2, dans la commune Kampemba à
Lubumbashi, chef-lieu de la province du Haut-Katanga en République
Démocratique du Congo.
C. Dans la science : nous allons opérer dans le domaine de la psychologie
du travail, la psychologie sociale, la psychologie de la santé et la
psychologie environnementale sur l’aspect de l’environnement au travail
et la santé mentale des agents de l’entreprise Chemaf.

0.7. SUBDIVISION DU TRAVAIL

Hormis l’introduction et la conclusion générale, notre travail est réparti en


trois chapitres suivants :

– Le chapitre premier : est uniquement consacré au cadre théorique. De


ce chapitre nous avons défini les concepts de base de notre recherche,
évoquer les théories sur la perception de la grève et examiner des
études antérieures.
– Le deuxième chapitre : est réserver au cadre méthodologique qui
décrit le champs d’investigation, la population cible, l’échantillon, la
méthode et les techniques de recherche, de production des données, de
dépouillement des données, de traitement des données et les
difficultés rencontrées.
– Le troisième chapitre : est axé sur les résultats de la recherche. Il est
question, dans ce chapitre, de présenter et d’analyser les résultats,
d’interpréter les résultats, de discuter les résultats et de fournir une
contribution.
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CHAPITRE PREMIER
CADRE THEORIQUE

Le chapitre premier de notre travail porte essentiellement sur le cadre


théorique de notre recherche. Nous l’avons structuré en trois sections, à savoir : les
définitions de concepts, les théories ou base théorique et les études antérieures.

1.1. DEFINITIONS DES CONCEPTS

Pour éviter les contradictions causées par les différentes manières de


comprendre un terme, nous avons jugé bon de définir les concepts fondamentaux de
notre recherche pour enlever l’ambiguïté dans l’esprit de nos lecteurs, sachant bien
qu’un terme parfois, peut revêtir de plusieurs sens. Alors, pour éviter ces confusions,
nous allons définir les concepts ci-après : effet, environnement de travail, insalubre,
santé mentale et agent.

1.1.1. Effet

Selon le dictionnaire Larousse, le terme effet signifie le résultat, la


conséquence de l’action d’un agent ou d’un phénomène quelconque.

En psychologie, le terme effet peut revêtir plusieurs significations en fonction


du contexte dans lequel utilisé. Généralement, il fait référence à changement qui est
une conséquence directe ou indirecte d’une cause ou d’un ensemble de causes. Il
peut s’agir de réactions, de comportements, de perceptions ou de changements d’état
émotionnel ou cognitif (Carnet Psy, 2020).

Pour la physique, un effet est un phénomène qui se manifeste par une cause
déterminée et qui survient avec des manifestations caractéristiques, lesquelles
peuvent être qualitative ou quantitative (WordPress, 2012). Il existe un rapport entre
la cause et l’effet, ce rapport est appelé la causalité.

Après ces quelques définitions, nous pouvons retenir qu’un effet est un
élément qui résulte d’une cause. Cet élément peut être matériel ou immatériel.
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1.1.2. Environnement de travail

Un environnement de travail fait référence à l’ensemble des conditions, des


éléments et des facteurs qui entourent et influences le lieu où une personne exerce
son travail. Cela inclut divers aspects tels que l’espace physique, les équipements, la
culture d’entreprise, les procédures opérationnelles, les normes de sécurité, les
avantages sociaux, la qualité de l’air, la lumière, la température, et d’autres facteurs
environnementaux (Joséphine de Leusse, 2023). Dans le périmètre des travaux
portant sur la problématique des activités en situation de travail, la notion
d’environnement de travail renvoie à un ensemble de facteurs situationnels
susceptibles d’exercer une influence sur les capacités d’action des sujets et sur le
développement de leurs connaissances, capacités ou compétence (Laurent Filliettaz,
2022, p.179).

Selon une perspective en gestion de ressource humaines, un auteur comme


Michael Armstrong (2006, p. 83) définit l’environnement de travail comme un
concept faisant référence à la somme des conditions physique, sociales et
psychologiques dans lesquelles les employés réalisent leurs tâches au quotidien.

Du côté de la santé et de la sécurité au travail, Paul Schulte (2022) souligne


que l’environnement au travail englobe tous les aspects du cadre de travail qui ont
une influence sur la santé, la sécurité et le bien-être des travailleurs. Cela comprend
non seulement les risques physiques tels que l’exposition à des substances chimiques
dangereuses ou à des bruits excessifs, mais également des aspects organisationnels
comprenant les horaires de travail, la charge de travail, les relations interpersonnelles
et la culture de prévention des risques au sein de l’entreprise (NIOSH Centers
Meeting, 2022).

Selon Markus Groth (2019), l’environnement au travail est l’ensemble des


éléments physiques et psychologiques qui influence le comportement et le bien-être
des employés dans leur lieu de travail.
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Notons que dans le cadre de notre recherche, toutes ces définitions sont
bonnes, mais plus de précision et de clarté, nous nous alignons derrière celle de
Michael Armstrong qui nous semble être plus complète.

1.1.3. Insalubre

Le terme insalubre est souvent utilisé pour décrire un environnement, un


logement, une condition ou une pratique qui est malsaine ou nuisible pour la santé.

Dans le dictionnaire Le Robert, le mot insalubre est un adjectif qui qualifie un


lieu où les conditions d’hygiène sont défectueuses à un point tel qu’elles peuvent être
dangereuse pour la santé.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), un environnement


insalubre peut être caractérisé par la présence de facteurs tels que la pollution de l’air
intérieur ou extérieur, le manque d’accès à l’eau potable, et l’absence d’installations
sanitaire adéquates. Ces conditions peuvent favoriser la propagation de maladies
transmissibles et nuire à la santé publique (OMS, 2016).

Dans notre recherche, le terme insalubre désigne tous ce qui peut, dans
l’environnement, nuire à la santé de manière physique ou psychologique.

1.1.4. Santé mentale

La santé mentale définit le bien-être psychique, émotionnel et cognitif ou une


absence de trouble mentale. Ce terme est relativement récent et polysémique. Selon
Jean Sutter (1998), la santé mentale est l’aptitude du psychisme à fonctionner de
façon harmonieuse, agréable, efficace et à faire face avec souplesse aux situations
difficiles en étant capable de retrouver son équilibre (Snahes,2019).

Isaac Ray, l’un des trente fondateurs de l’association américaine de


psychiatrie (AAP), définit la santé mentale comme un art de préserver l’esprit contre
les incidents et influences qui pourraient endommager ou détruire son énergie, sa
qualité ou son développement (Wallace Mandell, 1995).
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Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS, 2014), la santé mentale est


un état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux
difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive et
d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté.

La santé mentale implique la capacité de ressentir, d’exprimer et de gérer une


gamme d’émotions positives et négatives, de former et d’entretenir des relations avec
les autres, et de continuer à apprendre et à se développer sur le plan personnel et
intellectuel. C’est donc une capacité d’affronter toutes formes d’émotions de la vie
courante et de retrouver en suite un état de stabilité mentale ou psychologique.

1.1.5. Agent

Selon le dictionnaire Larousse, le nom agent désigne une personne qui


accompli certaines missions pour le compte d’un particulier ou d’une collectivité
(société, gouvernement, Etat, etc.).

