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Lorsque le diagnostic d’une atteinte motrice d’origine cérébrale est établi chez un nouveau-né ou un
nourrisson, il appartient au médecin et au kinésithérapeute de procéder avec précision à l’identification
et à l’évaluation des troubles moteurs existants. Après quoi le médecin se charge du suivi de l’enfant
et le rééducateur établit le programme d’une éducation motrice et thérapeutique précoce (EMTP) en
s’appuyant sur les données d’un bilan cérébromoteur. L’expérience montre aussi que des dysfonctionne-
ments neurologiques non visibles peuvent exister en dépit de l’imagerie conventionnelle réalisée dans les
services de néonatologie. Dans ces conditions, l’évaluation précoce des aptitudes motrices préfonction-
nelles du nouveau-né représente un outil clinique complémentaire contribuant au diagnostic en même
temps qu’à l’évaluation de la potentialité motrice à la naissance, quel qu’en soit le terme. Dans la situa-
tion de doute, le bilan cérébromoteur peut conduire soit à l’affirmation d’une normalité motrice, soit à
la reconnaissance d’anomalies motrices transitoires. Les fiches d’examen sont remplies par des cliniciens
formés aux techniques de maniement du tout-petit et aux techniques de stimulations destinées à évaluer
les réactions motrices produites et à les comparer aux critères cliniques de normalité connus chez l’enfant
normal. En regard d’une fiche A où sont consignées les données d’un examen cérébromoteur complet,
un examen simplifié (fiche B) est proposé à l’intention des médecins dans le dessein de faciliter le premier
examen clinique en un temps limité. L’étude prospective multicentrique internationale EPAM (Évaluation
précoce des aptitudes motrices) en a montré l’intérêt.
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■ Évaluation clinique de la motricité buccofaciale – aptitudes Évaluation clinique des aptitudes motrices
motrices buccofaciales innées 12
Motricité spontanée 12 innées
Motricité dirigée 12
L’évaluation s’appuie sur l’examen des aptitudes motrices
Motricité provoquée 12
innées non appelées à disparaître, décrites par M. Le Métayer [1] . Il
■ Conclusions sur le bilan cérébromoteur : volet 5 de la fiche B 13 s’agit de conduites motrices, automatiquement régulées au moyen
Conclusion 14 desquelles le nouveau-né fait preuve d’adaptation selon les situa-
■ Conclusion 14 tions physiques où il est placé, sans apprentissage préalable.
Ces aptitudes n’apparaissent pas au cours des soins quotidiens
ou d’un simple examen clinique analytique (examen du « tonus »).
Elles demeurent en quelque sorte clandestines aussi longtemps
Introduction que le choix de situations et/ou des stimulations nécessaires à
leur apparition n’est pas pratiqué. C’est pourquoi un ensemble de
L’examen clinique de la motricité du nouveau-né et du nour- manœuvres destinées à les provoquer de manière prévisible a été
risson décrit dans cet article appelle à exposer en introduction élaboré. L’ensemble de ces manœuvres constitue une technique
les bases sur lesquelles s’appuie sa conception et les principes sur manuelle d’évaluation clinique où chaque geste de l’opérateur
lesquels repose l’élaboration des techniques utilisées. peut avoir une portée spécifique.
Ces réponses motrices à caractère automatique sont peu à peu
Différencier le bilan cérébromoteur modulées chez le nouveau-né et chez le nourrisson par la motricité
volontaire naissante (ontogenèse) et progressivement maîtrisées
de l’examen psychomoteur par l’enfant au cours de ses expériences motrices.
La distinction entre ces deux modes d’évaluation devient évi-
dente pour qui rencontre certains sujets paralysés cérébraux
essentiellement atteints dans leur motricité appelés infirmité
motrice cérébrale (IMC) (terme retenu dans les pays francophones
“ Point fort
dès les années 1950 pour désigner ceux dont les facultés intel-
lectuelles ont été préservées). Ils peuvent être parfois sévèrement • L’évaluation clinique des aptitudes motrices du
handicapés et dépendants dans les activités de la vie quotidienne, nouveau-né et du nourrisson valides conduit l’examinateur
mais capables de suivre une scolarité et d’accéder pour certains à à utiliser des techniques manuelles de stimulation et à
des niveaux universitaires. choisir les situations physiques dans lesquelles le jeune
Enfin, par l’examen cérébromoteur, on procède pour chaque
enfant est conduit à réagir selon des réponses motrices
trouble à une évaluation clinique qualitative et quantitative alors
que par l’examen psychomoteur, indispensable au demeurant, prévisibles, chacune ayant valeur de critères cliniques de
on procède à une évaluation quantitative fonctionnelle, ce qui, normalité motrice.
au passage, est le cas pour la majorité des échelles d’évaluation • Lorsque des anomalies motrices existent dès la nais-
proposées dans le domaine de la rééducation motrice et de la sance quel qu’en soit le terme, l’examen cérébromoteur
réadaptation. en permet l’identification, l’évaluation du degré de gra-
vité et l’établissement d’un bilan qui permet pour un sujet
donné de pronostiquer les conséquences fonctionnelles
“ Point fort handicapantes à plus ou moins long terme.
