Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Dr COULIBALY Y. Ahmed
1
Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)-UNZ
Cours de Biochimie des colorants
I. Introduction
Depuis les temps anciens, les colorants ont été utilisés dans pratiquement toutes les sphères de
la vie quotidienne pour la peinture, la teinture du papier, de la peau et des vêtements, etc.
Jusqu’à la moitié du 19ème siècle, les colorants appliqués étaient d’origine naturelle
comprenant des pigments inorganiques tels que l’oxyde du manganèse, de l’hématite de
l’encre, des plantes telles que l’alizarine et l’indigo
L’industrie des colorants synthétiques est née en 1856 quand le chimiste anglais William
Henry Perkin, dans une tentative de synthèse de la quinine artificielle pour soigner la malaria,
a obtenu la première matière colorante synthétique qu’il appela « mauve » (aniline, colorant
basique). Perkin brevète son invention et installe une chaîne de production bientôt suivie par
d’autres. De nouveaux colorants synthétiques commencent à paraître sur le marché. Ce
processus a été stimulé par la découverte de la structure moléculaire du benzène (noyau de
base des molécules à propriété colorante) en 1865 par Kekulé. En conséquence, au début du
20ème siècle, les colorants synthétiques ont presque complètement supplantés les colorants
naturels.
Un colorant doit posséder outre sa couleur propre, la propriété de teindre. Cette propriété,
résultante d’une affinité particulière entre le colorant et la fibre, est à l’origine des principales
difficultés rencontrées lors des traitements. En effet, selon le type d’application et
d’utilisation, les colorants synthétiques doivent répondre à certain nombre de critères afin de
prolonger la durée de vie des produits textiles sur lesquels ils sont appliqués : résistance à
l’abrasion, à la photolyse des couleurs, à l’oxydation chimique (notamment par les détergents)
et aux attaques microbiennes. A la différence des pigments qui sont insolubles dans les
liquides, les colorants (teinture) sont solubles. Les pigments se distinguent des colorants non
seulement par leur degré de résistance à la lumière, mais aussi par d'autres propriétés, telles
que leur pouvoir couvrant, leur transparence et leur intensité. C’est pourquoi les pigments sont
surtout utilisés par les artistes peintres alors que les colorants servent dans des domaines
variés comme l’alimentation, le textile, encre pour le papier…
Les colorants constituant un groupe très varié de composés ayant en commun la propriété de
colorer d'une manière permanente les tissus, cuirs ou papiers. Tous ces colorants sont des
composés aromatiques dont les électrons très délocalisés peuvent absorber la lumière pour
certaines longueurs d'ondes. Les propriétés colorantes des composés organiques dépendent de
leur structure et de leur composition chimique. En général, les produits utilisés comme
colorants sont des composés organiques insaturés et aromatiques.
Un colorant est une matière colorée par elle-même, capable de se fixer sur un support. La
coloration plus ou moins intense des différentes substances est liée à leur constitution
chimique. Les matières colorantes se caractérisent par leur capacité à absorber les
rayonnements lumineux dans le spectre visible (380 à 750 nm). La transformation de la
lumière blanche en lumière colorée par réflexion sur un corps, par transmission ou diffusion,
est le résultat de l'absorption sélective d'énergie par certains groupes d'atomes appelés
2
Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)-UNZ
Cours de Biochimie des colorants
- Groupes chromophores: Azo (-N=N-), Nitroso (-N=O), Carbonyl (=C=O), Vinyl (-CH=CH-
), Nitro (-NO2), Sulphure (>C=S)
- Groupes auxochromes : Amine primaire (-NH2), Amine secondaire (-NHR), Amine tertiaire
(-NR2), Hydroxyl (-OH), Alkoxyl (-OR), Donneurs d électrons (-Cl)
Les colorants synthétiques sont classés selon leur structure chimique et leur méthode
d’application sur différents substrats (textiles, papier, cuir, matières plastiques, etc.).
- La couleur ;
3
Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)-UNZ
Cours de Biochimie des colorants
Les colorants utilisés dans l’industrie textile contiennent habituellement des groupes acides
sulfoniques qui leur confèrent une hydrosolubilité appropriée et qui permettent à la molécule
du colorant de se lier ioniquement aux sites chargés du réseau polymérique du tissu. On peut
classer les colorants organiques en deux catégories suivant leur synthèse : colorants naturels et
colorants synthétiques.
