Chemin de Fer Dissert Bonnefoy

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Dissertation Bonnefoy

I) l’image analogique, par ressemblance


en I je développe la thèse de Bonnefoy : la poésie qui se donne comme une
connaissance de la vérité est une trahison du « réel » (même si-j’ajoute après
le cours- on ne sait pas très bien ce qu’est le réel !!!)

A) la métaphore analogique (c’est elle, l’outil de la trahison !! ; il faut donc


expliquer comment elle « fonctionne » et comment elle crée de la
connaissance)

Aristote Poétique
chapitre 21 « la métaphore est le transport à une autre d’un nom qui en désigne
une autre »

il distingue le rapport d’analogie qu’il dé nit comme un rapport croisé entre quatre
termes liés logiquement : « il y a le même rapport entre la vieillesse et la vie
qu’entre le soir et le jour ; le poète dira donc du soir que c’est « la vieillesse du
jour »

il poursuit : « ce qui fait la qualité de l’expression c’est d’être claire sans être
banale. (…) Mais si un poète compose exclusivement avec des noms inhabituels
(=qui s’écartent de l’usage courant = la métaphore), le résultat sera énigme ou
charabia. »
chapitre 22

« l’essence de l’énigme est de joindre ensemble, tout en disant ce qui est, des
termes inconciliables « il prend l’exemple suivant : « j’ai vu un homme coller du
bronze sur un homme avec du feu » (= on pose des ventouses à un homme)

ainsi Aristote fonde-t-il une théorie de la métaphore étroitement associée à


l’énigme, au labyrinthe : il s’agit de déplacer un sens direct ou immédiat

pensons ici à Molière qui présente les Précieuses ridicules en 1659 multipliant les
exemples de langage indirect : « le conseiller des grâces », « les commodités de la
conversation », « les miroirs de l’âme » ; les précieuses veulent e acer les noms
« propres » des choses et leur substituer un langage crypté, énigmatiques

en réalité, elles multiplient les métaphores in absentia (= seul le comparant est


nommé, il n’y a pas de comparé explicite) ; c’est Edmond Rostand qui reprendra
cette tradition dans Cyrano à la n du XIXème siècle

Roxane, héroïne de Cyrano, est passionnée des images poétiques ! elle veut
entendre parler d’amour par métaphores !! et quand Christian lui susurre « je vous
aime » elle lui répond « allez donc rassembler votre éloquence en fuite » !!
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il ya une jouissance de l’image qui se substitue à l’amour physique ; nous ne
sommes pas très loin de l’amour de loin !! et de l’amour courtois

la préciosité est une mouvement passionnant

mais Aristote précise : « bien faire les métaphores, c’es( apercevoir les
ressemblances »
ainsi, le poète révèle des relations cachées mais qui existent !! il n’est pas
véritablement créateur, mais imitateur d’une analogie qui existe déjà dans le
monde mais n’est pas perçue directement !!

la poésie moderne va s’opposer à cela et notamment la poésie surréaliste


Tristan Tzara écrit en 1953 : « la mission essentielle de la poésie est de créer un
réalité poétique plutôt que de traduire en paroles une image donnée d’autre part
dans un monde qui n’est virtuellement pas le sien »

abandon de la tradition aristotélicienne donc qui est esthétique ; la poésie est une
activité de l’esprit (et pas une création quasi artisanale)
Tzara « le penser imagé »
René Char « le parler des images »

le surréalisme hypostasie l’image ; il en fait la marque même de la poésie

Aragon Le Paysan de Paris en 1926 : « Le vice appelé surréalisme est l’emploi


déréglé et passionnel du stupé ant image »
on retrouve Baudelaire, Rimbaud et Apollinaire !

le langage est en soi image (d’où la critique de Bonnefoy contre Platon perçu
comme une philosophie essentialiste et idéaliste)

Breton ouvre le premier manifeste du surréalisme en 1924 par le primat absolu de


l’imagination ( héritage de Baudelaire !) contre l’attitude réaliste :
« la seule imagination me rend compte de qui peut être (il souligne par des
italiques ; notez alors que la poésie trahit donc ce qui est au pro t de ce qui peut
être)

il s’appuie sur la dé nition de Pierre Reverdy en 1918 : « plus les rapports de deux
réalités rapprochées seront lointains et justes, plus l’image sera forte-plus elle aura
de puissance et de réalité poétique ».

