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Démier, La France du XIXème siècle, chapitre 12 :

« La République conservatrice contestée ( 1889- 1899) »

I) L’élargissement de l’assise républicaine.

A) L’Eglise et la République : le ralliement

- défaite du boulangisme = nouvel échec pour les monarchistes – définitif ?


- courant radical divisé & mis à distance par les opportunistes
- division de la gauche socialiste : blanquistes (Boulanger) vs. broussistes (gouv)

- opportunistes : réflexe de défense républicaine (1889) + appui des paysans MAIS


pas de majorité depuis 1885 (législatives)
- ralliement des cathos  nouveau souffle pour la République modérée
- opportunistes rebaptisés « progressistes »

- nbeux cathos engagés dans le boulangisme en réaction contre la République 


échec
- malgré laïcisation de la société, la plupart des Français fréquentent l’église
(baptême, mariage, enterrement) : pragmatique compromis foi / République ; les
cathos acceptent le régime MAIS le « parti clérical » reste crispé

- 1878 : pape Léon XIII (succède à Pie IX) :


- encyclique Rerum novarum (15 mai 1891) : s’écarter du conservatisme, réformer
chrétiennement la société ; juste salaire, syndicats chrétiens
- Inter sollicitudines (16 fév 1892) : catholicisme ≠ monarchie
- cardinal Lavigerie, archevêque d’Alger, invite les cathos à se rallier
- accueil très mitigé MAIS bcp se rallient dans l’espoir de changer la République,
ou simplement pour rester en accord avec Rome
- catholiques sociaux (Albert de Mun, avec le marquis de La Tour du Pin) 
rechristianiser le peuple  cercles cathos ouvriers (1871) + projet de grd parti
chrétien social, assos paternalistes
- démocratie chrétienne : abbés démocrates (abbé Lemire, député d’Hazebrouck ;
abbé Gayraud ; chanoine Desgranges)
- 1894 : Marc Sangnier  Le Sillon  formation civique & sociale de jeunes
cathos
- assomptionnistes (journal La Croix)  parti de défense religieuse, parti
catholique de droite
- ralliement important aux opportunistes  parti conservateur contre socialisme 
Jacques Piou & comte d’Arenberg : groupe de la droite constitutionnelle (1890)

B) Le réveil de l’Eglise

- Eglise affaiblie par l’enseignement secondaire des jeunes filles, le divorce, le


retrait des crucifix des prétoires, laïcisation des cimetières…
- MAIS influence dans l’Etat, le corps des officiers ; 220 000 « permanents »,
religieuses 3 fois plus nombreuses qu’en 1789
- Ouest, Flandres, Pays basque, sud du Massif central
- hôpitaux : sœurs soignantes ; Filles de la Charité (Sœurs de St Vincent de Paul)
- prêtres deviennent actifs dans la vie publique (« hommes d’œuvres ») : cercles
d’études, groupes de jeunes, assos sportives, fanfares, syndicats, caisses
mutuelles…
- patronages & école privée catho répondent à la laïcité
- pélerinages de masse (chemin de fer) : Paray, Pontmain, La Salette, Lourdes,
Mont-St-Michel…  culte de la Vierge & du Sacré Cœur
- canonisation de Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus (morte en 1897)

C) Des opportunistes aux progressistes

- législatives de 1893 : très peu de « ralliés » élus (env. 30) ; l’électorat catho
s’abstient ou vote pour les « progressistes » (républicains modérés)  300 sièges
(radicaux : 100 ; droite : 56, soit moitié moins qu’avant le ralliement)
- axe de la République déplacé vers la droite

- 1892 : épreuve nouvelle : affaire de Panama : Ferdinand de Lesseps (percement


du canal de Suez 1892) : Compagnie universelle du canal inter-océanique (1881)
pour le percement de l’isthme de Panama. Erreurs techniques + conditions
draconiennes imposées par les banques françaises  obligations remboursables
par tirage au sort ; la Compagnie soudoie les députés pour obtenir l’accord de la
Chambre (doutes sur Rouvier, Clemenceau…)  scandale mais retombées
limitées car le gouv démissionne  désamorce l’opinion
- nouvelle génération républicaine au pouvoir : Poincaré, Leygues, Barthou,
Delclassé…
- renforcement des extrêmes : percée socialiste aux législatives 1893 (600 000
voix) ; anarchisme, extrême droite

