Vous êtes sur la page 1sur 16

Encyclopédie Médico-Chirurgicale 22-032-K-10

22-032-K-10

Résorptions pathologiques
des dents permanentes évoluées
G Sauveur
M Mesbah

Résumé. – Les résorptions dentaires sont pathologiques, hormis la forme physiologique qui accompagne la
chute des dents déciduales.
Lorsque le parodonte et/ou la pulpe dentaire subissent des agressions traumatiques ou infectieuses, un
processus de destruction est initié dans les tissus durs de la dent : cément, dentine et … émail. Ces résorptions
sont le résultat de l’action de cellules de type clastique suivant un processus complexe. En fonction de la
nature du stimulus et du siège de l’irritation, les manifestations de cette résorption sont internes ou externes,
superficielles ou profondes, réversibles ou irréversibles. Cette résorption peut prendre une forme évolutive dite
de remplacement, lorsqu’un tissu néoformé semblable à l’os comble la perte de tissu dentaire, jusqu’à
disparition complète de la racine, ou une forme inflammatoire, elle aussi progressive, qui intéresse souvent à
la fois la racine et l’os environnant. L’apport de la biologie durant ces dernières décennies a permis de
comprendre ce phénomène et d’expliquer pourquoi différentes classifications ont été proposées au fil des
années.
Malgré le caractère plus récent de la classification de Trope, c’est celle de Tronstadt qui est retenue par la
majorité des auteurs et qui est utilisée ici en raison de sa clarté.
Le diagnostic des résorptions est toujours tardif en raison de l’absence de signes cliniques au stade initial.
Lorsque ceux-ci apparaissent sous la forme d’une dyschromie, d’une mobilité, d’une absence totale de
mobilité, voire d’une complication infectieuse, il est souvent trop tard. C’est dire que le diagnostic précoce
repose sur la radiographie qui peut révéler, de façon fortuite, une résorption débutante.
Quant au traitement, il est avant tout étiologique et pluridisciplinaire, et demande une prise en compte des
processus biologiques. Il est essentiellement préventif, souvent palliatif, parfois curatif visant à arrêter le
processus pathologique. Certaines de ces résorptions, internes ou externes, cessent d’évoluer et cicatrisent
spontanément, d’autres arrêtent leur évolution mais après suppression des causes traumatiques ou
infectieuses qui les ont provoquées. D’autres cas de résorption échappent à nos possibilités thérapeutiques
actuelles.
© 2003 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : résorption, résorption dentaire, ankylose, résorption interne, résorption externe, traumatisme,
ostéoclaste, odontoclaste, cémentoclaste.

Introduction Terminologie : rhizalyse ou résorption ?


La rhizalyse (riza, racine ; lusi, dissolution) est une résorption
Les résorptions dentaires restent encore mal connues. C’est un physiologique ou pathologique d’une racine dentaire, selon le
phénomène relativement répandu qui a fait l’objet d’une Dictionnaire des termes de médecine [41]. La rhizalyse physiologique
reconnaissance par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), sous aboutit à la chute de la dent temporaire et la rhizalyse pathologique
le nom de « résorption pathologique des dents » et il est répertorié s’exerce sur les dents temporaires ou permanentes, pour le
dans la classification internationale des maladies dans laquelle on Dictionnaire médical [94].
retrouve une rubrique « Adaptation à l’odonto-stomatologie »
La résorption (resorbere, avaler de nouveau) est une disparition
(CIMAO : OMS, Genève 1997) sous les références :
partielle ou totale d’un organe ou d’un produit pathologique solide,
– résorptions externes : K03.30 ; liquide ou gazeux, dont les éléments sont peu à peu repris par la
– résorptions internes : K03.31 (granulomes internes et pink spot) ; circulation sanguine ou lymphatique pour le Dictionnaire des termes
de médecine [41]. Le terme de résorption radiculaire est plus général et
– résorptions pathologiques des dents sans précision : K03.5. présente le mérite de ne pas se référer au mécanisme.
On peut retenir la définition consensuelle de l’American Association
of Endodontists (1994) : « La résorption est un état associé à un
Gabriel Sauveur : Maître de conférence des Universités, praticien hospitalier.
processus physiologique ou pathologique provoquant une perte de
Mohand Mesbah : Assistant hospitalier universitaire. tissu dentinaire, cémentaire ou osseux ». Actuellement, l’ensemble
UFR d’odontologie de Paris 7, service d’odontologie Garancière-Hôtel-Dieu, 5, rue de Garancière,
75006 Paris, France ; Laboratoire de biologie orofaciale et pathologie, Inserm U-0110, IFR 58, Institut
des auteurs tend à considérer les rhizalyses comme physiologiques
biomédical des Cordeliers, 15-21, rue de l’Ecole-de-Médecine, 75006 Paris, France. et les résorptions comme pathologiques [24].

Toute référence à cet article doit porter la mention : Sauveur G et Mesbah M. Résorptions pathologiques des dents permanentes évoluées. Encycl Méd Chir (Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Stomatologie/Odontologie,
22-032-K-10, 2003, 16 p.

150 619 EMC [257]


22-032-K-10 Résorptions pathologiques des dents permanentes évoluées Stomatologie/Odontologie

Classification des résorptions 1 Résorption externe de surface.


pathologiques Sur la face M de cette dent 23 incluse mise
en place chirurgicalement après alvéolo-
plastie et avec un recul de 10 ans, on note
De nombreux auteurs ont travaillé sur les résorptions radiculaires et une légère résorption externe de surface.
plusieurs classifications ont été proposées selon leur topographie et
leur mode d’évolution [19, 50, 120, 122]. Nous retenons la classification de
Tronstad [120], qui distingue les résorptions internes des résorptions
externes, que nous complètons par la classification des résorptions
cervicales de Heithersay [50], autre forme de résorption externe.

RÉSORPTIONS RADICULAIRES INTERNES


Les résorptions internes font appel à un processus centrifuge, au
cours duquel les parois canalaires sont résorbées à partir de la pulpe.
Ce phénomène évolutif peut s’initier sur n’importe quelle paroi
pulpaire, camérale ou canalaire, et aboutir à une cavité intradentaire.
Elles se rencontrent le plus fréquemment au tiers médian du canal,
plus rarement dans la zone apicale [44]. Ce sont des affections rares
(2 %), qui peuvent affecter n’importe quelle dent, avec une
prédilection pour les incisives [29].
Les résorptions internes peuvent être transitoires, souvent observées
suite à un choc ou lors d’un traitement orthodontique ou
parodontal [85]. Dans la zone lésée, les odontoblastes sont détruits, la
prédentine se minéralise, la zone va se réparer et les cellules
pulpaires de relais vont sécréter une nouvelle matrice dentinaire.
Les résorptions internes peuvent être évolutives, lorsqu’elles sont
stimulées. Cette stimulation se fait par invasion microbienne à
travers les tubuli dentinaires sur le site de nécrose, puis progression
vers la pulpe vitale. C’est un phénomène rare [120].
Les résorptions internes se divisent en deux groupes.

¶ Résorptions de remplacement
Ce processus interne résorbe la dentine qui est remplacée par un
tissu dur, type ostéodentine, différent de la dentine mais proche de
l’os et du cément [3, 4]. Les contours de la lésion sont irréguliers, le
remodelage osseux provoque un accroissement continu de la perte
de substance.
Cette résorption est asymptomatique. Le test de la percussion,
négatif, signe l’intégrité de la paroi radiculaire et l’absence
*
A *
B
d’extravasation du tissu métaplasique. Après perforation de la paroi 2 Résorption externe de remplacement, d’origine orthodontique.
dentaire, le test devient positif et une douleur peut se déclencher. A. Stade de début : on voit un aplatissement des apex de ces trois dents.
La découverte de ces lésions est occasionnelle, lors d’un examen B. Stade plus évolué : la progression de la résorption provoque un raccourcisse-
ment de la racine aux deux tiers (Radiographies du Pr P Canal).
radiologique de routine.

¶ Résorptions inflammatoires Leur mise en évidence radiologique est fortuite. Une incidence
appropriée montre une cavité avec une densité radiologique
Cette pathologie aboutit à une résorption régulière de la dentine régulière, allongée ou circulaire, dont les limites sont en continuité
sans minéralisation de remplacement. L’espace est envahi par un avec les parois canalaires.
tissu de granulation au sein duquel des cellules inflammatoires
géantes vont résorber les parois canalaires de manière centrifuge,
provoquant un élargissement localisé du canal, avec un contour RÉSORPTIONS RADICULAIRES EXTERNES
défini et net [13]. À la limite coronaire de la zone résorbée, on trouve
un tissu pulpaire nécrosé, responsable de la résorption et de son ¶ Résorptions de surface
évolution [29] . En effet, ce processus a la particularité de se Les résorptions externes de surface sont des résorptions radiculaires
développer à la jonction d’un parenchyme pulpaire sain et d’un discrètes, superficielles et limitées, intéressant la couche la plus
parenchyme nécrosé. La résorption étant une activité de cellules profonde du ligament et le cément. Elles sont réversibles et peuvent
vivantes, quand la pulpe est totalement nécrosée la résorption se réparer spontanément par apposition cémentaire à partir des
s’arrête [120, 129]. Concomitant à une inflammation pulpaire chronique, zones intactes du desmodonte vivant bordant la lésion.
ce processus est essentiellement asymptomatique. La vitalité d’une Ces résorptions sont asymptomatiques. Elles ne sont pratiquement
portion de la pulpe, nécessaire à l’activité de résorption, peut pas visibles à la radiographie ; toutefois, pour des résorptions de
répondre positivement aux tests de sensibilité, en fonction du siège profondeur appréciable, avec une incidence appropriée, il est
de la lésion. Une réponse négative peut signer une vitalité apicale et possible de les déceler, ce sous forme d’excavation sur un
une nécrose coronaire. Une douleur peut se manifester après radiogramme (fig 1, 2).
perforation de la paroi dentaire, coronaire ou radiculaire [85]. Une
coloration rosée de la couronne apparaît quand la résorption ¶ Résorptions inflammatoires
coronaire est volumineuse ; c’est la pink spot desease décrite par
Mummery en 1920. Cette dyschromie est l’expression des vaisseaux C’est le type de résorption externe le plus couramment rencontré.
capillaires du tissu de granulation qui lyse l’émail. Elles affectent aussi bien les faces latérales des racines que l’aire

2
Stomatologie/Odontologie Résorptions pathologiques des dents permanentes évoluées 22-032-K-10

3 Résorption externe inflammatoire.


Sur la face D de cette incisive centrale, on
note une cavité provoquée par une résorp-
tion externe inflammatoire au niveau des
deux tiers apicaux.

