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Cours de Biochimie des colorants

Cours de Biochimie des colorants

Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)


L3S6

Dr COULIBALY Y. Ahmed

Université Norbert Zongo

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Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)-UNZ
Cours de Biochimie des colorants

Chapitre I : Généralités sur les Colorants

I. Introduction

Depuis les temps anciens, les colorants ont été utilisés dans pratiquement toutes les sphères de
la vie quotidienne pour la peinture, la teinture du papier, de la peau et des vêtements, etc.
Jusqu’à la moitié du 19ème siècle, les colorants appliqués étaient d’origine naturelle
comprenant des pigments inorganiques tels que l’oxyde du manganèse, de l’hématite de
l’encre, des plantes telles que l’alizarine et l’indigo

L’industrie des colorants synthétiques est née en 1856 quand le chimiste anglais William
Henry Perkin, dans une tentative de synthèse de la quinine artificielle pour soigner la malaria,
a obtenu la première matière colorante synthétique qu’il appela « mauve » (aniline, colorant
basique). Perkin brevète son invention et installe une chaîne de production bientôt suivie par
d’autres. De nouveaux colorants synthétiques commencent à paraître sur le marché. Ce
processus a été stimulé par la découverte de la structure moléculaire du benzène (noyau de
base des molécules à propriété colorante) en 1865 par Kekulé. En conséquence, au début du
20ème siècle, les colorants synthétiques ont presque complètement supplantés les colorants
naturels.

Un colorant doit posséder outre sa couleur propre, la propriété de teindre. Cette propriété,
résultante d’une affinité particulière entre le colorant et la fibre, est à l’origine des principales
difficultés rencontrées lors des traitements. En effet, selon le type d’application et
d’utilisation, les colorants synthétiques doivent répondre à certain nombre de critères afin de
prolonger la durée de vie des produits textiles sur lesquels ils sont appliqués : résistance à
l’abrasion, à la photolyse des couleurs, à l’oxydation chimique (notamment par les détergents)
et aux attaques microbiennes. A la différence des pigments qui sont insolubles dans les
liquides, les colorants (teinture) sont solubles. Les pigments se distinguent des colorants non
seulement par leur degré de résistance à la lumière, mais aussi par d'autres propriétés, telles
que leur pouvoir couvrant, leur transparence et leur intensité. C’est pourquoi les pigments sont
surtout utilisés par les artistes peintres alors que les colorants servent dans des domaines
variés comme l’alimentation, le textile, encre pour le papier…

Les colorants constituant un groupe très varié de composés ayant en commun la propriété de
colorer d'une manière permanente les tissus, cuirs ou papiers. Tous ces colorants sont des
composés aromatiques dont les électrons très délocalisés peuvent absorber la lumière pour
certaines longueurs d'ondes. Les propriétés colorantes des composés organiques dépendent de
leur structure et de leur composition chimique. En général, les produits utilisés comme
colorants sont des composés organiques insaturés et aromatiques.

II. Définition d'un colorant

Un colorant est une matière colorée par elle-même, capable de se fixer sur un support. La
coloration plus ou moins intense des différentes substances est liée à leur constitution
chimique. Les matières colorantes se caractérisent par leur capacité à absorber les
rayonnements lumineux dans le spectre visible (380 à 750 nm). La transformation de la
lumière blanche en lumière colorée par réflexion sur un corps, par transmission ou diffusion,
est le résultat de l'absorption sélective d'énergie par certains groupes d'atomes appelés

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chromophores. Cette absorption de rayonnement se caractérise par des transitions


électroniques entre deux états énergétiques (fondamental et excité) dans la molécule due aux
déplacements des électrons entre orbitales (σ, π, n). La molécule colorante est le chromogène
(l'arrangement complet d'atomes qui donne naissance à la couleur produite). Plus la facilité du
groupe chromophore à donner un électron est grande et plus la couleur sera intense. D'autres
groupes d'atomes du chromogène peuvent intensifier ou changer la couleur due au
chromophore : ce sont les groupes auxochromes. Les chromophores sont des groupes
aromatiques (système), conjugués (liaison), comportant des liaisons non-liantes (électron n)
ou des complexes de métaux de transition. Les colorants diffèrent les uns des autres par des
combinaisons d'orbitales moléculaires. La coloration correspond aux transitions possibles
après absorption du rayonnement lumineux entre ces niveaux d'énergie propres à chaque
molécule. De manière générale, les colorants correspondent en un assemblage de groupes
chromophores, auxochromes et de structures aromatiques conjuguées (cycles benzéniques,
anthracène, perylène, etc). Lorsque le nombre de noyau aromatique augmente, la
conjugaison des doubles liaisons s'accroît et le système conjugué s'élargit ; l'énergie des
liaisons diminue tandis que l'activité des électrons augmente et produit un déplacement vers
les grandes longueurs d'onde. De même lorsqu'un groupe auxochrome donneur d'électrons
(amino, hydroxy, alcoxy) est placé sur un système aromatique conjugué, ce groupe se joint à
la conjugaison du système π, la molécule absorbe dans les grandes longueurs d'onde et donne
des couleurs plus foncées.

Principaux groupes chromophores et auxochromes, classés par intensité croissante

- Groupes chromophores: Azo (-N=N-), Nitroso (-N=O), Carbonyl (=C=O), Vinyl (-CH=CH-
), Nitro (-NO2), Sulphure (>C=S)

- Groupes auxochromes : Amine primaire (-NH2), Amine secondaire (-NHR), Amine tertiaire
(-NR2), Hydroxyl (-OH), Alkoxyl (-OR), Donneurs d électrons (-Cl)

III. Classification des colorants

Les colorants synthétiques sont classés selon leur structure chimique et leur méthode
d’application sur différents substrats (textiles, papier, cuir, matières plastiques, etc.).