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Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2019. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
Bilan cérébromoteur du nouveau-né et du nourrisson – examen simplifié (fiche B) (enseignements au terme de l’étude internationale) 26-028-B-20
États-Unis de la cerebral palsy, à savoir la spasticité, l’athétose (ou • état I : les yeux sont fermés, la respiration est régulière ;
dyskinésie) et l’ataxie, auxquels s’ajoutent les troubles associés • état II : les yeux sont fermés, la respiration est irrégulière ;
entrés dans la nouvelle définition proposée en 2007 [2] . Dans ces • état III : les yeux sont ouverts, on note peu de mouvements ;
conditions, l’examen clinique doit aller au-delà de ces trois termes. • état IV : les yeux sont ouverts, il y a beaucoup de mouvements ;
Nous devons à G. Tardieu dès les années 1950 l’identification • état V : les yeux sont ouverts ou fermés, l’enfant crie.
d’autres troubles inégalement répartis selon les sujets. Pour cette L’état physiologique est noté en début d’examen ainsi qu’à
raison, l’examen clinique doit être conduit selon le principe de l’occasion de tout changement constaté au cours de son dérou-
l’évaluation clinique factorielle [3] . lement.
En résumé, par le bilan cérébromoteur détaillé propre à chaque Sur les volets de la fiche d’évaluation, les états physiologiques
sujet, il devient possible d’élaborer pour chaque enfant un de l’enfant sont notés dans la deuxième colonne.
programme individualisé d’éducation motrice et thérapeutique Tenir compte des états physiologiques de nourrissons plus
précoce (EMTP). Il convient d’ajouter que les données du bilan âgés aide à identifier plus aisément le caractère pathologique des
cérébromoteur entrent le moment venu dans l’élaboration des anomalies cérébromotrices existantes et de certaines anomalies
traitements préventifs précoces des troubles orthopédiques, dont motrices transitoires.
à terme les plus atteints sont souvent menacés.
Depuis des décennies, l’appellation éducation thérapeutique a
été utilisée pour désigner l’ensemble des techniques éducatives et
Conditions internes
thérapeutiques employées précocement pour les jeunes enfants Il est noté sur le premier volet de la fiche :
paralysés cérébraux. Or, les mêmes termes ont été officiellement • si l’enfant est sous traitement médicamenteux pouvant agir sur
retenus et mis en vigueur au niveau européen pour désigner sa réactivité, sa vigilance ;
l’éducation du patient et son entourage à sa maladie. • s’il est fiévreux ;
Afin de conserver tout son sens au mode particulier d’éducation • s’il est déshydraté ;
et de traitement précoce des jeunes enfants paralysés cérébraux • s’il est sous traitement anticomitial.
(IMC et polyhandicapés), le sigle EMTP est désormais utilisé dans
ce domaine.
L’évaluation clinique factorielle de la motricité buccofaciale Conditions externes
abordée plus loin s’appuie également sur les critères cliniques
• Température ambiante : elle ne doit être inférieure à 25 ◦ C.
de normalité de la motricité buccofaciale innée en vue de déce-
• Température du tapis d’examen : il est souhaitable de poser un
ler d’éventuelles anomalies altérant les fonctions de succion, de
isolant (un linge ou un papier) sur les tapis plastifiés mauvais
déglutition et plus généralement d’alimentation.
conducteurs de la chaleur.
Dans les limites imposées à cet article, des descriptions
• Température des mains de l’examinateur.
complémentaires du bilan cérébromoteur, de la sémiologie et des
techniques manuelles d’évaluation sont accessibles sur le web. • Éclairage : il doit être doux ; éviter les sources lumineuses
Par ailleurs, les enseignements fournis par l’étude prospec- directes issues des plafonds.
• Niveau sonore : il est nécessaire de ne pas produire de bruits
tive multicentrique internationale EPAM (Évaluation précoce
intenses. Se souvenir que l’effet de toute stimulation est aussi
des aptitudes motrices) évoquée en introduction figurent en fin
important par son intensité qu’en raison de ses variations.
d’article, accompagnés des conclusions émises par les promoteurs
Moduler sa voix en évitant de trop approcher la bouche des
de l’étude.
oreilles de l’enfant.
Enfin, pour consulter les données de l’examen complet incluses
dans la fiche A, le lecteur peut se reporter à la description du
« Bilan cérébromoteur du jeune enfant » publié dans l’Encyclopédie Maniement de l’enfant
médicochirurgicale (EMC) en 2009.
Le maniement de l’enfant demande un soin tout particulier. Les
prises de contact sont progressives (contacts manuels et contacts
“ Point fort avec le tapis d’examen), autant lors des prises que dans le lâcher.
Il faut éviter d’exercer des pressions avec les extrémités des doigts.
Les déplacements imprimés au corps de l’enfant sont effectués
L’évaluation clinique factorielle consiste en un démem- avec un minimum d’accélération. Toutefois, des accélérations pro-
brement d’un trouble moteur neurologique globalement duites avec mesure sont nécessaires pour étudier les réactions
désigné sous un vocable ancien, qui le subdivise en « sous- antigravitaires. Lorsque l’état physiologique de l’enfant passe à
l’état V, il convient de le décontracter et le calmer (Fig. 1).
facteurs » apparaissant au cours d’un examen dans des
Les manœuvres de décontraction consistent à utiliser des effets
situations définies, ou mis en évidence au moyen d’une dus aux automatismes posturaux et au choix de positions où les
technique clinique simple et transmissible. Chacun de ces réactions automatiques antigravitaires n’entrent plus en jeu.
facteurs pathologiques reconnus nécessite des traitements Étirer des muscles contractés augmente les contractions pré-
différents et des techniques de rééducation particulières. sentes. La résistance à la mobilisation passive est source
d’inconfort pour l’enfant.
Une courte phase de repos peut être nécessaire en cours
d’examen. L’état de fatigue physique de l’enfant est décelable
par l’élévation du rythme respiratoire et du rythme cardiaque.
Conditions de l’examen clinique Chez les nouveau-nés et les nourrissons, le temps nécessaire à la
récupération cardiovasculaire est très court.
