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Leçon 4 : LES SIGNES DE RECONNAISSANCE ET LES POSITIONS

DE VIE

I-LES SIGNES DE RECONNAISSANCE


Le besoin de signes de reconnaissance ou stimulations est un besoin vital,
autant que les besoins de nourriture, de chaleur, de sommeil, etc. C’est d’une
façon générale un besoin d’échange avec l’environnement physique ou social.
Les stimulations peuvent être physiques (toucher, goûter), verbales (paroles) et
non verbales (vue, odorat, ouïe). Elles peuvent donc s’exprimer par des paroles,
des sourires, des gestes, des contacts physiques...
Par exemple, un bonjour, un sourire, un regard, une écoute attentive, un geste
brutal, une gifle, un compliment, un encouragement, une accolade, un baiser, une
caresse, une dévalorisation, une méchanceté, etc. sont des signes qui prouvent à
une personne qu'elle existe, qu'on croit en elle et à ses possibilités de croître et
d'évoluer.
1. Définition
Un signe de reconnaissance ou stroke ou stimulation est une unité d'attention
envers une personne pour ce qu’elle est (Stimulations inconditionnelles) ou ce
qu’elle fait (Stimulations conditionnelles). Ainsi, les stimulations
conditionnelles reconnaissent l’autre pour ce qu’il FAIT; elles sont données à
condition que... et les stimulations inconditionnelles reconnaissent l’autre pour
ce qu’il EST; elles sont données sans condition.
Elles peuvent être des stimulations positives qui provoquent des sensations
agréables, sources de plaisir, d’épanouissement et de confiance ou des
stimulations négatives qui entraînent des sentiments désagréables et sont
sources de déplaisir, de fermeture et de méfiance.
II. LES TYPES DE SIGNES DE RECONNAISSANCE
Les signes de reconnaissance sont classés selon des critères conditionnels
(portant sur le faire) ou inconditionnels (portant sur l'être), et selon deux
polarités : positifs ou négatifs. Ainsi, un signe de reconnaissance peut être
conditionnel ("votre dernier devoir est mauvais") ou inconditionnel ("Vous êtes
toujours formidable"). En outre, un signe de reconnaissance est positif ("vous
êtes parfait") ou négatif (vous avez été mauvais").
1. Les stimulations conditionnelles positives
Ces signes de reconnaissance s’adressent à ce que fait l’individu. Elles lui
permettent de se développer et de changer plus facilement. Leur côté
conditionnel est un frein à l’autonomie de la personne qui reste dépendante de
celui qui stimule. L'autre est reconnu à condition qu'il réponde à certaines
attentes.
Exemple :
- Vos résultats sont meilleurs que le trimestre dernier.
- J'apprécie la manière dont vous avez mené toute cette affaire.
N.B : C'est une marque d'attention qui gagnerait à être plus répandue dans les
milieux de l'éducation et dans les relations professionnelles.
2. Les stimulations conditionnelles négatives :
Comme les précédentes, elles s’opposent à l’autonomie de l’individu. De plus,
elles ont tendance à encourager la continuation du comportement négatif
souligné. Elles nuisent ainsi à son développement et freinent le changement.
Elles se révèlent toutefois nécessaires dans certains cas pour poser des limites
nettes.
Exemple :
- Ce rapport est un vrai torchon.
- Vous avez mal négocié cette affaire.
3. Les stimulations inconditionnelles positives
Elles sont adressées à l’individu lui-même, c'est-à-dire ce qu’il est, et non à
ce qu’il fait. Elles sont un moyen puissant de développer les possibilités et
l’autonomie de l’individu. C'est celles qui stimulent le plus la personne qui la
reçoit et procure un bien-être profond et un sentiment d'importance.
Exemple :
- Je t'aime.
- Quelle joie de te revoir !
- Vous êtes vraiment très intelligent.
4. Les stimulations inconditionnelles négatives
Elles détruisent l’individu, arrêtent son développement et interdisent le
changement. Elles sont à proscrire car les plus destructeur : Elles reconnaissent
l'existence de l'autre tout en le niant.
Exemple :
- Il n'y a rien de bon à attendre de toi.
- Tu es la brebis galeuse de la famille.
- Vous serez toujours aussi incapable.
En résumé :
Stimulations Positives Négatives
Conditionnelles “C’est gentil de “Je n’aime pas ta
m’attendre pour dîner” nouvelle coiffure”
Inconditionnelles “Je t’aime” “Tu n’es qu’un con”

NB : Pour Berne, chaque individu recherche en permanence des signes de


reconnaissance car ils sont vitaux pour lui. Une des lois fondamentales de
l'économie des signes de reconnaissance observe qu'une personne accepte plutôt
(à défaut de signes de reconnaissance positifs) des signes de reconnaissance
négatifs que pas de signe de reconnaissance du tout. Autrement dit le besoin de
stimulations est tel que mieux vaut recevoir des stimulations négatives, que pas
de stimulation du tout (mieux vaut une colère du chef que d’être ignoré).
Cependant, le signe de reconnaissance le plus satisfaisant, le plus efficace est le
signe conditionnel positif "Vous êtes beau quand vous souriez".