III.1. Classification technologique ou (appellation usuelle)

La classification technologique permet à l’utilisateur de connaître le mode d’application du


colorant, et donc ses domaines d’utilisation, ses propriétés (solubilité, affinité pour tel type de
fibres ou matériaux, nature de la fixation). Il est souvent difficile de connaître la composition
chimique des colorants car la confidentialité sur la composition chimique est généralement
préservée. Cette classification comprend trois éléments :

- Le nom générique de la classe d’application ;

- La couleur ;

- Le numéro d’ordre chronologique d’inscription au " colore index "

III.2. Classification technique

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Les colorants utilisés dans l’industrie textile contiennent habituellement des groupes acides
sulfoniques qui leur confèrent une hydrosolubilité appropriée et qui permettent à la molécule
du colorant de se lier ioniquement aux sites chargés du réseau polymérique du tissu. On peut
classer les colorants organiques en deux catégories suivant leur synthèse : colorants naturels et
colorants synthétiques.

III.2.1. Les colorants naturels

Ils sont très répandus, surtout dans les plantes (bois, racines, graines, fleurs et fruits) et même
dans les micro-organismes et le corps des animaux. On les trouve à l’état libre ou liés à des
glucides ou des protéines.

Exemple : garance, cochenille, indigo, pourpre.

Aujourd’hui, l’importance économique des colorants organiques naturels a beaucoup diminué.


Du fait de leur cherté, on ne les utilise dans l’industrie textile, du cuir et du papier que pour
des traitements spéciaux. Ils restent, en revanche très utilisés dans les produits alimentaires,
cosmétiques et pharmaceutiques soumis à des réglementaires plus strictes.

III.2.2. Les colorants synthétiques

Les colorants synthétiques dominent aujourd’hui le marché surtout que leurs propriétés
peuvent être précisément adaptées à leur utilisation. Tous ces colorants sont synthétisés
principalement à partir des produits pétroliers, notamment du benzène et de ses dérivés
(toluène, naphtalène, xylène et anthracène). Ils sont de plus en plus utilisés dans les industries
de coloration et des textiles grâce à leur synthèse assez facile, à leur production rapide et à la
variété de leurs couleurs comparées aux colorants naturels. La dénomination des colorants
commerciaux est loin de présenter la rigueur de celle des composés chimiques parce que,
d'une part ce ne sont généralement pas des produits purs et que, d'autre part, les fabricants
préfèrent très souvent ne pas en divulguer la composition exacte. Cela a conduit, sous une
inspiration poétique, à baptiser les premiers colorants de noms de plantes (mauvéine, fushine,
garance, etc.) puis de noms de minerais (vert malachite, auramine, etc.). Par la suite, ils furent
désignés selon la constitution chimique du composé de base (bleu de méthylène, noir
d'aniline, vert naphtalène, etc.). Actuellement, les fabricants de matières colorantes déposent
des marques protégées qui ne donnent aucune indication sur la structure, mais caractérisent la
nuance et les procédés d'application. Ainsi, chaque colorant est désigné par sa couleur, sa
marque commerciale et un code qui permet d'insister sur une nuance (par exemple : R = red ;
Y = Yelow ou G= green; B = Blue ; 2B = more Blue, etc.) ou une qualité (L = résistant à la
lumière).

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Exemples :Colorants alimentaires (DJA = Dose journalière admise)

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Liste des colorants E100 à E182

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III.3. Classification chimique

Le classement des colorants selon leur structure chimique repose sur la nature du groupe
chromophore.

III.3.1. Les colorants azoïques

Les colorants azoïques sont caractérisés par la présence au sein de la molécule d'un
groupement azoïque (-N=N-) reliant deux noyaux benzéniques. Suivant le nombre de
chromophores «azo» rencontrés dans la molécule, on distingue les mono-azoïques, les di-
azoïques et les polyazoïques. Cette catégorie de colorant est actuellement la plus répandue sur
le plan de l’application, puisqu’ils représentent plus de 50% de la production mondiale de
matières colorantes.

Exemples :

Hélianthine Rouge de méthyle

Rouge Congo

Le rouge Congo, colorant bis-azoïque, a été préparé par Boettiger en 1884. Il représenta un
réel progrès comme colorants pour tissus car il permettait de teindre directement le coton sans
"mordant".

III.3.2. Les colorants quinoniques

Ce sont des dérivés de la p-quinone :

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Exemples

- Les colorants anthraquinoniques : ils sont d’un point de vue commercial, les plus
importants après les colorants azoïques. Leur formule générale dérivée de l’anthracène,
montre que le chromophore est un noyau quinonique sur lequel peuvent s’attacher des
groupes hydroxyles ou amino. Ces produits sont utilisés pour la coloration des fibres
polyester, acétate et triacétate de cellulose.

Alizarine (violacé) Disperse violet 1 (1,4-diaminoanthraquinone)

La synthèse chimique de l'alizarine réalisée en 1868 par Graebe et Liebermann marqua la fin
de la culture de la garance (plante dont la racine est riche en alizarine).

- Les colorants naphtoquinoniques

Le juglone est une molécule présente dans les feuilles et l’écorce du noyer (teinte brune) ; elle
possède des propriétés antifongiques et antimicrobiennes :

Le lawsone est le principal colorant contenu dans les feuilles de henné (Lawsonia inermis),
arbuste de quelques mètres de haut ; teinte brun-roux. Ce colorant sert surtout à teindre la
peau et les cheveux :

III.3.3. Les colorants triphénylméthanes

Les colorants triphénylméthanes et leurs dérivés hétérocycliques constituent la plus ancienne


classe de colorants synthétiques. Actuellement bien moins importants que les colorants
azoïques et anthraquinoniques, ils ont conservé une certaine valeur commerciale, car ils
permettent de couvrir la totalité de la gamme de nuances. La coloration intense des

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triphénylméthanes provient du large système conjugué de l’ion cationique. Le carbocation


central est en conjugaison avec les trois noyaux benzéniques, par lesquels la charge positive
est fortement délocalisée.

Exemples :

- La fuchsine : (du nom des chimistes industriels lyonnais, les frères Renard, la traduction du
mot « renard » en allemand étant Fuchs). C’est un indicateur d’oxydo-réduction : La fuchsine
décoloré donne le réactif de Schiff.