il faut insister sur « lointains »

Breton a rme que « l’image la plus forte est celle qui présente le degré d’arbitraire
le plus élevé, celle qui relie deux éléments de la réalité, de catégories si éloignées
l’une de l’autre que la raison se refuserait à les mettre en rapport. »
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exemples :
« ses lèvres sont des pierres au fond de la rivière rapide » Clair de terre
« un bouquet d’immortelles de la forme de mon sang » le Revolver à cheveux
blancs

le surréalisme libère l’image du principe de contradiction, hors de la pensée


logique ; il parle d’une « lumière de l’image »

ainsi, il s’oppose par exemple à l’esthétique de la Pléiade qui crée l’image selon la
rationalité de l’invention
par exemple dans un blason
« je vois ton sein blanchissant comme albâtre
et tes yeux, deux soleils
tes beaux cheveux épanchés par ondées
et les beaux lys de tex lèvres bordées
de cent oeillet vermeil »

Ronsard Chanson 1556

l’invention est codi ée par un rapport de ressemblance référentielle

le surréalisme se décolle de cette relation qui a été pensée comme un


motivation de la création métaphorique

d’où par exemple la valeur accordée à l’écriture automatique qui révèle les
puissances irrationnelles et non logiques

B) se défaire du monde au pro t d’une harmonie préétablie

Baudelaire

Sur quelques-uns de mes contemporains


Victor Hugo

Si nous étendons la démonstration (non seulement nous en avons le droit, mais il


nous serait in niment dif cile de faire autrement), nous arrivons à cette vérité que
tout est hiéroglyphique, et nous savons que les symboles ne sont obscurs que
d’une manière relative, c’est-à-dire selon la pureté, la bonne volonté ou la
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clairvoyance native des âmes. Or qu’est-ce qu’un poëte (je prends le mot dans son
acception la plus large), si ce n’est un traducteur, un déchiffreur ? Chez les
excellents poëtes, il n’y a pas de métaphore, de comparaison ou d’épithète qui ne
soit d’une adaptation mathématiquement exacte dans la circonstance actuelle,
parce que ces comparaisons, ces métaphores et ces épithètes sont puisées dans
l’inépuisable fonds de l’universelle analogie, et qu’elles ne peuvent être puisées
ailleurs

exemple : Correspondances

le poète est celui déchiffre les analogies, les synesthésie


il faut remarquer que c’est la comparaison qui domine dans ces poèmes-et assez
peu la métaphore ; en fait il y a une métaphore fondatrice qui relie deux réalités
éloignées puis une succession de comparaisons qui fonde en relaté une allégorie
(la nature temple donc sacrée) ; comme le cygne qui à la n est inépuisable dans
ses comparant

la poésie est une élévation spirituell

ici on passe vraiment à une connaissance du monde ; c’est vraiment une illustration
de la thèse de Bonnefoy

Baudelaire théorie super naturaliste ; le monde est spirituel et prend son sens si le
poète révèle son unité ; le monde est un temple (donc ne n’est plus le monde tel
que nous le « connaissons » !

C) une connaissance du monde (pour Bonnefoy, une connaissance


fallacieuse car elle méconnaît l’obscur et réciproque déchirement, je cite)

Hug

Suite dans Contemplation

lisible ici

https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Contemplations/Suite

et, capital, Réponse à un acte d’accusation, à lire impérativement !

https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Contemplations/
R%C3%A9ponse_%C3%A0_un_acte_d%E2%80%99accusation
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le mot est l’instrument, la chose qui permet d’exprimer la puissance du monde ; et


l’instrument de la puissance poétique est la métaphor

mise en évidence de la puissance lumineuse du mo


nominatio

succession de métaphores qui disent la puissance du Verb


la poésie propose une connaissance du monde par le Verbe, qui lui-même
s’exprime par la métaphore ( « le mot est un être vivant »

« de l’océan pensée il est le noir polype » (= comme une tumeur

double métaphore !!

le mot devient une chose du monde !

il semble y avoir une assimilation entre la puissance poétique et la connaissance

II) vers une critique de l’image analogique comme arbitrair


en II je commence à montrer que la métaphore ne veut pas renvoyer à une
« réalité » mais qu’elle est éminemment littéraire et culturelle ; la métaphore
est un travail poétique qui renvoie bien plus à la poésie elle-même comme
pratique qu’à un « référent » réel

I) Rimbaud ce qu’on dit au poète à propos de eur


Rimbaud « déréférentialise » la métaphore !!

