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o rg/2011/01/08/alain-laurent-histo ire-de-lindividualisme-1993-2/
Cette évolution débouche sur une multitude de variantes de l’individualisme au XIXème siècle. Pour
Tocqueville, il s’agit d’« un sentiment réfléchi et paisible qui dispose chaque citoyen à s’isoler de la masse de
ses semblables et à se retirer à l’écart avec sa famille et ses amis ». Pour Guizot, c’est une réponse à une
question de philosophie politique : « La société est-elle faite pour servir l’individu ou l’individu fait pour servir
la société ? » Le champ des activités soumises au libre choix de l’individu s’élargit. Ainsi en est-il de la
religion pour en f aire une af f aire privée, du commerce qui doit laisser la place au libre-échange, ou des
mœurs les plus anticonf ormistes.
Dans le même temps, l’émancipation de l’individu suscite autant de réactions d’hostilité. Ironiquement, ces
dernières donnent naissance au terme d’ « individualisme » qui est initialement péjoratif et utilisé par ses
adversaires pour dénigrer une évolution qu’ils rejettent. C’est la possibilité même de l’individu qui est niée :
seule existe la collectivité, l’humanité, le « grand tout ». De nouvelles totalités transcendantes apparaissent
au f il du temps avec la nation, la race, les corporations, et le paroxysme anti-individualiste sera atteint avec
les socialismes et les totalitarismes du XXème siècle.
Jusqu’à ce jour, le débat continue, entre les libertariens américains, irréductibles déf enseurs de l’autonomie
de l’individu, et leurs adversaires partisans du sociologisme, et de toutes les théories de la
prédétermination de l’individu par son milieu f amilial, social ou économique. Avec Raymond Aron, Alain
Laurent semble nous demander : « Pourquoi le mot d’ordre de la liberté de l’individu, après des années de
collectivisme rampant, ne retrouverait-il pas sa f raîcheur ? »
Lectures complémentaires :