- Le violet cristal (ou violet de méthyle 10B, ou violet basique 3)

Remarque : On trouve également le violet de méthyle 6B et le violet de méthyle 2B :

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le violet de méthyle 6B le violet de méthyle 2B :

On s’aperçoit que la couleur devient de plus en plus violette au fur et à mesure que le nombre
de groupes –CH3 augmente c'est-à-dire que le violet de méthyle 10B est plus violet que le
violet de méthyle 6B lui-même plus violet que le violet de méthyle 2B. Le mélange de ces
trois molécules correspond au violet de gentiane utilisé en microbiologie pour la coloration de
Gram.

- Le bleu patenté V : Colorant alimentaire répertorié sous le code E131, de couleur bleu cyan
utilisé dans les boissons.

La couleur verte du sirop de menthe du commerce est due à un mélange de tartrazine et de


bleu patenté V.

- Le vert malachite : très utilisé comme teinture

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III.3.4 Les colorants indigoïdes

Les colorants indigoïdes tirent leur appellation de l’indigo dont ils dérivent. Ainsi, les
homologues séléniés, soufrés et oxygénés du bleu indigo provoquent d’importants effets
hypsochromes avec des coloris pouvant aller de l’orange au turquoise. Le plus important des
colorants indigoïdes est l’indigo lui-même.

Exemples

- L’indigo :

L’association de deux molécules d’indoxyle avec déshydrogénation conduit à l’indigo :

Indigo

Cette forme est colorée (remarquer le système de doubles liaisons conjuguées). La teinte
indigo est intermédiaire entre le bleu et le violet.

Il est important de signaler la forme réduite, incolore, car c’est obligatoirement sous cette
forme, soluble, que le produit se fixe sur les fibres textiles lorsqu’on l’utilise comme teinture.

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L’indigo existe à l’état naturel dans les feuilles de pastel (Isatis tinctoria, une crucifère) sous
forme d’hétéroside (à base de fructose) et dans les feuilles d’un arbuste des pays chauds,
l’indigotier (Indigofera tinctoria , papilionacée) sous forme d’un autre hétéroside (à base de
glucose).

- Le carmin d’indigo : de couleur très voisine correspond à l’acide 5-5’disulfonique de


l’indigo (ou à son sel de disodium). C’est le colorant alimentaire référencé E132.

- Indigoïdes des pourpres et des murex : Certains gastéropodes (pourpres, murex) fournissent
le 6,6'-dibromoindigo dont les rouges étaient très prisés dans l'Antiquité. On les trouve au
bord des côtes, dans presque toutes les parties du monde.

Le colorant n'existe pas dans l'animal ; il y a un précurseur et l'union de deux molécules en


présence d'oxygène engendre le colorant à la mort de l'animal.

III.3.5. Les colorants caroténoïdes

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Ce groupe comprend les carotènes et les xantophylles. Ils colorent en jaune, orange,
(exceptionnellement en rouge), la carotte, les abricots, le maïs, la citrouille, le safran, les
œufs, la crème de lait, les crustacés cuits (rupture avec une protéine), les feuilles en automne,
la tomate, etc. Ils sont masqués par la chlorophylle dans les feuilles vertes.
- Les carotènes :
 Un carotène très répandu : le β-carotène ; il possède 40 carbones et deux cycles identiques.
Il est le précurseur de la vitamine A

Il existe l’α-carotène : la double liaison du cycle de gauche est différent.

 le lycopène, toujours en C40 mais dépourvu de cycle :

Les carotènes sont rouges. La tomate renferme plus spécialement du lycopène.

- Les xanthophylles (du grec xanthon = jaune et phullon = feuille)


Ce sont des pigments jaunes, dérivés oxygénés des carotènes. Ils sont dotés d'une intense
fluorescence. Le composé le plus connu est la fluorescéine. Peu utilisés en tant que teinture,
leur faculté de marqueurs lors d'accident maritime ou de traceurs d'écoulement pour des
rivières souterraines est malgré tout bien établie.
 Zéaxanthine (zéa : pour maïs)

 Lutéine du latin luteum = jaune (nom)


Cette molécule est présente dans de nombreux légumes à feuilles vertes (brocolis, chou vert,
épinards, petits pois, endives crues....) mais aussi dans les algues vertes et rouges, le maïs, le
jaune d'oeuf, le jus d'orange ; elle n’est pas synthétisée par l'organisme. C'est un pigment
orangé

 Astaxanthine (en zoologie astacus = écrevisse)

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Cette molécule existe naturellement chez les salmonidés, les crabes, les crevettes, les homards
et les langoustes, les langoustines, les écrevisses, en même temps que d'autres caroténoïdes
(canthaxanthine...). A la cuisson, la protéine qui entoure l'astaxanthine la libère et cette
molécule donne à ces poissons et à ces crustacés une couleur rose.
 La crocétine :
Cette molécule existe dans la fleur de safran (Crocus sativus L.).

III.3.6. Les Phtaléines :


Ce sont des produits de condensation de l’anhydride phtalique avec les phénols.
- Phtaléine du phénol : c’est un indicateur de pH

- Fluorescéine
En remplaçant le phénol par le résorcinol, il se produit une condensation supplémentaire et on
obtient la fluorescéine ; c’est une poudre rouge qui donne une coloration « vert fluorescent »
en solution dans l’eau.

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L’éosine est la tétrabromofluorescéine (antiseptique, colorant en biologie). C’est un colorant


rouge.

L’érythrosine est la tétraiodofluorescéine (colorant alimentaire E127). C’est un colorant


rouge.

Le mercurochrome, un dérivé disodique de la dibromohydroxymercurifluorescéine, est un


puissant antiseptique de couleur rouge.

- Les rhodamines sont des phtaléines faites avec des m-aminophénols ; elles teignent bien le
coton et la soie en rouge.

- Les sulfones phtaléines :

L’anhydride phtalique est remplacé par l'anhydride o-sulfobenzoïque

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et si le phénol utilisé est l’α-bromothymol


on obtient la dibromothymol sulfone phtaléine qui est le bleu de bromothymol, un indicateur
de pH (0<pH< 6 jaune ; 7,6<pH<14 bleu)

bleu de bromothymol
- Les phtalocyanines
Les phtalocyanines ont une structure complexe basée sur l'atome central de cuivre. Les
colorants de ce groupe sont obtenus par réaction du dicyanobenzène en présence d’un
halogénure métallique (Cu, Ni, Co, Pt, etc.).
La phtalocyanine de cuivre est le pigment bleu le plus connu, dit bleu phtalo, apprécié pour
son aspect brillant, son pouvoir colorant et son pouvoir couvrant. Elle est largement utilisée
pour les peintures, la teinture des plastiques et les encres d'imprimerie.

