LUNDI 27 AVRIL 2020
Enseignement Un parcours d’obstacles Pandémie Dans le monde entier, le très
avant la réouverture des écoles
DR
Commerces : leurs plans
de bataille pour le 11 mai
l Les enseignes travaillent sur leurs
protocoles de sécurité sanitaire.
l Interview du patron
des Galeries Lafayette.
l Des inconnues
toujours nombreuses.
// PAGES 16-17
Romain Gaillard/RÉA
L’Allemagne
broie du noir
SUR
et anticipe une
reprise lente
post-coronavirus
CONJONCTURE Le moral des
ménages et des entreprises a
NICOLAS BARRÉ dégringolé en avril à des niveaux
ÉDITO ÉCO DU JOURNAL DE 7H historiquement bas. Le scénario
DANS LE 6H-9H DE MATTHIEU BELLIARD d’un redressement rapide de l’éco-
nomie allemande s’éloigne au pro-
fit de celui d’une reprise plus pro-
gressive. Près d’une entreprise sur
trois outre-Rhin a déjà eu recours
au chômage partiel. Selon une
enquête de l’université de Mann-
heim, cela représenterait 10,8 % de
la main-d’œuvre, soit 5 millions de
personnes ne touchant plus que 60
ISSN0153.4831 113e ANNÉE
NUMÉRO 23188 36PAGES à 67 % de leur salaire net. Angela
Antilles Réunion 4,10 €. Belgique 3,50 €. Merkel voit néanmoins l’opportu-
Espagne 4,40 €. Grande-Bretagne 3£80. nité « d’un nouveau départ durable
Grèce 4,20 €. Italie 4,40 €. Luxembourg de notre économie » lié à ses engage-
3,80 €. Maroc 31 DH. Suisse 5,90 FS. Tunisie
5,00 TND. Zone CFA 3100 CFA. ments climatiques.
// PAGE 6
// P. 4
Médicaments
anti-Covid-19 :
bientôt les
résultats des
premiers essais
PHARMACIE La recherche contre
le coronavirus bat son plein. Parmi
les centaines de traitements à
l’étude, des médicaments actuelle-
ment testés sont repositionnés
contre le coronavirus, et d’autres
cherchent à combattre l’emballe-
ment immunitaire. Mais il y a peu
de chances que le remède miracle
se trouve parmi eux. Le français
Sanofi s’est engagé dans la bataille.
Il va lancer des essais sur un vaccin
à la fin de l’année, et teste son médi-
cament contre la polyarthrite Kev-
zara. En attendant, il a bénéficié
des hausses de ventes de Doli-
prane, le paracétamol étant le seul
traitement recommandé contre la
fièvre du Covid-19.
// PAGE 20
difficile décompte des morts du Covid-19
Perte d’activité
des PME :
bras de fer entre
les assureurs et
le Crédit Mutuel
ASSURANCE Les assureurs et
agents généraux sont montés au
créneau pour s’insurger contre la
prime exceptionnelle créée par le
Crédit Mutuel en faveur de ses
entreprises clientes touchées par
les mesures de confinement.
Le bancassureur a proposé il y a
quelques jours une « prime de
relance mutualiste » aux entrepri-
ses ayant subi des pertes du fait
de l’arrêt de l’activité. Selon ses
détracteurs, le Crédit Mutuel s’est
défaussé des engagements prévus
dans ses contrats d’assurance. Il
s’éviterait ainsi de devoir verser
beaucoup plus que les quelque
200 millions d’euros promis, sous
couvert de solidarité.
// PAGE 26
// P. 5
La stratégie
d’Air France après
l’aide de l’Etat
AÉRIEN Air France-KLM est le
premier grand groupe de trans-
port aérien européen à obtenir une
aide étatique massive sous la
forme de prêts pour un montant
total de 7 milliards d’euros, desti-
nés à Air France. L’Etat français lui
octroie 3 milliards, et garantit, à
hauteur de 90%, un apport de 4
milliards d’un syndicat bancaire.
Les Pays-Bas devraient suivre pro-
chainement avec de 2 à 4 milliards
supplémentaires, pour KLM. Dans
un entretien aux Echos, le direc-
teur général d’Air France - KLM,
Ben Smith, estime la « crise doit être
pour Air France l’occasion de se
réformer ». Ce dernier ne voit pas
de retour à la normale « avant deux
ans, peut-être même un peu plus».
// PAGES 18-19 ET L’ÉDITORIAL
DE DAVID BARROUX PAGE 14
Ben Smith,
directeur général
d’Air France-KLM.
Photo Joël Saget/AFP
Covid-19 : Le regard sur le monde de
Dominique Moïsi
la vraie menace Pour l’heure, la pandémie
pour l’Afrique semble relativement conte-
nue sur le continent africain.
La menace n’en est pas moins
réelle : celle d’une crise éco-
nomique et sociale majeure
qui pourrait massivement
frapper des populations déjà
très pauvres, écrit Domini-
que Moïsi. C’est le signe que
le virus risque d’aggraver
considérablement les inégali-
tés mondiales. // PAGE 10
Vifs débats sur
l’appli StopCovid
Romain Gaillard/RÉA
StopCovid doit permettre d’enregistrer de façon anonyme
la liste des individus croisés par chacun des utilisateurs.
SMARTPHONES Appelés à voter a obtenu un feu vert de la CNIL, le
cette semaine sur le plan gouver- gendarme de la vie privée sur
nemental de sortie du confine- Internet. Mais des risques perdu-
ment, les parlementaires ne rent. En toile de fond, le gouverne-
pourront pas explicitement voter ment bute encore sur des problè-
pour ou contre la très polémique mes techniques alors que s’est
application de traçage StopCovid. engagé un bras de fer avec Apple.
Conçu pour alerter les personnes A l’étranger, ce type d’application
ayant été en contact avec des por- peine à convaincre les citoyens.
teurs du coronavirus, ce système // PAGE 22
EVENEMENT
Déconfinement : Philippe sous pression
pour détailler le « plan de toute la nation »
l Le Premier ministre présentera la stratégie nationale de déconfinement devant l’Assemblée mardi.
l Elle sera soumise au vote avant une étape de « coconstruction » avec les élus, les préfets et les partenaires sociaux.
l Une étape clé qui intervient dans un climat de défiance importante dans l’opinion et sous les critiques des oppositions.
POLITIQUE
Isabelle Ficek
@IsabelleFicek
La vie d’après, qui sera tout sauf un
retour à la vie d’avant a déjà pré-
venu Edouard Philippe, se précise.
C’est in fine ce mardi après-midi
que le Premier ministre, après un
Conseil des ministres mardi
matin, va présenter «la stratégie
nationale de déconfinement» pour
l’après-11 mai devant l’Assemblée
nationale, qui sera soumise à un
vote, a-t-il annoncé dans un tweet
samedi soir.
« Une architecture nationale assez
détaillée avec les règles qui vont struc-
turer le déconfinement », indique
Matignon. Et ce, autour de six thè-
mes : la santé, d’abord, et notam-
ment les masques, les tests, l’isole-
ment des malades et toute la
logistique humaine, mais aussi
technologique avec l’application
StopCovid pour leur suivi ; l’école,
l’un des dossiers les plus sensibles,
les commerces, les transports et
enfin les rassemblements.
Indicateurs sanitaires
Elle précisera aussi les indicateurs
sanitaires retenus sur lesquels
s’appuiera l’exécutif pour adapter,
le cas échéant, les règles : ouvrir
davantage ou reconfiner. « Il s’agit
« Il s’agit de
diminuer les
aspects très
négatifs du
confinement
qui sont sanitaire,
économique, social,
psychologique
tout en réduisant
les risques du
déconfinement ».
L’UN DES CONCEPTEURS
DU PLAN
Les députés LR mettent leur propre plan sur la table
Les Républicains font
de la reprise économique
la « première priorité »,
prônant la réouverture
des cafés, hôtels et restau-
rants le 11 mai dans
les départements les moins
frappés par le virus.
Pierre-Alain Furbury
@paFurbury
Vingt-quatre pages, cinquante pro-
positions et un objectif : apporter la
preuve que la droite incarne une
alternative crédible à l’actuelle
majorité.
Soucieux de tirer les premiers,
mais aussi de ne pas arriver les
mains vides dans l’hémicycle, les
députés LR ont publié ce week-end
leur plan de déconfinement des
Français, devançant de quelques
jours Edouard Philippe, qui doit
dévoiler mardi, à l’Assemblée, celui
du gouvernement. « Les injonctions
contradictoires, ça suffit ! Là où le
gouvernement patine, nous voulons
montrer que l’on peut avoir un cap
clair », plaide Damien Abad, leur
chef de file, très actif depuis qu’il a
pris la tête de leur groupe.
tout à la fois de diminuer les aspects
très négatifs du confinement qui sont
sanitaire, économique, social, psy-
chologique tout en réduisant les ris-
ques du déconfinement », résume
l’un des concepteurs du plan.
Les ultimes arbitrages doivent
avoir lieu ce lundi lors du déjeuner
hebdomadaire entre le président de
la République et le Premier minis-
tre, puis lors d’une réunion entre
eux, le ministre de la Santé, Olivier
Véran, et Jean Castex, chargé de la
coordination du déconfinement.
Choix politiques
Le calendrier est plus serré que ne
l’avait envisagé Matignon pour un
« plan par nature complexe, multi-
forme, avec des choix politiques qu’il
faudra assumer », souligne un
conseiller de l’exécutif, à l’instar de
la date du 11 mai pour l’école, mais
qui respecte celui fixé par Emma-
nuel Macron lors de son allocution
du 13 avril, souligne l’entourage du
chef de l’Etat.
Car cette « architecture natio-
nale » va être présentée mercredi
aux préfets, aux élus locaux ainsi
qu’aux partenaires sociaux afin, a
assuré Edouard Philippe diman-
che, d’engager une période de « co-
construction », avec en première
ligne le couple préfet-maire. Le plan
de déconfinement sera « l’addition
d’une doctrine nationale et de plans
locaux, qui prendront en compte les
contraintes et les facilités de chaque
territoire. Le Haut-Rhin ou l’Allier ne
peuvent aborder cette phase de la
même façon », illustre un proche du
Premier ministre.
Défiance
Emmanuel Macron souhaite que
cette stratégie «soit le plan de toute la
nation», explique son entourage.
Tentative pour mettre toutes les for-
mations politiques face à leurs res-
ponsabilités. Manière de suggérer
aussi, avant le lancement d’un
grand plan de communication, la
nécessité « d’embarquer » les Fran-
çais, avec la poursuite de la distan-
ciation sociale et une stratégie fon-
dée sur la responsabilisation
individuelle. Une gageure tant les
Les Républicains posent comme
« première priorité » d’« accélérer la
reprise économique ». D’accord avec
le calendrier de trois semaines
avancé par Jean-Michel Blanquer
pour l’école (mais en commençant
par les lycéens et collégiens, en tes-
tant chaque semaine les ensei-
gnants et en rendant obligatoire la
prise de température des élèves), ils
prônent en revanche un déconfine-
ment par département, dès le 11 mai,
pour les cafés, hôtels et restaurant
dans les territoires les moins tou-
chés par l’épidémie de Covid-19, le
15 juin au plus tard pour les autres, et
une réouverture des cinémas d’ici à
la mi-juillet.
« Ne plus tergiverser »
Les entreprises, commerces et ser-
vices publics doivent quoi qu’il en
soit, selon eux, redémarrer massive-
ment le 11 mai, en télétravail quand
c’est possible. « On ne peut plus
s’offrir le luxe de tergiverser. La
reprise est indispensable, y compris
pour la santé des Français », explique
Damien Abad, disant vouloir « arrê-
ter l’opposition malsaine entre santé
et économie ». « Plus on protège, plus
on libère », souligne-t-il. D’où des
Le Premier ministre détaillera mardi après-midi à l’Assemblée nationale la stratégie nationale de déconfinement avant
de la partager avec les préfets, les élus locaux, les partenaires sociaux. Photo Alain Jocard/AFP
doutes dans l’opinion sont forts
avec 41% de Français à peine qui
font confiance à l’exécutif pour lut-
ter contre le virus, un plus bas, dans
le baromètre quotidien Opi-
nionWay pour « Les Echos ».
Une gageure aussi tant les oppo-
sitions sont remontées face à ce
qu’elles dénoncent comme un
simulacre de débat. « Une impos-
ture, qui a l’air d’être de la démocra-
tie ! » que ce vote, a tonné Jean-Luc
Mélenchon dimanche sur France 3.
« Ainsi va la démocratie au temps du
macronisme », a fustigé le premier
secrétaire du PS, Olivier Faure. Les
Républicains, eux, ont demandé un
report du vote pour davantage de
débat sur le plan. Dans la majorité,
l’aile gauche, hostile au traçage
protections allant de l’obligation du
port du masque dans les transports
en commun et les grandes surfaces
à un dépistage massif confié au ser-
vice de santé des armées.
LR préconise
le prolongement
du chômage partiel
et la défiscalisation
des heures
supplémentaires.
Pour aider les entreprises, les
députés LR mettent sur la table une
batterie de mesures : annulation de
charges sociales et fiscales des PME-
TPE les plus touchées, exonération
de charges pendant la première
année d’embauche, doublement du
montant du fonds de solidarité,
prise en charge par l’Etat d’« une
partie des loyers » des entreprises en
difficulté, prolongement du disposi-
tif de chômage partiel, instauration
d’une défiscalisation « complète et
sans plafond » des heures supplé-
mentaires… Manière de soutenir le
pouvoir d’achat des ménages, pour
Lundi 27 avril 2020 Les Echos
numérique, s’agace d’un vote qui la
piège et veut, critique-t-elle, la
réduire au silence. Dans un cour-
Le test de cohésion
rier aux députés, le président de
l’Assemblée, Richard Ferrand, Le confinement reposait sur la contrainte,
tente de réduire la grogne en assu- le déconfinement sur la responsabilité de chacun :
rant que le plan pourra déboucher Etat, élus locaux, citoyens. Avec l’obligation que
sur des travaux législatifs. tous œuvrent dans le même sens.
Côté partenaires sociaux, le
secrétaire général de la CFDT, Lau- aussi : « Distribuez des
rent Berger, a mis en garde diman- LE FAIT masques », dit l’Etat aux
che sur Radio J contre une « reprise DU JOUR maires, « fabriquez-en », dit-il
à tous crins », tout en la trouvant POLITIQUE aux Français. Autant dire que
« pas illogique » là où la protection Cécile le défi est immense quand
et la sécurité des salariés sont assu- Cornudet la cohésion, et la confiance,
rées. Une série de réactions qui déjà, vacillent. Confiance vis-
L
confirme, si b esoin en était, à-vis des pouvoirs publics,
l’extrême difficulté de la tâche, et ’heure n’est pas aux confiance des Français entre
sans doute, l’anticipation par cer- premiers de la classe, eux. Pourquoi continuer
tains d’inévitables ratés à venir. n ni aux têtes qui à être prudent, ou pourquoi à
dépassent. Tous dans le l’inverse envoyer mon enfant
même bain. Lorsque Veolia à l’école, pourquoi retourner
lie dépistage massif de ses
salariés et sécurité au travail,
l’émoi naît chez les ministres.
travailler ou pourquoi rester
en télétravail... si j’ai un doute
sur les règles édictées, ou sur
Tester tout le monde est les protections apportées ?
lesquels ils préconisent aussi une « impossible » et « n’a pas La peur n’est plus là pour seul
hausse du fonds de solidarité loge- de sens au niveau médical », moteur. Faire repartir
ment et un moratoire « strict » d’un tranche le ministre l’économie sans faire repartir
an sur les hausses d’impôt. de la Santé, Olivier Véran. la pandémie est d’une
Le confinement faisait redoutable complexité :
Chemin étroit émerger des « héros », il faut adhérer pour que cela
En étant très présente dans le débat le déconfinement éprouvera marche.
public depuis le début de la crise la solidité du corps social. Adhérer quand le conseil
sanitaire, la droite s’emploie à tirer Le premier reposait sur la scientifique semble
son épingle du jeu, convaincue contrainte (rester chez soi), sceptique (ou du moins très
qu’Emmanuel Macron aura du le second sur la prudent), quand la patronne
mal, lui, à en sortir par le haut. Mais responsabilité de chacun. de la RATP ne semble pas
la marge de manœuvre est étroite. L’exécutif présente croire en la distanciation
« Soit on soutient l’exécutif et on se l’architecture de son plan, les d’un mètre dans le métro,
dilue, soit on le dénonce et les extrê- maires et les préfets ont deux quand l’exécutif change
mes font mieux », résume un ancien semaines pour l’adapter aux de pied (sur le volontariat
ministre, rappelant qu’« en période réalités, chaque Français pour l’école) ou court après
de crise, il est toujours très difficile devra s’en approprier l’esprit les protections. Ou quand
pour les partis, a fortiori d’opposi- et gérer lui-même la menace. chacun de nous, « la passion
tion, d’être audibles : on ne les attend Déconfinement « poupées de l’égalité » chevillée au
pas ; on ne les entend pas ». russes ». Tous impliqués. corps, comme dit Manuel
« Nous sommes une opposition Le retour à l’école sera Valls, s’offusquera de ne pas
Dessin Kim Roselier pour « Les Echos »
responsable, pas comme ceux qui volontaire, les plus fragiles être traité à la même
veulent avoir le plus de décibels dans seront juste incités à rester enseigne que le voisin.
la voix », défend Damien Abad. Les chez eux, les jeunes à être Discipline, patience,
députés LR, qui hésitent entre solidaires. Le confinement acceptation d’une France
l’approbation et l’abstention, récla- procédait d’une décision à plusieurs vitesses :
ment un délai de 24 heures entre la majeure ; le déconfinement la période attend le pays
déclaration d’Edouard Philippe et d’une infinité de choix, liés sur un terrain qui n’est pas
le vote de l’Assemblée, le temps de à l’infinité des situations sur spontanément le sien.
se pencher sur les propositions d’un le terrain. Et à l’infinité de Test massif, pour le coup.
plan de déconfinement incertain. n « trous dans la raquette » ccornudet@lesechos.fr
Les Echos Lundi 27 avril 2020
« La
République
autonome de
psychiatrie »
CHRONIQUE
DU VIRUS
Noël
Pommepuy
Chaque jour, un soignant
témoigne dans nos pages.
Le Dr Noël Pommepuy est
pédopsychiatre et chef
de service à Ville-Evrard.
Propos recueillis
par Elsa Freyssenet
@ElsaFreyssenet
« Comme nous sommes dans
un département, la Seine-Saint-
Denis, très touché par l’épidé-
mie, nous avons très vite eu des
patients atteints de coronavirus
jusqu’à devenir l’établissement
psychiatrique le plus touché de
France. Mais notre discipline
n’était pas prioritaire pour les
autorités de santé : nous étions
classés en troisième ligne der-
rière les unités Covid, les CHU et
devant les Ephad. Nous n’avions
pas de matériel de protection et
aucune recommandation sur la
conduite à tenir, mis à part
l’obligation de fermer nos
accueils de jour. Alors, nous
avons tout de suite monté, au
niveau national, un groupe res-
source entre hôpitaux psychia-
triques pour nous entre-aider.
Autogestion obligée
Les réponses du gouvernement
sont venues une semaine après
le début du confinement. A ce
moment-là, nous disposions de
cinq tests et de très peu de mas-
ques. Nous avons affronté l’épi-
démie en autogestion obligée.
Dès le 20 mars, nous avons
ouvert, avec des soignants
volontaires, une unité Covid de
21 lits dans un pavillon du
XIXe siècle pas rénové.
Il n’y a pas de douche indivi-
duelle et pas de prise à oxygène.
Nous avons rapatrié les bou-
teilles à oxygène de nos ambu-
lances et bénéficié d’un don
d’entreprise. Les conditions
matérielles ne sont pas bonnes
mais les conditions humaines
sont adaptées à nos patients qui
ne supportent pas l’isolement et
ont du mal avec les gestes bar-
rières. En six semaines, nous
avons accueilli 50 personnes et
15 sont encore dans notre unité.
Débrouille et solidarité
Je veux retenir de cette période
la débrouille et la solidarité. Nos
directions administratives se
sont admirablement déme-
nées : on a vu des directeurs
prendre leur voiture pour aller
chercher des masques. Et la soli-
darité a joué à plein entre hôpi-
taux psychiatriques. Comme les
autorités remettent toujours à
plus tard le moment de s’occu-
per de notre discipline, nous
avons fonctionné en quasi-Ré-
publique autonome, la Républi-
que autonome de psychiatrie.
Vingt et un professionnels
d’autres régions sont venus
nous aider. Des hôpitaux de
Nouvelle Aquitaine nous ont
envoyé des caisses de surblou-
ses dont nous manquons terri-
blement. A tel point que nous
avions acheté des K-way et que
nos jardiniers, nos agents tech-
niques et des soignants ont fini
par en fabriquer à partir de sacs-
poubelles. Ce sont des secrétai-
res administratives et des édu-
cateurs qui tiennent la lingerie
en ce moment. En fait, tous ont
géré la pénurie avec inventivité.
Et pourtant, cela fait des années
qu’ils sont fatigués. » n
Comment le conseil scientifique
envisage l’après-11 mai
SANTÉ PUBLIQUE
Les scientifiques
demandent dans
un avis la mise en place
d’une organisation
de santé publique
pour dépister et isoler
les personnes infectées.
Le télétravail est
vivement encouragé.
Solveig Godeluck
@Solwii
Le conseil scientifique a finalement
publié samedi soir son sixième avis,
qui porte sur le déconfinement. Un
avis un peu plus difficile à sortir que
les autres, très consensuels. Car le
conseil n’est pas d’accord avec le
gouvernement : il est pour mainte-
nir les crèches, les écoles, les collè-
ges, les lycées et les universités fer-
més jusqu’au mois de septembre,
alors que le gouvernement a
annoncé leur réouverture progres-
sive à partir du 11 mai.
Dans cet avis très attendu, le con-
seil esquisse une ébauche de scéna-
rio de sortie du confinement, sans
regarder au-delà des deux premiers
mois. Il impose une série de prére-
quis, qui seront remplis « au mieux,
courant mai 2020 », projette-t-il, un
brin circonspect. Car la tâche n’est
pas mince. Il faudra notamment
avoir créé « un service professionna-
lisé de santé publique de détection, de
suivi, d’isolement des cas et de leurs
contacts » qui reste à construire.
Equipes mobiles et traçage
des contacts
Pour cela, il faudra recruter des
médecins, des paramédicaux, des
volontaires qui devront tous être
formés pour travailler au sein de
plateformes professionnalisées
régionales ou territoriales « reliées
aux résultats des tests et disposant
des informations permettant d’appe-
ler les cas répertoriés et leurs contacts
et de proposer pour chacune des per-
sonnes identifiées une solution d’iso-
lement efficace et adaptée ».
Quant à suivre via une applica-
tion sur smartphone les déplace-
ments des personnes infectées
pour détecter les cas contacts, le
conseil souligne que cela « peut
considérablement renforcer l’effica-
cité du contrôle sanitaire », si cela se
fait en osmose avec les équipes
mobiles. Mais à l’exception de l’un
des scientifiques, Jean-Laurent
Casanova, le conseil préfère que
l’application Bluetooth reste
optionnelle, alors que le débat sur la
protection de la vie privée fait rage.
Confinement en famille
Lorsqu’une personne sera détectée
positive, un médecin ou un autre
L’épidémie de coronavirus reflue lentement
En ville comme à l’hôpital,
le nombre de victimes
du Covid-19 continue
à diminuer en pente douce.
Les médecins de ville,
qui ne peuvent obtenir
des masques ou des tests
pour leurs patients
à ce jour, souhaitent jouer
un rôle plus important.
Depuis dix-sept jours dimanche, le
nombre de malades du coronavirus
en réanimation diminue. Il est
repassé vendredi sous le seuil de
5.000 lits occupés. Un cap symboli-
que, car il s’agit de la capacité totale
d’avant la crise. Il restait dimanche
4.682 patients Covid-19 en soins
intensifs. Avec 124 admissions bru-
membre de « l’équipe locale
Covid-19 » devra évaluer le risque de
transmission du virus à l’intérieur
de la famille, puis déterminer avec la
famille une stratégie d’isolement.
« L’isolement dans une structure
dédiée doit être privilégié lorsque cela
est possible », estime le conseil.
Jusqu’à présent, les pouvoirs
publics ont été discrets sur ce point,
Emmanuel Macron étant réticent à
défendre ce qui s’apparente à une
privation des libertés publiques,
malgré le caractère volontaire de
l’isolement. En revanche, l’Assis-
tance publique-Hôpitaux de Paris
mène avec la ville de Paris et le
groupe hôtelier Accor une expé-
rience pilote de mise à l’abri de
patients contagieux et volontaires, à
l’hôtel. Il est toutefois probable que
de nombreuses familles préfére-
ront rester ensemble, ne serait-ce
que pour des raisons de garde
d’enfant. « Si l’isolement au sein du
ménage est décidé, les autres mem-
bres du ménage doivent également
s’isoler. La durée de cet isolement doit
être prolongée si d’autres cas sont
détectés dans le ménage », souligne le
conseil scientifique.
Transports en commun
Pour déconfiner, il faudra aussi
pouvoir respecter les règles de dis-
tanciation sociale dans les espaces
publics. « L’ensemble de la popula-
tion doit porter un masque dans les
espaces accueillant du public (espa-
ces fermés, et notamment dans les
tes pour coronavirus samedi, on se
rapproche doucement de la prévi-
sion du conseil scientifique pour le
11 mai, soit 10 à 45 entrées par jour.
Malgré l’amélioration de la
situation sanitaire, le fardeau hos-
pitalier est encore pesant. Les trois
quarts des cas en réanimation sont
concentrés en Ile-de-France, dans
le Grand Est, dans les Hauts-de-
France et en Auvergne-Rhône-
Alpes, ce qui soumet à rude
épreuve les établissements de ces
quatre régions.
En ville, les données de sur-
veillance épidémiologique sont
également rassurantes. Certes, les
consultations de généralistes pour
suspicion de Covid-19 sont en
hausse : 6.541 nouveaux cas la
« Les voyageurs
s’exposent à un
risque de mise
en quarantaine
à l’arrivée dans le
pays de destination,
à un risque de
contamination
durant le séjour
et à l’application
de mesures de
quarantaine au
retour en France ».
AVIS DU CONSEIL
SCIENTIFIQUE
transports, les magasins…) », écrit le
conseil, tout en soulignant qu’on ne
connaît pas encore l’efficacité des
masques alternatifs et qu’ils ne doi-
vent pas dispenser les gens de gar-
der leurs distances. Dans les lieux
publics, il devra également y avoir
du gel hydro-alcoolique et des
points d’eau pour se laver les mains.
Dans les transports en commun,
il faudra conserver un mètre de dis-
tance entre usagers, maintenir les
cadences de transport habituelles
afin de limiter les concentrations de
voyageurs, et étaler les horaires.
Des exigences qui vont être diffici-
les à concilier avec l’impératif éco-
nomique de ces entreprises, et
semaine dernière contre 2.663 la
précédente. Mais sur la même
période, SOS Médecins enregistre
une baisse de 30 % de ses consulta-
tions Covid-19, et le taux de positi-
vité des tests biologiques réalisés en
ville est tombé de 19 % à 11 %.
55.000 généralistes en ville
Pour compléter ce tableau, le syndi-
cat de généralistes MG France a réa-
lisé samedi une nouvelle enquête
déclarative auprès de ses adhé-
rents. Il y a trois semaines, il avait
mis en évidence un nombre très
important de cas non dépistés en
ville. Cette fois, l’enquête se penche
sur la mortalité. Par extrapolation,
le syndicat conclut que 9.000 décès
liés au virus et non comptabilisés
l’augmentation attendue du nom-
bre d’usagers.
Quant aux déplacements inter-
nationaux, ils sont « très fortement
déconseillés » : « Les voyageurs
s’exposent à un risque de mise en
quarantaine à l’arrivée dans le pays
de destination, à un risque de conta-
mination durant le séjour et à l’appli-
cation de mesures de quarantaine au
retour en France », écrit le conseil.
S’ils sont testés positifs, ils subiront
un « isolement rigoureux » ; s’ils sont
négatifs, ce sera un « isolement
volontaire au domicile ».
Continuation du télétravail
Les 43 millions de personnes de 25
à 65 ans, et ne souffrant pas d’une
maladie chronique, qui constituent
l’essentiel de la population active,
sont encouragées à télétravailler
dans la mesure du possible après le
confinement. « L’objectif est de
reprendre progressivement une acti-
vité présentielle ne concernant si pos-
sible que la moitié des travailleurs »,
écrit le conseil.
« Pour les entreprises, il est pro-
posé de maintenir le télétravail lors-
qu’il est possible, sur la totalité ou
plus de la moitié du temps de tra-
vail », poursuit-il. De même, les
administrations devraient mainte-
nir les plans de continuité de l’acti-
vité à distance. Commerçants et
artisans pourront reprendre une
activité « en respectant scrupuleuse-
ment les règles de distanciation sociale
et l’utilisation de masques dans les
dans les statistiques pourraient être
survenus au domicile des patients
depuis le début du confinement, le
17 mars. Une estimation à mettre en
regard des chiffres publiés vendredi
par l’Insee, faisant état d’un surcroît
de 4.389 décès à domicile en France
entre le 1er mars et le 13 avril.
« Nous avons 55.000 généralistes
répartis de façon homogène sur le
territoire. Il faut utiliser toutes ces
compétences au moment du déconfi-
nement », défend Jacques Battis-
toni, le président de MG France. Le
conseil scientifique demande juste-
ment que les médecins de ville
soient impliqués dans les structu-
res de repérage et de lutte contre le
coronavirus. Mais comment ? « En
cas de suspicion, j’examine le patient,
EVENEMENT // 03
magasins, ateliers etc. qui devront être
organisés en conséquence ».
Seniors
Pour les 18 millions de personnes
fragiles, car âgées ou bien malades
chroniques, il leur est conseillé de
« respecter un confinement strict et
volontaire » pour leur bien. Mais les
800.000 résidents en Ehpad
n’auront pas d’autre choix que de
rester confinés. Cependant, les éta-
blissements devront trouver « de
façon urgente des moyens de liaison
sociale entre les résidents et leur
famille ». L’exécutif vient d’ailleurs
d’autoriser la reprise de visites en
Ehpad, de façon très encadrée.
Un sas qui peut se refermer
On sent pointer l’inquiétude sous
ces précisions. Le conseil scientifi-
que se montre de manière générale
très prudent sur le succès du décon-
finement, et rappelle que si les cho-
ses dérapent, il faudra reconfiner,
totalement ou partiellement, à
l’échelle nationale ou régionale.
Le suivi de certains indicateurs
sanitaires permettra de savoir si le
sas doit se refermer ou non. Par
exemple, la projection épidémiolo-
gique du nombre de personnes
n o u ve l l e s i n f e c t é e s ( 1 . 0 0 0 à
3.000 personnes par jour le 11 mai),
et le nombre d’entrées en réanima-
tion (pas plus de 50 par jour). Si l’on
s’écarte trop de la prévision, un
reconfinement pourrait être
ordonné. n
je prescris un diagnostic biologique.
Je peux ensuite initier l’enquête épi-
démiologique et mener l’interroga-
toire sur les cas contacts, ou le délé-
guer à un centre départemental »,
anticipe Jacques Battistoni.
Le syndicaliste regrette que les
médecins de ville n’aient pas le pou-
voir d’obtenir des masques ou des
tests pour leurs patients. Les géné-
ralistes sont prêts à jouer le jeu pour
le 11 mai, répète-t-il : orienter leurs
patients vers une solution de mise
en isolement si nécessaire, et
remonter des données en temps
réel. La création d’une cotation spé-
cifique pour les actes médicaux
Covid, à l’étude à l’Assurance-mala-
die, pourrait faciliter cette tâche.
— S. G.
04 // EVENEMENT Lundi 27 avril 2020 Les Echos

