Vous êtes sur la page 1sur 26

Vocabulaire philosophique

ARMAND CUVILLIER

Vocabulaire
philosophique

ARMAND COLIN
Dans Le Livre de Poche :

COURS DE PHILOSOPHIE, tomes 1 et 2.

cg LibrairieÀfmàndhC^in, 1956.
AVANT-PROPOS

Parmi les difficultés qui attendent le débutant au seuil des


études philosophiques, celles qui viennent du langage ne sont
pas les moindres.
De tout temps, les philosophes ont eu leur langue spéciale, et
l'on trouvera par exemple dans cet ouvrage l'indication du sens
scolastique de certains termes qui ne sont plus aujourd'hui
d'usage très courant, encore que certains d'entre eux (par
exemple quand on parle de quelque chose qui n 'existe qu '« en
puissance ») persistent — et d'ailleurs fort utilement — dans
notre langage actuel. On a souvent contesté à la philosophie le
droit d'user de ce langage spécial et l'on a écrit des livres entiers
pour démontrer qu'elle devait parler «comme tout le monde ».
Nous n 'hésitons pas à dire qu 'il y a là, selon nous, une erreur,
et une erreur très grave: car elle implique une complète
méconnaissance de la tâche propre de la pensée philosophique.
A notre sens, la philosophie est essentiellement un effort pour
se libérer des confusions verbales et pour atteindre à la pensée
claire, c'est-à-dire à la probité intellectuelle: car la pensée
confuse est une pensée qui ne croit pas à sa propre valeur, et
qui, par suite, ne fait pas l'effort nécessaire pour se clarifier.
Qu'on veuille bien se reporter à quelques articles de ce petit
Vocabulaire tels que les articles cœur, croyance, esprit, idée,
liberté, sentiment, et même — qu'on nous pardonne ! — exister,
et l'on constatera la multitude de sens différents, parfois
opposés, qu'un même mot peut véhiculer avec lui. Le «sens
commun » ne se soucie guère de distinctions rigoureuses et le
langage courant ne fait que refléter cette confusion de pensée.-
Il reste donc vrai que la philosophie, autant et plus que toute
autre discipline intellectuelle, a besoin d'un langage technique.
Encore ne faut-il point en abuser. Certains auteurs contem-
porains semblent se complaire à entourer leur pensée de
barbelés terminologiques qui en défendent l'accès aux profanes.
Déjà, lorsque les logiciens nous parlent de « discours apophan-
tique » ou d'« induction épagogique », nous concevons fort bien
qu'un débutant reste perplexe. Mais ce sont surtout la phéno-
ménologie et l'existentialisme qui ont fait preuve, en ce domaine,
d'une virtuosité qui ne fut pas toujours du meilleur aloi. Ce
n'est pas, en tout cas, sans une sérieuse initiation préalable,
qu'on peut arriver à se débrouiller parmi les contenus hylè-
tiques, les modalités doxiques, la noèse et le noème, l'existen-
tiel et l'existential, /'ontique et l'ontologique. etc.
Il est pourtant, dans le langage philosophique contemporain,
un autre obstacle plus grave encore, parce que moins évident.
Comme le remarquait récemment M. Léon Bérard dans son
livre Science et humanisme, publié en commun avec le profes-
seur Pasteur Vallery-Radot. l'usage s'est établi d'employer
« quantité de mots tirés de notre vieux vocabulaire, mais pris
dans un sens nouveau et mystérieux : présence, témoignage,
engagement, structures», à tel point qu'« on s'applique, pour-
rait-on croire, à ne plus appeler les choses par leur nom ».
Même les mots techniques du langage philosophique tradition-
nel sont aujourd'hui galvaudés en des significations presque
directement contraires à celles qu'on leur donnait jusqu'ici (voir
par exemple les articles Profond et Transcendant).
Les philosophes eux-mêmes, ceux du moins qui demeurent
fidèles aux exigences de la pensée claire, en même temps qu'au
génie de cet «idiome réputé pour sa loyauté, sa probité
vigoureuse» qu'est la langue française, n'ont pas manqué de
dénoncer ces équivoques. Dans l'un de ses derniers livres,
Héritage de mots, héritage d'idées, Léon Brunschvicg parlait
de ce mot de dialectique que l'on charge aujourd'hui «de
significations suffisamment obscures et diverses pour qu'y soit
sous-entendu le pouvoir de tout contredire comme de tout
concilier» et il signalait ce «désir de total égarement» qui
pousse certains de nos contemporains à brouiller la valeur des
termes en jouant avec «la scintillation de leurs sens ». Notre
maître André Lalande a protesté lui aussi contre ce goût de
l'équivoque et cette « obscurité verbale qui donne l'illusion de la
profondeur ».
La chose se complique encore du fait de cette défrancisation
du langage philosophique qui amène certains de nos jeunes
philosophes à ne plus pouvoir s'exprimer, semble-t-il, qu'en
farcissant un français approximatif de termes calqués sur
l'anglais et surtout l'allemand. On ne dit plus recherche : on
dit approche (par imitation de l'anglais approachj; on ne dit
plus état de fait, on dit facticité (par imitation de l'allemand
FaktiziÜit), et j'imagine le nombre de contresens qu'a dû
entraîner chez les non-initiés ce terme ainsi employé en un
sens exactement opposé à celui qu'il a en bon français !
Nous nous sommes efforcé, dans ce Vocabulaire, d'aplanir
pour les débutants — et peut-être aussi pour d'autres qui
veulent y voir clair — toutes ces difficultés, en donnant des
définitions abordables tant des principaux termes philoso-
phiques que de certains mots du langage courant qui peuvent
être pris en un sens philosophique. Nous avons même introduit
quelques termes étrangers, tels que aufheben, Erlebnis, Dasein,
Gestalt, pattern, etc., dans leur langue d'origine, parce qu'ils
sont parfois employés ainsi, ce qui, après tout, vaut peut-être
mieux que de les accoutrer en un français douteux. Nous avons
enfin, le plus souvent, éclairé ces définitions par de courts
exemples précisant leur emploi. Il va de soi que nous avons
utilisé pour ce travail les ouvrages plus considérables tels que le
si précieux Vocabulaire technique et critique de la philosophie
d 'A. LALANDE et le Vocabulaire de la psychologie dH. PIÉRON,
et nous leur avons même fait quelques emprunts directs,
indiqués par le nom de leur auteur entre parenthèses.
Signes et abréviations