III.3.7. Les colorants aziniques (nitrés et nitrosés)


Les colorants nitrés et nitrosés forment une classe de colorants très limitée en nombre et
relativement ancienne. Ils sont actuellement encore utilisés, du fait de leur prix très modéré lié
à la simplicité de leur structure moléculaire caractérisée par la présence d’un groupe nitro (-
NO2) en position ortho d’un groupement électro-donneur (hydroxyle ou groupes aminés).
- Thiaziniques

Bleu de méthylène Mélanine (autre classification)

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- Oxaziniques
L’oxygène peut remplacer le soufre :

et l’on a la dibenzoxazine ou « phénoxazine »


La formule calquée sur celle du bleu de méthylène donne le bleu de Capri :

La dibenzoxazine est le noyau de base d’une formule complexe correspondant au colorant


appelé « tournesol » qui s’obtient à partir de lichens à orseille, présents sur les rochers des
mers un peu chaudes comme la Méditerranée, mais aussi dans les montagnes.

III.4. Classification tinctoriale

Si la classification chimique présente un intérêt pour le fabricant de matières colorantes, le


teinturier préfère le classement par domaines d’application.

III.4. 1. Colorants réactifs

Ce sont des colorants dus à des complexes. Les colorants réactifs constituent la dernière classe
de colorant apparue sur le marché. Leur utilisation est très importante, notamment dans le
domaine de l’habillement (la solidité à la lumière n’est suffisante que pour des applications en
ameublement). Ce sont des colorants de synthèse constitués d’une partie colorante
chromogène (groupe chromophore) sur laquelle est (sont) fixé(s) un (ou plusieurs)
groupement (s) réactifs(s) électrophile(s) destiné(s) à former une liaison chimique stable,
covalente, solide avec les fonctions hydroxyles de la cellulose et les NH2 et NH des
polyamides, voire plus rarement avec les fonctions amines ou sulfures des protéines de la
laine. La réaction entre le colorant et la cellulose est obtenue par l’action d’un agent alcalin
(soude caustique, carbonate de sodium, etc.) qui absorbe l’atome ou le groupement réactif
électronégatif du colorant pendant que l’ion coloré se lie à la cellulose.

Exemples
- L’ion cupritartrique (ou tartrate cuivrique ou ditartratocuivre(II)) bleu foncé est celui de la
liqueur de Fehling :

En enlevant un ion H+ à chaque OH des groupes carboxyles de l’acide tartrique,

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et l’un quelconque des trois doublets de l’oxygène peut être cédé à Cu2+.
- L’orthophénanthroline ferreuse : c’est le tri(1,10-phénanthroline)fer II

Ce complexe de coloration rouge est stable dans un domaine de pH allant de 2 à 9. Il permet


un dosage spectrophotométrique des ions fer (II) dans le visible (510 nm).
On peut également doser les ions Fe(II) complexés par l’orthophénanthroline, par les ions
dichromate, la demi-équation rédox des ions fer(II) complexés étant :

- Colorants tétrapyrroliques :
Le squelette fondamental est constitué de quatre noyaux pyrrole reliés en cycle,

Le noyau tétrapyrrolique est plan, il constitue (sans atome métallique au centre) une structure
dite porphyrine, il est alors muni de chaînes latérales. Avec certains ions métalliques fixés au
centre, on obtient des colorants ; notamment deux colorants universellement connus :
* Mg2+ : c’est la chlorophylle, pigment vert ; grâce à lui, les plantes captent l’énergie
lumineuse nécessaire à l’élaboration des tissus végétaux.
Il existe trois molécules de chlorophylle : a ou α (C55H72MgN4O5), b ou β (C55H70MgN4O6), d
ou d (C54H70MgN4O6).

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Les grains de chlorophylle, disséminés dans la cellule végétale sont appelés « chloroplastes ».
* Fe2+ : C’est l’hémoglobine ; pigment de couleur rouge.
L’hémoglobine est constituée d’un noyau (hème), le pigment, associé à une protéine
(globine) ; la globine est entourée de quatre hèmes :
Noyau hème :

L’hémoglobine est le pigment respiratoire des vertébrés ; c’est la nature de la globine qui
change suivant les espèces. Chez l’homme la globine est constituée de quatre chaînes
polypeptidiques, deux chaînes comprenant 141 acides aminés et deux chaînes 146 acides
aminés.
Dans le transport d’oxygène, Fe2+ n’est pas oxydé en Fe3+, La molécule O2 se fixe
latéralement sur le fer, au milieu du cycle.
La molécule CO, comparable, peut malheureusement se fixer à sa place dans l’asphyxie à
l’oxyde de carbone.
Remarque :
Le pigment (noyau hème) est rattaché à la chaîne polypeptidique au niveau de l’un de ses
acides aminés, l’histidine :

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Le fer possède donc 6 liaisons ainsi que le montre le schéma suivant :

Si sur le noyau tétrapyrrolique, les chaînes latérales sont remplacées par des noyaux benzène,
on a le noyau tétrabenzopyrrolique, et si on intercale un atome d’azote sur les liaisons qui
relient les 4 noyaux et que l’on ajoute un ion cuivre (II) au centre, on obtient un pigment
bleu : la phtalocyanine au cuivre,

Ce pigment organique bleu (cyan) appartenant à la famille des tétraazatétrabenzoporphyrines


est utilisé notamment pour les encres d’imprimerie ; on s’en sert également en peinture. Cette
molécule peut être obtenue par condensation de 4 molécules de phtalonitrile en présence de
cuivre métal à 200°C. Mais sa préparation la plus courante fait intervenir de l’anhydride
phtalique, de l’urée et un oxyde métallique.