LE GRAND RENDEZ-VOUS //
Le conseil scientifique recommande un nettoyage des salles EUROPE 1 - CNEWS - « LES ECHOS »
de classe et des parties communes, « plusieurs fois par jour »
avec des « produits adéquats ». Photo Valery Hache /AFP
Manuel Valls plaide
pour une réorganisation
du ministère de la Santé

Manuel Valls. Photo Joël Saget/AFP

Invité du Grand Rendez- crise de la grippe aviaire de 2009.

vous Europe 1 – CNews – « Les choix qui ont été faits en 2011
« Les Echos », l’ex-Premier et 2013 de décentraliser l’organisa-
ministre a salué, tion des stocks de masques doivent

Les 10 obstacles à lever

ce dimanche, la gestion être questionnés », a reconnu
de crise du chef de l’Etat. Manuel Valls tout en rappelant que
Il a insisté sur la nécessité « aucun Etat n’était vraiment pré-
d’une Europe plus solidaire paré à une telle pandémie ».

avant de rouvrir les écoles

ÉDUCATION
Le conseil scientifique
a dressé, ce week-end,
une liste de recom-
mandations avant
la réouverture
des classes, à partir
du 11 mai. Les chefs
d’établissement
parlent d’une
« mission impossible ».
Marie-Christine Corbier
@mccorbier
Le nettoyage
« minutieux »
Le conseil scientifique
1 recommande un net-
toyage des salles de classe et des
parties communes, « plusieurs fois
par jour » avec des « produits adé-
quats ». Certains maires craignent
de ne pas avoir le personnel ou les
prestataires suffisants pour ce
« nettoyage minutieux » qu’avait
aussi réclamé l’Association des
maires de France (AMF).
posent : qui fournira les masques ?
Seront-ils gratuits ? Concernant les
tests, que les syndicats d’ensei-
gnants voulaient « massifs », le
conseil scientifique considère que
cela n’est « pas envisageable », car un
dépistage massif des élèves et des
adultes des établissements scolai-
res « concernerait plus de 14 mil-
lions de personnes et devrait être
renouvelé régulièrement (tous les
5-7 jours) ». En revanche, en cas de
symptômes, l’enfant devra réaliser
un test de dépistage avant de pou-
voir retourner à l’école.
Le « brassage »
des élèves
Ecoles, collèges et lycées
4 devront respecter « au
moins » un mètre entre les tables,
selon le conseil scientifique. La
même distance s’impose dans les
couloirs et les escaliers. « Le méde-
cin du travail doit s’assurer que les
mesures barrières sont strictement
respectées sur le lieu de travail »,
affirme encore le conseil. « La pré-
conisation a beaucoup fait sourire,
confie Jean-Rémi Girard, président
du syndicat SNALC. Le nombre de
médecins scolaires est tellement ridi-
tariat » pour les élèves, mais « pas
pour les enseignants », a souligné
jeudi l’Elysée. « Il n’est pas question
qu’un professeur se mette en danger
en sortant du confinement », avait
toutefois affirmé auparavant Jean-
Michel Blanquer.
Après la publication de l’avis du
conseil scientifique, l’inquiétude
des syndicats d’enseignants redou-
ble d’intensité. « La santé des élèves
et des adultes ne doit pas se jouer à la
roulette russe de l’agenda politi-
que », a réagi Sophie Vénétitay,
secrétaire générale adjointe du
SNES-FSU, principal syndicat
d’enseignants du secondaire pour
lequel « la date du 11 mai est large-
ment prématurée ». Tandis que le
SNALC a réclamé avec virulence
« que l’avis du conseil scientifique
soit suivi, et que le gouvernement
annonce au plus vite que les écoles,
collèges et lycées resteront fermés
jusqu’en septembre ». Les syndicats
ont tous en tête la question du droit
de retrait, qui se posera aussi pour
les agents des collectivités. Cer-
tains syndicats ont prévu de dépo-
ser un préavis de grève préventif.
La taille des classes
scientifique pour rouvrir les établis-
sements scolaires, c’est extrême-
ment compliqué. Mais toutes
ensemble, c’est mission impossible »,
a réagi dimanche Philippe Vincent,
secrétaire général du SNPDEN,
principal syndicat de chefs d’éta-
blissement, sur Europe 1.
Les locaux à trouver
Devant les députés, le
8 21 avril, Jean-Michel Blan-
quer a proposé aux commu-
nes « d’avoir des activités sportives,
en gymnase ou en parc ». Les élèves
seraient donc : soit en enseigne-
ment à distance, soit en classe, soit à
l’étude si leur établissement le per-
met, soit dans des activités périsco-
laires au sein d’un nouveau pro-
gramme « sport, santé, civisme et
culture ». Dans ce dernier cas, les
communes devront trouver des
gymnases ou des salles, et mettre à
disposition des personnels. Elles
regrettaient la semaine dernière
ne pas avoir été associées aux
décisions.
Le déjeuner en classe
Il faudra, « si possi-
9 ble », « que les enfants man-
et a appelé à l’unité
nationale en France.
Florence Renard
@FlorenceRG
« En France, le gouvernement et
l’Etat ont fait ce qui devait être fait. »
Invité du Grand Rendez-vous
Europe 1 – « Les Echos » – CNews,
Manuel Valls a une nouvelle fois
salué la gestion de crise du chef de
l’Etat, dont il fut pourtant le rival
durant le précédent quinquennat.
Aujourd’hui conseiller munici-
pal de Barcelone et confiné sur l’île
de Minorque aux Baléares, l’ex-Pre-
mier ministre de François Hollande
a ainsi estimé qu’Emmanuel
Macron avait eu raison de décider
d’une reprise progressive de l’école à
partir du 11 mai. Un sujet polémique
ravivé samedi par l’avis du conseil
scientifique qui a pris acte de la déci-
sion du gouvernement tout en indi-
quant que, pour sa part, il préconi-
sait d’attendre plutôt septembre.
Interrogé sur la pénurie de mas-
ques, Manuel Valls a admis que « il
faudra revenir sur ce qui s’est passé
lors des dernières années ». Les gou-
vernements de François Hollande
de 2012 à 2017 sont sous le feu des
critiques pour ne pas avoir su
conserver les stocks stratégiques
de masques constitués lors de la
Une « Europe solidaire »
Mais « au-delà des procès et des polé-
miques, tirons les conséquences de ce
qui vient de se passer », a-t-il ajouté.
Et Manuel Valls de se prononcer
pour une réorganisation du minis-
tère de la Santé, « qui n’est pas suffi-
samment fort et armé », une valori-
sation des carrières et des salaires
des personnels soignants et un
« véritable couple qui doit mieux
fonctionner entre le préfet départe-
mental et le maire ».
Pour l’ancien Premier ministre, il
faudra aussi « renforcer l’Europe
qui, si elle a réagi, doit aller beaucoup
plus loin faute de quoi elle peut mou-
rir ou sortir de l’histoire ». « Une
seule idée doit dominer : une Europe
solidaire », a déclaré Manuel Valls.
Des secteurs entiers vont égale-
ment être à reconstruire. Dans un
tel contexte, « il va y avoir des aides
massives » mais il faudra aussi des
« contreparties », notamment en
matière environnementale et
sociale, a-t-il insisté.
En France, « d’une manière ou
d’une autre, il faut aider à l’unité
nationale » et « se réconcilier autour
d’un projet commun de reconstruc-
tion ». Cette union se fera-t-elle avec
lui ? « Je n’en sais rien. […] Ma partici-
pation ou non a un gouvernement n’a
aucune importance », a-t-il balayé. n

