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L e s m a l a d i e s a u t o - i m m u n e s

L ORSQU’UN PATIENT CONSULTE pour


une polyarthralgie, il est impor-
tant de reconnaître que ce sont l’anam-
Les polyarthralgies
nèse et l’examen clinique qui dicte-
ront avant tout notre conduite. Si l’on
analyses de laboratoire et imagerie
soupçonne la présence d’une maladie par Martin Blaquière
auto-immune, une investigation mi-
nimale devrait permettre de déceler ■ Jean-Pierre, 47 ans, vous consulte à votre cabinet pour des
l’atteinte d’organes cibles. D’autre part, arthralgies affectant parfois un orteil, parfois un poignet,
toute investigation plus approfondie qui migrent çà et là.
devrait avoir pour objectif de préciser ■ Lucie, 35 ans, présente des arthralgies qui ont débuté aux
le diagnostic afin d’orienter le traite- deux mains, puis ont atteint les deux pieds et s’étendent
ment. Des analyses effectuées sans maintenant parfois jusqu’aux coudes ou aux genoux.
discernement auront pour seul effet
d’engendrer de la confusion en don- ■ Julie, 18 ans, se plaint de douleurs au bas du dos associées
nant des résultats parfois anormaux, à une raideur matinale et à des douleurs intermittentes aux
mais sans aucune signification cli- épaules.
nique. Le meilleur exemple est la dé- Quels tests sanguins faut-il demander ? L’imagerie peut-elle
couverte fortuite d’un titre d’anti- vous aider ?
corps antinucléaires (ANA) élevé chez
une femme qui présente des symp- augmente avec l’âge en ce qui a trait à difficiles à évaluer cliniquement, et ce,
tômes de fatigue et de douleurs non
spécifiques. On se retrouve alors soit
la vitesse de sédimentation des éry-
throcytes, au taux d’acide urique, aux
dans un contexte de présomption de
maladie multisystémique seulement. 47
devant une patiente anxieuse atten- titres d’ANA et de facteur rhumatoïde Un hémogramme, un bilan hépa-
dant de consulter un spécialiste, soit ainsi qu’aux résultats de l’imagerie, des tique, un dosage de la créatinine et
devant une patiente convaincue de analyses couramment demandées1. une analyse d’urine suffiront dans
souffrir d’une maladie auto-immune, un premier temps. Le bilan hépatique
et il sera souvent difficile de la con- Investigation permettra d’exclure la possibilité
vaincre du contraire. sur les polyarthralgies : d’une hépatite associée à des arthral-
L’American College of Rheumato- épreuves de laboratoire gies secondaires. De plus, il est certai-
logy1 publiait en 1996 un algorithme nement utile de connaître la fonction
pour l’évaluation initiale du patient Bilan diagnostique hépatique de base d’un patient qui
souffrant de polyarthralgie (figure 1). de l’atteinte systémique pourrait être soumis à des médica-
Quand la cause des douleurs ne peut Lorsqu’un patient consulte pour une ments hépatotoxiques. Une collecte
être précisée à l’évaluation initiale, le polyarthralgie, le bilan de l’atteinte sys- des urines de 24 heures pour recher-
traitement des symptômes et un suivi témique devrait se restreindre à quel- cher une protéinurie complètera l’ana-
approprié seront plus efficaces qu’une ques analyses visant les systèmes plus lyse d’urine si les résultats montrent
panoplie de tests de laboratoire et de
radiologie. Signalons notamment que Quand la cause des douleurs ne peut être précisée à l’évaluation initiale, le traite-
la fréquence des résultats anormaux ment des symptômes et un suivi approprié seront plus efficaces qu’une panoplie
de tests de laboratoire et de radiologie.
Le Dr Martin Blaquière, interniste spé- Lorsqu’un patient consulte pour polyarthralgie, le bilan de l’atteinte systémique
cialisé en immunologie clinique et en devrait se restreindre à quelques analyses visant les systèmes plus difficiles à
allergologie, est chargé d’enseignement évaluer cliniquement, et ce, dans un contexte de présomption de maladie multi-
clinique et exerce au Centre hospitalier systémique seulement.
de l’Université de Montréal, Hôpital
Saint-Luc. Repères
Le Médecin du Québec, volume 36, numéro 11, novembre 2001
Figure 1
L’évaluation initiale du patient souffrant de polyarthralgie

