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INTRODUCTION
Les chaussées souples qui font l’objet de ce chapitre font partie avec les chaussées rigides, de
la catégorie des chaussées revêtues.
Les chaussées rigides constituées par des dalles de béton de ciment sont signalées ici pour
mémoire parce que n’étant pas très fréquentes dans les pays tropicaux.
Le dimensionnement intéresse les flux compris entre 1000 et 6000 voitures par jour et il tient
compte des différents facteurs qui caractérisent l’environnement propre des pays tropicaux, à
savoir : l’économie (envoie de développement) le trafic (faible), les ressources en matériaux
(latérite – matériaux locaux) ; le climat (chaud humide et / ou sec), les techniques d’entretien
(Rudimentaires). C’est sur la base d’une expérience acquise lors des études de renforcement
de 7000 km de chaussées bitumées qu’il a été possible de constituer cet ensemble de
directives et de recommandations techniques sur la procédure à suivre pour l’étude de
dimensionnement des chaussées bitumées dans les pays tropicaux.
I. / Généralités
Au sens structural, la chaussée est l’ensemble des couches de matériaux disposés pour
supporter la circulation des véhicules, sur le terrain préparé.
Sauf dans le cas des chaussées rigides constituées d’une dalle de béton sur le sol support, les
chaussées sont constituées d’une assise (ou corps de la chaussée) qui permet de répartir les
charges sur le sol support et d’une couche de roulement ayant pour but d’imperméabiliser
l’assise et de la protéger de l’agression du trafic.
Les chaussées souples sont constituées de 3 ou plusieurs couches appelées de bas en haut :
Couche de base
1) Couche de forme
La couche de forme n’existe que dans le cas ou l’on réalise un remblai (sur sol gonflant) ou
un déblai (d’un sol de forme de faible portance) sinon, la chaussée est réalisée directement sur
la forme (plate forme). Dans le premier cas, la forme est encaissée et dans le deuxième, elle
est dérasée.
La couche de forme qui est rattachée aux terrassements dont elle constitue la partie supérieure
doit notamment permettre le passager des engins de chantier (zones marécageuses ou
sableuses par exemple) ainsi que le compactage de la couche fondation (qui serait impossible
si le support était très compressible). Dans ce cas , elle diminue les déformations de chaussé
sous l’influence des variations. Une solution consiste à traiter en place à la chaux .
2) Sous – couche
Le rôle de la sous-couche est de constituer dans certains cas particuliers un écran entre les
matériaux mis en œuvre dans les terrassements et ceux qui sont employés en couche de
fondation (ou en couche de base si la couche de fondation est supprimée). On distingue deux
types de sous – couche :
Elle a pour but d’empêcher la pénétration d’un matériau de plate-forme fin à travers les vides
d’une couche de fondation à structure ouverte. Sa granulation doit respecter la règle des
écrans vis à vis du sol, soit :
Avec : D15 = maille de tamis qui laisse passer 15% des matériaux du sol de la sous-couche
D85 = maille de tamis qui laisse passer 85ù des matériaux du sol de forme
DX = maille qui laisse passer X% de matériau
5D15 (sous couche) < D15 (couche de forme) < 5D85 (couche de forme)
NB : A propos des chaussées on proscrit l’usage du terme ″ sol de fondation ″ on utilise les
termes ″ sol de plate forme ″ ou ″ sol de forme ″ pour désigner le sol de support des couches
de chaussée.
3) Couche de fondation
Elle assure une diffusion des contraintes afin de les amener à un taux compatible avec la
portance du sol de forme. Si la couche de fondation n’est pas trop rigide (effet de dalle) elle
ne subit guère que des contraintes verticales de compression. Cette couche est constituée de
grave naturelle (ou dessablée) compactée.
Les graves sont des mélanges naturels (ou non) de cailloux, de graviers ou de sables avec
parfois addition de particules très fine. Le grave est dit maigre lorsque la proportion de
particules fines est insuffisante pour donner la plasticité à son mortier (Ip < 10). Sinon elle est
dite limoneuse ou argileuse selon sa teneur en fines actives.
4) Couche de base
La couche de base est soumise à des contraintes verticales de compression plus élevée que
dans la couche de fondation (la couche de base y repose) ainsi qu’aux efforts de cisaillement
d’autant plus importances que la couche de surface est mince. De plus si la couche de base
possède une rigidité plus élevée que celle de la couche de fondation, il se produit un effet de
dalle plus tout se passe comme s’il y’avait une plaque de verre reposant sur un matelas en
caoutchouc et des contraintes de traction se développent à sa base (ECB / ECF < 4).