Le manque
de points d’eau
Y aura-t-il assez de toilettes
2 et de lavabos dans les éco-
les ? Dans 25 % des écoles et 22 %
des collèges et lycées, le nombre de
points d’eau est insuffisant, poin-
tait récemment une enquête de
l’Observatoire de la sécurité des
établissements. A Nice, le maire
LR Christian Estrosi dit avoir
engagé des travaux dans les sani-
taires des écoles pour anticiper la
reprise du 11 mai. Mais c’est loin
d’être le cas partout.
Les masques
cule qu’on ne voit pas comment cela
pourrait être appliqué. »
En cas d’espace insuffisant, les
experts suggèrent d’ouvrir les éta-
blissements « au rythme auquel ils
peuvent accueillir les enfants dans de
bonnes conditions sanitaires », à
savoir un jour sur deux, une
semaine sur deux ou par demi-
journée. Les temps de récréation
devront aussi « être adaptés à cette
stratégie de non-brassage des élèves ».
L’école…
pour y faire quoi ?
Le rythme d’accueil des
5 enfants doit, selon le
conseil scientifique, « avant tout
Le conseil scientifique ne
7 dit rien de la proposition
de Jean-Michel Blanquer de met-
tre en place des groupes de 15 élè-
ves par classe. Mais, de fait, si
l’espacement d’un mètre ne peut
être respecté, il pourrait y avoir
moins de 15 élèves par classe. Ce
c h i f f r e a v a i t d ’a i l l e u r s é t é
jugé « trop élevé », par le rapport
piloté par le sénateur LR Jacques
Grosp errin publié en fin de
semaine dernière. Pour les chefs
d’établissement, les contraintes
paraissent énormes : « Déjà une à
une, les préconisations du conseil
en bref
gent dans la salle de classe à leur
table », préconise le conseil scienti-
fique. Sans dire qui nettoiera
ensuite les tables. Dans les trans-
ports scolaires, « une multiplica-
tion de l’offre devrait permettre de
réduire la densité des élèves », sug-
La confiance envers l’exécutif au plus bas
gèrent les scientifiques. « Faut-il un POLITIQUE Les zones de flou, les incertitudes et les flottements dans la
enfant par siège ? Ou qu’ils soient communication se paient comptant. La confiance envers l’exécutif
assis en quinconce ? s’interroge le dans la gestion de l’épidémie de coronavirus est tombée à son plus bas
sénateur LR Jacques Grosperrin. niveau ce vendredi, à 41 %, dans le baromètre quotidien CoviDirect réa-
Les régions ont besoin d’informa- lisé par OpinionWay pour « Les Echos ». Le rebond enregistré en début
tions complémentaires. Tout cela de semaine et consécutif à l’annonce qu’il n’y aurait pas de confine-
donne un sentiment d’amateu- ment supplémentaire pour les plus de 65 ans n’a pas duré. La confiance
risme. » S’il faut dédoubler les bus, est retombée, retrouvant son plancher du 13 avril dernier.
cela signifie aussi des charges Retrouvez l’intrégralité de l’article sur www.lesechos.fr
financières supplémentaires pour
les collectivités et trouver les bus

3
Le conseil scientifique
recommande le port du
masque obligatoire « par les per-
sonnels des établissements scolaires
et par tous les enfants à partir du col-
lège ». Pour ceux de maternelle, il
est « impossible ». Pour les élèves de
primaire, tout dépendra de leur
bonne compréhension. Il sera « très
compliqué de demander à un enfant
de 10 ans ou 11 ans de porter un mas-
que toute la journée », admettait
vendredi le ministre de la Santé,
Olivier Véran. D’autres questions se
dépendre du programme scolaire ».
Jean-Michel Blanquer a seule-
ment précisé que le but n’était « pas
de finir le programme », mais celui
de la « socialisation ». « La question
n’est pas tant de savoir quand ni
comment mais pour quoi
faire », insiste Rodrigo Arenas, pré-
sident de la FCPE, principale fédé-
ration de parents d’élèves.
Le volontariat
6
L e r e t o u r à l ’é c o l e s e
fera « sur la base du volon-
La reprise
des cours
ailleurs en Europe
Allemagne : à partir du 4 mai
Autriche : à partir du 4 mai
Belgique : à partir du 18 mai
Bulgarie : à partir du 13 mai
Danemark : depuis le 15 avril
Finlande : à partir du 13 mai
Grèce : à partir du 11 mai
Italie : en septembre
Pays-Bas : à partir du 11 mai
en question
La gestion
des attroupements
« L’accueil des enfants les
10 plus petits devra être orga- SUR
nisé de façon à ce qu’il n’y ait pas
d’attroupement de parents à l’entrée
de l’établissement scolaire », estime RETROUVEZ DOMINIQUE SEUX
le conseil scientifique. Des direc-
teurs d’école réfléchissent déjà à DANS « L’ÉDITO ECO »
un fléchage au sol, mais encore À 7H45
faudra-t-il des adultes disponibles DU LUNDI AU VENDREDI
pour le faire respecter ! n
Les Echos Lundi 27 avril 2020 EVENEMENT // 05

Covid-19 : l’impossible bilan des morts

l Il est impossible d’avoir une vision exacte du nombre
de morts causées par la pandémie dans le monde.
l Le comptage quotidien des décès est une donnée que
les autorités sanitaires continuent pourtant d’étudier.
INTERNATIONAL
Virginie Robert
@virginierg
avec O. T., C. C., N. R., S. G. et F. S.
Le nouveau coronavirus a déjà fait
plus de 203.000 morts dans le
monde, dont 26.000 pour l’Italie et
près de 23.000 pour la France et
l’Espagne. Des chiffres assurément
loin de la vérité. Car partout, les
bilans sont contestés.
Ainsi en Italie, il serait plus lourd
d’au moins 10.000 victimes dont
7.000 pour la seule Lombardie. En
2019, à la même époque, la Lombar-
die enregistrait entre le 22 février et
le 4 avril 11.000 morts contre 27.000
cette année. Une différence de
16.000 décès dont 9.000 sont officiel-
lement dus au Covid-19. Et les 7.000
autres ?
Un comptage
assez exhaustif
en France
En France, le débat sur la
façon de compter les décès
s’est apaisé début avril,
depuis que la Direction
Beaucoup n’ont pas été déclarés
car ils sont intervenus à domicile, ou
encore résultent de pathologies qui
n’ont pas été traitées correctement à
cause des hôpitaux surchargés. Le
nombre de morts par infarctus a
ainsi été multiplié par quatre en Italie
pendant l’épidémie, les personnes
touchées n’osant se rendre à l’hôpital.
Sans oublier les personnes mortes
dans les maisons de retraite à cause
du coronavirus et largement sous-es-
timées. La magistrature a ouvert des
enquêtes dans tout le pays.
Le Covid-19 est un cauchemar
pour les statisticiens. La qualité des
données est mauvaise : « On ne sait
pas si quelqu’un est mort d’un cancer
ou du Covid-19 du moment qu’il a été
testé positif et cela ne se verra pas dans
la statistique finale. Chaque pays a sa
façon de tester et de compter les morts.
Il est tout simplement impossible de
comparer l’Allemagne et l’Italie »,
relève Dmitri Djanov, responsable
du laboratoire des données démo-
graphiques du Max Planck Institute
for Demographic Reseach.
Manque de données
Le comptage quotidien des morts a
pris d’autant plus d’importance que
l’on manque de données sur le degré
de contagion de la maladie puis-
qu’un nombre insuffisant de gens
sont testés. Dès lors, il n’y a pas une
Halle, ce faible impact apparent du
virus viendrait tout simplement
d’un défaut de statistiques. Seuls les
Länder de Berlin et de Hesse enre-
gistrent régulièrement les déclara-
tions de décès, ce qui biaise considé-
rablement la réalité.
Le site EuroMomo, qui collecte
régulièrement les données concer-
nant le nombre de morts liés aux
épidémies dans les pays européens,
n’affiche d’ailleurs aucune donnée
pour l’Allemagne. Cela ferait des
années que l’institut national de
santé publique Robert-Koch (RKI)
alerte sur ce grave défaut sans avoir
été entendu jusqu’ici.
Aux Etats-Unis, les dysfonction-
nements dans les tests ont conduit à
une sous-évaluation des cas et des
victimes. Il y a deux semaines, New
York avait ainsi révisé son bilan à la
hausse – de plus de 50 % – en déci-
dant d’inclure les victimes non tes-
tées mais qui présentaient tous les
symptômes du Covid-19.
De manière générale, le système
américain ne facilite pas un
décompte précis. Certains établisse-
ments privés ne sont pas obligés de
reporter leurs activités aux autori-
Acosta, chercheur au Max Planck
Institute for Demographic Reseach.
L’institut allemand va rendre dis-
En Belgique,
tés. Plusieurs milliers de malades
pourraient ainsi échapper aux sta-
ponible, d’ici à deux semaines, un
relevé des données hebdomadaires un lourd décompte
assumé au nom
tistiques. Et dans ce système fédéral, depuis 2010 sur la mortalité (toutes
chaque Etat décide de son mode de causes confondues) de six à huit
comptage. Les chiffres de la Johns- pays, qui pourra servir de base pour

générale de la santé
annonce, tous les soirs, les
informations remontées
par les établissements
sociaux et médico-sociaux.
On comptait samedi en
France 22.614 décès, dont
38 % dans ces établisse-
ments d’accueil. Ces rési-
dents décédés n’ont pas
tous été testés mais sont
présumés morts du coro-
navirus. Dans ce décompte
officiel, seuls manquent
les décès survenus à domi-
cile. D’où l’intérêt des
statistiques de mortalité
toutes causes confondues
que publie l’Insee chaque
semaine. Du 1er mars au
13 avril,
l’« excès de mortalité » est
de 25 % par rapport à la
même période de 2019, et
de 13 % par rapport à 2018,
année de forte grippe. En
Ile-de-France ou dans les
départements alsaciens,
les chiffres sont particuliè-
rement accablants. Le
bilan pourrait s’alourdir,
car ces données ne sont
pas encore consolidées.
idée réelle du nombre de personnes
infectées.
Des agences de santé publique,
comme des hôpitaux, se sont donc
fondés sur le nombre de décès pour
pouvoir extrapoler le nombre de lits
de réanimation nécessaires, par
exemple. Mais c’est un pis-aller puis-
que les données là non plus ne sont
pas fiables. « Quand on compte les
morts, on a une image de l’épidémie
vieille de trois semaines environ, lors-
que les cas qui se sont aggravés ont été
admis en réanimation. Le chiffre utile
à connaître, c’est le taux de létalité
d’une pandémie, mais on ne dispose le
plus souvent d’un chiffre fiable qu’a
posteriori », souligne l’historien de la
santé Patrick Zylberman.
Selon une enquête du « New York
Times », ce sont 36.000 morts qui
manqueraient à l’appel le mois der-
nier dans onze pays (dont la France,
qui en aurait oublié 6.500, voir
tableau). L’Allemagne affiche un
taux de mortalité étonnamment fai-
ble, jusqu’à quatre fois inférieur à
celui de la France pour un nombre
de cas avérés équivalent. Selon le
virologue et épidémiologiste
Alexander Kekulé, directeur de l’Ins-
titute for Medical Microbioloby à
l’Université Martin-Luther-de-
de la « transparence »
Hopkins University, qui font réfé- mesurer l’impact de la pandémie
rence, tentent de prendre en compte sur la mortalité totale d’un pays.
ces particularités. Ils diffèrent Développée avec Berkeley et l’Ined,
d’ailleurs des chiffres officiels. Mais la « Human Mortality Dabatase »
ils restent, eux aussi, imparfaits. « Il y devrait inclure, à terme, 20 à 25
a un énorme problème de centralisa- pays. « Il n’y a aucune donnée cor- La Belgique présente un tent tout échec dans la gestion de
tion des données. C’est particulière- recte. C’est un vrai problème quand on taux de plus de 50 morts la crise sanitaire et justifient la
ment vrai aux Etats-Unis où la conso- considère le poids des mesures de con- pour 100.000 habitants, le mortalité affichée par un mode de
lidation et la publication des données finement et l’impact économique de la plus élevé d’Europe. Mais décompte bien plus large que
nationales a des retards importants. pandémie. Les gouvernements ont il intègre depuis le départ celui des autres pays. La Belgique
C’est pareil au Canada, sans doute besoin d’un maximum d’informa- toutes les morts suspectes a en effet, depuis le début, décidé
parce que ce sont des Etats fédéraux tions alors qu’ils commencent à en maison de repos, quitte d’intégrer les morts jugées sus-
ou parce qu’il y a des enjeux de respect déconfiner », insiste Enrique à présenter « des chiffres pectes dans les maisons de repos
de la vie privée », observe Enrique Acosta. n. parfois surévalués », (les Ehpad), même si leur lien avec
selon le gouvernement. le Covid-19 n’a pas été confirmé
par un test. Or les tests sont restés
Le calcul des victimes revu à Wuhan Derek Perrotte très rares dans les maisons de
@DerekPerrotte repos (ils y progressent désor-
— Bureau de Bruxelles mais), où la Belgique recense une
Si on s’interroge partout sur le nombre de malades et le nom- petite moitié de l’ensemble de ses
bre réel de victimes, aucun pays ne suscite autant d’interroga- « C’est faux, c’est la Belgique » : le décès liés au virus (près de 40 % en
tions que la Chine. Les comparaisons faites avec d’autres 19 avril, lassé de s’entendre dire, France).
payés très touchés par le Covid-19 « suggèrent une aberration sur la base des chiffres bruts, que Mercredi soir, la Première
statistique chinoise », selon Mathieu Duchâtel, directeur du les Etats-Unis sont le pays où l’on ministre, S ophie Wilmès, a
programme Asie de l’Institut Montaigne. Avec 4.636 morts meurt le plus du coronavirus, défendu ce bilan et cette appro-
vendredi, le bilan officiel est ridiculement faible pour un pays Donald Trump s’est défendu en che, expliquant que la Belgique « a
de 1,4 milliard d’habitants. Confronté à une pression interna- braquant les projecteurs sur le fait le choix de la plus grande trans-
tionale , Pékin a récemment relevé de 50 % le nombre de plat pays. Les Belges, pourtant parence dans la communication
morts à Wuhan (1.300 morts supplémentaires). Mais « l’entiè- fiers d’un système de santé qui ne des décès liés au Covid-19 », quitte à
reté de la courbe épidémique chinoise défie la raison », indique s’est effectivement pas laissé intégrer « des chiffres parfois suré-
l’Institut Montaigne. Samedi, un responsable sanitaire déborder par l’afflux de malades, valués », en intégrant des morts en
de Wuhan a annoncé que la ville ne compte plus aucune seraient-ils les cancres de la lutte réalité liées à d’autres causes. « En
personne atteinte du Covid-19 dans ses hôpitaux. contre le Covid-19 ? Europe, aucun pays ne compte
Pour une fois, les propos du comme les autres. Chez nous, on a
président américain sont un la manière la plus détaillée », a

