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Thème 3 - La Iii République Avant 1914 - Un Régime Politique, Un Empire Colonial
Thème 3 - La Iii République Avant 1914 - Un Régime Politique, Un Empire Colonial
Malgré l’arrivée au pouvoir de Jules Grévy comme nouveau président de la république après la
démission de Mac Mahon, la république se base sur un régime parlementaire (élit le président et
contrôle le gouvernement) et non un régime présidentiel fort (comme aujourd’hui)
Pendant longtemps l’école était encadrée par les religieux (dominicains, assomptionnistes,
jésuites…) Cependant, la république voit d’un mauvais œil l’implication du clergé catholique
dans l’éducation. Elle va donc progressivement s’immiscer dans le système scolaire pour les
remplacer.
Nous pouvons citer Soeur Marie Eugénie, fondatrice de l’Assomption qui va créer des écoles pour
les jeunes filles, alors que celle ci avant ne recevait que peu d’éducation.
Avec les lois Jules-Ferry de 1881-1882, l'école devient gratuite, obligatoire pour les enfants de 6 à 13
ans, et laïque, que ce soit pour les garçons ou les filles.
5.000 congréganistes sont presque aussitôt expulsés, certaines municipalités anticléricales font
du zèle en expulsant aussi les religieuses qui se dévouent dans les hôpitaux. Le 21 décembre
1880, le député Camille Sée, ami de Jules Ferry, fait passer une loi qui ouvre aux filles l’accès à un
enseignement secondaire public où les cours de religion seront remplacés par des cours de
morale. L’année suivante, il fait voter la création de l’École Normale Supérieure de Sèvres en vue
de former des professeurs féminins pour ces lycées. Jules Ferry établit par ailleurs la gratuité de
l’enseignement primaire par la loi du 16 juin 1881 et le rend laïc et obligatoire par la loi du 29
mars 1882. L’enseignement primaire, public, gratuit et obligatoire, devient le fer de lance de la
IIIe République. Ses thuriféraires exaltent les «hussards noirs de la République», c’est ainsi que
sont désignés les instituteurs qui préparent les écoliers à devenir de bon citoyens et de fervents
patriotes.
C'est à l'écrivain français Charles Péguy, dans son roman "L'argent", écrit en 1913, que nous
devons ces formules en forme d'idiotisme militaire et d'idiotisme chromatique, désignant les
instituteurs publics sous la IIIe République après le vote des lois scolaires dites "lois Jules Ferry " et
le vote de la loi de séparation des Églises et de l'État de 1905.
● Le mot "hussard" fait référence au corps de cavalerie hongrois créé au XVe siècle.
● Et la couleur noire renvoit à celle de l'uniforme des élèves de l'ENM (École
Normale Supérieure) ainsi - probablement - qu'à celui des cavaliers d'élite
français du fameux Cadre noir de Saumur (49), dont la couleur noire fut décidée
sous le règne de Louis-Philippe.
● Enfin - et surtout - on ne peut, bien sûr, s'empêcher de penser aux fameux
"Hussards Noirs", cet escadron de cavalerie constitué pendant la Révolution, en
1793, par la jeune République française.
Enfin, pour construire une culture républicaine qui soit la même pour tous les Français et
façonner une conscience collective, des symboles sont adoptés : à partir de 1884, toutes les
mairies de France sont ornées de la devise républicaine et d'un buste de Marianne, allégorie de la
République. Pour inscrire une continuité avec la Révolution française, le 14 juillet est décrété
jour de fête nationale (ont célébré la fête de la fédération qui symbolise l’unité de la nation) et la
Marseillaise devient l'hymne officiel en 1879.
Depuis 1870, les élections se déroulent au suffrage universel direct, que ce soit pour les députés
du parlement mais aussi pour les maires.
La séparation de l’Eglise et de l’Etat, loi 1905. Elle garantit à chacun la liberté de croyance et de
religion, dans un cadre où l'État reste neutre et ne rémunère plus les cultes. La religion relève
dorénavant du domaine privé. Cependant l’Etat ne s’arrête pas là, puisque tous les biens de
l’Eglise catholique sont saisis (comme c’est le cas aujourd’hui).