États physiologiques
Les cinq états physiologiques par lesquels passe tout nouveau-
né au cours d’un nycthémère ont été décrits par Prechtl et Évaluation clinique
Beintema [4] . Ils résultent d’une recherche fondamentale de publi- de la motricité
cation ancienne, toujours reconnue.
Chaque état physiologique a une influence sur les conduites Dans cet article sont décrites les principales aptitudes motrices
motrices des nouveau-nés et des nourrissons normaux. On peut en observables chez les nouveau-nés et les nourrissons valides, et
tenir compte jusqu’à l’âge de 4 mois selon le Professeur Touwen, leurs caractéristiques cliniques essentielles.
collaborateur et successeur du Professeur Prechtl. La description clinique des anomalies motrices précocement
Les seuls signes cliniques permettant de définir chaque état identifiées lors d’atteintes cérébrales à conséquences motrices est
physiologique décrits par Prechtl sont les suivants : indiquée plus loin.
A B
Quatre situations distinctes sont propices à la mise en évidence Figure 3. Flexion individualisée de la jambe droite.
de la normalité ou à l’identification des troubles :
• l’observation de la motricité spontanée ;
• la motricité dirigée ; À plat ventre
• la motricité provoquée ;
Des mouvements de dégagement d’un membre supérieur ini-
• la mobilisation passive.
tialement placé le long du thorax se développent spontanément
selon des mouvements synchronisés de l’épaule et du coude qui
Observation de la motricité spontanée portent la main en avant, et une demi-extension des doigts ter-
mine le mouvement.
Les états physiologiques favorables aux observations de la Dans les mouvements d’extension et de flexion globale d’un
motricité spontanée sont les états de Prechtl III et IV. membre inférieur, les mouvements des hanches, des genoux et
Les études de Prechtl et al. [5] sur la motricité spontanée ont des pieds sont synchronisés.
montré la possibilité de porter un diagnostic précoce d’anomalies À certains moments, les deux membres se maintiennent soule-
motrices dès le stade de la néonatologie au moyen de films enre- vés de manière stable et symétrique. Un membre inférieur peut se
gistrés plusieurs fois par jour, puis analysés séquence par séquence. mouvoir tandis que l’autre demeure stable.
La fiabilité de cet examen est scientifiquement démontrée.
Toutefois, les données tirées de ces observations n’indiquent pas Couché à plat ventre
la nature ni le degré d’importance des troubles pathologiques. Vers l’âge de 3 mois, l’un des genoux peut se fléchir sans contrac-
En complément d’autres éléments cliniques peuvent être ana- tions associées des fléchisseurs de la hanche (sélectivité) ; il s’agit
lysés en un temps limité : la sélectivité, le maintien antigravitaire d’un signe de normalité très fiable (Fig. 3).
des membres et la synchronisation des mouvements des segments
des membres.
Motricité dirigée
En position couché sur le dos
Description chez l’enfant valide Lorsque l’enfant ne bouge pas les membres inférieurs, il suffit de
En quelques minutes d’observation, les éléments cliniques toucher son abdomen ou la partie dorsale des orteils, de glisser les
essentiels peuvent être relevés. doigts sur la peau pour provoquer le soulèvement des membres,
l’extension des orteils ou la flexion dorsale du pied.
Glisser le doigt sur les bords externe ou interne d’un pied pro-
Membres supérieurs et inférieurs (Fig. 2)
voque l’éversion ou son inversion.
Couché sur le dos
Les épaules d’un enfant valide sont au contact ou très proches
Motricité provoquée
du plan d’examen.
Il est préférable de soutenir la tête sans extension du cou et de Réaction en balancier du membre inférieur
l’orienter dans le plan médian. Position accroupie. Dans le cadre de cet article, la des-
En situation d’éveil, des mouvements segmentaires (sélectivité) cription des réactions d’enfants valides suivies des descriptions
sont visibles sur les doigts et les orteils. d’anomalies dans les cas pathologiques sont limitées aux épreuves
Le maintien antigravitaire des membres soulevés au-dessus du de la fiche B. Les données retenues sont en relation avec les
plan d’examen est stable. Il en est de même des membres infé- commentaires et les conclusions tirées par les promoteurs de
rieurs. Les mouvements des épaules, des coudes et des mains l’étude EPAM.
sont synchronisés (synergies). Des mouvements sont indépen- Pour prendre connaissance des descriptions complètes incluant
dants d’un membre supérieur par rapport à l’autre. Il en est de la fiche A, le lecteur a la possibilité de se reporter à l’article publié
même des membres inférieurs. en 2009 dans l’EMC.
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Bilan cérébromoteur du nouveau-né et du nourrisson – examen simplifié (fiche B) (enseignements au terme de l’étude internationale) 26-028-B-20
Suspensions
Figure 6. Accroupi symétrique. Dans les épreuves en suspension, les membres inférieurs, le bas-
sin et les mains ne sont plus au contact du tapis.
Retournement du dos sur le ventre, puis du ventre • 0 : pour la marche d’un sujet valide ;
sur le dos • 1 : lorsque quelques anomalies existent mais qui ne sont géné-
ralement pas remarquées par les gens dans la rue, sauf par des
La manœuvre de l’opérateur s’exerce uniquement sur les spécialistes ;
membres inférieurs. • 2 : lorsque les anomalies sont visibles pour tout le monde mais
Position de départ n’empêchent pas la fonction ;
L’enfant est couché sur le dos, face à l’opérateur. Dans cette posi- • 3 : lorsque le sujet a besoin d’appuis pour marcher ;
tion, les deux membres inférieurs sont généralement demi-fléchis. • 4 : lorsque les troubles interdisent la marche.