EN TÊTE DES A R T I C L E S

L'étymologie est indiquée entre [ ] :


[G. signifie : Du grec. [Ail. signifie : De l'allemand.
[L. signifie : Du latin. [Angl. signifie : De l'anglais.

D A N S LE C O R P S DES A R T I C L E S

1. Les abréviations suivantes indiquent les disciplines au


langage desquelles le mot est emprunté :

Biol. - Biologie. Méta. - Métaphysique,


Car. - Caractérologie, philosophie générale.
psychologie des Mor. - Morale.
caractères. Péd. - Pédagogie.
Crit. - Critique ou théorie de Phol. - Physiologie.
la connaissance. Phys. - Sciences physiques.
Éc. pol. - Économie politique. Pol. - Politique.
Éc. soc. - Économie sociale. Psycho. - Psychologie.
Épist. - Épistémologie. Ps. an. - Psychanalyse.
Esth. - Esthétique. Ps. métr. - Psychométrie.
Ethn. - Ethnologie. Ps. path. - Psychologie
Hist. - Histoire de la pathologique.
philosophie. Ps. phol. - Psycho-
Jur. - Droit. physiologie.
Ling. - Linguistique. Ps. phys. - Psychophysique.
Log. - Logique. Soc. - Sociologie.
Log. form. - Logique formelle. Techn. - Technique.
Math. - Mathématiques. Théol. - Théologie.
Méd. - Médecine. Vulg. - Sens vulgaire,
courant.
2. Les chiffres en caractères gras (1, 2) distinguent les diffé-
rentes acceptions du mot ;
3. Le signe * indique les mots définis à leur ordre alphabé-
tique et auxquels il y a lieu de se reporter pour plus complète
explication ; lorsque ces mots présentent plusieurs acceptions,
l'étoile est remplacée par un chiffre mis en exposant (ex. :
absolu2) qui détermine le sens qu'il convient de choisir ;
4. Les termes contraires (Ctr.), opposés (Opp.) ou synonymes
(Syn.) sont indiqués entre ( ) ;
5. Le signe e r désigne les impropriétés, confusions, incorrec-
tions, le plus souvent commises et contre lesquelles on doit se
tenir en garde ;
6. Les signes suivants indiquent certaines nuances de sens :

0 Sens abstrait 0 Sens c o n c r e t


D Sens subjectif M Sens o b j e c t i f
A Doctrine, théorie, ou : sens - A É t a t de fait, o u : sens posi-
normatif tif.
= É q u i v a l e n t à.

7. Les références aux textes sont données à l'aide des


abréviations suivantes :
Bergson, D. I., Données immédiates de la conscience.
Bergson, 2 Sources, Les Deux Sources de la morale et de la
religion.
Bergson, E. C., L'Évolution créatrice.
Bergson, E. S., L'Énergie spirituelle.
Bergson, Mat. et Mém., Matière et Mémoire.
Bergson, P. M., La Pensée et le mouvant.
Bull., Bulletin de la Société française de Philosophie, A. Colin
édit.
C. C., Code civil (le chiffre est le numéro de l'article du Code).
Comte, Cours, Cours de philosophie positive.
Descartes, M éd., Méditations métaphysiques.
Descartes, Méth., Discours de la méthode.
Descartes, Princ., Principes de la philosophie.
Descartes, Reg., Regulae ad directionem ingenii.
Descartes, Rép., Réponses aux Objections (Méditations).
Kant, Jug., Critique du jugement.
Kant, R. pr., Critique de la raison pratique.
Kant, R. pure, Critique de la raison pure.
Kant, R. pure, Analyt., Analytique transcendantale.
Kant, R. pure, Esth., Esthétique transcendantale.
Kant, R. pure, DiaL Dialectique transcendantale.
Kant, R. pure, Log., Logique transcendantale, introduction.
Leibniz, Mon., Monadologie.
Leibniz, N. E., Nouveaux Essais.
Leibniz, Théod., Théodicée.
Malebranche, Écl., Éclaircissements à la Recherche de la vérité.
Malebranche, Entr., Entretiens sur la Métaphysique.
Malebranche, R. V., Recherche de la vérité.
Montesquieu, Lois, De l'Esprit des lois.
Pascal, « Pensées » (le chiffre indique le n° du fragment dans
l'édition Brunschvicg).
Pascal, Prov., Provinciales.
Port-Royal, Logique de Port-Royal.
R. M. M., Revue de Métaphysique et de Morale, A. Colin édit.
R. ph., Revue philosophique, P. U. F. édit.
Spinoza, Et h., Éthique.
Saint Thomas, S. th., Somme théologique.
AUTRES ABRÉVIATIONS

Adj. - Adjectif. Latiss. - Au sens très large.