Polyarthralgie

Anamnèse complète
et examen clinique

(-) (+)
Fibromyalgie ou
Synovites ? Points douloureux ? multiples bursites ou tendinites

(+)

Symptômes (-)
Arthralgie virale
de plus de six semaines Ostéoarthrite
Maladie des tissus mous
(+) (-) Hypothyroïdie

48 Maladie Arthrite virale ou


Douleur neurogène
Trouble du métabolisme osseux
rhumatismale maladie rhumatismale Dépression
systémique systémique précoce

Suivi à intervalles réguliers

Vérifiez : Vérifiez : Envisagez :


Hémogramme, Hémogramme Bilan de la fonction hépatique
VS, FR et (ou) ANA ; Bilan de la fonction hépatique Sérodiagnostic de l’hépatite B et C
créatininémie, analyse d’urine, Radiographies
analyse du liquide synovial Envisagez : TSH
Sérodiagnostic Phosphatasémie alcaline
de l’hépatite B et C Calcémie
Sérodiagnostic du parvovirus Albuminémie

Source : American College of Rheumatology ad hoc committee on clinical guidelines. Guidelines for the initial evaluation of the adult patient with acute
musculoskeletal symptoms. Arthr Rheum janvier 1996 ; 39 (1) : 5, tableau 2. Traduit avec la permission de John Wiley & Sons. Tous droits réservés.

des anomalies. Si les symptômes s’ac- Bilan spécifique des polyarthralgies fébrile2. Elle ne permettra pas de con-
compagnent de faiblesse et de douleurs L’analyse du liquide synovial est firmer une arthrite auto-immune,
musculaires, un dosage de la créatine indiquée pour toute monoarthrite ou mais précisera s’il s’agit d’une arthrite
kinase permettra de vérifier si une in- oligoarthrite aiguë ou grave, mais aussi microcristalline ou infectieuse. Une
flammation musculaire est présente. pour les polyarthrites chez un patient multitude d’analyses peuvent être ef-
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formation continue