Il est difficile de décrire en détail toutes les étapes suivies pour Les correspondances par analogie de performance sont aisées à
agir sur les membres inférieurs. L’observation des manœuvres établir avec l’échelle de la GMFCS (Gross Motor Function Classi-
effectuées par l’opérateur ainsi que l’observation des réponses de fication System) proposée et validée par Palisano et al.
la partie haute du corps sont décrites dans l’extrait de vidéo.
Une échelle d’évaluation qualitative
et quantitative (M. Le Métayer)
Protocole d’évaluation À partir des années 1980, il a été entrepris d’établir une relation
des troubles cérébromoteurs entre la potentialité cérébromotrice existant chez des nouveau-nés
et des nourrissons examinés pour la première fois au décours
Lors de l’examen clinique, on observe des faits et leurs circons- de leur première année, puis le niveau fonctionnel atteint après
tances d’apparition. On identifie des anomalies si elles existent et plusieurs années de suivi rééducatif et thérapeutique, et de pré-
on les quantifie par comparaison avec les critères de référence de vention orthopédique. Une relation étroite est apparue pour une
la motricité normale. population de 135 enfants paralysés cérébraux/IMC, mais non
Les dysfonctionnements cérébraux sont d’importances varia- polyhandicapés ; 130 ont été suivis jusqu’à l’âge de 7 ans au moins,
bles et les troubles fonctionnels qu’ils entraînent de degrés les et pour cinq sujets jusqu’à l’âge de 15 ans.
plus légers aux plus importants. Une échelle d’évaluation qualitative et quantitative a été élabo-
Au cours de l’ontogenèse, les conduites motrices innées ont une rée en retenant les mêmes degrés de cotation que ceux proposés
évolution inégale dans le temps. Certaines ont un caractère défi- à titre fonctionnel par G. Tardieu. Cela a permis de prévoir des
nitif comme cela sera indiqué. Citons un exemple de réaction concordances au fil des années entre le degré d’importance des
innée à caractère définitif : dans l’appui en soutien sur les pieds, troubles évalués aux premières évaluations cliniques et les consé-
l’extension des orteils associée à la flexion dorsale des pieds par quences fonctionnelles en termes de locomotion dès le très jeune
le déplacement du poids du corps vers les talons apparaît chez le âge.
nouveau-né autant que chez l’adulte. Il s’agissait d’utiliser cette échelle d’évaluation qualitative et
Pour d’autres conduites motrices innées, l’évolution ontogé- quantitative nouvelle, distincte de l’échelle quantitative fonction-
nique n’a pas d’emblée un caractère définitif dans sa globalité. nelle dans l’étude EPAM.
Ce sont en particulier celles qui n’apparaissent que si l’opérateur Des exemples de relation entre le degré d’évaluation des
aide au maintien de la tête du nouveau-né. Tel est le cas pour le troubles présents et les prévisions possibles de leurs conséquen-
développement du schème asymétrique de reptation décrit plus ces fonctionnelles sont donnés ci-dessous en suivant l’ordre des
haut. épreuves figurant dans la fiche B.
On observe aussi une évolution dans les réactions motrices L’étude projective internationale EPAM sur laquelle nous
des membres. Celles-ci se modifient quelque peu au fil des mois. reviendrons a souligné la validité des premiers pronostics fonc-
Par exemple, les membres inférieurs sont plus en triple flexion tionnels établis à 1 mois d’âge, corrigés, en fonction du degré
dans les épreuves antigravitaires en suspension durant les pre- des troubles cotés selon cette échelle qualitative. Des vérifications
miers mois qu’au cours des suivants. Les hanches et les genoux furent faites à l’âge de 1 an, puis à l’âge de 2 ans.
s’étendent complètement vers l’âge de 10 à 12 mois, avec un
caractère de variabilité individuel qui doit rendre prudent dans
l’interprétation. Anomalies cérébromotrices
pathologiques
Plan d’examen
Afin d’en faciliter la lecture, les descriptions des éléments cli-
L’ordre suivi pour la description des épreuves est celui décrit niques essentiels sont données en suivant la numérotation des
sur les fiches d’examen. Cet ordre est suggéré pour un bon épreuves indiquée sur la fiche B du bilan cérébromoteur simplifié.
déroulement de l’examen en vue d’économiser du temps et sur-
tout l’énergie dépensée par l’enfant dans ses réactions motrices.
L’examinateur est appelé à s’adapter aux disponibilités de l’enfant Motricité spontanée
examiné dans le moment.
On note les anomalies. Elles se prêtent difficilement à une cota-
tion. En revanche, les cotations sont aisées dans les insuffisances
Échelles d’évaluation utilisées : évaluations et autres anomalies du maintien ou du soutien antigravitaire.
qualitatives et évaluations quantitatives Couché sur le dos
de la motricité Postures anormales (Fig. 9)
Il a été rappelé plus haut que nombre d’échelles d’évaluation • Schème pathologique de Little (diplégie spastique selon la ter-
de la motricité ont pour objet d’évaluer le niveau fonctionnel. minologie internationale).
On y note ce dont le sujet est capable au plan fonctionnel, d’une • Membres inférieurs : genoux insuffisamment étendus, pieds en
manière autonome ou bien avec plus ou moins d’aide. En outre, flexion plantaire et plus ou moins inversés ou éversés ; asymé-
il est tenu compte du temps mis pour l’exécution de la tâche. Il trie.
s’agit d’échelles fonctionnelles quantitatives. • Mains en pronation.
• Ensellure cervicale, épaules protractées.
