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Explic Linéaire Chapitre 21
Explic Linéaire Chapitre 21
Comment la description des activités matinales de G permet-elle à Rabelais de formuler une satire de
la première éducation ?
1) Le temps du lever
2) L’art d’argumenter
3) Le temps de l’étude
3- Le temps de l’étude
Après cet aparté concernant l’hygiène de G. Le déroulement d’une journée type se poursuit.
On retrouve l’évocation d’un monde de géants comme en témoignent les dimensions et les
quantités gros bréviaire … onze quintaux », « un tas de chapelets dont chaque grain était
aussi gros qu’est la coiffe d’un bonnet ».
Néanmoins Rabelais au-delà de la dimension grotesque va profiter de cette évocation de la
journée de G pour dénoncer à nouveau cette éducation scolastique et médiévale.
Le champ lexical de la religion est très présent « bréviaire, église, ermite, diseur de prières,
kyrielles, chapelets » et sert à préciser que cette éducation est uniquement religieuse.
De plus, l’évocation de la taille démesurée du bréviaire est une image qui sert à faire
comprendre combien cette éducation repose sur l’apprentissage par cœur et la religion, ce
qui est aux antipodes des convictions humanistes défendues par Rabelais. On retrouve la
même idée, avec le nombre de messes auxquelles assiste chaque jour G « 26 ou30 » ce qui
suppose qu’il ne fait rien d’autre. De même, le terme « kyrielles » ou l’évocation du « chariot
de chapelets » insistent sur la notion de répétition et de mémorisation, on est bien loin d’une
tête bien faite et de la variété d’activité censées construire l’élève ce qui est évoqué avec le
comparatif de supériorité « il en disait plus que seize ermites ».
Rabelais dénonce aussi la passivité de G qui ne produit aucun effort dans cet apprentissage
comme en témoigne « on lui portait » ou « diseur de prières ».
De même, la description du diseur de prières est une satire car il nous dit qu’il est « emballé
comme une huppe », ce qui vise à se moquer de son habit. Et il précise qu’il a « antidoté son
haleine à force de sirop de vignoble », il insinue ainsi que cet homme est un ivrogne et de
plus qu’il utilise un prétexte médical comme en témoigne le champ lexical de la médecine
pour justifier de son ivrognerie. Il décrédibilise ainsi l’homme et le professeur.
Le dernier paragraphe revient sur le sujet même de l’étude. Le complément circonstanciel de
temps « quelques méchante demi-heure » révèle le peu de temps consacré à l’étude. De
plus, Rabelais précise que ce temps limité est peu efficace car G a « les yeux posés sur un
livre » témoignant ainsi de son extrême passivité. La référence finale à la phrase de Térence
confirme son absence d’investissement et cantonne G dans un état primitif car il ne
s’intéresse qu’à ses besoins primaires : se nourrir et dormir. De plus, cette éducation ne vise
à aucun moment à stimuler des compétences intellectuelles.
CONCLUSION
Cet extrait complète la critique de l’éducation scolastique que Rabelais juge inefficace et qu’il
déploie depuis le début du livre. Au-delà de la critique et du rire provoqué par le
comportement du géant, c’est l’humaniste qui s’exprime. Si l’on lit les critique, on voit
apparaître en filigrane les grands principes de l’idéal humaniste, qui seront exposés dans le
chapitre 23 lors de la mise en œuvre de l’éducation dispensée par Ponocratès. En effet, on y
retrouve l’idée du « mens sana in corpore sano », un esprit sain dans un corps sain, c’est-à-
dire la mise en parallèle d’un corps en harmonie avec l’ordre naturel de l’univers, avec un
esprit instruit, capable de faire usage de sa raison en se dégageant de la seule influence
religieuse.