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Formation continue / Fortbildung Vol. 14 No.

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Le traitement des plaies chez l’enfant


Die deutsche Fassung dieses Artikels wird folgen

Introduction Trois mécanismes contribuent à la guéri- de l’activité cellulaire et remodelage


son d’une plaie cutanée: l’épithélialisation, de la cicatrice.
Les plaies représentent un motif de con- la contraction de la plaie et la synthèse
sultation fréquent suite à un accident sur- de matrice extracellulaire. Le processus de Comme l’on peut le voir dans la figure 1,
venant dans la population pédiatrique; en guérison sans complications comporte la résistance tissulaire d’une plaie est très
effet, dans une étude prospective réalisée trois périodes: réduite par rapport à la peau normale pen-
aux urgences de l’Hôpital des Enfants de dant plusieurs semaines, n’atteignant 50%
Genève, 21% des patients présentaient • Phase inflammatoire (Lag Phase, qu’à environ six semaines; il est donc im-
une plaie ouverte comme lésion principale 24 à 48 heures), pendant laquelle portant d’éviter des sollicitations pouvant
motivant la consultation1). la plaie est envahie par les cellules aboutir à une plaie disgracieuse ou même
inflammatoires. Une épithélialisation à une réouverture de la plaie.
Le but du traitement des plaies est de pré- en surface est en général obtenue
venir l’infection, rétablir la continuité cu- en environ 48 heures. Prise en charge
tanée et obtenir un bon résultat esthétique • Phase proliférative (3 à 4 semaines)
tout en causant le moins d’inconfort pos- avec prolifération de capillaires, 1. Vérifier l’état de la vaccination anti-
sible à l’enfant. migration de fibroblastes synthéti- tétanique du patient et administrer
sant du collagène et contraction au besoin une dose de rappel ou la
Généralités de la plaie par l’action des myofibro- première vaccination ainsi que les
blastes. immunoglobulines anti-tétaniques.
Une plaie est une lésion produite par un • Phase de maturation (dès 4 semai- 2. Laver abondamment la partie lésée
agent mécanique dont l’action vulnérante nes) avec diminution progressive («dilution is the solution to pollution»),
dépasse la résistance de l’organe touché;
en ce qui concerne la peau, elle représen- Figure 1: Résistance tissulaire des plaies
te une interruption de la surface cutanée
et donc une porte d’entrée potentielle pour %
un agent infectieux. 100

La cicatrisation d’une plaie se dit par 80


première intention si une plaie propre est
fermée dans un délai de moins de 6 60
heures; on parle de deuxième intention
en cas de plaie sale ou avec perte de
40
substance, laissée ouverte avec formation
de tissu de granulation et guérison par
20
contraction et épithélialisation; finale-
ment, on parle de troisième intention (ou
«delayed primary closure»), lorsque une
0
plaie contaminée est laissée ouverte pen-
dant plusieurs jours et fermée secondai- 0 30 60 90 120 150 jours
rement une fois confirmée l’absence
Les flèches indiquent la résistance tissulaire relative à la même peau non blessée (= 100%)
d’infection2). pour une plaie à 1 mois (~ 25%), 6 semaines (~ 50%) et 2 mois (~ 80%).
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un traitement antibiotique ne remplace l’ablation des sutures cutanées; le exemple Fucidine®), ailleurs en appli-
pas le nettoyage soigneux de la plaie. Vicryl® (Polyglactine) suffit en géné- quant un pansement avec un corps
