Vous êtes sur la page 1sur 8

UNIVERSITE BADJI MOKHTAR - ANNABA

FACULTE DE MEDECINE
DEPARTEMENT DE CHIRURGIE DENTAIRE
SERVICE DE PARODONTOLOGIE

Cours destiné aux étudiants de 3ème Année

LES URGENCES EN
PARODONTIE

Année universitaire : 2022/2023 Dr Belleili A.D

1. INTRODUCTION
La pratique quotidienne de la parodontologie confronte fréquemment le praticien à des
situations d’urgences parodontales locales ou générales.
Les urgences parodontales locales ne présentent que très rarement un risque vital pour le
patient, mais la douleur peut être très invalidante pour nécessitant une prise en charge rapide
et immédiate.
2. DEFINITION
Le mot urgence vient du latin « urgere » qui signifie « presser ». « Ce qui ne peut être différé
et qui nécessite une action adaptée et immédiate».
L’urgence parodontale locale se définit comme « l'ensemble des interventions médicales et
chirurgicales devant être pratiquées sans délai face à un état pathologique aigu qui relève de la
parodontie ».

3. CLASSIFICATION
Les urgences locales en parodontologie sont classées en :
1. Inflammatoires (algiques et infectieuses) ;
2. Traumatiques ;
3. Hémorragiques ;
4. Lésions gingivo-muqueuses ;
5. Occluso-articulaires.

4. OBJECTIFS DU TRAITEMENT D’URGENCE 


Le traitement d’urgence locale répond aux objectifs suivants :
1. Eliminer ou réduire la douleur ;
2. Rassurer le malade et lutter contre le stress ;
3. Stopper l'évolution du processus pathologique ;
4. Optimiser l'efficacité des traitements pharmacologiques;
5. Prévenir les complications potentielles du processus en cours.

5. LES UREGENCES INFLAMMATOIRES


5.1. La gingivite ulcéro-necrotique aiguë (GUNA)
*Définition : La gingivite ulcéro-nécrotique aiguë est une maladie infectieuse inflammatoire
aiguë de la gencive.
*Signes cliniques :
• On observe des papilles décapitées, ulcérées.
• Au niveau de l’ulcération apparaissent des enduits pseudo-membraneux, le moindre
contact provoque un saignement ;
• Ces lésions dégagent une odeur fétide ;
• Elles sont plus ou moins étendues, soit uniquement aux papilles, soit dans des cas plus
avancées, aux papilles et à toute la gencive marginale ;
• Non traitée, la G.U.N évolue en parodontite ulcéro-nécrotique (P.U.N.) qui suit des
épisodes répétés de la G.U.N.

Les lésions de la P.U.N seraient caractéristiques des patients atteints de syndrome


immunodépressif acquis se caractérisent par :
• Erythème très intense de la gencive marginale et attachée ;
• Une nécrose interproximale, qui s'étend à la gencive vestibulaire et/ou
palatine ;
• Une lyse osseuse progressant rapidement ;
• Des douleurs parfois violentes, plus irradiantes que celle de la G.U.N ;
• Des saignements gingivaux spontanés.
*Signes généraux :
• On constate parfois des adénopathies locales, rarement de la température ;
• La douleur et l’inconfort gingival entraînent un abattement général.
*Diagnostic différentiel :
Le diagnostic différentiel devra être établi avec les lésions gingivales du SIDA. La gingivo-stomatite
herpétique aiguë et la gingivite desquamative.
*Traitement : Le traitement d’urgence consiste en :
La première séance :
• Nettoyage doux et superficiel (écouvillonnage à l’eau oxygénée) qui consiste en la
suppression des membranes nécrotiques et des dépôts exogènes, à l’aide de boulettes de coton
imbibées d'eau oxygénée à 30 volumes.
• Détartrage supra-gingival aux ultrasons ;
• Préscrire une antibiothérapie systémique ciblée à large spectre
[Amoxicilline (1,5 g/j) et Métronidazole (250 mg/j) associés pendant 6 à 10 jours ;
• Prescrire des bains de bouche : Chlorhexidine sans alcool (0,1 à 0,2 %) ;
• Prescrire des antalgiques : Paracétamol ou paracétamol codéiné ou Diantalvic® selon
intensité de la douleur ;
• Mettre en œuvre un contrôle de plaque non agressif. (Brosse à dent extra-souple) ;
• Conseiller le patient en l’incitant à arrêter sa consommation tabagique.

