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22-032-K-10
Résorptions pathologiques
des dents permanentes évoluées
G Sauveur
M Mesbah
Résumé. – Les résorptions dentaires sont pathologiques, hormis la forme physiologique qui accompagne la
chute des dents déciduales.
Lorsque le parodonte et/ou la pulpe dentaire subissent des agressions traumatiques ou infectieuses, un
processus de destruction est initié dans les tissus durs de la dent : cément, dentine et … émail. Ces résorptions
sont le résultat de l’action de cellules de type clastique suivant un processus complexe. En fonction de la
nature du stimulus et du siège de l’irritation, les manifestations de cette résorption sont internes ou externes,
superficielles ou profondes, réversibles ou irréversibles. Cette résorption peut prendre une forme évolutive dite
de remplacement, lorsqu’un tissu néoformé semblable à l’os comble la perte de tissu dentaire, jusqu’à
disparition complète de la racine, ou une forme inflammatoire, elle aussi progressive, qui intéresse souvent à
la fois la racine et l’os environnant. L’apport de la biologie durant ces dernières décennies a permis de
comprendre ce phénomène et d’expliquer pourquoi différentes classifications ont été proposées au fil des
années.
Malgré le caractère plus récent de la classification de Trope, c’est celle de Tronstadt qui est retenue par la
majorité des auteurs et qui est utilisée ici en raison de sa clarté.
Le diagnostic des résorptions est toujours tardif en raison de l’absence de signes cliniques au stade initial.
Lorsque ceux-ci apparaissent sous la forme d’une dyschromie, d’une mobilité, d’une absence totale de
mobilité, voire d’une complication infectieuse, il est souvent trop tard. C’est dire que le diagnostic précoce
repose sur la radiographie qui peut révéler, de façon fortuite, une résorption débutante.
Quant au traitement, il est avant tout étiologique et pluridisciplinaire, et demande une prise en compte des
processus biologiques. Il est essentiellement préventif, souvent palliatif, parfois curatif visant à arrêter le
processus pathologique. Certaines de ces résorptions, internes ou externes, cessent d’évoluer et cicatrisent
spontanément, d’autres arrêtent leur évolution mais après suppression des causes traumatiques ou
infectieuses qui les ont provoquées. D’autres cas de résorption échappent à nos possibilités thérapeutiques
actuelles.
© 2003 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Mots-clés : résorption, résorption dentaire, ankylose, résorption interne, résorption externe, traumatisme,
ostéoclaste, odontoclaste, cémentoclaste.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Sauveur G et Mesbah M. Résorptions pathologiques des dents permanentes évoluées. Encycl Méd Chir (Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Stomatologie/Odontologie,
22-032-K-10, 2003, 16 p.
¶ Résorptions de remplacement
Ce processus interne résorbe la dentine qui est remplacée par un
tissu dur, type ostéodentine, différent de la dentine mais proche de
l’os et du cément [3, 4]. Les contours de la lésion sont irréguliers, le
remodelage osseux provoque un accroissement continu de la perte
de substance.
Cette résorption est asymptomatique. Le test de la percussion,
négatif, signe l’intégrité de la paroi radiculaire et l’absence
*
A *
B
d’extravasation du tissu métaplasique. Après perforation de la paroi 2 Résorption externe de remplacement, d’origine orthodontique.
dentaire, le test devient positif et une douleur peut se déclencher. A. Stade de début : on voit un aplatissement des apex de ces trois dents.
La découverte de ces lésions est occasionnelle, lors d’un examen B. Stade plus évolué : la progression de la résorption provoque un raccourcisse-
ment de la racine aux deux tiers (Radiographies du Pr P Canal).
radiologique de routine.