4 Résorption externe apicale. Sur la racine D de la 6, on constate une résorption de


remplacement, alors que sur la racine M on note une résorption inflammatoire. Sur la
5, on note une résorption de remplacement en voie de transformation inflammatoire.

concernée), la réaction inflammatoire initiale, destinée à éliminer les


débris tissulaires, met à nu la surface radiculaire sans protection.
apicale. Ce type de résorption se présente comme une excavation L’interface inflammatoire entre les deux tissus conjonctifs de nature
dans le cément et la dentine, car les barrières de protection du différente, l’os parodontal et la dentine, renferme des médiateurs de
cément ont été détruites ; il existe une inflammation parodontale l’inflammation et des cellules clastiques qui peuvent résorber l’os et
chronique. Les tubuli exposés peuvent être envahis par des bactéries la dent. Comme dans le remodelage osseux, les phases de résorption
venant de la pulpe, quand celle-ci est infectée. Ce processus de sont suivies de phases d’apposition ; la matrice osseuse va
résorption peut être transitoire, lorsque la source d’infection est progressivement se substituer au tissu dentaire résorbé (fig 4).
jugulée par un traitement endodontique. Elle peut se présenter sous
une forme évolutive, lorsque l’infection n’a pu être arrêtée ou Ankylose
lorsqu’il y a persistance des facteurs d’activation des mécanismes
de résorption (physicochimiques ou mécaniques), le processus de L’ankylose est considérée comme un phénomène physiologique, car
résorption inflammatoire pouvant à terme aboutir à une résorption elle consiste en une fusion de la racine dentaire avec l’os alvéolaire
radiculaire complète. Ce phénomène progresse plus rapidement sur par disparition de l’espace ligamentaire. Il y a continuité entre la
les dents immatures car la dentine présente une épaisseur réduite et dent et l’os adjacent car la racine a perdu ses barrières de protection
des tubuli largement ouverts. sur une surface importante. La dent est intégrée au tissu osseux et
les tissus radiculaires intéressés par le remodelage osseux : ils sont
Ces résorptions sont réputées asymptomatiques, mais le patient peut
résorbés par les ostéoclastes et remplacés par une matrice osseuse.
toutefois signaler des douleurs spontanées, continues, diffuses et
C’est un processus dynamique mis en évidence essentiellement chez
lancinantes. L’examen clinique peut montrer une dent en souffrance,
le jeune enfant lors d’une réimplantation.
délabrée, support prothétique ou d’un appareillage orthodontique.
Dans les cas les plus avancés de résorption inflammatoire, la dent Les tests de mobilité et percussion sont majeurs ; ils permettent de
est mobile, sensible à la palpation et à la percussion. À la soupçonner une résorption de remplacement avant l’examen
radiographie, la résorption inflammatoire se manifeste par une radiographique. Ces tests sont réalisés régulièrement. Pour une
radioclarté concernant à fois la racine et l’os alvéolaire contigu, la résorption de remplacement transitoire, le son à la percussion est
surface externe de la dentine est irrégulière, crénelée, mais le canal normal. Pour l’ankylose, le son à la percussion est métallique. Dans
radiculaire ne présente pas de modifications morphologiques. le cas d’une ankylose transitoire, la mobilité diminue dans un
Quand la résorption inflammatoire intéresse l’aire apicale, elle se premier temps et, avec la cicatrisation de l’espace desmodontal, la
manifeste par des images radioclaires qui signent une amputation mobilité redevient normale. Dans une ankylose, d’autres signes
radiculaire et une résorption de l’os en regard des foramina cliniques peuvent être concomitants, parmi lesquels la sous-
canalaires. L’espace desmodontal peut être maintenu dans certains occlusion, l’absence de migration mésiale et la version des
cas de résorption d’origine non infectieuse (fig 3). collatérales signant une perturbation de la continuité de l’arcade.
On note, au plan radiologique, une disparition de l’espace radioclair
¶ Résorptions de remplacement et ankyloses correspondant au desmodonte. Il y a remplacement progressif du
dentoalvéolaires cément et de la dentine par l’os, signant un envahissement
La résorption de remplacement et l’ankylose sont deux formes d’un haversien. Les limites de l’anomalie sont irrégulières. Il faut en
même processus clinique : le remplacement d’une racine résorbée général de 6 mois à 1 an pour qu’une ankylose soit mise en évidence
par de l’os. Elles diffèrent cependant par leurs mécanismes radiologiquement.
biologiques.
¶ Résorptions cervicales externes
Résorption de remplacement
C’est une forme rare mais souvent agressive de résorption dentaire.
La résorption de remplacement est un phénomène pathologique où Habituellement, elle est localisée au collet de la dent et se manifeste
le ligament, stimulé par un traumatisme, réagit en mobilisant des après altération ou destruction du cément en dessous de l’attache
cellules clastiques qui détruisent la dent. En absence d’infection épithéliale et au-dessus du septum osseux. Ce phénomène
ajoutée, un tissu osseux néoformé remplace la perte de tissu pathologique résorbe progressivement le cément, l’émail et la
dentinaire. La présence de ce ligament est toujours constante. La dentine pour parfois atteindre la pulpe. Initialement, la zone lésée
résorption externe de remplacement peut être transitoire, quand la contient une masse de tissu fibreux et des vaisseaux sanguins, des
destruction desmodontale n’intéresse que de petites zones de la cellules clastiques arrivent dans la zone agressée et commencent à
surface radiculaire, où s’installe initialement une résorption qui est résorber la surface dentaire. Par la suite, dans le tissu en résorption
compensée par la suite par les cellules desmodontales bordant la et à la surface dentinaire se forme progressivement un tissu fibro-
résorption. Cette résorption externe de remplacement transitoire va osseux issu d’une calcification anarchique de la matrice ostéoïde. La
évoluer comme une résorption de surface. La résorption externe de plupart du temps, la pulpe reste indemne, sauf s’il y a
remplacement peut également être progressive ; lorsque la nécrose envahissement de l’espace pulpaire par des germes ou du tissu
desmodontale est importante (plus de 20 % de la surface radiculaire nécrotique [50].

3
22-032-K-10 Résorptions pathologiques des dents permanentes évoluées Stomatologie/Odontologie

*
B

*
C
*
A

5 Résorption externe cervicale.


A. Radiographie montrant la résorption. On note que celle-ci a un contour irrégulier.
B. Mise en évidence de la lésion après réclinaison du lambeau V. La résorption intéresse la partie la plus cervicale de
l’émail, située sous l’attache épithéliale.
C. Après curetage de la lésion, une obturation à l’aide d’un ciment verre-ionomère a été réalisée. Le curetage de lé-
sion note une progression péricanalaire, que nous visualisons à l’obturation.
D. Autre cas montrant que ce type de résorption peut avoir une position plus cervicale, et là au niveau cémentaire.

*
D

Une classification clinique tenant compte de l’étendue de la


résorption a été proposée [50] :
– classe 1 : légère résorption à proximité cervicale et faible
pénétration dentinaire ;
– classe 2 : résorption plus accentuée avec pénétration dentinaire
plus profonde, à promixité pulpaire, avec une faible ou sans
extension dans la dentine radiculaire ;
– classe 3 : envahissement plus important de la dentine cervicale,
mais également de la dentine radiculaire ;
– classe 4 : envahissement de la dentine par la résorption s’étendant
au-delà du tiers cervical de la racine. 6 Résorption idiopathique. Sur les racines de la 6, on observe une résorption de rem-
placement. Les limites sont régulières, l’apex en forme de dôme est homothétique par
Le diagnostic précoce est difficile et les signes cliniques varient avec rapport à l’apex initial.
l’évolution de la pathologie, allant de la légère anomalie gingivale à
une coloration rosée de la couronne de type pink spot, qui est due à endocrines en relation avec le métabolisme phosphocalcique [64].
l’invagination du tissu de granulation et à ses nombreux capillaires. Deux localisations de résorption idiopathique ont été relatées [80].
En général, ces résorptions ne sont pas douloureuses car le
parenchyme pulpaire est protégé par une fine couche de dentine. La Résorptions apicales idiopathiques
progression centrifuge de la résorption est stoppée quand elle atteint Cette résorption se présente comme un raccourcissement
la prédentine, la résorption dentinaire progresse en direction homothétique de la racine : l’apex est arrondi et l’espace
coronaire et apicale en cernant le canal [122], ce qui permet à la dent desmodontal est respecté. Elle peut intéresser une ou plusieurs
de répondre aux tests électriques et thermiques. dents. C’est un processus lent qui peut s’arrêter soudainement
Une ligne radio-opaque séparant une zone radioclaire de la pulpe (fig 6).
évoque la présence d’une résorption cervicale externe ; son contour
peut être régulier ou crénelé, l’aspect de la crête osseuse reste normal Résorptions cervicales idiopathiques
au stade de début (fig 5). Cette résorption commence dans la zone cervicale de la racine et se
manifeste sous deux formes cliniques. La première se présente sous
¶ Résorptions externes idiopathiques l’aspect d’un cratère large et peu profond, elle peut être fulgurante
ou de progression lente ; elle peut être localisée ou intéresser
De nombreux cas de résorption radiculaire externe sans rapport avec plusieurs dents. La deuxième se manifeste comme une résorption
aucune cause immédiate ont été rapportés. Elles peuvent être envahissante ; elle a été décrite comme une résorption ténébrante
localisées ou généralisées. Bon nombre de ces résorptions sont en intradentaire [28], une résorption envahissante extracanalaire ou
relation avec des pathologies systémiques ou des perturbations comme une résorption cervicale invasive [50].

4
Stomatologie/Odontologie Résorptions pathologiques des dents permanentes évoluées 22-032-K-10

Étiologie des résorptions


Leur étiologie est tout aussi diverse que leur classification et parfois
difficile à mettre en évidence.

RÉSORPTIONS INTERNES
Ce sont des lésions qui se développent à l’intérieur de la cavité
pulpaire, en détruisant la couche protectrice dentinaire constituée
par la prédentine et les odontoblastes, et en exposant celle-là au tissu
conjonctif enflammé.
Bien que relativement rare, la résorption interne est plus fréquente
au niveau des monoradiculées, avec une prédilection pour les
incisives [29], et se situe entre la chambre pulpaire et l’apex.
Il y a deux formes de résorption interne.

¶ Résorption interne de remplacement *


A *
B
Ce type de résorption rappelle la résorption externe de surface à
son stade de début, nommée résorption transitoire [121].
Ces deux types de résorption auraient la même origine pour certains
auteurs [4] , alors que pour d’autres il s’agit d’une résorption
métaplasique [85].
Cette résorption se produit lorsque les odontoblastes sont détruits
dans une région du canal radiculaire et que la prédentine lésée se
reminéralise [16].
Les causes sont traumatiques ou thermiques, accidentelles ou
iatrogéniques (dentisterie restauratrice, prothèse, orthodontie,
parodontie…).

¶ Résorption interne progressive ou inflammatoire


Le tissu résorbé est remplacé par un tissu granuleux (fig 7).
*
C *
D
Les facteurs intervenant dans ce processus sont :
7 Résorption interne.
– les traumatismes : A. Cette radiographie montre une résorption interne intéressant le tiers moyen de
la racine. On remarque que la lésion présente un contour régulier, une forme
– la luxation ; arrondie et symétrique par rapport à l’axe du canal, et elle se trouve dans la conti-
– l’extrusion ; nuité de ce canal.
B. Résorption intéressant le tiers moyen à un stade plus évolué.
– les fractures radiculaires ; C. Stade terminal où la résorption a détruit complètement les tissus dentaires.
– l’expulsion ; Noter que la lésion n’a pas envahi l’os avoisinant.
D. Résorption du tiers moyen, vraisemblablement d’origine traumatique (anam-
– les traitements orthodontiques [61] ; nèse) confirmée par une perte de substance coronaire.
– les infections :
Plus récemment, une étude portait ce chiffre à 90 % et qualifiait ces
– l’infection pulpaire ; résorptions de transitoires [121]. Ces résorptions apparaissent, cessent
d’évoluer et guérissent spontanément. Elles se caractérisent par une
– les pulpotomies ;
atteinte légère, superficielle, du cément et du desmodonte, sous
– les coiffages pulpaires directs des dents permanentes ; forme d’encoche (fig 8).
– le défaut d’étanchéité des obturations coronaires ; Leur étiologie est presque essentiellement traumatique, qu’il
s’agisse [44] :
– les agents chimiques utilisés :
– de polymicrotraumatismes en rapport avec l’occlusion et des
– pour le blanchiment des dents ; parafonctions ;
– en endodontie et parodontie ; – d’un traumatisme accidentel ;
– les agents thermiques : – d’un traumatisme iatrogénique :
– le meulage des dents ; – en orthodontie [25, 59] ;
– l’utilisation de matériau à prise exothermique ; – en parodontie [21] ;
– l’utilisation de la gutta chaude en endodontie. – en prothèse (surocclusion) ;
Cette liste n’est pas exhaustive. – en endodontie ; certaines méthodes de compactage de gutta
chaude créent une élévation de température qui peut entraîner
des résorptions dans 30 % des cas [107] ;
RÉSORPTIONS EXTERNES
– en anesthésie : la technique d’infiltration intraligamentaire,
¶ Résorptions externes de surface caractérisée par l’introduction d’une aiguille de 40/100e dans
l’espace desmodontal, peut créer un traumatisme du fait du
D’après une étude américaine [78], modifiée par une étude suisse, passage de l’aiguille dans le desmodonte, de la pression exercée
50 % des dents d’un individu présentent des signes de petite par le praticien pour injecter le liquide anesthésique, enfin par la
résorption [91]. toxicité de la solution anesthésique ;

5
22-032-K-10 Résorptions pathologiques des dents permanentes évoluées Stomatologie/Odontologie

*
B
*
A

10 Résorption externe inflammatoire, mécanique.


A. Sur ce radiogramme, on constate que la dent de sagesse crée une résorption, par
pression, au tiers cervical de la 47.
B. Cas extrême de ce type de résorption.