Anal. - Par analogie. Laud. - Avec un sens
Auj. - Aujourd'hui. laudatif, élogieux.
Autref - Autrefois. Not. - Notamment.
Cf - Se reporter à. Opp. - Par opposition à.
Ctr. - Contraire. Péj. - Avec un sens
Dist. - Distinguer (de), ne péjoratif.
pas confondre (avec). Ppt. - Proprement.
Ext. - Par extension. Qq. - Quelque.
Gén. - Généralement, en Qqc. - Quelque chose.
général. Qqfs. - Quelquefois.
Ibid. - [Ibidem] Même Qqn. - Quelqu'un.
référence. Spéc. - Spécialement.
Id. - [Idem] Même auteur. Str. - Au sens étroit, précis.
I. e. - [Id est] C'est-à-dire. Trad. - Traduction de.
L. - Lettre. Vg. - [ Verbi gratia] Par
Lang. - Langage. exemple.
Lato. - Au sens large.

Les références à notre Cours de philosophie (Le Livre de


Poche nos 4053 et 4054) ont été indiquées à l'aide des abrévia-
tions Ph. 1 ou II.
Vocabulaire
philosophique
A l'acte : « Le mot aboulie ne
désigne pas la suppression d'une
A. -Log. form. Désigne les proposi- action quelconque : il désigne
tions universelles* affirma- exactement la suppression de
tives: « T o u s les hommes sont l'action réfléchie» (Janet).
mortels » est une « proposition Abréaction. - Ps. an. Décharge
en A ». émotionnelle permettant au su-
Abaque [L. abacus, boulier- jet de se libérer d'un choc an-
compteur]. - Math. 1. Autref, cien qui n'avait pu aboutir à
instrument à compter. - 2. Auj., une réaction satisfaisante. Cf.
tableau de courbes permettant Catharsis.
la détermination de certaines Absolu [L ab, solutum, séparé de].
grandeurs par le recoupement - Crit. et Méta. (Ctr. : relatif).
des tracés (cf. Ph. I, p. 446). 1. Qui a en soi-même sa raison
e r Ce mot est du masculin. d'être ; qui, par suite, n'a be-
Abduction - Log. form. Syllogisme soin, ni pour être conçu, ni
dont la mineure n'est que pro- pour exister, d'aucune autre
bable. chose ; qui est en* soi et par*
soi : « Dieu est l'Être absolu ».
Aberration. - Psycho. 1. Se dit de - Spéc., qui a en soi sa raison
toute activité détournée de son
but naturel : « Les aberrations d'être « en tant que parfait,
achevé, total » (Hamilton). Chez
de l'instinct». - Vulg. 2. Égare- Schelling: « l'Absolu» est l'Être
ment : « Il y a des moments universel en qui matière2 et
d'aberration dans les multi-
forme2, sujet4 et objet5, pen-
tudes » (Lamartine). sée et nature sont identiques. -
Aboulie [G. a privatif et boules- 2. Qui est indépendant de tout
thai, vouloir]. - Ps. path. Im- point de repère conventionnel :
puissance anormale de la vo- « Mouvement absolu ». Espace
lonté, soit par insuffisance de absolu : indépendant des objets
«l'incitation psychique» (Ba- qui le remplissent. Temps ab-
ruk), soit par incapacité de la solu : indépendant des phé-
pensée réfléchie de passer à nomènes qui s'y passent. -
3. (Syn. : a priori*). Indépen- voque qui désigne : a) soit,
dant de l'expérience : « Des vé- dans le lang. courant, les Ma-
rités absolues, c'est-à-dire indé- thématiques, la Physique ma-
pendantes de la réalité » (CI. thématique, qqfs. même la Lo-
Bernard). - Vulg. 4. Qui ne com- gique et la Métaphysique ; -
porte aucune limite, aucune res- b) soit, chez Aug. Comte, les
triction ni réserve : « Pouvoir sciences qui ont pour objet « la
absolu », « Nécessité absolue ». découverte des lois qui régis-
- Math. 5. La valeur absolue sent les diverses classes de phé-
d'un nombre algébrique est la nomènes », opp. aux sciences
valeur arithmétique de ce concrètes qui appliquent ces lois
nombre considéré indépen- « à l'histoire effective des dif-
damment de son signe. férents êtres existants » : en ce
Abstraction. - Psycho. 1. 0 Opé- sens, même la Physiologie et la
ration intellectuelle qui consiste Sociologie sont abstraites ; -
à abstraire*. - 2. 0 Produit de c) soit, chez Spencer, celles qui
cette opération : « Un point traitent «des formes sous les-
géométrique est une abstrac- quelles les phénomènes nous
tion de l'esprit» (Voltaire). apparaissent » (Logique et Ma-
Abstraire [L. abs. trahere, retirer thématiques), opp. aux sciences
de]. - Psycho. Isoler, pour le abstraites-concrètes qui étu-
considérer à part, un élément dient « les phénomènes eux-
mêmes dans leurs éléments »
d'une représentation* qui n'est
pas donné séparément dans la (mécanique, physique, chimie),
réalité : « Abstraire, c'est intel- et aux sciences concrètes qui
lectualiser ou spiritualiser les traitent des phénomènes
données sensibles en les déma- « considérés dans leur en-
térialisant, en laissant tomber semble » (astronomie, géologie,
les particularités individuelles » biologie, psychologie, sociolo-
(A. Marc). gie).
- Esth. 3. Art abstrait (Ctr. :
Abstrait. - Psycho et Log. 1. (Ctr. : figuratif) : celui qui vise à pro-