¶ Résorptions inflammatoires Leur mise en évidence radiologique est fortuite. Une incidence
appropriée montre une cavité avec une densité radiologique
Cette pathologie aboutit à une résorption régulière de la dentine régulière, allongée ou circulaire, dont les limites sont en continuité
sans minéralisation de remplacement. L’espace est envahi par un avec les parois canalaires.
tissu de granulation au sein duquel des cellules inflammatoires
géantes vont résorber les parois canalaires de manière centrifuge,
provoquant un élargissement localisé du canal, avec un contour RÉSORPTIONS RADICULAIRES EXTERNES
défini et net [13]. À la limite coronaire de la zone résorbée, on trouve
un tissu pulpaire nécrosé, responsable de la résorption et de son ¶ Résorptions de surface
évolution [29] . En effet, ce processus a la particularité de se Les résorptions externes de surface sont des résorptions radiculaires
développer à la jonction d’un parenchyme pulpaire sain et d’un discrètes, superficielles et limitées, intéressant la couche la plus
parenchyme nécrosé. La résorption étant une activité de cellules profonde du ligament et le cément. Elles sont réversibles et peuvent
vivantes, quand la pulpe est totalement nécrosée la résorption se réparer spontanément par apposition cémentaire à partir des
s’arrête [120, 129]. Concomitant à une inflammation pulpaire chronique, zones intactes du desmodonte vivant bordant la lésion.
ce processus est essentiellement asymptomatique. La vitalité d’une Ces résorptions sont asymptomatiques. Elles ne sont pratiquement
portion de la pulpe, nécessaire à l’activité de résorption, peut pas visibles à la radiographie ; toutefois, pour des résorptions de
répondre positivement aux tests de sensibilité, en fonction du siège profondeur appréciable, avec une incidence appropriée, il est
de la lésion. Une réponse négative peut signer une vitalité apicale et possible de les déceler, ce sous forme d’excavation sur un
une nécrose coronaire. Une douleur peut se manifester après radiogramme (fig 1, 2).
perforation de la paroi dentaire, coronaire ou radiculaire [85]. Une
coloration rosée de la couronne apparaît quand la résorption ¶ Résorptions inflammatoires
coronaire est volumineuse ; c’est la pink spot desease décrite par
Mummery en 1920. Cette dyschromie est l’expression des vaisseaux C’est le type de résorption externe le plus couramment rencontré.
capillaires du tissu de granulation qui lyse l’émail. Elles affectent aussi bien les faces latérales des racines que l’aire
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RÉSORPTIONS INTERNES
Ce sont des lésions qui se développent à l’intérieur de la cavité
pulpaire, en détruisant la couche protectrice dentinaire constituée
par la prédentine et les odontoblastes, et en exposant celle-là au tissu
conjonctif enflammé.
Bien que relativement rare, la résorption interne est plus fréquente
au niveau des monoradiculées, avec une prédilection pour les
incisives [29], et se situe entre la chambre pulpaire et l’apex.
Il y a deux formes de résorption interne.
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B
*
A
*
A *
B
8 Parois pulpaires. Sur cette coupe histologique d’une dent mature (A), colorée à
l’hémalun-éosine-safran, on constate que les odontoblastes (o) sont bien alignés en re-
gard de la prédentine (pd), alors que sur cette coupe de dent ayant reçu un stress (B),
on constate une désorganisation de la palissade odontoblastique et un recrutement de
cellules géantes aux abords des vaisseaux sanguins (flèches). Cette désorganisation
peut engendrer une résorption interne si les défenses pulpaires ne la circonscrivent pas.
d : dentine ; p : pulpe.
*
A *
B
*
A *
B 11 Résorption externe.
A. Cette canine ectopique et incluse semble présenter une image de résorption à
9 Résorption externe de surface. sa pointe cuspidienne.
A. Au niveau de cette fracture, dont les fragments sont séparés par un tissu B. Cas identique à un stade de résorption plus avancé.
conjonctif fibreux (pseudarthrose), on note que les angles des fragments sont
émoussés par une résorption externe de surface.