La loi sur la liberté de la presse de 1881 garantit la liberté d'expression et donne une place
importante aux journaux, qui vont dès lors constituer un contre-pouvoir. La même année est
proclamée la liberté de réunion.
En 1884, les syndicats sont autorisés grâce à la loi Waldeck Rousseau, et les maires ne sont plus
désignés mais élus par les citoyens de chaque commune.
La loi sur la liberté d'association (1901) permet la naissance des partis politiques modernes.
Les lois de la IIIe République font du français la langue de l'instruction obligatoire, laïque
et gratuite : dans le programme de l'enseignement primaire, qui comporte "la langue et les
éléments de la littérature française" (loi du 28 mars 1882). Cette décision permet d’unifier le
pays face à une multitudes de langues vernaculaires “patois” encore très présentes dans les
milieux ruraux (Languedocien, Béarnais, Corse, Basque, Savoyard…)
Les conditions de vie des travailleurs sont difficiles. Parfois plus de 10h par jour, un salaire faible
et des conditions de vie difficiles, environ ¼ des populations des 9 plus grandes villes du Nord
sont considérées comme indigentes (48 milles personnes). En 1848 la journée de travail est fixée
à 12h par jour. Les mineurs descendent parfois jusqu’à 100 m de profondeur, ils y restent toute
la journée, souvent accroupis, ou allongés, avec des températures particulièrement étouffantes,
présence des particules de carbones.
La dangerosité des métiers n’est pas toujours prise en compte dans des entrepôts qui ne sont pas
toujours au normes (1849 et 1870, il y a 345 incendies dans le nord, 58 dans le Rhin), Engels et
Le Play énonce des températures des laminoires, chauffés à plus de 1500°C, les usines de verres,
ont une températures ambiantes de 45 à 50°C. Les conditions de travail peuvent causer des
maladies respiratoires, intoxication à la céruse (plomb blanc) comme le saturnisme (intoxication
du sang) ou la silicose (poumon bouchés à cause du charbon). Taux de mortalité élevé de
33,7%0, en 1850 à Lille 21% des enfants n’atteignait pas l'âge de 5 ans.
Accident de Courrières le 10 mars 1906, 1099 morts.
Entre 1830 et 1850 la population rurale est à 27 millions d’habitants. A partir des années de
1870, elle compte plus de 100 milles départs par an. La population quitte massivement les
espaces ruraux pour aller travailler en ville (phénomène qui est similaire dans beaucoup de pays
européens; Allemagne, Grande Bretagne…), mais la population française reste majoritairement
rurale jusqu'au milieu du XXème siècle. Il faut donc relativiser la place des ouvriers dans
l’économie nationale. Elle est certe très importante, mais ceux ci ne représentent en 1830 que
30% de la population active, en 1914, le monde agricole représente encore 40% des actifs.
L’exode rural est certes important mais il ne dépeuple pas les campagnes comme nous pourrions
le penser. (apparition 1er moissonneuse batteuse en 1834). La population urbaine ne devient
majoritaire qu' en 1931.
Certaines, membres de classes sociales plus étriqués, pouvaient effectivement avoir une
interdiction de travailler, mais l'écrasante majorité à toujours travailler. Généralement, la femme
prend le même métier que son mari. Dans la plupart des cas, le salaire du mari ne suffit pas à
nourrir la famille, l’épouse venait apporter un salaire d’appoint afin de subvenir aux besoins
familiaux. (Saunier de l’Ile de Ré, ouvriers, mineurs). Les enfants partent également travailler
dès l'âge de 6 ans. Leurs tailles (enfants et femmes) est fortement pratique pour les espaces
exiguës des mines ou pour pousser les wagons de charbon dans des tunnels bas de plafond. En
1906 on compte 1 million d’ouvrières, 1,5 million en 1914. L’entrée en guerre permettra aux
femmes de voir leur accès au monde du travail élargi (munitionnettes).