concret). Qui constitue une abs- duire l'effet esthétique par la
traction2. Une idée est «plus seule combinaison des formes
ou moins abstraite » qu'une ou des couleurs sans chercher à
autre, selon que sa compréhen- reproduire la réalité sensible.
sion2 est plus ou moins res-
treinte que celle de cette autre. Absurde. - Log. 1. Contradic-
fcs- Ne pas dire qu'un phéno- toire3. ts- Dist. faux : le faux
mène psychique est « abstrait » peut ne pas être absurde. -
sous prétexte qu'il n'est pas 2. Démonstration par l'absur-
perceptible par les sens (voir de : celle qui démontre une pro-
Concret*). - Épist. 2. Sciences position en prouvant que sa
abstraites. Expression équi- contradictoire1 est absurde ou
(vg. en Math.) contradictoire1 pure, Analyt., II, 2, 3, 1re analogie
avec l'hypothèse2. - 3. Réduc- de l'expérience). Cf. Formelb.
tion à l'absurde: opération qui - Log. form. 2. Conversion par
consiste à tirer d'une proposi- accident : conversion* de l'uni-
tion une conséquence absurde, verselle affirmative en particu-
ce qui montre la fausseté de lière affirmative. - 3. Sophisme
cette proposition. de l'accident : celui qui consiste
- Méta. 4. Dans le lang. phi- à prendre un accident' pour
losophique contemporain, le sens une qualité essentielle (vg. dé-
de ce terme a été étendu par finir la matière4 par l'état so-
les existentialistes jusqu'à dési- lide).
gner, soit la pure facticité2 ou Accommodation. - Soc. Processus
l'étrangeté de l'univers (Kier- social conduisant à la cessation
kegaard, Heidegger, Camus), soit des conflits entre individus ou
le non-sens (Sartre), la condam- entre groupes.
nation à l' échec (Jaspers) ou le
Accoutumance. - Biol. Modifica-
mystère) (G. Marcel) de l'exis-
tence humaine : « Cette épais- tion contractée par un être vi-
seur et cette étrangeté du monde, vant sous l'influence d'un agent
c'est l'absurde» (Camus). extérieur et qui fait que celui-
ci ne l'affecte plus comme au
Académie. - Hist. École philoso- début.
phique de Platon. - Nouvelle
Académie : école probabiliste* Acculturation. - Soc. Terme em-
d'Arcésilas, Carnéade, etc. D'où, ployé par les sociologues amé-
qqfs, au xvnc siècle : « les Aca- ricains pour désigner les chan-
démiciens » = les sceptiques. gements qui s'effectuent dans la
civilisation d'un groupe mis en
Acceptation. - Ps. an. Attitude qui contact avec un autre, surtout
consiste à résoudre par une in- si ce dernier est de civilisation
tégration2 psychique, not. par la supérieure.
socialisation de sa personnalité,
un conflit opposant le sujet5 à Achromatopsie [G. a privatif ;
une situation donnée. chroma, couleur; opsis, vision].
- Ps. phol. Anomalie de la vision
Accident. - Méta. 1. (Opp. : es- dans laquelle le sujet ne perçoit
sence*). Ce qui peut être mo- pas les couleurs.
difié ou supprimé sans que la
chose elle-même change de na- Acmè [mot grec]. - Point culmi-
ture ou disparaisse : « Le poids, nant (de la vie, d'un désir, etc.).
la couleur et tous accidents sen- Acquis. - Biol. 1. (Ctr. : congéni-
sibles » (Montaigne) ; « Les dé- tal*, inné*). Caractères acquis :
terminations d'une substance qui ceux qui apparaissent chez l'être
ne sont rien d'autre que de ses vivant au cours de son exis-
manières particulières d'exister, tence (opp. à ceux qu'il a en
s'appellent accidents» (Kant, R. naissant).
- Psycho. 2. (Ctr. : immédiat2, discursive et l'action profonde.
inné*). Qui est le fruit de l'ex- La première engendre le sens
périence2 ou d'un travail men- commun ; là seconde règle la
tal. science ; c'est la troisième qui
Acroamatique [G. acroasthai, en- doit servir de critère en philo-
tendre]. - Hist. S'est dit d'abord sophie. »
des écrits d'Aristote réservés à - Math. 5. En Mécanique :
ses disciples. D'où ext. : ésoté- produit de l'énergie par le temps.
rique*. Principe de moindre action :
principe selon lequel l'actions
Acte. - Vulg. 1. Tout exercice d'un est toujours minimum. - Cf.
pouvoir matériel ou spirituel : Quantum* et Réactionl.
« Un acte d'attention » ; « Un
acte moral ». Cf. manqué*. Activisme. - Crit. A Doctrine qui,
- Méta. 2. (Ctr. : puissance2). sans accepter les conclusions du
Chez Aristote : l'être pleine- pragmatisme*, fait de la vérité
ment réalisé (opp. à l'être en « une affaire de vie et d'action
voie de devenir) : vg. la plante plutôt que de pur intellect»
est l' acte de la graine. Acte pur : (Eucken).
Dieu, parce qu'il est soustrait Activité. - Vulg. 1. Tout exercice
au devenir (voir Formel). - ' d'une force, d'un pouvoir quel-
3. Chez Lavelle : l'être lui-même conque : « L'activité sociale ».
considéré dans l'unité de son - Psycho. 2. Str. (Opp. : affec-