Résorption inflammatoire externe de cause mécanique (par
B. Test de photoélasticimétrie, image rappelant les contraintes subies par un apex
après résection suivant un plan perpendiculaire à l’axe de la dent. pression)
Au cours de tentative d’éruption, une dent incluse bloquée contre la
racine d’une dent déjà sur l’arcade peut provoquer une résorption
– d’un traumatisme plus important, entraînant par ordre d’intensité de cette racine. C’est le cas le plus souvent des incisives latérales et
croissant : des subluxations, des concussions, des extrusions, des des canines incluses [26, 62, 64, 110], et des deuxièmes molaires
contusions, des luxations latérales, les pourcentages de résorptions mandibulaires [10, 91] (fig 10, 11).
allant de 5 à 33 % [5] ; aux fractures radiculaires horizontales est
On peut aussi trouver ce type de résorption en présence de dents
associé ce type de résorption dans 60 % des cas [2] ; la résorption se surnuméraires [112] (fig 12).
fait au niveau du trait de fracture et se traduit par un adoucissement
Au cours de traitements orthodontiques, les résorptions de ce type
des angles du plan de fracture en dehors de toute infection.
sont des complications fréquentes, plutôt localisées à l’apex, qui
Certains auteurs pensent que la résorption apparaît lorsque la provoquent un raccourcissement de la dent concernée. Elles
réparation se fait avec du tissu conjonctif (60 % des cas [64]). Pour intéressent généralement des monoradiculées soumises à des
d’autres auteurs, c’est une résorption sélective au bord aigu des mouvements de rotation [33], lorsque les forces sont mal réparties ou
deux fragments radiculaires [120]. de trop forte intensité, peut-être chez des patients prédisposés. La
notion de durée du traitement est un facteur important [103]. On peut
Quel en est le mécanisme ?
ajouter que plus de 40 % des cas traités présentent des résorptions
Une étude en photoélasticimétrie [109] montre qu’une dent dont on a inflammatoires après 5 ans [21, 105].
sectionné l’apex subit des contraintes lors de la mastication qui se
traduisent par un adoucissement des bords aigus du plan de section Résorption inflammatoire de cause infectieuse
(fig 9). Ce type de résorption vient compliquer une blessure du parodonte
Ces lésions n’évoluent pas ; elles guérissent spontanément en causée par un choc, un traitement orthodontique, voire un
14 jours [48]. traitement parodontal, qui initie une réponse inflammatoire par la
production de facteurs de résorption des tissus durs.
¶ Résorptions inflammatoires externes Parallèlement, l’infection va se développer le plus souvent à partir
de l’endodonte [90] où la pulpe s’est nécrosée après un traumatisme
C’est la forme de résorption la plus fréquente et les causes sont ou un traitement orthodontique trop violent ayant entraîné la
multiples [123]. rupture du paquet vasculonerveux [11].
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p choc 4 17 26 28
h léger 1
y
s choc 2 21 29
T i brutal
r q
a u
u pression 3 8 13 18 22 27 30 31 32
e
m
a c toxicité 5 9 15 23
t h
i i
q m
u i causticité 6 10 16 24
e q
u
e
thermique 7 11 14 19
infectieux 12 20 25
hormonal 33
1. Contusion-luxation, verticale ou latérale ; 2. réimplantation après expulsion ; 3. forces : durée, intensité, répartition ; 4. surfaçage, détartrage, ultrasons ; 5, 6. pharmacopée : topiques ; 7. ultrasons ; 8. surinstrumentisation, surobturation,
dépassement . 9, 10. pharmacopée : topiques, antiseptiques, anesthésiques ; 11. gutta chaude, ultrasons ; 12. coiffage pulpaire, pulpotomie ; 13. obturation débordante, surocclusion ; 14. fraisage, exothermie de prise du matériau ; 15, 16.
pharmacopée (produits de blanchiment, peroxydes) ; 17. surocclusion ; 18. limites prothétiques intrasulculaires ; 19. fraisage, exothermie de prise du matériau ; 20. syndrome du septum ; 21. aiguille intraligamentaire ; 22. pression du liquide
anesthésique ; 23, 24. anesthésique et ses adjuvants ; 25. desmodontite ; 26. bruxisme, habitudes et tics divers ; 27. embouts d’instruments (musique, sport...) ; 28, 29, 30. sports violents ; 31. tumeurs, granulomes, péricoronarites... ; 32. dents
incluses ; 33. troubles systémiques, hormonaux. OC : odontologie conservatrice.