On est donc amené à exiger des caractéristiques beaucoup plus sévères pour les matériaux de
la couche de base que pour ceux de la couche de fondation. On peut utiliser comme matériaux
du grave semi-concassée.
5) Couche de surface
1) – Chaussées revêtues
a. Généralités
Méthodes empiriques :
Fondées sur une observation expérimentale des chaussées et de leur comportement sous trafic.
Parmi ces méthodes on peut citer :
La méthode de C.B.R. qui utilise l’indice portant C.B.R du sol de plate-forme pour
déterminer l’épaisseur total du corps de la chaussée.
Les Méthodes Théoriques : basées sur l’étude des contraintes engendrées par
le trafic niveaux du corps de la chaussée et la comparaison de ces contraintes avec les
performances probables des matériaux constituant la chaussée..
b. Méthode de C.B.R.
Principe de la méthode :
La méthode du C.B.R. (conçue en 1938 par O.J. Porter du Californian Stade Highway
Département à la suite de 14 années d’essais sur les routes californiennes) est assez simple et
donne en fonction de l’indice portant C.B.R. et du trafic, l’épaisseur minimal total de la
chaussée pour éviter la rupture par déformation plastique du sol. Par la suite, le Corps des
Ingénieurs de l’Armée Américaine établit par extrapolation théorique ses propres abaques
d’épaisseurs suivant la formule de Pelletier :
La critique principale que l’on pourrait faire à cette méthode est qu’elle ne tient compte que
du cisaillement (ou plus précisément du cisaillement accompagnant le poinçonnement) et pas
de la traction par flexion éventuelle sous certains couches (la couche de base dans le cas d’un
effet de dalle dû au traitement au liant blanc tel que ciment, laitier)
En fait, lorsque le rapport des modules de déformation est supérieur à 4, l’effet de dalle est
considéré comme important. Par ailleurs, le cisaillement de la couche de surface généré par
les pneumatiques n’est pas pris en compte également.
Exemple de calcul :
Soit une chassée à réaliser sur une couche de forme compactée dont le C.B.R. est de 8, que le
matériau choisi comme couche de fondation ait un C.B.R. de 30 et que celui choisi pour la
couche de base en tout venant de concassage ait un C.B.R. de 80 (6 tonnes = charge de la
roue)
La figure 1 (abaque) montre que pour une roue de 6 tonnes par exemple, épaisseur totale de la
chaussée est 36 cm. Or puisque le matériau de la couche de fondation a un C.B.R.de 30,
l’épaisseur totale des matériaux sus-jacents ( revêtement + base) serait de 15 cm ; donc
l’épaisseur de la couche fondation serait 21 cm (36- 15) .
Avec un C.B.R. de 80 pour la couche de base, on trouve une épaisseur 8 cm pour le
revêtement, donc la couche de base aura une épaisseur de 7 cm (15 – 8).
En définitive on aurait :
- revêtement 8 cm
-couche de base 7 cm
- couche de fondation 21 cm
soit une épaisseur totale de 36 cm
d. Méthode du C.E.B.T.P.
Cette méthode a été conçue spécialement pour les pays tropicaux. En effet, les autres
méthodes ont été élaborées en Europe et aux Etats-Unis et elles s’appliquent à des
environnements climatiques, géologiques, économiques et aux trafics particuliers de ces pays.
1. Principes de base
La méthode s’appuie sur les principes de base suivants :
Dans le cas des chaussées souples, ne comportant aucune couche tant soit
peu rigidifiée, la méthode admet qu’on peut déterminer l’épaisseur totale de
la chaussée en se servant d’une part de l’indice portant C.B.R. de la forme et
de l’intensité du trafic. A cet égard alors, la méthode C.B.R. peut être utilisée
en lui faisant subir des aménagements.
Dans le cas de chaussée comportant une ou plusieurs couches susceptible par
le raideur d’une rupture en traction, le dimensionnement précédant qui vise
uniquement a éviter le poinçonnement de la forme, doit être complété par
une analyse théorique dont est de vérifier que les contraintes effectives
traction développées à la base des couches rigidifiées sont compatibles avec
les performances probables des chaussées. A cet égard également, la méthode
se rapproche des méthodes théoriques de Jeuffroy, etc.