action : « L'acte n'est point une tivité1 et connaissancel). En-
opération qui s'ajoute à l'être, semble des phénomènes psy-
mais son essence même. » chiques tendant à l'action2, tels
Action. - Vulg. 1. 0 Activité1, exer- que tendance, instinct, habi-
cice d'un pouvoir quelconque : tude, désir, volonté. - 3. Lato.
« L'action de la volonté ». — (Ctr. : passivité). Aspect très gé-
2. 0 Ensemble de gestes coor- néral de la vie psychique qui se
donnés en vue d'une fin : « Une révèle aussi bien dans les faits
bonne action ». d'affectivité et de connaissance
- Mor. et Méta. 3. (Ctr. : spé- que dans les précédents: « Je
culation, théorie. Syn. pra- suis actif quand je juge » (Rous-
tique3). Ensemble de tous nos seau).
actes et principalement de nos Actualiser. - Faire passer de la
actes volontaires ; conduite hu-
maine. - 4. Chez Maurice puissance2 à l'acte2.
Blondel : « L'action est la syn- Actualisme. - Hist. A Doctrine (not.
thèse du vouloir, du connaître de G. Gentile) selon laquelle
et de l'être. » Cf. Le Roy (R. toute réalité est immanente à
M. M., 1901): « Il faut séparer l'acte créateur et libre de l'Es-
plusieurs sens du mot action. Il prit ; d'où résulte que l'homme
y a l'action pratique', l'action doit se dégager de l'individua-
lité pour s'intégrer au « Moi » Spinoza, « idée adéquate » : celle
absolu. qui, considérée en elle-même, a
toutes les propriétés intrin-
Actuel. - Vulg. 1. (Opp. : passé ou
futur). Présent : « L'époque ac- sèques de l'idée vraie (Éth., II,
tuelle » ; « La pensée religieuse déf. 4).
ne s'exerce que dans l'actuel » Adéquation. - Correspondance
(G. Marcel). exacte. Les Scolastiques* défi-
- Méta. 2. (Syn. : formel1. Ctr. : nissaient la vérité « l'adéqua-
potentiel, virtuel). Qui est en tion de l'objet et de l'entende-
acte2, pleinement réalisé: «Tout ment ».
ce qui est actuel, peut être conçu Adjectif. - Méta. Che:: F. H. Brad-
comme possible » (Leibniz). ley : caractère du what (prédi-
- Phys. 3. Cf. Énergie*. cat) qui vient « s'ajouter » au
- Théol. 4. Grâce actuelle : celle that (sujet concret). - Voir Ph. I,
que Dieu accorde comme se- p. 168.
cours momentané (opp. grâce Adventices (Idées). - Hist. Chez
habituelle ou sanctifiante : celle Descartes : représentations' qui
qui réside dans l'âme de façon nous arrivent par les sens :
permanente). « Entre mes idées4, les unes me
Acuité sensorielle. - Ps. phol. Fi- semblent être nées avec moi ;
nesse, pouvoir de discrimina- les autres, être étrangères et
tion* des sens : « L'acuité tac- venir du dehors ; et les autres,
tile ». être faites et inventées par moi-
Adaptation. - Phol. 1. Ensemble même » (Méd., 111) ; les pre-
des mouvements par lesquels mières sont les idées innées ; les
un organe se prête à sa fonc- secondes, les idées adventices ;
tion. les troisièmes, les idées factices.
- Biol. 2. Ensemble des mo- Affect. - Psycho. État affectif" élé-
difications que subit ou effectue mentaire.
un être vivant pour se mettre Affectif. - Psycho. Les «phéno-
en harmonie avec ses condi- mènes affectifs » sont les phé-
tions d'existence. nomènes de la sensibilité3,
- Soc. 3. Équilibre de l'ac- considérés simplement en tant
commodation* et de l'assimi- qu'ils affectent notre moi d'une
lation* (Piaget). certaine manière (vg. agréable,
Adéquat. - Ps. phol. 1. Excitant désagréable, plaisir, douleur,
adéquat d'un organe : celui qui sentiments, émotions, etc.) :
agit normalement sur cet or- « Beaucoup de sensations re-
gane (vg. pour la vue, la lu- présentatives ont un caractère
mière). affectif» (Bergson, D. /.).
- Crit. 2. Qui correspond par- Affection. - Méta. 1. Aut réf. (not.
faitement à son objet. - 3. Chez chez Spinoza), Manière d'être,
modification d'un être consi- médisance est condamnable, la
déré comme passif : « Les affec- calomnie, qui est une médi-
tions de la haine, de la colère, sance doublée d'un mensonge,
de l'envie, etc., considérées en l'est aussi ».
soi, résultent de la même né- Agapè [mot grec]. - L'amour-
cessité de la nature que les charité1 (opp. Érôs2).
autres choses singulières» (Eth.,
III). Agent. - Phys. 1. Force considérée
- Psycho. 2. (Vulg.) Sentiment comme une forme spéciale de
tendre : « Avoir de l'affection l'énergie : « Les agents phy-
pour qqn ». - 3. État affectif. - siques », la lumière, la vapeur,
4. Chez Maine de Biran : « af- l'électricité, la chaleur, etc.
fection simple » (syn. : affecti- - Mor. 2. Agent moral : l'être
vité pure), état « purement sen- raisonnable en tant qu'il est
sitif» auquel l'homme se trouve soumis à la loi morale.
réduit quand il n'a pas encore - Psycho. 3. Voir Intellect2.
ou qu'il n'a plus aucune - Méta. 4. Tout être en tant