Phtalonitrile
Remarque :

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Il existe des pigments tétrapyrroliques linéaires (non cycliques). C’est le cas des
phycobilines :phycocyanobiline (bleue) et phycoérythrobiline (rouge) présentes toutes les
deux dans les rhodophycées (algues rouges) et dans les cyanobactéries (anciennement "algues
bleues") et participant à la photosynthèse à côté de la chlorophylle.
Ces phytobilines sont des groupements prosthétiques d'hétéroprotéines, les associations ainsi
réalisées portent le nom de phycocyanine et phycoérythrine.
Formule de la phycocyanobiline :

La formule de la phycoérythrobiline ne différe de la précédente que par une légère


modification au niveau du quatrième noyau, à droite :

III.4.2. Colorants directs ou adjuvants


Ce sont des colorants à caractères anioniques (R-SO3Na); ils sont solubles dans l’eau et
utilisés en solution aqueuse. La solubilité de ces colorants dans l’eau est réduite par l’addition
des sels neutres. Ceux d’entre eux qui sont les moins stables à la lumière sont utilisés à la
teinture des tissus de doublures, des fils de laine, des tapis et pour beaucoup d’articles à bon
marché. D’autres groupes favorisent la teinture parce qu’ils permettent la solubilité du
colorant ou sa liaison avec un support (-SO3H, -COOH, -NH2,…)
Exemple : le rouge Congo

III.4.3. Colorants dispersés


Les colorants dispersés (ou dispersifs) donnent des couleurs stables à la lumière, aux
acides, au formaldéhyde et aux actions thermiques. Des groupes d’atomes fixés sur la
molécule chromogène provoquent un accroissement de l’intensité de la couleur (effet
hyperchrome) ou un déplacement de l’absorption vers les grandes longueurs d’onde (effet
bathochrome, du grec bathos, “profondeur” et khrôma, “couleur”). Ce sont des
auxochromes : -OH, -OR, -NH2 et ses dérivés, -R, -X, etc.
Ils sont non-ioniques, insolubles dans l’eau et sont utilisés pour la coloration sous forme de
dispersion aqueuse. Pratiquement insolubles dans l'eau, ils sont par contre solubles dans la
phase organique des fibres dépourvues de groupement acides ou basiques (fibres synthétiques
telles que polyester, polyamide, polyacrylonitrile...). Ils sont importants pour la teinture de
l’acétate de cellulose et des fibres synthétiques et ne renferment pas de groupement
solubilisant (-SO3Na). Ils portent des noms commerciaux, dont leur marque est donnée entre
parenthèses: Artisil (SANDOZ), Céliton (BASF), Cibaset (CIBA), Duranol (ICI), Sétacyl
(GEIGY), Acétoquinone (FMC).

Les colorants dispersés sont essentiellement adsorbés sur la fibre polyamide par une attraction
sur des sites polaires en nombre limité et le mécanisme de dissolution est en réalité presque

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marginal. Bien que ce type d’adsorption corresponde à des liaisons avec la fibre bien plus
fortes que dans le cas du polyester où le colorant est dissout, ces liaisons sont facilement
rompues par un rupteur de liaisons polaire tel que l’eau. Les solidités au lavage de fibres de
polyamide teintes en colorant dispersé sont donc médiocres. Ainsi, on doit connaître la
solubilité du colorant dans le bain de teinture, son affinité pour les diverses fibres et la nature
de la fixation. Celle-ci est de force variable selon que la liaison colorant-substrat est du type
ionique, hydrogène, de Van der Waals ou covalente.

Exemples : Il existe principalement le type azoïque et le type anthraquinone de deux


catégories, ainsi que le nitrostyrène, le benzoimidazole, anthraquinone, alizarine et d'autres
structures hétérocycliques.

III.4.4. Les colorants acides ou anioniques

Ils sont solubles dans l’eau grâce à leurs groupements sulfonates. Ils sont ainsi dénommés
parce qu’ils permettent de teindre les fibres animales (laine et soie) et quelques fibres
acryliques modifiées (nylon, polyamide) en bain légèrement acide. L’affinité colorant-fibre
est le résultat de liaisons ioniques entre la partie acide sulfonique du colorant et les
groupements amino des fibres textiles.

III.4.5. Les colorants basiques ou cationiques

Les colorants basiques ou cationiques sont des sels d’amines organiques, ce qui leur confère
une bonne solubilité dans l’eau. Les liaisons se font entre les sites cationiques des colorants et
les sites anioniques des fibres. En phase de disparaître dans la teinture de la laine et de la soie,
ces colorants ont bénéficié d’un regain d’intérêt avec l’apparition des fibres acryliques, sur
lesquelles ils permettent des nuances très vives et résistantes.

III.4.6. Les colorants à mordants

Les colorants à mordants contiennent généralement un ligand fonctionnel capable de réagir


fortement avec un sel d’aluminium, de chrome, de cobalt, de cuivre, de nickel ou de fer pour
donner différents complexes colorés avec le textile.

III.4.7. Colorants de cuve

Les colorants de cuve sont des colorants insolubles dans l’eau. Cependant, sous l’action d’un
réducteur, le dithionite de sodium (Na2S2O8), un colorant de cuve donne son leuco-dérivé
c’est-à-dire le produit de réduction incolore ou blanc et soluble dans l’eau. Le leuco-dérivé
présente une affinité pour certaines fibres textiles telles que le coton, le lin, la laine et la soie.
Par oxydation à l’air ou à l’aide d’un agent oxydant, le colorant initial insoluble dans l’eau est
régénéré au sein de la fibre. Les colorants de cuve appartiennent à la classe chimique des
anthraquinones et à celle des indigoïdes, leurs qualités de résistance notamment en font un des
groupes les plus importants des colorants synthétiques. Quelques colorants de cuve ont trouvé
une place parmi les pigments de l’industrie des vernis, en raison de leur grande stabilité à la
lumière.