Échelle de G. Tardieu Incurvation latérale de l’axe du corps
Elle est utilisée de longue date par les établissements franco- • Posture asymétrique « en coup de vent » des membres inférieurs.
phones pour l’évaluation de la locomotion, les activités manuelles Raccourcissement fonctionnel des membres inférieurs.
et le langage parlé ; c’est une échelle quantitative fonctionnelle. • Pratiquer des stimulations tactiles pour évaluer d’éventuelles
Par exemple, pour la marche, cette échelle donne les cotations : possibilités de correction des postures anormales.
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« Assis-couché » et « tiré-assis »
Les mains de l’enfant abaissées au niveau des hanches tiennent
les index de l’opérateur (la description de la manœuvre destinée
à provoquer la préhension du doigt de l’opérateur par l’enfant est
décrite plus haut chez l’enfant normal).
Cette épreuve s’enchaîne avec la précédente :
Figure 10. En dépit d’une diminution sensible des contractions par • degré 1 : l’extension des orteils et la flexion dorsale des pieds
l’effet d’une manœuvre de décontraction, les membres inférieurs restent sont insuffisantes à l’inclinaison rapide du tronc et de la tête
immobiles. vers l’arrière. En revanche, les réponses sont normales en incli-
naison lente ;
• degré 2 : des insuffisances apparaissent en inclinaison lente et
Mouvements des membres supérieurs les talons se soulèvent insuffisamment du plan d’examen ;
• Insuffisance de mouvements, amplitudes limitées, asymé- • degré 3 : les cocontractions des muscles des membres infé-
triques d’un membre par rapport à l’autre et vitesses différentes. rieurs augmentent sensiblement à l’inclinaison vers l’arrière
• Sélectivité absente ou insuffisante entre les segments. avec une accentuation des postures anormales. En même temps,
• Maintien des membres au-dessus du plan d’examen : absence, la flexion plantaire des pieds s’accentue ; une asymétrie est
insuffisance, courte durée, asymétrie. possible. À noter que, chez le nouveau-né, le maintien de la
tête sans inclinaison vers l’arrière est généralement obtenu si
Mouvements des membres inférieurs l’enfant tient fermement les doigts de l’opérateur avec ses mains
abaissées. Par ailleurs, aux inclinaisons vers l’arrière, des varia-
• Insuffisance ou absence de mouvements, amplitudes limitées,
tions individuelles importantes peuvent apparaître. C’est pour-
asymétriques.
quoi les réponses au niveau des membres inférieurs sont plus
• Croisement des membres inférieurs (Fig. 10).
significatives à condition de varier les vitesses à l’inclinaison
• Mouvements asynchrones entre les hanches, les genoux et les
pour mieux faire apparaître les troubles antigravitaires ;
chevilles, vitesses différentes et amplitudes asymétriques.
• degré 4 : à une faible inclinaison vers l’arrière, la réponse
• Sélectivité absente ou insuffisante.
des membres inférieurs peut être une triple extension des
En position couché sur le ventre, on constate des mouvements
membres inférieurs et de l’axe du corps. À noter que l’épreuve
en triple flexion et le bassin se soulève.
du « tiré-assis » s’est avérée moins significative que l’épreuve
« assis-couché ». Dans le « tiré-assis », l’attention de l’opérateur
Motricité provoquée se porte classiquement sur le maintien de la tête sans noter
les réponses des membres inférieurs. Or, celles-ci peuvent être
Position assise présentes et parfois normales dans le cas d’anomalies motrices
Dans les cas où existent des contractions pathologiques, transitoires.
l’opérateur peut procéder de deux manières : asseoir l’enfant sans
précautions particulières ou bien le décontracter préalablement Réaction antigravitaire : flexion et balancier
puis l’asseoir devant lui, le dos en appui sur lui et les membres croisé
inférieurs fléchis.
Cette manœuvre fait suite à l’épreuve de l’« assis-couché ».
Préparation de la saisie et mouvements individualisés des L’enfant est assis tenant les doigts de l’opérateur. Il s’agit d’une
doigts épreuve d’une grande sensibilité. La présence ou non de réflexes
En premier lieu, il s’agit de provoquer l’agrippement des doigts myotatiques et/ou les diminutions des possibilités d’allongement
associé à l’extension synergique des poignets : des muscles au cours de la mobilisation passive entrent en compte
• la réponse est soit de nature automatique et anormalement pro- dans le bilan final.
longée (éventuellement asymétrique), soit volontaire mais avec Les anomalies suivantes peuvent être observées, qui
insuffisance et éventuellement asymétrique ; s’amplifient aux accélérations dans les inclinaisons rapides :
• à l’inclinaison du tronc de l’enfant vers l’arrière, l’agrippement • degré 1 : les pieds se portent en inversion. Au cours de la mobi-
n’augmente pas ; l’agrippement peut être absent au niveau lisation passive, il peut apparaître un réflexe myotatique du
d’une main ou des deux. muscle tibial postérieur de peu de force et de très courte durée ;
Figure 12. Enfant du même âge, le tronc est bien maintenu, le membre
inférieur droit ne s’étend pas suffisamment.
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A B
Figure 20. Manœuvre de décontraction du membre inférieur droit Figure 22. Utilisation du siège afin de réduire la rétroversion pelvienne.
(triple flexion provoquée) alors que le poids du corps est porté sur la
fesse gauche.
