Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
0. INTRODUCTION
0.1. PROBLEMATIQUE
Dans tous les métiers les travailleurs peuvent être exposés à une multitude de
risques sur le lieu de travail. Un environnement insalubre sur le lieu de travail peut
être considéré comme un risque potentiel pour la santé mentale des travailleurs.
Lorsque les conditions ne sont pas réunies pour que le travail se déroule dans un
cadre sain, les agents ou les travailleurs ne peuvent donner la pleine mesure de leurs
capacités de production car cela affecte en même temps leurs santé mentale et
physique. Alors pour ce faire, il nous faut nous attaquer aux différents dangers de
l’environnement au travail insalubre pour offrir une garantie de sécurité à tous les
agents qui travaillent dans une entreprise.
Si nous avons choisi ce sujet, c’est d’abord dans le souci de vouloir avoir une
idée précise sur la manière dont l’environnement au travail insalubre affecte la santé
mentale des agents de l’entreprise Chemaf. Ensuite, parce qu’en tant que chercheur,
il est nécessaire pour nous de travailler sur une thématique qui traite un problème qui
n’a jusque-là, pas encore trouver de solution définitive. Etant donné que le problème
de l’environnement insalubre dans l’espace de travail de l’entreprise Chemaf menace
la santé mentale de sa ressource humaine, il est de nos attributions en que chercheur
en psychologie du travail, de trouver des solutions pour résoudre ce problème.
Toute démarche scientifique se doit de passer par une méthode pour rendre
intelligible les faits et la vérité qu’elle veut saisir. En ce qui nous concerne, pour
aboutir à la vérité, nous avons recouru principalement à la méthode d’enquête
psychosociale qui sera accompagnée de la technique d’entretien et des questionnaires
pour la collecte des données et de l’analyse de contenu pour le dépouillement des
données. Pour le traitement des données nous allons recourir à la méthode statistique.
Pour bien traiter en profondeur notre sujet de recherche, nous l’avons délimité
dans le temps, dans l’espace et dans la science.
CHAPITRE PREMIER
CADRE THEORIQUE
1.1.1. Effet
Pour la physique, un effet est un phénomène qui se manifeste par une cause
déterminée et qui survient avec des manifestations caractéristiques, lesquelles
peuvent être qualitative ou quantitative (WordPress, 2012). Il existe un rapport entre
la cause et l’effet, ce rapport est appelé la causalité.
Après ces quelques définitions, nous pouvons retenir qu’un effet est un
élément qui résulte d’une cause. Cet élément peut être matériel ou immatériel.
7
Notons que dans le cadre de notre recherche, toutes ces définitions sont
bonnes, mais plus de précision et de clarté, nous nous alignons derrière celle de
Michael Armstrong qui nous semble être plus complète.
1.1.3. Insalubre
Dans notre recherche, le terme insalubre désigne tous ce qui peut, dans
l’environnement, nuire à la santé de manière physique ou psychologique.
1.1.5. Agent
Chester Bernard (1938), définit un agent comme toute personne qui participe
à une organisation et joue un rôle dans la réalisation de son objectif. Pour cet auteur,
les agents sont des individus qui acceptent de communiquer et de collaborer afin
d’accomplir des actions coordonnées au sein d’une organisation.
Après toutes ces définitions, nous pouvons donc dire aussi qu’un agent est un
individu engagé dans une entreprise pour y accomplir des taches qui lui sont
assignées et participer à la réalisation des objectifs communs.
Ces contaminants peuvent aussi exercer une toxicité suite à leur absorption
par voie respiratoire et la peau, sur d’autres organes ou systèmes. Peuvent ainsi être
affectés le système nerveux (plomb, mercure, manganèse), le rein (plomb, mercure,
cadmium, fumées de soudage), le sang (plomb), les os (cadmium) et le système
reproducteur (plomb, mercure).
12
Les divers composés d’un même élément se distinguent souvent par des effets
toxiques différents selon le degré d’oxydation (spéciation) comme dans le cas du
chrome dont la forme de degré d’oxydation 6 (chrome VI) est reconnue être la plus
toxique. En plus du chrome VI et du nickel, le cadmium et le béryllium sont
reconnus comme cancérogènes pour l’humain. Des dermatites allergiques sont
également associées à l’exposition au chrome, au nickel et au cobalt.
C. Nanomatériaux
Les nanomatériaux auront une importante capacité à se déposer dans les voies
respiratoires, une grande surface spécifique, ainsi qu’un potentiel élevé
d’inflammation pulmonaire via des mécanismes de stress oxydatif. Toutefois, à cause
de leur utilisation relativement récente, il n’existe que peu ou pas d’information sur
les effets à long terme de ces substances sur la santé. Les études animales suggèrent
toutefois des effets toxiques nombreux.
