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Cours Analyses liés à l’environnement II

I.PHÉNOLS

I.1. Définition

Le phénol est une substance organique comportant un noyau de benzène, et


porteur d'un groupe hydroxyle (OH). Un dérivé phénolé, ou phénolique, est une
substance synthétique dérivée du phénol. La formule brute d'un phénol est : C6H5OH.

Le phénol (structure) :

Le phénol, appelé aussi hydroxybenzène, acide


phénique, ou encore acide carbolique, est composé
d'un noyau phényle et d'une fonction hydroxyle.
C'est la plus simple molécule de la famille des
phénols.
Formule : C6H6O (C6H5OH)
Masse molaire : 94,11 g/mol
Figure.I.1 : Structure
Nom IUPAC : Phenol
chimique de la molécule de
Point d'ébullition : 181,7 °C
phénol (C6H5OH)
Point de fusion : 40,5 °C
Masse volumique : 1,07 g/cm³
Solubilité : Eau
Il se présente à la température ordinaire comme un
solide blanc cristallisé.
Le phénol est un produit de synthèse. Pur, C'est un
composé toxique (VME = 19 mg.m-3) qui provoque
des brûlures graves sur la peau. Il doit être
manipulé en utilisant des gants et des lunettes de
protection.

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I.1. Applications

Les phénols sont employés dans l’industrie comme antioxydants,


intermédiaires de synthèse, désinfectants, agents de tannage, révélateurs
photographiques et additifs des lubrifiants et des essences. Ils sont largement utilisés
en photographie, dans les industries du pétrole, des peintures, des explosifs, du
caoutchouc, des matières plastiques et dans les industries pharmaceutique, colorants,
résines synthétiques incolores ou légèrement colorées et dans le domaine
agroalimentaire. Les trois principales applications des phénols se situent dans la
fabrication des résines phénoliques, du bisphénol A (BPA) et le xylénol. [1-2]

C’est un désinfectant à usage général utilisé pour les écuries, les fosses septiques, les
sols et les égouts; on l’emploie également comme solvant d’extraction dans le
raffinage du pétrole. Le phénol trouve des applications dans les peintures germicides,
vermicides et les colles [3-4].

I.2 Principe de production :

Il existe plusieurs méthodes de production du phénol, mais seules deux d’entre


elles sont mises en œuvre industriellement : [4]

 La méthode de Hock qui comporte trois phases :

 Alkylation du benzène avec le propène pour former de


l’isopropylbenzène (cumène).
 Oxydation du cumène donnant naissance à d’hydroperoxyde.
 Séparation en phénol et acétone.

Ce procédé particulièrement avantageux illustre une des caractéristiques de la chimie


industrielle moderne : limiter le coût des réactifs (ici O2 de l'air) et valoriser au
maximum les sous-produits.

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 La méthode de Dow qui consiste à oxyder du toluène pour former de l’oxyde


benzoïque puis à procéder à une décarboxylation oxydante permettant
d’obtenir le phénol.

La méthode de Hock représente 93% de la production de phénol et le reste est


obtenu en grande partie avec le second procédé ou secondairement à partir de
fractions de distillation de goudron de la houille.

I.3 . Caractérisation des composés phénoliques

I.3 .1 Spectroscopie infrarouge

 En solution dans un solvant apolaire, on observe un pic fin à 3610 cm -1. Il


s'agit de la vibration d'élongation de la liaison O-H libre.
 Pour le composé pur, on observe une bande large 3200 cm-1 < s < 3400 cm-1. Il
s'agit des liaisons O-H associées par liaison hydrogène intermoléculaire.

I.3.2 Spectroscopie UV-Visible

Le phénol absorbe dans l'ultraviolet. Ses solutions sont incolores. La


déprotonation et le passage à l'ion phénolate provoquent un
effet bathochrome (déplacement de la bande d'absorption vers les grandes longueurs
d'onde) et hyperchrome (renforcement de l'intensité de l'absorption).

Fig I.2 : Spectre UV du phénol

Remarques :

 Par leur spectre d’absorption en UVvisible : Tous les composés phénoliques


absorbent en UV et certains d’entre eux (anthocyanes, flavonols, chalcones,

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aurones,…) absorbent également). Dans le visible et participent à la coloration


des organes végétaux (Figure)
 La concentration du composé phénolique en solution est déduite en utilisant la
classique loi de Beer-Lambert :

 Les variations du spectre d’absorption sont en fonction des modifications


chimiques, les caractéristiques physico-chimiques du milieu (pH, teneur en
métaux, interférences avec d’autres composés)

I.3.3 Résonance magnétique nucléaire (RMN)

C’est un outil puissant pour la détermination de nouvelles structures


phénoliques inconnues Les spectres RMN du proton (H) et du carbone (C) sont
généralement obtenus dansdes expérimentations séparées, le premier demandant
quelques minutes à partir d’une faible quantité de composé préalablement purifié (0,3
mg), le second étant obtenu en plusieurs heures à partir de 1 mg en minimum, en
donnant des informations sur l’environnement chimique immédiat de chaque proton H
ou de chaque carbone d’une molécule. La RMN permet de préciser les liaisons
existantes entre ces atomes à l’intérieur d’une molécule.