Ils sont très répandus, surtout dans les plantes (bois, racines, graines, fleurs et fruits) et même
dans les micro-organismes et le corps des animaux. On les trouve à l’état libre ou liés à des
glucides ou des protéines.
Les colorants synthétiques dominent aujourd’hui le marché surtout que leurs propriétés
peuvent être précisément adaptées à leur utilisation. Tous ces colorants sont synthétisés
principalement à partir des produits pétroliers, notamment du benzène et de ses dérivés
(toluène, naphtalène, xylène et anthracène). Ils sont de plus en plus utilisés dans les industries
de coloration et des textiles grâce à leur synthèse assez facile, à leur production rapide et à la
variété de leurs couleurs comparées aux colorants naturels. La dénomination des colorants
commerciaux est loin de présenter la rigueur de celle des composés chimiques parce que,
d'une part ce ne sont généralement pas des produits purs et que, d'autre part, les fabricants
préfèrent très souvent ne pas en divulguer la composition exacte. Cela a conduit, sous une
inspiration poétique, à baptiser les premiers colorants de noms de plantes (mauvéine, fushine,
garance, etc.) puis de noms de minerais (vert malachite, auramine, etc.). Par la suite, ils furent
désignés selon la constitution chimique du composé de base (bleu de méthylène, noir
d'aniline, vert naphtalène, etc.). Actuellement, les fabricants de matières colorantes déposent
des marques protégées qui ne donnent aucune indication sur la structure, mais caractérisent la
nuance et les procédés d'application. Ainsi, chaque colorant est désigné par sa couleur, sa
marque commerciale et un code qui permet d'insister sur une nuance (par exemple : R = red ;
Y = Yelow ou G= green; B = Blue ; 2B = more Blue, etc.) ou une qualité (L = résistant à la
lumière).
4
Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)-UNZ
Cours de Biochimie des colorants
5
Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)-UNZ
Cours de Biochimie des colorants
6
Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)-UNZ
Cours de Biochimie des colorants
Le classement des colorants selon leur structure chimique repose sur la nature du groupe
chromophore.
Les colorants azoïques sont caractérisés par la présence au sein de la molécule d'un
groupement azoïque (-N=N-) reliant deux noyaux benzéniques. Suivant le nombre de
chromophores «azo» rencontrés dans la molécule, on distingue les mono-azoïques, les di-
azoïques et les polyazoïques. Cette catégorie de colorant est actuellement la plus répandue sur
le plan de l’application, puisqu’ils représentent plus de 50% de la production mondiale de
matières colorantes.
Exemples :
Rouge Congo
Le rouge Congo, colorant bis-azoïque, a été préparé par Boettiger en 1884. Il représenta un
réel progrès comme colorants pour tissus car il permettait de teindre directement le coton sans
"mordant".
7
Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)-UNZ
Cours de Biochimie des colorants
Exemples
- Les colorants anthraquinoniques : ils sont d’un point de vue commercial, les plus
importants après les colorants azoïques. Leur formule générale dérivée de l’anthracène,
montre que le chromophore est un noyau quinonique sur lequel peuvent s’attacher des
groupes hydroxyles ou amino. Ces produits sont utilisés pour la coloration des fibres
polyester, acétate et triacétate de cellulose.
La synthèse chimique de l'alizarine réalisée en 1868 par Graebe et Liebermann marqua la fin
de la culture de la garance (plante dont la racine est riche en alizarine).
Le juglone est une molécule présente dans les feuilles et l’écorce du noyer (teinte brune) ; elle
possède des propriétés antifongiques et antimicrobiennes :
Le lawsone est le principal colorant contenu dans les feuilles de henné (Lawsonia inermis),
arbuste de quelques mètres de haut ; teinte brun-roux. Ce colorant sert surtout à teindre la
peau et les cheveux :
8
Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)-UNZ
Cours de Biochimie des colorants
Exemples :
- La fuchsine : (du nom des chimistes industriels lyonnais, les frères Renard, la traduction du
mot « renard » en allemand étant Fuchs). C’est un indicateur d’oxydo-réduction : La fuchsine
décoloré donne le réactif de Schiff.