5. Économie des signes de reconnaissance


Désigné aussi par système de circulation (ou d'échange) des signes de
reconnaissance, l'économie des signes de reconnaissance requiert la capacité de
savoir les donner, savoir les recevoir, savoir les demander, savoir les refuser et
savoir se les donner à soi-même. Ces capacités sont variables d'une personne à
une autre. Une personne peut :
En ce qui concerne les systèmes de circulation (d'échange) des signes de
reconnaissance, l'idéal serait que chacun puisse librement :
- donner des signes de reconnaissance aux autres : « Cette coiffure te va très
bien. »
- demander des signes de reconnaissance : « Tu le trouves bon, mon dessert ? »
- recevoir des signes de reconnaissance : « Ton compliment me touche
beaucoup. »
- refuser des signes de reconnaissance: « Je ne vous permets pas de me dire que
je suis un bon à rien. »
- se donner à soi-même des signes de reconnaissance : « J'ai bien éduqué mes
enfants. »

Remarque :
- Un signe de reconnaissance conditionnel qui serait toujours négatif devient un
signe inconditionnel négatif : « Vous faites toujours mal votre travail » sous-
entend : « Vous êtes nul. »
- Les signes de reconnaissance positifs sont utiles pour ancrer et développer la
confiance en soi. Ils sont source de plaisir, d'enthousiasme, de motivation, de
vie. Quand nous aimons et quand nous nous sentons aimés, nous sommes en
contact avec toute notre énergie et nos ressources.
- Les signes de reconnaissance conditionnels négatifs aussi sont indispensables,
car se sont des critiques constructives pour notre croissance personnelle. Ils
permettent de ne pas être dans la grandiosité, la suffisance ou l’autosatisfaction.
Ils nous fournissent donc des informations à partir desquelles nous pouvons
progresser.