*
A *
B

8 Parois pulpaires. Sur cette coupe histologique d’une dent mature (A), colorée à
l’hémalun-éosine-safran, on constate que les odontoblastes (o) sont bien alignés en re-
gard de la prédentine (pd), alors que sur cette coupe de dent ayant reçu un stress (B),
on constate une désorganisation de la palissade odontoblastique et un recrutement de
cellules géantes aux abords des vaisseaux sanguins (flèches). Cette désorganisation
peut engendrer une résorption interne si les défenses pulpaires ne la circonscrivent pas.
d : dentine ; p : pulpe.

*
A *
B

*
A *
B 11 Résorption externe.
A. Cette canine ectopique et incluse semble présenter une image de résorption à
9 Résorption externe de surface. sa pointe cuspidienne.
A. Au niveau de cette fracture, dont les fragments sont séparés par un tissu B. Cas identique à un stade de résorption plus avancé.
conjonctif fibreux (pseudarthrose), on note que les angles des fragments sont
émoussés par une résorption externe de surface.
Résorption inflammatoire externe de cause mécanique (par
B. Test de photoélasticimétrie, image rappelant les contraintes subies par un apex
après résection suivant un plan perpendiculaire à l’axe de la dent. pression)
Au cours de tentative d’éruption, une dent incluse bloquée contre la
racine d’une dent déjà sur l’arcade peut provoquer une résorption
– d’un traumatisme plus important, entraînant par ordre d’intensité de cette racine. C’est le cas le plus souvent des incisives latérales et
croissant : des subluxations, des concussions, des extrusions, des des canines incluses [26, 62, 64, 110], et des deuxièmes molaires
contusions, des luxations latérales, les pourcentages de résorptions mandibulaires [10, 91] (fig 10, 11).
allant de 5 à 33 % [5] ; aux fractures radiculaires horizontales est
On peut aussi trouver ce type de résorption en présence de dents
associé ce type de résorption dans 60 % des cas [2] ; la résorption se surnuméraires [112] (fig 12).
fait au niveau du trait de fracture et se traduit par un adoucissement
Au cours de traitements orthodontiques, les résorptions de ce type
des angles du plan de fracture en dehors de toute infection.
sont des complications fréquentes, plutôt localisées à l’apex, qui
Certains auteurs pensent que la résorption apparaît lorsque la provoquent un raccourcissement de la dent concernée. Elles
réparation se fait avec du tissu conjonctif (60 % des cas [64]). Pour intéressent généralement des monoradiculées soumises à des
d’autres auteurs, c’est une résorption sélective au bord aigu des mouvements de rotation [33], lorsque les forces sont mal réparties ou
deux fragments radiculaires [120]. de trop forte intensité, peut-être chez des patients prédisposés. La
notion de durée du traitement est un facteur important [103]. On peut
Quel en est le mécanisme ?
ajouter que plus de 40 % des cas traités présentent des résorptions
Une étude en photoélasticimétrie [109] montre qu’une dent dont on a inflammatoires après 5 ans [21, 105].
sectionné l’apex subit des contraintes lors de la mastication qui se
traduisent par un adoucissement des bords aigus du plan de section Résorption inflammatoire de cause infectieuse
(fig 9). Ce type de résorption vient compliquer une blessure du parodonte
Ces lésions n’évoluent pas ; elles guérissent spontanément en causée par un choc, un traitement orthodontique, voire un
14 jours [48]. traitement parodontal, qui initie une réponse inflammatoire par la
production de facteurs de résorption des tissus durs.
¶ Résorptions inflammatoires externes Parallèlement, l’infection va se développer le plus souvent à partir
de l’endodonte [90] où la pulpe s’est nécrosée après un traumatisme
C’est la forme de résorption la plus fréquente et les causes sont ou un traitement orthodontique trop violent ayant entraîné la
multiples [123]. rupture du paquet vasculonerveux [11].

6
Stomatologie/Odontologie Résorptions pathologiques des dents permanentes évoluées 22-032-K-10

12 Résorption externe inflammatoire,


mécanique. L’odontome crée une résorp-
tion par pression au tiers cervical de la 24.

*
A *
B *
C

14 Résorption externe apicale inflammatoire.


A. Cette photo montre, sous un granulome, un apex
résorbé. Noter l’irrégularité de sa surface.
B. Sur cette vue, l’apex, qui se trouve sous la lésion
kystique, est indemne de toute résorption.
C. Radiographie montrant une résorption ampu-
tante, en rapport avec un dépassement de cône de
gutta percha.
13 Résorption externe apicale inflammatoire. Résorp- D. Quand la résorption est en deçà de l’hypomo-
tion inflammatoire, par pression, en rapport avec un gra- chlion, l’utilisation d’un implant endodontique, ou
nulome créé par un dépassement de cône de gutta percha. de stabilisation, rétablit l’équilibre biodynamique.

*
D

La surface radiculaire, endommagée du fait de la perte de cément,


va exposer les tubulis dentinaires à cet endroit. Le passage des
toxines bactériennes par les tubuli va accélérer le processus de
résorption, pouvant entraîner la disparition totale de la racine.
Ce type de nécrose peut se trouver à n’importe quel niveau de la
racine.
Les résorptions apicales accompagnent toujours un granulome dont
l’évolution est lente par rapport à la résorption inflammatoire
traumatique (fig 13). On associe souvent le kyste au granulome à
propos de lésions apicales. Certains auteurs ont montré que,
contrairement au granulome, le kyste ne crée pas de résorption des
racines des dents qui l’entourent, ni de l’apex de la dent qui lui a
donné naissance [108] (fig 14).
15 Résorption externe de remplacement et ankylose. Ces radiographies montrent une
¶ Résorptions externes de remplacement et ankylose incisive en infraclusion, en rapport avec un traumatisme ayant provoqué une ingres-
sion. On remarque sur la face M une zone de résorption de remplacement. Ces deux cli-
Résorptions externes de remplacement chés montrent l’intérêt de varier les incidences de manière à obtenir des renseignements
nécessaires au diagnostic.
Elles sont appelées aussi résorptions externes de substitution, ou
encore résorptions-ossifications [120]. ce ligament suite à la réimplantation d’une dent dans de mauvaises
C’est un processus par lequel la dent se résorbe progressivement et conditions (conservation à sec pendant plus de 60 minutes), soit
est remplacée par de l’os. après curetage de ce ligament avant réimplantation pour les mêmes
raisons de réimplantation tardive. Les facteurs favorisants sont liés
L’étiologie est traumatique, liée à une luxation où le ligament peut
à l’âge, au sexe et aux conditions de réimplantation [60].
être lésé partiellement (fig 15).
En fonction de la surface détruite, l’évolution peut se faire vers une Différences entre ankylose et résorption de remplacement
forme transitoire (moins de 20 % de la surface de la racine) ou vers
Ces différences reposent sur :
une forme progressive lorsque la surface détruite est supérieure à
20 %. – une absence de ligament dans l’ankylose ;
– l’interface de tissu conjonctif dans la résorption de remplacement
Ankylose renferme des cellules inflammatoires et ostéoclastiques qui résorbent
L’ankylose est un processus par lequel la dent se fusionne à l’os la dent et l’os, contrairement à l’ankylose ;
sans interposition de tissu conjonctif (le ligament) [6, 75] (fig 16). – la radiographie, où on note dans la résorption de remplacement
À part les ankyloses liées à certaines maladies systémiques qui une perte de substance dentinaire avant son remplacement par de
frappent plusieurs dents, la forme individuelle apparaît après une l’os, alors que dans l’ankylose il n’y a pas d’interruption entre l’os et
lésion importante du ligament, soit en rapport avec une nécrose de la dentine ;

7
22-032-K-10 Résorptions pathologiques des dents permanentes évoluées Stomatologie/Odontologie

*
B

17 Résorption externe cervicale.


*
A *
B A. Ce radiogramme montre une ré-
sorption s’étendant de la face M à la
face D. Le contour est irrégulier,
l’image est contrastée et on peut voir
à l’intérieur de la résorption des den-
sités différentes évoquant les ancien-
nes limites du canal.
* B. Sur ce cliché, le parodonte super-
A
ficiel, recouvrant la lésion, présente
un état inflammatoire.
C. La levée d’un lambeau P confirme
l’image radiologique.

*
C *
D

16 Résorption externe de remplacement et ankylose.


A. Radiographie d’une canine incluse.
B. Mise en place chirurgicale et contention. *
C
C. Sur le radiogramme, 5 ans après, on remarque un début de résorption de rem-
placement à l’apex.
D. Cette résorption semble s’être stabilisée, 7 ans après.
La nature du traumatisme peut être :
– physique : chocs ou parafonctions (bruxisme…) ;
– le mécanisme biologique de la résorption et de l’ankylose est
différent (cf infra) ; – iatrogénique en orthodontie [53]
, en chirurgie, parodontie
(détartrage…) [55] ;
– l’aspect clinique d’une ankylose s’accompagne d’une infraclusion
et d’une rupture de la continuité de l’arcade, surtout chez l’enfant – chimique, en endodontie, en esthétique (blanchiment) [35] ;
pour des raisons de croissance osseuse ;
– en anesthésiologie, anesthésie intraligamentaire.
– la vitesse d’apparition de l’ankylose correspond à la vitesse du Le point de départ de cette résorption est donc une lésion du
remodelage osseux, plus rapide chez le jeune que chez l’adulte [127] ; desmodonte avec rupture de l’attache épithéliale. L’infection est
– l’ankylose ne peut être diagnostiquée avant 6 mois ; entretenue par la septicité du milieu buccal. Les dents les plus
touchées semblent être les plus exposées (canines et incisives) [15].
– l’ankylose est difficile à mettre en évidence à la radiographie ;
Cette résorption peut se situer tout autour de la dent au collet.
– une résorption apparaît après ankylose au bout de 2 ans chez le
prépubère et de 10 ans chez l’adulte ;
¶ Résorptions externes idiopathiques
– chez le prépubère, l’ankylose crée une infraclusion ;
En dehors de toute cause identifiable locale (traumatisme, infection,
– la réimplantation n’est qu’une solution temporaire en attendant la parafonction), certaines résorptions externes inexpliquées peuvent
solution prothétique [32]. avoir une origine systémique, telle une infection endocrinienne en
rapport avec le métabolisme osseux : maladie de Paget,
¶ Résorption cervicale externe inflammatoire hypophosphatémie, hypocalcémie [64], hypercalciurie [69].
La résorption cervicale externe commence dans la région cervicale Une étude évoque des microtraumatismes sur un terrain prédisposé,
de la dent en dessous de l’attache épithéliale [26, 121]. Les termes de des perturbations vasomotrices d’origine nerveuse réflexe, grâce à
résorption externe/interne ou résorption invasive sont utilisés en des facteurs prédisposants probablement génétiques [91].
raison du mode d’extension de la lésion dans l’épaisseur de la Les résorptions se présentent sous deux formes [80] :
racine. Cette extension enveloppe le canal radiculaire qui est protégé
par la prédentine (fig 17). – à l’apex, elles font penser à la forme de résorption externe de
surface ou à la forme inflammatoire d’origine mécanique, par
Il y a différents stades dans l’évolution de cette lésion et
pression ;
Heithersay [50] propose une classification à quatre degrés, de la petite
résorption au collet au processus de résorption s’étendant au-delà – au niveau cervical, elles sont en forme de cratère, peu profondes
du tiers coronaire de la racine [35]. ou au contraire envahissantes, description fréquemment évoquée
Ce type de résorption apparaît après un traumatisme de l’attache dans la littérature.
épithéliale et de la surface radiculaire, juste sous l’attache. Des Des procédés d’investigation nouveaux pourront permettre de
cellules clastiques ainsi stimulées commencent à résorber la dent. mieux connaître ce type de lésions dans l’avenir.