conscience de sa personnalité. qu'il exerce une action' : « Bien
que l'agent et le patient soient
Affectivité. - Psycho. 1. Ensemble souvent fort différents... » (Des-
des phénomènes affectifs*. - cartes).
2. Fonction psychique corres-
pondant aux phénomènes affec- Agnosie [G. a priv. et gnôsis,
tifs*. - 3. Affectivité pure: cf. connaissance]. - Ps. path. Am-
Ajjèction4. nésie perceptive consistant dans
1'« incapacité de reconnaître les
Afférent. - Voir Centre*. objets ou les symboles usuels »
Affirmation. - Log. (Ctr. : néga- (Lalande). Elle peut être vi-
tion). 1. 0 Acte d'affirmer*. - suelle (cécité psychique), audi-
2. 0 Produit de cet acte ; pro- tive (surdité psychique) ou tac-
position affirmative : « Une af- tile. m- Dist. apraxie*.
firmation ». Dist. assertion*, Agnosticisme [G. agnôstos, in-
et cf. Assertorique* et Catégo- connaissable]. - Crit. A Doctrine
rique*. selon laquelle le fond des choses
Affirmer. - Psycho. et Log. Poser est inconnaissable pour l'esprit
un rapport ou une existence humain. t-r Dist. scepticisme*,
comme vrais : « Une proposi- et cf. Relativisme* et Subjecti-
tion est rarement affirmée avant visme*.
d'avoir été niée » (Piaget). Agoraphobie [G. agora, place pu-
A fortiori. - Log. A plus forte blique, et phobos. peur]. - Ps.
raison. Raisonner a fortiori, c'est path. Peur maladive des grands
raisonner du plus au moins, de espaces.
l'universel au particulier, du gé- Agraphie [G. a priv. et graphein,
néral au spécial : vg. « Si la écrire]. - Ps. path. Apraxie*
consistant dans la perte des Algorithme [de AI Korismi. ma-
mouvements de l'écriture, in- thématicien arabe du ixc siècle].
dépendamment de toute para- - Épist. Système de symboles*
lysie. permettant d'effectuer des opé-
Agréable. - Voir Plaisir*. rations : vg. le langage algé-
brique.
Agressivité. - Ps. an. Tendance à
l'attaque et à la destruction qui Aliénation [L. alienus, étranger].
est, selon Freud, une des pul- - Ps. path. 1. État de l'aliéné, i.
sions* fondamentales de e. de l'anormal que ses troubles
l'homme. psychiques rendent « étranger »
à la vie sociale.
Airain (Loi d'). - Éc. pol. Loi (ainsi
nommée par Lassalle, 1864) se- - Méta. 2. Chez Hegel: état
lon laquelle le salaire du tra- de la conscience qui, en tant
vailleur se réduit fatalement à qu'opposition du sujet et de
ce qui lui est nécessaire pour l'objet, se dépouille de son moi
vivre. et en fait une chose ; l'esprit
devient ainsi être pour-soi*. puis
Aleph. - Math. Nom de la pre- nature : « La nature, l'esprit
mière lettre de l'alphabet hé- aliéné, n'est dans son propre
braïque (N) qui, dans la Théo- être-là*, que l'éternelle aliéna-
rie des ensembles*, symbolise tion de sa propre subsistance »
le nombre transfini* : « Le
(Hegel).
nombre des opérations à faire
est infini, il est même plus grand - Soc. 3. Chez les hégéliens :
que aleph-zéro » (H. Poincaré). projection de l'activité propre
de l'homme en une force étran-
- Voir Ph. 1, p. 404.
gère à lui, sous forme soit de
Alexie. - Voir Cécité*. représentations religieuses
Algèbre. - Épist. Science du nombre (Feuerbach), soit d'une puis-
considéré sous sa forme la plus sance économique échappant à
générale, indépendamment de son contrôle, mais qui est le
ses valeurs particulières, et où résultat de son travail (K. Marx).
l'on étudie surtout les relations2
entre ces valeurs. Altérité. - Caractère de ce qui est
autre* aux sens 1 ou 2 : « Quoi !
Algiques (Sensations) [G. algos, l'âme ne connaît pas elle-même
douleur]. - Psycho. Les sensa- sa distinction [d'avec Dieu] ou,
tions de douleur2, considérées comme parle cet auteur [Ruys-
comme spécifiques2 (cf. Ph. II, broek], son altérité?» (Bos-
p. 42). suet).
Algophilie [G. algos, et philia, Alternative. - Vulg. 1. Situation
amour]. - Ps. path. Recherche dans laquelle on n'a le choix
(gén. pathologique) de la dou- qu'entre deux partis possibles.
leur2. tjr Il est incorrect de dire :
« Avoir le choix entre deux al- deux sentiments opposés »
ternatives ». (Piéron.)
- Log. 2. Ensemble de deux - 3. Soc. Double aspect de cer-
propositions dont l'une est vraie taines valeurs qui reflètent à la
si l'autre est fausse, et inverse- fois la société existante (spéc.
ment (schéma : « de deux choses bourgeoise) et l'accroissement
l'une : ou A est B, ou C est du pouvoir de l'homme :
D »), spéc. de deux propositions «Toutes les valeurs culturelles
contradictoires' (schéma: «ou du monde capitaliste sont am-
tout A est B, ou quelque A bivalentes » (H. Lefebvre).
n'est pas B »). - 3. Principe de Ame. - Méta. 1. Principe de la vie
l'alternative: «Deux proposi- et de la pensée [L. animal. vg.
tions contradictoires' ne peu- selon Aristote, les végétaux ont