9
Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)-UNZ
Cours de Biochimie des colorants
On s’aperçoit que la couleur devient de plus en plus violette au fur et à mesure que le nombre
de groupes –CH3 augmente c'est-à-dire que le violet de méthyle 10B est plus violet que le
violet de méthyle 6B lui-même plus violet que le violet de méthyle 2B. Le mélange de ces
trois molécules correspond au violet de gentiane utilisé en microbiologie pour la coloration de
Gram.
- Le bleu patenté V : Colorant alimentaire répertorié sous le code E131, de couleur bleu cyan
utilisé dans les boissons.
10
Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)-UNZ
Cours de Biochimie des colorants
Les colorants indigoïdes tirent leur appellation de l’indigo dont ils dérivent. Ainsi, les
homologues séléniés, soufrés et oxygénés du bleu indigo provoquent d’importants effets
hypsochromes avec des coloris pouvant aller de l’orange au turquoise. Le plus important des
colorants indigoïdes est l’indigo lui-même.
Exemples
- L’indigo :
Indigo
Cette forme est colorée (remarquer le système de doubles liaisons conjuguées). La teinte
indigo est intermédiaire entre le bleu et le violet.
Il est important de signaler la forme réduite, incolore, car c’est obligatoirement sous cette
forme, soluble, que le produit se fixe sur les fibres textiles lorsqu’on l’utilise comme teinture.
11
Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)-UNZ
Cours de Biochimie des colorants
L’indigo existe à l’état naturel dans les feuilles de pastel (Isatis tinctoria, une crucifère) sous
forme d’hétéroside (à base de fructose) et dans les feuilles d’un arbuste des pays chauds,
l’indigotier (Indigofera tinctoria , papilionacée) sous forme d’un autre hétéroside (à base de
glucose).
- Indigoïdes des pourpres et des murex : Certains gastéropodes (pourpres, murex) fournissent
le 6,6'-dibromoindigo dont les rouges étaient très prisés dans l'Antiquité. On les trouve au
bord des côtes, dans presque toutes les parties du monde.
12
Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)-UNZ
Cours de Biochimie des colorants
Ce groupe comprend les carotènes et les xantophylles. Ils colorent en jaune, orange,
(exceptionnellement en rouge), la carotte, les abricots, le maïs, la citrouille, le safran, les
œufs, la crème de lait, les crustacés cuits (rupture avec une protéine), les feuilles en automne,
la tomate, etc. Ils sont masqués par la chlorophylle dans les feuilles vertes.
- Les carotènes :
Un carotène très répandu : le β-carotène ; il possède 40 carbones et deux cycles identiques.
Il est le précurseur de la vitamine A
13
Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)-UNZ
Cours de Biochimie des colorants
Cette molécule existe naturellement chez les salmonidés, les crabes, les crevettes, les homards
et les langoustes, les langoustines, les écrevisses, en même temps que d'autres caroténoïdes
(canthaxanthine...). A la cuisson, la protéine qui entoure l'astaxanthine la libère et cette
molécule donne à ces poissons et à ces crustacés une couleur rose.
La crocétine :
Cette molécule existe dans la fleur de safran (Crocus sativus L.).
- Fluorescéine
En remplaçant le phénol par le résorcinol, il se produit une condensation supplémentaire et on
obtient la fluorescéine ; c’est une poudre rouge qui donne une coloration « vert fluorescent »
en solution dans l’eau.
14
Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)-UNZ
Cours de Biochimie des colorants
- Les rhodamines sont des phtaléines faites avec des m-aminophénols ; elles teignent bien le
coton et la soie en rouge.
15
Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)-UNZ
Cours de Biochimie des colorants
bleu de bromothymol
- Les phtalocyanines
Les phtalocyanines ont une structure complexe basée sur l'atome central de cuivre. Les
colorants de ce groupe sont obtenus par réaction du dicyanobenzène en présence d’un
halogénure métallique (Cu, Ni, Co, Pt, etc.).