Chester Bernard (1938), définit un agent comme toute personne qui participe
à une organisation et joue un rôle dans la réalisation de son objectif. Pour cet auteur,
les agents sont des individus qui acceptent de communiquer et de collaborer afin
d’accomplir des actions coordonnées au sein d’une organisation.

Dans ‘‘Human Behavior at Work : Organizational Behavior’’ (1989), Keith


Davis et John Newstrom, parlent d’un agent comme un individu qui est influence par
la culture organisationnelle et qui contribue à la faire évoluer. Ici, un agent est
considéré comme une partie prenante dans le processus de détermination des normes,
des valeurs et des comportements attendus au sein d’une entreprise.

Selon la perspective du management stratégique qu’on trouve chez des


auteurs tels que Micheal E. Porter, (Competitive Strategy, 1980), un agent est
quelqu’un qui met en œuvre les stratégies formulées par les dirigeants et agit pour
maintenir ou obtenir un avantage concurrentiel pour l’organisation. Cela implique
une compréhension des forces compétitives dans l’industrie et l’allocation optimale
des ressources de l’entreprise.
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Après toutes ces définitions, nous pouvons donc dire aussi qu’un agent est un
individu engagé dans une entreprise pour y accomplir des taches qui lui sont
assignées et participer à la réalisation des objectifs communs.

1.2. THEORIES OU BASE THEORIQUE


1.2.1. ENVIRONNEMENT AU TRAVAIL INSALUBRE, UN DANGER
POUR LA SANTE (MENTALE) DES AGENTS
Le milieu de travail doit être considéré comme une composante majeure de
l’environnement susceptible d’affecter la santé, par l’importance numérique des
populations exposées et des durées, des niveaux et/ou des probabilités d’exposition à
différents dangers, agents ou facteurs de risque (Raphael et al., 2021). Nous allons
par ici, essayer de présenter les principales connaissances sur la relation travail-santé
dans une perspective de santé publique en allant d’une description de ces dangers ou
ces divers facteurs de risque et de leurs effets sur la santé (mentale).

Sur base de leurs prévalences dans le milieu industriel, plus particulièrement


celui de l’entreprise Chemaf, nous avons principalement choisi : les dangers
chimiques, les dangers biologiques et les dangers physiques. Par la suite, nous allons
présenter d’autres facteurs de risque liés à l’organisation du travail.

La notion de santé mentale au travail considérée dans cette recherche ne se


limite donc pas à l’environnement physique des milieux de travail, mais s’intéresse
aussi aux enjeux humains et organisationnels car une mauvaise organisation ou des
mauvais rapports humains au sein d’une entreprise constituent aussi un
environnement au travail insalubre et peuvent avoir un effet incommode sur la santé
mentale des agents.

1.2.1.1. Dangers chimiques

A. Poussières et fibres minérales

On retrouve ici des contaminants communs telles que la silice cristalline et


l’amiante qui font depuis longtemps l’objet de déclarations fréquentes de maladies
professionnelles. Les pneumoconioses sont des affections pulmonaires causées par le
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dépôt de poussières minérales qui, lorsqu’elles conduisent à une fibrose


(transformation fibreuse des tissus, durcissement des parois ou parenchyme
pulmonaire), sont des maladies invalidantes, comme la silicose (difficultés
respiratoires accompagnées de diverses complications), au pronostic souvent
défavorable, ou encore l’amiantose.

L’amiante, la silice cristalline quartz et les fibres de carbure de silicium sont


reconnus comme étant des cancérogènes pulmonaires pour l’humain et font l’objet de
restrictions d’utilisation dans de nombreux pays, notamment par le biais de la
réglementation (normes d’exposition restrictives, obligation de substitution,
interdiction d’utilisation).

Les fibres minérales artificielles (laine de verre, de roche, de laitier,


microfibres de verre, fibres céramiques réfractaires), substituts fréquents de
l’amiante, provoquent des dermites irritatives sans que les risques de cancer
pulmonaire ne soient établis.

Diverses poussières minérales plus inertes entraînent essentiellement des


surcharges du parenchyme pulmonaire (silices amorphes, kaolin, mica, ciment,
plâtre, talc non fibreux).

B. Métaux et leurs composés inorganiques

Présents sous forme de poussières (minerais, pigments, alliages), de fumées


(fonderies, soudure) et de brouillards (peintures et bains électrolytiques), les métaux
et leurs composés peuvent exercer leurs effets toxiques sur les voies respiratoires. On
rapporte ainsi des ulcères et cancers nasaux ainsi que des cancers pulmonaires
(chrome, nickel, fumées de soudage), des pneumoconioses (cobalt, béryllium).

Ces contaminants peuvent aussi exercer une toxicité suite à leur absorption
par voie respiratoire et la peau, sur d’autres organes ou systèmes. Peuvent ainsi être
affectés le système nerveux (plomb, mercure, manganèse), le rein (plomb, mercure,
cadmium, fumées de soudage), le sang (plomb), les os (cadmium) et le système
reproducteur (plomb, mercure).
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Les divers composés d’un même élément se distinguent souvent par des effets
toxiques différents selon le degré d’oxydation (spéciation) comme dans le cas du
chrome dont la forme de degré d’oxydation 6 (chrome VI) est reconnue être la plus
toxique. En plus du chrome VI et du nickel, le cadmium et le béryllium sont
reconnus comme cancérogènes pour l’humain. Des dermatites allergiques sont
également associées à l’exposition au chrome, au nickel et au cobalt.

Diverses poussières et fumées métalliques plus inertes entraînent


essentiellement des surcharges du parenchyme pulmonaire (aluminium, titane, fer ou
étain).

C. Nanomatériaux

La norme ISO TS80004 définit un nanomatériau comme un matériau dont au


moins une dimension externe est comprise entre 1 et 100 nm ou qui possède une
structure volumique ou de surface à l’échelle nanométrique (entre 1 et 100 nm) (ISO,
2015).

Les nanotubes de carbone, le graphème et les oxydes métalliques


nanométriques comme le dioxyde de titane et le dioxyde de silicium sont des

exemples de nanomatériaux largement utilisés depuis le début du XXI e siècle.

Les nanomatériaux auront une importante capacité à se déposer dans les voies
respiratoires, une grande surface spécifique, ainsi qu’un potentiel élevé
d’inflammation pulmonaire via des mécanismes de stress oxydatif. Toutefois, à cause
de leur utilisation relativement récente, il n’existe que peu ou pas d’information sur
les effets à long terme de ces substances sur la santé. Les études animales suggèrent
toutefois des effets toxiques nombreux.

Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé en 2014 un


type de nanotube de carbone comme possiblement cancérogène (poumons) pour
l’homme (groupe 2B) (Grosse et al., 2014).

Les particules nanométriques de TiO2 inhalées sont reconnues avoir un


potentiel cancérogène par des organisations de référence comme le National Institute
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for Occupational Safety and Health (NIOSH) ou l’American Conference of


Governmental Industrial Hygienists (ACGIH) (Dankovic et Kuempel, 2011).

D. Pesticides : produits phytopharmaceutique et biocide

Les pesticides sont une large famille de substances classées en deux


catégories selon leur usage et possédant une ou plusieurs substances actives (aussi
appelé « ingrédient actif » comme le glyphosate).

