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Filière : Economie-Gestion

Semestre 4

Module : Finances
publiques

Pr. Bouchra BENYACOUB


4. Les règles budgétaires

 Les règles budgétaires (ou les principes budgétaires)


permettent au pouvoir législatif de posséder les outils
nécessaires pour contrôler le pouvoir exécutif en
matière de la collecte des recettes et l’utilisation des
deniers publics.

 En effet, la gestion du budget doit obéir à un


certains nombre de principes auxquels le
gouvernement devrait se soumettre en matière
d’élaboration et d’exécution des lois de finances.
4.1. Le principe de l’annualité
Explication du principe
-La règle de l’annualité signifie que la LFA prévoit et détermine l’ensemble des
ressources et des charges de l’Etat pour une durée d’une année.
Le principe de l'annualité vise à obliger le gouvernement à se présenter devant le Parlement de
façon périodique afin de confirmer les autorisations qui lui sont accordées pour lever des fonds
publics et rendre compte de l'usage qui en a été fait.

i. Permet une maitrise de la gestion, du fait que les prévisions seraient certaines quand le
budget est conçu pour une période d’une année.

ii.Facilite le contrôle régulier du budget car le gouvernement se trouve contraint de


produire chaque année des comptes et de soumettre les différentes opérations aux
institutions de contrôle.
En règle générale, la période couverte par le budget est d'une année.
Toutefois, il n'existe pas d'unanimité à l'échelle mondiale sur le concept de
l'année budgétaire.
A titre d'exemples, dans certains pays, l'année budgétaire commence aux
dates suivantes : 1er avril en Grande Bretagne, au Canada et au Japon.
Aux Etats Unis c’est le 1er octobre, dans les pays de l’union européenne
l’année budgétaire coïncide avec l’année civile 1er janvier.
Quand au Maroc, si l’année budgétaire a la plupart du temps coïncidé
avec l’année civile, il n’en a pas toujours été ainsi.
En effet, des années budgétaires distinctes des années civiles ont été adoptées au cours des
périodes ci-après :
 Entre 1913 et 1917 : 1er Mai - 30 Avril ;
 Entre 1931 et 1932 : 1er Avril - 31 Mars ;
 Entre 1996 et 2000 : 1er Juillet - 30 Juin.
Après chaque changement d'année budgétaire, il a été nécessaire d'établir des budgets partiels
pour assurer la jonction entre les budgets annuels concernés soit :
 un budget de 8 mois pour la période allant du 1er Mai au 31 Décembre 1917 ;
 un budget de 3 mois pour la période allant du 1er janvier au 31 Mars 1931 ;
 un budget de 9 mois pour la période allant du 1er avril au 31 Décembre 1932;
 un budget de 6 mois pour la période allant du 1er Janvier au Juin 1996 ;
 un budget de 6 mois pour la période allant du 1er Juillet au Décembre 2000 .
Aujourd’hui a opté depuis l’année budgétaire 2001 pour l’année civile.
L’année budgétaire commence le 1er janvier – 31 décembre
Dérogations au principe
i. Les autorisations de programme: Elles permettent aux ordonnateurs d’engager des
dépenses d’investissement sur plusieurs années. Ces dépenses doivent être couvertes par des
crédits de paiement qui sont votés chaque année.

L’article 75 de la constitution dispose: « le parlement vote une seule fois les dépenses
d’investissement nécessaires, dans le domaine de développement,…. Les dépenses ainsi
approuvées sont reconduites automatiquement pendant la durée de ces plans et
programmes….. »

Quant au niveau de la LOLF à l'article 7 du chapitre premier : « Les dispositions


………….aux autorisations d'engagement par anticipation pour lesquelles les crédits
doivent être ouverts au titre de l'année budgétaire suivante, aux crédits d'engagement et aux
programmes pluriannuels, peuvent engager l'équilibre financier des années budgétaires
ultérieures. »
ii. Les lois de finances rectificatives qui interviennent au cours de l’année pour compléter
ou rectifier les prévisions initialement établies par la LFA compte tenu du changement de la
conjoncture et de l’intervention d’éléments imprévisibles (prévisions moins d’une année).

iii. Lorsque la loi de finances est votée avec un retard, le gouvernement est habilité à ouvrir
seulement les crédits nécessaires au fonctionnement des services publics en attendant le vote
du budget annuel.