8
Stomatologie/Odontologie Résorptions pathologiques des dents permanentes évoluées 22-032-K-10

Tableau I. – Étiologies des résorptions.


Causes
iatrogénique fonctionnelle pathologique
Facteurs
accident para- profes- idiopathique
ortho- paro- endo- esthé- pro- anes-
OC fonc- sionnelle tumeur ectopie
dontie dontie dontie tique thèse thésie
tion sportive

p choc 4 17 26 28
h léger 1
y
s choc 2 21 29
T i brutal
r q
a u
u pression 3 8 13 18 22 27 30 31 32
e
m
a c toxicité 5 9 15 23
t h
i i
q m
u i causticité 6 10 16 24
e q
u
e

thermique 7 11 14 19

infectieux 12 20 25

hormonal 33

1. Contusion-luxation, verticale ou latérale ; 2. réimplantation après expulsion ; 3. forces : durée, intensité, répartition ; 4. surfaçage, détartrage, ultrasons ; 5, 6. pharmacopée : topiques ; 7. ultrasons ; 8. surinstrumentisation, surobturation,
dépassement . 9, 10. pharmacopée : topiques, antiseptiques, anesthésiques ; 11. gutta chaude, ultrasons ; 12. coiffage pulpaire, pulpotomie ; 13. obturation débordante, surocclusion ; 14. fraisage, exothermie de prise du matériau ; 15, 16.
pharmacopée (produits de blanchiment, peroxydes) ; 17. surocclusion ; 18. limites prothétiques intrasulculaires ; 19. fraisage, exothermie de prise du matériau ; 20. syndrome du septum ; 21. aiguille intraligamentaire ; 22. pression du liquide
anesthésique ; 23, 24. anesthésique et ses adjuvants ; 25. desmodontite ; 26. bruxisme, habitudes et tics divers ; 27. embouts d’instruments (musique, sport...) ; 28, 29, 30. sports violents ; 31. tumeurs, granulomes, péricoronarites... ; 32. dents
incluses ; 33. troubles systémiques, hormonaux. OC : odontologie conservatrice.

RÉSORPTIONS INTERNE ET EXTERNE COMBINÉES – une fistule ;


La résorption interne a un point de départ endodontique et évolue – au niveau de l’occlusion : infraclusion, surtout chez un enfant.
vers le cément qui joue le rôle de barrière qu’elle peut perforer sans
aller au-delà. Ces signes cliniques entraînent les tests de routine : thermique,
électrique, de transillumination, de mobilité, de percussion axiale et
La résorption externe, en revanche, détruit le cément, puis la
transversale, qui ne sont pas spécifiques des résorptions (fig 18).
dentine, et ne passe pas la barrière constituée par la prédentine et
les odontoblastes [70]. L’examen radiographique est l’étape qui suit toute investigation
Cette résorption peut détruire toute la dentine et laisser intacte la clinique en odontologie.
cavité endodontique. La radiographie, malgré son rôle essentiel pour le diagnostic de ces
Il n’y a donc jamais passage de la forme interne à la forme externe, lésions, s’avère insuffisante pour certaines résorptions, internes ou
et vice et versa. Par contre, sur une même dent on peut observer ces externes de surface, stabilisées ou non, qui, trop discrètes, passent
deux types de lésions sous les différents aspects précédemment inaperçues à moins d’être parfaitement situées tangentiellement par
passés en revue. Certains auteurs pensent que ces deux lésions rapport au rayon incident.
peuvent communiquer [86] (tableau I). Le cliché radiographique rétroalvéolaire pris sous au moins trois
incidences est complété par un examen tomodensitométrique de
pratique plus courante que les images fournies par résonance
Diagnostic magnétique, autre moyen d’obtenir la troisième dimension.
Ces images peuvent permettre un diagnostic différentiel entre toutes
Les résorptions, tout du moins à leur début, sont asymptomatiques. les formes de résorptions à partir de critères tels que :
Le diagnostic précoce d’une résorption est fortuit ; il se produit à
– la forme de la lésion, régulière, irrégulière, diffuse ou variable ;
l’occasion de l’examen d’un cliché radiographique réalisé pour des
raisons diverses. – ses contours, nets, ou déchiquetés, ou diffus ;
À un stade plus avancé de la résorption, des signes cliniques vont – sa densité : opacité-clarté ;
apparaître :
– ses rapports avec les tissus avoisinants ;
– au niveau de la dent :
– ses rapports avec la barrière cémentoïde et la barrière
– une coloration anormale de la dent signant la nécrose ; prédentinaire ;
– une tache rose (pink spot) signant la résorption interne ; – le degré de résorption (appréciation du volume) (tableau II).
– une mobilité anormale ; Le diagnostic positif tient compte de l’anamnèse qui peut révéler :
– une immobilité accompagnée d’un son métallique à la – un traumatisme récent ou ancien ;
percussion, avec modification de la proprioception signalée par le
patient ; – des traitements chirurgicaux, parodontaux, endodontiques,
prothétiques, esthétiques (blanchiment) sur la dent atteinte
– au niveau du parodonte :
(fig 19) ;
– une réaction inflammatoire cervicale ; – des habitudes comportementales liées au stress entraînant des
– un abcès parodontal ; parafonctions.

9
22-032-K-10 Résorptions pathologiques des dents permanentes évoluées Stomatologie/Odontologie

Résorptions 18 De la classification au diagnostic.


Éléments Résorptions externes
internes
de
de inflammatoire de de
diagnostic ankylose
remplacement
cervicale
remplacement
inflammatoire
surface mécanique infectieuse
pink spot pink spot
- - + - +/- *• *•
dyschromie pink spot
dent

O + *• ++ --- - O O +/-
*•
mobilité

douleur - - + - +/- + - -
superficiel O O O - O ++ O O
*•
parodonte

O + ++ + * + O O +
profond
*•
+
*• •
- - - - - - -
éruption

+ + + +/-

thermiques - + + -
+ + - + + + +/- -
électriques

tests

- - + - + + + +
*•
transillumination
percussion

O O + + + + + +
*•
douleur
* *
son O O +
sourd
++
métal
+
métal O O O
radiologiques +/- ++ +++ +++ +++ + ++ +++
Légendes : O normal fonction de l'âge évolution
+ présence du signe
- absence du signe
• fonction de l'évolution
fonction du siège
transformation
involution
*

Tableau II. – De la radiologie au diagnostic.


Résorptions externes Résorptions internes
Éléments de diagnostic inflammatoire inflamma-
de surface ankylose de remplacement cervicale de remplacement
mécanique infectieuse toire

forme variable régulière variable régulière irrégulière +/- irrégulière irrégulière régulière

contour flou net flou net flou flou flou net

densité faible moyenne forte forte forte variable faible forte

r /tissus environnants / / invasive en continuité en continuité invasive / /


a
p
p /pulpe respect respect respect respect respect respect invasive invasive
o
r
t /cément/dentine localisée invasive invasive invasive invasive invasive invasive localisée
s

volume faible variable important important important moyen important moyen

Mécanismes biologiques TISSUS MINÉRALISÉS ET PROTÉINES MATRICIELLES :


SIMILITUDES ET DIFFÉRENCES
de la résorption Le schéma général de la formation des tissus minéralisés comprend
la sécrétion d’une matrice extracellulaire par des cellules
ODONTOGENÈSE ET MISE EN PLACE DES TISSUS
spécialisées, couplée à l’initiation et la croissance des cristaux
Le développement dentaire résulte de la migration des cellules des d’hydroxyapatite [43].
crêtes neurales dans le compartiment mésenchymateux du premier
arc branchial : l’ectomésenchyme [118]. Elles induisent localement une Chaque tissu minéralisé présente des modalités différentes dans sa
augmentation de la prolifération des cellules épithéliales aboutissant composition matricielle comme dans l’avancement des étapes de la
à la formation d’une lame épithéliale s’enfonçant dans formation matricielle et de la biominéralisation. Ainsi, dans le cas
l’ectomésenchyme sous-jacent. Une série d’interactions des tissus minéralisés d’origine conjonctive, tels que l’os, le cément
épithéliomésenchymateuses mène aux étapes successives : et la dentine [23], la matrice est essentiellement composée de fibres de
collagène, alors qu’elle ressemble plutôt à un gel dans l’émail
– initiation ; d’origine épithéliale [96]. De plus, les modalités de la minéralisation
– morphogenèse ; de ces matrices varient. En ce qui concerne l’os, le cément et la
– différenciation terminale des odontoblastes, responsables des dentine, la matrice organique est d’abord sécrétée puis
précurseurs de la dentine, et des améloblastes, sécréteurs des minéralisée [18, 42, 43, 66, 67, 73]. Concernant l’émail, une biominéralisation
protéines de l’émail. séquentielle se produit, avec une première phase de nucléation
L’épithélium, en s’invaginant, sépare le mésenchyme en deux cristalline et une deuxième phase très différente où la quasi-totalité
parties : une partie externe, appelée sac folliculaire, qui donnera les des protéines matricielles est dégradée, en association avec la
cellules et les tissus de soutien de la dent (os, ligament croissance [96].
alvéolodentaire et cément) et une partie interne, l’ectomésenchyme, Concernant la phase minérale, l’émail est le tissu le plus dur de
qui donnera la dentine et la pulpe [97]. l’organisme. Il contient 96 % de minéral formé essentiellement de

10
Stomatologie/Odontologie Résorptions pathologiques des dents permanentes évoluées 22-032-K-10

Tableau III. – Protéines matricielles des tissus minéralisés (d’après


Gehron-Robey [42]).
Émail Cément Dentine Os
Pas de collagène Collagène de type I (majoritaire), III, V et FACITS

Protéines Protéines spéci- Protéines spéci- Protéines spéci-


spécifiques fiques fiques fiques
Amélogénines CAP ? DSP
Enaméline DPP

Protéines non - Protéines détectées uniquement dans des tissus minéralisés


spécifiques
Ostéocalcine
Améloblastine Sialoprotéine osseuse
Tuftéline DMP-1
- Protéines ubiquitaires
Ostéonectine
MGP
Ostéopontine