La deuxième séance : Après 3 à 4 jours


• Revoir le malade pour un examen parodontal complet.
• Compléter le détartrage en fonction de la disparition des douleurs. On réalise un
détartrage plus approfondi.
• Eventuellement détersion des lésions résiduelles à l’eau oxygénée.

La troisième séance : Après environ 2 semaines.


Réévaluer afin de vérifier l’efficacité du traitement. En cas de persistance des lésions, on doit
orienter le patient vers un médecin (suspicion de leucémie ou d’infection par le VIH).

Quatrième temps : Après environ 2 mois :


• Surveiller la cicatrisation des lésions et concernant les lésions anatomiques résiduelles
une éventuelle gingivoplastie.
• Les thérapeutiques chirurgicales pourront être envisagées, après élimination de
l'inflammation.
• Revoir le patient tous les 6 mois afin d’éviter la récidive de la maladie.

5.2. La gingivo-stomatite herpétique aigue (la gingivite herpétique)


*Définition : La gingivite herpétique est une infection virale des membranes des muqueuses
buccales.
*Signes cliniques :
• Après une incubation de 4 à 8 jours, l'enfant présente de la fièvre, souvent élevée à
(39-40°),
• Algies, dysphagie, hypersialorrhé,
• Altération de l’état général, douleurs buccales,
• Cette gingivite se présente sous forme d’éruption vésiculaire sur un fon érythémateux,
• Avec l’évolution, les vésicules se rompent, donnant naissance à de petites ulcérations
rondes ou ovales.
*Signes cliniques :
• La gingivite herpétique aiguë est rarement localisée au seul tissu gingival,
• En général, des vésicules se retrouvent au niveau de la muqueuse buccale et des
gencives.
• On peut trouver également des vésicules en bouquet périnarinaire, péribuccales.
• Les ganglions satellites sous maxillaires et sous mentaux sont sensibles et augmentés
de volume.
*Traitement :
Le traitement est avant tout symptomatique :
• Un nettoyage superficiel léger et doux est nécessaire pour éviter une inflammation
secondaire liée à la présence de plaque.
• Une antibiothérapie par voie générale est prescrite afin d’éviter la surinfection
bactérienne.
• On prescrit des bains de bouche à la chlorhexidine.
• En effet, la douleur est souvent due à une surinfection des ulcérations, les antalgiques
peuvent être efficace
• Le paracétamol est couramment utilisé et la posologie recommandée pour un enfant
âgé de deux à quatre ans est de (180 mg toutes les 4 à 6 heures).
• Le patient sera prévenu de l’aspect contagieux de cette gingivite, de la nécessité dés
lors de prendre des précautions élémentaires.
• On recommande de boire beaucoup pour éviter la déshydratation.
• Des anesthésiants (Xylocaine gel ou spray) pourront aussi faire l’objet d’une
prescription de façon à faciliter l’alimentation.
• Alimentation liquide voire perfusion intraveineuse si l’enfant refuse totalement de
s’alimenter.
• Une surveillance du patient jusqu’à disparition des symptômes.
• Les antiviraux sont administrés précocement (avant 72 h): Acyclovir (zovirax®):
• En comprimés de 200 mg : 5cp/j pendant 10 j (adulte, enfant +de 2ans).
• En solution buvable: une mesurette a 200 mg, 5 fois/j pendant 10 jours.