Le Royaume-Uni peine à compter le nombre de décès
Le gouvernement britanni- décès reste le seul indicateur sus-
que communique chaque ceptible de l’aider à suivre l’évolu-
jour sur le nombre de décès tion de la pandémie.
intervenus à l’hôpital chez Et le moins que l’on puisse dire
les malades testés positifs. est que cet indicateur manque
Mais il ne prend en compte cruellement de précision. Pour
ni ceux constatés à domi- connaître au jour le jour la progres-
cile, ni ceux à déplorer dans sion du virus, le Royaume-Uni ne
les maisons de retraite. peut compter que sur les chiffres
du ser vice public de santé, le
Alexandre Counis « National Health Service », qui se
@alexandrecounis contente de recenser les décès à
— Correspondant à Londres l’hôpital. Un chiffre que tous les
médias reprennent, faute de
Combien le coronavirus a-t-il fait mieux. Mais que tout le monde sait
de morts au Royaume-Uni ? Plus de largement en dessous de la réalité.
41.000, comme le calculait mer- Il ne porte d’abord que sur les
credi dernier le « Financial décès intervenus parmi les mala-
Times » ? Ou environ 20.000, des ayant été testés positifs au virus.
comme l’annonce désormais le Il doit ensuite être constamment
gouvernement ? Nul ne le sait. Un corrigé, non seulement parce que
problème de comptage d’autant les compteurs, arrêtés tous les
plus regrettable que le pays ayant jours avant la conférence de presse
largement échoué à tester massive- du gouvernement à 17 heures, ne
ment sa population, le nombre de prennent pas en compte les décès
intervenus dans la soirée, mais
aussi parce que certains hôpitaux
tardent à transmettre l’informa-
tion, parce qu’ils informent en prio-
rité la famille, parce que la mort
survient le week-end ou parce
qu’ils sont débordés.
Jauge faussée
Surtout et enfin, il faut évidemment
y ajouter les morts constatées à
domicile et celles survenues en
maison de retraite. Un problème
que le pays semble avoir brutale-
ment découvert... au cours du
week-end de Pâques !
En la matière, ce sont les chiffres
de l’Office for National Statistics
(ONS) qui font foi. Mais les don-
nées globales que publie l’orga-
nisme, tirées des déclarations de
décès, ne sont disponibles que sur
une base hebdomadaire. Et, là
aussi, l’information met parfois
beaucoup de temps à remonter.
Du coup, tous les chiffres circulent
sur les décès en maison de retraite
: certains disent plus de 1.000
(l’ONS parlait mercredi dernier de
1.043 morts), d’autres au moins
6.000. Partant du principe qu’ils
représentent habituellement 24%
des décès, l’étude du « Financial
Times » a fait une extrapolation
qui porte leur nombre, en l’occur-
rence, à 11.000. De quoi porter le
chiffre global à 41.000, soit plus du
double des 17.337 décès à l’hôpital
annoncés au même moment par le
gouvernement.
Cette jauge faussée, sur le tableau
de bord du gouvernement, n’est
sans doute pas sans conséquence
sur sa capacité à arbitrer. Faute de
connaître en temps réel la vraie
pente des décès, il risque de suréva-
luer les effets de sa politique sani-
taire. Il risque aussi d’être trop lent à
voir arriver le plateau de la pandé-
mie, puis la baisse des décès. n
minimum confirmés par les chif-
fres. La Belgique, confinée depuis
le 19 mars, comptabilisait le jeudi
23 avril au soir 6.490 décès attri-
bués au Covid-19, sur un total de
11,46 millions d’habitants. Selon
les comparaisons dressées
par l’agence sanitaire euro-
péenne ECDC, le pays affiche
ainsi un taux de 54 morts pour
100.000 habitants.
Pas testés
mais comptabilisés
C’est effectivement le plus fort du
continent et même, probable-
ment, du monde : en guise de
comparaison, ce taux est de 46 en
Espagne, 41 en Italie, 31 en France,
27 au Royaume-Uni et 6 en Alle-
magne. Avec 47.000 décès comp-
tabilisés pour 328 millions d’habi-
tants (toujours au 23 avril), ce taux
ne serait que de 14 aux Etats-Unis,
où le pic de l’épidémie n’est toute-
fois pas encore passé.
Mais comparaison ne vaut pas
raison. Les autorités belges réfu-
assuré jeudi la ministre de la
Santé, Maggie De Block. Le pays,
qui entamera le 3 mai un lent
déconfinement, tend à en
conclure que ses chiffres en disent
avant tout beaucoup sur la sous-
estimation du bilan chez ses voi-
sins, en particulier le Royaume-
Uni qui ne décompte pas les décès
en maison de retraite. n
« En Europe,
aucun pays
ne compte
comme
les autres.
Chez nous,
on a la manière
la plus détaillée ».
MAGGIE DE BLOCK
Ministre de la Santé
06 // EVENEMENT
Les Allemands broient du noir
EUROPE
Le moral des ménages
et des entreprises
a dégringolé en avril
à des niveaux
historiquement bas.
Le scénario d’un
redressement rapide
de l’économie s’éloigne
au profit de celui
d’une reprise
plus progressive.
Ninon Renaud
@NinonRenaud
— Correspondante à Berlin
L’Allemagne bénéficie d’une situa-
tion économique et sanitaire que
nombre de ses voisins européens
lui envient. Pourtant, ses habitants
et ses entreprises n’ont jamais
autant broyé de noir, au point de
mettre en péril une reprise rapide.
Selon la dernière enquête de l’Ifo
publiée vendredi, le climat des affai-
res s’est effondré en avril, passant de
85,9 à 74,3 points en un mois. C’est
la plus forte baisse sur un mois
depuis la création de l’indice.
Quant aux ménages, « le climat de
consommation est en chute libre »,
avait indiqué la veille Rolf Bürkl,
expert chez Gfk. Pour la première
fois depuis 2003, le baromètre du
spécialiste des études de marché est
entré en territoire négatif : il a
atteint –23,4 points, soit une baisse
de 25,7 points sur un mois.
Chômage en hausse
Des chiffres on ne peut plus logi-
ques. La rupture des chaînes
d’approvisionnement mondiales
En Espagne, le confinement dure trop longtemps
pour les régions épargnées par le virus
EUROPE
Alors que le pays entre
dans sa 7e semaine
de confinement strict,
les administrations
régionalesproposent
leurs propres plans
de retour à la normale.
Cécile Thibaud
@CecileThibaud
— Correspondante à Madrid
« C’est la ruine, nous essayons de sur-
vivre en livrant des paniers de pro-
duits bio, mais c’est symbolique. » A
Tarifa, à la pointe sud de l’Espagne,
Maria Quemada fait vite les comp-
tes. Le restaurant qu’elle tient près
du port n’a pas eu le temps d’installer
ses tables un seul jour cette année.
« L’état d’alerte nous a surpris à trois
jours du début de la saison. » Pour
elle, comme pour les habitants de
cette petite ville du paradis du kite
surf, le confinement se fait éternel et
surtout incompréhensible. A peine
plus d’une centaine de cas dans les
alentours, la plupart en quarantaine
à domicile, et l’hôpital d’Algésiras est
tranquille. « Pourquoi doit-on avoir
les mêmes normes qu’à Madrid ou à
Barcelone ? Ce n’est pas la même
urgence sanitaire », proteste-t-elle.
L’impatience grandit
Alors que l’Espagne va entamer sa
septième semaine de confinement
strict, l’impatience grandit dans les
régions les moins touchées par la
pandémie. A Madrid, Pedro San-
chez annonce une désescalade
« graduelle, asymétrique mais
coordonnée », à partir de la
deuxième quinzaine de mai. Il
provoquée par la pandémie du
Covid-19 dès le mois de février et les
fermetures des commerces non ali-
mentaires outre-Rhin, fin mars, ont
mis à l’arrêt des pans entiers d’acti-
vité. Au sein du puissant syndicat
allemand de la métallurgie IG
Metall, 77 % des entreprises adhé-
rentes sont actuellement en « mode
de crise » ou complètement fer-
mées, indiquait vendredi l’organi-
sation. « La pandémie du coronavi-
rus frappe l’économie allemande de
devrait en dévoiler la stratégie
mardi. Le virus est en net recul
mais il a fait 23.190 victimes dont
288, encore dans les dernières
24 heures. C’est entre Madrid, la
Catalogne, les deux Castilles et le
Pays basque que la bonne part des
décès se sont produits. Ailleurs, les
administrations régionales et les
municipalités ruent dans les bran-
cards et pressent de lever les res-
trictions. « C’est dans les villages de
moins de 2.000 habitants que le con-
« Le déconfinement doit être adapté aux particularités locales »
Alors que les voisins euro-
péens donnent des calendriers
de déconfinement, Madrid
annonce une sortie « lente
et graduelle » sans donner
plus de détail. Pourquoi ?
La décision est compliquée à pren-
dre en Espagne, pour des raisons
d’ordre sanitaire et politique à la
fois. Le gouvernement est la cible
des pressions combinées de son
opposition et des administrations
régionales qui sont en principe res-
ponsables de la gestion du système
de santé ou des maisons de retraite,
mais ont réussi à dévier toutes les
critiques vers le gouvernement cen-
tral. La clé sera un déconfinement
dynamique, adapté aux particulari-
tés locales, pour pouvoir revenir en
arrière dès la détection d’un nou-
veau départ d’épidémie.
Vous conseillez certaines
administrations régionales
espagnoles pour préparer
leur déconfinement.
Il doit avoir lieu à la carte ?
On constate une implantation du
plein fouet », résume le président de
l’Ifo, Clemens Fuest.
Les conséquences sur l’emploi se
font sentir. Près d’une entreprise sur
trois outre-Rhin a déjà eu recours au
chômage partiel. Selon une enquête
de l’université de Mannheim, cela
représenterait 10,8 % de la
main-d’œuvre, soit 5 millions de per-
sonnes ne touchant plus que 60 à
67 % de leur salaire net. L’Institut de
recherche de l’Agence fédérale pour
l’emploi prédit de son côté que le
finement est le plus mal vécu », indi-
que José Pablo Ferrándiz, de l’insti-
tut d’opinion Metroscopia.
Alterner les sorties
« On met la garde civile sur les routes
pour empêcher les gens d’aller s’occu-
per de leurs potagers ou de leurs ver-
gers, mais ensuite on a le droit d’aller
faire la queue chez le marchand de
légumes, je me demande ce qui est le
plus risqué pour la santé », pointe
Ignacio Urquizu, maire d’Alcañiz,
virus très inégale à travers le pays et
il est difficile de maintenir plus
longtemps toute la population sous
le même régime. Les gens qui sont
strictement confinés depuis six
semaines, alors qu’il n’y a pas d’inci-
dence de l’épidémie dans leur vil-
lage et que les hôpitaux des envi-
rons ont retrouvé la normalité, ont
du mal à comprendre pourquoi
prolonger la situation. Il y a une
pression sociale très forte dans cer-
taines régions, comme les îles
Baléares par exemple, ou dans les
zones rurales, ainsi que dans cer-
tains secteurs comme l’hôtellerie
notamment.
Comment procéder ?
Le gouvernement veut s’appuyer
sur les administrations régionales
et locales, mais en donnant un
cadre général avec des critères
clairs et des indicateurs pour pilo-
ter la situation, comme le taux
d’hospitalisation, le nombre de lits
en soins intensifs, le taux de trans-
mission et l’incidence du virus
pour 100.000 habitants. Il doit y
« La crise
du coronavirus
frappe l’économie
allemande
de plein fouet. »
CLEMENS FUEST
Président de l’Ifo
une bourgade de la province de
Teruel, en Aragon. L’hôpital du can-
ton qui couvre une population
de 70.000 habitants ne compte
que 7 personnes hospitalisées et le
péril semble loin.
« On nous dit que ce sera la nouvelle
normalité. Mais ici la distance sociale,
je la vis tout l’hiver, avec ou sans
virus », assure Alvaro Herrán, jardi-
nier dans un petit village de Castille-
et-Léon, au cœur de « l’Espagne
vide ». Pour accélérer la désescalade,
ILDEFONSO
HERNANDEZ
Epidémiologiste
avoir des prises de décision dyna-
miques. Cela veut aussi dire que
l’on doit être capable de revenir en
arrière au moindre signe.
Les îles Canaries et Baléares, ou
bien des villages des zones rurales
d’Andalousie, par exemple, peu-
vent servir de poisson pilote pour le
rodage des systèmes de détection, à
partir du mois de mai. Il faut com-
mencer sur des territoires res-
treints où l’on est sûr de pouvoir
contrôler la mobilité et faire une
sorte de microchirurgie. Avec une
réouverture progressive des com-
merces, dans la mesure où les critè-
res sanitaires sont respectés. Le sec-
teur de la restauration devrait
pouvoir commencer à reprendre
dans certaines conditions, à partir
de début juin, en profitant des ter-
rasses, en gardant les distances, en
supprimant l’accès au bar ou en ins-
nombre de chômeurs pourrait
atteindre plus de 3 millions dans les
prochains mois, contre 2,335 mil-
lions de chômeurs recensés
en mars. Les attentes des ménages
en termes de revenus ont sans
surprise chuté de 47,1 points à
19,3 points, selon l’institut GfK. Le
moteur de la consommation, qui
représente 55 % du PIB allemand,
risque ainsi de rester grippé malgré
la réouverture progressive des
magasins depuis le 20 avril.
les régions essaient de devancer
l’appel et d’arracher l’autorisation de
lancer des plans pilotes sur le ter-
rain. « Le centralisme et l’uniformisa-
tion ne sont ni intelligents ni effi-
cients », affirme ainsi Ximo Puig, le
président de la région Valencienne.
A Barcelone, l’indépendantiste cata-
lan Quim Torra propose d’établir
une sorte de « certificat d’immu-
nité » – ce à quoi s’oppose l’Organisa-
tion mondiale de la santé – et l’Anda-
lousie prétend rouvrir « avec des
tallant des parois protectrices… Les
associations professionnelles tra-
vaillent à la question.
Le déconfinement
ne risque-t-il pas de provo-
quer des débordements ?
En Espagne, on a tendance à pen-
ser que la population est ingouver-
nable, mais on a au contraire cons-
taté ces dernières semaines une
grande discipline sociale. Avec le
Covid-19, on a appliqué un paterna-
lisme renforcé qui n’aide pas à res-
ponsabiliser la population. Il faut
apprendre à vivre avec la possibi-
lité d’une reprise de l’épidémie et
faire confiance à la population sans
pour autant cesser la vigilance afin
de pouvoir agir rapidement à la
moindre alerte. Les attentes sont
très fortes et il va aussi falloir expli-
quer aux gens que les choses seront
beaucoup plus lentes dans les
grandes villes.
L’Espagne a imposé un confi-
nement plus strict qu’ailleurs,
en interdisant de sortir, faire
Lundi 27 avril 2020 Les Echos
Le gouvernement devrait présen-
ter ses nouvelles anticipations de
PIB dans les prochains jours mais le
scénario d’une reprise rapide de
l’économie, en forme de V, n’est plus
évoqué par la plupart des économis-
tes. Carsten Brzeski, chef écono-
miste chez ING, table néanmoins
sur un redressement en forme de U.
« Plus les mesures de distanciation
physique se prolongent, plus large
sera la base de ce U », prévient-il. Les
milieux économiques font, de fait,
pression sur l’exécutif pour accélé-
rer le retour à la vie normale.
Un nouveau départ durable
Carsten Brzeski met aussi en garde
contre l’angoisse des Allemands
vis-à-vis de l’endettement à moyen
terme. « L’économie est pour beau-
coup une affaire de psychologie.
Après des années d’orthodoxie bud-
gétaire, le gouvernement a su opérer
un virage à 180 degrés impression-
nant et salutaire pour la confiance. »
Il souligne cependant que cette
mobilisation financière devra se
poursuivre.
Le ministère des Finances tra-
vaille de fait sur un plan de relance
et évoque un taux d’endettement
proche de 75 % à la fin de l’année.
Mais « il faudra aussi moderniser les
infrastructures et investir massive-
ment dans la transition écologique.
Ces défis n’ont pas disparu », ajoute
l’économiste. Dans une lettre adres-
sée lundi dernier à Angela Merkel,
l’Association fédérale de l’industrie
de l’énergie et de l’eau (BDEW), celle
des sociétés municipales (VKU) et
plus d’une centaine d’organisations
et entreprises environnementales
appelaient à « utiliser la pause éco-
nomique forcée du Covid-19 pour un
nouveau départ durable de notre
économie ». n
limitations » les hôtels, plages et
restaurants cet été. Les îles Baléares
veulent faire redémarrer d’abord
les petits commerces pour instaurer
une « culture de la protection maxi-
male », et les îles Canaries prévoient
d’alterner les sorties les jours pairs
ou impairs, selon les adresses de
chacun, et de laisser les enfants sor-
tir le matin et les personnes âgées
l’après-midi. Reste à savoir à quel
rythme avancera ce déconfinement
asymétrique. n
du sport, ou de promener les
enfants, mais on constate
pourtant que les contagions
n’ont pas baissé plus rapide-
ment pour autant. Cela signi-
fie que le virus était déjà là
depuis longtemps ?
Oui, c’est ce que semble indiquer
une étude de l’université d’Oxford.
Elle vient de signaler que les pre-
miers cas en Espagne auraient pu
se produire au tout début de
février, un mois plus tôt qu’on ne le
pensait jusque-là, et qu’ils auraient
été masqués par une forte épidé-
mie de grippe en Catalogne. Cela
signifierait que le virus se serait
répandu bien plus longtemps
qu’on ne le pensait sans contrôle.
Propos recueillis par C. T.
« Il y a une
pression sociale
très forte dans
certaines
régions. »
Les Echos Lundi 27 avril 2020 EVENEMENT // 07

Brexit : Barnier
tire à nouveau la
sonnette d’alarme
de l'objectif partagé d'un accord
EUROPE sans droits de douane ni quota », a
expliqué vendredi le gouverne-
Au terme d’une ment britannique, tout en se
nouvelle semaine disant « déterminé » à trouver un
de discussions, le compromis.
négociateur en chef Parmi les points d’inquié-
européen alerte tude figure d’abord la concréti-
sur le manque de sation du principe, déjà acté,
progrès sur plu- selon lequel l’UE et le Royaume-
sieurs points clés. Uni devront se livrer, à l’avenir,
une concurrence loyale. Ce
« level playing field », comme
Et avertit qu’une on le nomme dans le jargon
percée doit à tout bruxellois, implique de s’enten-
prix être effectuée dre sur des mécanismes per-
d’ici à juin, compte mettant d’éviter, notamment,
tenu du refus de de trop fortes divergences dans
Londres d’envisager les domaines social, environne-
toute extension de mental mais aussi fiscal et
la période actuelle. même en matière d’aides d’Etat. Le Premier ministre palestinien, Mohammed Shtayyeh, est chargé de gérer la crise. Photo Anadolu Agency via AFP
Bruxelles redoute en effet
que Londres, une fois garanti