E. Solvants
Des maladies non infectieuses peuvent aussi être liées à des micro-
organismes (virus, bactéries et leurs endotoxines, champignons, protozoaires), par
effet irritatif, toxinique, immino-allergique ou même mutagène. Les affections
respiratoires de type asthme, rhinite, sinusite, broncho-alvéolite allergique
extrinsèque dominent mais d’autres effets comme des syndromes gastro-intestinaux
ou des troubles neurologiques existent.
A. Bruits
d’un quart des travailleurs et travailleuses déclarent encore être exposés plus de 28 %
de leur temps à des bruits suffisamment forts pour nécessiter d’élever la voix pour
parler à d’autres personnes (Eurofound, 2017).
La perte auditive due au bruit reste parmi les maladies du travail les plus
fréquentes. Cette perte est généralement provoquée par une exposition prolongée à
un bruit fort typiquement supérieur à 80-85 Db (A) (par exemple, travailleurs sur les
pistes d’aéroports). Une exposition à un bruit excessif de longue durée conduit à une
détérioration de l’ouïe, qui se manifeste notamment par une difficulté à détecter les
sons aigus. Des sons d’impulsion particulièrement intenses (par exemple, cloueuse
pneumatique) peuvent aussi avoir des conséquences permanentes après de brèves
expositions.
Au-delà des atteintes directes à l’ouïe, le bruit peut aussi avoir des effets
indirects. C’est en particulier le cas dans les métiers exigeant une certaine
concentration (par exemple, travail sur ordinateur), pour lesquelles le bruit ambiant
est une source de gêne et de stress affectant notamment la santé cardiovasculaire et la
qualité du sommeil chez les exposés.
B. Rayonnements
cause des cancers cutanés, qui ont connu une croissance importante ces dernières
décennies. Selon l’agence EU-OSHA, plus de 14 millions de travailleurs et
travailleuses en Europe sont exposés pour au moins 75 % du temps au rayonnement
solaire, qui est, de facto, le premier agent cancérogène en milieu de travail. Même
s’il est difficile de quantifier, faute de données épidémiologiques pertinentes, la part
attribuable à l’exposition professionnelle dans l’incidence de ces cancers, il ne fait
pas de doute que l’exposition chronique dans certaines professions en extérieur
(agriculture, secteur du bâtiment, pêche) conduit à une augmentation du risque
d’apparition de cancers non-mélanomiques. On estime ainsi qu’au Canada, 6,31 %
des cas de cancer de la peau non-mélanomiques seraient attribuables à l’exposition
professionnelle aux UV solaires et que la majorité des cas surviendrait chez des
hommes travaillant dans les secteurs de l’agriculture et de la construction (Peters et
al., 2019).
C. Contraintes thermiques
L’exposition au froid (air, eau, neige ou glace) peut entraîner des lésions
locales à type d’onglée, engelure, gelure, acrocyanose, ou générales, une
hypothermie pouvant être mortelle, sans oublier les risques de chute et traumatisme
par glissades.
A. Risques psychosociaux
Les risques psychosociaux (RPS) sont définis comme « les risques pour la
santé mentale, physique et sociale, engendrés par les conditions d’emploi et les
21
Dès 1936, le médecin Hans Selye notait que la contrainte, l’intoxication, les
infections, les traumatismes, les brûlures, les hémorragies, l’anoxie, les restrictions,
produisaient chez le rat une réponse physiologique non spécifique : hypertrophie des
corticosurrénales, atrophie et hémorragie dans le thymus, épuisement. Chez
l’humain, la notion de stress regroupe les réactions coordonnées, physiologiques,
puis éventuellement pathologiques, non spécifiques à l’agent causal, que l’organisme
– soumis à des demandes, exigences, sollicitations et stimuli de l’environnement –
produit en surplus de la réponse spécifique liée à la nature et à l’intensité de la
stimulation en cause. Certains considèrent que chaque fois qu’une réponse est
possible, le stress doit être considéré comme un facteur positif d’adaptation de
l’homme à son milieu (Crespy, 1984).
mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail
exigeantes sur le plan émotionnel.
C. Collectif de travail
Lorsque la souffrance ou les dangers qui pèsent sur un groupe deviennent trop
lourds, celui-ci élabore des mécanismes défensifs permettant d’assumer
collectivement un vécu qui serait individuellement insupportable. Ainsi, la peur de
l’accident sur les chantiers crée un mécanisme de déni visant à occulter le danger
dont la perception serait incompatible avec la poursuite de la tâche. Se développe
alors un arsenal d’attitudes valorisant la force, le courage, la virilité et la résistance
passive aux mesures de sécurité. Ces stratégies défensives exigent l’adhésion de tous
les membres du groupe sous peine d’exclusion pour celui qui n’y souscrirait pas.
