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Plan de dissertation

Dans La Critique de L’Ecole des femmes, Lysidas adresse à Uranie cette critique au sujet de L’Ecole des femmes : « Ceux qui
possèdent Aristote et Horace voient d’abord, madame, que cette comédie pèche contre toutes les règles de l’art »
Le point de vue de Lysidas vous paraît-il conforme à la lecture que vous avez faite de la pièce ?

I/ Certes, on peut penser comme Lysidas que L’Ecole des femmes ne respecte pas certaines règles du théâtre classique →
Lysidas défend une application stricte des règles du théâtre qui doivent respecter les préceptes d’Aristote et d’Horace
1. Tout d’abord, la pièce heurte la bienséance
Scène de « le »
Le sermon et les maximes du mariage
Gêne du spectateur lors de la scène 5 de l’acte IV (quand Arnolphe supplie Agnès) → mise en scène de Jacques Lassalle
Grivoiseries : « La femme est le potage de l’homme », les enfants par l’oreille.
3. De plus, la pièce manque d’action
Etymologie de « drame » = agir / Or peu d’actions, au sens premier du terme, sont représentées sur scène car nombreux récits : la
lettre d’Agnès (III, 4), la rencontre entre Horace et Agnès (II,5)...
Certaines scènes de farce sont inutiles car ne font pas avancer l’action : (II, 3), (IV, 4)...
2.Enfin, la vraisemblance peut être discutée
Le caractère d’Arnolphe manque d’unité : à la fois honnête homme (quand il rend service à Horace) et ridicule et méchant homme
Quiproquo qui dure toute la pièce
Coïncidence finale

II/ Cependant, Molière (par le biais de Dorante et Uranie dans La Critique de L’Ecole des femmes) affirme que sa pièce
respecte les règles du théâtre → Il défend une conception plus souple des règles, qui doivent s’effacer devant le sujet traité
1. D’abord, Molière se montre attentif à la vraisemblance
Arnolphe : caractère d’un personnage complexe, à la fois tragique et comique, à l’image de la nature humaine, complexe elle aussi.
Le dénouement, qui fait intervenir le deus ex machina (coïncidence extérieure), a été préparé dès la scène 2 de l’acte I (acte
d’exposition) pour ne pas paraître invraisemblable.
2. De plus, il défend une vision plus souple de l’unité d’action
Chaque récit d’Horace ou d’Agnès entraîne une réaction d’Arnolphe → Donc les récits sont des péripéties qui relancent l’action.
Les scènes « inutiles » pour l’action au sens strict peuvent avoir une autre utilité : la scène avec le notaire sert à montrer à quel
point Arnolphe est troublé, la scène dans laquelle Alain et Georgette discutent de la jalousie masculine sert à faire réfléchir sur le
sujet de la pièce, etc.
3. Enfin, il joue avec les limites de la bienséance, qui sont difficiles à cerner et qui varient en fonction des individus et des époques
La scène du « le » : Certes, Molière nous manipule en nous guidant vers un sens grivois, mais il n’écrit littéralement que le mot
« ruban » derrière ce fameux « le ».
Les maximes du mariage : elles sont au nombre de 11 mais la dernière n’est pas lue par Agnès : Molière joue sur l’ambiguïté.
Les réactions des personnages de La Critique de L’Ecole des femmes sont diverses, à l’image du public de l’époque : certains ont
été choqués, d’autre pas.

III/ Finalement, l’important est qu’une pièce plaise au public → Le respect des règles ne doit viser que ce but
1. Il est nécessaire de respecter les codes pour plaire au public, surtout au XVIIème siècle, siècle du classicisme et c’est bien le but
recherché par Molière
Il cherche à ennoblir la comédie pour séduire un public lettré : 5 actes et alexandrins comme dans la tragédie, parties équilibrées
(exposition, nœud, péripéties, dénouement)
Le dénouement heureux est tout à fait conforme aux règles du genre et ressemble à celui de nombreuses autres comédies
La comédie a bien une visée morale qui est de châtier les vices : à la fin Arnolphe prend une leçon sur son comportement (formulée
par Chrysalde) et c’est le mariage consenti qui triomphe.
2. Néanmoins, il faut savoir assouplir les codes pour innover, ce que fait Molière
Il mélange le comique et le tragique dans L’Ecole des femmes : exemple du personnage d’Arnolphe qui suscite des sentiments
mêlés : il peut faire rire par son ridicule mais aussi inspirer la crainte, et même la pitié (quand il exprime son dépit amoureux)
De même, la scène du « le », qui a tant choqué, suscite à la fois le rire (par l’ingénuité d’Agnès) et la crainte (Arnolphe s’immisce
dans l’intimité d’Agnès) : Molière prend le risque d’aborder un sujet tabou, ce qui met forcément en péril les bienséances.
3. Ainsi, si L’Ecole des femmes a suscité une si vive querelle, c’est peut-être moins parce qu’elle ne respectait pas les règles que
parce qu’elle bousculait les attentes du public
Dénonciation des abus du patriarcat dans L’Ecole des femmes → remise en cause d’un certain ordre social
Dénonciation des hypocrites dans La critique de L’Ecole des femmes : les dévots, les précieuses, les marquis qui vont au théâtre
seulement pour se montrer.
Justesse du caractère d’Arnolphe : « Il faut peindre d’après nature » (Dorante) → Certains hommes se reconnaissent dans le
personnage, c’est donc que Molière a visé juste par son talent d’observateur de ses contemporains (et de lui-même).

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