II) Une politique conservatrice

A) La nouvelle peur sociale

- nouvel électorat progressiste : voix conservatrices & cathos  crainte de la


poussée du mouvement social (type boulangiste)
- République progressiste (président Sadi Carnot, Casimir-Perier ; Félix Faure) 
refus du radicalisme, conservatisme & tempérament « bourgeois »
- gouv Jules Méline (député puis sénateur des Vosges), président du Conseil 1896-
1898 + ministre de l’Agriculture
- alliance paysans/République  stabilisation sociale
o politique douanière de protection : tarif Méline (amortit la baisse des prix)
o Méline, Le Retour à la Terre – déplore l’exode rural & apologie du petit
paysan propriétaire
o Ordre du mérite agricole
o défense du paysan  conservation sociale
o encouragement à la modernisation du paysan propriétaire : crédit,
coopération & syndicalisation agricoles

B) Menace anarchiste et raidissement politique

- grèves ouvrières réprimées par l’armée : Ex . 1er mai 1891 : Fourmies (Nord) 
revendication des 8h  9 morts (dont 8 enfants)
- 1892-1894 : vague d’attentats anarchistes :
o déc 1893 : Auguste Vaillant lance une bombe dans l’hémicycle du Palais
Bourbon
o Emile Henri exécuté après plusieurs attentats meurtriers
o 24 juin 1894 : Caserio assassine Sadi Carnot (pour n’avoir pas grâcié
Vaillant & Ravachol)
- déc 1894 : loi qui punit de prison la provocation au vol, au meurtre, à l’incendie
- juil 1894 : transfère aux tribunaux correctionnels les délits de presse provoquant à
la violence
- opposition de la gauche : « lois scélérates »

- La majorité rejette l’impôt sur le revenu après appels radicaux à la réforme


fiscale.
- politique d’ « apaisement » envers les cathos  tolération officieuse des
congrégations non autorisées

- 1888 : rapprochement avec la Russie (soif de capitaux  banquiers français ;


appui face à l’Allemagne), rendu public en juil 1891 à Cronstadt

- La tentative de former un grand parti conservateur pour dominer la République


échoue : les progressistes restent un parti de cadres.
- 1897 : Comité national républicain du commerce et de l’industrie (Paul
Deschanel, Raymond Poincaré, Waldeck-Rousseau, André Siegfried & hommes
d’affaires)  groupe de pression pour le protectionnisme
- 1897 : Grand cercle républicain (Waldeck-Rousseau)  club de républicains
modérés
- expérience Méline considérée comme un retour en arrière

III) Les radicaux, gardiens de l’identité républicaine

A) Intransigeants et réalistes

- volonté de révision de la Constitution = risque


- renoncent à la suppression du Sénat & de la présidence de la République
- acceptent de participer au gouv pour enrayer le glissement à droite  forment
même des gouv (ex. Léon Bourgeois 1895)
- MAIS groupe radical-socialiste avec Camille Pelletan  impôt progressif, petite
propriété démocratisée/ associée pour faire disparaître le salariat 
« solidarisme » de Léon Bourgeois

B) Le glissement vers la province

- fédérations de comités électoraux  structure de parti


- après 1885 : recul dans les grdes villes (nationalisme) & le Midi « rouge »
(socialisme)
- percée dans le Sud-Ouest (ancien électorat bonapartiste)  La Dépêche de
Toulouse
- élections 1898 : 2 millions de voix (27% suffrages exprimés)

IV) Une nouvelle opposition de gauche : socialistes et syndicalistes

A) L’impossible unification des socialistes

- social-démocratie allemande  nouveau modèle appuyé sur un puissant


prolétariat
- Marx  parti de classe, conquête de l’Etat & collectivisation de l’éco

- Congrès de Paris (octobre 1876)  socialisme modéré : projet réformiste dans le


sillage de l’extrême gauche républicaine : Jean Joseph Barberet  coopératives
de production & reconstruction syndicale
- Congrès des ouvriers de Lyon (janvier 1878)  orientation syndicaliste &
« travailliste »
- « immortel congrès de Marseille (octobre 1879)  orientation marxiste de Jules
Guesde (rentré d’exil depuis 1876)  diffuse la théorie de Marx, avec Paul
Lafargue, dans le journal L’Egalité parti ouvrier autonome, collectivisation des
moyens de production…
- 1ère organisation socialiste : la Fédération des travailleurs socialistes de France
(FTSF), divisé en 6 régions autonomes
- Congrès du Havre (novembre 1880)  « coopérateurs » ≠ « collectivistes »
- Elections 1881 : 60 000 voix  1 élu, Clovis Hugues (Paris)
- septembre 1882 : la Fédération éclate
- modérés (Paul Brousse)  POF (Parti ouvrier français)
- blanquistes (Vaillant)  Comité révolutionnaire central (CRC) 1881
- 1890 : Parti ouvrier socialiste révolutionnaire (POSR), Jean Allemane