IV. Toxicité des colorants

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La toxicité des colorants vient de l’ignorance des chercheurs ou des utilisateurs de leurs
structures chimiques qui différent d’un type à un autre, ainsi que du mode de l’emploi lors de
l utilisation. Beaucoup d’études ont montré les effets toxiques et/ou carcinogéniques des
colorants azoïques, ce qui signifie que les effluents contenant ces colorants doivent être traités
avant d être rejetés en milieu naturel. Leur toxicité est en fait due à la teneur en groupements
cancérigènes tels que les groupements aromatiques, phtalogènes, cyanurés, sel de barium et de
plomb. Ces groupements cancérigènes (sous forme électrophile ou radicalaire) attaquent les
bases pyrimidiques de l ADN et de l ARN et causent par conséquent, une altération du code
génétique avec mutation et risque de cancer. Parmi les colorants industriels, nous nous somme
intéressé particulièrement à la toxicité des colorants azoïques, lesquels sont caractérisés par la
présence de groupe azo ( N=N-). La rupture des liaisons azoïques de ces dernières entraîne la
formation d’amines primaires qui causent la méthémoglobinémie, caractérisée par un
empêchement du transport d oxygène dans le sang. L allergie respiratoire aux colorants
réactifs a été rapportée pour la première fois en 1978 par Alanko chez des sujets employés à la
pesée et au mélange de ces colorants en poudre depuis deux ans et présentant un asthme et /
ou rhinite d’origine professionnelle.

Toxicité des colorants azoïques

La toxicité des azoïques par exposition aux colorants et à leurs métabolites n’est pas un fait
nouveau. Dès 1895, l’augmentation du nombre de cancers de la vessie observés chez des
ouvriers de l’industrie textile, est reliée à leur exposition prolongée aux colorants azoïques.
Depuis, les travaux effectués sur ces colorants ont démontré que ces composés chimiques
présentaient des effets cancérigènes pour l’homme et l’animal. L azobenzène est reconnu pour
être un composé génotoxique au même titre que l’amarante, la tartrazine et le rouge cochenille
qui figurent parmi les colorants azoïques les plus dangereux pour l’homme. Et ils ont été
retirés des listes de colorants alimentaires dans la plupart des pays. Les effets cancérigènes
des composés azoïques s’expriment par leurs dérivés amines. La toxicité des azoïques est
accrue par la présence de substituants sur le noyau aromatique notamment des groupes nitro (-
NO2) et halogènes (particulièrement Cl). Selon l’EPA L estimation des risques de cancer
impose de fixer une concentration limite de 3,1μg/L en colorant azoïque dans l’eau potable.

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Chapitre 2 : les rayonnements et les spectres d’absorption de la lumière, phénomènes


chimiques de la coloration

I. Les ondes électromagnétiques


Une charge électrique en mouvement (dans le référentiel d’étude) produit un champ
électromagnétique (superposition d’un champ électrique et d’un champ magnétique).
Si la source produit un champ électromagnétique variable on obtient une onde
électromagnétique (donc « lumière » au sens large) qui se propage dans l’espace.

La matière est constituée de particules chargées (noyaux positifs et électrons négatifs,


électrons libres, atomes ionisés…) en agitation thermique permanente, d’autant plus
importante que la température est plus élevée. Ces charges électriques, aux
mouvements d’agitation désordonnés et variés, vont donc produire des rayonnements
électromagnétiques dans différents domaines, donc des spectres continus en relation avec la
température.

1. Echelle des fréquences et des longueurs d’ondes


Les ondes électromagnétiques couvrent un large domaine de fréquences ou de longueurs
d’ondes.
La classification usuelle du spectre électromagnétique est la suivante :
— ondes radio
— micro-ondes
— infrarouge
— visible
— ultraviolet
— rayons X
— rayons γ
Les ondes électromagnétiques sont classées selon leur fréquence et leur longueur d’onde dans
le vide comme ci-dessous :

2. Spectre des ondes électromagnétiques utilisées pour les communications


Les ondes utilisées pour les communications constituent l’une des extrémités du spectre
électromagnétique. Elles sont utilisées par les nombreuses formes de télécommunication
comme la radio, la télévision ou le téléphone mobile. Il s’agit des ondes ayant les longueurs
d’onde les plus grandes et donc les fréquences les plus basses du spectre.
Ces ondes ont un très large spectre, elles sont constituées par les micro-ondes et les ondes
radio.
Leur classification standardisée est la suivante:

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3. Composition de la lumière
La lumière blanche (soleil) est composée de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Un morceau
de verre triangulaire, un prisme, permet d'observer ce phénomène. Lorsqu'un rayon de lumière
blanche traverse un prisme, les différentes couleurs deviennent visibles. Cette série de
couleurs est appelé spectre.
De part et d'autre du spectre, il y a aussi des rayons invisibles: au-delà du rouge il ya
l'infrarouge et au-delà du bleu il ya l'ultraviolet

Il faut préciser que la lumière blanche émise par le soleil couvre les radiations
électromagnétiques localisées dans la région de 400 à 800 nm
Au-delà et en deçà du spectre visible, la lumière est composée de radiations invisibles pour
l'oeil humain. Pour les longueurs d'onde supérieures à 800 nm, on se trouve dans le domaine
de l'infrarouge (IR) et pour celles inférieures à 400 nm dans celui de l'ultraviolet (UV).

II. Excitation électronique des molécules par absorption


A l'heure actuelle, on admet que la lumière possède à la fois une nature corpusculaire et
ondulatoire. Un faisceau lumineux polychromatique est considéré comme un flux de
particules qui auraient toutes la même vitesse mais des longueurs d'onde, donc des énergies
différentes.
Une onde électromagnétique est composée d’un champ électrique et d’un champ magnétique.
Le champ électrique se note E et se mesure en volt par mètre (V.m−1) et le champ magnétique
se note B et se mesure en tesla (T).
Ce sont des ondes transversales c’est à dire qu’elles provoquent une perturbation de direction
perpendiculaire à la direction de propagation de l’onde.