La phtalocyanine de cuivre est le pigment bleu le plus connu, dit bleu phtalo, apprécié pour
son aspect brillant, son pouvoir colorant et son pouvoir couvrant. Elle est largement utilisée
pour les peintures, la teinture des plastiques et les encres d'imprimerie.
16
Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)-UNZ
Cours de Biochimie des colorants
- Oxaziniques
L’oxygène peut remplacer le soufre :
Ce sont des colorants dus à des complexes. Les colorants réactifs constituent la dernière classe
de colorant apparue sur le marché. Leur utilisation est très importante, notamment dans le
domaine de l’habillement (la solidité à la lumière n’est suffisante que pour des applications en
ameublement). Ce sont des colorants de synthèse constitués d’une partie colorante
chromogène (groupe chromophore) sur laquelle est (sont) fixé(s) un (ou plusieurs)
groupement (s) réactifs(s) électrophile(s) destiné(s) à former une liaison chimique stable,
covalente, solide avec les fonctions hydroxyles de la cellulose et les NH2 et NH des
polyamides, voire plus rarement avec les fonctions amines ou sulfures des protéines de la
laine. La réaction entre le colorant et la cellulose est obtenue par l’action d’un agent alcalin
(soude caustique, carbonate de sodium, etc.) qui absorbe l’atome ou le groupement réactif
électronégatif du colorant pendant que l’ion coloré se lie à la cellulose.
Exemples
- L’ion cupritartrique (ou tartrate cuivrique ou ditartratocuivre(II)) bleu foncé est celui de la
liqueur de Fehling :
17
Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)-UNZ
Cours de Biochimie des colorants
et l’un quelconque des trois doublets de l’oxygène peut être cédé à Cu2+.
- L’orthophénanthroline ferreuse : c’est le tri(1,10-phénanthroline)fer II
- Colorants tétrapyrroliques :
Le squelette fondamental est constitué de quatre noyaux pyrrole reliés en cycle,
Le noyau tétrapyrrolique est plan, il constitue (sans atome métallique au centre) une structure
dite porphyrine, il est alors muni de chaînes latérales. Avec certains ions métalliques fixés au
centre, on obtient des colorants ; notamment deux colorants universellement connus :
* Mg2+ : c’est la chlorophylle, pigment vert ; grâce à lui, les plantes captent l’énergie
lumineuse nécessaire à l’élaboration des tissus végétaux.
Il existe trois molécules de chlorophylle : a ou α (C55H72MgN4O5), b ou β (C55H70MgN4O6), d
ou d (C54H70MgN4O6).
18
Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)-UNZ
Cours de Biochimie des colorants
Les grains de chlorophylle, disséminés dans la cellule végétale sont appelés « chloroplastes ».
* Fe2+ : C’est l’hémoglobine ; pigment de couleur rouge.
L’hémoglobine est constituée d’un noyau (hème), le pigment, associé à une protéine
(globine) ; la globine est entourée de quatre hèmes :
Noyau hème :
L’hémoglobine est le pigment respiratoire des vertébrés ; c’est la nature de la globine qui
change suivant les espèces. Chez l’homme la globine est constituée de quatre chaînes
polypeptidiques, deux chaînes comprenant 141 acides aminés et deux chaînes 146 acides
aminés.
Dans le transport d’oxygène, Fe2+ n’est pas oxydé en Fe3+, La molécule O2 se fixe
latéralement sur le fer, au milieu du cycle.
La molécule CO, comparable, peut malheureusement se fixer à sa place dans l’asphyxie à
l’oxyde de carbone.
Remarque :
Le pigment (noyau hème) est rattaché à la chaîne polypeptidique au niveau de l’un de ses
acides aminés, l’histidine :
19
Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)-UNZ
Cours de Biochimie des colorants
Si sur le noyau tétrapyrrolique, les chaînes latérales sont remplacées par des noyaux benzène,
on a le noyau tétrabenzopyrrolique, et si on intercale un atome d’azote sur les liaisons qui
relient les 4 noyaux et que l’on ajoute un ion cuivre (II) au centre, on obtient un pigment
bleu : la phtalocyanine au cuivre,
Phtalonitrile
Remarque :
20
Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)-UNZ
Cours de Biochimie des colorants
Il existe des pigments tétrapyrroliques linéaires (non cycliques). C’est le cas des
phycobilines :phycocyanobiline (bleue) et phycoérythrobiline (rouge) présentes toutes les
deux dans les rhodophycées (algues rouges) et dans les cyanobactéries (anciennement "algues
bleues") et participant à la photosynthèse à côté de la chlorophylle.
