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L obligation de moyens
La supervision directe dans les premières usines est axée sur une
obligation de moyens. Dans ‘The Management of Men’, un article de
1885 tiré de ‘The Engineer’, cette obligation de moyens est explicite,
le manager devant savoir « enseigner clairement à ses subordonnés
la manière de faire [how to do] ce qui doit être fait. » (in WREN,
1997, p.33).
On trouve des descriptions récurrentes sur la manière dont doit se
comporter un bon ouvrier à son travail, l’hypothèse sous-jacente
étant qu’un comportement conforme permettra de bons résultats.
L’obligation de moyens porte donc sur les comportements attendus
ou réprimés de l’ouvrier ;
Les comportements les plus fréquemment cités faisant l’objet d’un
contrôle par le contremaître sont l’abstinence sur le lieu de travail
(alcool et tabac) et la présence régulière et la ponctualité (SLATER
LEWIS, 1896 ; SMITH, 1878 ; in WREN, 1997, p.71, p.333-341).
Comme on l’a déjà mentionné, le temps de travail est un des
éléments difficilement maîtrisé par les dirigeants dans les premières
usines. Afin de mieux le contrôler, on en fait un critère d’évaluation
de l’ouvrier, qui conditionne la paye qui lui est versée. Dans le
raisonnement de Smith, on comprend que c’est le temps de travail
qui importe comme signal d’une performance dans les premières
usines et non pas la qualité du travail. Deux idées ressortent de sa
réflexion sur ce point :
- On mesure la performance ouvrière à la quantité de travail et non à
la qualité : « L’essence du contrat liant un employeur et un ouvrier
repose sur l’obligation de l’employeur de payer à l’ouvrier une
certaine somme d’argent en contrepartie d’une certaine quantité de
travail. » - Le temps de travail est considéré comme une mesure de la
quantité de travail : « Par commodité, le temps est supposé mesurer
le travail réalisé. Ainsi, le temps est à l’une des parties ce que l’argent
est à l’autre. » (SMITH, 1878, in WREN, 1997, p.333). Pour mesurer le
temps de travail, Taylor préconise de mettre en place une fonction
spécifique dans l’organisation. L’ingénieur des temps et mouvements
se voit confié la tâche de déterminer le taux d’augmentation des
salaires et le temps de travail normal dont un ouvrier de premier
ordre a besoin pour exécuter une tâche donnée dans un atelier.
(TAYLOR, 1957
La standardisation des comportements
Nous avons déjà évoqué le fait que l’usine du XIXe prône des
comportements standardisés et s’oppose à l’expression des
individualités. Cette standardisation s’obtient par une division du
travail, chaque ouvrier étant responsable d’une séquence limitée de
tâches identiques et répétitives. Elle émane aussi de l’exemple donné
par le supérieur direct. Fayol prône « le bon exemple du chef » en
expliquant que « quand le chef donne l’exemple de l’assiduité,
personne n’ose arriver en retard. » et en avertissant que le mauvais
exemple est aussi contagieux (FAYOL, 1999, 1re ed. 1918). Dans le
contrôle par supervision directe, la place du supérieur direct est donc
fondamentale. Carpenter avance que le travail de gestion de la main
d’œuvre au quotidien est assuré par le contremaître : « [Le
surintendant] est rarement en contact avec ses ouvriers. Ce sont les
contremaîtres des départements qui exercent une influence directe
sur les hommes et par conséquent qui ont une réelle influence
potentielle sur eux, pour le meilleur ou pour le pire. […] Le sentiment
[des ouvriers] vis-à-vis de l’entreprise est déterminé avant tout autre
facteur par leur sentiment vis-à-vis de l’homme qui les contrôle
quotidiennement. » (CARPENTER, 1903, in WREN, 1997, p.362). Il
suggère donc que le contrôle exercé par le manager direct est un
mécanisme d’influence des comportements plus fort que tout autre
mécanisme de contrôle.
L observation directe
L’observation directe est un des supports de la supervision directe.