Remarque : Cette méthode s’applique à la gamme de trafic qui s’étend de 100 à 6000
véhicules par jour. Elle ne s’applique donc pas aux routes à très faible trafic et notamment aux
liaisons de dessertes secondaires dont le bitumage pouvait être envisagé par exemple, faute de
matériau de rechargement. On pourrait dans ce cas utiliser des matériaux et des normes de mis
en œuvre de qualité inférieure à celle recommandée pour les routes visées par cette méthode.
2 Directives techniques
En vue de réduire les risques de ruptures de natures particulières et assez et fréquemment
rencontrées, une série de directives techniques relatives au choix ou a la mise en œuvre des
matériaux sont proposées ,notamment
1) un maximum de compacité au niveau supérieur des terrassements
et l’élimination (sur 30cmsuperieurs de la plate forme) de
matériaux instables ou gonflants, ceci en vue de diminuer
l’importance de tassement sous trafic ou les déformations dues aux
variations dimensionnelles du sol de plateforme.
2) un minimum de compacité et une portance ou stabilité adéquate au
niveau des couches de base et de fonction, ceci pour réduire les
risques de rupture par fluage de ces matériaux sous l’effet des
contraintes de compression et de cisaillement imposées par le
trafic.
3) Une dureté satisfaisante des agrégats destines à constituer les
couches de base ou de surface visant à diminuer l’importance des
phénomènes d’attrition (écrasement des granulats sous l’effet du
compactage) ou de fatigue sous trafic ;
4) La reatisation des revêtements minces et déformables en vue de
constituer des structures souples, susceptibles de satisfaire aux
impératifs économiques en même temps qu’a la nécessite de
l’aménagement progressif,
5) Enfin, au niveau des accotements (trottoirs, pistes cyclables) et
dans la mesure du possible, la réalisation d’une brite et d’une
imperméabilisation suffisante grâce à des conditions de mise en
œuvre et à un choix de matériaux semblables à ceux utilises dans
le corps de chaussée (revêtement exclu ) . cet écran
d’imperméabilisation sera constitué au droit du contact revêtement
accotement, ceci devant permettre d’une part de réduire des
risques d’affaissement sur les bords et d’autre part de faciliter les
conditions d’exécution ou éventuellement les opérations
d’élargissement de la bande bitumée.
Ces exigences sont parfois contradictoires et il faut alors se contenter de mettre en mesure
des matériaux dont les caractéristiques correspondent aux principales qualités exigées.
II-2-2 dimensionnement des chaussées en terre
Dans ce cas il n’existe pas de méthode universelle, le besoin ne s’impose pas dans la mesure
ou contrairement aux chaussées revêtues il est très facile de renforcer une chaussée en terre
par rechargement.
En pratique, on se réfère à ce qui a été déjà fait dans la région pour le trafic (densité
déchargement, densité de circulation, etc.…). En Afrique tropicale, des chaussées de 15à20
cm d’épaisseur sont fréquentes.
N’étant pas revêtues, les couches de base et de fondation des routes en terre peuvent
supporter des déflexions importantes puisqu’elles encaissent directement les charges. La
déflexion par définition est le déplacement vertical d’une chaussée sous le passage d’une
charge mobile (véhicule). Elle caractérise la rigidité globale de la chaussée. Il n’est pas
rationnel de dimensionner une chaussée en terre en partant du CBR à 2,5mm d’enfoncement
de la plate-forme surtout si elle est constituée de matériaux plastiques et admet des
déformations élevées pour des presse bus faible.
On procède comme suit :
On effectue l’étude de compactage (Proctor modifié) et l’essai CBR pour apprécier la
sensibilité des matériaux de base et de fondation au compactage et à ( ???).
Apres examen des courbes de poinçonnement chargés déformations, on prend en compte un
CBR correspondant à une sécurité de 2/t à la rupture (voir figure 1) et on calcule les
épaisseurs de chaussées par l’abaque de la figure 2 utilisée dans la plupart des pays
d’Afrique tropicale.
Conclusion
Il n’y a pas de méthode universelle de dimensionnement des chaussées souples. Les
méthodes théoriques bien que très précises ne peuvent pas prendre toutes les variables dans
leurs vraies grandeurs. Les méthodes en pratiques ont l’avantage d’être réalisables. Ainsi
l’expérience est souvent nécessaire surtout dans les pays tropicaux ou le climat, la géologie,
l’économie et le niveau technologique sont au tant de paramètres variantes. La meilleur
solution consisterait à associer méthode empirique et méthode théorique.
S’agissant des chaussées en terre, seule l’expérience locale permet d’éviter des mauvaises
surprises.