Mobilisation passive
Dans la manœuvre d’allongement passif du muscle, il est néces-
saire de distinguer l’état de contraction du muscle, si fréquent chez Figure 24. Trois angles sont mesurés : le premier, mesuré lorsque
les sujets paralysés cérébraux par lequel il s’oppose à l’étirement les muscles sont habituellement contractés ; le deuxième, après décon-
passif à un angle donné, de l’état de décontraction où l’angle traction automatique ; le troisième, genou fléchi pour éliminer les
d’arrêt est rencontré plus loin, causé par une nouvelle résis- ischiojambiers internes et pour mesurer l’angle après allongement des
tance due aux propriétés physiques de viscoélasticité (propriété adducteurs décontractés. Un quatrième angle peut être mesuré avec accé-
exprimée par la relation : L/F). Il y a obligation de mesurer succes- lération s’il existe un réflexe myotatique pathologique.
sivement ces deux angles.
L’état de décontraction s’obtient soit par une manœuvre
d’allongement lente et progressive, mais qui peut demander un
temps assez long [6] , soit par une manœuvre de décontraction
automatique obtenue brièvement par un allongement non dou-
loureux des muscles antagonistes. L’effet de décontraction dure le
temps nécessaire à l’évaluation du deuxième angle.
Il s’agit d’évaluations revêtant une certaine importance,
sachant que des muscles contractés de nombreuses heures, voire
jour et nuit, perdent précocement leurs possibilités d’allongement
en raison du pouvoir d’adaptation des muscles [7] dont les points
d’insertion sont rapprochés. De ces évaluations dépend la néces-
sité d’un traitement préventif orthopédique précoce.
Une fois la décontraction obtenue, l’allongement à vitesse
rapide du muscle peut mettre en évidence l’existence d’un réflexe Figure 25. La technique de décontraction permet des augmentations
myotatique. Selon l’accélération nécessaire, la force développée, très sensibles en comparaison avec des angles obtenus sans précaution
l’angle d’apparition et la durée de la contraction provoquée, le particulière.
réflexe myotatique pathologique a à terme des conséquences fonc-
tionnelles plus ou moins handicapantes.
Dans ces conditions, en cas de présence d’un réflexe myo- Techniques d’évaluations cliniques
tatique, l’évaluation clinique complète conduit à mesurer trois
angles.
des possibilités d’allongement des muscles
L’examen porte principalement sur les muscles qui sont le plus Les techniques d’évaluation clinique des possibilités
souvent le siège de contractions pathologiques et de perte pro- d’allongement concernent les muscles adducteurs (Fig. 20 à 25) ;
gressive des possibilités d’allongement. les hamstrings (Fig. 26, 27) ; les fléchisseurs de hanche et le soléus
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Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2019. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
Bilan cérébromoteur du nouveau-né et du nourrisson – examen simplifié (fiche B) (enseignements au terme de l’étude internationale) 26-028-B-20
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Figure 33. La langue va toucher la gencive à l’endroit où le doigt a Figure 36. Vérification clinique de la tétée et technique du maintien
touché en premier. correct du biberon.
Figure 34. Réaction automatique de déplacement latéral et torsion de Figure 37. Apprentissage précoce de la tétée chez un bébé passant de
la langue. l’alimentation par sonde au biberon : tenue correcte du biberon incliné
entre le pouce et l’index ; le majeur soulève la lèvre inférieure si nécessaire,
le cinquième doigt peut soulever le plancher de la bouche en vue de
renforcer l’aspiration. L’opérateur place un doigt de son autre main à
l’angle du maxillaire pour en évaluer les mouvements ou les stimuler.
inférieurs, ce qui n’est généralement pas le cas pour les autres communes aux deux protocoles, particulièrement propices à
échelles connues. l’identification d’éventuels troubles. L’examen B représente aussi
Le degré d’atteinte peut être exprimé globalement s’il s’agit d’un l’avantage d’un gain de temps non négligeable pour les méde-
degré d’atteinte égale sur les quatre membres et l’axe du corps. cins dans le cadre de leurs activités quotidiennes. En revanche,
Une évaluation peut être donnée distinctement pour les deux la pratique de l’examen A est indispensable pour les kinésithé-
membres inférieurs ou les deux membres supérieurs, ou bien dans rapeutes comme cela a été montré plus haut, une pratique qui
les cas d’atteintes asymétriques. demande une formation plus avancée dans la maîtrise de certaines
Des mouvements athétosiques ont été remarqués. des techniques manuelles.
Il existe des manifestations d’hypermétrie.
La normalité ou les anomalies de la motricité buccofaciale sont Population étudiée
notées.
Le niveau de compréhension des situations de l’enfant est indi- Ont été inclus 227 patients. Le terme moyen de naissance était
qué et comparé aux nourrissons normaux du même âge lorsque de 32 semaines d’aménorrhée. Il a été vérifié que l’échantillon
ces troubles moteurs lui interdisent d’agir : une séries d’items ne était bien représentatif de la population générale. L’étude a été
nécessitant pas d’actions motrices ont été relevés dans les batteries conduite avec l’accord du Comité d’éthique. Les enfants ont été
de Griffith, Brunet-Lézine, Gesell et dans les stades de Piaget [9] . examinés une première fois à 1 mois d’âge corrigé, une seconde
Station-locomotion/activités manuelles : il s’agit d’indiquer les fois à 12 mois et une troisième fois à 24 mois. Un examinateur EDS
niveaux d’évolution motrice réalisés ou partiellement réalisés en et un examinateur EPAM examinaient successivement l’enfant en
rapport avec la GMFCS. respectant un intervalle de temps modulé avec l’avis des parents.