Ces phytobilines sont des groupements prosthétiques d'hétéroprotéines, les associations ainsi
réalisées portent le nom de phycocyanine et phycoérythrine.
Formule de la phycocyanobiline :
Les colorants dispersés sont essentiellement adsorbés sur la fibre polyamide par une attraction
sur des sites polaires en nombre limité et le mécanisme de dissolution est en réalité presque
21
Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)-UNZ
Cours de Biochimie des colorants
marginal. Bien que ce type d’adsorption corresponde à des liaisons avec la fibre bien plus
fortes que dans le cas du polyester où le colorant est dissout, ces liaisons sont facilement
rompues par un rupteur de liaisons polaire tel que l’eau. Les solidités au lavage de fibres de
polyamide teintes en colorant dispersé sont donc médiocres. Ainsi, on doit connaître la
solubilité du colorant dans le bain de teinture, son affinité pour les diverses fibres et la nature
de la fixation. Celle-ci est de force variable selon que la liaison colorant-substrat est du type
ionique, hydrogène, de Van der Waals ou covalente.
Ils sont solubles dans l’eau grâce à leurs groupements sulfonates. Ils sont ainsi dénommés
parce qu’ils permettent de teindre les fibres animales (laine et soie) et quelques fibres
acryliques modifiées (nylon, polyamide) en bain légèrement acide. L’affinité colorant-fibre
est le résultat de liaisons ioniques entre la partie acide sulfonique du colorant et les
groupements amino des fibres textiles.
Les colorants basiques ou cationiques sont des sels d’amines organiques, ce qui leur confère
une bonne solubilité dans l’eau. Les liaisons se font entre les sites cationiques des colorants et
les sites anioniques des fibres. En phase de disparaître dans la teinture de la laine et de la soie,
ces colorants ont bénéficié d’un regain d’intérêt avec l’apparition des fibres acryliques, sur
lesquelles ils permettent des nuances très vives et résistantes.
Les colorants de cuve sont des colorants insolubles dans l’eau. Cependant, sous l’action d’un
réducteur, le dithionite de sodium (Na2S2O8), un colorant de cuve donne son leuco-dérivé
c’est-à-dire le produit de réduction incolore ou blanc et soluble dans l’eau. Le leuco-dérivé
présente une affinité pour certaines fibres textiles telles que le coton, le lin, la laine et la soie.
Par oxydation à l’air ou à l’aide d’un agent oxydant, le colorant initial insoluble dans l’eau est
régénéré au sein de la fibre. Les colorants de cuve appartiennent à la classe chimique des
anthraquinones et à celle des indigoïdes, leurs qualités de résistance notamment en font un des
groupes les plus importants des colorants synthétiques. Quelques colorants de cuve ont trouvé
une place parmi les pigments de l’industrie des vernis, en raison de leur grande stabilité à la
lumière.
22
Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)-UNZ
Cours de Biochimie des colorants
La toxicité des colorants vient de l’ignorance des chercheurs ou des utilisateurs de leurs
structures chimiques qui différent d’un type à un autre, ainsi que du mode de l’emploi lors de
l utilisation. Beaucoup d’études ont montré les effets toxiques et/ou carcinogéniques des
colorants azoïques, ce qui signifie que les effluents contenant ces colorants doivent être traités
avant d être rejetés en milieu naturel. Leur toxicité est en fait due à la teneur en groupements
cancérigènes tels que les groupements aromatiques, phtalogènes, cyanurés, sel de barium et de
plomb. Ces groupements cancérigènes (sous forme électrophile ou radicalaire) attaquent les
bases pyrimidiques de l ADN et de l ARN et causent par conséquent, une altération du code
génétique avec mutation et risque de cancer. Parmi les colorants industriels, nous nous somme
intéressé particulièrement à la toxicité des colorants azoïques, lesquels sont caractérisés par la
présence de groupe azo ( N=N-). La rupture des liaisons azoïques de ces dernières entraîne la
formation d’amines primaires qui causent la méthémoglobinémie, caractérisée par un
empêchement du transport d oxygène dans le sang. L allergie respiratoire aux colorants
réactifs a été rapportée pour la première fois en 1978 par Alanko chez des sujets employés à la
pesée et au mélange de ces colorants en poudre depuis deux ans et présentant un asthme et /
ou rhinite d’origine professionnelle.