Les Territoires palestiniens

Gabriel Grésillon un accès sans restriction au
@GGresillon marché européen, n’en profite
— Bureau de Bruxelles pour pratiquer une forme de
avec A.C. (à Londres) dumping. Mais Londres, de son

face à une nouvelle épreuve

La pression monte à nouveau.
Au terme d’une semaine de dis-
cussions par vidéoconférence,
Michel Barnier a certes loué
le « professionnalisme, la fran-
chise et la détermination » de son
homologue britannique David
Frost. Mais le négociateur en
chef européen pour le Brexit a
surtout repris l’une de ses formu-
les favorites, en anglais, pour
prévenir : « Plus que jamais, “the
clock is ticking”. » Si l’heure
tourne, c’est parce que toute
éventuelle extension de l’actuelle
période de transition doit être
décidée avant la fin juin. Or Lon-
dres ne veut pas en entendre par-
ler. Il faut donc être en mesure,
dans les deux prochains mois,
d’effectuer de réelles avancées
sur les points essentiels. « Nous
avons besoin de vrais progrès d’ici
à juin, si nous voulons trouver un
accord », a prévenu le négocia-
teur européen.
Or, à ce stade, l’inquiétude est
palpable, car « le Royaume-Uni
n’a pas voulu s’engager sérieuse-
ment sur un certain nombre de
points fondamentaux », a tran-
ché le Français, pour qui la
position britannique est inco-
hérente : le pays « ne peut pas
refuser une prolongation de la
transition tout en ralentissant
les discussions sur des sujets
importants ». Londres, de son
côté, a accusé Bruxelles de lui
proposer un accord « bien infé-
rieur » à ceux signés dans le
passé avec d'autres pays : « Cela
réduit considérablement l'intérêt
côté, refuse tout mécanisme
allant à l’encontre de sa souve-
raineté. « Nous ne ferons pas de
progrès en termes de conditions
de concurrence équitables tant
que l'UE ne renoncera pas à son
insistance à imposer des condi- Mladenov, a félicité le soutien finan- a progressivement supprimée pour les distinguer des checkpoints
tions qui n'existent pas dans les MOYEN-ORIENT cier accordé par Israël aux Palesti- depuis deux ans. militaires de l’armée israélienne,
autres accords commerciaux de niens. En réalité, cet argent était dû, Pour le moment, le bilan sani- ont été mis en place pour limiter au
l'UE et qui ne prennent pas en Avec 335 cas de per- mais il était bloqué par Israël pour taire est limité dans l’ensemble des maximum les déplacements entre
compte le fait que nous avons sonnes officiellement protester contre les sommes ver- Territoires palestiniens. Il y a communes palestiniennes.
quitté l'UE en tant que pays indé- atteintes, les Palesti- sées aux familles de terroristes par 335 cas identifiés et deux décès dus Cependant, d’après un journa-
pendant », a martelé vendredi le niens auraient, pour l’Autorité palestinienne. Fin mars, au Covid-19, d’après les chiffres liste palestinien, « on est très loin des
gouvernement britannique. « Il le moment, bien Antonio Guterres, secrétaire géné- publiés par le chef de la mission de chiffres réels ». Si on ne peut exclure
n’y aura pas d’accord commercial résisté à l’épidémie. ral de l’ONU, s’était lui aussi réjoui l’OMS auprès des Palestiniens, le que les Palestiniens qui souffrent
ambitieux sans un “level playing de ce que « l’Autorité palestinienne constamment de restrictions à leur
field” ambitieux ainsi qu’une con- et Israël ont pu travailler ensemble » liberté de circulation, notamment
Ils ont activement Des barrages,
currence ouverte et loyale », a contre ce coronavirus. La pandé- les Gazaouis, aient été moins tou-
rétorqué Michel Barnier.
coopéré avec les mie a donc eu ponctuellement rai- baptisés « love chés que d’autres populations plus
Israéliens. Cependant,
certains doutent que
son de la politique. barriers » ont été mis mobiles, un chiffre laisse rêveur : il
Gouvernance globale n’y aurait que 17 Palestiniens affec-
ou accords sectoriels ces chiffres traduisent Coopération intense
en place pour limiter tés par le Covid-19 dans la bande de
Autre motif d’inquiétude : la la réalité sur le terrain. Depuis l’apparition des premiers les déplacements Gaza.
gouvernance globale de malades à Bethléem, début mars, la entre communes Le système hospitalier, qui y est
l’accord. Pour Bruxelles, il est coopération israélo-palestinienne déjà défaillant en temps normal, ne
essentiel que les différents Catherine Dupeyron est de fait intense. Les Israéliens ont
palestiniennes. peut faire face à une telle pandémie.
sujets soient pilotés et supervi- — Correspondante à Jérusalem fourni du matériel (masques, respi- Et plus qu’ailleurs, les Palestiniens
sés de manière transversale, rateurs, tests) et formé médecins et Dr Gerald Rockenschaub. En Cisjor- manquent de tout – masques, respi-
dans un cadre en ligne avec les Une fois n’est pas coutume. Depuis infirmiers palestiniens de Cisjorda- danie, le confinement est assez rateurs et tests. Enfin, le confine-
règles européennes. Londres, l’explosion de la pandémie du nie, mais aussi de la bande de Gaza, strictement observé. Le président ment est loin d’y être strict. Un nou-
au contraire, souhaite multi- Covid-19, plusieurs responsables gouvernée par le Hamas. De son de l’Autorité, Mahmoud Abbas, a veau centre commercial a même
plier les accords sectoriels et onusiens ont salué, à plusieurs côté, Donald Trump a annoncé un disparu de l’espace public depuis le été inauguré il y a une dizaine de
échapper au cadre européen. reprises, la coopération israélo-pa- don de 5 millions de dollars aux début de la crise du coronavirus, en jours ! En revanche, d’après un por-
Enfin, le sujet explosif de la lestinienne dans la lutte contre le Palestiniens pour les aider dans la laissant la gestion à son Premier te-parole du Hamas, les Palesti-
pêche fait du sur-place. Lon- virus. Hier, le coordinateur spécial lutte contre le Covid-19 – une ministre, Mohammed Shtayyeh. niens, qui rentrent chez eux via
dres n’a pas proposé de texte des Nations unies pour le processus somme dérisoire, comparée à l’aide Les mosquées sont fermées. Des l’Egypte, seraient systématique-
mais veut quitter le système de de paix au Moyen-Orient, Nickolay globale que le président américain barrages, baptisés « love barriers » ment mis en quarantaine. n
quotas de la Politique com-
mune. L’UE, prévient Michel
Barnier, ne « donnera pas son
accord sur un partenariat futur
sans une solution équilibrée,
soutenable et de long terme » sur
Le ramadan sous le signe du confinement
ce point. n
tournure particulière. De fait, pres- jeûne, devra être pris chez soi, seul ment la règle. Des dignitaires reli-
RELIGION que tous les pays musulmans ont ou en famille restreinte. gieux ont ainsi refusé de respecter
fermé leurs mosquées et deman- Pour les musulmans seuls ou iso- ces restrictions dans des pays tels
Mosquées fermées,
en bref
dent aux gens de prier chez eux, lés, impossible de se rendre aux tra- que le Bangladesh et le Pakis-
absence de rassemble- imposant parfois confinement et ditionnels repas collectifs organisés tan. C’est aussi le cas dans la région
ments religieux ou couvre-feu pour empêcher la pro- par les mosquées. De ce fait, la indonésienn e conser vatrice
de retrouvailles le soir pagation du virus. grande mosquée de Paris, par exem- d’Aceh, où des milliers de fidèles ont
pour le dîner Même le président du Tadjikis- ple, prévoit la distribution de repas assisté à la prière du soir jeudi dans
de rupture du jeûne… tan, pays qui assure être épargné pour la rupture du jeûne dans diffé- la plus grande mosquée de la capi-
par la pandémie, a appelé à ne pas rents centres et foyers. Et s’est aussi tale, Banda Aceh.
jeûner pendant le ramadan pour ne adaptée pour recevoir des dons. Une Au Niger, des émeutes ont eu lieu
Le mois de ramadan,
pas se rendre vulnérable aux initiative que l’on retrouve dans de ces derniers jours dans plusieurs
qui a officiellement « maladies infectieuses ». nombreuses régions. villes, les manifestants protestant
débuté vendredi En France, dans la pratique du contre le couvre-feu et l’interdic-
Olivier Douliery/AFP