Les conseils sont donnés à l’entourage et le programme EMTP L’échelle d’évaluation globale utilisée était l’échelle d’évaluation
est suivi. qualitative et quantitative de M. Le Métayer, en parallèle avec
l’échelle quantitative/fonctionnelle de G. Tardieu :
• degré 0 : pour la normalité motrice et les anomalies transitoires ;
Conclusion • degré 1 : pour de très légères anomalies motrices ;
• degré 2 : atteinte IMC légère n’interdisant pas la fonction ;
Le bilan cérébromoteur établi selon les données de l’examen
• degré 3 : risque d’atteinte d’IMC prononcée, gênant la fonction ;
clinique peut être considéré comme une évaluation de la poten-
• degré 4 : IMC majeure.
tialité cérébromotrice de l’enfant. Cet examen concerne chaque
Ainsi que cela est rappelé plus haut, il suffit de décaler les cota-
clinicien :
tions de 1 à 5 pour comparer avec les cotations de l’échelle de
• rééducateurs kinésithérapeutes, ergothérapeutes, psychomotri-
Palisamo. Après avoir rédigé leurs propres évaluations cliniques,
ciens ;
les examinateurs se sont réunis avec les patents et leur ont prodi-
• le médecin, sur les éléments cliniques pouvant contribuer en
gué en commun leurs conseils si nécessaire.
outre à l’établissement d’un diagnostic et de porter un pronostic
fonctionnel, ainsi que pour le suivi dont il a la charge ;
• le kinésithérapeute, pour l’élaboration d’un programme Extraits des commentaires et conclusion émis
d’EMTP adapté pour chaque enfant et pour les mesures de pré- par les promoteurs de l’étude
vention orthopédique. Un niveau de concordance a pu être établi entre les
Nous pouvons retenir quelques enseignements pratiques de deux méthodes d’examen mais reste néanmoins modéré
l’étude prospective multicentrique et internationale EPAM (études (indice K = 0,38), ce qui s’explique par l’emploi de techniques
précoce des aptitudes motrices : 2011-2013)a . d’évaluations différentes. Les valeurs de spécificité et de sensibilité
sont statistiquement équivalentes.
Résumé des motifs, objectifs et résultats selon Les praticiens au fait de la technique EPAM ont pu évaluer
les promoteurs les aptitudes préfonctionnelles ou le potentiel neuromoteur des
S’il est admis que la présence modérée ou isolée de lésions de enfants de manière équivalant à ceux privilégiant un examen cli-
leucomalacie périventriculaire, en particulier dans la prématurité, nique du type EDS. Les techniques EPAM comme EDS sont donc
ou de lésions cortico-sous-corticales dans les cas d’anoxo-ischémie des méthodes accessibles pour tout praticien souhaitant les utiliser
cérébrale à terme sont directement associées à des troubles neu- sous réserve d’une formation validée. Par ailleurs, un bon appren-
rodéveloppementaux, ces lésions ne sont pas toujours décelables tissage de la technique EPAM pourrait être à même de donner
par les techniques d’imagerie cérébrale conventionnelle réalisées à l’examinateur les clés pour dissocier spécifiquement ces ano-
en routine en néonatologie. C’est pourquoi la recherche d’outils malies mineures transitoires des anomalies fixées. L’étude de ces
cliniques d’évaluation neuromotrice permettant de pointer le anomalies pourrait être approfondie. De nombreuses rééducations
plus précocement possible, dès la période néonatale, des dysfonc- kinésithérapiques inutiles sont en effet proposées devant ce type
tionnements transitoires ou non pourrait préciser l’organisation d’anomalies mineures qui sont en fait des anomalies transitoires
des modes de prise en charge. Un examen bien conduit est un ne nécessitant pas de prise en charge particulière puisqu’elles sont
postulat indispensable aux techniques éducatives et thérapeu- vouées à disparaître spontanément avec l’âge. Le fait de pou-
tiques précoces. L’objectif principal est de comparer la méthode voir reconnaître ces anomalies dès le plus jeune âge permettrait
d’évaluation précoce des aptitudes motrices innées EPAM pro- d’éviter des séances inutiles et une source d’angoisse parentale.
posée par M. Le Métayer à la méthode d’examen de dépistage Ces commentaires sur les anomalies motrices transitoires se
standard (EDS) proposée par C. Amiel Tison [10] comme outil recoupent avec l’énumération et la description des anomalies
de dépistage des troubles de développement neuromoteur des transitoires décrites plus haut.
nouveau-nés à risques neurologiques. L’objectif secondaire était La méthode EPAM, qui nécessite un apprentissage spécifique,
d’évaluer la prédictivité à 1 mois d’âge corrigé des deux méthodes facilite une pratique plus homogène et reproductible pour les exa-
d’examen sur la survenue de troubles du développement neu- minateurs. Elle pourrait être réservée à un groupe plus restreint
romoteur à 12 mois puis 24 mois. Pour l’étude EPAM, le choix de praticiens médecins ou kinésithérapeutes ayant une démarche
de l’examen cérébromoteur simplifié (fiche B) a été retenu parce volontaire d’apprentissage pour évaluer plus distinctement les
qu’il comporte un nombre plus limité d’épreuves que l’examen enfants à risque neurologique élevé. Au sein de cette étude, nous
complet (fiche A), en conservant néanmoins certaines manœuvres observons une meilleure spécificité d’EPAM qui pourrait trouver sa
légitimité dans la prise en charge de cette population à haut risque.
a
Promoteurs : Professeur Hugues Patural (Service de néonatologie, Hôpital Nord,
CHU de Saint-Étienne), et Professeur Vincent Gautheron (Service de rééducation et Conclusion
médecine physique, CHU de Saint-Étienne). Autres services participants : Servizio
di Neonatologia, Ospedale Maggiore (Milan, Italie), Service de néonatologie, CHC
L’évaluation précoce des aptitudes motrice du nouveau-né et
Rocourt (Liège, Belgique), Service de néonatologie, CHR de Rouen, Service de néona-
tologie (Roanne, France). du nourrisson constitue une alternative à l’examen de dépistage
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standard et peut être utilisé en routine après une nécessaire précisions pour ces éléments d’évaluation clinique fiabilisent
période d’apprentissage. L’EPAM semble apporter des informa- le bilan en termes d’outil d’identification et d’évaluation des
tions complémentaires plus précises sur le degré de gravité de troubles pathologiques et de pronostic fonctionnel.
l’atteinte neurologique et permettre une prise en charge ciblée et
plus précoce. Elle peut permettre également de détecter les anoma-
lies transitoires qui, au contraire, ne nécessitent pas de traitements Déclaration de liens d’intérêts : l’auteur n’a pas transmis de déclaration de
spécifiques. liens d’intérêts en relation avec cet article.