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O + *• ++ --- - O O +/-
*•
mobilité
douleur - - + - +/- + - -
superficiel O O O - O ++ O O
*•
parodonte
O + ++ + * + O O +
profond
*•
+
*• •
- - - - - - -
éruption
+ + + +/-
•
thermiques - + + -
+ + - + + + +/- -
électriques
•
tests
- - + - + + + +
*•
transillumination
percussion
O O + + + + + +
*•
douleur
* *
son O O +
sourd
++
métal
+
métal O O O
radiologiques +/- ++ +++ +++ +++ + ++ +++
Légendes : O normal fonction de l'âge évolution
+ présence du signe
- absence du signe
• fonction de l'évolution
fonction du siège
transformation
involution
*
forme variable régulière variable régulière irrégulière +/- irrégulière irrégulière régulière
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*
A *
B CAP : cementum adhesion protein, protéine d’adhésion cémentaire ; DSP : dentin sialoprotein, sialoprotéine
dentinaire ; DPP : dentin phosphoprotein, phosphoprotéine dentinaire ; DMP : dentin matrix protein, protéine de la
matrice dentinaire ; MGP : matrix Gla-protein, protéine matricielle Gla.
19 Résorption externe inflammatoire du
tiers moyen.
A. Stade de début. résorption osseuse issue de l’activité des ostéoclastes. L’ostéoclaste
B. Cas identique, à un stade plus évo- est une cellule géante, multinucléée, formée par la fusion de cellules
lué, où la destruction intéresse la mononucléées dérivées du tissu hématopoïétique (fig 20) ; ces
quasi-totalité du tiers moyen. Noter précurseurs, bien que distincts, font partie de la lignée monocyte-
que l’os environnant participe à la macrophage [113]. Le fait marquant qui se dégage de l’étude du
résorption. remodelage osseux est l’importance des processus de
C. Stade intermédiaire.
communication entre ces deux familles cellulaires. En effet, les
données actuelles indiquent que la lignée des ostéoblastes contrôle
la formation et l’activité des ostéoclastes par l’intermédiaire d’un
certain nombre de facteurs de croissance et de cytokines produits
localement au sein du tissu osseux. La synthèse de ces facteurs est
sous le contrôle d’hormones circulantes [56, 76, 83], lesquelles peuvent
moduler la productions de cytokines et entrer en synergie entre elles
pour coupler leur actions sur les cellules osseuses. Une variété de
facteurs ostéotropiques, telles la 1,25(OH) 2 vitamine D 3 , la
parathormone, la prostaglandine E 2 et les interleukines sont
essentielles pour induire la formation de l’ostéoclaste en
coculture [ 11 3 ] . Ces facteurs ostéotropiques agissent par
l’intermédiaire de l’ostéoblaste qui va secréter un facteur de
*
C différentiation des ostéoclastes (osteoclast differentiation factor [ODF]),
qui va activer l’ostéoclastogenèse grâce aux interactions cellulaires.
En effet, par transduction de signal, il existe une activation des
cristaux d’hydroxyapatite. La dentine contient près de 70 % de cellules progénitrices issues de la circulation systémique [77, 84]. La
minéral, alors que l’os et le cément contiennent entre 60 et 70 % de promotion de la résorption résulte de deux mécanismes, l’un faisant
minéral [43]. appel à une nouvelle génération d’ostéoclastes à partir de
Les différentes protéines composant la matrice peuvent se diviser en précurseurs, l’autre à l’activation d’ostéoclastes préexistant dans l’os.
deux groupes : Les facteurs systémiques et les facteurs locaux agissent sur ces deux
mécanismes, à savoir activation et formation des ostéoclastes (fig 21).