I.4 . Extraction caractérisation et dosage des composés phénoliques

Les méthodes de séparation, de dosage et d’identification des composés


phénoliques font appel systématiquement aux méthodes chromatographiques sous
toutes les formes : Chromatographie sur papier Wathman, chromatographie sur
couches minces, chromatographie sur colonne ouverte et à la chromatographie liquide
à haute pression (HPLC). Les dosages font appel essentiellement au
spectrophotomètre UV-Visible et leur analyse au spectrophotomètre UV-Visible à
défilement de longueur d’ondes (190 nm à 700 nm). Les détecteurs à barrette de
diodes (Photo Diode Array Dectector) couplés à la CLHP, permettent l’analyse des
spectres d’absorption en ultraviolet-visible. Cette technique peut également être

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couplée avec des techniques physico-chimiques modernes (spectrométrie de masse,


résonance magnétique nucléaire…)

I.4.1. Extraction

La présence d’un ou de plusieurs cycles benzéniques (aromatiques) hydroxylés


chez tous les composés phénoliques est responsable de certaines propriétés communes
utilisées pour les extraire à partir du matériel végétal, les caractériser chimiquement et
les doser. Cependant, il faut noter que ces propriétés peuvent s’exprimer
différemment selon la complexité de la molécule concernée et le nombre de
groupements hydroxyles portés par chacun des cycles benzéniques. Le schéma
général des différentes étapes d’extraction, de caractérisation et de dosage est valable
pour la majorité des composés phénoliques. Il devra quelquefois être modifié pour
être mieux adapté à la nature chimique, à la solubilité et au degré de liaisons avec les
autres constituants des végétaux. La plupart des composés phénoliques, présents dans
les vacuoles, peuvent aisément après broyage du végétal, être extraits avec des
mélanges d’éthanol ou méthanol/eau (70/30; v/v). Pour les tanins on utilisera un
mélange d’acétone/eau (70/30; v/v). Pour éviter toute oxydation, il est recommandé
d’ajouter un antioxydant (métabissulfite de sodium ou acide ascorbique aux solvants
d’extraction. L’extraction peut se faire à froid (macération), ou à chaud sous reflux et
le temps d’extraction peut varier en fonction du matériel végétal et de la solubilité des
composés. Après élimination du solvant organique par évaporation sous vide (à l’aide
d’un évaporateur rotatif), il est nécessaire de purifier l’extrait global ainsi obtenu,
d’abord en éliminant les pigments chlorophylliens et caroténoïdes par affrontement à
l’éther de pétrole. La deuxième étape consiste en une partition ou partage des
composés extraits entre solvants spécifiques. Pour cela l’extrait global purifié est
mélangé, dans une ampoule à décanter, avec par exemple de l’éther diéthylique,
solvant utilisé pour solubiliser les composés phénoliques simples: phénols simples et
acides phénols dérivés, et les molécules élémentaires de flavonoïdes. Après séparation
de la phase éther, la phase aqueuse est mélangée avec un solvant de polarité
intermédiaire comme l’acétate d’éthyle ou butanone. Les composés phénoliques tels
que les flavonoïdes mais aussi les proanthocyanidines dimères et trimères sont
solubilisés dans cette phase. Alors que l’éther peut s’évaporer à l’air libre, les phases
acétate et/ou butanone récupérées, et évaporées sous vide à sec sont solubilisées dans

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un petit volume de méthanol. Ce sont les différentes phases qui seront utilisées pour
les analyses qualitatives et quantitatives.

I.4.2. Séparation des polyphénols

a) par méthodes chromatographiques

Avant l’introduction de la chromatographie liquide à haute performance (CLHP) , les


séparations chromatographiques sur papier, sur couche mince ou sur colonne avaient
été largement développées pour l’analyse des composés phénoliques, ainsi que les
séparations par électrophorèse sur papier. Ces techniques gardent encore un certain
intérêt pour réaliser une première approche qualitative concernant un matériel végétal
inconnu, la combinaison de trois paramètres permet en effet de multiples séparations.