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Selon la théorie quantique, l'absorption d'énergie lumineuse par un atome ou une molécule se
fait par quantités discrètes appelées photons ou quanta dont l'énergie est donnée par la relation
bien connue : ∆E = h.ν = h.C/ʎ
∆E est la variation d’énergie de la molécule exprimé en joule ; h est la constante de Planck
h= 6,63.10-34 J.S ; C est la célérité de l’onde lumineuse C= 3.108 m.s-1 ; ʎ est la longueur
d’onde d’absorption en m.
Par ailleurs, on sait que dans une molécule les électrons se répartissent dans les orbitales
correspondantes à différents niveaux d'énergie. En absence de tout apport extérieur d'énergie,
la molécule se trouve dans son état électronique fondamental. Tout état de la molécule qui a
un électron situé dans un niveau électronique supérieur à celui qu'il occupe dans l'état
fondamental constitue un état électroniquement excité d'énergie supérieure à celle de la
molécule à l'état fondamental. Le passage d’un état électronique à un autre s'appelle transition
électronique et la différence d’énergie correspondante est désignée par énergie de transition.

III. la perception des couleurs des objets


III.1. La couleur
Le spectre de la lumière visible est visible par l’œil à travers un prisme. Mais la plupart des
couleurs ne proviennent pas directement d'une source lumineuse. Elles naissent d'une
interaction entre la lumière, l'oeil humain et des substances colorantes. Les arbres, les fleurs et
les fruits, les hommes et les animaux, les pierres et même la terre nous offrent le spectacle
d'innombrables couleurs, sans émettre eux-mêmes de lumière. Leurs couleurs sont révélées
par des substances colorantes en leur sein. C'est grâce à la lumière que nous percevons les
couleurs. Dans l'obscurité, nous ne voyons rien.
Ces substances colorantes ont la propriété d'absorber (retenir) une certaine partie du spectre et
d'en réfléchir (renvoyer) une autre. Si nous voyons un objet de couleur rouge sous la lumière
blanche, cela veut dire que cet objet contient une substance colorante qui absorbe les parties
jaune, orangée, violette, bleue et verte de cette lumière. Seule la partie rouge est renvoyée vers
notre œil.

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L'irradiation d'une matière par la lumière blanche se traduit, selon la structure de cette matière
et l'état de sa surface, par les phénomènes suivants :
a) Toutes les radiations incidentes sont réfléchies ou diffusées, la matière nous apparaît alors
blanche;
b) Toutes les radiations sont absorbées, la matière nous apparaît noire;
c) Une partie des radiations est absorbée sélectivement, la matière nous apparaît colorée.

Remarque : cas du blanc, du noir et du gris. Théoriquement ce ne sont pas des couleurs.
- Un objet blanc contient une substance qui n'absorbe aucune couleur du spectre. La totalité
du spectre est réfléchie.

- Dans le cas du noir, nous observons le contraire. Aucune couleur n'est réfléchie, toutes les
couleurs du spectre sont absorbées.

- Le gris se situe entre le blanc et le noir. Une égale quantité de chaque couleur est réfléchie et
le reste est absorbé. Les couleurs réfléchies se mélangent pour donner le gris. Plus le gris est
clair (c'est-à-dire plus il se rapproche du blanc), plus grande est la quantité de chaque couleur
qui est réfléchie ; et inversement

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Attention : Ces exemples ci-dessus sont cependant purement théoriques. Dans la réalité, il
n'existe pas de substances qui absorbent totalement une certaine partie du spectre et qui en
réfléchissent intégralement une autre partie.
*A titre d’exemple considérons d'abord le rouge vermillon. En examinant la partie du spectre
qui est réfléchie, on voit que la plus grande partie est formée par le rouge ; mais on constate
aussi que toutes les autres couleurs sont présentes, et surtout l'orangé et le jaune

*Pour le rose magenta on constate de nouveau que la partie rouge du spectre est la plus
présente, mais que toutes les autres couleurs sont également présentes, et surtout le violet et le
bleu

La couleur d'une substance n'est donc qu'un cas particulier d'un phénomène beaucoup plus
général, celui de l'absorption sélective.
A l'intérieur du domaine visible, des bandes plus étroites de longueurs d'onde correspondent à
des couleurs bien définies. Ces couleurs peuvent s'obtenir, non seulement en produisant de la
lumière d'une longueur d'onde bien déterminée, mais aussi à partir de la lumière blanche, par
absorption de la radiation ne possédant pas les longueurs d'onde de la couleur désirée. C'est
ainsi que par absorption de « couleurs complémentaires » apparaissent les couleurs perçues
des substances qui nous entourent.
Le tableau suivant indique les couleurs absorbées et perçues en fonction de la longueur d'onde
de la lumière absorbée :

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Le phénomène de la vision (par l’œil), lui aussi, résulte d'une absorption de la lumière par la
rétine, absorption modifiant par une série de réactions chimiques la structure des protéines du
système visuel et provoquant une suite de réponses chimiques ayant pour effet de transmettre
les signaux reçus le long du nerf optique jusqu'au cerveau.

III.2. Absorption et mesure de la coloration


Lorsqu'une radiation traverse une épaisseur dl de substance absorbante homogène, elle subit
un affaiblissement répondant à l'équation :
di/i = -Kdl
où K est une constante caractéristique de la substance et de la longueur d'onde de la radiation.
Il s'ensuit que, si i0 est l'intensité de la lumière incidente, après la traversée d'une épaisseur l,
cette intensité se trouve réduite à la valeur i qui décroît géométriquement quand l'épaisseur l
augmente arithmétiquement. Par intégration de l'équation précédente, on obtient en effet :
i= i0.e-Kl
Comme un spectre d'absorption dans le visible ou dans l'UV se prend habituellement dans un
solvant (non absorbant), il faut introduire un facteur tenant compte de la concentration de la
substance. C'est la loi de Beer-Lambert qui exprime cette relation :
i= i0.10-ℇʎ.c.l d’où ℇʎ.c.l = log i0/i = Dʎ
i = intensité de la lumière transmise; i0 = intensité de la lumière incidente; ℇʎ = constante
inhérente à la substance appelée coefficient d'extinction moléculaire ou absorption molaire
(sa valeur varie avec la longueur d'onde de la lumière utilisée) ; c = concentration de
l'absorbant en molécules-grammes/litre; l = épaisseur de la solution traversée en centimètres.
La quantité log i0/i = Dʎ représente la densité optique ou intensité de l’absorption
(absorbance) mesurée couramment dans l’intervalle 0 à 2.
Il existe des appareils (spectrophotomètres) qui permettent d’enregistrer directement les
courbes d'absorption Dʎ = f(ʎ). Les courbes obtenues se présentent d'habitude sous la forme
d'une ou plusieurs bandes d'absorption généralement caractérisées par la position et l'intensité
de leur maximum.
Exemple : Spectre d'absorption de l'acide picrique (en solution aqueuse à un pH avoisinant
5,6)

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Il est intéressant de noter que le fait pour un composé d'être coloré n'entraîne pas
nécessairement que son maximum d'absorption ʎmax soit situé dans le domaine visible. Il
existe en effet de nombreuses substances dont le maximum d'absorption se trouve dans
l'ultraviolet, mais qui sont néanmoins colorées, car ces bandes débordent sur la région visible
du spectre. Ceci est illustré par l'exemple de l'acide picrique qui est jaune mais dont le
maximum d'absorption est situé dans l'ultraviolet à 356 nm.