– un groupe spécifique des tissus minéralisés, comme l’ostéocalcine,
C’est ainsi que la 1,25(OH)2vitamineD3 active la résorption osseuse
la sialophosphoprotéine dentinaire [23, 89] et les amélogénines [133] ;
à travers l’ostéoblaste, par sa voie génomique, et agit directement
– un groupe de protéines aussi synthétisées dans les tissus non sur l’ostéoclaste par sa voie membranaire [79].
minéralisés comme le collagène de type I [7, 23], la tuftéline [71] et
l’améloblastine [72] ; parmi ce dernier groupe, certaines isoformes ¶ Mécanismes moléculaires dans la résorption
résultant d’épissages alternatifs et/ou de modifications post- ostéoclastique
traductionnelles sont spécifiques des tissus minéralisés, comme par Ainsi activé, l’ostéoclaste s’attache à la surface osseuse et initie le
exemple le collagène de type I [42] (tableau III). processus de résorption, après une série d’événements conduisant à
la polarisation cellulaire. L’une des conséquence du réarrangement
du cytosquelette est la formation d’une zone de contact hermétique
RÉSORPTION OSTÉOCLASTIQUE
entre les bords de l’ostéoclaste et la surface osseuse minéralisée. La
zone hermétique englobe la lacune de Howship vers laquelle la
¶ Ostéoclaste
membrane cellulaire s’organise telle une bordure en brosse
L’os est un tissu dynamique en remaniement perpétuel. Le sécrétoire. Le pôle opposé de la membrane cellulaire, le pôle
remodelage osseux est continu tout le long de la vie et est nécessaire basolatéral, fait face au milieu extracellulaire et présente des
pour le maintien de la pérennité de l’architecture squelettique. Ce similitudes avec la membrane apicale des cellules épithéliales [128].
remodelage résulte de deux processus intimement liés, l’apposition La résorption de l’os fait intervenir la dissolution des cristaux
osseuse résultant de l’activité des ostéoblastes/ostéocytes et la d’hydroxyapatite et la dégradation protéolytique des protéines
11
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20 Cellules de l ’os.
A. Lamelle osseuse en formation. Les ostéoblastes (ob) sé-
crètent la matrice ostéoïde (mo), qui va par la suite se mi-
néraliser. Lors du processus de minéralisation, certaines
cellules peuvent être emprisonnées par la matrice en éla-
boration, comme les ostéocytes (oc).
B. Zone de résorption : l’ostéoclaste, cellule géante et plu-
rinucléée (noyau, flèche) est directement en contact avec
la surface osseuse minéralisée sans interposition de ma-
trice ostéoïde non minéralisée.
*
A *
B
Vaisseaux
sanguins
Ostéoclastes Ostéoclaste
1,25 (OH)2D3 progéniteurs Fusion
latent
2
ODF
PTH Ostéoclaste
PGE2 actif
IL nVDR
TNF Ostéolaste 1,25 (OH)2D3
Os Os *
A *
B
21 Mécanismes moléculaires de différenciation et d’activation de l’ostéoclaste
(d’après Mesbah et al [79]). 22 Résorption externe superficielle.
1. Voie génomique de la 1,25(OH)2D3 faisant intervenir un récepteur nucléaire A. Coupe histologique d’une dent mature, grossissement × 20. On remarque sur
(nVDR) induisant une synthèse protéique, en particulier la synthèse du facteur de dif- la surface radiculaire une excavation intéressant le cément (c) et pénétrant dans
férenciation des ostéoclastes (ODF) agissant sur la prolifération et la différenciation des la dentine (d). On constate que cette résorption s’est cicatrisée par apposition
cellules progénitrices, qui possèdent le récepteur à ce facteur (ODF-R, RANK-L). 2, 3. cémentaire (nc).
Voie membranaire de la 1,25(OH)2D3, voie rapide agissant par l’intermédiaire d’un ré- B. Même zone, grossissement × 40. On constate dans l’épaisseur du cément de
cepteur membranaire (1,25 MARRS), qui, activé, va provoquer une cascade de réac- cicatrisation des lacunes (flèches) occupées par des cémentocytes, piégés lors de la
tions cellulaires par l’intermédiaire de seconds messagers. sécrétion de la matrice extracellulaire et de sa minéralisation.
PTH : parathormone ; PGE2 : prostaglandine E2 ; Il : interleukine ; TNF : tumour
necrosis factor. normale, physiologique, a lieu durant la chute des dents déciduales.