Protéines sériques trouvées dans la totalité des tissus minéralisés


Albumine
a2-HS glycoprotéine

*
A *
B CAP : cementum adhesion protein, protéine d’adhésion cémentaire ; DSP : dentin sialoprotein, sialoprotéine
dentinaire ; DPP : dentin phosphoprotein, phosphoprotéine dentinaire ; DMP : dentin matrix protein, protéine de la
matrice dentinaire ; MGP : matrix Gla-protein, protéine matricielle Gla.
19 Résorption externe inflammatoire du
tiers moyen.
A. Stade de début. résorption osseuse issue de l’activité des ostéoclastes. L’ostéoclaste
B. Cas identique, à un stade plus évo- est une cellule géante, multinucléée, formée par la fusion de cellules
lué, où la destruction intéresse la mononucléées dérivées du tissu hématopoïétique (fig 20) ; ces
quasi-totalité du tiers moyen. Noter précurseurs, bien que distincts, font partie de la lignée monocyte-
que l’os environnant participe à la macrophage [113]. Le fait marquant qui se dégage de l’étude du
résorption. remodelage osseux est l’importance des processus de
C. Stade intermédiaire.
communication entre ces deux familles cellulaires. En effet, les
données actuelles indiquent que la lignée des ostéoblastes contrôle
la formation et l’activité des ostéoclastes par l’intermédiaire d’un
certain nombre de facteurs de croissance et de cytokines produits
localement au sein du tissu osseux. La synthèse de ces facteurs est
sous le contrôle d’hormones circulantes [56, 76, 83], lesquelles peuvent
moduler la productions de cytokines et entrer en synergie entre elles
pour coupler leur actions sur les cellules osseuses. Une variété de
facteurs ostéotropiques, telles la 1,25(OH) 2 vitamine D 3 , la
parathormone, la prostaglandine E 2 et les interleukines sont
essentielles pour induire la formation de l’ostéoclaste en
coculture [ 11 3 ] . Ces facteurs ostéotropiques agissent par
l’intermédiaire de l’ostéoblaste qui va secréter un facteur de
*
C différentiation des ostéoclastes (osteoclast differentiation factor [ODF]),
qui va activer l’ostéoclastogenèse grâce aux interactions cellulaires.
En effet, par transduction de signal, il existe une activation des
cristaux d’hydroxyapatite. La dentine contient près de 70 % de cellules progénitrices issues de la circulation systémique [77, 84]. La
minéral, alors que l’os et le cément contiennent entre 60 et 70 % de promotion de la résorption résulte de deux mécanismes, l’un faisant
minéral [43]. appel à une nouvelle génération d’ostéoclastes à partir de
Les différentes protéines composant la matrice peuvent se diviser en précurseurs, l’autre à l’activation d’ostéoclastes préexistant dans l’os.
deux groupes : Les facteurs systémiques et les facteurs locaux agissent sur ces deux
mécanismes, à savoir activation et formation des ostéoclastes (fig 21).
– un groupe spécifique des tissus minéralisés, comme l’ostéocalcine,
C’est ainsi que la 1,25(OH)2vitamineD3 active la résorption osseuse
la sialophosphoprotéine dentinaire [23, 89] et les amélogénines [133] ;
à travers l’ostéoblaste, par sa voie génomique, et agit directement
– un groupe de protéines aussi synthétisées dans les tissus non sur l’ostéoclaste par sa voie membranaire [79].
minéralisés comme le collagène de type I [7, 23], la tuftéline [71] et
l’améloblastine [72] ; parmi ce dernier groupe, certaines isoformes ¶ Mécanismes moléculaires dans la résorption
résultant d’épissages alternatifs et/ou de modifications post- ostéoclastique
traductionnelles sont spécifiques des tissus minéralisés, comme par Ainsi activé, l’ostéoclaste s’attache à la surface osseuse et initie le
exemple le collagène de type I [42] (tableau III). processus de résorption, après une série d’événements conduisant à
la polarisation cellulaire. L’une des conséquence du réarrangement
du cytosquelette est la formation d’une zone de contact hermétique
RÉSORPTION OSTÉOCLASTIQUE
entre les bords de l’ostéoclaste et la surface osseuse minéralisée. La
zone hermétique englobe la lacune de Howship vers laquelle la
¶ Ostéoclaste
membrane cellulaire s’organise telle une bordure en brosse
L’os est un tissu dynamique en remaniement perpétuel. Le sécrétoire. Le pôle opposé de la membrane cellulaire, le pôle
remodelage osseux est continu tout le long de la vie et est nécessaire basolatéral, fait face au milieu extracellulaire et présente des
pour le maintien de la pérennité de l’architecture squelettique. Ce similitudes avec la membrane apicale des cellules épithéliales [128].
remodelage résulte de deux processus intimement liés, l’apposition La résorption de l’os fait intervenir la dissolution des cristaux
osseuse résultant de l’activité des ostéoblastes/ostéocytes et la d’hydroxyapatite et la dégradation protéolytique des protéines

11
22-032-K-10 Résorptions pathologiques des dents permanentes évoluées Stomatologie/Odontologie

20 Cellules de l ’os.
A. Lamelle osseuse en formation. Les ostéoblastes (ob) sé-
crètent la matrice ostéoïde (mo), qui va par la suite se mi-
néraliser. Lors du processus de minéralisation, certaines
cellules peuvent être emprisonnées par la matrice en éla-
boration, comme les ostéocytes (oc).
B. Zone de résorption : l’ostéoclaste, cellule géante et plu-
rinucléée (noyau, flèche) est directement en contact avec
la surface osseuse minéralisée sans interposition de ma-
trice ostéoïde non minéralisée.

*
A *
B

Vaisseaux
sanguins

Flots cellulaires ODF-R/


hématopoïétiques RANK-L

Ostéoclastes Ostéoclaste
1,25 (OH)2D3 progéniteurs Fusion
latent
2
ODF
PTH Ostéoclaste
PGE2 actif
IL nVDR
TNF Ostéolaste 1,25 (OH)2D3

Os Os *
A *
B
21 Mécanismes moléculaires de différenciation et d’activation de l’ostéoclaste
(d’après Mesbah et al [79]). 22 Résorption externe superficielle.
1. Voie génomique de la 1,25(OH)2D3 faisant intervenir un récepteur nucléaire A. Coupe histologique d’une dent mature, grossissement × 20. On remarque sur
(nVDR) induisant une synthèse protéique, en particulier la synthèse du facteur de dif- la surface radiculaire une excavation intéressant le cément (c) et pénétrant dans
férenciation des ostéoclastes (ODF) agissant sur la prolifération et la différenciation des la dentine (d). On constate que cette résorption s’est cicatrisée par apposition
cellules progénitrices, qui possèdent le récepteur à ce facteur (ODF-R, RANK-L). 2, 3. cémentaire (nc).
Voie membranaire de la 1,25(OH)2D3, voie rapide agissant par l’intermédiaire d’un ré- B. Même zone, grossissement × 40. On constate dans l’épaisseur du cément de
cepteur membranaire (1,25 MARRS), qui, activé, va provoquer une cascade de réac- cicatrisation des lacunes (flèches) occupées par des cémentocytes, piégés lors de la
tions cellulaires par l’intermédiaire de seconds messagers. sécrétion de la matrice extracellulaire et de sa minéralisation.
PTH : parathormone ; PGE2 : prostaglandine E2 ; Il : interleukine ; TNF : tumour
necrosis factor. normale, physiologique, a lieu durant la chute des dents déciduales.
Les mécanismes sous-jacents à cette propriété de prévention à la
matricielles osseuses. La dissolution minérale fait appel à une résorption de la dent sont inconnus à ce jour. Toutefois, il est connu
production acide par l’ostéoclaste, production couplée à l’activité que la surface de la dent est protégée de la résorption par des
d’un certain nombre d’enzymes telle l’anhydrase carbonique II barrières physiques telles que des couches non minéralisées de
couplée à une pompe à protons [1, 128]. L’hydrolyse des protéines matrices extracellulaires et des fibres parodontales. Jusqu’ici, il est
osseuses fait appel à des hydrolases lysosomiales, agissant à pH admis que la résorption radiculaire de la dent permanente a lieu
acide, et à des collagénases. Ces enzymes lysosomiales dans des sites où ces barrières sont détruites, comme conséquence
appartiennent à la famille des cystéine protéinases, parmi lesquelles d’une inflammation, d’un traumatisme ou d’un stress mécanique [49]
les cathepsines qui sont abondamment sécrétées par l’ostéoclaste [57]. (fig 22).
D’autre part, les ostéoclastes contiennent un taux élevé de Toutefois, les résorptions osseuses et dentaires sont similaires par le
métalloprotéinases matricielles qui agissent de concert avec les fait qu’elles impliquent la décalcification de cristaux minéraux dans
collagénases pour dégrader la matrice collagénique [54]. Des sérine un microenvironnement et une dégradation de matrices organiques,
protéases, des phosphatases, principalement la TRAP, ont également proches par leur constitution, par des protéinases. On considère que
été suggérées pour jouer un rôle dans la résorption osseuse. les cellules multinucléées responsables de la destruction des tissus
De plus, il ne faut pas oublier que la dégradation de l’ostéoïde par durs, odontoclastes/cémentoclastes, ont une ultrastructure et des
les ostéoblastes précède la résorption ostéoclastique ; il faut donc caractéristiques histochimiques analogues à celles de l’ostéoclaste [40,
prendre en compte à la fois le rôle des enzymes ostéoblastiques et 102, 116]
.
celui des enzymes ostéoclastiques. Le processus de cytodifférenciation des odontoclastes/
cémentoclastes, durant la phase initiale de résorption, commence par
l’apparition de cellules mononucléaires TRAP-positives (tartrate
MÉCANISMES DE LA RÉSORPTION DENTAIRE
resistant acide : phosphatase résistante à l’acide tartrique), présumées
¶ Cellules : odontoclaste et cémentoclaste être des précurseurs odontoclastiques, aux abords des vaisseaux
sanguins du tissu conjonctif, pulpaire ou desmodontal. Ensuite, elles
Contrairement à la dent, l’os est un tissu dynamique en perpétuel entrent en contact avec la surface dentaire, dentine ou cément, par
remaniement. À la différence que, la dent ne doit pas normalement élongation de leur processus cellulaire. Après attachement à la
subir de résorption. La seule période où la résorption dentaire est surface dentaire, elles fusionnent avec leurs voisines pour former

12
Stomatologie/Odontologie Résorptions pathologiques des dents permanentes évoluées 22-032-K-10

des odontoclastes multinucléés. Toutefois, une différence Traitement des résorptions