pour des centaines
de millions de musul-
mans dans le monde,
est bousculé par
l’épidémie de Covid-19.
Trump renonce à ses conférences
quotidiennes sur le coronavirus Claude Fouquet
@ClaudeFP
ÉTATS-UNIS Le président américain Donald Trump a tweeté
samedi que ses points presse quotidiens sur la pandémie de nou- C’est, pour des centaines de millions
veau coronavirus ne méritaient pas qu’il y consacre du temps, de musulmans dans le monde, le
deux jours après avoir suscité une polémique mondiale en sem- mois le plus sacré qui a officielle-
blant envisager de traiter la maladie au désinfectant et aux U.V. ment débuté vendredi. Mais, en rai-
Donald Trump, qui brigue un second mandat en novembre à la son du coronavirus Covid-19, qui a
Maison Blanche, a utilisé ces briefings pour vanter les politiques fait près de 190.000 morts dans le
menées par son administration, rejeter les critiques et s’en pren- monde et infecté 2,7 millions de
dre à la Chine, aux démocrates et aux journalistes. personnes, le ramadan prend une
culte, rien ne changera vraiment
puisque les mosquées ont été fer-
mées depuis le début de l’épidémie
du coronavirus. Mi-avril, dans une
note publiée en prévision du rama-
dan, le Conseil français du culte
musulman (CFCM) appelait « les
responsables musulmans à mainte-
nir les mosquées fermées » et incitait
les croyants à prier chez eux. « C’est
la seule attitude responsable et
conforme aux principes et aux
valeurs de notre religion dans ce
contexte d’épidémie », insiste le
CFCM. Distanciation sociale oblige,
l’iftar, le repas qui est pris chaque
soir par les musulmans au coucher
du soleil pendant cette période de
Plusieurs pays réfractaires tion des prières collectives. n
De son côté, l’Organisation mon-
diale de la santé (OMS), vient de
publier ses recommandations
« Les responsables
concernant ce mois de jeûne. Tout
en rappelant que jeûner n’aug- musulmans
mente pas les risques de contracter [ont été appelés]
le Covid-19. Elle recommande tou-
à maintenir
tefois aux fidèles atteints par le
virus (ou l’ayant été) « de ne pas le les mosquées
faire, suivant les dérogations prévues fermées. »
par la religion, en concertation avec LE CONSEIL FRANÇAIS
leur médecin, comme pour toute DU CULTE MUSULMAN
autre maladie ». A la mi-avril
Si la contrainte imposée par le
coronavirus semble devoir s’appli-
quer sans trop de problèmes, il y a
bien sûr des exceptions qui confir-
 08 // EVENEMENT
De retour à Londres, Johnson
doit clarifier sa stratégie
ROYAUME-UNI
Alors que le pays
a franchi ce week-end
la barre des 20.000
morts à l’hôpital,
le Premier ministre,
guéri du Covid-19, est
de retour ce lundi
à Downing Street.
Alexandre Counis
@alexandrecounis
— Correspondant à Londres
Boris Johnson, le retour. Trois
semaines après avoir dû laisser la
main pour se soigner, le Premier
ministre britannique est, ce lundi,
aux affaires. Un retour très attendu,
alors que le pays a franchi ce week-
end la barre symb olique des
20.000 morts à l’hôpital. Et que plu-
sieurs décisions cruciales pour
l’avenir attendent des arbitrages
ardus, sous une pression qui
s’annonce maximale.
Deux semaines de convalescence
dans la maison de campagne des
Premiers ministres à Chequers, à
une heure et quart de voiture de
Londres dans le Buckinghamshire,
Tolga Akmen / AFP
Trois semaines après avoir dû laisser la main pour se soigner du coronavirus, le Premier ministre britannique est ce lundi aux affaires.
Crise politique au Brésil en pleine pandémie
AMÉRIQUE DU SUD
Le ministre de la
Justice a démissionné.
Il accuse le président
d’« ingérence politi-
que » dans les affaires
de la police fédérale
et lui reproche de ne
pas faire de la lutte
contre la pandémie
sa priorité.
Thierry Ogier
@ThierryOgier
— Correspondant à São Paulo
Ancien héros du gouvernement
Bolsonaro, Sergio Moro a annoncé
sa démission avec fracas vendredi
dernier. L’ancien shérif anti-corrup-
auront permis au dirigeant conser-
vateur de se remettre sur pied après
une semaine d’hospitalisation,
dont trois jours en soins intensifs où
il a frôlé le pire. Distillant les
signaux d’un retour imminent, il a
parlé dès la semaine dernière par
téléphone avec la reine et s’est entre-
tenu avec Donald Trump. Il a
« hâte » de reprendre, indiquait-on
ce week-end à Downing Street.
Les donateurs du parti
montent au front
La situation qu’il retrouve et les
choix qu’il va devoir faire s’annon-
cent pourtant difficiles. Il est, avant
tout, attendu sur le calendrier et les
modalités d’une sortie du confine-
ment, imposé le 23 mars et récem-
ment reconduit jusqu’au 7 mai au
moins. Là où plusieurs autres pays
européens ont déjà détaillé leur
stratégie, le gouvernement britan-
nique a pour l’instant jugé qu’il était
urgent d’attendre. Pas question de
prendre le risque de brouiller le
message essentiel adressé aux Bri-
tanniques : « Restez à la maison ».
Mais le pic de la pandémie est
désormais atteint, et l’économie
souffre. Le pays semble parti pour
connaître une récession « plus
rapide et profonde que tout ce à quoi
tion, qui a condamné Lula et des
dizaines d’hommes politiques à la
prison dans l’affaire « Lava Jato »,
explique qu’il ne faisait plus
confiance au président. Jair Bolso-
naro lui avait pourtant promis de
lui donner carte blanche lorsqu’il
lui avait confié le portefeuille de la
Justice et de la Sécurité publique.
Pourquoi ce divorce ? Parce
que Jair Bolsonaro a décidé de
mettre fin à l’autonomie de la
police fédérale et de renvoyer son
directeur. Dans la pratique, cela
signifie que le président
d’extrême droite désire avoir un
accès direct aux dossiers de l’ins-
titution, qui enquête notamment
sur plusieurs affaires liées à deux
de ses fils, et sur les organisateurs
de la manifestation antidémocra-
tique de dimanche dernier à Bra-
silia. Une « ingérence politique »
inacceptable, selon l’ancien
nous avons assisté au siècle précé-
dent, voire depuis plusieurs siècles »,
a lâché la semaine dernière, Gertjan
Vlieghe, membre du comité de poli-
tique monétaire de la Banque
d’Angleterre.
Six hommes d’affaires, dont les
dons financent le « tory party »,
parmi lesquels les milliardaires
Michael Spencer et Peter Hargrea-
ves, ont écrit au Premier ministre
pour appeler à la levée des restric-
tions, selon le « Sunday Times ».
Des caciques du parti demandent
de leur côté au gouvernement de
détailler sans délai sa stratégie de
sortie du confinement, comme l’ex-
d i r i g e a n t c o n s e r va t e u r I a i n
Duncan Smith, qui a applaudi des
deux mains quand la Première
Le Premier ministre
est attendu
sur sa stratégie
de sortie
du confinement,
alors que le pic
de l’épidémie est
atteint et que
l’économie souffre.
magistrat. Jair Bolsonaro a rejeté
ces accusations « infondées »
quelques heures plus tard, en lan-
çant une série d’accusations per-
sonnelles contre Sergio Moro.
« Je ne peux accepter que mon
autorité soit contestée
par quelque ministre que ce soit »,
a-t-il affirmé sur un ton péremp-
toire. Il était entouré des mem-
bres de son gouvernement, ainsi
que du président de la Banque
centrale, pour projeter une image
d’union de son gouvernement.
Au dehors, cependant, des
Brésiliens mécontents tapaient
sur des casseroles en signe de
réprobation.
Changement à la Santé
Visiblement abattu, le ton grave,
Sergio Moro a regretté à plusieurs
reprises que cette démission inter-
vienne en pleine crise sanitaire. « La
ministre écossaise, Nicola Stur-
geon, a dévoilé la sienne.
Tests de dépistage
Plusieurs ministres poussent aussi à
la fin rapide des restrictions actuel-
les, dans un gouvernement qui reste
divisé, entre volonté de protéger la
population et le besoin de faire redé-
marrer l’économie. Quant à l’oppo-
sition, elle appuie là où ça fait mal :
son leader Keir Starmer, dans une
lettre à Downing Street, avertit que
le gouvernement risque d’être « à la
remorque du reste du monde » s’il
refuse d’ouvrir le débat sur sa straté-
gie de déconfinement.
La semaine s’annonce d’autant
plus à risque pour Boris Johnson
que le « Guardian » a jeté le doute
sur l’indépendance du comité
scientifique qui guide le gouverne-
ment en révélant vendredi que
Dominic Cummings, l’éminence
grise du Premier ministre, avait
assisté à plusieurs de ses réunions.
Un moment de vérité est attendu ce
jeudi : le ministre de la Santé, Matt
Hancock, a promis d’atteindre d’ici
là les 100.000 tests de dépistage par
jour. Un objectif qui semblait, ces
derniers jours, largement irréa-
liste : le nombre de tests n’était que
de 28.760 samedi. n
priorité devrait être la lutte contre la
pandémie », soutient-il. Toutefois,
Jair Bolsonaro ne cesse de provo-
quer des crises. « Le pays doit lutter
contre deux virus », soutient João
Doria, le gouverneur de São Paulo et
rival du chef de l’Etat. « Le coronavi-
rus et l’autre virus au palais du Pla-
nalto, à Brasilia. » Quant à l’ancien
président Fernando Henrique Car-
doso, il a appelé à la démission de
Jair Bolsonaro : « Le président est en
train creuser sa propre tombe.
Qu’il démissionne avant qu’on le
démissionne. Permettez-nous de
faire l’économie, durant la crise du
coronavirus, d’un long procès
d’impeachment. »
La démission de Sergio Moro
intervient huit jours après le limo-
geage du ministre de la Santé, Luiz
Henrique Mandetta. Un point com-
mun entre les deux hommes : le
franc-parler et une très grande
Lundi 27 avril 2020 Les Echos
La longue absence
du dictateur nord-
coréen intrigue les
grandes capitales
ASIE
Rien n’indique
que Kim Jong-un
serait décédé.
Yann Rousseau
@yannsan
— Correspondant à Tokyo
Malgré la multiplication de
rumeurs farfelues sur les
réseaux sociaux et dans certains
médias, les grandes capitales
d ’A s i e , q u i d i s p o s e n t d e s
meilleures sources d’informa-
tion sur les jeux de pouvoir en
Corée du Nord, n’ont tou-
jours aucune certitude sur l’état
de santé exact de Kim Jong-un.
Et rien ne peut permettre, pour
l’instant, d’affirmer qu’il serait
décédé et qu’une guerre de suc-
cession se serait ouverte au som-
met du régime. « Rien d’inhabi-
tuel n’a été repéré en Corée du
Nord » a résumé, ce week-end,
un officiel sud-coréen.
Les services de renseigne-
ment de Séoul, Pékin ou encore
Tokyo cherchent toutefois à
comprendre pourquoi le dicta-
teur de 36 ans, habituellement
mis en scène chaque jour dans
les médias du régime, n’a plus
été photographié ou filmé par la
propagande depuis le 11 avril
dernier. Ils avaient été surpris de
constater son absence, le 15 avril,
aux très symboliques célébra-
tions du « Jour du Soleil » en
hommage à son grand-père et
fondateur de la nation Kim Il-
sung. « C’est normalement un
jour clé pour Kim Jong-un. Il faut
comprendre que c’est un peu
comme si le pape manquait les
célébrations de Pâques », résume
Stephen Nagy, un professeur
associé à l’International Chris-
tian University de Tokyo.
Une intervention
chirurgicale évoquée
De plus en plus d’analystes esti-
ment que le dirigeant a proba-
blement souffert d’un ennui de
santé qui aurait nécessité une
intervention chirurgicale ou
une longue séquence de repos
forcé. En 2014, il avait déjà « dis-
paru » 40 jours des médias
d’Etat pour se faire opérer des
chevilles. Le média en ligne sud-
coréen Daily NK a évoqué, cette
fois, une opération du cœur
dans un hôpital situé hors de
popularité, qui dépasse de loin celle
du président, qui a avoué ne pas sup-
porter les « ministres stars ». Le nou-
veau ministre de la Santé, le cancé-
rologue Nelson Teich, n’a pour
l’instant annoncé aucune mesure
concrète, alors que le pays enregis-
tre 4.000 morts et 60.000 personnes
ont été contaminées.
Grand froid
Et ce n’est pas tout : Paulo Guedes, le
ministre de l’Economie qui sert de
caution libérale auprès des investis-
seurs, a vu son autorité remise en
cause par les militaires qui entou-
rent Jair Bolsonaro à la présidence.
Le général Braga Netto, chef de
l’administration civile (sorte de Pre-
mier ministre), a ainsi présenté un
programme de grands travaux à
mettre en place lors de la phase
post-pandémie. Une sorte de « New
Deal » à la brésilienne qui prend
Pyongyang quand le quotidien
japonais « Yomiuri » a affirmé
que des médecins français
s’étaient rendus à Pyongyang, en
secret, dès le mois de janvier
pour ausculter le jeune homme,
qui souffre depuis des années
d’obésité et d’hypertension.
Cherchant à le localiser, le
centre de recherche américain
38North a retrouvé, en éplu-
chant des photos satellites, un
train blindé noir ressemblant à
celui qu’utilise habituellement le
dirigeant nord-coréen près de la
ville côtière de Wonsan. Le train
se trouvait encore, en milieu de
semaine dernière, dans une gare
réservée au clan Kim, près d’un
Kim Jong-un était
absent aux
célébrations du
« Jour du Soleil »
en hommage à son
grand-père et
fondateur de la
nation Kim Il-sung.
ensemble de villas où le dicta-
teur se repose habituellement
avec ses proches. « La présence
du train n’indique rien sur la
santé du leader nord-coréen mais
donne du poids aux informations
indiquant que Kim réside sur la
côte est du pays », écrivent, dans
leur note, les experts de
38North. Si rien ne semble donc
valider la thèse d’une disparition
prématurée du dictateur nord-
coréen, son absence contraint
tout de même les grandes capi-
tales à envisager différents scé-
narios. « Personne ne sait ce qui se
passerait si Kim venait à mou-
rir », pointe, sur Twitter, Sue Mi
Terry, une chercheuse du think
tank CSIS. « Un scénario où de
multiples leaders entreraient en
compétition pour le pouvoir est
peu probable mais possible »,
assure-t-elle.
Comme les autres analystes,
elle estime que Kim Yo-jong, la
sœur cadette de Kim Jong-un,
aujourd’hui membre déléguée
du tout-puissant Politburo du
Parti des travailleurs, récupére-
rait à terme les rênes du pays. « Il
paraît en effet peu probable de
voir le pouvoir échouer dans les
mains de quelqu’un n’étant pas
issu du clan Kim », confirme Ste-
phen Nagy. n
totalement à rebrousse-poil la stra-
tégie du ministre de l’Economie, et
qui risque de faire exploser l’endet-
tement.
Le clash Bolsonaro-Moro accen-
tue les risques de déstabilisation du
Brésil. « Le pays paraît déboussolé au
milieu d’une pandémie qui a pour-
tant forcé les leaders du monde entier
à donner le meilleur d’eux-mêmes »,
affirme Caio Bessa Rodrigues, un
avocat d’affaires à Brasilia. Un
grand coup de froid souffle sur les
marchés financiers. « Les réactions
aux déclarations de Moro ont pris
des proportions gigantesques »,
remarque Caio Bessa Rodrigues. La
Bourse, qui avait repris quelque
couleur peu après le choc entraîné
par le coronavirus, a plongé de 5 %
vendredi. Le dollar et l’euro ont,
pour leur part, enregistré une
hausse de plus de 2,5 % et 1,4 %, res-
pectivement. n
Les Echos Lundi 27 avril 2020
idées&débats
Comment la récession du Covid-19
va agir sur notre santé
L’ANALYSE
DE LA RÉDACTION
La récession brutale
provoquée par la lutte
contre le Covid-19
va-t-elle avoir des
effets désastreux
sur la santé ? A priori
non. Mais la réalité
n’est pas si simple.
Il faut notamment
prendre en compte
les conséquences
à moyen terme.
LE
COMMENTAIRE
de Cécile Philippe
Jean-Marc Vittori
@jmvittori
La lutte contre le coronavirus sauve
des dizaines de milliers de vies en
France, des millions sur la planète.
Mais elle précipite cette planète
dans la plus forte chute d’activité
depuis la Seconde Guerre mondiale.
Une récession profonde risque-t-
elle de menacer à son tour la santé ?
Au cours des deux derniers siè-
cles, santé et économie ont avancé
main dans la main. L’enrichisse-
ment des populations s’est accom-
pagné d’un allongement de l’espé-
rance de vie, lui aussi sans
précédent. L’argent a permis de
mieux se nourrir, d’assainir l’eau, de
construire des hôpitaux, de pro-
duire des antibiotiques et des vac-
cins. Et au sein de chaque pays, les
citoyens les plus aisés sont en
moyenne en meilleure santé que les
plus démunis.
Mais il faut se méfier des éviden-
ces. D’abord, parce que les montées
de la santé et du niveau de vie peu-
vent être liées parce qu’elles vien-
nent d’une même cause, comme
l’amélioration de la qualité des insti-
tutions du pays ou l’accumulation
des compétences de chacun. C’est ce
que tend à montrer l’économiste
David Weil. Ensuite, au-delà de
20.000 dollars par an de PIB, l’espé-
rance de vie ne dépend plus du
revenu par tête, comme le montre
Le confinement peut être un excellent investissement
P
lus d’un mois après le début
du confinement en France,
une erreur fondamentale
semble continuer de prévaloir, à
savoir qu’il faudrait choisir entre
sauver l’économie ou sauver des
vies. Cette idée qu’il faudrait faire un
choix entre la santé et le PIB est
erronée. Elle contribue à entretenir
un sentiment anti-business en
France, tout en nous détournant
d’une priorité absolue, élargir
l’accès aux matériels de protection
et tests de dépistage.
Lors de son discours du 13 avril, le
président Macron a annoncé que le
11 mai marquerait le début de la sor-
tie progressive du confinement et
de la reprise graduelle des activités
économiques. Dans le même
temps, il a précisé que, d’ici là, la
France sera dotée des moyens de
dépister toutes les personnes pré-
Nicolas da Silva, de l’université Paris
Nord. Les Japonais, les Espagnols et
les Français vivent trois ou quatre
ans de plus que les Américains ou
les Qataris avec un revenu inférieur
d’un quart, voire d’un tiers.
A plus court terme, l’impact des
récessions économiques sur la
santé est encore plus perturbant,
car il n’est pas intuitif. Une récession
a certes un effet direct sur la santé,
en particulier la santé mentale.
Conformément aux analyses
d’Emile Durkheim, père fondateur
de la sociologie moderne avec son
livre « Le Suicide » (1893), les chô-
meurs décident plus que d’autres
de se donner la mort. « La Grande
Récession [de 2009] est associée
avec au moins 10.000 suicides de
plus entre 2008 et 2010 », en Europe
et aux Etats-Unis, estime par exem-
ple une équipe de chercheurs
britanniques.
Une récession entraîne aussi une
montée des troubles mentaux et
une baisse de la fertilité. Mais sur le
reste… c’est l’inverse. Une chute de
l’activité économique est suivie
d’une baisse de la mortalité, non
une hausse. José Tapia Granados et
Edward Ionides, deux chercheurs
qui travaillent aux Etats-Unis
depuis plus de quinze ans sur le
sujet, estiment par exemple qu’en
Europe une « augmentation d’un
point du taux de chômage est associée
avec une réduction de 0,5 % du taux
sentant des symptômes. Or, compte
tenu du nombre de personnes
asymptomatiques dans le cadre de
cette épidémie – confirmé par des
pays qui ont pu réaliser des tests sur
des échantillons larges (Islande,
ville de Vò en Italie) – la France
devrait aller au-delà. Elle a besoin
de capacités de dépistage beaucoup
plus importantes (seule 0,9 % de la
population a été testée) pour envi-
sager un déconfinement serein. S’il
faut plus de temps pour les consti-
tuer, il vaut mieux se donner ce
temps que de risquer d’être heurté
par une nouvelle vague en raison
d’un déconfinement prématuré.
Evidemment, chaque jour sup-
plémentaire de confinement est
très coûteux en termes sociaux et
économiques. Mais si nous dé-con-
finons avec les moyens d’éviter un
retour de la contagion, alors le con-
D de mortalité ajusté par âge ». Aux
Les points à retenir
•précipite
La lutte contre le coronavirus
la planète dans
la plus forte récession depuis
la Seconde Guerre mondiale.
• Or santé et économie vont
de pair, l’enrichissement
des populations
s’accompagnant généralement
d’un allongement
de l’espérance de vie.
• Mais l’impact des récessions
a des effets divers : si elles
entraînent une montée des
troubles mentaux et une baisse
de la fertilité, elles provoquent
une baisse de la mortalité
et non une hausse.
• Moins de circulation
automobile entraîne moins
d’accidents, moins de pollution
de l’air diminue les décès
dus aux problèmes
cardio-respiratoires.
• Un bémol toutefois,
les hausses de chômage
étant associées à une
surmortalité par cancer.
finement pourrait se révéler un
excellent investissement. Il est
encourageant sur ce plan d’obser-
ver que lors de la pandémie grip-
Pour avoir
une économie
en bonne santé, il faut
avoir une population
qui l’est aussi.
pale de 1918 dite « grippe espa-
gnole », aux Etats-Unis, les villes qui
ont fait le sacrifice économique le
plus grand, en se confinant le plus
longtemps, sont aussi les villes qui
ont connu le rebond économique le
plus fort. C’est ce que montre un
article récent, publié par un groupe
d’économistes du MIT et de la
Etats-Unis, le grand spécialiste du
sujet, Christopher Ruhm, de l’uni-
versité de Virginie, aboutit au
même chiffre dans un article publié
dès 2000. Et dans un travail de 2015,
il montre que les récessions profon-
des, comme celles de 1980-1982 et
celle de 2009, « ont un effet protec-
teur contre la mortalité deux fois
plus fort ».
Pourquoi les récessions ont-elles
un effet favorable sur la santé ? Les
chercheurs ont exploré plusieurs
pistes. D’abord l’alcool. Nombre de
ceux qui perdent leur emploi ont
tendance à trop boire. Mais quand
l’activité économique recule, les
autres consomment moins de bois-
sons alcoolisées.
Ensuite, la circulation automo-
bile. Le nombre de kilomètres par-
courus baisse en temps de réces-
sion (même quand la récession n’est
pas induite par un confinement), et
les accidents avec. Un duo de cher-
cheurs a montré qu’en temps de
récession, les bons conducteurs
réduisent moins leur kilométrage
que les autres.
La baisse de la pollution induite
par les fermetures d’usines et le
moindre trafic joue aussi un rôle, en
diminuant le nombre de décès dus
aux problèmes respiratoires et car-
diaques. Marshall Burke, un profes-
seur assistant de l’université améri-
caine de Berkeley, estime ainsi que
Réserve fédérale. New York ou
Saint-Louis, dont les mesures de
distanciation sociale et de confine-
ment ont été précoces et longues,
ont réussi à sauver plus de vies et
ont rebondi plus rapidement sur le
plan économique, notamment en
termes d’emploi. Cela revient à dire
que pour avoir une économie en
bonne santé, il faut avoir une popu-
lation qui l’est aussi. Les mesures
qui permettent de s’en assurer
– moyens de protection et tests –
sont les meilleurs investissements
économiques que l’on puisse faire
dans le cadre du coronavirus.
A ce titre et, comme le souligne la
présidente de la Commission
Ursula von der Leyen, une condi-
tion préalable au déconfinement
est « la capacité de tester et de sur-
veiller la propagation du virus ».
L’Organisation mondiale de la
// 09
Hervé Pinel pour « Les Echos »
l’amélioration de la qualité de l’air
en Chine après les mesures de confi-
nement décidées par Pékin pourrait
avoir réduit le nombre de victimes
de la pollution de 50.000 à 75.000…
Davantage que le nombre de per-
sonnes mortes du coronavirus !
Tout n’est cependant pas si sim-
ple. La récession brutale qui com-
mence pourrait accroître le nom-
bre d’actifs souffrant de maladies
chroniques de près d’un million au
Royaume-Uni, selon une récente
estimation d’une équipe britanni-
que. « Les hausses du chômage sont
associées avec une augmentation de
la mortalité par cancer », a montré
une étude d’une grosse équipe de
chercheurs, estimant que le nom-
bre des décès pour cause de cancer
causés par la récession de 2009
pourrait atteindre le demi-million
dans le monde. L’impact est cepen-
dant nettement moindre dans les
pays à système universel de santé,
comme la France. Au-delà, les effets
d’une récession sur la santé à
moyen terme ne sont pas forcé-
ment ceux du court terme. Et la
mécanique est sans doute assez dif-
férente dans les pays émergents.
Faut-il alors se réjouir d’une
récession favorable à la santé, au
moins dans un premier temps ?
Gageons qu’aucun gouvernant ne
s’y risquera. Personne n’a jamais
proposé de faire monter le chô-
mage pour sauver des vies. n
santé, les experts des maladies
infectieuses, les succès de pays
comme l’Allemagne ou la Corée du
Sud plaident tous en ce sens.
En France, l’Etat s’est positionné
comme le responsable de la politi-
que de santé. Il devrait donc s’assu-
rer de l’accès effectif de la popula-
tion à des moyens de protection
efficaces contre la Covid-19. Les
entreprises françaises, dont on
attend qu’elles fassent repartir l’éco-
nomie, en ont besoin pour rassurer
leurs salariés et faire en sorte que la
reprise soit la plus rapide et la plus
pérenne possible. Elles seraient en
droit, comme les partenaires
sociaux, d’exiger que l’Etat rem-
plisse mieux son rôle pour leur per-
mettre à elles de remplir le leur.
Cécile Philippe est présidente
de l’Institut économique Molinari.
10 // IDEES & DEBATS
opinions
LE MEILLEUR DU
CERCLE DES ÉCHOS
La mondialisation est
la solution, pas le problème
Il est souvent dit que l’ampleur de la
pandémie de Covid-19 est la faillite de la
mondialisation. Pour Guillaume Moukala
Same, président du club de réflexion Les
Affranchis - Students for Liberty France,
le problème n’est pas la mondialisation en
soi, mais son manque de diversité.
APPROVISIONNEMENT « Si la crise met en
évidence la fragilité de certaines chaînes de
production, faut-il en conclure que le
localisme constitue une réponse pertinente ?
Rien n’est moins sûr. […] Le problème de la
sécurité alimentaire, par exemple, ne s’est
jamais résolu en érigeant des barrières. […]
La mondialisation a contribué à réduire la
faim dans le monde justement car elle
permet aux populations de ne plus dépendre
d’une seule source d’approvisionnement. »
ROBUSTESSE « Cela dit, il est incontestable
que l’hyper-spécialisation qui caractérise la
mondialisation actuelle a montré ses limites.
Comme le souligne le cabinet de conseil
Deloitte dans une note, les entreprises qui
sont “excessivement dépendantes à l’égard
d’une seule région géographique ou d’un seul
fournisseur pour les produits clés” en
subissent aujourd’hui les conséquences. […]
La crise du Covid-19 agit donc comme une
piqûre de rappel sur les entrepreneurs qui
saisissent progressivement l’urgence de
concevoir des chaînes de production plus
robustes et non plus selon le seul critère de la
compétitivité-coût. »
DIVERSIFICATION « La question pertinente
n’est pas de savoir s’il faut relocaliser ou non,
mais si on se protège vraiment des risques
éventuels en concentrant la production sur un
seul territoire – fût-il local. Comme en finance,
le meilleur moyen de mitiger les risques reste
de diversifier ses placements. La solution
apparaît donc évidente : une mondialisation
plus diversifiée, avec des chaînes
d’approvisionnement qui s’appuient sur
des sources nationales et internationales. »
a
Lire l’intégralité sur Le Cercle
lesechos.fr/idees-debats/cercle
LE LIVRE
DU JOUR
Parfum de femme
LE PROPOS. Jusqu’ici l’on pouvait
penser que le terme de biographie
ne s’appliquait qu’à un être humain,
homme ou femme si l’on s’obstine à
se cantonner à ce ringard système
binaire duquel l’oppression macho-
capitaliste persiste à vouloir faire
ses choux gras. De là à se lancer
dans la biographie d’un « parfum »,
certes le plus illustre, sans doute
des plus vendus au monde, il y avait
un pas que Marie-Dominique
Lelièvre a bien fait de franchir. En
se lançant sur les traces de la
conception puis de la vie du N° 5,
elle nous livre une enquête
passionnante quasi policière. Mais
des êtres humains rassurez-vous, il
y en a aussi, surtout la Café Society.
On croise Churchill, Diaghilev,
Théophile Bader fondateur des
Galeries Lafayette, même Gilberte
Beaux, belle-fille du célèbre nez
Ernest Beaux, et avant tout bien sûr
Mademoiselle, ses envies, sa
détermination, ses amants, son
antisémitisme. Le récit de la façon
dont elle essaya d’évincer ses
associés pendant la guerre est
remarquable. Le portrait de
l’avionneur Félix Amiot qui permit
aux Wertheimer d’« aryaniser »
DANS LA PRESSE
ÉTRANGÈRE
Allemagne : extrême
prudence sanitaire
•nonCeplus
n’est pas la fin du monde mais pas
la fin des mesures barrières
contre le coronavirus. Au contraire, au
lendemain de l’appel à la prudence
lancé par la chancelière allemande,
Angela Merkel, le « Spiegel » estime que
ce n’est toujours pas l’heure d’un relâ-
chement.
« Les mesures doivent être au con-
traire renforcées », souligne dans un édi-
torial le magazine. Sa crainte est de con-
naître en Allemagne « l’enfer humain »
qui s’est abattu sur l’Italie et l’Espagne.
Avec 153.000 cas de Covid-19 recen-
sés vendredi par le site Worldometer, la
République fédérale se classe au cin-
quième rang mondial, juste derrière la
France (158.000 cas), mais elle est arri-
vée jusqu’à présent, grâce au confine-
ment, à la multiplication des tests, et à
un système de santé performant, à limi-
ter le nombre de morts de ce virus
(5.580, à comparer à 22.000 en France).
L’auteur de l’article cite une étude
d’un professeur de Harvard, Stephen
Kissler, et de son équipe selon laquelle le
monde devrait se confronter au corona-
virus jusqu’en 2022. « Ce n’est pas un scé-
nario alarmiste mais réaliste », écrit le
magazine. Les statistiques américaines
sur lesquelles sont fondés les travaux
du scientifique peuvent être différentes
de celles de l’Allemagne « mais les pro-
babilités risquent d’être similaires ».
Si les efforts actuels de distanciation
sociale ne sont pas maintenus, le risque
est de voir les gouvernements obligés
d’appliquer de façon répétitive des mesu-
res strictes de confinement pour lutter
contre des retours cycliques du virus.
« Nous ne sommes qu’au début de la pan-
démie », estime le « Spiegel », comme
l’avait d’ailleurs dit la chancelière.
Le véritable défi cependant est d’équi-
librer la menace sanitaire et le risque
économique. Gouverner est finalement
un exercice d’équilibriste.
— J. H.-R.
« Le N° 5 de Chanel,
biographie non autorisée ».
Marie-Dominique Lelièvre. Stock.
275 pages, 21,50 euros.
leur société pendant l’Occupation
et celui de Hans Günther von
Dincklage, l’amant allemand, sont à
eux seuls de vrais romans.
L’INTÉRÊT. Avec son lot de
documents inédits et de
révélations, un style aussi fluide
que le jersey Chanel, l’auteur déjà
remarquée sur Saint Laurent, BB,
Sagan, réussit son pari de faire
vivre un parfum. Il est vrai qu’il
s’agit du parfum avec un grand P.
— Sabine Delanglade
En Afrique, la faim tuera
plus vite que l’épidémie
Le Covid-19 réduit peut-être les inégalités mondiales sur le plan
de la santé, puisque les continents les plus pauvres et les plus jeunes
sont les moins affectés pour le moment. Mais il risque d’aggraver
encore les inégalités sur le plan économique et social.
LE REGARD
SUR LE MONDE
de Dominique
Moïsi
D
ans l’univers d’incertitudes infi-
nies qui est le nôtre depuis les
débuts de l’épidémie de corona-
virus, trois questions l’emportent sur
d’autres. Y aura-t-il une deuxième vague
de l’épidémie ? Trouvera-t-on, et dans
quel délai, un vaccin ? Enfin les géants
démographiques de la planète que sont
l’Afrique et le sous-continent indien (plus
d’un quart de l’humanité à eux deux)
subiront-ils de plein fouet l’épidémie ?
Cette dernière question contribuera
tout particulièrement à donner sa signi-
fication globale et son ampleur à l’épi-
démie de coronavirus. En termes géo-
politiques, le coronavirus est peut-être
un accélérateur de l’histoire. Se peut-il
qu’il produise aussi un effet de rééquili-
brage entre continents ? A moins que,
de manière plus « classique », il ne fasse
qu’approfondir et accélérer les inégali-
tés de conditions qui existent déjà entre
sociétés et à l’intérieur de celles-ci ?
En cette fin d’avril 2020, ce qu’on
appelait hier les pays du tiers-monde
semblent moins affectés par l’épidémie
que les pays riches et développés. Les
trois quarts des près de 200.000 victi-
mes décédées sont européennes ou
américaines. En Afrique, le Covid-19
commencerait à être appelé par cer-
tains, « la Peste blanche ». Une dénomi-
nation provocatrice, qui intègre – si elle
correspond vraiment à la réalité – une
dimension de revanche : « Vous ne vou-
lez pas de moi comme réfugié politique ou
migrant économique : eh bien je ne veux
pas de vous, qui êtes devenus porteurs de
l’infection, sur mon continent. »
Cette dénomination est paradoxale, à
l’heure où Donald Trump parle du
« virus chinois ». Elle l’est plus encore,
quand on sait qu’aux Etats-Unis les
Afro-Américains sont particulière-
ment affectés par la pandémie. Dans
une ville comme Chicago, la commu-
nauté noire ne représente que 30 % de
la population, mais constitue 70 % des
victimes du virus. Dans le NHS (le sys-
tème de santé britannique), les études
montrent que les personnels de couleur
(d’origine africaine ou indo-pakista-
naise) risquent de développer nette-
ment plus des formes graves de la mala-
die que les autres.
En « temps normal », surtout depuis
les progrès spectaculaires réalisés par la
médecine, l’espérance de vie des popula-
tions les plus aisées et les plus éduquées
est très supérieure à celle des plus pau-
vres et des moins éduquées. Cet écart
s’est même approfondi au cours des der-
nières années avec l’explosion des inéga-
lités. Historiquement, les épidémies ont
à l’inverse constitué pendant des siècles
et, en apparence au moins aujourd’hui
encore, « des grands égalisateurs » qui
affectent de manière égale, les puissants
et les misérables. Saint Louis est mort de
la peste (ou du typhus), Louis XV de la
Les trois quarts des près
de 200.000 victimes
décédées sont
européennes
ou américaines.
En Afrique, le Covid-19
commencerait à être
appelé par certains,
« la Peste blanche ».
petite vérole et Boris Johnson s’est
trouvé pendant quelques heures entre la
vie et la mort. Ce phénomène d’égalisa-
tion des destins individuels s’applique-
rait-il également à la relation entre les
continents ? La pyramide des âges ne
protège-t-elle pas l’Afrique et le sous-
continent indien face à un virus qui
menace surtout les personnes âgées ?
Sur le continent africain, 60 % de la
population a moins de 25 ans contre
17 % en Europe. A l’autre extrémité de la
courbe des âges, seuls 4 % des Africains
ont plus de 65 ans, contre 20 % en
France, 16 % aux Etats-Unis, 11 % en
Chine. A titre de comparaison, en Inde
46 % de la population a moins de 25 ans.
Par ailleurs, le nombre des cas d’obésité
– un facteur aggravant face à la mala-
die – est relativement faible, tant en
Afrique que dans le monde indo-pakis-
tanais. Les considérations climatiques
mises en avant par certains experts
Lundi 27 avril 2020 Les Echos
Afolabi Sotunde/Reuters
pour expliquer le développement jus-
qu’à présent relativement contenu de
l’épidémie sont peut-être décisives,
mais ne sont pas les seules.
Prévenir plutôt que guérir
Par ailleurs l’expérience de la gestion de
crises sanitaires majeures, comme
Ebola ou le VIH, a sans doute mieux pré-
paré les dirigeants africains à faire face à
la nouvelle épidémie. Ils sont aussi par-
faitement conscients – compte tenu du
niveau des infrastructures sanitaires
existantes dans leurs pays respectifs,
même s’il existe des différences considé-
rables entre eux – qu’il est urgent de pré-
venir plutôt que de guérir. En Républi-
que démocratique du Congo par
exemple, il y a moins de 100 respirateurs
pour une population de plus de 80 mil-
lions d’habitants. De plus dans la majo-
rité des pays africains où une proportion
élevée de la population vit au jour le jour
et a besoin de générer son revenu quoti-
dien pour survivre, le confinement est
tout simplement impossible.
Ce qui amène à poser une question
particulièrement brutale : avec la crise
économique d’une ampleur inégalée
qui s’annonce, de nombreux Africains,
Indiens et Pakistanais, pour ne pas par-
ler du Bangladesh et des pays voisins,
risquent tout simplement de mourir de
faim avant même de mourir de la mala-
die. Dans ces deux parties du monde, la
démographie impose plus encore
qu’ailleurs des politiques préventives de
confinement qui, si elles n’étaient pas
appliquées, déboucheraient sur des
désastres sanitaires d’une ampleur iné-
galée. Mais ces politiques de « confine-
ment » poussent vers la misère absolue
des masses qui peinent déjà à survivre.
Ainsi en Afrique alors que la population
du continent croît de 2,7 % par an, la
Banque mondiale prévoit une chute de
la croissance de –2,1 à –5,7 % en 2020.
Lorsqu’un virus est nouveau et
encore peu compris, il frappe indiffé-
remment riches et pauvres. Avec le
temps, cet « égalitarisme » disparaît
très vite. Les plus vulnérables économi-
quement finissent toujours par être les
principales victimes. La solidarité éclai-
rée des « riches » (qui le seront moins)
est plus nécessaire que jamais.
Dominique Moïsi est conseiller
spécial de l’Institut Montaigne.
 Les Echos Lundi 27 avril 2020 IDEES & DEBATS // 11