3. Exclure une lésion sous-jacente: ral; pour des plaies péri-articulaires gras ou non adhérent (Adaptic®).
pour les extrémités tester la ou sous tension plus importante, Pour des plaies de la main ou péri-
fonction, sensibilité et vascularisa- un fil à résorption plus lente (Maxon® articulaires, une attelle d’immobilisa-
tion en aval de la plaie, surtout [Polyglyconate] ou PDS® [Polydio- tion est conseillée. Surtout pour les
tester la sensibilité avant l’adminis- xalone]) pourrait être indiqué. Les plaies au visage, il faut instruire les
tration d’une anesthésie locale. points sous-cutanés doivent rappro- parents à nettoyer régulièrement la
Si suspicion de corps étranger ou cher sans tension les berges de la plaie (avec de l’eau et un savon
de plaie profonde pouvant toucher plaie et permettre ainsi une ferme- doux) afin d’éviter la formation de
l’os, obtenir des radiographies. ture avec des points simples ou avec croûtes qui prolongent le temps
4. Désinfecter les berges de la plaie un surjet intradermique, en évitant d’épithélialisation3) et donnent un
et de la peau avoisinante avec des sutures en matelas (point de résultat esthétique moins satisfai-
une solution aqueuse iodophore Donati ou Donati-Allgöwer) qui lais- sant. Il faut recommander aux
(Betadine®) ou une solution aqueuse sent des marques cutanées inesthé- parents de re-consulter en cas
de Chlorhexidine (Hibitane®) en cas tiques. Pour la taille du fil de suture de rougeur, œdème, douleurs ou
d’allergie à l’iode. à utiliser selon la région du corps écoulement purulent.
5. Administrer une anesthésie locale blessée, se référer au tableau 1. 9. Après l’ablation des fils (voir
(voir dessous) en veillant à éviter 8. Protéger les plaies en créant un tableau 2 pour les différentes
une injection intra-vasculaire. milieu humide: au visage par l’appli- durées) les parents doivent être
6. Explorer la plaie à la recherche cation d’un onguent antibiotique (par instruits à masser la cicatrice dans
de lésion de structures nobles
ou mobiles (tendons) et de corps
Tableau 1: Sutures: dimensions recommandées selon localisation
étrangers; profiter de laver abon-
damment au sérum physiologique. Localisation Dimensions
Débrider les tissus nécrosés, parer
– Cuir chevelu 4–0 ou 5–0
les bords de la plaie (à minima au
– Visage 5–0 à 7–0
visage et à la main) et contrôler – Tronc 4–0 ou 5–0
tout saignement. – Membre supérieur 4–0 ou 5–0
7. Suturer la plaie si le délai plaie- – Main 5–0 ou 6–0
– Membre inférieur 4–0 ou 5–0
consultation est inférieur à 6 heures, – Fascia / galéa / plans profonds / petit vaisseaux (fil résorbable) 3–0 à 5–0
sauf pour une plaie au visage, qui
peut être suturée après ce délai,
d’une part en raison de l’excellente Tableau 2: Durée des points de suture
vascularisation de cette peau et
Localisation Durée
d’autre part afin d’éviter des cicatri-
ces disgracieuses. En cas de lacéra- – Visage 5 jours, ou minimum 3 jours puis Steri-Strip®
tions sous tension, il est nécessaire – Mains 5 à 7 jours
de placer des points sous-cutanés – Plaies péri-articulaires 7 à 10 jours
– Autre plaie Environ 7 jours puis éventuellement Steri-Strip®
inversés dans le but d’éviter un – Surjets intradermiques 10 à 14 jours (sous Steri-Strip®)
élargissement de la cicatrice après
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le sens de sa longueur dès 6 se- ximale de lidocaïne pour l’anesthésie d’une leurs supplémentaires; injection dans le
maines, protéger la cicatrice du soleil surface muqueuse est de 3 mg/kg, ou de tissu sous-cutané plutôt qu’en intradermi-
pendant 12–18 mois par des habits, 5 mg/kg si en solution adrénalinée. Il est que, car le derme est moins élastique et
par une crème solaire «écran total» en outre recommandé de réduire de 30% la sensation de distention y est plus dou-
(facteur > 16) et par le port de cha- ces doses chez l’enfant de moins de deux loureuse; injecter par petites quantités au
peau pour les plaies du visage. Il faut ans. La solution utilisée le plus volontiers moyen une aiguille très fine (> 25 G, si
expliquer aux parents que la cicatrice chez l’enfant est la lidocaïne 1% (10 mg/ml). possible 30 G); utiliser une solution à tem-
deviendra progressivement plus rouge pérature corporelle; ajouter du bicarbonate
et épaisse à 6–8 semaines, avec une Les solutions contenant un mélange d’anes- de sodium 8.4% à la lidocaïne pour en tam-
lente amélioration sur plusieurs mois; thésique et d’adrénaline provoquent une ponner l’acidité (1 ml de bicarbonate par
elle aura son aspect définitif seule- vasoconstriction et prolongent ainsi l’ac- 9 ml de lidocaïne; toutefois l’addition du
ment environ 18 mois après l’acci- tion de l’anesthésique local, permettent bicarbonate prolonge le délai d’installation
dent. Il est important de re-consulter d’utiliser une dose maximale d’anesthésie de l’anesthésie)5).