remarquable entre la résorption interne et la résorption externe
concerne la relation entre les précurseurs clastiques,
Le traitement des résorptions est pluriel. Il est basé sur l’étiologie et
préodontoclastes, et les cellules sécrétrices, odontoblastes et
le mécanisme d’évolution de ces pathologies, ces mêmes facteurs
cémentoblastes. En effet, sur des résorptions externes, des travaux
qui ont permis d’établir le diagnostic dont seules les grandes lignes
ont montré qu’il y a une étroite relation entre les cémentoblastes et
sont évoquées ici.
les précurseurs odontoclastiques, et qu’il y a fréquemment un
contact physique cellule-cellule comme celui qui existe dans l’os Ces traitements partent de la thérapeutique la plus simple consistant
entre les ostéoblastes/cellules stromales et les ostéoclastes à attendre une guérison spontanée, attitude passive mais positive
progéniteurs. Il n’y a aucune évidence que les cémentoblastes aient par rapport à l’abstention qui consiste à attendre impuissant la
les mêmes potentialités que les ostéoblastes, mais il est toutefois destruction complète de la dent faute de moyens.
possible que les cémentoblastes puissent stimuler la formation de Entre ces deux limites, il y a de nombreux protocoles dont certains,
cémentoclastes/odontoclastes par des mécanismes similaires à ceux notamment en traumatologie, ont fait l’objet d’un consensus.
qu’utilisent les ostéoblastes lors de la formation des ostéoclastes Sans entrer dans les détails, il faut rappeler que la plupart de ces
pendant la résorption osseuse. En effet, il été rapporté que les traitements sont avant tout préventifs.
cellules dentaires expriment les facteurs de différenciation des
ostéoclastes (ODF [orthodontie dentofaciale]/RANKL [receptor
activator of NF kappa B ligand]), lesquels jouent un rôle important TRAITEMENTS PRÉVENTIFS
dans la régulation de l’ostéoclastogenèse et de la résorption Le premier de ces traitements préventifs est l’information : il
osseuse [95]. Ces contacts cellulaires n’ont pas été mis en évidence concerne surtout les résorptions traumatiques, que ces traumatismes
pour des résorptions internes dans la dent humaine. Ces différences soient accidentels (sports violents) par le port de protections, ou non
ne sont pas dues à la nature différente des composants matriciels, accidentels (professions à risque) par l’observation des consignes de
mais plutôt à des processus de cytodifférenciation : la résorption sécurité et iatrogéniques où chaque discipline odontologique est
interne est bien un phénomène pathologique, en raison de concernée par le respect des protocoles opératoires. La prévention
l’infiltration des cellules inflammatoires dans la cavité pulpaire avant prend un aspect thérapeutique lors des manœuvres de
l’apparition des odontoclastes à la surface dentinaire [101], alors que réimplantation des dents expulsées [12]. Le protocole opératoire pour
la résorption externe s’apparente à la première phase d’un processus ce genre d’intervention a été établi par l’Association internationale
de remaniement. de traumatologie dentaire (IADT) [38] devant la multitude de
situations pouvant se présenter face à une expulsion dentaire. Ce
¶ Mécanismes moléculaires dans la résorption dentaire consensus tient compte de différents paramètres :
Similaire à l’os, la dentine est largement constituée de collagène I – les circonstances de l’accident : nature du choc, découverte de la
(86 %) et de protéines non collagéniques contenant une phase dent ;
minérale associée à l’hydroxyapatite. Tout comme la résorption
– les conditions de conservation : nature du milieu, hygrométrie,
osseuse, la résorption dentaire implique une dissolution des cristaux température, pH… ;
d’hydroxyapatite et une dégradation protéolytique de la matrice
organique. – le temps écoulé entre l’accident et la réimplantation ;
Des travaux ont montré que les odontoclastes sont capables de – l’évaluation des conditions de récupération de la dent, faisant
synthétiser et de sécréter des collagénases chez le bovin [87] ; il a été intervenir l’âge du sujet, son état de santé, les lésions associées
mis en évidence une cystéine protéase, la cathepsine K, durant la éventuelles.
résorption radiculaire physiologique chez le bovin [68], pathologique C’est dans ce type de prévention que des progrès ont été réalisés ;
chez le murin lors du mouvement dentaire provoqué [30] et chez certains sont acquis et d’autres encore au stade de l’expérimentation.
l’homme [88]. Il a également été mis en évidence la présence de
L’action préventive des résorptions après réimplantation passe par
métalloprotéinases matricielles dans des odontoclastes chez le rat [30,
une thérapeutique médicale :
68]
et chez l’homme [88].
Il apparaît donc que les tissus dentaires d’origine mésenchymateuse, – par voie générale : prescription antibiotique ; certains auteurs
dentine et cément, sont non seulement constitués d’éléments préconisent le traitement à la pénicilline [47, 100], d’autres conseillent
analogues à ceux du tissu osseux, mais que la résorption dentaire les tétracyclines, pour leur action sur les collagénases [100] ;
fait appel à des schémas moléculaires similaires à ceux qu’utilise la – par voie locale, sous forme topique : antibiothérapie :
résorption osseuse.
– la Coxyclinet [39] ;
Pour conclure, la différence primordiale entre la rhizalyse, résorption
physiologique, et la résorption pathologique réside dans la mise en – la tétracycline ;
place de ces processus. En effet, dans la résorption physiologique, il – la dexaméthasone [100] ;
y a participation des cellules sécrétrices de la matrice extracellulaire,
les cémentoblastes, dans la mise en place et le recrutement des – l’alendronate, biphosphate de troisième génération qui inhibe
cellules clastiques, cémentoblastes et odontoclastes, à la suite de l’action des ostéoclastes et ralentit la résorption ;
signaux cellulaires émanant de l’environnement et du sac folliculaire – l’Emdogaint, extrait protéique de la matrice amélaire [12, 36, 58] ;
de la dent permanente, alors que dans la résorption pathologique le la réelle performance de ce produit a été expérimentée [46, 124] et
phénomène résulte d’une agression après laquelle les cellules l’IADT l’a préconisé [38].
sécrétrices du tissu mis en cause sont lésées et le tissu n’est plus
capable de différencier de nouvelles cellules cicatricielles de relais – l’acide trichloracétique, utilisé dans le cas de résorption
qui permettraient la réparation et la synthèse d’une matrice cervicale avant obturation [52].
extracellulaire pour protéger la surface radiculaire, cémentoïde à la Des débats ont porté sur le milieu de conservation de la dent, milieu
surface externe et prédentine sur les parois du canal pulpaire, car utilisable dès la réception de la dent. Aux solutions classiques (lait,
les cellules clastiques ne peuvent agir que sur une matrice salive, sérum physiologique…) ont été préférées des solutions
minéralisée. C’est la maîtrise de ces agressions et la compréhension salines de composition et acidité définies :
des phénomènes physicochimiques qu’elles induisent qui vont nous
– la Hank’s balanced salt solution (HBSS) de pH 7,2 [45, 63] ;
permettre de contrôler et de limiter les dégats provoqués par la
résorption physiologique, de les anticiper, voire de les annihiler. – le Viaspan de pH 7 [3, 126].

13
22-032-K-10 Résorptions pathologiques des dents permanentes évoluées Stomatologie/Odontologie

Ces solutions ont été utilisées pour des dents recueillies et TRAITEMENT DE L’ANKYLOSE
conservées selon différents protocoles : pour des dents conservées Il n’y a pas de traitement de l’ankylose. Cependant, différentes
en milieu sec pendant plus de 30 minutes des auteurs ont utilisé la alternatives sont proposées, elles consistent :
solution de Hank [31] ou le Viaspan [124] ; pour des dents conservées
– à ne rien faire, compte tenu de l’évolution lente du processus ;
en milieu sec pendant moins de 60 minutes, certains ont préconisé
un bain de fluorure d’étain à 2 %, à pH 5,5, pendant 5 à 20 – à attendre, mais en pratiquant un traitement conservateur de la
minutes [122]. dent [82] ;
Actuellement, il est conseillé d’adjoindre au milieu de conservation – à réaliser une décoronation de la dent, traitement qui consiste à
certains facteurs de croissance, tels que des insulin-like growth sectionner la couronne en laissant en place la racine afin de
préserver le capital osseux [36, 74] et prévenir le déplacement des dents
factors [8] , qui semblent améliorer la viabilité des fibroblastes
collatérales par la mise en place d’un mainteneur d’espace ou d’une
desmodontaux et inhiber l’action des collagènases [93].
prothèse d’attente.
En dehors de la composition de la solution, la température de
conservation semble également jouer un rôle dans la dessiccation
du milieu desmodontal et de prévention de la vitalité cellulaire [111]. Conclusion
Parmi les traitements préventifs, la thérapeutique endodontique Devant une résorption apicale, la précocité du diagnostic est essentielle.
prévient la résorption externe inflammatoire après exposition des En l’absence de symptomatologie, l’anamnèse et la découverte de
tubuli dentinaires. Cette thérapie est initiée par une désinfection du certains signes cliniques discrets peuvent inciter le praticien à pratiquer
canal à l’aide d’hydroxyde de calcium. Certains auteurs un examen radiologique, seul moyen de diagnostic incontournable.
potentialisent cette désinfection par adjonction d’une composition Les résorptions dentaires se situent à tous les niveaux de la racine.
corticoïde-antibiotique, type Ledermixt [22, 30, 119]. Externes et d’évolution centripète, elles prennent un aspect particulier
Afin d’éviter des mouvements répétitifs qui vont engendrer des du collet à l’apex. Situées dans le canal pulpaire, d’évolution centrifuge,
elles se développent à partir de celui-ci. Il y a une différence
forces nocives, la prévention passe par une contention qui va
fondamentale entre ces deux types de résorption : l’externe, d’origine
stabiliser la dent et permettre une cicatrisation. Cette contention doit
parodontale, épargne le canal ; l’interne, d’origine pulpaire, épargne le
être souple, afin de ne pas gêner la mobilité physiologique de la parodonte.
dent. Des études ont porté sur l’utilisation du système Titanium Il existe des formes dites de remplacement, où les tissus
Trauma Splint (TTS) et concluent à son efficacité [14, 37, 130]. cémentodentinaires résorbés sont remplacés par un tissu osseux sans
interface, et des formes inflammatoires purement d’origine infectieuse,
où la perte de tissu dentaire est remplacée par un tissu de granulation
TRAITEMENTS CURATIFS
qui va initier la destruction de l’os environnant. Cette néoformation
Ces traitements sont pluridisciplinaires et consistent tout d’abord à et/ou l’activation des cellules clastiques vont sécréter des facteurs de
éliminer les causes infectieuses, d’origine endodontique en réalisant résorption. L’ankylose est une forme de résorption de remplacement à
le traitement selon les normes actuelles et d’origine parodontale par évolution plus lente, se rencontrant dans le cas d’absence importante,
le traitement habituel des foyers parodontaux, puis à réaliser voire complète, de ligament, surtout après réimplantation post-
l’obturation chirurgicale de la résorption après curetage et traumatique. Ces deux types de résorption, ankylose et résorption de
obturation canalaire, voire de l’apex en cas de résection apicale remplacement, aboutissent à la disparition progressive de la racine.
associée. Pour cette thérapie, de nombreux matériaux sont utilisés Cette évolution morbide est plus rapide dans le cas d’une résorption
(Gutta Percha, IRM, EBA), plus récemment le MTA (Mineral inflammatoire, sachant que le passage de la forme de remplacement à la
Trioxyagregate-Proroott), produit très performant mais dont la mise forme inflammatoire est possible. Un aspect du traitement consiste à
en œuvre est difficile, et des composites injectables [27]. Si la lésion a empêcher ce passage, en supprimant la cause de l’infection ajoutée,
endodontique ou parodontale.
atteint l’os environnant, un comblement osseux peut être nécessaire,
Chaque cas trouve une approche thérapeutique différente : préventive,
protégé ou non par un treillis de Vicrylt, une membrane ou un
curative ou basée sur l’abstention. Ces traitements sont conduits
greffon de conjonctif enfoui. compte tenu des mécanismes moléculaires régissant la résorption, à
La guérison suit dans la mesure où les protocoles intègrent les savoir les facteurs initiant la différentiation cellulaire et les molécules
notions de biologie et de physiologie [124]. générées par celle-ci.