Rimbaud signe ce poème d’un pseudonyme qui renvoie encore une fois au
sarcasme et à la blagu
Alcide Bava !

Rimbaud développe une parodi


« des lys ! des lys ! on n’en voit pas !

manifeste le caractère arti ciel de la création métaphorique qui est devenue usé
Rimbaud interroge le processus qui a permis de créer les métaphores et exhibe
leur caractère culturel et historique ; il refait une sorte d’histoire de la poésie (cf
n

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dans Une saison en enfer Alchimie du Verbe ; il reprend ses anciens poèmes)
Rimbaud explique la « méthode » de l’hallucination : « je voyais très franchement
une mosquée à la place d’une usine, une école de tambours faite par des anges,
des calèches sur les routes du ciel, un salon au fond d’un lac »

« je devins un opéra fabuleux


« en n, ô bonheur, ô raison, j’écartai du ciel l’azur, qui est du noir, et je vécus
étincelle d’or de la lumière nature. »

métaphore attributiv

Soir historiqu

le texte métaphoriqu

B) la poésie baroque : mise en évidence du caractère très « arti ciel « des


images ! qui vont jusqu’à faire disparaître le référent au pro t des gure

Pascal « ceux qui font des antithèses en forçant les mots sont comme ceux qui
font de fausses fenêtres pour la symétrie : leur règle n’est pas de parler juste, mais
de faire des gures justes.

des « violons ailés » - métaphore double - désignant les abeilles ou,


selon les cas, les oiseaux, et qu’on retrouve partout à l’époque, chez
Marino, Gongora ou Saint-Amant, ou encore Gabriel Du Bois Hus
(1599-1655) : aumônier de Louis XIII, il composa La Nuit des nuits en
1641, poème dans lequel il célèbre la naissance du Christ lors de la nuit
de Noël. Ce sujet est en fait l’occasion de peindre les merveilles de la
Création, par exemple des oiseaux :

Et vous, oiseaux, luths animés,


Vivants concerts qui me charmez,
Chantres naturels des villages,
Aimables fugitifs, âmes de nos buissons,
Âmes de nos rivages,
Venez l’entretenir de vos belles chansons. [...]

Volantes voix, troupes ailées,


Artisans des fredons , délices de nos champs,
Hôtes de nos vallées,
Venir bénir le Dieu qui façonne vos chants.

Le référent disparaît sous la figure, comme la structure du bâtiment


romain disparaît sous la prolifération du décor de la façade ; dans les
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deux cas, celui du fronton orné comme celui de la métaphore


recherchée, la fonction est étouffée par le décor ; que l’image soit elle-
même mobile ajoute encore à la dimension baroque de la figure.
De telles analyses enrichissent à coup sûr notre approche des textes. Les
principes de Rousset éclairent des poèmes sur lesquels la critique, avant
lui, manquait d’accroche, et qui ont acquis une certaine notoriété, via les
manuels, depuis Circé et le paon, comme ce sonnet « A Philis » de
Marbeuf, désormais présent dans toutes les anthologies et auquel le
recours au baroque a seul pu donner ses lettres de noblesse :

A Philis

Et l’amour et la mer ont l’amer pour partage,


Et la mer est amère, et l’amour est amer,
L’on s’abîme en l’amour aussi bien qu’en la mer,
Car la mer et l’amour ne sont point sans orage.

Celui qui craint les eaux qu’il demeure au rivage,


Celui qui craint les maux qu’on souffre pour aimer,
Qu’il ne se laisse pas par l’amour enflammer,
Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.