Enquête de Le Play, le coût entre 1870 du pain varie entre 0.20 et 0.40 francs celui de la viande
de 0.60 à 1 francs, quand on sait que la plupart des ouvriers gagnent entre 2 et 3,20 francs par
jours, tailleurs de pierre, horloger, charpentiers, forgerons entre 3,20 et 4 francs par jours…
Environ 50 à 60% du budget des familles est destiné à l’alimentation.
Les femmes ne représentent pas la majorité des travailleurs dans les mines ou les métiers de la
sidérurgie, elles sont bien plus présentes dans tous les métiers du textile, 89% des actifs, ou
comme “chambrelan” 86% des travailleurs (travaillant dans sa chambre avec l’invention en 1830
de la machine à coudre). 1880 50% des femmes travaillent pour elles seules (veuves ou
célibataires) Après 1900, 43% des travailleuses œuvrent entre 10 et 12h par jour pour un salaire
annuel de 500 francs.
Les femmes et les enfants sont progressivement écartés des métiers de fonds ou sidérurgiques,
trop épuisants pour eux, 1874 en France et interdiction des travaux de nuit en 1892.
Il faut attendre les années 1900 pour voir une amélioration dans le salaire notamment grâce aux
revendications des syndicats et des partis ouvriers. L'indice de salaire passe de 60 en 1850 à 100
en 1900 en France. Une enquête du ministère de l'intérieur prouve que les populations ont un
meilleur niveau de vie, un accès plus facile à la viande et à des aliments diversifiés…
Hubertine Auclert
III) La France et la constitution de son empire colonial
Contexte d’isolement de la France sur la scène internationale, à cause du système bismarckien,
incapacité pour le moment d’affronter l’Allemagne et de prendre sa revanche. La république se
tourne vers d’autres moyens pour reprendre une place,et cela passe par la colonisation. Les
républicains modérés (Jules Ferry, Léon Gambetta) voient dans la colonisation une opportunité de
retrouver la gloire d’antan du pays et de retrouver une puissance économique.
La conquête de l’Algérie à déjà été réalisée le 5 juillet 1830 grâce aux 37 milles soldats du général
Louis de Bourmont. Le 9 décembre 1848 sont créés 3 départements français: Oran,
Constantine et Alger, la fin de la conquête est permise par la soumission d’Abd El Kader en
1857. L’Algérie devient une colonie de peuplement, de nombreux européens viennent s’y
installer, les enfants européens qui naissent là-bas sont appelés “Pieds noirs”. La France propose
des protectorats en Tunisie en 1881 et au Maroc en 1912.
En 1885 la France s’établit dans le Dahomey (Bénin), en 1887, le général Gallieni impose un
protectorat aux royaumes de Toucouleurs (Mali), ceux-ci se révoltent, ils sont vaincus et le
royaume est annexé en 1890. En 1889, la France établit protectorat en Côte d’Ivoire, Paul
Crampel explore le Cameroun en 1889 et signe 14 traités avec 46 chefs, Léonce Lagarde
participe à la création de la ville de Djibouti en 1888.
Entre 1895-1896 c’est la conquête et annexion de Madagascar après une refus de la reine d'en
faire un protectorat et de nombreux incidents.
Les pays européens décident de la gestion des conquêtes coloniales par la conférence de Berlin
(1884-1885). A l’initiative de Bismarck, une réunion convie quatorze puissances européennes
(Allemagne, Autriche-Hongrie, Belgique, Danemark, Espagne, Etats Unis, France, Italie,
Empire Ottoman, Pays Bas, Portugal, Suède, Royaume Unie et Russie). L’objectif est d’établir
un certain nombre de règles afin d’éviter des conflits entre ces nations durant les périodes de
colonisation en Afrique. Ils conviennent de mettre fin à l’esclavage, de garder la libre circulation
sur le Nil et le Congo, la colonisation doit se faire dans l’objectif d’une mission civilisatrice. Cet
accord voit la multiplication des frontières.