Au terme de l’étude qui a fait l’objet de la soutenance d’une
thèse de médecine [11] , une analyse des fiches de chaque enfant
a été conduite postérieurement concernant les trois examens cli- Références
niques successifs. Au-delà de la reconnaissance de facto par l’étude
EPAM de l’existence des aptitudes motrices innées, de la validité [1] Le Métayer M. Bilan cérébromoteur du jeune enfant. EMC
du bilan cérébromoteur (fiche B) en tant qu’outil d’évaluation (Elsevier Masson SAS, Paris), Kinésithérapie-Médecine physique-
clinique et de sa transmissibilité, certains points de l’examen Réadaptation, 26-028-B-20, 2009.
méritent d’être relevés pour apporter dans l’avenir plus de per- [2] Rosenbaum P, Panneth N, Leviton A, Goldstein M, Bax M. Defi-
tinence à cette méthode d’examen clinique. Ces points ont trait nition and classification of cerebral palsy. Dev Med Child Neurol
aux notations de l’état physiologique des enfants, aux modali- 2007;49(Suppl. 109):8–11.
tés de l’examen dans les d’épreuves de mobilisation passive et à la [3] Tardieu G. Le Dossier Clinique de l’IMC. Cahiers du CDI. 3e édition,
recherche d’une manifestation possible de la motricité volontaire. juin 1984.
[4] Prechtl H. Neurological examination of the full-term infant. Little Cli-
Ces observations sont d’ailleurs fréquentes en pratique quoti-
nics in Developmental Medicine. London: Heinemann; 1964.
dienne :
[5] Cioni G. Le diagnostic d’infirmité motrice cérébrale chez l’enfant né
• absence de notification de l’état physiologique au cours de prématurément par l’observation de la motilité spontanée. Motr Cereb
l’examen : 1998;19(4).
◦ un bébé qualifié d’« hypotonique » en état III peut avoir des [6] Vanessa AR, Scholtes MC. Clinical assessment of spasticity in children
réactions motrices satisfaisantes dans l’état IV, voire en état with cerebral palsy. A critical review of available instruments. Dev Med
V, Child Neurol 2006;48:64–71.
◦ un nouveau-né ou un nourrisson paralysé cérébral de degré [7] Tardieu G, Lacert P. Le tonus et ses troubles en clinique. EMC (Elsevier
de gravité 5 est généralement dans un état global de cocon- Masson SAS, Paris), Neurologie, 17-007-A-20, 1976.
tractions en état physiologique V. Il paraît avoir un bon [8] Truscelli D. Comprendre la paralysie cérébrale. Paris: Elsevier Mas-
maintien de l’axe du corps, alors qu’en état III il montre une son; 2017.
grande insuffisance antigravitaire, [9] Le Métayer M. Rééducation cérébromotrice du jeune enfant. Éduca-
◦ l’état V rend impossible l’évaluation des réflexes myota- tion thérapeutique. Paris: Masson; 1999.
tiques ; [10] Amiel-Tison C. L’infirmité motrice d’origine cérébrale. Paris: Masson;
• dans les épreuves antigravitaires, les réactions normales ou de 1997.
type anormal ont été notées. En revanche, il a rarement été [11] Terraillon L. Évaluation précoce des aptitudes motrices du nourrisson
précisé si le recours à une réponse de type volontaire pouvait versus examen de dépistage standard : étude prospective multicentrique
ou non modifier la réponse de nature automatique, l’amplifier internationale de deux méthodes d’examen clinique. [thèse Université
ou la corriger sous l’effet d’une stimulation tactile ; Jean-Monnet de Saint-Étienne], Faculté de médecine Jacques-Lisfranc,
2013.
• dans les manœuvres d’allongement passif des muscles, un seul
angle a été fréquemment noté, sans indiquer un second angle
obtenu après décontraction ; Pour en savoir plus
• omission de la présence d’un réflexe myotatique mis en évi-
dence par un étirement passif avec accélération d’un muscle DVD. Évaluation de la motricité buccofaciale du très jeune enfant. Appren-
après une décontraction préalable et indispensable avant tissage précoce de la tétée.
de procéder à un allongement avec accélération. Plus de DVD. Le bilan cérébromoteur du jeune enfant.
M. Le Métayer, Ancien responsable du diplôme universitaire en infirmité motrice cérébrale et polyhandicap – paralysie cérébrale (leme-
tayer.michel@gmail.com).
Faculté de médecine Paris-Sud, 4, rue Jean-Minaud, 92430 Marnes-la-Coquette, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Le Métayer M. Bilan cérébromoteur du nouveau-né et du nourrisson – examen simplifié (fiche B)
(enseignements au terme de l’étude internationale). EMC - Kinésithérapie-Médecine physique-Réadaptation 2019;15(3):1-15 [Article 26-028-B-20].