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Le commissionnaire de transport

Depuis le début de la conteneurisation jusqu’à ce jour, la conception des


transports a connu plusieurs mutations ce qui a rendu cruciale et stratégique
l’organisation de l’expédition d’une marchandise. En effet, avec l’accroissement
du volume des échanges internationaux, le transport ne peut plus constituer un
processus isolé de déplacement d’une marchandise d’un point du globe à un
autre mais il est devenu une partie intégrante d’un processus commercial et
logistique plus complexe exigeant des qualités et des compétences très pointues
dans différents domaines à la fois et dont l’acquisition est indispensable pour
franchir tous les obstacles et barrières qui surgissent dans la pratique du
commerce international, comme la distance, la langue et les usages
commerciaux.

De surcroît, pour offrir un service conforme aux besoins et attentes des


clients et éviter les litiges et malentendus générateurs de pertes de temps
et d’argent, il est nécessaire de bien maîtriser, non seulement les risques
qui pourraient survenir en cours de transport, mais aussi les règles et les
pratiques commerciales utilisées par les différents intervenants dans la
chaîne de transport et acteurs économiques dans toutes les parties du
monde, afin d’assurer une livraison optimisée au destinataire final.

Et c’est là tout l’intérêt de faire appel à un seul intervenant qui prendra en


charge la totalité de l’expédition, en l’occurrence le commissionnaire de
transport.

Plusieurs modèles dérivés de la commission de transport ont été élaborés


au fil des années par la pratique à l’instar de l’opérateur de transport
multimodal par exemple. D’autres formes d’intermédiaires ont également
apparu comme les NVOCC (Non Vessel Operating Common Carrier) c'est-
à-dire les opérateurs de transport non propriétaires de navires dont la
mission est de vendre à leurs clients de la « capacité de transport » soit
en affrétant des navires ou bien en réservant des espaces de cales ou de
conteneurs aux transporteurs maritimes.

Définition du commissionnaire de transport

Dans le code du commerce, une section intitulée: « Le commissionnaire


est celui qui agit en son propre nom ou sous un nom social pour le compte
d'un commettant». Et c'est à la jurisprudence qu'est revenu le soin de
définir la commission de transport.
Définition jurisprudentielle

La Cour de Cassation donne actuellement de la commission de transport la


définition suivante, reprise par de nombreux arrêts d'appel: «La
commission de transport, convention par laquelle le commissionnaire
s'engage envers le commettant à accomplir pour le compte de celui-ci les
actes juridiques nécessaires au déplacement de la marchandise d'un lieu à
un autre, se caractérise par la latitude laissée au commissionnaire
d'organiser librement le transport par les voies et moyens de son choix,
sous son nom et sous sa responsabilité, ainsi que par le fait que cette
convention porte sur le transport de bout en bout».

 Un intermédiaire, ce qui le distingue du transporteur proprement dit;


 Un organisateur, ce qui implique une liberté suffisante dans le choix des
modes et entreprises de transport et le différencie du simple mandataire
qu'est le transitaire. Plus fondamentalement, la commission de transport
suppose une prestation dont le déplacement de la marchandise constitue
l'objet principal.

Concluant en son nom personnel les contrats nécessaires à la réalisation


de l'opération de transport, ce qui le sépare du courtier et, à nouveau, du
mandataire. L'intervention d'un commissionnaire de transport amène donc
la superposition de deux contrats: l'expéditeur et le commissionnaire sont
liés par un contrat de commission de transport, alors que le contrat de
transport proprement dit est conclu entre le commissionnaire et le
transporteur.

On peut ajouter que la rémunération du commissionnaire de transport


prend en général la forme d'un forfait, ne détaillant pas le coût des
différentes prestations successives.

Rôle du commissionnaire de transport

Le commissionnaire de transport est la personne agissant en son nom


propre et sous sa responsabilité pour organiser les opérations de transport
et les opérations connexes en choisissant les transporteurs et autres
intervenants.

Le commissionnaire de transport est un intermédiaire, un


professionnel qui agit en son nom propre et qui organise de façon libre et
autonome le transport de bout en bout pour le compte de l’expéditeur.
Il met en place et coordonne le transport avec les sous-traitants de son
choix. Il n’a pas, à cet effet, à recueillir l’accord de son client sur le nom
des transporteurs qu’il choisit. Le commissionnaire prend l’opération à son
compte et conclut en son nom personnel lescontrats nécessaires à sa
réalisation.
Les obligations du commissionnaire de transport

Le commissionnaire de transport est responsable de l’organisation des


opérations de transport et des opérations connexes en choisissant les
transporteurs et autres intervenants.
Le commissionnaire de transport s'engage personnellement à faire
parvenir à destination les marchandises dans l'état dans lequel elles lui
ont été remises. Il répond non seulement de ses fautes, mais aussi de
celles des transporteurs avec lesquels il traite en son propre nom, pour
l'exécution complète du voyage. Cette responsabilité ne cède que devant
la preuve de la force majeure. C'est une obligation de résultat.

Il s’engage aussi de conduire ou de faire conduire la marchandise à


destination par des voies et des moyens dont il a le choix. Il a l’obligation
d’assurer « avec une certaine liberté » un transport de bout en bout.

Le commissionnaire de transport répond de la mauvaise exécution du


transport et des opérations connexes qu’elle soit due à son fait personnel
ou au fait de ses sous-traitants.

Il doit conserver les droits de son client en prenant, le cas échéant, les
réserves à chaque rupture de charge. Il fera assurer la marchandise s’il en
a reçu l’ordre.