Elle consiste en une surveillance en direct et en permanence de la
main d’œuvre dans l’atelier. Ce type de surveillance, dans les
premières usines, est effectué par le contremaître. Owen fonde sa
première usine à l’âge de 18 ans, en 1789, à Manchester, en Grande
Bretagne, au tout début de la première révolution industrielle. Il
prône la surveillance visuelle comme mécanisme de contrôle et
comme moyen de comprendre son rôle de manager. « Je regardais
très précisément les hommes dans leurs services respectifs, et
pourtant, je n’y connaissais vraiment rien. Mais en observant chaque
chose de façon intense, je maintenais l’ordre et la régularité à travers
l’établissement […] J’inspectais sérieusement chaque chose dans les
moindres détails … J’étais parmi les premiers à arriver le matin, et je
fermais les locaux le soir. » (OWEN, 1857, p.31-32, in WREN, 1994,
p.56).
Parmi les conclusions des expériences d’Hawthorne conduites par
Elton Mayo entre 1927 et 1932, une d’elle énonce qu’une des
normes de groupe est d’être actif et consciencieux en présence du
chef d’équipe et de se relaxer en son absence (MAYO, 1933). Les
travaux de Lewin, Lippitt et White sur les groupes d’enfants ont
montré que la productivité relative des groupes dépend dans une
mesure considérable de la présence de leur chef. Appliquant les
recherches psycho-sociologiques à l’organisation, Tannenbaum
avance que la présence du chef joue sur l’attitude des employés et
sur leur productivité (TANNENBAUM, 1967, p.59).
La sélection à l’embauche fondée sur les compétences et les motivations, tout comme la formation,
permettent d’augmenter la propension à disposer de personnes qui peuvent réaliser leurs tâches
sans avoir besoin d’instructions. Si le manager est capable de promouvoir au statut de contremaître
uniquement les ouvriers qui font preuve d’une forte implication vis-àvis des objectifs de la firme, et
s’il arrive à maintenir ce niveau d’implication, alors son besoin de surveillance explicite et
d’évaluation est moindre (OUCHI, 1979, p.837).
Exemple 1 : Un président directeur général visite une usine de production sans s’apercevoir des
dysfonctionnements d’une ligne de production (conditions de sécurité non respectées, réglages non
conformes des machines, etc.) car il n’a pas l’œil d’un expert opérationnel avec lui.
Exemple 2 : Lors d’un entretien entre un manager n+1 et un subordonné n concernant le chiffrage du
budget du subordonné pour la période à venir, le manager ne divulgue pas l’enveloppe budgétaire
globale qu’il sait pouvoir négocier pour l’ensemble de son service. Il garde cette information et, par
prudence, demande au subordonné de réduire ses besoins sur telle ou telle ligne budgétaire. Le
subordonné qui cherche à contrôler le chiffrage de son budget n’a donc pas en main tous les
déterminants qui influencent cet acte.
Dans l’exemple 1, la source d’influence est le PDG qui veut contrôler l’usage d’une ligne de
production par les ouvriers. Dans l’exemple 2, la source d’influence est le subordonné qui veut
contrôler la décision du manager concernant le chiffrage de son budget.41 Dans les deux exemples,
le fait que la source d’influence soit en présence de l’élément à contrôler ne garantit pas l’exercice
effectif du contrôle. En effet, des éléments non visibles directement demeurent du fait de ressources
détenues par l’élément à contrôler et non détenues par la source d’influence. Cette détention de
ressources empêche la source d’influence de prévoir et d’interpréter le comportement des individus
à contrôler.
Elle fait donc directement référence au pouvoir tel que l’ont défini Crozier et Friedberg dans une
perspective d’analyse stratégique. Le pouvoir d’un individu ou d’un groupe est « fonction de
l’ampleur de la zone d’incertitude que l’imprévisibilité de son propre comportement lui permet de
contrôler face à ses partenaires. » (CROZIER, FRIEDBERG, 1977, p.72). L’écart éventuel dans la
relation de pouvoir entre deux individus provient de la différence entre les ressources pertinentes42
que l’un et l’autre peuvent mobiliser. Crozier et Friedberg distinguent quatre grandes ressources
pertinentes dans une organisation : « celles découlant de la maîtrise d’une compétence particulière
et de la spécialisation fonctionnelle ; celles qui sont liées aux relations entre une organisation et […]
ses environnements ; celles qui naissent de la maîtrise de la communication et des informations ;
celles enfin qui découlent de l’existence de règles organisationnelles générales. » (CROZIER,
FRIEDBERG, 1977, p.83). La quatrième ressource est en fait considérée comme une contrainte créée
par l’organisation pour limiter ou maîtriser les zones d’incertitude qui se développent en son sein.