Les pesticides, parfois appelés « produits phytopharmaceutiques », sont des


produits permettant : « de protéger les végétaux en détruisant ou éloignant les
organismes nuisibles indésirables (y compris végétaux indésirables) ou en exerçant une
action sur les processus vitaux des végétaux. Exemples : insecticides, fongicides,
herbicides, acaricides, molluscicides, corvicides, etc. ». Ils sont destinés : « à détruire,
repousser ou rendre inoffensifs les organismes nuisibles, à en prévenir l’action ou à les
combattre de toute autre manière par une action autre qu’une simple action physique ou
mécanique. Ils sont nécessaires pour lutter contre les organismes nuisibles pour la santé
humaine ou animale et les organismes qui endommagent les matériaux naturels ou
manufacturés. Exemples : désinfectants, produits de protection, produits de lutte
(insecticides, rodenticides), peintures antisalissure sur les carènes des bateaux, etc. ».

Même si les travailleurs agricoles demeurent les plus nombreux à être


exposés aux pesticides, d’autres secteurs sont aussi touchés, notamment la chimie,
l’alimentation, le bois, la construction navale, et divers autres services.

Les ingrédients actifs appartiennent à une variété de familles chimiques, dont


la principale caractéristique recherchée, la toxicité, se traduit aussi, pour certains
d’entre eux, chez l’humain par des effets aigus ou chroniques souvent graves. En
plus des effets irritants fréquents pour la peau et les muqueuses, les effets
directement observés chez l’homme ou soupçonnés à partir des études animales
touchent notamment le système nerveux, le rein, le foie, le sang, le système
reproducteur, le développement du fœtus. Les effets sur le système nerveux sont
typiques de nombreux pesticides, notamment des insecticides organochlorés et
organophosphorés et de certains carbamates : maux de tête, nausées, crampes
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intestinales, vision brouillée, bronchospasme, troubles du rythme cardiaque et


respiratoire, pouvant entraîner la mort.

En 2015, le CIRC a classé le glyphosate, le malathion et le diazinon comme


étant probablement cancérogènes pour l’homme (groupe 2A) ainsi que le
tétrachlorvinphos et le parathion comme étant possiblement cancérogènes pour
l’homme (groupe 2B) (IARC, 2017).

E. Solvants

Abondamment utilisés dans une grande variété d’activités, notamment pour


dégraisser, nettoyer ou décaper (surfaces métalliques, imprimerie), diluer ou
suspendre (peintures, adhésifs) ou extraire (chimie, alimentation), les solvants
demeurent un des problèmes majeurs en santé au travail à cause du grand nombre de
travailleurs exposés et des effets nocifs variés qu’ils peuvent exercer, sans oublier les
problèmes de sécurité résultant de l’inflammabilité de certains (Gérin, 2002). Les
solvants organiques ont la propriété d’être souvent volatiles, ce qui augmente le
risque d’inhalation.

Plusieurs solvants traditionnels ont été remplacés durant les dernières


décennies par des solvants diversement qualifiés de verts, écologiques,
biodégradables, durables puisqu’ils préservent la santé humaine et l’environnement
(encadré 1) (Bégin et al., 2020).

En plus de leurs propriétés irritantes pour la peau et les muqueuses, les


solvants se caractérisent par des effets sur le système nerveux. D’autres effets
spécifiques non neurologiques sont aussi associés à des expositions à divers
solvants : hépatotoxicité et néphrotoxicité de solvants chlorés, cancers associés au
benzène et, avec divers degrés de certitude, au trichloroéthylène, au
perchloroéthylène, au dichlorométhane et à l’isophorone, effets sur la fonction
reproductive de certains éthers de glycol, effets foetotoxiques du toluène et de la N-
méthyl-pyrrolidone (NMP), effets hématotoxiques du benzène et de certains éthers
de glycol.
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F. Gaz et acides inorganiques

Il s’agit de composés d’origines diverses (processus de combustion, industries


chimiques, traitement des métaux, pyrolyse de plastiques) à toxicité aiguë importante
de par leur grande réactivité avec les macromolécules biologiques.

Les acides inorganiques tels l’acide sulfurique, l’acide nitrique et l’acide


chlorhydrique exercent des effets irritants sur la peau (brûlures), les yeux et les
muqueuses, et provoquent une érosion dentaire. Leurs brouillards mixtes contenant
de l’acide sulfurique sont reconnus comme cancérogènes au niveau du larynx. Les
acides chlorhydrique et fluorhydrique gazeux peuvent provoquer des œdèmes
pulmonaires. Le monoxyde de carbone, l’hydrogène sulfuré et l’acide cyanhydrique
agissent à des niveaux biologiques différents en bloquant le processus respiratoire et
en menant à l’asphyxie. L’ammoniac et le dioxyde de soufre, hydrosolubles, exercent
leurs effets irritants principalement sur les voies respiratoires supérieures, tandis que
le dioxyde d’azote, l’ozone et le chlore, moins solubles et pénétrant plus
profondément dans les voies respiratoires, peuvent également provoquer des œdèmes
souvent à retardement, particulièrement dangereux.

1.2.1.2. Dangers biologiques

De nombreux travailleurs et travailleuses sont exposés à des micro-


organismes en milieu de soins ou en laboratoire. D’autres sont en contact avec des
micro-organismes lors d’activités comme l’abattage, l’équarrissage, les services
funéraires, l’élimination des déchets, les travaux dans les égouts, les stations
d’épuration biologique des eaux usées, l’agriculture, la foresterie et l’industrie agro-
alimentaire, ou encore, de façon dite « délibérée », c’est-à-dire que l’agent
biologique (enzymes et levures) entre dans le processus de fabrication ou de travail
(industries biotechniques (production de vin, pain, d’aliments lactés), laboratoires de
recherche et développement (Jedynska et al., 2019).

Le personnel de santé est exposé principalement à des risques infectieux


(accidents de contact avec le sang et contamination par les virus des hépatites – le
risque d’hépatite B ayant été extrêmement réduit par la vaccination, reste l’hépatite C
dont les modalités de contamination sont moins claires) et le virus de
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l’immunodéficience humaine (VIH). Par ailleurs, le risque de transmission de virus


respiratoires comme le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) et la tuberculose
est aujourd’hui pleinement considéré comme un risque professionnel, notamment
suite à la pandémie de la Covid-19 débutée en 2020.

Le personnel de laboratoires d’analyse biologique, de l’industrie


pharmaceutique et de la recherche médicale est aussi susceptible d’être exposé à des
agents biologiques. On a classifié les agents biologiques dans des groupes de risque
de 1 à 4 notamment pour permettre de développer des mesures de protection des
travailleurs et de l’environnement adaptés au risque que présentent ces agents.

Des maladies non infectieuses peuvent aussi être liées à des micro-
organismes (virus, bactéries et leurs endotoxines, champignons, protozoaires), par
effet irritatif, toxinique, immino-allergique ou même mutagène. Les affections
respiratoires de type asthme, rhinite, sinusite, broncho-alvéolite allergique
extrinsèque dominent mais d’autres effets comme des syndromes gastro-intestinaux
ou des troubles neurologiques existent.