Il est garant de l’arrivée des marchandises et effets dans le délai


déterminé par la lettre de voiture hors le cas de la force majeure
légalement constatée.

La jurisprudence l’assimile presque à un conseil juridique, le


Commissionnaire de transport se voit par exemple tenu d’un devoir
d’information/conseil de son client sur les exonérations de responsabilité
et les limitations d’indemnisation, dans le strict respect de la législation en
la matière.

De même, il se charge d’un transport international et est réputé de ce fait


maîtriser voire respecter toutes les réglementations, même étrangères
susceptibles de s’appliquer à l’opération dans différents domaines :
restrictions de circulation, possibilités d’accueil d’un port, obligation
d’assurance auprès d’une compagnie nationale, etc…

En outre, le commissionnaire de transport a pour devoir de respecter les


instructions du client, instructions qu’il doit transmettre et faire appliquer
aux professionnels, sous traitants auxquels il fait appel. Il reste cependant
au regard de son donneur d’ordre le seul interlocuteur responsable de la
bonne conduite du plan de transport.

Un autre devoir du commissionnaire de transport consiste dans le choix du


matériel et des équipements nécessaires (manutention, transport etc..) et
de ses différents partenaires, car il engage sa responsabilité personnelle
par le choix de ses substitués ainsi que par celui d’un matériel qui se doit
d’être adapté à l’opération concernée et acceptée par ses soins en toute
connaissance de cause.

Le commissionnaire de transport se doit de rédiger l’ensemble de la


documentation requise pour la bonne conduite du transport pour lequel il
a été retenu et conformément aux instructions de son client dont il aura
pris soin de s’enquérir.

Le commissionnaire de transport a une obligation d’informations régulières


à transmettre à son donneur d’ordre sur la bonne poursuite du
déroulement des différentes phases du plan de transport qu’il a retenu,
notamment en l’informant des difficultés auxquelles il est confronté
(congestion portuaire, par exemple, provoquant un séjour prolongé sur les
terminaux portuaires et nécessitant une extension particulière de la
couverture assurances des marchandises par le soin de son donneur
d’ordre, etc).

Rappelons que le Commissionnaire de transport a un devoir de


conservation des droits et recours de son client, cette obligation pouvant
s’appliquer à toutes les phases de l’opération de transport.
En l’absence d’instructions précises de son client donneur d’ordre, le
Commissionnaire de Transports n’est pas tenu de souscrire une assurance
transport pour la marchandise : il a cependant, dans son rôle de conseil,
l’obligation d’appeler son client sur ses intentions à ce sujet.

Le commissionnaire de transport se voit cependant reconnaître deux


causes de libération de sa responsabilité :

 la force majeure
 le vice propre de la marchandise et la faute de l’expéditeur (exemple
: défaut d’emballage etc…).

* Responsabilité du fait des substitués


Le commissionnaire de transport principal est garant de tous les
intermédiaires, commissionnaires, transporteurs, entrepositaires,
manutentionnaires ou autres, auxquels il recourt pour l’exécution du
transport. Cette responsabilité s’applique aux substitués directs ou
indirects, même dans le cas où l’opérateur fautif n’a pas été choisi
personnellement par le commissionnaire, mais par un de ses suivants.

Les modifications apportées par le Décret n°2010-561 du 27 mai


2010

Le commissionnaire de transport doit être inscrit au registre des


commissionnaires de transport tenu par les services de l'Etat compétents
en matière de transport dans la région où se situe le siège social de son
entreprise ou à défaut son établissement principal.

L'inscription est prononcée par le préfet de cette région et donne lieu à la


délivrance d'un certificat d'inscription. Les divers établissements de
l'entreprise sont mentionnés au registre de la région où elle est inscrite
ainsi qu'à celui de chacune des régions dans lesquelles ses établissements
sont installés.

Pour les entreprises dont le siège est situé en France, la condition


d’honorabilité professionnelle doit être remplie par chacune des personnes
ci-après :

 le commerçant chef d’entreprise individuelle ;


 les associés et les gérants des sociétés en nom collectif ;

 les associés commandités et les gérants des sociétés en commandite


;

 les gérants des sociétés à responsabilité limitée ;

 le président du conseil d’administration, les membres du directoire


et des directeurs généraux des sociétés anonymes ;

 le président et les dirigeants des sociétés par actions simplifiées.

Pour les entreprises dont le siège statutaire se situe dans un autre Etat
membre de l'Union européenne ou partie à l'accord sur l'Espace
économique européen, la condition d'honorabilité professionnelle doit être
satisfaite par le ou les dirigeants et associés des établissements situés en
France.

Le nom et les fonctions des personnes citées aux alinéas ci-dessus sont
mentionnés au registre des commissionnaires de transport.
Tout ressortissant d'un autre Etat membre de la Communauté économique
européenne ou d'un Etat partie à l'accord sur l'Espace économique
européen doit, pour être inscrit au registre, apporter la preuve de sa
capacité professionnelle dans les conditions prévues à l'article 11 du
présent décret.

Les documents mentionnés à l'article 15 du présent décret doivent avoir


moins de trois mois de date.

Lorsque le demandeur est une personne morale, les documents ou


attestations mentionnés aux articles 11, 12 et 15 du présent décret
doivent concerner une des personnes physiques qui dirigent effectivement
les activités de l'entreprise.

Enfin, la capacité financière, qui obligerait l’entreprise de disposer de


capitaux propres ou de cautions bancaires d’au moins 22800 €, n’est plus
nécessaire, selon le nouveau décret, pour l’inscription au registre des
commissionnaires de transport.

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