fectuées sur le liquide synovial, mais


seules la formule leucocytaire ainsi
Tableau I
que la recherche et la culture de cris- Arthralgies et indications de l’analyse du liquide synovial
taux ont une valeur clinique reconnue.
Un nombre de leucocytes inférieur à ■ Monoarthrite ou oligoarthrite aiguë ou grave
2000/mm3 évoque une maladie non ■ Polyarthrite chez un patient fébrile
inflammatoire, tandis qu’un nombre
supérieur à 100 000/mm3 est jusqu’à Bilan des analyses
preuve du contraire dû à une infec- Leucocytes  2000/mm3 Non inflammatoire
tion. Entre 50 000 et 100 000/mm3, il 2000 à 50 000 Inflammatoire, non infectieuse
y a une zone grise (tableau I). Une
50 000 à 100 000 Surtout infectieuse si neutrophilie  95 %
neutrophilie relative de plus de 95 %
évoquera alors fortement un proces-  100 000 Infectieuse
sus infectieux. Il est de rigueur de pro-
céder à une culture lorsque les don- Tableau II
nées de l’anamnèse cadrent avec une
arthrite septique, lorsque le liquide Problèmes médicaux influant sur la vitesse
synovial est très turbide ou lorsque de sédimentation des érythrocytes
la numération leucocytaire est très
Augmentent Diminuent
élevée. Après le comptage cellulaire
au microscope, tous les liquides de- Anémie Polycythémie
vraient être analysés à l’état frais sous
une lumière polarisée afin de déceler
Hypercholestérolémie
Grossesse
Leucocytose
Hémoglobinopathies
49
des cristaux. Les cristaux d’urate, en
forme d’aiguille, sont fortement biré- Maladies inflammatoires Sels biliaires
fringents. Les cristaux de pyrophos- Défaillance cardiaque
phate de calcium, plus rhomboïdes, Cachexie
ne sont que légèrement biréfringents.
La concentration sérique d’acide diamètre de 2,5 mm. Après une heure, mations de valeurs normales déri-
urique n’est d’aucune utilité dans le la distance entre le ménisque et le des- vées d’une étude effectuée auprès de
diagnostic de l’arthrite goutteuse. Lors sus du culot de globules rouges est 30 000 adultes en bonne santé3.
d’une crise aiguë, la concentration sé- mesurée et correspond à la VS. Plu- La mesure de la VS est rarement un
rique peut être basse, mais l’analyse sieurs facteurs techniques peuvent in- test diagnostique, sauf dans le cas de
du liquide synovial confirmera le fluer sur la VS, dont la température l’artérite temporale, où le résultat est
diagnostic. Le dosage de l’acide urique ambiante, un retard d’exécution, la presque toujours élevé. Pour ce qui est
prend toute son importance dans le longueur du tube ou un tube qui ne des syndromes douloureux, une VS
suivi et le traitement du patient gout- serait pas parfaitement vertical. Le élevée vient renforcer la possibilité
teux et hyperuricémique qui entre- tableau II résume les problèmes médi- d’une maladie inflammatoire, mais
prend une thérapie hypo-uricémiante. caux pouvant affecter la VS. La mesure elle ne remplace pas un examen arti-
La mesure de la vitesse de sédi- de la VS étant l’une de ces épreuves de culaire rigoureux4.
mentation (VS) des érythrocytes est laboratoire influencées par l’âge et le La VS permet souvent de suivre
un test ancien, datant du début du sexe, des formules ont été élaborées l’activité d’une maladie inflamma-
siècle. Pour mesurer la VS selon la mé- pour permettre d’en estimer la valeur toire. Cependant, si elle était élevée
thode de Westergren, on dilue le sang normale chez des personnes en bonne lors du diagnostic, elle ne revient que
anticoagulé dans une proportion de santé. Chez l’homme, l’âge divisé par rarement à la normale avec le traite-
quatre pour un et on le dépose dans deux, et chez la femme, l’âge plus 10 ment et il ne faudrait pas avoir comme
un tube de verre de 200 mm ayant un ensuite divisé par deux sont des esti- objectif la normalisation complète de
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tertiaires pour arthralgie ou arthrite
Tableau III Tableau IV est fortement évocatrice d’une mala-
Maladies autres que la PAR Maladies associées die rhumatismale, il en va tout autre-
dans lesquelles on trouve à la présence d’anticorps ment lorsqu’on le trouve en première
le facteur rhumatoïde antinucléaires (ANA) ligne chez un patient dont la proba-
bilité de maladie inflammatoire est
■ Lupus érythémateux disséminé ■ Lupus érythémateux disséminé déjà faible (peu de signes et symp-
■ Maladie de Sjögren ■ Lupus médicamenteux tômes évocateurs à l’anamnèse et à
■ Maladie hépatique chronique ■ Connectivite mixte
l’examen physique).
(mixed connective tissue disease) Malgré ses limites, le dosage du fac-
■ Cryoglobulinémie teur rhumatoïde n’est pas sans intérêt.
■ Sclérodermie
■ Syndrome lymphoprolifératif Chez un patient présentant des cri-
■ Sarcoïdose ■ Hépatite auto-immune tères cliniques de PAR, des taux élevés
■ Maladie de Sjögren de FR peuvent laisser envisager une
■ Fibrose pulmonaire interstitielle
maladie plus grave (atteinte extra-
Mononucléose infectieuse ■ Dermatomyosite/polymyosite
■ articulaire, nodules rhumatoïdes et
■ Tuberculose maladie plus débilitante) et amener
tion et de son coût prohibitif, on ne le médecin à recourir plus rapide-
■ Syphilis
peut prescrire ce test aussi systémati- ment à des agents thérapeutiques de
■ Endocardite bactérienne subaiguë quement que la mesure de la VS. deuxième intention. La littérature est
Dans le suivi d’une maladie inflam- muette sur le dosage qui constitue un