le médecin si la cicatrice devient très plus importante et réduisent les saigne-
épaisse (hypertrophie ou cicatrice ments facilitant l’exploration de la plaie. Finalement, un point souvent oublié est
chéloïde) en vue d’un traitement com- Les mélanges adrénalinés sont toutefois qu’il faut attendre environ 10 minutes pour
pressif et/ou application locale de à éviter pour l’anesthésie des régions à cir- que l’anesthésique local fasse effet.
silicone; dans certains cas l’injection culation terminale (nez, lobe de l’oreille,
de corticostéroïdes dans la chéloïde doigts, orteils, pénis) en raison du risque Anesthésie topique
pourrait s’avérer nécessaire. En de nécrose qu’ils peuvent entraîner. La L’anesthésie locale peut parfois être rem-
général, pour une cicatrice inesthéti- dose maximale d’adrénaline qui peut être placée ou précédée par une anesthésie to-
que il ne faut pas considérer de chi- administrée est de 5 µg/kg. pique. Le seul produit commercial dispo-
rurgie de correction avant 18 mois. nible sur le marché suisse actuellement
En cas d’allergie à la lidocaïne, l’on peut est la crème EMLA®, un mélange eutecti-
Anesthésie envisager d’utiliser un anesthésique local que de lidocaïne et prilocaïne (25 mg
du groupe des esters, comme par exemple de chaque agent par 1 g de crème) qui ne
La prise en charge de la plupart des plaies la chlorprocaïne, avec une dose maximale devrait être appliqué que sur une peau in-
nécessite une anesthésie. Celle-ci peut être de 8 mg/kg5).Il faut néanmoins savoir que tacte en raison du risque de méthémo-
obtenue au moyen d’une anesthésie lo- la plupart des allergies attribuées aux globinémie lors de résorption importante;
cale, d’une anesthésie topique et pourra anesthésiques locaux sont en fait dues au de plus, l’EMLA® ne devrait pas être utili-
requérir une sédation. méthylparabène (E 218) qui est l’agent de sée dans la région péri-oculaire en raison
conservation contenu dans les flacons à du risque de lésion cornéenne en cas de
Anesthésie locale usages multiples; l’on peut donc dans ce contact. Une application sous pansement
L’anesthésique local de choix recomman- cas employer de la «lidocaïne cardio» qui occlusif sur peau saine pendant 60 minu-
dé lors du traitement de plaies est la lido- est exempte de produit de conservation. tes procure une anesthésie de 3 mm de
caïne, un amide à délai d’action rapide profondeur pendant 30 minutes, une appli-
possédant une durée d’action d’environ Différentes techniques6) 7) ont été décrites cation de 90 minutes arrive à 5 mm de
30 à 60 minutes. La dose maximale est qui permettent de réduire l’inconfort dû à profondeur et 60 minutes d’effet. La dose
de 5 mg/kg, ou de 7 mg/kg si une solu- l’injection de l’anesthésique: injection à maximale conseillée est de 0.2 g/kg8). Ce
tion adrénalinée est utilisée4). En raison partir des berges de la plaie, ce qui évite produit a été utilisé (dose de 0.15 g/kg,
d’une résorption plus rapide, la dose ma- de devoir percer la peau et causer des dou- maximum 5 g), pour la fermeture de plaies
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des extrémités de taille inférieure à 5 cm Sédation sante. Le paracétamol pourra être continué
chez des enfants de 5 à 18 ans; toutefois L’approche la plus simple pour calmer un à raison de 10–15 mg/kg PO ou 20 mg/kg
45% des patients ont nécessité une anes- enfant agité est non médicamenteuse: gar- PR toutes les 4 heures (maximum 100
thésie locale complémentaire9). der un parent présent lors du traitement, mg/kg/j ou 4000 mg/j)16).