Dans les industries de l’assainissement mais aussi avec l’émergence des


emplois verts et des filières de valorisation des déchets, des expositions nouvelles à
des bio-aérosols sont rapportées, entraînant des risques potentiels pour la santé,
notamment respiratoires (micro-organismes non spécifiques) (Cheneval et al., 2016).

1.2.1.3. Dangers physiques

A. Bruits

Les professions concernées par l’exposition au bruit sont nombreuses. Parmi


les secteurs les plus exposés, on peut citer les industries du bois et du papier, la
métallurgie, la transformation des métaux, l’industrie des équipements mécaniques,
l’agriculture et la construction.

Bien que l’exposition au bruit au milieu de travail soit bien documentée et


connue de longue date, sa prévalence évolue relativement peu. En Europe, les
enquêtes successives de la Fondation européenne pour l’amélioration des conditions
de vie et de travail montrent, malgré une légère baisse entre 2005 et 2015, que plus
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d’un quart des travailleurs et travailleuses déclarent encore être exposés plus de 28 %
de leur temps à des bruits suffisamment forts pour nécessiter d’élever la voix pour
parler à d’autres personnes (Eurofound, 2017).

La perte auditive due au bruit reste parmi les maladies du travail les plus
fréquentes. Cette perte est généralement provoquée par une exposition prolongée à
un bruit fort typiquement supérieur à 80-85 Db (A) (par exemple, travailleurs sur les
pistes d’aéroports). Une exposition à un bruit excessif de longue durée conduit à une
détérioration de l’ouïe, qui se manifeste notamment par une difficulté à détecter les
sons aigus. Des sons d’impulsion particulièrement intenses (par exemple, cloueuse
pneumatique) peuvent aussi avoir des conséquences permanentes après de brèves
expositions.

Au-delà des atteintes directes à l’ouïe, le bruit peut aussi avoir des effets
indirects. C’est en particulier le cas dans les métiers exigeant une certaine
concentration (par exemple, travail sur ordinateur), pour lesquelles le bruit ambiant
est une source de gêne et de stress affectant notamment la santé cardiovasculaire et la
qualité du sommeil chez les exposés.

Enfin, certaines substances chimiques, dites « ototoxiques », ont la capacité,


seules ou en conjonction avec le bruit, à endommager le système auditif. C’est le cas
de certains médicaments, mais aussi de certains solvants aromatiques comme le
styrène et le toluène, qui peuvent produire un effet synergétique avec le bruit.

B. Rayonnements

Les rayonnements non-ionisants et ionisants sont présents dans de nombreux


milieux de travail : production d’énergie nucléaire, activités de soins (imagerie),
radiographie industrielle (radiographie de vérification des soudures), radio-
conservation des aliments, stérilisation de matériel médical, activité minière
(uranium et gaz radon), télécommunications.

Au-delà des professions exposées aux rayonnements ionisants produits par


des sources artificielles, il convient de mentionner les professions en extérieur
exposées aux rayons ultraviolets (UV) solaires. Les UV solaires sont la principale
18

cause des cancers cutanés, qui ont connu une croissance importante ces dernières
décennies. Selon l’agence EU-OSHA, plus de 14 millions de travailleurs et
travailleuses en Europe sont exposés pour au moins 75 % du temps au rayonnement
solaire, qui est, de facto, le premier agent cancérogène en milieu de travail. Même
s’il est difficile de quantifier, faute de données épidémiologiques pertinentes, la part
attribuable à l’exposition professionnelle dans l’incidence de ces cancers, il ne fait
pas de doute que l’exposition chronique dans certaines professions en extérieur
(agriculture, secteur du bâtiment, pêche) conduit à une augmentation du risque
d’apparition de cancers non-mélanomiques. On estime ainsi qu’au Canada, 6,31 %
des cas de cancer de la peau non-mélanomiques seraient attribuables à l’exposition
professionnelle aux UV solaires et que la majorité des cas surviendrait chez des
hommes travaillant dans les secteurs de l’agriculture et de la construction (Peters et
al., 2019).

C. Contraintes thermiques

Le maintien de l’homéothermie, à la température corporelle d’environ 37 °C,


est nécessaire à la vie. Il est réalisé par l’équilibre du bilan thermique qui dépend de
facteurs d’ambiance (température de l’air, température de rayonnement, humidité
relative, vitesse de l’air) et de paramètres liés à l’individu (métabolisme, travail
extérieur, sudation, température cutanée, habillement).

Les circonstances d’exposition professionnelle à la chaleur sont le fait soit de sources


de chaleur externes (four, machines), soit de conditions climatiques (certaines
régions, saisons chaudes, travail au fond des mines), ces différents facteurs pouvant
se combiner. L’exposition au froid est retrouvée dans l’industrie agro-alimentaire, les
professions exposées aux intempéries, en zone d’altitude ou polaire, chez les
plongeurs.

La contrainte thermique excessive peut entraîner des crampes de chaleur par


déplétion chlorée et sodée, une déshydratation consécutive à un défaut d’apport
hydrique ou à une sudation prolongée, un coup de chaleur et une insolation par
exposition des centres nerveux de la tête et du tronc cérébral.
19

L’exposition au froid (air, eau, neige ou glace) peut entraîner des lésions
locales à type d’onglée, engelure, gelure, acrocyanose, ou générales, une
hypothermie pouvant être mortelle, sans oublier les risques de chute et traumatisme
par glissades.

On parle de « stress thermique » pour désigner les situations liées à un


environnement thermique extrême (par exemple, canicules), dans lequel
l’homéothermie est compromise, alors que l’on parle de « confort thermique » pour
désigner les situations de gêne (par exemple, température des bureaux inadéquate).
Le réchauffement climatique, se caractérisant par une intensification des périodes
extrêmement chaudes, est un nouveau paramètre à considérer pour les acteurs de la
prévention.

1.2.1.4. Dangers liés à l’organisation du travail

Le terme « travail » est polysémique. Invitant à « déplier » le mot pour mieux


interroger sa place et son sens, la sociologue Marie-Anne Dujarier mentionne trois
principales dimensions, qui peuvent se combiner de plusieurs manières. Il y a : le
travail que l’on fait (l’activité), le travail que l’on a (l’emploi) et le travail réalisé
(l’œuvre) (Dujarier, 2021).

En partant de ce cadre d’analyse, on peut questionner l’organisation du travail


et ses articulations avec la santé en rapport à ces différentes dimensions.

En premier lieu, sur le plan du travail-activité, l’organisation du travail


renvoie aux conditions de travail, à l’environnement de travail, à l’organisation
hiérarchique, au mode de management, aux relations entre collègues, au réel du
travail en train de se faire et à ses écarts avec le travail prescrit, bref, au complexe
contexte dans lequel les employés sont conduits à réaliser leur travail.

En second lieu, le statut d’emploi ou la position de l’entreprise au sein de la


filière sont à prendre en compte, et renvoient à une dimension plus globale de
l’organisation du travail au sens du travail-emploi. Le recours à une flexibilité
externe (emploi temporaire, contrats à durée déterminée, stages…) ou l’organisation
20

de la sous-traitance au sein d’une filière, ou pour externaliser des risques ou des


tâches jugées éloignées du « cœur du métier », sont à prendre en compte pour
questionner les liens entre travail et santé.