50 la VS. Encore une fois, il faut plutôt se


fier à l’examen clinique pour ajuster
matoire, le dosage de la PCR n’ajoute
aucune information pertinente. Mais
titre élevé de FR. Aussi, chez un pa-
tient présentant une arthrite palin-
le traitement. Si son utilité a été dé- il sera indiqué en présence de symp- dromique avec atteinte surtout des
montrée pour le suivi de l’artérite tômes aigus qui pourraient être in- poignets et des articulations interpha-
temporale et celui de l’arthrite rhu- flammatoires même si la VS est nor- langiennes proximales (IPP), la pré-
matoïde, la mesure de la VS contribue male afin d’appuyer le diagnostic, à sence de FR est fortement évocatrice
peu au suivi des patients souffrant de supposer que la maladie soit dans une d’une PAR ou d’une autre connecti-
lupus et de spondylarthropathies. phase précoce et que la VS n’ait pas vite en voie d’apparition5.
La protéine C réactive (PCR) est encore eu le temps de s’élever. Les anticorps antinucléaires (ANA)
un marqueur d’inflammation produit Le facteur rhumatoïde (FR) n’a de regroupent un ensemble d’anticorps
par le foie. La PCR répond plus rapi- rhumatoïde que le nom. Le facteur en dirigés contre différents antigènes pré-
dement à un stimulus inflammatoire question est une immunoglobuline, sents dans les noyaux cellulaires. Pour
que la VS, et son dosage constitue souvent une IgM dirigée contre la ré- mettre les ANA en évidence, on dépose
donc un test plus sensible pour confir- gion constante (Fc) des IgG. Si elle se quelques gouttes du sérum dilué du
mer un état inflammatoire lors d’une trouve chez les patients souffrant de patient sur un lame où sont fixées des
poussée aiguë. Il permet d’objectiver polyarthrite rhumatoïde (PAR), elle cellules humaines de culture (Hep-2).
plus rapidement un état inflamma- peut aussi être présente dans de mul- Les maladies fréquemment associées
toire chez un patient qui présenterait tiples maladies (tableau III). Si la pré- à la présence d’ANA sont résumées au
une arthrite d’apparition récente. Ce- sence d’un facteur rhumatoïde chez tableau IV. Les patrons d’immuno-
pendant, à cause du temps d’exécu- un patient adressé à un centre de soins fluorescence des ANA sont encore dé-
finis, mais la valeur de l’interprétation
Pour ce qui est des syndromes douloureux, une vitesse de sédimentation élevée dépend de l’habileté de celui qui fait
viendra renforcer la possibilité d’une maladie inflammatoire, mais elle ne rem- la lecture de la lame. Par la suite, s’il y
place pas un examen articulaire rigoureux. a présence d’ANA, les anticorps anti-
nucléaires extractibles (ENA) peuvent
Repère être identifiés par des tests plus spéci-
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formation continue