établir un contact avec l’enfant, expliquer
Des préparations topiques magistrales peu- à l’avance ce qui sera fait, ne pas mettre Fils de suture
vent également être utilisées pour la fer- en évidence d’aiguilles ou autres instru-
meture des plaies cutanées. En Suisse, ments chirurgicaux qui peuvent angoisser Seuls des fils de sutures synthétiques
l’Institut Central des Hôpitaux Valaisans l’enfant. La distraction par de la musique sont actuellement disponibles sur le mar-
prépare le «gel AC» (cocaïne 5.8% et adré- (si possible avec des écouteurs), des films ché helvétique, afin d’éviter des problèmes
naline 1:1000 en seringues stériles de vidéo, des petites histoires ou des activi- infectieux ou allergiques. Pour les sutures
2 ml). En Belgique la pharmacie des cli- tés telles que chanter est souvent couron- cutanées il est en général préférable
niques universitaires Saint-Luc prépare un née de succès. d’utiliser des monofilaments non résor-
gel de lidocaïne adrénaliné (4% lidocaïne, bables (Nylon, Prolene® [polypropylène]),
1:200’000 adrénaline) qui permet d’ob- Si une anxiolyse ou une sédation médica- qui produisent moins de réaction tissu-
tenir une anesthésie suffisante pour la menteuse s’avère néanmoins nécessaire, laire. Pour les sutures des plans profonds,
suture d’une plaie après application de le produit le plus souvent utilisé lors d’in- de la galéa ou des petits vaisseaux, un fil
15 minutes5). En Amérique du Nord, des terventions simples est le midazolam13). Sa tressé résorbable (par exemple le Vicryl®)
préparations topiques similaires sont uti- courte demi-vie (100 min), ses différentes offre l’avantage d’une meilleure maniabi-
lisées: le TAC (0.5% tétracaïne, 1:2000 voies d’administration (PO/PR/IN/IV/IM), lité en raison de sa souplesse. Les tailles
adrénaline, 4 à 11.8% cocaïne) et le LET l’existence d’un antagoniste (flumazenil des fils de sutures conseillées selon la ré-
(4% lidocaïne, 1:1000 adrénaline, 0.5% 0.1 mg/kg IV), sont autant d’arguments en gion blessée sont indiquées dans le tab-
tétracaïne) qui permettent d’obtenir une sa faveur. Les doses recommandées va- leau 1.
anesthésie locale en 30 minutes10). rient selon les possibilités d’observation
clinique du patient; 0.3 mg/kg PO a été re- Adhésifs cutanés
En raison de la haute concentration en porté14) comme étant une dose suffisante
adrénaline, tous ces produits ne devraient et permettant un rapide retour à domicile; Il s’agit d’adhésifs dérivés des cyanoa-
pas être utilisés dans des régions à circu- l’on ne devrait pas dépasser une dose to- crylates (super colles/crazy glues), modi-
lation terminale; par ailleurs, les produits tale de 15 mg. fiés en sorte à pouvoir être plus élasti-
contenant la cocaïne posent des problè- ques; deux types existent sur le marché
mes de stockage (stupéfiants) et ont cau- Après sédation, le patient pourra rentrer à suisse: le Butyl Cyanoacrylate (Histoacryl®)
sés des cas de convulsions et décès11) 12). domicile, accompagné par un adulte, s’il et le 2-Octyl Cyanoacrylate (Dermabond®).
est stable du point de vue cardio-vasculaire Le 2-Octyl Cyanoacrylate a l’avantage
Un nouveau produit commercial plus sûr et respiratoire, avec un état de conscience d’être plus flexible et d’avoir quatre fois
devrait bientôt être disponible en Suisse: comparable à celui qu’il avait à l’arrivée. plus de résistance tissulaire par rapport au
il s’agit de l’Ametop®, utilisé depuis plu- Butyl Cyanoacrylate; toutefois même le
sieurs années au Royaume-Uni et en Amé- Analgésie 2-Octyl Cyanoacrylate a une résistance tis-
rique du Nord; il contient de l’améthocaïne Une dose de paracétamol de 40 mg/kg sulaire qui est légèrement inférieure à une
(tétracaïne-HCL) à 4% et produit après PR15) ou 20 mg/kg PO (maximum 1000 mg) suture 5–0, et donc ne devrait pas être utili-
30 minutes d’application une anesthésie avant de débuter l’intervention permettra sé pour des localisation où une suture 4–0
qui dure environ 4 heures10). d’assurer une analgésie post-suture suffi- ou plus forte serait autrement envisagée17).