Les mécanismes sous-jacents à cette propriété de prévention à la
matricielles osseuses. La dissolution minérale fait appel à une résorption de la dent sont inconnus à ce jour. Toutefois, il est connu
production acide par l’ostéoclaste, production couplée à l’activité que la surface de la dent est protégée de la résorption par des
d’un certain nombre d’enzymes telle l’anhydrase carbonique II barrières physiques telles que des couches non minéralisées de
couplée à une pompe à protons [1, 128]. L’hydrolyse des protéines matrices extracellulaires et des fibres parodontales. Jusqu’ici, il est
osseuses fait appel à des hydrolases lysosomiales, agissant à pH admis que la résorption radiculaire de la dent permanente a lieu
acide, et à des collagénases. Ces enzymes lysosomiales dans des sites où ces barrières sont détruites, comme conséquence
appartiennent à la famille des cystéine protéinases, parmi lesquelles d’une inflammation, d’un traumatisme ou d’un stress mécanique [49]
les cathepsines qui sont abondamment sécrétées par l’ostéoclaste [57]. (fig 22).
D’autre part, les ostéoclastes contiennent un taux élevé de Toutefois, les résorptions osseuses et dentaires sont similaires par le
métalloprotéinases matricielles qui agissent de concert avec les fait qu’elles impliquent la décalcification de cristaux minéraux dans
collagénases pour dégrader la matrice collagénique [54]. Des sérine un microenvironnement et une dégradation de matrices organiques,
protéases, des phosphatases, principalement la TRAP, ont également proches par leur constitution, par des protéinases. On considère que
été suggérées pour jouer un rôle dans la résorption osseuse. les cellules multinucléées responsables de la destruction des tissus
De plus, il ne faut pas oublier que la dégradation de l’ostéoïde par durs, odontoclastes/cémentoclastes, ont une ultrastructure et des
les ostéoblastes précède la résorption ostéoclastique ; il faut donc caractéristiques histochimiques analogues à celles de l’ostéoclaste [40,
prendre en compte à la fois le rôle des enzymes ostéoblastiques et 102, 116]
.
celui des enzymes ostéoclastiques. Le processus de cytodifférenciation des odontoclastes/
cémentoclastes, durant la phase initiale de résorption, commence par
l’apparition de cellules mononucléaires TRAP-positives (tartrate
MÉCANISMES DE LA RÉSORPTION DENTAIRE
resistant acide : phosphatase résistante à l’acide tartrique), présumées
¶ Cellules : odontoclaste et cémentoclaste être des précurseurs odontoclastiques, aux abords des vaisseaux
sanguins du tissu conjonctif, pulpaire ou desmodontal. Ensuite, elles
Contrairement à la dent, l’os est un tissu dynamique en perpétuel entrent en contact avec la surface dentaire, dentine ou cément, par
remaniement. À la différence que, la dent ne doit pas normalement élongation de leur processus cellulaire. Après attachement à la
subir de résorption. La seule période où la résorption dentaire est surface dentaire, elles fusionnent avec leurs voisines pour former
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Stomatologie/Odontologie Résorptions pathologiques des dents permanentes évoluées 22-032-K-10
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Ces solutions ont été utilisées pour des dents recueillies et TRAITEMENT DE L’ANKYLOSE
conservées selon différents protocoles : pour des dents conservées Il n’y a pas de traitement de l’ankylose. Cependant, différentes
en milieu sec pendant plus de 30 minutes des auteurs ont utilisé la alternatives sont proposées, elles consistent :
solution de Hank [31] ou le Viaspan [124] ; pour des dents conservées
– à ne rien faire, compte tenu de l’évolution lente du processus ;
en milieu sec pendant moins de 60 minutes, certains ont préconisé
un bain de fluorure d’étain à 2 %, à pH 5,5, pendant 5 à 20 – à attendre, mais en pratiquant un traitement conservateur de la
minutes [122]. dent [82] ;
Actuellement, il est conseillé d’adjoindre au milieu de conservation – à réaliser une décoronation de la dent, traitement qui consiste à
certains facteurs de croissance, tels que des insulin-like growth sectionner la couronne en laissant en place la racine afin de
préserver le capital osseux [36, 74] et prévenir le déplacement des dents
factors [8] , qui semblent améliorer la viabilité des fibroblastes
collatérales par la mise en place d’un mainteneur d’espace ou d’une
desmodontaux et inhiber l’action des collagènases [93].
prothèse d’attente.