23
Mais ces systèmes ont un coût psychique élevé. D’une part, la transgression des
normes imposées crée souvent un poids de la faute et de la dissimulation. D’autre
part, chaque participant à un système collectif doit harmoniser ses autres ressources
défensives individuelles dans sa vie hors travail.
Sur le plan de la santé, les perturbations liées aux horaires décalés peuvent porter sur
la dégradation quantitative et qualitative du sommeil (diminution de durée et
amputation du sommeil paradoxal), la synchronisation des rythmes biologiques, la
façon de s’alimenter. Des perturbations de la vie sociale et familiale sont également
fréquentes avec notamment des perturbations digestives, une augmentation de
consommation de médicaments et d’alcool, une fatigue chronique, des perturbations
de l’humeur, des difficultés relationnelles, une augmentation des accidents, et
possiblement une augmentation de la morbidité cardio-vasculaire. Certaines
organisations des horaires, à défaut d’horaire fixe, sont souvent considérées comme
moins mal tolérées (succession matin/après-midi, faible nombre de nuits d’affilée).
Après s’être renseigner sur tous ces différents dangers, notons que le
problème de troubles mentaux affecte également une grande partie des travailleurs
sur leur lieu de travail, à savoir un travailleur sur cinq selon l’Organisation Mondiale
de la Santé (OMS), le stress étant l’un des premiers problèmes identifié et connu
pour être relié à des maladies cardiovasculaires, gastroentérologies, immunologiques
ou neurologiques. Charge de travail trop importante, pression de la hiérarchie,
conflits avec les collègues, incertitudes sur l’avenir de son poste, environnement de
travail bruyant et inconfortable etc. sont autant de sources de stress reconnues
aujourd’hui.
Les symptômes du stress sont souvent évalués par des enquêtes sur les
émotions négatives comme le sentiment d’être écrasé, sous pression, incapable de
contrôler les circonstances, la tension, l’anxiété et la nervosité (Cohen, Kessler et
Gordon, 1995). Le stress est également évalué en examinant les biomarqueurs qui
indiquent une activité accrue du système nerveux sympathique (par exemple, la
pression artérielle, l’épinéphrine, la norépinéphrine, la conductance de la peau), une
activité accrue de l’axe hypothalamo-hypophysaire (par exemple, le cortisol), une
inflammation accrue (par exemple, la protéine C-réactive, l’IL-6) et des altérations
des activités métaboliques (par exemple, la prise de poids, des niveaux plus élevés de
lipides ; Contrada et Baum, 2011). Une innovation plus récente dans la mesure du
stress physiologique est appelée la « charge allostatique ». La charge allostatique est
un indice composite de plusieurs biomarqueurs de stress qui prédit la morbidité et la
mortalité à long terme mieux qu’un seul biomarqueur
Chaque système énoncé ci-dessus contient des rôles, des normes et des règles
qui peuvent orienter de manière importante le développement des individus. Ces
systèmes sont basés sur une approche systémique, c’est-à-dire, une prise en charge
du sujet afin de comprendre ses difficultés et ses particularités. Une prise en charge
familiale (et non plus personnelle) est également possible dans une sphère
professionnelle, dont le but premier sera d’analyser comportements et spécificités
d’un sujet.
Initiée par Roger Ulrich (1991), chercheur connu pour ses études portées sur
les effets de l’environnement naturel sur la santé et le bien-être psychologique des
personnes, la théorie de la réduction du stress a connu Différentes hypothèses
convergent pour dire que si les individus sont stressés, une rencontre avec les
environnements naturels non menaçants aura une influence de réduction du stress ou
de réparation, a contrario, des environnements urbains entraveront la récupération.
Cela tient par le fait que l’humain serait plus adapté, par son évolution, à des
écosystèmes naturels qu’à des écosystèmes urbains.
Ulrich a mis en évidence les effets bénéfiques du contact avec la nature sur la
réduction du stress et a proposé cette théorie en 1991. Cette théorie postule qu’en
réponse à des facteurs de stress externes, des changements se produisent dans les
systèmes cardiovasculaire, squelettomusculaire et neuroendocrinien du corps.
Depuis d’autres études ont été menées (facteurs : vue, odeur, son de la nature)
(Diette, 2003 ; Morita et al. 2007 ; J. Lee et al., 2011 ; Hunter 2019 …). Les
recherches montrent que l’exposition à la nature permet de réduire la tension
artérielle, la fréquence cardiaque ainsi que la concentration de certaines hormones
impliquées dans la formation du stress (cortisol), et ainsi de se détendre.