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Plusieurs études ont démontré le rôle des sans tension; le cas échéant il faudra uti- Steri-Strip®
adhésifs cutanés comme alternative accep- liser soit des points sous-cutanés résor-
table aux sutures pour des lacérations bables ou des sutures cutanées en plus Il s’agit de bandelettes adhésives permet-
simples; leur utilisation est relativement de l’adhésif (le fabriquant recommande tant l’approximation des berges d’une plaie
rapide et indolore pour le patient. Il existe pour l’Histoacryl® une longueur maximale soit seules soit en combinaison avec des
toutefois un petit risque de déhiscence de de plaie traitable sans utilisation de su- sutures simples ou un surjet intradermi-
la plaie, risque significativement plus grand tures de 3 cm). En gardant les berges de que. Elles existent en différentes largeurs
par rapport à la fermeture de la plaie par la plaie parfaitement affrontées, appliquer pour applications dans les différentes par-
suture18). En outre, une étude prospective l’adhésif en fines couches (au moins trois ties du corps: les plus larges (12 x 100 mm,
comparant la fermeture de plaies chirur- pour le Dermabond®) s’étendant un demi emballage bleu, code R1547) sont desti-
gicales après excision de lésions cutanés centimètre de part et d’autre de la plaie, nées au tronc et aux extrémités; les «moy-
par adhésif (Dermabond®) ou par suture, en laissant 10 à 15 secondes pour la poly- ennes» (6 x 100 mm, emballage orange,
a démontré un résultat esthétiquement mérisation entre l’application des couches. code R1546) pour les mains, pieds, par-
meilleur (p = 0.02) chez les patients dont Il faut éviter d’appliquer des gouttes de fois le visage et finalement les plus étro-
la plaie avait été fermée par suture17). Les colle, car sa polymérisation cause une ré- ites (3 x 75 mm, emballage brun, code
contre-indications à l’utilisation des adhé- action exothermique qui pourrait être dou- R1540) pour le visage, parfois pour les do-
sifs cutanés sont la présence d’une plaie loureuse si très localisée. Il faut également igts. Il est préférable d’utiliser toute la long-
potentiellement contaminée ou infectée, absolument éviter que l’adhésif ne pénètre ueur de la bande adhésive, ce qui permet
une plaie en territoire muqueux / cutanéo- dans la plaie, ce qui créerait un obstacle de mieux distribuer la tension. Avant appli-
muqueux (lèvre), une plaie susceptible à la guérison et, si de la colle restait sous cation il faut bien dégraisser la peau à
d’être exposée à des liquides corporels ou la peau, potentiellement une réaction à l’éther et considérer l’application de tein-
encore une plaie dans une région riche en corps étranger. Ces colles adhèrent très ture de benjoin, en évitant tout contact avec
poils ou cheveux. Si la plaie est dans une fortement à la peau, aux gants et aux ins- les yeux, sur les berges de la plaie si les
région sous tension ou croise une articu- truments chirurgicaux. En cas d’accole- Steri-Strip® doivent tenir longtemps. Appli-
lation, une immobilisation par attelle est ment non désiré entre deux surfaces cu- quer les Steri-Strip® en croisant la ligne de
nécessaire pendant le temps de guérison, tanées intactes, appliquer de l’acétone ou la plaie à angle droit sans exercer de trac-
afin de réduire le risque de déhiscence de de l’huile de paraffine pour faciliter la sé- tion excessive, car ceci peut provoquer des
plaie. paration des parties; l’application d’eau, phlyctènes sous le Steri-Strip®; pour les
savon, sérum physiologique, solution iodo- doigts, ne jamais placer des Steri-Strip® de
L’application des deux adhésifs est sem- phore ou de chlorhexidine est inutile. façon circulaire, afin d’éviter un effet de gar-