vent être toutes deux fausses » une âme nutritive, les animaux
(cf. Contradiction*). ont de plus une âme motrice,
Altruisme. - Psycho. et Mor. (Ctr. : l'homme seul possède une âme
égoïsmé). Mot créé par A. Comte pensante. Cf. Voltaire: « N o u s
pour désigner les sentiments appelons âme ce qui anime».
désintéressés qui s'opposent à - 2. Substance immatérielle qui,
l'égoïsme. selon les spiritualistes*, est le
principe de la vie psychique :
Ambiguïté. - Log. 1. ■ Équi- «Je connus de là que j'étais
voque* (en parlant des termes). une substance dont toute l'es-
- Méta. 2. 0 Dans le lang. sence ou la nature n'est que de
existentialiste : condition de l'être
penser..., en sorte que ce moi,
humain qui est « manque c'est-à-dire l'âme [latin : mens]
d'être », mais pour qui « il y a par laquelle je suis ce que je
une manière d'être de ce suis, est entièrement distincte
manque, qui est l'existence» du corps» (Descartes, Méth.,
(S. de Beauvoir). IV).
Ambivalence. - 1. Dualité de sens - Psycho. 3. (Syn. : conscience2,
opposés de certains termes, vg. esprit6). Ensemble des faits psy-
en latin, altus (à la fois : pro- chiques, indépendamment de
fond et élevé), sacer (sacré et toute idée métaphysique : « Un
maudit). Par anal., Ps. an. Dua- état d'âme » ; « La psychologie
lité de sens de certains sym- est l'étude de l'âme ou de l'es-
boles du rêve. prit » (Burloud). œ Bien dist.
- 2. Ps. an. « Tendance à éprou- tous ces sens : tandis qu'au sens
ver un phénomène psycholo- 3, âme et esprit s'identifient,
gique à la fois sous deux aspects certains auteurs, surtout alle-
contraires, à affirmer et nier mands, se sont plu, à la suite
successivement un même fait, de Nietzsche, à opposer l' âme
à exprimer en même temps (ail. : Seele) comme principe de
vie (sens 1) à l'esprit (ail. : Geist), sance : celles qui consistent dans
celui-ci étant dit « parasitaire » un trouble de la reconnais-
(L. Klages), extérieur au monde sance*, soit des objets exté-
et à la conscience. Voir Esprit7. rieurs (cf. Agnosie*), soit des
- Soc. 4. Ame des foules, âme idées (cf. Réminiscence*). - A.
collective. Ensemble des faits de de localisation : celles où un
psychologie sociale. Spéc. Ps. souvenir récent est pris pour un
an. : « Dans l'humanité collec- souvenir ancien ou inverse-
tive, il y avait quelque chose ment.
comme une âme collective, à
la place de notre conscience Amoral. - Mor. 1. Qui ne comporte
individuelle qui n'émergea que pas d'appréciations morales :
« La science est amorale. » -
graduellement au cours de
l'évolution » (Jung). 2. En parlant d'une personne :
- Hist. 5. Ame du monde. Prin- qui manque de sens moral.
cipe gén. spirituel (matériel ce- Amoralisme. - Mor. 1. A Doctrine
pendant chez les Stoïciens) qui, qui rejette tout point de vue
selon certains philosophes, joue moral. - 2. A État de l'être
par rapport à l'univers, comme amoral2.
principe de vie et d'unité, le
Amour. - Psycho. 1. Lato. Mou-
même rôle que l'âme1 par rap-
vement de la sensibilité qui
port au corps.
nous porte vers un être ou un
Amnésie [G. a priv. et mnêmé, objet et qui s'accompagne de la
mémoire]. - Ps. path. Dispari- pensée de cet être ou de cet
tion totale ou partielle de la objet : « amour du prochain »
mémoire. - Amnésies de fixa- (spéc. en parlant des sentiments
tion (syn. : de conservation) : de famille: « a m o u r mater-
celles où la faculté de retenir
nel ») ; « amour du vrai » ;
elle-même est abolie (cf. « amour de Dieu » : « Il y a
ContinuJ). - A. d'évocation (syn. : deux principales espèces
de reproduction) : celles où le d'amour, un amour de bien-
sujet conserve ses souvenirs, veillance, et un amour qu'on
mais ne peut les rappeler à peut appeler d'union » (Male-
volonté. - A. lacunaires : am-
branche). - Théol. Pur a m o u r :
nésies partielles d'évocation amour exclusif de Dieu indé-
portant sur une ou plusieurs
pendant du désir d'être heureux
périodes déterminées de la vie
et du souci du salut (v. Quié-
du sujet (cf. Périodique* et Ré-
tisme). - 2. Str. L'inclination
trograde*). - A. systématisées: sexuelle. Cf. Érôs2.
amnésies partielles d'évocation
portant sur tous les souvenirs Amour-propre. - Psycho. 1. Autref.
relatifs à un ordre d'idées dé- (vg. chez Pascal, La Rochefou-
terminé. — A. de reconnais- cauld), amour de soi, égoïsme.
- 2. Auj., sentiment de la valeur complexe à ses composants
personnelle. simples. w Dist. division1.
Amphibologie. - Log. Équivoque* - Ps. métr. 4. Analyse facto-
(en parlant des propositions). rielle : forme d'analyse consis-
tant à isoler, dans un ensemble
Anagogique. [G. anagôgè, action de variables, des facteurs* qui
d'élever]. - Théol. 1. (Dans l'in- permettent d'exprimer la va-