vi.Les autorisations d’engagement par anticipation concernaient exclusivement le budget de


fonctionnement. Cette disposition disparaît avec la LOF N°130-13 dont l’article 16 stipule que "Les
crédits ouverts au titre des dépenses de fonctionnement sont annuels. Les dépenses de
fonctionnement du budget général ne peuvent faire l'objet d'autorisations d'engagement par
anticipation". Aussi, l’article 23 interdit l’octroi des autorisations d'engagement par anticipation au profit
des services de l’Etat gérés de manière autonome.
Toutefois, la LOF N°130-13 dispose, dans son article 26, que "des autorisations
d'engagement par anticipation peuvent être accordées au profit des comptes
d'affectation spéciale et aux comptes de dépenses sur dotation, par la loi de
finances de l'année, dans la limite d'un montant maximum qu'elle prévoit".
4.2 Principe de L’unité

Ce principe suppose que sur le plan politique l’établissement d’un document budgétaire unique
regroupant toutes les dépenses et les recettes permettant aux parlementaires de prendre
connaissance de la structure globale du budget. A partir de cette vue d’ensemble, ceux-ci pouvaient
émettre des jugements sur la politique financière gouvernementale. (art 1 de la LOLF)

Ce principe a également un but technique: assurer une présentation claire du budget. Lorsque toutes
les dépenses et toutes les recettes figurent dans un seul document, elles sont faciles à contrôler
(vérifier l’équilibre, éviter les dissimulations).

 Ainsi, la règle de l’unité est justifiée par des raisons d’ordre technique et politique :
• Permet d’avoir une vision claire des finances de l’Etat ; La LF détermine le volume
global des recettes et des dépenses publiques afin de dégager l’équilibre ou le déficit du
budget (raison d’ordre technique).

• Facilite le contrôle parlementaire qui ne peuvent juger la gestion budgétaire de l’Etat


que s’ils ont une vue globale et complète du document budgétaire (raison d’ordre
politique).
4.3. Le principe de de l’universalité
La règle de l’universalité signifie que toutes les recettes et toutes les dépenses sont prévues
par la loi de finances, sans qu’il n’y ait une affectation de certaines recettes à certaines
dépenses.
Ce principe s’appuie sur l’article 8 de la LOLF et stipule que les charges et ressources doivent
être comptabilisées chacune de son côté de façon à ce qu’il n’y ait pas de compensation entre
les recettes et les dépenses et d’autre part qu’il est interdit d’effectuer toute affectation d’une
recette à une dépense particulière.

--La non compensation (règle du produit brut) : cette règle exige l’inscription des dépenses
et de recettes dans le budget pour leur montant brut. C’est-à-dire que les charges et les
ressources doivent êtres comptabilisées chacune de son coté de façon à ce qu’il n’y ait pas
de compensation entre elles. Par conséquent, le budget ne doit pas se limiter à faire ressortir
simplement les soldes des opérations de recettes et de dépenses.
-La non affectation de recettes aux dépenses: cette règle interdit qu’une recette soit
spécialement affectée à une dépense.
Dérogations au principe
i. Les opérations des CST permettent l’affectation d’une recette à une dépense déterminée.
En effet, les CST reposent en partie pour leur financement sur certaines recettes fiscales : il
s’agit des impôts affectés.

ii. Les SEGMA peuvent garder pour leur propre usage les recettes recouvrées par eux-mêmes
en contrepartie des prestations qu’ils fournissent.

Selon l’article 8 de la LOF, « certaines recettes peuvent être affectées à certaines dépenses dans le cadre
des budgets des services de l'Etat gérés de manière autonome, des comptes spéciaux du Trésor …. »
4.4. Le principe de la spécialité
-Cette règle signifie que les crédits (dépenses) du BGE ne sont pas présentés par masse
(fonctionnement, investissement, dette) mais sont spécialisés par chapitre (ministère).

-De plus, les crédits (ou dépenses) sont examinés et votés par le parlement par chapitre
(ministère), de telle sorte que les dépenses sont affectées à une destination spécifique.

-Par conséquent la LOLF interdit au gouvernement d’effectuer des virements de


crédits notamment entre les chapitres (crédits des ministères).