blable. En cas d’application au visage, il faut L’adhésif crée une barrière antimicrobien- rot. Il faut recommander aux parents de ne
prendre toutes les précautions nécessai- ne (dans les deux directions!) et garde un pas mouiller ou décoller les Steri-Strip®; s’il
res afin que l’adhésif ne puisse pas entrer milieu humide favorable à la guérison de restent des bandelettes dans l’emballage
en contact avec les yeux. Etant donné que la plaie. Après l’application, il ne faut pas ouvert, elles peuvent être données à la
l’adhésif est très liquide, il faut position- frotter la partie traitée ou la tremper dans famille en sorte à remplacer celles qui
ner le patient en sorte à ce que la plaie l’eau. Il faut recommander aux parents de pourraient se décoller. Les Steri-Strip® vont
soit dans un plan horizontal afin d’éviter re-consulter en cas de rougeur, œdème, se décoller progressivement une fois que
des coulées de colle non désirées. Il faut douleurs ou écoulement purulent. La colle l’on laissera l’enfant les mouiller vers une
que la plaie soit débridée, propre, avec une partira avec l’exfoliation cutanée physio- semaine à dix jours; si l’on veut les enle-
parfaite hémostase et non humide; ses logique en 5 à 10 jours. ver plus tôt, ceci peut être facilité par
berges doivent pouvoir être approximées l’application de benzine médicinale sur la
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bandelette; saisir ensuite une extrémité de la lacération. De préférence laisser la plaie 5) Veyckemans F, Annequin D: Utilisation pratique des
anesthésiques locaux chez l’enfant. Arch Pediatr 2001;
la bandelette avec une pincette anatomique ouverte, avec un pansement humide et 8: 991–9.
6) Hollander JE, Singer AJ: Laceration management. Ann.
et décoller en direction de la plaie, en ré- éventuellement avec drainage par Penrose Emerg. Med. 1999; 34: 356–367.
pétant la même opération du côté opposé. fixé avec un fil. En cas de plaie de grande 7) Brogan GX Jr, Giarrusso E, Hollander JE, Cassara G,
Maranga MC, Thode HC: Comparison of plain, war-
taille, mettre en place des fils de suture med, and buffered lidocaine for anesthesia of trauma-
tic wounds. Ann. Emerg. Med. 1995; 26: 121–125.
Cas particuliers en attente, à serrer après 3–5 jours. Si 8) Gunter JB: Benefit and risks of local anesthetics in in-
morsure profonde et survenue de plus de fants and children. Paediatr Drugs 2002; 4: 649–72.
9) Zempsky WT, Karasic RB: EMLA versus TAC for topi-
Plaies au visage 8 heures avant la consultation, obtenir un cal anesthesia of extremity wounds in children. Ann
Emerg Med 1997; 30: 163–6.
Peuvent être suturées après nettoyage frottis pour Gram et culture à l’endroit le
10) Kennedy RM, Luhmann JD: Pharmacological manage-
soigneux même au-delà du délai de 6 heu- plus profond de la plaie. Considérer selon ment of pain and anxiety during emergency proce-
dures in children. Paediatr Drugs 2001; 3: 337–54.
res, d’une part en raison de l’excellente la localisation une immobilisation sur attel- 11) Ernst AA, Sanders WM: Unexpected cocaine intoxi-
vascularisation de cette région et d’autre le plâtrée. Un traitement antibiotique pro- cation presenting as seizures in children. Ann. Emerg.
Med. 1989; 18: 774–777.
part afin d’éviter des cicatrices disgracieu- phylactique avec Augmentin® 45 mg/kg par 12) Dailey RH: Fatality secondary to misuse of TAC solu-
tion. Ann. Emerg. Med. 1988; 17: 159–160.
ses. Il ne faut jamais raser les sourcils, car jour toutes les huit heures pendant 5 à 7 13) Krauss B, Green SM: Sedation and analgesia for proce-
leur repousse est très lente, et veiller à jours est recommandé19). Les morsures au dures in children. N. Engl. J. Med. 2000; 342: 938–945.