B) Un courant marxiste

- Parti ouvrier français domine autres formations socialistes


- Jules Guesde (orateur) & Lafargue (théoricien)  référence au marxisme (≠
tradition républicaine & socialisme français pré-marxiste), « recettes
révolutionnaires » ; subordonne le syndicat au parti
- 2000 militants ; seulement 25 000 voix aux élections de 1885
- années 1890 : progression grâce aux talents d’orateur de Guesde, propagande,
insertion dans la IIe Internationale (Paris 1889)
- fin du siècle : 17 000 membres (moitié des socialistes français)
- 1898 : 12 élus à la Chambre ; municipalités ; Nord, Pas-de-Calais
- 60% d’ouvriers, de boutiquiers, de petits paysans propriétaires du Midi « rouge »

- Comité révolutionnaire central (héritage des sociétés secrètes) : blanquistes


orthodoxes (Eudes, Granger) rejettent partis & congrès ; soutien à Boulanger par
hostilité à la République bourgeoise
- autre courant : Eugène Vaillant (délégué à l’Instruction publique sous la
Commune, exilé à Londres, contact avec Marx)  attachement à la République,
patriotisme messianique du jacobinisme, anticléricalisme ; bonne connaissance du
marxisme  éloignement du putchisme révolutionnaire + nécessité d’une
organisation des masses pour conquérir l’Etat.
- souci d’une « action totale »  luttes démocratiques des syndicats, des
coopératives, des régies municipales…  conscience de classe nouvelle
- implantation du CRC > guesdistes à Paris  métallurgistes, ouvriers du bâtiment
& de la fabrique parisienne ; Cher & Allier  métallurgistes & bûcherons
- 1898 : env. 12 sièges de députés

C) Le réformisme français et ses dissidents

- Paul Brousse : Fédération des travailleurs socialistes de France (FTSF) 1879 


rejet du marxisme & héritage fédéraliste de la Commune
- collectivisation des moyens de production MAIS autonomie des syndicats & refus
de révolution politique
- conquête progressive & pacifique du pouvoir communal  municipaliser
l’industrie privée  service public
- Paris : ouvriers de la petite entreprise ; Centre-Ouest, Ardennes, Côte-d’Or
- juillet 1889 : refus de la IIe Internationale ; rapprochement avec les radicaux
contre Boulanger
- rapprochement du « travaillisme » anglais  scission au congrès de Châtellerault
(1890)

- Jean Allemane : Parti ouvrier socialiste révolutionnaire


- tradition de la Commune : projet fédéraliste, anticléricalisme, antimilitarisme
- égalitarisme sans-culotte, ouvriérisme hostile aux leaders bourgeois : JB Dumay,
A. Bourderon (figures connues = ouvriers)
- intellectuels : Charles Andler, Lucien Herr (bibliothécaire Ulm)  démocratie
directe
- syndicat = meilleure arme du prolétariat ; rejet du parti & du marxisme
D) La virulence du courant anarchiste

- Proudhon, Bakounine, Kropotkine  arriver au « non-Etat » (≠ marxisme)


- refus de l’autorité : Etat, armée, Eglise, patrie, famille, école traditionnelle…
- libre fédération de travailleurs : entraide & solidarité
- action violente = réponse à la violence de la société
- courant « éducationniste » : formation des individus ; coopératives, expériences
autogestionnaires
- contre délégation du pouvoir
- ouvriers du textile, artisans, boutiquiers, intellectuels (Elisée Reclus), poètes
(Richepin, Verhaeren, Mallarmé, Valéry), artistes (Pissarro, Luce, Signac,
Steinlen)
- impasse du terrorisme individuel  action de propagande (Emile Pouget,
Sébastien Faure, Jean Grave), journaux, brochures
- syndicats, bourses du travail (militants comme Fernand Pelloutier)

E) La nébuleuse des socialistes indépendants

- journaux qui accueillent tous les courants : La Bataille de Lissagaray ; Le Cri du


peuple de Jules Vallès ; La Revue socialiste de Benoît Malon (synthèse
réforme/révolution)
- courant amplifié années 1890 : 50% députés socialistes à la Chambre ne se
revendiquent d’aucun parti & constituent une fédération des socialistes
indépendants
- viennent souvent du radicalisme : Alexandre Millerand, Jean Jaurès (mineurs de
Carmaux)
- 1893 : environ 40 députés socialistes à la Chambre ; conquête municipales 1896
- problème de l’unification du mouvement socialiste
- 30 mai 1896 : Millerand  plate-forme minimale dans un discours au banquet de
Saint-Mandé (1000 socialistes rassemblés après les municipales) : socialisation
des moyens de production, MAIS processus de longue durée + médiation du
suffrage universel ; contre voie révolutionnaire, conciliation
internationalisme/patriotisme
- Le socialisme reste divisé.