 D’abord la nature des supports chromatographiques (cellulose du papier ou des


couches minces, silice, polyamide…..) ensuite celle des solvants d’élution (pH, large
gamme de polarité
depuis l’eau très polaire jusqu’au benzène fortement apolaire).

b) par CLHP et par Electrophorèse capillaire et les couplages CLPH /UV


et CLHP/SM

La chromatographie liquide à haute per formance (CLHP) est la technique la plus


performante et laplus utilisée pour la séparation et le dosage des composés
phénoliques comme en témoignant lesexcellentes séparations déjà obtenues, Il ya plus
de vingt ans Elle ne demande qu’une faible quantité d’échantillon végétal et permet
de combineren une seule opération rapide et reproductible les analyses quantitatives et
quantitatives d’un extraitphénolique complexe, ce qui a permet l’étude de matériels
végétaux très variés.Les séparations sont basées sur les polarités respectives des
phases stationnaires utilisées du solvantd’élution et des composés phénoliques
concernés. Deux approches analytiques sont possibles : d’unepart la chromatographie
de composés phénoliques non polaires sur une phase stationnaire de siliceavec élution
par un solvant apolaire, d’autre part, la fixation de ces composés sur une phase
diteinversée suivie de leur élution par un mélange de solvants.A côté de la CLHP, une
autre technique de séparation très performante, des composésphénoliques est

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l’électrophorèse capillaire (EC) développée depuis une dizaine d’année pour ce type
de moléculeset dont la sensibilité est environ 10 fois supérieur à celle de CLHP.En
plus de la qualité des séparation obtenues, un des intérêts majeurs de la séparation
despolyphénols par CLHP ou EC concerne l’automatisation possible des analyses
quipeuvent être couplées en série d’une part avec la détection et le dosage de chacun
des composés en UVet d’autre par avec la spectrométrie de masse qui donne des
informations s ur leur structure chimique.

I.4.3. Le dosage

Le dosage global fait appel à l’utilisation d’un réactif de Folin-ciocalteu ou à la


méthode au bleu de prusse. Le caractère réducteur des composés phénoliques et leur
complexation possible avec les métaux lourds conduisent dans ces cas à la formation
des complexes colorés verts puis bleus que l’on peut alors doser par colorimétrie à
720 nm. Ces méthodes sont très sensibles, mais malheureusement peu spécifiques car
beaucoup de composés réducteurs peuvent interférer, et l’estimation est souvent très
fortement sur évaluée.

I.4.4. Le diagnostic :

Pour réaliser une première approche qualitative et visualiser la richesse en


composés phénoliques des différentes phases, la chromatographie couches minces
(sur support polyamide, silice) est une technique largement utilisée. Les rapports
frontaux (Rf) des différents composés ainsi leur fluorescence sous UV à 365 nm et
254 nm, en chambre noire, permettent de donner des indications pouvant aider à
l’identification structurale.

I.4.5 Isolement et purification :

La chromatographie sur colonne couverte et la chromatographie semi préparative


sont utilisées pour isoler les composés phénoliques purs en vue de leur identification.

I.4.6 Identification:

L’identification des composés phénoliques est basée sur l’étude spectres


d’absorption des composés purs à l’aide d’un spectrophotomètre UVVisible.

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Une autre technique faisant appel à la CLHP couplée à un détecteur à barrettes de


diodes permet également de fournir les spectres d’absorption caractéristiques de
chaque type de molécule.

Cette étude est complétée par l’utilisation de la spectrométrie de masse (masse


moléculaire du produit pur) et pour les nouveaux composés, la résonance magnétique
nucléaire sous ses différentes formes.

Figure I.2 : Schéma récapitulatif des différentes étapes de l’extraction et de l’analyse


des composés phénoliques.

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I.5. Facteurs influençant l’extraction

1. Nature et état du solide et du soluté

La nature et l’état physique du soluté ont une importance primordiale et déterminent


le mécanisme de transfert de matière. Le soluté contenu dans ces corps est soit un
solide, soit un liquide, stable ou non à la chaleur ou à l’atmosphère. Il est réparti ou
moins régulièrement à des teneurs variables dans le solide. Si le solide est dispersé
uniformément dans le solide, les parties superficielles sont dissoutes en laissant
derrières elles un solide poreux. Le solvant doit ensuite pénétrer cette couche
extérieure avant d’atteindre le soluté situé en profondeur le chemin du solvant est
rendu de plus en plus difficile, traduisant ainsi une diminution de la vitesse
superficielle. Lorsque la teneur en soluté est importante dans le solide, la structure
poreuse peut être détruire par broyage. La dissolution ultérieure de soluté devient plus
facile dans les matières végétales

2. Nature du solvant

D’une façon générale, les solvants utilisés doivent être dans la mesure du possible,
thermiquement stables, peu chers, non corrosifs, non toxiques, inflammables. Ils
doivent êtres, de plus sélectifs et facilement séparables des constituants entraînés

3. Température et pression

La réduction de la pression de marche provoque un abaissement des températures


d’ébullition et de condensation. Inversement, toute augmentation de pression amène
une élévation de ces températures. L’élévation de la température permet

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l’accroissement de la solubilité et de la diffusivité du soluté et la diminution de la


viscosité. Elle doit être limitée pour éviter les risques d’extraction des composés
nuisibles et la dégradation thermique du soluté.

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