La toxicité des azoïques par exposition aux colorants et à leurs métabolites n’est pas un fait
nouveau. Dès 1895, l’augmentation du nombre de cancers de la vessie observés chez des
ouvriers de l’industrie textile, est reliée à leur exposition prolongée aux colorants azoïques.
Depuis, les travaux effectués sur ces colorants ont démontré que ces composés chimiques
présentaient des effets cancérigènes pour l’homme et l’animal. L azobenzène est reconnu pour
être un composé génotoxique au même titre que l’amarante, la tartrazine et le rouge cochenille
qui figurent parmi les colorants azoïques les plus dangereux pour l’homme. Et ils ont été
retirés des listes de colorants alimentaires dans la plupart des pays. Les effets cancérigènes
des composés azoïques s’expriment par leurs dérivés amines. La toxicité des azoïques est
accrue par la présence de substituants sur le noyau aromatique notamment des groupes nitro (-
NO2) et halogènes (particulièrement Cl). Selon l’EPA L estimation des risques de cancer
impose de fixer une concentration limite de 3,1μg/L en colorant azoïque dans l’eau potable.
23
Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)-UNZ
Cours de Biochimie des colorants
24
Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)-UNZ
Cours de Biochimie des colorants
3. Composition de la lumière
La lumière blanche (soleil) est composée de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Un morceau
de verre triangulaire, un prisme, permet d'observer ce phénomène. Lorsqu'un rayon de lumière
blanche traverse un prisme, les différentes couleurs deviennent visibles. Cette série de
couleurs est appelé spectre.
De part et d'autre du spectre, il y a aussi des rayons invisibles: au-delà du rouge il ya
l'infrarouge et au-delà du bleu il ya l'ultraviolet
Il faut préciser que la lumière blanche émise par le soleil couvre les radiations
électromagnétiques localisées dans la région de 400 à 800 nm
Au-delà et en deçà du spectre visible, la lumière est composée de radiations invisibles pour
l'oeil humain. Pour les longueurs d'onde supérieures à 800 nm, on se trouve dans le domaine
de l'infrarouge (IR) et pour celles inférieures à 400 nm dans celui de l'ultraviolet (UV).
25
Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)-UNZ
Cours de Biochimie des colorants
Selon la théorie quantique, l'absorption d'énergie lumineuse par un atome ou une molécule se
fait par quantités discrètes appelées photons ou quanta dont l'énergie est donnée par la relation
bien connue : ∆E = h.ν = h.C/ʎ
∆E est la variation d’énergie de la molécule exprimé en joule ; h est la constante de Planck
h= 6,63.10-34 J.S ; C est la célérité de l’onde lumineuse C= 3.108 m.s-1 ; ʎ est la longueur
d’onde d’absorption en m.
Par ailleurs, on sait que dans une molécule les électrons se répartissent dans les orbitales
correspondantes à différents niveaux d'énergie. En absence de tout apport extérieur d'énergie,
la molécule se trouve dans son état électronique fondamental. Tout état de la molécule qui a
un électron situé dans un niveau électronique supérieur à celui qu'il occupe dans l'état
fondamental constitue un état électroniquement excité d'énergie supérieure à celle de la
molécule à l'état fondamental. Le passage d’un état électronique à un autre s'appelle transition
électronique et la différence d’énergie correspondante est désignée par énergie de transition.
26
Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)-UNZ
Cours de Biochimie des colorants
L'irradiation d'une matière par la lumière blanche se traduit, selon la structure de cette matière
et l'état de sa surface, par les phénomènes suivants :
a) Toutes les radiations incidentes sont réfléchies ou diffusées, la matière nous apparaît alors
blanche;
b) Toutes les radiations sont absorbées, la matière nous apparaît noire;
c) Une partie des radiations est absorbée sélectivement, la matière nous apparaît colorée.