-Cette règle est justifiée par le fait que le gouvernement est obligé de respecter les
autorisations parlementaires, en affectant les fonds à la couverture de dépenses déterminées
Dérogations au principe
-Le virement de crédits : change la nature de dépenses prévues par la LFA
(autorisations parlementaires). La LOLF (article 45), dispose que des virements de
crédits peuvent être effectués à l'intérieur d'un programme et entre les programmes d'un
même chapitre.
-Les crédits globaux : ils correspondent à une masse de crédits qui ne sont pas
répartis par chapitre lors du vote de la LF. Ils sont constitués par les dépenses
accidentelles (dépenses imprévues et dotations provisionnelles).
4.5. Principe de la sincérité

 Le principe de la sincérité, n’est pas une obligation juridique actuellement, mais un critère
essentiel dans l’élaboration des lois de finances, qui consiste à présenter l’ensemble des
ressources et des charges de l’Etat de manière sincère, de façon à donner une image
fidèle de son patrimoine et de sa situation financière. Le principe de la sincérité exige de
présenter un budget reflétant une image sincère et fidèle de la situation et des perspectives
économiques au regard des informations dont dispose le gouvernement au moment de son
élaboration.
Certes, la sincérité est supposée être de rigueur dans les comptes publics.
Néanmoins, elle ne constitue pas une obligation juridique contrairement à la situation qui
prévaut en matière de comptabilité privée.
Ce principe se rattache dans une large mesure à la volonté de transparence des comptes
publics.
La sincérité budgétaire exige la pertinence des hypothèses qui président à la préparation de la loi
de finances, et la présentation sincère au niveau de la loi de finances de l'ensemble des
ressources et des charges de l'État. Dans le même sens, la sincérité budgétaire sollicite
l’engagement de procéder à la présentation des lois de finances rectificatives en cas de
modifications significatives des priorités et des hypothèses de la loi de finances.
Article 10
« Les lois de finances présentent de façon sincère l'ensemble des ressources et des charges de l'État…. »
La sincérité comptable : les comptables publics sont chargés de veiller au respect des principes et
des règles comptables en s’assurant notamment de la sincérité des enregistrements comptables
et du respect des procédures et de la qualité des comptes publics. En outre, La cour des comptes
certifie la régularité, la sincérité et la fidélité des comptes de l’Etat.
Article 31
Les comptables publics sont chargés de la tenue et de l'élaboration des comptes de l'Etat…..en s'assurant
notamment du respect de la sincérité des enregistrements comptables, du respect des procédures et de la qualité
des comptes publics
4.6. l’équilibre budgétaire

 En vertu de cette règle le volume des charges doit être équivalent à celui des ressources
(R=D). En d’autres termes, le principe de l’équilibre exige que le déficit utilisé pour
intervenir dans la vie économique et sociale du pays, doit être maitrisé.

 Dans ce cadre, l’article 20 de la LOF dispose que, les emprunts contractés pour financer le
déficit budgétaire d’une année, ne peut pas dépasser la somme des dépenses
d'investissement et du remboursement du principal de la dette au titre de cette année

budgétaire.

 Le respect de ce principe demeure un objectif théorique, en raison de


l’accroissement du rôle de l’Etat et l’élargissement du champ de ses interventions avec
l’aggravation des charges financières publiques, et des besoins de la population (approche
moderne des finances publiques) . Par conséquent, l’Etat doit recourir à l’emprunt pour couvrir
le déficit.
Et si les recettes propres de l'Etat, n'arrivent pas à couvrir ses dépenses de fonctionnement, et
donc ne peuvent pas concourir à l'amortissement des emprunts antérieurs. Un endettement
supplémentaire s'avère alors indispensable pour assurer le service de la dette en cours. D'où une
accumulation des emprunts, une aggravation de l'endettement public, un accroissement de la part
des ressources consacrées au service de la dette et, en fin de compte, le creusement du déficit
budgétaire et le déclenchement de la spirale déficit-endettement-déficit. La prise de conscience
des menaces réelles que ferait peser le déficit budgétaire, s'il devait prendre un caractère
structurel, sur les équilibres économiques voire sur la stabilité sociale des pays, en raison
notamment des risques dévastateurs des pressions inflationnistes qui ne manquent pas de
découler d'un tel déficit, a imposé le rétablissement de l'équilibre parmi les objectifs
prioritaires des pouvoirs publics à l'échelle mondiale depuis le milieu des années 1980.
A titre d'exemple, les pays de l'Union Européenne ont adopté dans le cadre de l'Accord de stabilité
et de croissance de Maastricht, parmi les critères de convergence destinés à assurer la cohérence
de leurs économies respectives, l'obligation de limiter le déficit budgétaire à 3% du PIB à compter
de l'année 1997, de telle sorte que l'accès au système de la monnaie unique européenne n'est ouvert
qu'aux pays qui auront satisfait à ces critères.
Les programmes d'ajustement structurel entrepris dans les pays en développement procèdent
de la même préoccupation.

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