Références
[1] Anderson RE, Schraer H, Gay CV. Ultrastructural immuno- [9] Ashkenazi M, Marouni M, Sarnat H. In vitro viability, mito- [17] Bergmans L, Van Cleynenbreugel J, Verbeken E, Wevers M,
cytochemical localization of carbonic anhydrase in normal genicity and clonogenic capacities of periodontal ligament Van Meerbeek B, Lambrechts P. Cervical external root
and calcitonin-treated chick osteoclasts. Anat Rec 1982 ; fibroblasts after storage in four media supplemented with resorption in vital teeth. J Clin Periodontol 2002 ; 29 :
204 : 9-20 growth factors. Dent Traumatol 2001 ; 17 : 27-35 580-585
[2] Andreasen FM, Andreasen JO. Pulpal healing after luxation [10] Baer PN. External resorption associated with tooth erup- [18] Bosshardt DD, Schroeder HE. Cementogenesis reviewed: a
injuries and root fractures in the permanent dentition. tion. J Clin Pediatr Dent 2001 ; 25 : 123-125 comparison between human premolars and rodent
Endod Dent Traumatol 1989 ; 5 : 111-131 molars. Anat Rec 1996 ; 245 : 267-292
[11] Balto K, White R, Mueller R, Stashenko P. A mouse model of
inflammatory root resorption induced by pulpal infection. [19] Bouyssou M, Clauzade A, Joniot B. Pericoronal accidents of
[3] Andreasen FM, Andreasen JO. Traumatic dental injuries-a wisdom teeth in the light of modern histology. Rev Odon-
manual. Copenhagen : Munksgaard, 1999 Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 2002 ; 93 :
461-468 tostomatol Midi Fr 1965 ; 23 : 115-124
[4] Andreasen JO. Traumatic injuries of the teeth. 2nd ed. [20] Brezniak N, Wasserstein A. Orthodontically induced
Copenhagen : Munksgaard, 1981 [12] Barrett EJ, Kenny DJ. Avulsed permanent teeth: a review of
the literature and treatment guidelines. Endod Dent Trau- inflammatory root resorption. Part I: The basic science
[5] Andreasen JO. External root resorption: its implication in matol 1997 ; 13 : 153-163 aspects. Angle Orthod 2002 ; 72 : 175-179
dental traumatology, paedodontics, periodontics, orth- [21] Brezniak N, Wasserstein A. Orthodontically induced
[13] Barril I. Osteoclasia and resorptions. Review of the litera- inflammatory root resorption. Part II: The clinical aspects.
odontics and endodontics. Int Endod J 1985 ; 18 : 109-118 ture. Rev Fr Endod 1987 ; 6 : 21-41 Angle Orthod 2002 ; 72 : 180-184
[6] Andreasen JO. Atlas de réimplantation et de transplanta- [14] Bauss O, Schilke R, Fenske C, Engelke W. Autotransplanta-
tion dentaire. Paris : Masson, 1994 [22] Bryson EC, Levin L, Banch F, Abbott P, Trope M. Effect of
tion of immature third molars influence of different splint- immediate intracanal placement of ledermix paste on
[7] Andujar MB, Couble P, Couble ML, Magloire H. Differential ing methods and fixation periods. Dent Traumatol 2002 ; healing of replanted dog teeth after extented dry time.
expression of type I and type III collagen genes during 18 : 322-328 Dent Traumatol 2002 ; 18 : 316-321
tooth development. Development 1991 ; 111 : 691-698 [15] Beertsen W, Piscaer M, Van Winkelhoff AJ, Everts V. Gener- [23] Butler WT, Ritchie H. The nature and functional signifi-
[8] Ashkenazi M, Marouni M, Sarnat H. In vitro viability, mito- alized cervical root resorption associated with periodontal cance of dentin extracellular matrix proteins. Int J Dev Biol
genicity and clonogenic capacity of periodontal ligament disease. J Clin Periodontol 2001 ; 28 : 1067-1073 1995 ; 39 : 169-179
cells after storage in four media at room temperature. [16] Benenati FW. Root resorption: types and treatment. Gen [24] Canal P, Scannagatti V. Les résorptions radiculaires d’ori-
Endod Dent Traumatol 2000 ; 16 : 63-70 Dent 1997 ; 45 : 42-45 gine orthodontique. Rev Odontostomatol 1996 ; 9-32

14
Stomatologie/Odontologie Résorptions pathologiques des dents permanentes évoluées 22-032-K-10

[25] Choy K, Pae EK, Park Y, Kim KH, Burstone CJ. Effect of root [55] Hokett SD, Peacock ME, Burns WT, Swiec GD, Cuenin MF. [84] Nakagawa N, Kinosaki M, Yamaguchi K, Shima N, Yasuda
and bone morphology on the stress distribution in the External root resorption following partial-thickness con- H, Yano K et al. RANK is the essential signaling receptor for
periodontal ligament. Am J Orthod Dentofacial Orthop nective tissue graft placement: a case report. J Periodontol osteoclast differentiation factor in osteoclastogenesis.
2000 ; 117 : 98-105 2002 ; 73 : 334-339 Biochem Biophys Res Commun 1998 ; 253 : 395-400
[26] Clement AW, Willemsen WL. Cervical external root resorp- [56] Horowitz MC. Cytokines and estrogen in bone: anti- [85] Ne RF, Witherspoon DE, Gutmann JL et al. Tooth resorp-
tion. Ned Tijdschr Tandheelkd 2000 ; 107 : 46-49 osteoporotic effects. Science 1993 ; 260 : 626-627 tion. Quintescence Int 1999 ; 30 : 9-25
[27] Culbreath TE, Davis GM, West NM, Jackson A. Treating [57] Inaoka T, Bilbe G, Ishibashi O, Tezuka K, Kumegawa M, [86] Ne RF et al. Les résorptions dentaires. Clinic 2000 ; 21 :
internal resorption using a syringeable composite resin. Kokubo T. Molecular cloning of human cDNA for cathepsin 235-247
J Am Dent Assoc 2000 ; 131 : 493-495 K: novel cysteine proteinase predominantly expressed in [87] Okamura T, Shimokawa H, Takagi Y, Ono H, Sasaki S.
bone. Biochem Biophys Res Commun 1995 ; 206 : 89-96 Detection of collagenase mRNA in odontoclasts of bovine
[28] Dargent P, Angleraud R. Essai de classification clinique des
résorptions dentaires. Rev Odontostomatol 1981 ; 10 : [58] Iqbal MK, Bamaas N. Effect of enamel matrix derivative root-resorbing tissue by in situ hybridization. Calcif Tissue
415-420 (EMDOGAIN) upon periodontal healing after replantation Int 1993 ; 52 : 325-330
of permanent incisors in beagle dogs. Dent Traumatol [88] Oshiro T, Shibasaki Y, Martin TJ, Sasaki T. Immunolocaliza-
[29] De Cort, Lambrechts P. Les résorptions radiculaires inter-
2001 ; 17 : 36-45 tion of vacuolar-type H+-ATPase, cathepsin K, matrix
nes. Réal Clin 1995 ; 6 : 227-237
[59] Janson GR, De Luca Canto G, Martins DR, Henriques JF, De metalloproteinase-9, and receptor activator of NFkappaB
[30] Domon S, Shimokawa H, Matsumoto Y, Yamaguchi S, Freitas MR. A radiographic comparison of apical root ligand in odontoclasts during physiological root resorption
Soma K. In situ hybridization for matrix resorption after orthodontic treatment with 3 different of human deciduous teeth. Anat Rec 2001 ; 264 : 305-311
metalloproteinase-1 and cathepsin K in rat root-resorbing fixed appliance techniques. Am J Orthod Dentofacial Orthop [89] Papagerakis P, Berdal A, Mesbah M, Peuchmaur M, Malaval
tissue induced by tooth movement. Arch Oral Biol 1999 ; 2000 ; 118 : 262-273 L, Nydegger J et al. Investigation of osteocalcin, osteonec-
44 : 907-915
[60] Kawanami M, Andreasen JO, Borum MK, Schou S, Hjorting- tin, and dentin sialophosphoprotein in developing human
[31] Doyle DL, Dumsha TC, Sydiskis RJ. Effect of soaking in Hansen E, Kato H. Infraposition of ankylosed permanent teeth. Bone 2002 ; 30 : 377-385
Hank’s balanced salt solution or milk on PDL cell viability of maxillary incisors after replantation related to age and sex. [90] Pierce A. Pulpal injury: pathology, diagnosis and periodon-
dry stored human teeth. Endod Dent Traumatol 1998 ; 14 : Endod Dent Traumatol 1999 ; 15 : 50-56 tal reactions. Aust Endod J 1998 ; 24 : 60-65
221-224
[61] Kinomoto Y, Noro T, Ebisu S. Internal root resorption asso- [91] Piette E. Traité de pathologie buccale et maxillo-faciale.
[32] Ebeleseder KA, Friehs S, Ruda C, Pertl C, Glockner K, Hulla ciated with inadequate caries removal and orthodontic Bruxelles : De Boek Université, 1999
H. A study of replanted permanent teeth in different age therapy. J Endod 2002 ; 28 : 405-407
groups. Endod Dent Traumatol 1998 ; 14 : 274-278 [92] Piette E, Goldberg M. La dent normale et pathologique.
[62] Kojima R, Taguchi Y, Kobayashi H, Noda T. External root Bruxelles : De Boeck Université, 2001
[33] English H. External apical root resorption as a consequence resorption of the maxillary permanent incisors caused by
of orthodontic treatment. J N Z Soc Periodontol 2001 ; 86 : [93] Pileggi R, Dumsha TC, Nor JE. Assessment of post-traumatic
ectopically erupting canines. J Clin Pediatr Dent 2002 ; 26 : PDL cells viability by a novel collagenase assay. Dent Trau-
17-23 193-197 matol 2002 ; 18 : 186-189
[34] Ericson S, Bjerklin K, Falahat B. Does the canine dental fol- [63] Krasner P, Person P. Preserving avulsed teeth for replanta- [94] Quevauvilliers J, Fingerhut A. Dictionnaire Médical. 3e ed.
licle cause resorption of permanent incisor roots? A com- tion. J Am Dent Assoc 1992 ; 123 : 80-88 Paris : Masson, 2001
puted tomographic study of erupting maxillary canines.
Angle Orthod 2002 ; 72 : 95-104 [64] Lambrechts P, Vanhoorebeeck B. Résorption dentaire. Rev [95] Rani CS, MacDougall M. Dental cells express factors that
Belge Med Dent 1992 ; 47 : 54-75 regulate bone resorption. Cell Biol Res Commun 2000 ; 3 :
[35] Evans RI. Invasive cervical resorption-a periodontist’s per- 145-152
spective. Ann R Australas Coll Dent Surg 2000 ; 15 : 327-330 [65] Levin L, Bryson EC, Caplan D, Trope M. Effect of topical
alendronate on root resorption of dried replanted dog [96] Robinson C, Brookes SJ, Shore RC, Kirkham J. The develop-
[36] Filippi A, Pohl Y, Von Arx T. Decoronation of an ankylosed teeth. Dent Traumatol 2001 ; 17 : 120-126 ing enamel matrix: nature and function. Eur J Oral Sci 1998 ;
tooth for preservation of alveolar bone prior to implant 106 Suppl 1:282-291
placement. Dent Traumatol 2001 ; 17 : 93-95 [66] Lezot F, Descroix V, Mesbah M, Hotton D, Blin C, Papage-
rakis P et al. Cross-talk between Msx/Dlx homeobox genes [97] Ruch JV, Lesot H, Begue-Kirn C. Odontoblast differentia-
[37] Filippi A, Von Arx T, Lussi A. Comfort and discomfort of and vitamin D during tooth mineralization. Connect Tissue tion. Int J Dev Biol 1995 ; 39 : 51-68
dental trauma splints - a comparison of a new device (TTS) Res 2002 ; 43 : 509-514 [98] Sae-Lim V, Metzger Z, Trope M. Local dexamethasone
with three commonly used splinting techniques. Dent
[67] Linde A, Lundgren T. From serum to the mineral phase. The improves periodontal healing of replanted dogs’teeth.
Traumatol 2002 ; 18 : 275-280
role of the odontoblast in calcium transport and mineral Endod Dent Traumatol 1998 ; 14 : 232-236
[38] Flores MT, Andreasen JO, Bakland LK, Feiglin B, Gutmann formation. Int J Dev Biol 1995 ; 39 : 213-222 [99] Sae-Lim V, Wang CY, Choi GW, Trope M. The effect of sys-
JL, Oikarinen K et al. Guidelines for the evaluation and man- temic tetracycline on resorption of dried replanted
agement of traumatic dental injuries. Dent Traumatol [68] Linsuwanont B, Takagi Y, Ohya K, Shimokawa H. Localiza-
tion of cathepsin K in bovine odontoclasts during decidu- dogs’teeth. Endod Dent Traumatol 1998 ; 14 : 127-132
2001 ; 17 : 193-198
ous tooth resorption. Calcif Tissue Int 2002 ; 70 : 127-133 [100] Sae-Lim V, Wang CY, Trope M. Effect of systemic
[39] Fucks AB. Le traitement d’urgence des expulsions dentai- tetracycline and amoxicillin on inflammatory root
res – concepts actuels. Cahiers de l’ADF 1999 ; 2 : 4-9 [69] Llena-Puy MC, Amengual-Lorenzo J, Forner-Navarro L.
Idiopathic external root resorption associated to hypercal- resorption of replanted dogs’teeth. Endod Dent
[40] Furseth R. The resorption processes of human deciduous ciuria. Med Oral 2002 ; 77 : 192-199 Traumatol 1998 ; 14 : 216-220
teeth studied by light microscopy, microradiography and [101] Sahara N, Okafuji N, Toyoki A, Suzuki I, Deguchi T,
electron microscopy. Arch Oral Biol 1968 ; 13 : 417-431 [70] Lyroudia KM, Dourou VI, Pantelidou OC, Labrianidis T,
Suzuki K. Odontoclastic resorption at the pulpal surface
Pitas IK. Internal root resorption studied by radiography,
[41] Garnier M, Delamare V. Dictionnaire des termes de Méde- stereomicroscope, scanning electron microscope and of coronal dentin prior to the shedding of human
cine. 27e ed. Paris : Maloine, 2002 computerized 3D reconstructive method. Dent Traumatol deciduous teeth. Arch Histol Cytol 1992 ; 55 : 273-285
[42] Gehron-Robey P. Vertebrate mineralized matrix proteins : 2002 ; 18 : 148-152 [102] Sahara N, Toyoki A, Ashizawa Y, Deguchi T, Suzuki K.
structure and function. Connect Tissue Res 1996 ; 35 : Cytodifferentiation of the odontoclast prior to the
[71] MacDougall M, Simmons D, Dodds A, Knight C, Luan X,
131-136 shedding of human deciduous teeth: an ultrastructural
Zeichner-David M et al. Cloning, characterization, and
and cytochemical study. Anat Rec 1996 ; 244 : 33-49
[43] Goldberg M, Septier D, Lecolle S, Chardin H, Quintana MA, tissue expression pattern of mouse tuftelin cDNA. J Dent
Acevedo AC et al. Dental mineralization. Int J Dev Biol 1995 ; Res 1998 ; 77 : 1970-1978 [103] Saint-Pierre F. Les résorptions radiculaires. Rev
39 : 93-110 Odontostomatol 1992 ; 21 : 23-28
[72] MacDougall M, Simmons D, Gu TT, Forsman-Semb K,
[44] Gunraj MN. Dental root resorption. Oral Surg Oral Med Oral Mardh CK, Mesbah M et al. Cloning, characterization and [104] Sameshima GT, Sinclair PM. Predicting and preventing
Pathol Oral Radiol Endod 1999 ; 88 : 647-653 immunolocalization of human ameloblastin. Eur J Oral Sci root resorption: Part I. Diagnostic factors. Am J Orthod
2000 ; 108 : 303-310 Dentofacial Orthop 2001 ; 119 : 505-510
[45] Habelitz S, Marshall GWJR, Balooch M, Marshall SJ. Nanoin-
[73] Magloire H, Bouvier M, Joffre A. Odontoblast response [105] Sameshima GT, Sinclair PM. Predicting and preventing
dentation and storage of teeth. J Biomech 2002 ; 35 :
under carious lesions. Proc Finn Dent Soc 1992 ; 88 Suppl 1 : root resorption: Part II. Treatment factors. Am J Orthod
995-998
257-274 Dentofacial Orthop 2001 ; 119 : 511-515
[46] Hamamoto Y, Kawasaki N, Jarnbring F, Hammarstrom L. [106] Saunders EM. In vivo findings associated with heat
Effects and distribution of the enamel matrix derivative [74] Malmgren B. Decoronation: how, why, and when? J Calif
Dent Assoc 2000 ; 28 : 846-854 generation during thermomechanical compaction of
Emdogain in the periodontal tissues of rat molars trans-
gutta-percha. 1. Temperature levels at the external
planted to the abdominal wall. Dent Traumatol 2002 ; 18 : [75] Malmgren B, Malmgren O. Rate of infraposition of reim- surface of the root. Int Endod J 1990 ; 23 : 263-267
12-23 planted ankylosed incisors related to age and growth in
children and adolescents. Dent Traumatol 2002 ; 18 : 28-36 [107] Saunders EM. In vivo findings associated with heat
[47] Hammarstrom L, Blomlof L, Feiglin B, Andersson L, Linds- generation during thermomechanical compaction of
kog S. Replantation of teeth and antibiotic treatment. [76] Martin TJ. Hormones in the coupling of bone resorption gutta-percha. 2. Histological response to temperature
Endod Dent Traumatol 1986 ; 2 : 51-57 and formation. Osteoporos Int 1993 ; 3 Suppl 1 : 121-125 elevation on the external surface of the root. Int Endod J
[48] Hammarstrom L, Lindskog S. General morphological [77] Martin TJ, Ng KW. Mechanisms by which cells of the osteo- 1990 ; 23 : 268-274
aspects of resorption of teeth and alveolar bone. Int Endod J blast lineage control osteoclast formation and activity. J Cell [108] Sauveur G. Traitement des kystes périapicaux par
1985 ; 18 : 93-108 Biochem 1994 ; 56 : 357-366 endodontie ou chirurgie. In : Journées de Recherche
[49] Hammarstrom L, Lindskog S. Factors regulating and modi- [78] Massler et al. Root resorption in human permanent tooth. Clinique de Paris VII. Paris, 5 Mai 1993
fying dental root resorption. Proc Finn Dent Soc 1992 ; 88 Am J Orthod 1954 ; 40 : 619-633 [109] Sauveur G, Boccara E, Colon P, Sobel M, Boucher Y. A
Suppl 1 : 115-123 photoelastimetric analysis of stress induced by root-end
[79] Mesbah M, Nemere I, Papagerakis P, Nefussi JR, Orestes-
[50] Heithersay GS. Clinical, radiologic, and histopathologic Cardoso S, Nessmann C et al. Expression of a 1,25- resection. J Endod 1998 ; 24 : 740-743
features of invasive cervical resorption. Quintessence Int dihydroxyvitamin D3 membrane-associated rapid- [110] Savage RR, Kokich VGSR. Restoration and retention of
1999 ; 30 : 27-37 response steroid binding protein during human tooth and maxillary anteriors with severe root resorption. J Am Dent
[51] Heithersay GS. Invasive cervical resorption: an analysis of bone development and biomineralization. J Bone Miner Res Assoc 2002 ; 133 : 67-71
potential predisposing factors. Quintessence Int 1999 ; 30 : 2002 Sep ; 17 : 1588-1596
[111] Schwartz O, Andreasen FM, Andreasen JO. Effects of
83-95 [80] Messing JJ, Stock CJR. A colour atlas of endodontics. Lon- temperature, storage time and media on periodontal
[52] Heithersay GS. Treatment of invasive cervical resorption: don : Wolfe Medical Publications Ltd, 1988 and pulpal healing after replantation of incisors in
an analysis of results using topical application of trichlora- [81] Metzger Z, Klein H, Klein A, Tagger M. Periapical lesion monkeys. Dent Traumatol 2002 ; 18 : 190-195
cetic acid, curettage, and restoration. Quintessence Int development in rats inhibited by dexamethasone. J Endod [112] Sian JS. Root resorption of first permanent molar by a
1999 ; 30 : 96-110 2002 ; 28 : 643-645 supernumerary premolar. Dent Update 1999 ; 26 :
[53] Heithersay GS. Invasive cervical resorption following [82] Mullally BH, Blakely D, Burden DJ. Ankylosis: an orthodon- 210-211
trauma. Aust Endod J 1999 ; 25 : 79-85 tic problem with a restorative solution. Br Dent J 1995 ; 179 : [113] Suda T, Udagawa N, Nakamura I, Miyaura C, Takahashi
[54] Hill PA, Docherty AJ, Bottomley KM, O’Connell JP, Morphy 426-429 N. Modulation of osteoclast differentiation by local
JR, Reynolds JJ et al. Inhibition of bone resorption in vitro by [83] Mundy GR. Cytokines and growth factors in the regulation factors. Bone 1995 ; 17 (2 Suppl) : 87S-91S
selective inhibitors of gelatinase and collagenase. Biochem J of bone remodeling. J Bone Miner Res 1993 ; 8 Suppl 2 : [114] Suda T, Ueno Y, Fujii K, Shinki T. Vitamin D and bone.
1995 ; 308 (Pt 1) : 167-175 S505-S510 J Cell Biochem 2003 ; 88 : 259-266