En dehors de la composition de la solution, la température de
conservation semble également jouer un rôle dans la dessiccation
du milieu desmodontal et de prévention de la vitalité cellulaire [111]. Conclusion
Parmi les traitements préventifs, la thérapeutique endodontique Devant une résorption apicale, la précocité du diagnostic est essentielle.
prévient la résorption externe inflammatoire après exposition des En l’absence de symptomatologie, l’anamnèse et la découverte de
tubuli dentinaires. Cette thérapie est initiée par une désinfection du certains signes cliniques discrets peuvent inciter le praticien à pratiquer
canal à l’aide d’hydroxyde de calcium. Certains auteurs un examen radiologique, seul moyen de diagnostic incontournable.
potentialisent cette désinfection par adjonction d’une composition Les résorptions dentaires se situent à tous les niveaux de la racine.
corticoïde-antibiotique, type Ledermixt [22, 30, 119]. Externes et d’évolution centripète, elles prennent un aspect particulier
Afin d’éviter des mouvements répétitifs qui vont engendrer des du collet à l’apex. Situées dans le canal pulpaire, d’évolution centrifuge,
elles se développent à partir de celui-ci. Il y a une différence
forces nocives, la prévention passe par une contention qui va
fondamentale entre ces deux types de résorption : l’externe, d’origine
stabiliser la dent et permettre une cicatrisation. Cette contention doit
parodontale, épargne le canal ; l’interne, d’origine pulpaire, épargne le
être souple, afin de ne pas gêner la mobilité physiologique de la parodonte.
dent. Des études ont porté sur l’utilisation du système Titanium Il existe des formes dites de remplacement, où les tissus
Trauma Splint (TTS) et concluent à son efficacité [14, 37, 130]. cémentodentinaires résorbés sont remplacés par un tissu osseux sans
interface, et des formes inflammatoires purement d’origine infectieuse,
où la perte de tissu dentaire est remplacée par un tissu de granulation
TRAITEMENTS CURATIFS
qui va initier la destruction de l’os environnant. Cette néoformation
Ces traitements sont pluridisciplinaires et consistent tout d’abord à et/ou l’activation des cellules clastiques vont sécréter des facteurs de
éliminer les causes infectieuses, d’origine endodontique en réalisant résorption. L’ankylose est une forme de résorption de remplacement à
le traitement selon les normes actuelles et d’origine parodontale par évolution plus lente, se rencontrant dans le cas d’absence importante,
le traitement habituel des foyers parodontaux, puis à réaliser voire complète, de ligament, surtout après réimplantation post-
l’obturation chirurgicale de la résorption après curetage et traumatique. Ces deux types de résorption, ankylose et résorption de
obturation canalaire, voire de l’apex en cas de résection apicale remplacement, aboutissent à la disparition progressive de la racine.
associée. Pour cette thérapie, de nombreux matériaux sont utilisés Cette évolution morbide est plus rapide dans le cas d’une résorption
(Gutta Percha, IRM, EBA), plus récemment le MTA (Mineral inflammatoire, sachant que le passage de la forme de remplacement à la
Trioxyagregate-Proroott), produit très performant mais dont la mise forme inflammatoire est possible. Un aspect du traitement consiste à
en œuvre est difficile, et des composites injectables [27]. Si la lésion a empêcher ce passage, en supprimant la cause de l’infection ajoutée,
endodontique ou parodontale.
atteint l’os environnant, un comblement osseux peut être nécessaire,
Chaque cas trouve une approche thérapeutique différente : préventive,
protégé ou non par un treillis de Vicrylt, une membrane ou un
curative ou basée sur l’abstention. Ces traitements sont conduits
greffon de conjonctif enfoui. compte tenu des mécanismes moléculaires régissant la résorption, à
La guérison suit dans la mesure où les protocoles intègrent les savoir les facteurs initiant la différentiation cellulaire et les molécules
notions de biologie et de physiologie [124]. générées par celle-ci.
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