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« La Story »

LE POINT
DE VUE Pétrole et prix négatif : La grande saga du prolétariat
de Philippe Chalmin
ce qui s’est vraiment Olivier De Bruyn
@OlivierBruyn
SÉRIE DOCUMENTAIRE
Le Temps
de la destruction » (de 1936
à nos jours), enfin, il inter-

passé Comment raconter l’his-

toire du monde ouvrier, ses
évolutions et ses métamor-
phoses du début du
XVIIIe siècle à nos jours en…
des ouvriers
de Stan Neumann
Quatre épisodes de 1 heure.
roge les conséquences des
tumultes de la grande his-
toire et de la Seconde
Sur Arte le mardi 28 avril Guerre mondiale sur le
à 20 h 50. monde ouvrier, puis la
Sur Arte.tv désindustrialisation à mar-

O
n avait les taux négatifs, voilà
donc le pétrole négatif ! La
semaine dernière, le baril de
pétrole américain (WTI) a clôturé sur la
Bourse de New York à $ – 37,63 ! La nou-
velle a fait le tour du monde suscitant à
juste raison incrédulité et incompré-
hension. Pourtant, ce n’est pas une
« fake news », simplement une toute
petite partie de la réalité du marché du
pétrole : c’est le contrat échéance mai
du Nymex qui a clôturé en négatif, une
échéance dont le terme était mardi
21 avril.
Le pétrole est coté sur des marchés à
terme. On peut y acheter ou vendre des
contrats à échéance du mois de mai par
exemple en un endroit précis : à
Cushing dans l’Oklahoma pour la cota-
tion de New York. Cushing est un nœud
d’oléoducs et a une des plus importantes
capacités de stockage des Etats-Unis
(76 Mb).
Normalement, sur les marchés à
terme, très rares sont les opérations
qui vont jusqu’à leur issue physique.
Les opérateurs sont pour l’essentiel des
investisseurs (fonds de placement)
pour lesquels les commodités sont une
classe d’actifs comme une autre. Ils
viennent y spéculer et n’ont pas les
capacités de gérer des flux de mar-
chandises physiques. En général, ils ne
traitent d’ailleurs pas les échéances les
plus rapprochées dont la liquidité (les
volumes traités) diminue au fur et à
mesure que l’on se rapproche de
l’échéance. Ne restent alors en position
que les opérateurs capables de livrer
ou de prendre livraison de ce pétrole à
Cushing, ce qui ne représente guère
plus de 0,1 % des volumes de contrats
« papier » échangés.
Que s’est-il donc passé ce 20 avril
après-midi à New York ? Un certain
nombre d’opérateurs étaient encore en
position sur l’échéance de mai. Ce n’était
Avec la baisse
de la demande
mondiale de pétrole liée
au coronavirus (– 30 %),
partout les stocks
débordent sur terre
et en mer.
certainement plus de purs spéculateurs
financiers, mais des gens capables de
gérer du pétrole physique. Certains
étaient acheteurs et s’apprêtaient donc
à prendre livraison de pétrole le lende-
main à Cushing.
Mais, soudain, ils ont pris conscience
qu’il n’y avait pas d’espace de stockage
disponible ou que les prix de location en
étaient devenus prohibitifs. Désespé-
rés, ils ont cherché à vendre leur
« papier », mais en face, il n’y avait pas
d’acheteurs ou du moins ceux qui
tenaient le marché et les capacités de
stockage attendaient… que le prix
tombe, devienne négatif jusqu’à $ – 40 le
baril ! C’est ce que l’on appelle sur les
marchés un «squeeze» ! Cette fois-ci, il
porte sur la denrée la plus rare, non pas
le pétrole, mais l’espace de stockage
dans une obscure bourgade de l’Okla-
homa !
Ce n’est donc pas le prix du pétrole
qui pose problème : le baril de pétrole
américain pour l’échéance de juin est à
$ 20, et le brent, la vraie référence mon-
diale, à un peu moins de $ 30. Mais sur
les marchés physiques, pour certaines
qualités (Canada, Mexique) en certains
endroits (à Midland au cœur de la zone
de production du Texas), les prix sont
bien inférieurs à $ 10.
Et n’oublions pas que la notion de
prix négatif existe bien pour certains
produits dont on ne peut maîtriser la
production : cela a été le cas pour le gaz
naturel aux Etats-Unis et pour l’électri-
cité en Europe au mois de mars. Enfin, il
est exa ct qu’avec la ba isse de la
demande mondiale de pétrole liée au
coronavirus (– 30 %), partout les stocks
débordent sur terre et en mer. Voilà en
tout cas une belle histoire que se racon-
teront pendant longtemps les traders
au coin du feu.
Philippe Chalmin est économiste,
professeur d’université et président
fondateur de CyclOpe.
quatre heures ? Stan Neu- jusqu’au 26 juin.
mann relève ce défi a priori
impossible dans « Le Temps des ouvriers »,
une série documentaire remarquable diffu-
sée sur Arte qui échappe à chaque instant
aux pièges du didactisme et de l’édification.
Pour retracer cette longue histoire tour-
mentée et le contexte dans lequel elle s’ins-
crit, le documentariste, maître d’œuvre en
compagnie de Richard Copans de la série
« Architectures », également sur Arte, a
choisi de diviser sa « somme » en quatre
chapitres qui correspondent à autant d’épi-
sodes d’une heure.
Stan Neumann examine d’abord dans
« Le Temps de l’usine » (1700-1820) l’essor
de la nouvelle économie industrielle en
Grande-Bretagne et le « factory system »
qui impose aux travailleurs des conditions
de travail infernales pour des salaires de
misère. Dans « Le Temps des barricades »
(1820-1890), il autopsie entre autres l’essor
des mouvements révolutionnaires en
France. Dans « Le Temps à la chaîne »
(1880-1935), il radiographie principalement
les bouleversements dans la production et
leurs répercussions sur l’existence des
petits soldats des usines. Dans « Le Temps
che forcée des dernières
décennies.
Historique et contemporain
Ponctué d’images d’archives innombrables
et toujours utilisées de façon pertinente, la
série ne se contente pas de relater des faits
marquants dans l’histoire du monde
ouvrier. Sans volontarisme ni raccourcis,
elle s’efforce de mettre en parallèle certai-
nes caractéristiques du passé avec celles du
présent, en donnant à la fois la parole à des
travailleurs d’aujourd’hui et à des historiens
ou philosophes (tels Jacques Rancière et
Stefan Berger).
« Pour réveiller le passé, raconte Stan Neu-
mann, j’ai choisi de le confronter à des témoi-
gnages et des situations actuels, comme
autant de chocs temporels. Cela remet en
cause l’apparente continuité de la narration
historique pour souligner combien cette his-
toire fait sens dans notre présent. » Le résul-
tat, porté par la voix off de Bernard
Lavilliers qui joue le rôle de narrateur,
donne à réfléchir sur les grands événe-
ments d’hier comme sur les réalités con-
temporaines. Indispensable pour qui s’inté-
resse à l’histoire et… à l’actualité. n

LE POINT
DE VUE Il va falloir apprendre
de Alain Bauer
et Laurent Cappelletti à travailler en univers
Covid-19
Photographiée par Lewis Hine, une fillette travaillant dans une usine de filature
à Newberry, en Caroline du Sud, en 1908. Photo lewis Hine

D epuis le 15 mars 2020, la France

a opté pour un confinement col-
lectif dont il est possible, en
ordre de grandeur, d’évaluer le coût.
L’Insee et la Banque de France l’ont éva-
lué à 75 milliards d’euros par mois à par-
tir des coûts visibles du confinement, en
partant des données transmises par les
différents secteurs économiques fran-
çais. Or, les travaux sur les coûts cachés,
c’est-à-dire les coûts non ou mal enregis-
trés par les systèmes d’information tra-
ditionnels, montrent qu’ils représentent
de 50 à 100 % des coûts visibles dans le
cas de perturbations extrêmes ou inédi-
tes. Ces coûts cachés proviennent
notamment des défauts de qualité des
produits ou services en raison de condi-
tions de travail dégradées ou profondé-
ment modifiées, de non-production
causée par les maladies professionnel-
les et les risques psychosociologiques
liés au virus, ou bien de suspension voire
d’annulation de commandes. Les coûts
d’un mois de confinement, visibles et
cachés, pourraient ainsi atteindre 6 %
du PIB – soit 150 milliards d’euros –, ce
que projettent des études comme celle
de l’institut économique allemand IFO.
Ce coût doit être considéré comme
Dessin Mailys Glaize pour « Les Echos »
catives et économiques insupportables,
et lorsque les conditions sanitaires
seront réunies, il devient déraisonnable
de ne pas se préparer à sortir du confi-
nement collectif. Le président Macron a
fixé cette échéance au 11 mai, si les
conditions sanitaires définies étaient
atteintes. Or, en l’absence de thérapie
efficace (traitements sûrs et vaccin) et
tant que le virus circule partout dans le
monde (ce qui est le cas), c’est donc la
capacité d’un peuple à apprendre à
vivre et à travailler en univers Covid qui
devient la condition première de sa sur-
vie-développement à moyen terme.
Le déconfinement est
un investissement qui
aura lui aussi un coût,
celui du temps
d’apprentissage collectif
à la vie et au travail
en univers Covid.
La réussite de la sortie de confine-
ment suppose un apprentissage collec-
tif national. C’est tout d’abord l’appren-
leur respect, etc.) de prévention et de
curation de la maladie. Enfin, de la part
des entreprises et des organisations – de
la boulangerie de quartier à l’adminis-
tration jusqu’au grand groupe interna-
tional – c’est la capacité à organiser le
management des salariés de façon sani-
tairement et humainement responsa-
ble dans cet univers Covid.
On comprend dès lors que, comme
pour le confinement, le déconfinement
est un investissement qui aura donc lui
aussi un coût intégral, celui du temps
d’apprentissage collectif à la vie et au
travail en univers Covid. Est-ce que ce
coût sera de 1/3, 1/2 ou 2/3 du coût du
confinement collectif ? Les travaux sur
les coûts cachés indiqueraient au
moins 1/3, soit de l’ordre de 50 milliards
d’euros par mois (2 % du PIB). Combien
de temps faudra-t-il pour « digérer » un
tel apprentissage collectif ? Selon les
experts des crises passées, le processus
pandémique serait d’environ 12 semai-
nes, la sortie (avec des répliques de
moindre intensité) d’environ 18 mois.
La bonne acquisition de la compé-
tence collective de vie et de travail en
univers Covid sera dans tous les cas un
puissant levier du redémarrage de
L’œil du tigre
Cécilia Delporte SÉRIE DOCUMENTAIRE de sa propre télé-réalité sur
@ceciliadelporte Au royaume Internet, l’homme mène
des fauves depuis son zoo une guerre
Joe Exotic ou l’homme qui (Tiger King) féroce contre Carole Bas-
murmurait à l’oreille des d’Eric Goode kin, une propriétaire d’un
tigres. Tout relève du fan- et Rebecca Chaiklin. refuge pour grands félins.
tasque dans la vie de cet Sur Netflix, 7 épisodes Cette militante – par
ancien propriétaire de zoo, d’environ 40 minutes. ailleurs accusée d’avoir jeté
chanteur country à ses heu- son mari en pâture au
res et criminel notoire. Cheveux peroxydés tigre – se bat depuis des années contre l’éle-
et arme à feu à la ceinture, ce cow-boy vage des animaux sauvages. De quoi susci-
moderne n’a toujours eu qu’un souhait : ter la colère de Joe, furieux à l’idée que son
celui d’être aimé. Libertarien dans l’âme, parc puisse un jour fermer. Une longue riva-
jonglant de mariage en mariage, sa mégalo- lité qui finira, des années plus tard, par un
manie maladive l’a conduit au fin fond meurtre commandité.
d’une prison texane.
De quoi inspirer le géant américain Net- Le roi des marginaux
flix, qui lui consacre ce printemps le docu- A cette drôle d’enquête criminelle, s’ajou-
mentaire « Au royaume des fauves », tent des trafics en tout genre, où la réalité
visionné plus de 34 millions de fois aux dépasse souvent la fiction. Quant aux nom-
Etats-Unis. Un phénomène de société, alors breux protagonistes, tous se révèlent plus
même que plusieurs pétitions appellent à surréalistes les uns que les autres, du dres-
gracier ce curieux personnage. Invité à seur polygame Doc Antle, également gou-
s’exprimer sur une possible libération, rou d’une secte, au mafieux Mario Tabraue,