Enfin, au niveau du travail réalisé et du résultat produit, s’interroger sur


l’organisation du travail peut renvoyer à des enjeux dépassant le seul cadre du travail
rémunéré, et ouvrir sur des débats de société et scientifiques (entre et au sein des
différentes disciplines) visant à questionner la notion d’utilité sociale du travail.

Les formes traditionnelles d’organisation du travail et de la carrière des

individus dans les pays industrialisés, progressivement mises en place au XX e siècle,


sont de plus en plus remises en cause. Chacun a pu constater la fragilisation des
emplois avec les crises économiques, la précarité des emplois ou les délocalisations
industrielles vers les pays à revenu faible et intermédiaire. Les carrières
professionnelles deviennent discontinues, avec des périodes de non-activité, une
nécessité d’adaptations (de plus en plus difficiles avec le vieillissement) et de
nouvelles formations en cours de carrière.

Ces évolutions touchent différemment les travailleurs et travailleuses, et l’on


observe un dualisme entre d’un côté des travailleurs employés avec un contrat de
travail « typique », garantissant des droits et, de l’autre, ceux employés sur des bases
précaires (tant sur le plan du contrat que de la position dominée de l’entreprise en
position de sous-traitante), qui se trouvent du côté du « travail marchandise »
(Supiot, 1994).

Notons que l’organisation du travail peut engendrer certains risques pouvant


nuirebt à la santé (mentale) des agents au sein d’une entreprise. Nous pouvons citer
parmi ces risques : les risques psychosociaux, le burn-out et affection psychique, le
collectif de travail, les horaires et intensifications du travail.

A. Risques psychosociaux

Les risques psychosociaux (RPS) sont définis comme « les risques pour la
santé mentale, physique et sociale, engendrés par les conditions d’emploi et les
21

facteurs organisationnels et relationnels susceptibles d’interagir avec le


fonctionnement intellectuel et émotionnel ».

La littérature scientifique en épidémiologie a souligné les effets importants de


ces facteurs de risques sur les maladies cardio-vasculaires, les problèmes de santé
mentale et les trouble musculo-squelettiques (TMS). Situés à l’interface de l’individu
et de sa situation de travail, les facteurs de risques sont multiples. Le diagnostic des
RPS repose sur l’analyse de six dimensions : intensité du travail et temps de travail,
exigences émotionnelles, autonomie, rapports sociaux au travail, conflits de valeur et
insécurité de la situation de travail (Gollac et Bodier, 2011).

Dès 1936, le médecin Hans Selye notait que la contrainte, l’intoxication, les
infections, les traumatismes, les brûlures, les hémorragies, l’anoxie, les restrictions,
produisaient chez le rat une réponse physiologique non spécifique : hypertrophie des
corticosurrénales, atrophie et hémorragie dans le thymus, épuisement. Chez
l’humain, la notion de stress regroupe les réactions coordonnées, physiologiques,
puis éventuellement pathologiques, non spécifiques à l’agent causal, que l’organisme
– soumis à des demandes, exigences, sollicitations et stimuli de l’environnement –
produit en surplus de la réponse spécifique liée à la nature et à l’intensité de la
stimulation en cause. Certains considèrent que chaque fois qu’une réponse est
possible, le stress doit être considéré comme un facteur positif d’adaptation de
l’homme à son milieu (Crespy, 1984).

B. Burn-out et affections psychiques

Le concept burn-out a été décrit par Freudenberger (Raix, 1991), d’abord


dans les professions à caractère social, puis étendu à d’autres activités à
responsabilités importantes (description superposable à celle de la maladie des
dirigeants) (Bergeret, 1984) ou dans le travail morcelé en relation avec une perte
d’identité chez les individus perdus dans le gigantisme des organisations. Il s’agit
d’un épuisement physique et émotionnel et d’un désinvestissement (vide de
l’existence) qui survient plutôt chez des sujets dynamiques, rigides, à idéaux élevés.

Selon le site de la Haute Autorité de Santé (HAS), le burn-out ou le syndrome


d’épuisement professionnel, correspond à une épuisement physique, émotionnel et
22

mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail
exigeantes sur le plan émotionnel.

L’OMS considère que le burn-out est un « phénomène lié au travail ».


Toutefois, la reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle n’est pas
aisée du fait de l’absence de tableau de maladie professionnelle.

En France, les affections psychiques (incluant le burn-out) dont le lien avec le


travail a été reconnu par les organismes d’indemnisation sont vingt fois plus souvent
prises en charge au titre des accidents du travail qu’au titre des maladies
professionnelles. Bien que le processus pour faire déclarer et reconnaître en accident
du travail ce type d’atteintes ne soit pas aisé, leur part, sur le total des accidents du
travail reconnus, ne cesse d’augmenter. En 2016, il y a eu ainsi 10 000 affections
psychiques reconnues en accidents du travail en France, soit 1,6 % des accidents du
travail et 596 affections psychiques qui ont été reconnues comme maladies
professionnelles. Parmi celles-ci, le nombre de suicides reconnus en accident du
travail oscille annuellement entre 10 et 30 (Assurance maladie, 2018).

C. Collectif de travail

Le phénomène d’individualisation observé dans l’espace du travail, et


l’effritement des collectifs corrélé (Linhart, 2021), est un phénomène à prendre en
compte pour questionner les liens entre organisation du travail et santé des
travailleurs et travailleuses. Les études portant sur des stratégies défensives
collectives ainsi que les travaux menés en psychodynamique du travail sont à ce titre
éclairants.

Lorsque la souffrance ou les dangers qui pèsent sur un groupe deviennent trop
lourds, celui-ci élabore des mécanismes défensifs permettant d’assumer
collectivement un vécu qui serait individuellement insupportable. Ainsi, la peur de
l’accident sur les chantiers crée un mécanisme de déni visant à occulter le danger
dont la perception serait incompatible avec la poursuite de la tâche. Se développe
alors un arsenal d’attitudes valorisant la force, le courage, la virilité et la résistance
passive aux mesures de sécurité. Ces stratégies défensives exigent l’adhésion de tous
les membres du groupe sous peine d’exclusion pour celui qui n’y souscrirait pas.
23

Mais ces systèmes ont un coût psychique élevé. D’une part, la transgression des
normes imposées crée souvent un poids de la faute et de la dissimulation. D’autre
part, chaque participant à un système collectif doit harmoniser ses autres ressources
défensives individuelles dans sa vie hors travail.

La modification du rapport au travail de l’ensemble d’un groupe passe


par l’enquête en psychodynamique du travail pour analyser et interpréter des
situations, puis dégager des solutions concrètes de l’organisation du travail sous
l’action des membres du groupe (Davezies, 1993). Cette démarche implique une
demande et un engagement des travailleurs dans le processus conduisant au
changement.

D. Horaires et intensifications du travail

D’après la 6e enquête européenne sur les conditions de travail (Eurofound,


2017), 21 % des travailleurs européens sont concernés par le travail posté (horaires
en roulement). Travailler avec des horaires fixes est une réalité pour 68 % des
salariés européens employés sous contrat à durée indéterminé, pour 64 % des salariés
sous contrat temporaire et pour seulement 28 % des travailleurs indépendants. Le
travail de nuit (au moins une nuit par mois) est une réalité pour un travailleur sur
cinq dans l’Union européenne.