La mère de l’amour eut la mer pour berceau,


Le feu sort de l’amour, sa mère sort de l’eau,
Mais l’eau contre ce feu ne peut fournir des armes.

Si l’eau pouvait éteindre un brasier amoureux,


Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,
que j’eusse éteint ton feu de la mer de mes larmes.

(Pierre de Marbeuf, 1596-1650)


Marbeuf était un poète normand, né à Sahurs en Seine-Maritime, dont il
était seigneur. Il fit ses études à La Flèche, où il côtoya René Descartes.
Il se fit connaître comme écrivain en participant au grand concours de
poésie de Rouen, les Palinods. Il fréquenta par la suite le cercle
malherbien de Marolles et participa à un renouveau de la poésie. Comme
La Fontaine, il fut maître des eaux et forêts, profession qui l’amena à
entretenir un rapport étroit avec la nature, sans qu’il faille
nécessairement conclure à une influence littéraire entraînée par ce
métier. Il s’illustra dans la poésie religieuse et, comme ici, galante.

Ce qu’on peut considérer comme « baroque », c’est la place du signifiant


dans ce poème : la façon dont le premier quatrain s’engendre par le jeu
des figures et des sons, et non selon des raisons structurelles,
correspond à cette faveur accordée au décor dans l’architecture
“borromino-berninienne”, de même que le caractère filé de la métaphore
qui gouverne l’ensemble du texte. La thématique aquatique, par sa
fluidité, rappelle la souplesse et les courbes torses des colonnades
romaines ; de même que, comme l’écrivait Philippe Beaussant, « une
colonne torse affecte de nier sa raison d’être, qui est de soutenir une
architecture » [7], de même l’enchaînement des sons l’emporte sur le
processus de signification ; l’effet de chute (la pointe) renvoie au souci
de surprendre qui caractérisait aussi les arts plastiques au temps du
concile de Trente. De même, on retrouve dans ce texte cette équivalence
entre le matériel et le spirituel, le psychique et le physique (l’amour et la
mer, qui partagent la même qualité, prise au propre ou au figuré), dont
on avait vu en étudiant l’extase de sainte Thérèse qu’elle constituait un
trait essentiel du baroque.

On pourrait multiplier les exemples, en montrant que la tendance à la


dissolution des formes, attestée en architecture, se retrouve dans les
innombrables métamorphoses et les exemples d’inconstance ; le
mouvement se retrouve dans la thématique de la vanité et de la fuite du
temps

C) finalement cet arbitraire critiqué par Bonnefoy acquiert une forme


d’évidence : celle du texte ; il faut donc repenser le rapport texte/monde

par exemple Roubaud méditation ou Ponge dont a déjà parlé ou Michaux

III) la poésie ne se défait pas du monde par l’image, elle crée un


monde « à neuf » : il y a recréation verbale du monde par
l’image. Nous sommes donc sortis de l’impasse platonicienne et
platonisante que condamnait Bonnefoy : la poésie analogique ne
cherche pas à se défaire du monde, elle en (re)fait un qui a ses
propres lois (et que donc nous ne pouvons pas juger à l’aune des
critères de « réalité » ; vous voyez donc que la réflexion porte
sur la fiction poétique comme engendrement d’un monde
structuré par des figures qui renvoient à la cohérence du texte,
et pas du monde ; il faut repenser donc aussi le terme
« monde »).
A) Desnos

identité des images

métaphore du charbon ; l’image crée un texte-monde qui est régi par la


loi de l’image elle-même

deux sens possibles du titre ; motivation de l’image du charbon

le texte n’est plus envisagé dans son rapport au monde !! mais dans ses
rapports internes

Mallarmé le poème comme mot-neuf ; le poème devient signe et non pas


duplication ou analogue du réel

en fait c’est le rapport analogique lui-même qu’il faut questionner

B) Verlaine texte comme chose sonore du monde lui-même !! Le


rossignol

le sons prime sur le sens

C)Saint John Perse

poésie de la célébration

refus d’un poétique de l’image analogique au profit d’une poésie


mantique (= qui interroge) ; recherche d’un sens qui se constitue par et
pour le texte !

utilisation du verset

l’oiseau est un signe doué de parole !

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