fiques. Les ensembles commerciaux


couramment utilisés permettent le
Tableau V
dosage des anti-Smith, anti-Ro, anti- Les anticorps antinucléaires extractibles
La, anti-RNP. Sont aussi disponibles et les maladies rhumatismales
les dosages des anti-ADN double brin
et des anti-Jo. Pour chaque anticorps Antigène Maladies
identifié, nous pouvons associer une Sm Lupus érythémateux (spécifique, mais peu sensible)
ou plusieurs maladies auto-immunes
(tableau V). Ro (SS-A) Maladie de Sjögren, lupus érythémateux
Comme pour les autres analyses de La (SS-B) Maladie de Sjögren, lupus érythémateux
laboratoire effectuées pour rechercher
une maladie auto-immune, ces tests RNP Connectivite mixte, lupus érythémateux
sont peu utiles si la probabilité prétest ADN double brin Lupus érythémateux (spécifique, mais peu sensible)
est faible. Un titre d’ANA de 1/80 se
retrouve chez 10 à 20 % de la popula- Jo Dermatomyosite/polymyosite (pronostic plus sombre)
tion selon l’âge et le sexe. Et pourtant, Scl70 (topoisomérase I) Sclérodermie diffuse
c’est souvent le seuil de positivité sug-
géré par plusieurs laboratoires. Donc, Centromère Sclérodermie (CREST)
même si un titrage d’ANA positif est
un critère de lupus érythémateux dis- tic de maladie inflammatoire, mais toplasme des polynucléaires neutro-
séminé, il ne sert à rien d’en faire la cette étude montre qu’un fort pour- philes (ANCA) et des anticorps anti-
recherche si l’on n’a pas relevé les
autres critères cliniques à l’anamnèse
centage de patients, même avec un
titre d’ANA très élevé, n’ont pas de
phospholipides, le sérodiagnostic de
la maladie de Lyme ou du parvovirus, 51
et à l’examen. La recherche d’ENA maladie auto-immune. l’identification du HLA-B27 devraient
devrait probablement être laissée à Les maladies auto-immunes systé- être faits seulement si le soupçon cli-
l’appréciation du médecin spécialiste. miques peuvent entraîner la formation nique est très important. Ces analyses
Les laboratoires n’effectuent ce test de complexes immuns pathologiques ne devraient jamais être demandées
systématiquement que si le résultat qu’on pourra objectiver indirectement systématiquement.
du titrage des ANA est positif. Mais par la chute du titre des facteurs du
un titre très élevé d’ANA serait-il complément. Ce phénomène se re- Investigation sur les
plus spécifique d’une maladie auto- trouve le plus souvent dans les cas de polyarthralgies : imagerie
immune ? Une étude récente s’est pen- lupus, de glomérulonéphrite lupique,
chée sur cette question6. Une revue de vasculite rhumatoïde et de cryo- L’imagerie peut être utile pour l’ex-
des dossiers de 320 patients d’une globulinémie mixte essentielle. Chez ploration paraclinique d’une polyar-
même région ayant un titre d’ANA de certains patients, les variations de C3 thralgie ou d’une polyarthrite, mais il
quatre dilutions de plus que la nor- et C4 (le C4 serait plus sensible) sem- faut s’en servir judicieusement. Chez
male a été faite par un groupe d’Ed- blent suivre l’activité de la maladie. des patients présentant des symp-
monton. Soixante-quinze pour cent Cependant, l’analyse du titre de C3 et tômes récents de PAR, de lupus, de
des patients avaient été évalués par un de C4 n’est d’aucune utilité pour le goutte ou de lombalgie mécanique, la
rhumatologue, et il a été établi qu’au diagnostic de ces maladies. majorité des radiographies simples ne
moment du test, 35 % des patients La recherche des anticorps anticy- seront d’aucune utilité, puisqu’elles ne
avaient un diagnostic de connectivite,
et 21 %, un diagnostic possible ou Chez des patients présentant des symptômes récents de PAR, de lupus, de goutte
probable de maladie inflammatoire. ou de lombalgie mécanique, la majorité des radiographies simples ne seront d’au-
Bien sûr, il faudra assurer un suivi cune utilité, puisqu’elles ne montreront aucune anomalie.
pour connaître l’évolution de l’état des
patients qui n’avaient pas de diagnos- Repère
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montreront aucune anomalie. Une rer l’examen approprié dans de telles
synovite rhumatoïde doit évoluer circonstances.
Summary
pendant près de six mois avant qu’ap- Dans un contexte de polyarthral-
paraissent des érosions à la radiogra- gie, l’imagerie osseuse en médecine Polyarthralgia, laboratory tests and
phie simple. Des études en imagerie nucléaire est à l’ensemble des tech- imaging. When evaluating a patient
par résonance magnétique ont mon- niques d’imagerie l’équivalent de la with polyarthralgia or polyarthritis,
tré la présence d’érosions beaucoup mesure de la VS au laboratoire : un we too often prescribe a laboratory
plus tôt, mais ces résultats restent du test relativement simple qui donne and imaging investigation without
domaine de la recherche7. De plus, la une vue d’ensemble de l’état inflam- reason. The diagnosis should be based
découverte d’une anomalie à la ra- matoire. Rarement diagnostique, elle on the medical history and the physi-
diographie n’est pas garante d’un peut aider à objectiver la nature in- cal exam. A limited number of blood
tests should help to evaluate any sys-
diagnostic. Même si la radiographie flammatoire des symptômes doulou-
temic involvement and to clarify the
montre une ostéoarthrite, la douleur reux quand l’examen physique nous diagnosis. It is important to acknowl-
rhumatismale pourrait être due à une laisse dans le doute. Elle devient par- edge the limits of the tests prescribed.
crise de goutte, à une tendinite ou à ticulièrement utile pour faire le diag- Inflammation markers, like ESR and
une capsulite, ou plus bêtement à une nostic d’ostéomyélite, de fractures CRP, rarely give information that
douleur irradiée. Là encore, l’anam- occultes vues à la radiographie ou de can help to confirm the diagnosis.
nèse et l’examen clinique prennent métastases osseuses qui pourraient The autoantibodies (RF, ANA, ENA
toute leur importance. ressembler à des polyarthralgies. and other specific antibodies) are very
Chez les patients présentant des useful in confirming a diagnosis, but
symptômes de polyarthralgie ou de they lack any positive predictive value
polyarthrite chronique, les images ra- L N’Y A PAS DE CHEMIN FACILE pour when they are used in a non-specific