L’homme ne naît pas seul et n’a pas le monopole de tout connaître. Il lui est
impossible de faire l’expérience de quoi que ce soit en l’absence d’un univers de
30
référence, lequel forme le creuset de son expérience (Mucchielli R., 2004, p.343).
C’est pourquoi nous avons essayé d’inventorier quelques travaux abordés par nos
prédécesseurs en rapport avec notre sujet. Ces études nous permettent de dégager les
points de divergence et de convergence avec notre travail afin de montrer son
originalité.
Bilubi Ulengabo Méschac (2014, p.182), dans son travail portant sur
« l’insalubrité publique dans le district sanitaire de Bukavu », il s’est posé quatre
questions suivantes : pourquoi la persistance de l’insalubrité publique dans la ville de
Bukavu ? quelles sont les responsabilités des différents acteurs la persistance de
l’insalubrité dans la ville de Bukavu ? Quelle est la perception des conséquences de
l’insalubrité par la population et les experts des domaines liés à la santé
31
environnementale ? et quelle est l’approche appropriée pour une lutte efficace contre
l’insalubrité dans la ville de Bukavu ? à ces quêtes questions, il a proposé les
hypothèses suivantes : l’insuffisance d’espaces ou le manque des lieux publics
prévus pour les décharges et l’ignorance de techniques de valorisation des déchets
feraient que les habitant de Bukavu se débarrassent de déchets ménagers et autres
dans les rues et les espaces libres, ce qui est à la base de l’insalubrité publique, les
responsabilités de l’insalubrité publique dans la ville de Bukavu seraient
multisectorielles et multi-acteurs, la population n’aurait pas de perception partagée
avec les experts sur les conséquences de l’insalubrité bien que la spécialité des
différents domaines de la santé environnementale aient des données scientifiques et
une perception des conséquences de l’insalubrité et des techniques de leur
valorisation non partagées avec la population, l’approche efficace de lutte contre
l’insalubrité serait multisectorielle et intégrée à la base communautaire qui passe par
une organisation et la responsabilisation de la communauté aux différent niveaux des
entités administratives avec une coordination en réseaux qui couvre toute la ville.
Pour aller au bout de sa recherche, il a usé des méthodes systématiques, statistiques,
descriptives et d’enquêtes appuyées par les techniques d’analyse documentaire et
d’observation sur terrain. Ainsi, après analyse et interprétation des résultats, toutes
les hypothèses se confirment.
Mbolyo Chembe Matthieu (2014, p.64), dans son étude portant sur
« l’implication des salariés de l’entreprise Chemaf dans la réalisation des objectifs
organisationnels ». Sa problématique était de savoir si les salariés de Chemaf sont-ils
impliqués dans la réalisation des objectifs fixés par l’entreprise et quels facteurs sont
à la base de cette implication. A ces questions, il formule ses hypothèses de la
manière suivante : « l’implication de salariés de l’entreprise Chemaf serait un facteur
déterminant pour atteindre des objectifs organisationnels, les facteurs qui sont à la
base de cette implication seraient, entre autre : la motivation salariale, les avantages
sociaux, les relations interpersonnelles, les conditions du travail, la récompense, la
formation et la considération au travail ». Pour vérifier ses hypothèses, il a recouru à
la méthode descriptive, la méthode comparative et la méthode d’enquête ; et à
l’entretien, l’analyse documentaire et au questionnaire comme techniques. Après
analyse et interprétation de résultat, il a abouti à la conclusion selon laquelle : les
32
Mavioga Ma Itoukiga Parfait (2020, p.78), dans son étude sur « l’impact de
l’activité d’éboueur et des risques professionnels sur la santé physique et la vie
extraprofessionnelle, cas des agents de la SOVOG », il a voulu savoir comment les
éboueurs perçoivent leurs conditions de travail et comment les exigences liées à ces
conditions affectent leurs vies extraprofessionnelles. C’est partant de là qu’il a
formulé ses hypothèses comme suite : « les éboueurs mariés auraient une perception
plus négative des conditions de travails que les éboueurs célibataires, les exigences
liées au travail d’éboueur affecteraient négativement l’organisation de la vie
extraprofessionnelle des éboueurs, plus chez les mariés que chez les célibataire ».
Après analyse et interprétation des résultats, il a abouti à la conclusion selon laquelle
les éboueurs quel que soit le statut matrimonial ont une appréciation plus ou moins
positive de leurs conditions de travail et de leur santé physique et qui par ricochet à
une influence positive sur leur vie extraprofessionnelle.