15
22-032-K-10 Résorptions pathologiques des dents permanentes évoluées Stomatologie/Odontologie

[115] Ten Cate AR. Histochemical techniques in the study of [122] Trope M. Root resorption of dental and traumatic origin: [128] Vaananen K. Bone remodeling. Duodecim 1996 ; 112 :
the cell biology of dental tissues. Sci Basis Med Annu Rev classification based on etiology. Pract Periodontics Aesthet 2087-2094
1966 ; 146-156 Dent 1998 ; 10 : 515-522 [129] Vinckier F, Peumans M, Declerck D, Aelbrecht M,
[116] Ten Cate AR. A histochemical study of the human [123] Trope M. Luxation injuries and external root resorption- Joachum H, Reekmans K et al. Definitive injuries to the
odontoblast. Arch Oral Biol 1967 ; 12 : 963-970 etiology, treatment, and prognosis. J Calif Dent Assoc teeth. Lesions of hard tissue and pulp. Rev Belge Med
2000 ; 28 : 860-866 Dent 1998 ; 53 : 29-91
[117] Ten Cate AR. Oral histology. Development, structure and [130] VonArx T, Filippi A, Buser D. Splinting of traumatized
fonction. 5th ed. Saint-Louis : Mosby, 1998 [124] Trope M. Clinical management of the avulsed tooth: teeth with a new device: TTS (Titanium Trauma Splint).
[118] Thesleff I. Tooth morphogenesis. Adv Dent Res 1995 : 9 present strategies and future directions. Dent Traumatol Dent Traumatol 2001 ; 17 : 180-184
(3 Suppl) : 12 2002 ; 18 : 1-11 [131] VonArx T, Filippi A, Lussi A. Comparison of a new dental
[119] Thong YL, Messer HH, Siar CH, Saw LH. Periodontal [125] Trope M. Avulsion and replantation. Refuat Hapeh trauma splint device (TTS) with three commonly used
response to two intracanal medicaments in replanted Vehashinayim 2002 ; 19 : 6-15 splinting techniques. Dent Traumatol 2001 ; 17 :
monkey incisors. Dent Traumatol 2001 ; 17 : 254-259 266-274
[126] Trope M, Friedman S. Periodontal healing of replanted [132] Wong KS, Varawa N, Sae-Li M. The effect of intracanal
[120] Tronstad L. Root resorption-etiology, terminology and dog teeth stored in Viaspan, milk and Hank’s balanced Ledermix on root resorption of delayed-replanted
clinical manifestations. Endod Dent Traumatol 1988 ; 4 : salt solution. Endod Dent Traumatol 1992 ; 8 : 183-188 monkey teeth. Dent Traumatol 2002 ; 18 : 309-315
241-252
[127] Tsukiboshi M. Autotransplantation of teeth: [133] Zeichner-David M, Diekwisch T, Fincham A, Lau E,
[121] Tronstad L. Endodontie clinique. Paris : Flammarion, requirements for predictable success. Dent Traumatol MacDougall M, Moradian-Oldak J et al. Control of
1993 2002 ; 18 : 157-180 ameloblast differentiation. Int J Dev Biol 1995 ; 39 : 69-92

16

Vous aimerez peut-être aussi