F) Le syndicalisme, une alternative au socialisme

- grève = forme d’action privilégiée des travailleurs ; offensives & organisées, elles
renforcent le mouvement syndical
- 1890 : < 140 000 syndiqués ; 1894 : > 400 000
- syndicats limités au terrain des luttes économiques
- fédérations de métier ou d’industrie  1886 : Fédération nationale des syndicats
- bourses du travail (local)  services de mutualité, centres intersyndicaux (grèves
locales)
- Fédération nationale des bourses du travail  président Fernand Pelloutier
- idée de « grève générale »
- guesdistes : subordination du syndicat au parti (monopole de l’action politique)
- grève des terrassiers (1888)  militants venus du blanquisme & de l’allemanisme
- Aristide Briand & Ferdinand Pelloutier  congrès de Nantes rassemble syndicats
& bourses
- Les guesdistes perdent la direction de la Fédération des syndicats.

- septembre 1895 à Limoges : CGT (Confédération générale du travail)  syndicat


supérieur au parti ; conduire les ouvriers vers le socialisme
- luttes revendicatives : salaires, conditions de travail, journée de 8h
- caisses de secours & formation professionnelle
- grève (violence pas exclue des affrontements localisés avec le patronat) : valeur
révolutionnaire  grève générale pour faire tomber le capitalisme (grève
pacifique des « bras croisés »)
- fin du siècle : environ 100 000 adhérents (sur 8 millions de salariés)

V) L’extrême droite contre la République

A) La crise de l’idée de nation

- marginalisation de la droite classique (orléanistes, légitimistes & bonapartistes)


- élections 1898 : monarchistes & bonapartistes 11% contre 48% en 1885
- nouvelle droite intellectuelle & populaire

- Taine, Renan (La Réforme intellectuelle et morale, 1871) : défaite ébranle la foi
en la République, le suffrage universel – nocif
- républicains : renouveler les élites par la méritocratie républicaine MAIS affaibli
par le boulangisme
- boulangisme : pas antirépublicain  « nationalisme » ancré à gauche (assise
populaire)  « appel au peuple » = sursaut de la République contre une dérive
« bourgeoise »
- échec & mort de Boulanger (1891)  mutation du nationalisme
- défaillance de la République attribuée non seulement au système parlementaire,
mais à la démocratie elle-même
- inquiétude & pessimisme face à la « décadence » de la société moderne : Taine,
Drumont, Gustave Le Bon, Barrès…
- responsables : République, démocratie, suffrage universel, masses violentes,
anarchisme & socialisme ; « péril juif »

B) La montée de l’antisémitisme

- antisémitisme catholique de longue droite mais pas seulement de droite


- Fourier, Proudhon, Toussenel… mêlent antisémitisme & anticapitalisme
- nouvel antisémitisme : Drumont, La France juive (1886)
- La Croix, « journal le plus antijuif de France » (lu par 1/3 clergé paroissial)
- mythe de la « république juive »
- racisme biologique (pseudo-théories scientifiques) : Arthur de Gobineau, Essai
sur l’inégalité des races humaines (1853-1855)  « supériorité » des Aryens,
nocivité du métissage de la « race » française
- darwinisme social (sélection)  thèmes nouveaux : Georges Vacher de la Pouge,
Jules Soury  « mensuration des crânes »  danger des « sémites génétiquement
inférieurs »  décadence française
- journal La Libre Parole de Drumont  campagne pour épurer l’armée des
officiers juifs
- complot juif associé au complot maçonnique, surtout dans la presse catholique

- élites craignant l’anéantissement des hiérarchies


- boutiquiers & artisans des grandes villes (petites classes moyennes)  crise de la
petite entreprise, concurrence de la « camelote allemande », menace de
prolétarisation des petits producteurs indépendants, immigrés juifs…

C) Une organisation et des chefs

- « ligues » : mobilisent militants & sympathisants  moyens de pression efficaces


- Déroulède : Ligue des patriotes (républicaine 1882 puis nouveau nationalisme
antidémocratique)
- Jules Guérin : Ligue antisémitique
- 1899 : Ligue de la patrie française (droite intellectuelle & catholique)

- Maurice Barrès : lié au boulangisme, au socialisme


- fidèle à l’idée de République, cadre du relèvement national
- approche « romantique » : passé national lointain  régionalisme réactionnaire :
terre des ancêtres, culte des morts de la province natale ≠ juif apatride
- modèle : le militaire (vertus spartiates)

- Charles Maurras : menace de « l’anti-France protestante, juive et métèque »


- xénophobe, antisémite, hostile à la centralisation jacobine, haine de la démocratie
- projet de « nationalisme intégral » : restauration de la monarchie = « choix de la
raison » fondé sur un ordre hiérarchique & inégalitaire
- décentralisation : provinces, corporations, famille…
- catholicisme conservateur comme armature de l’ordre social
- moyens exrêmes contre la République  « coup de force » pour atteindre le
pouvoir

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