II : LES POSITIONS DE VIE


Selon l’analyse transactionnelle, un individu développe très tôt dans la vie
une position émotionnelle de base (position existentielle ou position de vie), qui
est le résultat combiné des différentes simulations qu’il a reçues et de ce qu’il a
dû faire pour les recevoir.
Cette position, résultant des expériences de l’enfance, définit la façon dont la
personne administrera son économie de stimulation, la façon dont elle les
recherche, les types de stimulation qu’elle donne et la façon dont elle les donne.
Cette position de vie influencera donc profondément la façon dont un individu
entre en relation avec les autres.
1. Définition et origines
Pour Berne, la position de vie est la manière fondamentale et constante à
partir de laquelle une personne se situe face à elle-même et face aux autres.
Autrement dit, c’est la perception de la valeur relative que nous nous accordons
et que nous accordons à l'autre.
La position de vie est donc une représentation positive ou négative que l’on
se fait de ses propres potentialités ou celles des autres. C’est donc une position
de valorisation ou de dévalorisation de ses propres capacités ou celles des autres.
Elle catégorise les croyances à propos de nos relations aux autres ainsi que
les quatre attitudes mentales (coopération, domination, soumission et démission)
qui en découlent et donnent une description des comportements observables
correspondant à ces catégories.
La position de vie est déterminée dans l'enfance en réaction aux messages
inhibiteurs ou permissifs des parents, et à partir du sens que l'enfant donne à ses
expériences et aux conclusions qu'il en tire sur sa propre valeur et sur celle des
autres et du monde.
La position de vie (ou position existentielle) se découle donc du scénario de
vie.
2. Les différentes positions de vie
Il est possible de distinguer quatre positions de vie principales, c’est à dire
quatre façons de voir les relations entre soi-même et autrui.
2.1. Positions de vie OK+ OK+ ou JE+ TU+
Dans cette position, la personne prend conscience de ses propres
responsabilités, agit de façon réaliste et constructive. Elle a confiance en ses
propres capacités et celles des autres. Elle vit des sentiments d'amitié, d'unité, de
force, d'accord avec elle-même et avec les autres. Le sentiment associé est la
joie.
Je m'accepte sans méconnaissances et j'estime qu'avec l'autre, je peux avoir
des rapports constructifs. Je me valorise et je valorise l'autre. Devant un
problème je cherche une solution, une synergie, une coopération.
Ex : «on fait un point et on se répartit les tâches" ... "allons-y ensemble"
Les événements sont gérés avec une attitude de gagnant. C’est la position la plus
constructive, la plus saine, une position de parfaite parité avec l'autre, de
coopération.
Cette position permet à l’Adulte de prendre le contrôle de la personnalité.
Dans l’entreprise, elle donne le type de manager résolutif, qui ne se laisse pas
dominer par ses sentiments et qui écoute les sentiments des autres.
2.2. Positions de vie Ok+ OK- ou JE+ TU-
C'est la position qui peut aller du mépris à l'arrogance en passant par une
haute opinion de soi. Les sentiments associés sont le mépris et la pitié, la colère.
C’est une position d'expansion et de domination. La personne s'identifie à ce qui
est grandiose et glorieux. Elle est d'une susceptibilité excessive à la critique, elle
est agressive et batailleuse. Elle ne peut supporter d'être sans aucune valeur, en
faute, ou encore sans défense. Elle manque de considération pour les autres, les
dévalorise ou ne leur fait pas confiance. Autrement dit, je m'accepte comme je
suis et je n'accepte pas l'autre comme il est ; je me survalorise et je dévalorise
l'autre.
Une personne qui est dans cette position se montre extrêmement méfiante,
négative et même haineuse à l’égard des autres; elle se sent au-dessus des
critiques, mais ne se prive pas de remettre les autres en place.
Devant un problème, je cherche un coupable et le coupable c'est l'autre. Je
l'attaque, c'est ta faute; je le chasse ou je l'élimine.
Ex : "laisse donc, je vais finir ce projet, tu n'y arriveras pas " ... "vas-t'en"
Cette position de supériorité facilite la prise de contrôle de la personnalité
par le Parent Critique négatif (Parent Persécuteur) et le Parent nourricier négatif
(Parent Sauveur) et conduit ainsi à adopter un rôle de Persécuteur ou de Sauveur
dans les jeux psychologiques.
Dans l’entreprise, elle donne le type de manager autoritaire, perfectionniste,
contrôleur et prompt à la réprimande.
2.3. Positions de vie OK- OK+ ou JE- TU+
C'est une position de déprime, de sous valorisation, de peu d'estime de soi.
Les sentiments associés sont la peur et la tristesse. La personne cherche avant
tout à être aimée par les autres. Elle se soumet aux autres et dépend d'eux. Elle
cultive et exagère son sentiment d'impuissance et sa souffrance et se présente en
victime. Elle se sent coupable, inférieure, incompétent et méprisable. Je me
dévalorise et je survalorise l'autre. Devant un problème, je cherche un coupable,
et le coupable, c'est moi. Je prends la fuite, c'est ma faute.
Ex : "j’adorerais faire ce projet mais t'as certainement plus de compétences que
moi" ... "je m'en vais"
Cette position amène la personne à se comporter en Enfant Adapté et à
rechercher un Parent à qui elle puisse faire confiance.
Dans les jeux psychologiques, cette position d'infériorité conduit à adopter
un rôle de Victime (Rebelle ou Soumise).
Dans l’entreprise, elle donne le type de manager timide, passif, peu
imaginatif, routinier et dépendant.
2.4. Positions de vie OK- OK- ou JE- TU-
C'est une position de passivité, d'abandon et de résignation. Souvent en
retrait et désintéressée, elle est complaisante à l'égard de ses propres faiblesses,
elle remet ses obligations au lendemain ou bien les oublie.
Cette personne préfère ne rien demander plutôt que d'essuyer un refus. Le
sentiment associé est la peur. Elle évite les inconvénients de son hypersensibilité
en ne s'engageant jamais, elle est improductive, destructrice et autodestructrice.
Je ne suis peut-être pas terrible, mais les autres c'est pas mieux. Il n'y a rien que
l'on puisse faire. Devant un problème je cherche un coupable, et c'est tout le
monde, c'est notre faute.
Une personne qui est dans cette position est méfiante à l’égard des autres
sans être confiante en elle-même.
EX : "je ne réussirais jamais ce projet et on ne peut pas vraiment dire que tu as
fait le bon choix en me le confiant" … "à quoi bon"
Elle a une vue pessimiste de la vie et fuit les problèmes et les contacts sociaux.
Dans l’entreprise, elle ne donne pas des managers, mais des subordonnés avec
lesquels le manager aura besoin de beaucoup de sensibilité, de compréhension et
de patience pour pouvoir établir un climat de confiance.
Remarque :
La plupart des gens ne sont pas fixés dans une seule position mais ont une
position dominante qu’ils quittent en fonction des situations et des personnes
concernées. De même, cette position évolue en fonction du temps.
Par exemple, un employé de bureau pourra, au travail, se situer dans, une
position OK- OK+, s’estimant peu compétent alors qu’il admire son patron
auquel il se soumet. En revanche, en rentrant chez lui, il pourra avoir un
comportement tyrannique avec sa femme et ses enfants en leur dictant ce qu’ils
doivent faire (OK+ 0K-). Lorsqu’il est avec ses amis, il peut également se situer
dans des rapports d’amitié et d’égalité (OK+ OK+). Enfin, s’il se situe sur un
plan de réflexion générale il peut se considérer comme un raté dans une société
pourrie (OK- OK -).

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