Les règles organisationnelles représentent le référent à partir duquel on peut mesurer la distance en
ressources qui sépare deux individus dans l’organisation. Ces règles s’imposent en effet à tous les
membres de l’organisation et contribuent à déterminer les atouts de chacun donc leurs ressources
mobilisables et les enjeux conditionnant le recours à ces atouts, donc leur degré de risque. Crozier et
Friedberg évoquent deux contraintes organisationnelles qui joueront pour nous le rôle de référent
dans la mesure d’une distance en ressources entre individus : l’organigramme et la réglementation
intérieure (CROZIER, FRIEDBERG, 1977, p.79). Cela fait allusion à notre réflexion sur les fondements
du contrôle dans laquelle nous expliquons que l’autorité est une des sources du pouvoir. La distance
hiérarchique peut donc nourrir la distance en ressources (mais elle n’est pas son seul constituant).
Dans le cas où une distance en ressources fait que le contrôle en présence47 est insuffisant, un
contrôle à distance peut s’avérer utile. Ce n’est pas la distance spatiale qui va caractériser ce contrôle
mais le fait qu’il s’exerce par recours à un intermédiaire, un filtre d’observation et d’analyse qui
donne à la source d’influence un autre point de vue sur l’objet contrôlé que celui résultant du
contrôle en présence. Nous pouvons donc affiner notre première approche du contrôle à d
Cayatte (2009) propose la théorie du rôle du manager en télétravail, qui se compose de sept actions
majeures : motiver, animer, négocier, accompagner, gérer, évaluer et réunir. De même, Taskin et
Tremblay (2010) soulignent que les télétravailleurs aspirent à être encadrés plutôt que surveillés, et
que le rôle du manager évolue vers celui d'un coach qui accompagne les travailleurs dans l'atteinte
de leurs objectifs.
La confiance est un élément central dans la gestion du télétravail, comme le soulignent Gálvez et al.
(2012). Les managers doivent établir une relation de confiance et de respect mutuel avec les
collaborateurs travaillant à distance.
Enfin, des approches plus récentes mettent en avant l'importance de la confiance et de l'autonomie
des télétravailleurs. D. Ollivier (2017) souligne que le manager doit accorder sa confiance aux
collaborateurs pour compenser la perte de contrôle direct, tandis que les télétravailleurs acquièrent
une plus grande autonomie et doivent se débrouiller seuls. De même, le mentorat virtuel, selon
Yarberry et Sims (2021), joue un rôle crucial dans le soutien émotionnel des employés en télétravail,
en renforçant leur confiance en eux-mêmes et leur autonomie. En somme, ces d
Conclusion
En se basant sur les travaux antérieurs de Thompson (1967) et Ouchi (1979), Eisenhardt (1985) a
identifié deux caractéristiques du comportement des employés qui conditionnent la faisabilité des
mécanismes de contrôle formels : (1) la capacité à mesurer les performances et (2) la capacité à
comprendre quel type de comportement conduit à quel type de résultat. Le contrôle des résultats
exige de bonnes mesures de la performance, tandis que le contrôle du comportement exige une
compréhension du comportement désiré. En outre, les deux types de contrôle exigent que les
caractéristiques en question puissent être observées : pour le contrôle des extrants, l'organisation
doit disposer des systèmes d'information qui permettent de mesurer les performances et d'en rendre
compte, et pour le contrôle du comportement, elle doit être en mesure de surveiller le
comportement désiré .Ainsi, un des défis de la gestion des télétravailleurs réside dans les possibilités
réduites de contrôle du comportement des employés (Allen et al., 2015 ; Bloom et al., 2015).
2) Organisation et client
le contrôle des comportements du client comme l’ensemble des dispositifs
utilisés par l’organisation pour s’assurer que le comportement du client est
conforme à ce qu’elle souhaite
Orienter le comportement des clients vers l achat et la fidelisatisation
Tout d’abord, l’entreprise peut assurer elle-même le contrôle du
comportement du client, notamment lorsque celui-ci est présent physiquement
dans ses locaux, ou en interaction avec son personnel en contact ou des
équipements techniques (site internet, automate
Ces recherches illustrent la possibilité d’étendre des dispositifs de contrôle
organisationnel au client coproducteur, assimilé à ce titre à une ressource de
l’entreprise, contribuant plus ou moins directement à la performance de sa
production, que cela soit en termes d’efficacité, d’efficience ou encore de
qualité.