IV. Production de couleurs


Les couleurs peuvent se mélanger de deux façons: avec de la lumière et avec de la peinture.
- Les mélanges faits avec de la lumière colorée portent le nom de mélanges additifs. Il s'agit
donc de mélanges par addition. Plus les couleurs mélangées sont nombreuses, plus le résultat
est clair. Le mélange de toutes ces couleurs donne de la lumière blanche.
- Les mélanges faits avec de la peinture sont appelés mélanges soustractifs. Dans ce
contexte, cela signifie qu'il y a soustraction de lumière. La couleur obtenue par mélange est
toujours plus foncée que la plus claire des couleurs du mélange. Chaque substance colorante
absorbe une certaine quantité du spectre. Si nous mélangeons deux couleurs entre elles,
différentes parties du spectre sont absorbées. Seule la partie réfléchie commune subsiste.
Les mélanges soustractifs comprennent : le système de mélange à partir de trois couleurs et le
mélange optique de couleurs

IV.1. Le système de mélange à partir de trois couleurs


Les trois couleurs primaires - jaune citron, cyan (bleu) et magenta (rouge) – permettent
d'obtenir n'importe quel ton par mélange. Ces couleurs sont appelées couleurs primaires, parce
qu'on ne peut pas les obtenir par mélange. Les couleurs primaires permettent d'apprendre les
principes de mélange. Ces couleurs primaires ne sont cependant pas pures (car le jaune citron
est un jaune qui contient des traces de bleu, le cyan est un bleu qui contient des traces de
jaune, le magenta est un rouge qui contient des traces de bleu).
Pour commencer, on mélange les couleurs primaires : du jaune et du bleu, du bleu et du
rouge, et du rouge et du jaune. On obtient respectivement du vert, du violet et de l'orangé.

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L'orangé, le vert et le violet sont appelés couleurs secondaires. Deux couleurs secondaires
contiennent également ensemble les trois couleurs primaires. Elles ne se neutralisent pourtant
pas complètement et leur mélange ne donne pas de noir. Quel que soit le dosage, la couleur
primaire commune est toujours dominante; c'est donc elle qui détermine la couleur. Une
couleur résultant du mélange de deux couleurs secondaires est appelée couleur tertiaire.

Si on mélange ensuite chaque couleur du cercle de six couleurs avec la couleur qui se trouve à
côté d'elle, on obtient six nouvelles couleurs

En mélangeant chaque couleur avec la suivante, on peut en principe agrandir indéfiniment le


cercle. Les zones de couleurs se fondent les unes dans les autres comme les couleurs du
spectre de la lumière blanche. Les couleurs qui se trouvent en face les unes des autres dans le
cercle des couleurs sont appelées couleurs complémentaires. Deux couleurs
complémentaires contiennent ensemble les trois couleurs primaires.

IV.2. Le mélange optique de couleurs


Le mélange optique de couleurs consiste à suggérer un mélange de couleurs sans mélanger
réellement des couleurs. On utilise ainsi le mélange pointilliste et le mélange par glacis.
- Le pointillisme est une technique consistant à peindre par petits points. Pour obtenir du vert,
on ne mélange pas de la peinture jaune avec de la peinture bleue, mais on applique sur une
surface donnée un mélange de points jaunes et de points bleus. La surface en question donne
alors l'impression d'être verte. Plus les points sont petits, plus le mélange paraît complet.

- Le mélange par glacis : en peinture, on appelle glacis l'application de couches de peinture


transparentes. En appliquant du bleu transparent sur du jaune, on obtient optiquement parlant
du vert. Du rouge transparent appliqué sur du jaune donne un mélange optique d'orangé. Du
bleu transparent sur du rouge donne un mélange optique de violet. Si nous superposons
ensuite ces trois couleurs, elles se neutralisent et donnent un mélange optique de gris insaturé.

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IV.3. Color index


Le Color Index se compose d’un système de lettre suivi de chiffres. C’est un peu la carte
d’identité de votre couleur.
Dans le code du Color Index, vous trouverez tout d’abord la lettre N ou P qui précise la
nature du pigment utilisé :
– N pour Pigment Naturel (issu de la nature, comme les ocres et les terres par exemple)
– la lettre P pour Pigment Synthétique. Viennent ensuite, une ou plusieurs autres lettres qui
précisent la famille de couleur du pigment.
Il existe 9 familles de couleurs dans le Color Index :
W white (blanc)
Bk black (noir)
R red (rouge),
Y yellow (jaune)
V violet
B blue (bleu)
O orange,
G green (vert)
Br brown (brun)
Enfin, les lettres correspondant à la couleur sont suivies d’un numéro qui identifie le
pigment. Cela donne par exemple :
– NR4 : qui est le Rouge Naturel numéro 4. Le rouge carmin extrait d’un insecte appelé la
cochenille.
– PB35 : un pigment synthétique bleu qui se trouve être le célèbre Bleu céruléum.
Comme la couleur peut être réalisée avec un seul pigment (composition mono-pigmentaire),
ou bien à partir d’un mélange de plusieurs pigments, lorsque la couleur est obtenue à partir
d’un mélange de pigments, chacun d’eux est mentionné.
Par exemple, le gris de Payne est souvent PB15/PBk6, c’est-à-dire un mélange de Bleu
Phtalo (B15) et de Noir de Fumée (Bk6).

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