Sur le plan de la santé, les perturbations liées aux horaires décalés peuvent porter sur
la dégradation quantitative et qualitative du sommeil (diminution de durée et
amputation du sommeil paradoxal), la synchronisation des rythmes biologiques, la
façon de s’alimenter. Des perturbations de la vie sociale et familiale sont également
fréquentes avec notamment des perturbations digestives, une augmentation de
consommation de médicaments et d’alcool, une fatigue chronique, des perturbations
de l’humeur, des difficultés relationnelles, une augmentation des accidents, et
possiblement une augmentation de la morbidité cardio-vasculaire. Certaines
organisations des horaires, à défaut d’horaire fixe, sont souvent considérées comme
moins mal tolérées (succession matin/après-midi, faible nombre de nuits d’affilée).

En outre, le travail posté, impliquant une perturbation du rythme circadien, a


été classé en 2007 comme probablement cancérogène pour l’humain (groupe
24

2A), sur la base d’indications suffisantes chez l’animal de laboratoire et d’indications


limitées chez l’humain pour le cancer du sein par le CIRC.

Au-delà des horaires de travail, le phénomène d’intensification du travail est à


prendre en compte dans la survenue d’un grand nombre d’affections liées au travail,
notamment les accidents du travail et les TMS (Daubas-Letourneux, 2021). En
France, l’enquête « Conditions de travail – Risques psychosociaux » indique qu’en
2016, près des deux tiers des employés du secteur privé et de la fonction publique
déclaraient devoir fréquemment interrompre une tâche pour une autre non prévue
(Mauroux et al., 2020). Devoir se dépêcher pour faire son travail est une réalité pour
44,9 % des travailleurs et travailleuses tous secteurs confondus et pour plus de 59 %
pour les seuls agents de la fonction publique hospitalière. Dans l’Union européenne
(28 pays), la part des travailleurs déclarant être soumis à des cadences de travail
élevées est de 23 %.

Après s’être renseigner sur tous ces différents dangers, notons que le
problème de troubles mentaux affecte également une grande partie des travailleurs
sur leur lieu de travail, à savoir un travailleur sur cinq selon l’Organisation Mondiale
de la Santé (OMS), le stress étant l’un des premiers problèmes identifié et connu
pour être relié à des maladies cardiovasculaires, gastroentérologies, immunologiques
ou neurologiques. Charge de travail trop importante, pression de la hiérarchie,
conflits avec les collègues, incertitudes sur l’avenir de son poste, environnement de
travail bruyant et inconfortable etc. sont autant de sources de stress reconnues
aujourd’hui.

1.2.2. THEORIES DE LA PSYCHOLOGIE ENVIRONNEMENTALE

La relation entre l’individu et son environnement peut s’analyser à partir de


différentes approches théoriques. Ces théories expliquent les rapports entre
l’environnement et la psychologie humaine, et comprennent souvent des concepts
liés à l’écopsychologie, au comportement environnementale et la perception de
l’environnement.
25

Les théories de la psychologie environnementales sont nombreuses et ne


cessent d’augmenter au fil de temps. En ce qui concerne notre recherche, nous avons
en avons choisi quelques-unes, dont :

1.2.2.1. Théorie de stress au travail

Le terme « stress » est utilisé de deux manières en psychologie


environnementale. D’une part, c’est une mesure des symptômes biologiques et
psychologiques. D’autre part, c’est une composante de l’environnement.

Premièrement, le stress est un symptôme qui est lié à l’environnement


physique. Il peut aussi survenir lorsque certaines caractéristiques physiques
interagissent avec diverses caractéristiques psychosociales et personnelles. Le stress
survient lorsque les exigences environnementales dépassent les ressources dont
dispose un individu pour y répondre ou y faire face.

Les symptômes du stress sont souvent évalués par des enquêtes sur les
émotions négatives comme le sentiment d’être écrasé, sous pression, incapable de
contrôler les circonstances, la tension, l’anxiété et la nervosité (Cohen, Kessler et
Gordon, 1995). Le stress est également évalué en examinant les biomarqueurs qui
indiquent une activité accrue du système nerveux sympathique (par exemple, la
pression artérielle, l’épinéphrine, la norépinéphrine, la conductance de la peau), une
activité accrue de l’axe hypothalamo-hypophysaire (par exemple, le cortisol), une
inflammation accrue (par exemple, la protéine C-réactive, l’IL-6) et des altérations
des activités métaboliques (par exemple, la prise de poids, des niveaux plus élevés de
lipides ; Contrada et Baum, 2011). Une innovation plus récente dans la mesure du
stress physiologique est appelée la « charge allostatique ». La charge allostatique est
un indice composite de plusieurs biomarqueurs de stress qui prédit la morbidité et la
mortalité à long terme mieux qu’un seul biomarqueur

Le modèle théorique du stress au travail le plus répandu est celui de Karasek,


chercheur américain. Il se base sur une étude qu’il a réalisée sur 4995 personnes (R.
Karasek, « occupational distribution of psychological demands and decision latitude
», International journal of Health Services, 1989). Il a étudié le stress professionnel à
partir de deux axes : la demande (ou contrainte professionnelle ou charge de travail)
26

et la possibilité de contrôle de l’individu (ou latitude de décision ou marge de


manoeuvre) sur son travail.

Il émet l’hypothèse que le stress survient dans des situations de travail


associant des exigences professionnelles élevées (une forte charge de travail) et un
faible contrôle sur celles-ci. Ce modèle permet de classer les métiers en fonction des
deux caractéristiques proposées par Karasek. Nous avons quatre situations de travail
possibles (présentées dans le tableau page suivante) :

– Travail contraignant : la charge de travail est importante et la marge de


manœuvre est faible. C’est le cas des serveurs de restaurant, des
standardistes, des ouvriers travaillant à la chaine.
– Travail peu contraignant : la charge de travail est faible et la marge de
manœuvre est importante. C’est le cas des chercheurs par exemple.
– Travail actif : la charge de travail et la marge de manœuvre sont importantes.
Cela concerne les médecins, les dirigeants d’entreprise ou encore les
agriculteurs.
– Travail passif : la charge de travail et la marge de manœuvre sont faibles.
C’est le cas des gardiens de nuit par exemple.

La situation de travail la plus favorable en termes de stress, est celle qui


combine un contrôle élevé (ou marge de manœuvre) et des demandes de travail
basses. La situation la plus contraignante associe des demandes de travail élevées et
un contrôle faible.

1.2.2.2. Théorie de Urie Bronfenbrenner

Le modèle écologique du développement humain ou la théorie de Urie


Bronfenbrenner, un célèbre psychologue et chercheur américain, est né au tournant
des années 1970-1980. Rapidement, cette théorie a connu un bon accueil et
aujourd'hui, elle figure parmi les modèles généralement reconnus pour analyser
l’influence des différents systèmes environnementaux sur le développement de
l'individu.
27

Concrètement, le modèle propose d'analyser les situations à l'aide d'un cadre


où six niveaux de systèmes interagissent entre eux. Cela pour permettre de mieux
comprendre comment se construisent, par exemple, les expériences d'un enfant dans
un contexte donné. Ces systèmes interagissent à travers des liens bidirectionnels,
influençant nécessairement l'organisation des situations dans lesquelles œuvrent les
individus. L'écologie du développement humain accorde donc une attention
particulière aux interactions entre les individus et leur environnement,
principalement l'environnement perçu par eux.