Internet contribue à accroître l'importance et le pouvoir du consommateur, que ce soit en raison du
choix plus important de produits et de modes de distribution auquel il peut accéder ou encore des
possibilités qui lui sont offertes d'établir une relation personnalisée avec l'entreprise de son choix
(Seybold, 1998; Winer et all, 1996; Eveno et Iribarne, 1997; Millerand, 1999).
comment l'entreprise pourrait mettre en œuvre des heuristiques lui permettent de rester assez
proche des individus et de la société pour les accompagner dans leur évolution.
Depuis quelques années de multiples efforts organisationnels ont été déployés afin d'être le plus
proche possible du client final. De nombreux chercheurs ont étudié, sous divers angles, le marketing
relationnel. Il ne s'agit plus de se contenter d'attirer des clients, mais de bâtir des relations avec eux
au travers d'un service qui puisse différencier l'entreprise de ses concurrents (Ryans et Wittink,
1977). Il s'agit de proposer une continuité du courant de transactions qui engage positivement la
relation avec le client (Levitt, 1983).
Le besoin d'interface opérationnelle dans la relation fournisseur–client s'appuie sur un nouveau type
de client partenaire de l'entreprise qui fait partie intégrante d'un certain processus de coproduction
(Gaillard, 1997).
Les consommateurs et les acheteurs sont désécurisés par une trop grande dispersion de l'offre de
solutions-produits, mais également par une vaste étendue de besoins potentiels à satisfaire. Or, la
confiance du client et sa fidélisation débutent par la proximité des valeurs partagées par une
entreprise et ses partenaires commerciaux.
2) Proximité de processus
L'instantanéité des informations disponibles pour le client induit une véritable mutation de la
fonction commerciale : le client devient le point de départ du processus d'information et de vente, et
non plus l'aboutissement d'un processus de production, de vente et de transfert de propriété.
Strategies pour rester proche du client : les rendres sous forme de proximité
1. Offrir une valeur ajoutée constante : Les entreprises doivent s'efforcer de fournir
une valeur ajoutée constante à leurs clients, que ce soit par le biais de produits de
haute qualité, de services exceptionnels, ou d'expériences uniques. En répondant aux
besoins et aux attentes des clients de manière fiable, les entreprises peuvent
renforcer la fidélité de leurs clients.
2. Établir une relation de confiance : La confiance est un élément crucial de toute
relation client-entreprise. Les entreprises doivent être transparentes, honnêtes et
fiables dans leurs interactions avec les clients. En respectant les engagements pris et
en traitant les clients avec respect et considération, les entreprises peuvent
développer une relation de confiance qui encourage la fidélité à long terme.
3. Personnaliser l'expérience client : Les entreprises peuvent utiliser les données client
pour personnaliser l'expérience de chaque client en fonction de ses préférences, de
ses besoins et de son comportement d'achat. Des programmes de fidélisation, des
recommandations personnalisées, des offres spéciales et des communications ciblées
peuvent renforcer le lien émotionnel entre l'entreprise et ses clients, les incitant à
rester fidèles.
4. Favoriser l'engagement et l'interaction : Les entreprises peuvent encourager
l'engagement et l'interaction avec leurs clients à travers différents canaux, tels que les
médias sociaux, les forums en ligne, les événements communautaires, etc. En
établissant un dialogue ouvert et en encourageant la participation des clients, les
entreprises peuvent renforcer les liens avec leur base de clients et favoriser un
sentiment d'appartenance à une communauté.
Surveillance directe : En étant physiquement proche des clients, que ce soit à travers des
succursales, des magasins de détail ou des bureaux locaux, une entreprise peut exercer une
surveillance directe sur leur comportement. Par exemple, les employés de vente au détail
peuvent observer les clients dans un magasin pour détecter les signes d'intérêt pour certains
produits ou pour identifier les besoins et les préférences des clients.