52 diologiques simples des extrémités ou


des articulations plus proximales at-
I préciser le diagnostic d’une poly-
arthralgie ou d’une polyarthrite. Mal-
manner. In the same way, the imag-
ing approaches should always be
used according to the findings of the
teintes pourraient mettre en évidence gré tous les prélèvements sanguins et questionnaire and the physical exam.
des changements caractéristiques des toutes les images radiologiques, sou-
différentes maladies rhumatismales. vent seuls le temps et un nouvel exa- Key words: polyarthralgia, polyarthritis,
Des érosions, une diminution de l’es- men clinique nous apporteront la investigation.

pace interarticulaire et une ostéopénie réponse. Il importe surtout de recon-


périarticulaire des petites articulations naître la gravité de la maladie et de
des extrémités évoqueront une PAR. savoir si des facteurs aggravants ou matic Diseases. 10e éd. Atlanta : Arthritis
La chondrocalcinose des poignets ou déclenchants sont présents ou non Foundation, 1993 : 67-72.
des genoux orientera vers un diag- afin d’orienter le traitement en 3. Miller A, Green M, Robinson D. Simple
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modensitométrie et l’imagerie par ré- tion paraclinique. 515-23.
sonance magnétique dans l’explora- 5. Gonzalez-Lopez L, et al. Prognostic factors
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thritis and other connective tissue diseases
techniques font de superbes images du 1. American College of Rheumatology ad in patient with palindromic rheumatism.
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Le Médecin du Québec, volume 36, numéro 11, novembre 2001

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