Sont présentés brièvement ci-dessous ces six principaux systèmes :

– L'ontosystème : Ce système comprend l'ensemble des caractéristiques, des


états, des compétences, des habiletés, des vulnérabilités ou des déficits innés
ou acquis d'un individu.

– Le microsystème : Réfère au milieu immédiat de l'individu (famille, école,


groupe de pairs, quartier, etc.). Il se définit à travers les rôles occupés, les
activités réalisées et les interrelations entre les acteurs qui y sont impliqués.

– Le mésosystème : Ce système est composé de différents microsystèmes et


constitue donc le réseau de connexions entre les environnements immédiats
que représentent ces microsystèmes (par exemple, les relations qui se tissent
entre la famille de l'enfant et l'école).

– L'exosystème : Il s'agit des paramètres de l'environnement externe qui


influencent le développement de manière indirecte (par exemple, le contexte
de travail des parents exerce parfois une pression sur la famille, ce qui pourra
éventuellement influencer les relations entre celle-ci et l'école).

– Le macrosystème : Représente quant à lui le contexte culturel plus large qui


influence l'ensemble des autres systèmes, notamment à travers les
particularités idéologiques propres à la société dans laquelle s'inscrit le
phénomène à l'étude.
28

– Le chronosystème : Il s'agit du plus récent élément ajouté au modèle et qui


réfère aux transitions écologiques qui se vivent tant sur le plan de
l'environnement que sur celui des rôles occupés par un individu.

Chaque système énoncé ci-dessus contient des rôles, des normes et des règles
qui peuvent orienter de manière importante le développement des individus. Ces
systèmes sont basés sur une approche systémique, c’est-à-dire, une prise en charge
du sujet afin de comprendre ses difficultés et ses particularités. Une prise en charge
familiale (et non plus personnelle) est également possible dans une sphère
professionnelle, dont le but premier sera d’analyser comportements et spécificités
d’un sujet.

1.2.2.3. Théorie de la réduction du stress

Initiée par Roger Ulrich (1991), chercheur connu pour ses études portées sur
les effets de l’environnement naturel sur la santé et le bien-être psychologique des
personnes, la théorie de la réduction du stress a connu Différentes hypothèses
convergent pour dire que si les individus sont stressés, une rencontre avec les
environnements naturels non menaçants aura une influence de réduction du stress ou
de réparation, a contrario, des environnements urbains entraveront la récupération.
Cela tient par le fait que l’humain serait plus adapté, par son évolution, à des
écosystèmes naturels qu’à des écosystèmes urbains.

Ulrich a mis en évidence les effets bénéfiques du contact avec la nature sur la
réduction du stress et a proposé cette théorie en 1991. Cette théorie postule qu’en
réponse à des facteurs de stress externes, des changements se produisent dans les
systèmes cardiovasculaire, squelettomusculaire et neuroendocrinien du corps.

Depuis d’autres études ont été menées (facteurs : vue, odeur, son de la nature)
(Diette, 2003 ; Morita et al. 2007 ; J. Lee et al., 2011 ; Hunter 2019 …). Les
recherches montrent que l’exposition à la nature permet de réduire la tension
artérielle, la fréquence cardiaque ainsi que la concentration de certaines hormones
impliquées dans la formation du stress (cortisol), et ainsi de se détendre.

1.2.2.4. Théorie écologique de James Gibson


29

Plusieurs dénominations existent pour nommer la proposition théorique faite


par J. Gibson : théorie écologique de la perception, théorie de la saisie d’information
(theory of pickup of information) ou encore théorie de la perception directe. Elle a été
qualifiée d’écologique par Gibson lui-même (Approche Ecologique de la perception
visuelle, 1979). « Écologique » est à prendre dans le sens d’adaptation de l’animal à
son milieu. L’écologie, terme proposé par Ernst Haeckel (1834-1919 ; voir Axelrod,
1993) peut se définir, en effet, comme le rapport triangulaire entre les individus
d’une espèce, l’activité organisée de cette espèce et l’environnement de cette activité.
L’environnement est à la fois le produit et la condition de cette activité, et donc de la
survie de l’espèce. Dans la théorie écologique, l’environnement est pris donc au sens
de « niche écologique » et n’est pas synonyme de « monde extérieur ».

Par rapport aux approches traditionnelles de la perception, Gibson propose


ainsi d’étudier la perception en tant que moyen d’adaptation pour l’animal. La
perception ne doit pas être un fait dans le laboratoire, elle s’inscrit avant tout dans
l’interaction entre l’organisme et sa niche écologique et dans les apports mutuels
entre la perception et l’action.

Le « monde extérieur » peut être appréhendé, mesuré dans une échelle


extrinsèque, de manière absolue et exprimé en unités de mesure classiques utilisées
par la physique. L’environnement (niche écologique) ne peut être décrit qu’en
rapport à une espèce donnée, voire un animal donné et ceci dans une échelle
intrinsèque, relative, car c’est l’animal qui est pris comme référence (son poids, sa
taille, sa fatigue, sa motivation…). Le système animal-environnement (animal-
environment system) constitue l’unité fondamentale d’analyse de l’approche
écologique et résulte du postulat de lien mutuel ou de réciprocité entre l’animal et
son environnement (mutuality of the organism and its environment). Cette réciprocité
entre l’organisme et son environnement (système animal-environnement) est le lieu
d’émergence du processus perceptif.

1.3. ETUDES ANTERIEURES

L’homme ne naît pas seul et n’a pas le monopole de tout connaître. Il lui est
impossible de faire l’expérience de quoi que ce soit en l’absence d’un univers de
30

référence, lequel forme le creuset de son expérience (Mucchielli R., 2004, p.343).
C’est pourquoi nous avons essayé d’inventorier quelques travaux abordés par nos
prédécesseurs en rapport avec notre sujet. Ces études nous permettent de dégager les
points de divergence et de convergence avec notre travail afin de montrer son
originalité.

Gustave-Nicolas Fischer, Virginie Dodeler (2009, p.158), dans « psychologie


de la santé et environnement », ont présenté les principaux apports de la psychologie
de la santé à la compréhension des relations entre santé et environnement. Cette
contribution s’articule autour de trois aspects essentiels. D’abord sur le plan
théorique, la psychologie de la santé propose une conception intégrative de la
multifactorialité des relations santé-environnement qui considère à la fois ces
relations comme un système d’interdépendance bidirectionnelle et retient les
variabilités psychosociales comme une de leurs caractéristiques. En ce sens, la nature
même de ces interactions n’est pas uniquement déterminée par des relations
purement physiques et biologiques, mais également par les conditions psychosociales
à l’intérieur desquelles elles s’expriment. Ensuite, la psychologie de la santé porte
une attention spécifique à la nature et à l’importance des risques environnementaux.
Si les facteurs objectifs de ces risques sont étudiés, la psychologie de la santé a mis
l’accent sur le rôle des facteurs subjectifs des mêmes risques qui sont liés à la façon
dont ils sont perçus et évalués par les individus et les groupes sociaux. Enfin, la
psychologie de la santé met en lumière deux phénomènes psychosociaux liés aux
risques environnementaux : d’une part les causes objectives des risques ne sont pas
seulement physiques et biologiques, mais aussi psychosociales ; et d’autre part les
comportement adoptés face à ces risques sont liés à la fois aux variabilités
individuelles et collectives et l’évaluation subjective.