Remarque : cas du blanc, du noir et du gris. Théoriquement ce ne sont pas des couleurs.
- Un objet blanc contient une substance qui n'absorbe aucune couleur du spectre. La totalité
du spectre est réfléchie.
- Dans le cas du noir, nous observons le contraire. Aucune couleur n'est réfléchie, toutes les
couleurs du spectre sont absorbées.
- Le gris se situe entre le blanc et le noir. Une égale quantité de chaque couleur est réfléchie et
le reste est absorbé. Les couleurs réfléchies se mélangent pour donner le gris. Plus le gris est
clair (c'est-à-dire plus il se rapproche du blanc), plus grande est la quantité de chaque couleur
qui est réfléchie ; et inversement
27
Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)-UNZ
Cours de Biochimie des colorants
Attention : Ces exemples ci-dessus sont cependant purement théoriques. Dans la réalité, il
n'existe pas de substances qui absorbent totalement une certaine partie du spectre et qui en
réfléchissent intégralement une autre partie.
*A titre d’exemple considérons d'abord le rouge vermillon. En examinant la partie du spectre
qui est réfléchie, on voit que la plus grande partie est formée par le rouge ; mais on constate
aussi que toutes les autres couleurs sont présentes, et surtout l'orangé et le jaune
*Pour le rose magenta on constate de nouveau que la partie rouge du spectre est la plus
présente, mais que toutes les autres couleurs sont également présentes, et surtout le violet et le
bleu
La couleur d'une substance n'est donc qu'un cas particulier d'un phénomène beaucoup plus
général, celui de l'absorption sélective.
A l'intérieur du domaine visible, des bandes plus étroites de longueurs d'onde correspondent à
des couleurs bien définies. Ces couleurs peuvent s'obtenir, non seulement en produisant de la
lumière d'une longueur d'onde bien déterminée, mais aussi à partir de la lumière blanche, par
absorption de la radiation ne possédant pas les longueurs d'onde de la couleur désirée. C'est
ainsi que par absorption de « couleurs complémentaires » apparaissent les couleurs perçues
des substances qui nous entourent.
Le tableau suivant indique les couleurs absorbées et perçues en fonction de la longueur d'onde
de la lumière absorbée :
28
Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)-UNZ
Cours de Biochimie des colorants
Le phénomène de la vision (par l’œil), lui aussi, résulte d'une absorption de la lumière par la
rétine, absorption modifiant par une série de réactions chimiques la structure des protéines du
système visuel et provoquant une suite de réponses chimiques ayant pour effet de transmettre
les signaux reçus le long du nerf optique jusqu'au cerveau.
29
Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)-UNZ
Cours de Biochimie des colorants
Il est intéressant de noter que le fait pour un composé d'être coloré n'entraîne pas
nécessairement que son maximum d'absorption ʎmax soit situé dans le domaine visible. Il
existe en effet de nombreuses substances dont le maximum d'absorption se trouve dans
l'ultraviolet, mais qui sont néanmoins colorées, car ces bandes débordent sur la région visible
du spectre. Ceci est illustré par l'exemple de l'acide picrique qui est jaune mais dont le
maximum d'absorption est situé dans l'ultraviolet à 356 nm.
30
Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)-UNZ
Cours de Biochimie des colorants
L'orangé, le vert et le violet sont appelés couleurs secondaires. Deux couleurs secondaires
contiennent également ensemble les trois couleurs primaires. Elles ne se neutralisent pourtant
pas complètement et leur mélange ne donne pas de noir. Quel que soit le dosage, la couleur
primaire commune est toujours dominante; c'est donc elle qui détermine la couleur. Une
couleur résultant du mélange de deux couleurs secondaires est appelée couleur tertiaire.
Si on mélange ensuite chaque couleur du cercle de six couleurs avec la couleur qui se trouve à
côté d'elle, on obtient six nouvelles couleurs
31
Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)-UNZ
Cours de Biochimie des colorants
32
Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)-UNZ
Cours de Biochimie des colorants
33
Licence de Biochimie Fondamentale et Appliquée (BioFA)-UNZ