terprétation de l'Écriture). Qui leur6 de celles-ci par une fonc-
tend des choses visibles aux tion linéaire de ces facteurs.
invisibles. - Épist. 2. Chez Leib- Analytique. - Math. 1. Méthode
niz: qui procède par induc- analytique (Ctr. : synthétiquel) :
tion3.
celle qui consiste : a) dans un
Analgésie. - Ps. phol. Disparition problème, à supposer le pro-
de la sensibilité à la douleur. blème résolu et à remonter de
Analogie. - Épist. 1. Autref (not. là aux principes de la solution ;
chez les mathématiciens grecs, b) dans un théorème, à suppo-
ser la conclusion démontrée et
et aussi chez Cournot), rapport
quantitatif, proportion mathé- à remonter de là à une propo-
matique. - 2. Auj., rapport qua- sition déjà établie. - 2. Géo-
litatif, ressemblance : « on rai- métrie analytique: voir Géo-
métrie2.
sonne par analogie » quand on
conclut d'une ressemblance - Log. (Ctr. : synthétique).
constatée à une ressemblance 3. Qui repose sur l'analyse3. -
non constatée. 4. Proposition analytique : celle
où l'attribut est nécessaire-
Analogon [mot grec]. - Psycho. ment' compris dans le sujet :
Représentant, substitut d'un vg. « Les corps sont étendus. »
objet. « Dans la conscience - Hist. 5. Chez Kant : « ana-
d'image, nous appréhendons un lytique transcendantale », par-
objet comme analogon d'un tie de la Logique5 transcendan-
autre objet » (Sartre). tale2 qui consiste dans « la
Analyse [G. analuein, résoudre]. d é c o m p o s i t i o n de n o t r e
connaissance a priori dans les
- Math. 1. Autref., méthode de
éléments de la connaissance pure
résolution des problèmes qui
de l'entendement », i. e. les ca-
consistait à supposer d'abord le
tégories*.
problème résolu : « L'analyse des
anciens » (Descartes) ; cf. Ana- Anamnèse [G. anamnèsis, rap-
lytique2. Auj., l'algèbre (spéc. pel]. - 1. Psycho. Remémora-
calcul des fonctions ou calcul tion*. - 2. Ps. path. Rappel des
infinitésimal). phénomènes antérieurs à une
- Log. 3. (Ctr. : synthèsel). Dé- période donnée de la maladie.
composition d'un tout en ses Anaphorique. - Qui implique un
éléments1 ; réduction d'un donné transport, spéc. un passage d'un
être du néant à l'existence plé- Angélisme. - Méta. (Péj.) Terme
nière : « L'art est la dialectique employé par J. Maritain pour
de la promotion anaphorique. » désigner l'attitude philoso-
(E. Souriau). phique qui fait de l'homme un
Anarchie [G. an priv. et arc hé, « ange », i. e. un être désin-
carné.
commandement]. - Soc. 1. A
État d'une société inorganisée Angoisse. - 1. Psycho. Malaise fait
ou désorganisée qui n'a pas ou à la fois d'une crainte sans objet
n'a plus de gouvernement. bien déterminé et d'une sensa-
- Pol. et Éc. soc. A 2. Doctrine tion physique de constriction
selon laquelle la société devrait (« cœur serré ») : « La conscience
rejeter tout appel à la contrainte de l'angoisse est la conscience
et se passer de gouvernement. d'une ambivalence2 instinc-
- 3. Doctrine (vg. de Proudhon) tive » (J. Favez-Boutonier). Cf.
selon laquelle le « gouverne- Anxiété*.
ment des hommes » (politique) - 2. Méta. Chez les existentia-
doit être remplacé par « l'ad- listes : état d'inquiétude qui ré-
ministration des choses » (éco- sulte, chez l'existant2 humain,
nomique). Aux sens 2 et 3, soit de sa liberté et du pressen-
dire plutôt : anarchisme. timent de la faute possible
Anarthrie [G. an priv. et arthron, (Kierkegaard), soit de son in-
articulation]. - Méd. Trouble sécurité sous la menace du Néant
purement moteur de l'articula- (Heidegger) : « L'angoisse est la
tion des mots qu'on distingue saisie réflexive de la liberté par
qqfs (Dr Pierre Marie) de elle-même » (Sartre).
l'aphasie*. Anima [mot latin]. - Ps. an. Chez
Anatomie {G. anatomè, dissec- Jung : image archétype2 de l'âme
tion]. - Epist. Étude de la struc- chez l'homme, qui représente
ture des organes des êtres vi- sa féminité inconsciente (vg. la
vants. Anatomie fine: cf. Kundry de Parsifal, la Béatrice
Histologie*. de Dante).
Anesthésie [G. an priv. et aisthè- Animal. - 1. Biol. Vie animale:
sis, sensation]. - Ps. phot. Dis- voir Relations. - Hist. 2. Ani-
parition totale ou partielle de maux-machines : voir Auto-
la sensibilité2, spéc. de la sen- matisme4. - 3. Esprits ani-
sibilité tactile2, ts' Les anesthé- maux : voir Esprit2.
sies visuelles s'appellent amau- Animisme. - Psycho. Soc. 1.
rose (cécité totale), amblyopie Croyance selon laquelle la na-
(cécité partielle) ou achroma- ture est régie par des âmes, des
topsie* ; la disparition de la esprits4 ou par des volontés
sensibilité3 à la douleur s'ap- analogues à la volonté hu-
pelle analgésie*. maine.

Vous aimerez peut-être aussi