5. 3. ABCES PARODONTAL
*Définition : Un abcès parodontal est une zone d’inflammation circonscrite, purulente et
localisé au niveau des tissus parodontaux profonds.
*Signes cliniques :
• L’abcès parodontal se manifeste par une tuméfaction d’importance variable située du
côté vestibulaire ou lingual par rapport à une dent.
• Cette tuméfaction provient d’un phénomène aigu lié à la présence d’une poche
parodontale.
• L’abcès parodontal est plus ou moins douloureux suivant l’intensité du phénomène
aigu.
*Signes cliniques :
• Mobilité de la dent
• La dent est sensible à la percussion.
• L’état général est altéré : Malaise, fièvre, adénopathie.
• La poche parodontale est souvent profonde et communique en général avec l’abcès.
*Signes radiologiques :
L’abcès parodontal apparaît comme une zone radio-claire le long de la surface radiculaire.
*Diagnostic différentiel :
 Il est possible de distinguer l'abcès parodontal de:
 L’abcès gingival ;
 l'abcès péri apical ;
 la fracture verticale radiculaire ;
 l'abcès endo-parodontal ;
 l'infection endodontique postopératoire .
*Traitement :
Le traitement de l'abcès parodontal s'effectue généralement en deux étapes :
Traitement de la lésion aiguë :
• Effectuer une anesthésie locale.
• Le drainage de l'abcès s'effectue souvent par une incision externe au bistouri réalisée
au niveau de la zone la plus fluctuante de l'abcès.
• Le drainage de l'abcès peut être réalisé par le sulcus à l'aide de curette de Gracey.
• L’exécution d’un surfaçage radiculaire ou d’un curetage parodontal s’imposent.
• La zone sera ensuite irriguée à l'aide d'une solution antiseptique à base de
chlorhexidine.
• Conseils postopératoires : motivation à l'hygiène bucco-dentaire, se rincer la bouche 3
fois par jour avec de la chlorhexidine.
• L'administration d'antibiotique n’est indiquée qu’en présence de signes généraux tels
que fièvre, malaise ou de drainage incomplet.
• On prescrira de la Spiramycine associée à du Métronidazole  pendant 6 à l0 jours.
• Prescription d’antalgiques (le Paracétamol).
Une semaine plus tard :
 Après disparition des symptômes aigus, il est possible d’effectuer un abord chirurgical
de la lésion, en faisant appel aux techniques classiques de la chirurgie à lambeau ;
 Anesthésie locale
 Incisions intrasulculaires ;
 Décollement (avec ou sans incisions de décharge) ;
 Débridement de la lésion ;
 Surfaçage radiculaire ;
 Lavage et nettoyage (solution antiseptique) ;
 Sutures inter dentaires discontinues ;
 Pansement chirurgical.
Le contrôle à une semaine permet de renforcer le contrôle de plaque par un enseignement
approprié des gestes d’hygiène bucco-dentaire.
Une bonne cicatrisation osseuse peut être observée radiographiquement plusieurs mois plus
tard.

5.4. ABCES GINGIVAL


*Définition : Un abcès gingival est une réaction inflammatoire aiguë localisée de la gencive
(marginale ou papilles interdentaire).
*Traitement :
• Une anesthésie peut être nécessaire pour le confort du patient ;
• Procéder à l'extraction du corps étranger par un débridement soigneux drainage
de l'abcès par à travers le sulcus par un détartrage-surfaçage en douceur à l'aide
de curettes de Gracey ;
• Irrigation à l'aide d'une solution antiseptique;
• Le praticien prescrira au patient une solution à base de chlorhexidine en bain
de bouche trois fois par jour ;
• Revoir le malade une semaine plus tard pour constater la disparition des
symptômes.