Bilubi Ulengabo Méschac (2014, p.182), dans son travail portant sur
« l’insalubrité publique dans le district sanitaire de Bukavu », il s’est posé quatre
questions suivantes : pourquoi la persistance de l’insalubrité publique dans la ville de
Bukavu ? quelles sont les responsabilités des différents acteurs la persistance de
l’insalubrité dans la ville de Bukavu ? Quelle est la perception des conséquences de
l’insalubrité par la population et les experts des domaines liés à la santé
31

environnementale ? et quelle est l’approche appropriée pour une lutte efficace contre
l’insalubrité dans la ville de Bukavu ? à ces quêtes questions, il a proposé les
hypothèses suivantes : l’insuffisance d’espaces ou le manque des lieux publics
prévus pour les décharges et l’ignorance de techniques de valorisation des déchets
feraient que les habitant de Bukavu se débarrassent de déchets ménagers et autres
dans les rues et les espaces libres, ce qui est à la base de l’insalubrité publique, les
responsabilités de l’insalubrité publique dans la ville de Bukavu seraient
multisectorielles et multi-acteurs, la population n’aurait pas de perception partagée
avec les experts sur les conséquences de l’insalubrité bien que la spécialité des
différents domaines de la santé environnementale aient des données scientifiques et
une perception des conséquences de l’insalubrité et des techniques de leur
valorisation non partagées avec la population, l’approche efficace de lutte contre
l’insalubrité serait multisectorielle et intégrée à la base communautaire qui passe par
une organisation et la responsabilisation de la communauté aux différent niveaux des
entités administratives avec une coordination en réseaux qui couvre toute la ville.
Pour aller au bout de sa recherche, il a usé des méthodes systématiques, statistiques,
descriptives et d’enquêtes appuyées par les techniques d’analyse documentaire et
d’observation sur terrain. Ainsi, après analyse et interprétation des résultats, toutes
les hypothèses se confirment.

Mbolyo Chembe Matthieu (2014, p.64), dans son étude portant sur
« l’implication des salariés de l’entreprise Chemaf dans la réalisation des objectifs
organisationnels ». Sa problématique était de savoir si les salariés de Chemaf sont-ils
impliqués dans la réalisation des objectifs fixés par l’entreprise et quels facteurs sont
à la base de cette implication. A ces questions, il formule ses hypothèses de la
manière suivante : « l’implication de salariés de l’entreprise Chemaf serait un facteur
déterminant pour atteindre des objectifs organisationnels, les facteurs qui sont à la
base de cette implication seraient, entre autre : la motivation salariale, les avantages
sociaux, les relations interpersonnelles, les conditions du travail, la récompense, la
formation et la considération au travail ». Pour vérifier ses hypothèses, il a recouru à
la méthode descriptive, la méthode comparative et la méthode d’enquête ; et à
l’entretien, l’analyse documentaire et au questionnaire comme techniques. Après
analyse et interprétation de résultat, il a abouti à la conclusion selon laquelle : les
32

salariés de l’entreprise Chemaf s’impliquent beaucoup dans la réalisation des


objectifs organisationnels et il y a réellement des facteurs qui font que les salariés
soient impliqués dans la réalisation des objectifs organisationnels assignés par
l’entreprise.

Marilou Bruchon-Schweitzer, Emilie Boujut (2016, p.193), dans leurs


recherches sur « les facteurs environnementaux et sociaux de la santé », ont parlé des
déterminants sociaux de la santé pour désigner des conditions socialement produites
qui ont un effet sur la santé des populations comme, par exemple, les politiques en
matière d’emploi, le revenu, l’emploi, l’éducation, les moyens de transport, le
quartier, l’habitat, etc. en tenant compte des actions internationales et européennes
visant à agir sur les déterminants sociaux de la santé. Ensuite elles ont décrit les
effets des facteurs environnementaux sur la santé, effets qui concernent surtout des
disciplines comme la santé publique, l’épidémiologie, la toxicologie, l’écologie, etc.
pour décrire ces effets et leurs impacte sur la santé des populations, elles ont utilisé
des indicateurs comme la mortalité et la morbidité et rapporté par la suite les données
en matière de longévité, d’espérance de vie et d’espérance de vie en bonne santé dans
le monde, en Europe et en France.

Nkulu Mutamba (2017, p.54), a travaillé sur « la motivation du personnel et


son incidence sur le rendement dans une entreprise ». Son problème était de savoir si
le personnel de la SNCC est motivé au travail et quelle est l’incidence de cette
motivation sur le rendement. Son hypothèse était conçue en ces termes : « la
motivation du personnel utilisée par la SNCC avait une incidence négative
considérable sur la productivité dans cette entreprise ». Pour vérifier cette hypothèse,
il a recouru à la méthode descriptive et aux techniques de questionnaire. Après
analyse et interprétation des résultats, il est arrivé à la conclusion selon laquelle la
motivation du personnel de la SNCC avait une incidence négative sur le rendement
des travailleurs car plus la motivation diminue, plus le rendement diminue aussi.

Kamonga Ntambwe Antoinette (2018, p.57), a travaillé sur « l’impact des


espaces de travail désorganisés sur la concentration et la productivité des employés ».
Il s’est posé la question de savoir comment le désordre dans les espaces de travail
affecte-t-il la capacité des employés à se concentrer et à être productifs. Il a formulé
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son hypothèse de la manière suivante : « un environnement de travail désorganisé


peut entraîner une perte de concentration, des distractions constantes et une
diminution de la productivité ». Après analyse et interprétation des résultats, il est
arrivé à la conclusion selon laquelle les entreprises doivent encourager la propreté et
l'organisation pour optimiser les performances des employés et favoriser leur bien-
être mental.

Mavioga Ma Itoukiga Parfait (2020, p.78), dans son étude sur « l’impact de
l’activité d’éboueur et des risques professionnels sur la santé physique et la vie
extraprofessionnelle, cas des agents de la SOVOG », il a voulu savoir comment les
éboueurs perçoivent leurs conditions de travail et comment les exigences liées à ces
conditions affectent leurs vies extraprofessionnelles. C’est partant de là qu’il a
formulé ses hypothèses comme suite : « les éboueurs mariés auraient une perception
plus négative des conditions de travails que les éboueurs célibataires, les exigences
liées au travail d’éboueur affecteraient négativement l’organisation de la vie
extraprofessionnelle des éboueurs, plus chez les mariés que chez les célibataire ».
Après analyse et interprétation des résultats, il a abouti à la conclusion selon laquelle
les éboueurs quel que soit le statut matrimonial ont une appréciation plus ou moins
positive de leurs conditions de travail et de leur santé physique et qui par ricochet à
une influence positive sur leur vie extraprofessionnelle.

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