En 1914, la France possède en Afrique un empire de 10 millions de km2, soit 20 fois la France.
Elle est le deuxième empire colonial au monde, juste après l’empire britannique. (En 1920, 33.5
millions de kilomètres carré, 1⁄4 des terres émergées et 1⁄4 de la population mondiale.)
Définitions:
- AEF : Afrique équatoriale française.
- AOF : Afrique occidentale française.
- Indochine : terme désignant la grande péninsule au sud-est du continent asiatique.
- Mission civilisatrice : idée selon laquelle certains pays, qui se considèrent comme plus
développés, doivent apporter la civilisation aux autres.
- Parti colonial : groupe d'influence visant à promouvoir le colonialisme.
Hormis l’Algérie, les autres colonies de l’empire sont des colonies d’exploitation. La France y
prélève des ressources afin de les revendre dans le monde ou de les importer en métropole. En
1880 la France importait 4,8% des ressources de ses colonies et 9,4% en 1913. La métropole
exportait, quant à elle, 6,3 % de ses ressources vers les colonies en 1880 et 13% en 1913. La
majorité des ressources exportés vers la métropole sont le bois (36 milles t 1919), les minéraux
(charbon, zinc, étain, or…), les céréales d’Algérie, des fruits et légumes en tous genres (bananes,
coco, riz…)
Même si elles ne sont pas des colonies de peuplement, la France a essayé de transmettre les
valeurs de la république dans les colonies. Des écoles sont construites pour essayer d'éduquer et
d’alphabétiser les populations.
Des médecins et des officiers mettent en place des campagnes de vaccination. En 1903, le
commandant Laperrine part vacciner les peuples touaregs dans le Sahara. (variole ?)
En 1894, l’attention des Britanniques et des Français se porte sur le Soudan. Il permettrait à
chacun d’avoir une continuité territoriale entre le nord et le sud pour l'Angleterre et l’est et
l’ouest pour les Français. Volonté des Britanniques de créer une ligne de chemin de fer entre le
Caire et le Cap (Afrique du Sud) . En septembre 1894, Jean-Baptiste Marchand, 33 ans, propose
un projet colossal au gouvernement, afin de remonter la vallée du Nil. Départ de Marseille le 29
juin 1896 avec 15 Français, 150 tirailleurs sénégalais, des milliers de porteurs, 90 tonnes de
matériel. Il leur faudra 6 mois pour passer de Loango à Brazzaville et 1 an et demi pour atteindre
Fachoda. Le 10 juillet 1898 Marchand hisse le drapeau français sur le fort. Mais cela provoque
un incident diplomatique. En face, Lord Kitchener avance avec une armée de 3 000 hommes. Le
ministre des affaires étrangères, Théophile Delcassé, craint une escalade du conflit. Il préfère
céder aux revendications de l’Angleterre de quitter Fachoda, le 3 novembre 1898 Marchand
reçoit l’ordre d’évacuer le fort. C’est une humiliation importante pour la France, mais c’est aussi
l’occasion de se rapprocher de l'Angleterre.
Le roi d’Angleterre Édouard VII et le président français Émile Loubet se rencontrent plusieurs
fois, avant de signer un accord. Les Français ne doivent plus empêcher l’extension des possessions
anglaises dans la région du Nil. En échange, la Grande-Bretagne laisse le libre accès aux Français
pour établir un protectorat sur le Maroc, moyen pour éviter l’établissement de comptoir allemand
sur ce pays.
Toutes ces tensions s’ajoutent aux conflits déjà présents sur le continent européen, notamment
dans les Balkans qui cherchent à s’émanciper des grands empires centraux. Ces situations
participent à la marche vers la guerre, voulue par de nombreux pays européens (triple alliance
créée en 1882 et début triple entente en 1904…). L’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand de
Habsbourg ne venant que mettre une étincelle sur une situation diplomatique déjà
particulièrement tendue…