5.5. LA PERICORONARITE
*Définition : Il s’agit d’une inflammation aiguë du tissu gingival en rapport avec la couronne
d’une dent qui n’a pas encore achevé son éruption.
*Signes cliniques :
• La péricoronarite se rencontre le plus fréquemment au niveau de la dent de sagesse
inférieure.
• Elle est provoquée par une accumulation bactérienne sous le capuchon muqueux.
• Une inflammation (rougeur, tuméfaction, douleur) et, parfois, des adénopathies,
• Mauvaise haleine et mauvais goût.
• Aux signes inflammatoires peut s’ajouter parfois une suppuration.
• Dans certains cas, une atteinte de l’état général avec fièvre est observée.
*Traitement :
• Un nettoyage des zones impliquées, à l’aide d’une curette parodontale et d’eau
Oxygénée ;
• La prescription de chlorhexidine en bains de bouche ;
• La prescription d’antibiotiques ;
• Après refroidissement de la lésion, procéder à l’excision du capuchon muqueux ou
éventuellement, à l’extraction de la dent si on juge que son éruption est impossible.
• Recommander au patient des mesures d'hygiène strictes ;
 Les données cliniques suggèrent que «le premier épisode de la péricoronite, à moins
qu'il ne soit particulièrement grave, ne doit pas être considéré comme une indication
d’extraction chirurgicale».
 L'extraction peut également être indiquée si la dent est associée à des caries étendues
ou à une résorption radiculaire.
5.6. SYNDROME DU SEPTUM
*Définition : Il s’agit en fait d’une gingivite ou d’une parodontite en phase aiguë, au niveau
de l’espace interdentaire. C’est une compression du col de la gencive qui atteint
secondairement le septum osseux.
*Etiologie :
• Défaut de point de contact,
• Dents en malposition,
• Caries proximales et destruction coronaire ;
• Usure des reliefs occlusaux par transformation des convexités occlusales et des crêtes
marginales en facettes obliques ;
• Tous ces défauts de point de contact provoquent une rétention alimentaire.
Ce tassement alimentaire a d'abord une action mécanique entraînant la destruction de l'attache
épithéliale et favorise secondairement la prolifération bactérienne.
L'épithélium de jonction migre apicalement et l'inflammation se propage dans l'os alvéolaire.
Le type de lésion osseuse dépend du septum : à septum large correspond une lyse osseuse en
cratère, à septum étroit, une lyse osseuse en horizontal.
*Signes cliniques : Cliniquement on note les manifestations classiques de l’inflammation :
• Sensation de compression,
• Rougeur et hyperthermie ;
• Desmodontite sur les deux dents contiguës au tassement alimentaire,
• Inflammation de la papille gingivale interdentaire ;
• Mauvais goût, une boulette de coton introduite dans l’espace interdentaire dégage une
odeur nauséabonde caractéristique ;
• Douleur pulsatile provoquée au contact, à la mastication, souvent même spontanée, et
quelques fois irradiée, douleurs aux variations thermiques type pulpite.
*Le signe pathognomonique du syndrome du septum est la pression digitale de la papille
interdentaire qui provoque une douleur plus ou moins intense  différente de la réponse d'un
septum sain.
*Traitement :
Le traitement doit être d’abord étiologique et peu nécessiter en urgence :
• La suppression d’une obturation débordante.
• L’exérèse d’un corps étranger logé dans cet espace (morceau d’allumette,…. etc.).
• Le meulage (coronoplastie) d’une cuspide « plongeante » ouvrant un point de contact
apparemment correct, mais dés lors soumis à l’impact alimentaire.
Le traitement symptomatique consiste:
• Sous anesthésie locale, cureter la région interdentaire à une profondeur variable
suivant l’étendue des lésions,
• Placer éventuellement un petit ciment chirurgical de protection ;
• Des soins d’hygiène rigoureuse seront prescrits.
• Dans un deuxième temps le point de contact défectueux devra être reconstitué.

CONCLUSION
L’urgence parodontale est un acte thérapeutique qui doit être effectué malgré les
inconvénients qu’il occasionne (douleur et stress).
L’élaboration d’un plan de traitement avec observation clinique et radiologique permettant de
poser un diagnostic global et un pronostic précis n’est pas indiquée lors de la première
consultation . Il devient indispensable une fois l’urgence est traitée.

Vous aimerez peut-être aussi