14) Fatovich DM, Jacobs IG: A randomized, controlled trial
arrimer parfaitement le bord du vermillon visage nécessitent le plus souvent un trai- of oral midazolam and buffered lidocaine for suturing
lacerations in children (the SLIC Trial). Ann. Emerg.
pour les lacérations des lèvres, car des in- tement antibiotique intraveineux et une Med. 1995; 25: 209–214.
congruences de cette jonction sont très vi- anesthésie générale pour débridement et 15) Birmingham PK, Tobin MJ, Henthorn TK, Fisher DM,
Berkelhamer MC, Smith FA, Fanta KB, Cote CJ: Twen-
sibles. fermeture cutanée sur micro-drains. ty-four-hour pharmacokinetics of rectal acetaminophen
in children: an old drug with new recommendations.
Anesthesiology 1997; 87: 244–252.
Plaies intra orales Patients traités par stéroïdes 16) Berde CB, Sethna NF: Analgesics for the treatment of
pain in children. N.Engl.J.Med. 2002; 347: 1094–1103.
Si nécessaire, à suturer avec un fil tressé ou immunosupprimés 17) Bernard L, Doyle J, Friedlander SF, Eichenfield LF,
Gibbs NF, Cunningham BB : A prospective compari-
résorbable tel le Vicryl® 4–0; éviter les fils En raison de la guérison plus lente de la son of octyl cyanoacrylate tissue adhesive (derma-
résorbables monofilaments, qui dérangent plaie, il est recommandé d’utiliser des fils bond) and suture for the closure of excisional wounds
in children and adolescents. Arch Dermatol 2001;
les enfants en raison de leur rigidité. Les de suture et de les laisser en place plus 137: 1177–80.
18) Farion K, Osmond MH, Hartling L, Russell K, Klas-
lésions de la muqueuse jugale ne néces- longtemps afin d’éviter des déhiscences
sen T, Crumley E, Wiebe N: Tissue adhesives for trau-
sitent en général pas de suture, à moins de la plaie. matic lacerations in children and adults. Cochrane
Database Syst Rev 2002; CD003326.
qu’elles soient de grande taille ou béan- 19) Antimicrobial therapy according to clinical syndromes,
Les auteurs n’ont aucun intérêt économique dans les in: Bradley JS, Nelson JD: 2002–2003 Nelson’s po-
tes. Les plaies de la langue requièrent une sociétés produisant les matériels mentionnés dans cet cket book of pediatric antimicrobial therapy. Phila-
suture si elles touchent la pointe dans le article, et n’ont bénéficié d’aucune aide pécuniaire pour delphia, Lippincott WIlliams & Wilkins, 2002, p 21.
l’écriture de cet article.
plan sagittal (langue fourchue) ou si trans-
verses elles touchent plus d’un tiers de la Références Giorgio C. La Scala1, Guy Pétroz2
largeur de la langue. Il faut prévenir les pa- 1) Thévenod C, Zawadynski S, Lironi A, La Scala GC,
1
Clinique et Policlinique de Chirurgie Pédiatrique
Chamot E: Circonstances des traumatismes acci- Hôpital des Enfants – HUG
rents de la possibilité de formation de gra- dentels des enfants de 0 à 16 ans admis aux urgen- 6, rue Willy-Donzé, 1205 Genève
2
Department of Anaesthesia, Hospital for Sick Children
nulomes sur le fil de suture. En général ces de l’Hôpital des Enfants de Genève. Genève, Fa-
555 University Avenue, Toronto ON M5G 1X8 (Canada)
culté de Médecine-Institut de Médecine Sociale et
ces lésions nécessitent pour leur traite- Préventive, 1997.
2) Glat PM, Longaker MT: Wound Healing, in: Aston SJ,
ment une anesthésie générale. Correspondance:
Beasley RW, Thorne CHM (Editors): Grabb and Smith’s
Plastic Surgery. Philadelphia, Lippincott-Raven Pub- Dr. Med. Giorgio C. La Scala
lishers, 1997. Clinique et Policlinique de Chirurgie Pédiatrique
Morsures 3) Adzick NS, Longaker MT : Fetal Wound Healing. New Hôpital des Enfants – HUG
Il faut soigneusement explorer la plaie, la- York, Elsevier, 1992. 6, rue Willy-Donzé, 1205 Genève
4) Wilder RT: Local anesthetics for the pediatric patient. Tél. 022 382 33 11
ver abondamment et exciser les berges de Pediatr. Clin. North Am. 2000; 47: 545–558. giorgio.lascala@hcuge.ch

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