un investissement indispensable pour
préserver des vies humaines. La diffi-
culté à faire le choix entre une supposée
immunité collective et une atteinte
grave aux circuits économiques a incité
les gouvernements les moins préparés
à opter pour « l’entre-deux ». Mais,
compte tenu du coût gigantesque du
confinement, qui entraîne, en retour,
des détresses sanitaires, sociales, édu-
tissage par chacun des gestes barrières
et de distanciation sociale. De la part des
services publics, c’est la capacité à orga-
niser la logistique pour le public des
outils matériels (masques, tests, prise
en charge des contaminés et des conta-
minants, traçage numérique accepta-
ble, etc.) et immatériels (applicabilité
des distances sociales et des gestes bar-
rières, organisation et surveillance de
l’économie.
Alain Bauer est professeur du
Conservatoire national des arts et
métiers, spécialiste en gestion de
crise. Laurent Cappelletti est
professeur du Conservatoire national
des arts et métiers, directeur à
l’Institut de socio-économie des
entreprises et des organisations.
Donald Trump répondra, sourire en coin :
« Je jetterai un coup d’œil ». Mais d’où vient
cette fascination pour celui que l’on sur-
nomme désormais le « Tiger King » ?
Au cœur de l’Oklahoma
« Au royaume des fauves » nous emmène
au cœur de l’Oklahoma, où Joe Exotic
dompte les tigres à grands coups de revol-
ver. Drapé dans des vestes à franges, à la tête
qui aurait inspiré à Brian De Palma le per-
sonnage culte de « Scarface ».
Une plongée dans l’Amérique profonde,
où Joe Exotic est le roi des paumés et des
marginaux. Celui qui se désigne comme un
« redneck gay, obsédé par les armes à feu », se
lancera même en politique, galvanisé par le
pouvoir et la notoriété. Triste ironie : c’est
derrière les barreaux qu’il deviendra enfin
une célébrité. n
12 // IDEES & DEBATS
sciences
Méthodes scientifiques
et épidémies
LA
CHRONIQUE
de Didier Raoult
I l me semble que la controverse actuelle autour
de la méthode qu’il convient d’appliquer à la
recherche d’un traitement contre le coronavirus
est due au fait que nous ne parlons pas de la même
chose. Dans les sociétés occidentales riches, où
l’espérance de vie a augmenté de façon considérable,
les bénéfices à espérer de nouvelles thérapeutiques
sont, en règle générale, relativement faibles
(en dehors de quelques domaines bien particuliers,
comme les cancers à évolution défavorable).
Or, lorsque le bénéfice à espérer de nouvelles
thérapeutiques est faible, l’extrême prudence
des gouvernants et des régulateurs est parfaitement
compréhensible. C’est le sens du principe de
précaution, qui traduit une aversion aux risques
dans les périodes stables. Mais, en période de crise,
le problème est totalement différent. Et quand il
s’agit d’une épidémie de l’ampleur de celle de Covid-
19, les choix deviennent même urgents. Le problème
que nous pose le coronavirus est celui que nous
posaient les maladies infectieuses au XXe siècle :
une situation nouvelle et dangereuse, l’espoir de
bénéfices importants à très court terme. Ceci ouvre
la porte à la recherche tous azimuts de traitements
innovants. En s’appuyant d’abord sur des
observations anecdotiques, puis sur des séries
observationnelles. La question fondamentale
est donc : peut-on employer des méthodes qui ont
été pensées et conçues pour faire avancer la
connaissance quand les bénéfices à espérer sont
extrêmement faibles, dans des situations où, au
contraire, ces bénéfices sont extrêmement forts ?
Le risque acceptable dans les deux situations n’est
pas le même, car le bénéfice espéré n’est pas le même
non plus. Enfin, dans les épidémies, le facteur temps
compte beaucoup. Il est possible que les résultats
des essais randomisés programmés par les grandes
institutions ne seront disponibles que lorsque
l’épidémie sera derrière nous et ces résultats seront
alors inutiles. J’espère que cette réflexion nous
permettra de comprendre que la méthode n’est pas
une science mais un outil au service d’une question
précise. La question posée par une épidémie
vraisemblablement limitée dans le temps, d’une
durée relativement courte, ne peut pas être traitée
avec des méthodes mises en place sur le temps long
pour des infections chroniques ou établies, dont
on maîtrise déjà la thérapeutique.
Didier Raoult est professeur de microbiologie
à la faculté de biologie de Marseille.
o geants des groupes du CAC 40 et d’autres
LA PUBLICATION
La lumière du soleil
affaiblirait le coronavirus
L
’étude émane d’un laboratoire de recherche
sur la biodéfense créé par le ministère
américain de la Sécurité intérieure
et a été présentée jeudi à l’administration Trump,
qui n’a pas manqué de s’en faire l’écho alors que
Washington ne fait pas mystère de son désir
de voir redémarrer au plus vite l’économie. Pour
politiquement « opportune » qu’elle soit, elle n’en
est pas moins intéressante. A approche de l’été, elle
tend à démontrer que la chaleur, l’humidité et les
rayons du soleil affaiblissent le coronavirus SARS-
CoV-2. A l’appui de ces conclusions, le laboratoire
fournit des données chiffrées : selon elles, sur une
surface non poreuse telle une poignée de porte,
la demi-vie du virus (c’est-à-dire le temps nécessaire
pour réduire de moitié sa puissance) serait
de 18 heures avec une température comprise entre
21 et 24 °C et 20 % d’humidité, mais de 6 heures
quand le taux d’humidité monte à 80 %, et de
seulement 2 minutes lorsque la surface est exposée
au rayonnement solaire ; en suspension dans l’air,
la demi-vie serait de 1 heure avec une température
de 21 à 24 °C et 20 % d’humidité, mais, sans modifier
ces valeurs, si l’on ajoute la lumière du soleil, cette
durée tomberait à une minute et demie. Des études
précédentes avaient montré que le virus survivait
mieux dans des conditions météorologiques froides
et sèches plutôt que chaudes et humides.
— Y. V.
CORONAVIRUS // Se posant en alternative à l’application de traçage StopCovid,
CovidIA se veut un outil de pilotage du déconfinement à la disposition du gouvernement.
Le point sur son état d’avancement et ses modalités.
CovidIA, une intelligence artificielle
pour éviter la deuxième vague
Yann Verdo
@verdoyann
P
ar catégories socioprofessionnelles
ou par classes d’âge ? Dans quel
ordre ? A quel rythme ? En testant
qui et comment ? Edouard Philippe l’a
reconnu début avril, trouver la meilleure
façon de déconfiner la population, celle qui
permettra un retour progressif à la normale
tout en limitant le plus possible les dégâts
sur le plan sanitaire, s’apparente à un exer-
cice « redoutablement complexe », pour
lequel il n’existe ni « précédent » ni
« méthode éprouvée » sur quoi s’appuyer.
Pour se sortir de ce casse-tête, les autorités
comptent, on le sait, sur les outils numéri-
ques. Parmi eux, l’application StopCovid,
défendue par le secrétaire d’Etat au Numé-
rique, Cédric O, et pour laquelle l’Académie
de médecine vient de rendre un avis favora-
ble, a déjà fait couler beaucoup d’encre.
Mais ce n’est pas la seule.
Il existe en effet une alternative au traçage
numérique d’une partie de la population via
la fonction Bluetooth des téléphones porta-
bles. Elle réside dans la simulation numéri-
que de l’impact des différentes stratégies de
déconfinement. Rendue possible par les pro-
grès de l’intelligence artificielle, cette simula-
tion prendrait la forme d’une carte de France
prospective et interactive, permettant aux
pouvoirs publics, chef de l’Etat en tête, de tes-
ter une stratégie après l’autre, en faisant
varier les paramètres clefs : la carte donne-
rait alors à voir le résultat épidémiologique
de telle ou telle configuration à l’horizon
d’une semaine, quinze jours, trois semaines…
C’est à construire une pareille carte que
travaille l’association CovidIA, née d’une ini-
tiative lancée le 4 avril et actuellement por-
tée par un groupe de dix scientifiques et
médecins (voir la liste ci-contre). Des démar-
ches ont été entreprises pour transformer
l’association en fondation abritée. « CovidIA
n’a rien à voir avec une application de traçage
comme StopCovid. Ce que nous proposons
aux pouvoirs publics, c’est un outil de pilotage
du déconfinement », explique l’un de ses
membres fondateurs, Alexandre Mignon,
anesthésiste-réanimateur de l’hôpital
Cochin. Ce dernier a d’ores et déjà pris son
bâton de pèlerin pour convaincre les diri-
grandes entreprises françaises de devenir
mécènes de la future fondation, moyennant
quoi ces entreprises et leurs salariés intégre-
ront le dispositif destiné à alimenter en don-
nées le modèle d’intelligence artificielle
devant générer la carte de France du décon-
finement.
Test sérologique
Pour les salariés des entreprises participan-
tes, tout se fera sur la base de volontariat. Ils
seront invités à se rendre auprès de leur
médecin du travail, qui leur fera répondre à
un questionnaire d’une dizaine d’items et
procédera à un test sérologique, effectué à
partir d’une goutte de sang capillaire préle-
vée au bout du doigt, pour savoir s’ils ont
développé les anticorps signifiant qu’ils ont
été en contact avec le virus et sont donc
immunisés – l’hypothèse actuelle étant que
les anticorps sont bien neutralisants, même
si ce point continue de faire débat dans la
communauté scientifique (lire ci-dessous).
« Contrairement à ce qu’on peut lire ici ou là,
ces tests sérologiques sont déjà disponibles. Ils
sont sensibles et spécifiques, autrement dit fia-
bles », assure Alexandre Mignon. C’est la
future fondation qui se chargera de les ache-
ter pour le compte de ses entreprises mécè-
nes. Elle prévoit dans un premier temps d’en
acquérir 1 million, pour un budget avoisinant
15 millions d’euros. Si l’objectif est de réaliser
plusieurs centaines de milliers de tests dans
le délai le plus court possible, et ce sur tout le
territoire national, il faudra commencer par
expérimenter le dispositif à une échelle
locale. Le président du Marché de Rungis,
Stéphane Layani, faisant partie des person-
Lundi 27 avril 2020 Les Echos
Le déconfinement est un exercice pour lequel il n’existe ni « précédent » ni « méthode éprouvée »
sur quoi s’appuyer, a reconnu le Premier ministre, Edouard Philippe. Photo François Guillot/AFP
Les membres nalités approchées, les 12.000 employés du manne dans leur modèle d’IA. « Les données
de CovidIA marché central de Paris seront les premiers à
pouvoir, dès le 4 mai, se faire tester. Pour le
individuelles seront conservées de façon tem-
poraire, pas plus longtemps qu’il ne sera
salarié qui aura accepté de se soumettre à un nécessaire, et leur utilisation sera surveillée
l Pr Sadek Beloucif test, de deux choses l’une : soit – bonne nou- par un comité indépendant de sages »,
anesthésiste- velle – il est déclaré séropositif au SARS- précise Alexandre Mignon.
réanimateur CoV-2 et peut alors reprendre le travail sans Pour CovidIA, cette manne sera vérita-
(université Sorbonne craindre pour sa santé ni celle d’autrui (le blement le nerf de la guerre contre l’épidé-
Paris Nord) virus ne peut plus passer par lui) ; soit il est mie. En effet, comme pour toute simulation
l Pr Patrick Berche séronégatif et ce sera alors au médecin du basée sur l’apprentissage automatique,
microbiologiste, travail d’apprécier s’il risque ou non de plus les ordinateurs de CovidIA seront
ancien doyen de la développer une forme grave ; si oui, il se verra alimentés en données réelles, plus les prévi-
faculté de médecine prié de rentrer chez lui. sions de sa carte épidémiologique seront
Paris-Descartes fiables et précises. Les campagnes de tests
l Pr Xavier Deparis Niveau de granularité organisées au niveau des entreprises mécè-
épidémiologiste, A l’issue de chaque consultation, les méde- nes auront valeur de « scan » de la popula-
ancien directeur cins du travail recueilleront l’accord des tion, l’objectif affiché étant bien de tester
du Centre salariés testés pour que leurs données statistiquement (et non effectivement, ce
d’épidémiologie soient transmises à la fondation CovidIA qui prendrait sans doute plus de deux ans)
et de santé publique ainsi qu’à la Direction générale de la santé. les 67 millions de Français.
des armées (Cespa) Deux niveaux de granularité sont actuelle-
l Pr Yvon Maday ment envisagés. Soit les salariés testés
mathématicien à n’indiqueront que leur commune d’habita- L’objectif affiché est de
Sorbonne Université tion, auquel cas les données recueillies, tester statistiquement
(laboratoire Jacques- anonymes, seront agrégées à l’échelle de ce (et non effectivement)
Louis Lions) et à
l’Institut universitaire
que l’Insee appelle les Iris (Ilots regroupés
pour l’information statistique), cette maille
les 67 millions de Français.
de France permettant un découpage du territoire en
l Pr Vincent Maréchal zones à la population équivalente (de l’ordre Le 21 avril, une étude de l’Institut Pasteur
virologue (Sorbonne de 2.000 habitants). Soit ils accepteront de parue dans l’archive ouverte HAL est venue
Université)
l Pr Alexandre
fournir leur numéro de téléphone portable,
l’accès à ces données personnelles offrant
montrer que seuls près de 6 % de la popula-
tion française aurait été contaminée par le
Mignon
anesthésiste-
évidemment un niveau de granularité plus SARS-CoV-2 au décours de la première
fin mais nécessitant l’accord de la Commis- vague épidémique, le nombre de reproduc-
réanimateur
sion nationale de l’informatique et des tion R0 (indiquant le nombre de personnes
(université de Paris) libertés (CNIL). Appelée à se prononcer, cel- infectées par chaque malade) étant tombé
l Pr Didier Payen le-ci doit rendre son verdict dans les tout de 3,3 à la mi-mars à 0,5 actuellement grâce
anesthésiste- prochains jours. En attendant son éventuel au confinement. C’est dire si nous sommes
réanimateur feu vert, les créateurs de CovidIA ont d’ores encore loin de toute immunité collective, et
(université de Paris) et déjà démarché les opérateurs de réseau combien des digues – numériques ou
l Pr Gilles Pialoux mobile pour qu’ils acceptent de rétrocéder autres – sont nécessaires pour éviter que
infectiologue un an d’historique des données téléphoni- notre pays se prenne de plein fouet une
(Sorbonne Université) ques et, ainsi, pouvoir verser cette précieuse deuxième vague. n
Le mystère des apparentes réinfections
Peut-on « attraper » deux fois le Covid ? une guérison) pourraient n’être que des faux
Autrement dit, les anticorps développés contre négatifs. Cette piste des faux négatifs est d’autant
le coronavirus SARS-CoV-2 sont-ils bien « neutra- plus crédible que les chercheurs n’excluent pas
lisants » ? Dans la communauté scientifique, le fait que le coronavirus ne disparaisse pas
un consensus existe pour estimer que c’est le cas, de l’organisme mais y reste à l’état dormant et
mais ce point se heurte à certaines observations. l’infecte de façon chronique, à l’instar de celui
En Chine et en Corée du Sud, des patients guéris de l’herpès : la charge virale, très faible et donc
et apparemment débarrassés du virus, comme non détectable lors du premier test, aurait
l’avait indiqué un premier test, se sont ensuite ensuite rebondi. Autre hypothèse : une réinfec-
révélés à nouveau positifs lors d’un second test tion pourrait s’être produite dans le laps de
pratiqué ultérieurement. En théorie, il pourrait temps séparant la guérison de l’apparition des
s’agir de cas de réinfection, mais la plupart des anticorps, sans préjuger du caractère neutrali-
experts jugent privilégient d’autres pistes. Les sant de ces derniers. A l’heure actuelle, il est très
tests virologiques n’étant pas fiables à 100 %, difficile de trancher entre ces différentes hypo-
les premiers tests (ceux qui avaient laissé croire à thèses, la recherche manquant encore de recul.
Les Echos Lundi 27 avril 2020
enquête
Nicolas Rauline
@nrauline
— Bureau de New York
I ls cultivent le secret. Mais les consul-
tants antisyndicats ont été tirés de
l’ombre par le documentaire « Ameri-
can Factory ». Oscarisé, financé par
Michelle et Barack Obama, le film a été dif-
fusé sur Netflix. On y voit « Eric », missionné
par l’entreprise chinoise Fuyao, s’adresser
aux salariés d’une usine de pièces détachées
dans l’Ohio. Ces derniers devaient approu-
ver ou rejeter, quelques jours plus tard, la
création d’un syndicat. « Si vous choisissez
de constituer un syndicat, il faut savoir que
vous ne pourrez plus parler directement à
votre manager, ça devient illégal. Si je suis un
employé, je dois faire part de mes craintes à
un représentant du syndicat », assure-t-il. Un
témoignage rare pour une profession qui
fuit les caméras.
Fuyao n’a pas hésité à débourser plus
d’un million de dollars pour s’attacher les
services du Labor Relations Institute (LRI),
une société installée dans l’Oklahoma, qui
s’est fait une spécialité de conseiller les
directions dans leurs luttes antisyndicales.
La profession a beau se faire discrète, elle
est reconnue aux Etats-Unis, réglementée…
et en plein essor. Si le taux de syndicalisa-
tion est à son plus bas historique (10,3 % des
salariés, alors qu’ils étaient plus de 20 % au
début des années 1980, et même 6,2 % dans
le privé), les conflits sociaux sont en forte
progression. En 2018, ont été dénombrés
500.000 grévistes aux Etats-Unis, contre
25.000 seulement l’année précédente. L’an
dernier, une gigantesque grève a paralysé
toutes les usines de General Motors
pendant un mois et demi.
Un véritable paradoxe et une aubaine
pour un tas de consultants et avocats qui
surfent sur la peur des syndicats. Ces der-
niers restent pourtant le meilleur allié des
salariés pour faire grimper leurs salaires :
aux Etats-Unis, un travailleur syndiqué
gagne 22,7 % de plus qu’un non-syndiqué,
selon le Bureau des statistiques du travail.
Les tensions sociales provoquées par la
crise du coronavirus pourraient accentuer
la tendance. Les salariés d’Amazon s’orga-
nisent pour réclamer de meilleures condi-
tions de travail, les travailleurs de la santé,
déjà l’un des secteurs les plus mobilisés ces
derniers mois, expriment leur ras-le-bol…
L’activité de ces consultants s’est dévelop-
pée dans les Etats-Unis de l’après-guerre. A
l’époque, le New Deal puis la guerre ont ins-
titutionnalisé les syndicats. Ils sont à leur
apogée et des entreprises cherchent le
moyen de contrer leur influence. Un cadre
juridique est dessiné, qui passe par des élec-
tions dans chaque entreprise, pour décider
ou non de la création d’un syndicat. Les acti-
vités « antisyndicat » vont donc prendre la
forme de campagnes électorales, avec ses
mêmes logiques et ses mêmes dérives : un
programme d’action, des promesses, une
guerre de l’information, de l’intox, le
déploiement de moyens financiers considé-
rables… Mais, c’est à la fin des années 1970 et
au début des années 1980 que la profession
s’organise. La législation s’assouplit avec
l’administration Reagan. De gros cabinets
d’avocats s’y intéressent et ouvrent des
départements de « relations de travail » ou
plus explicitement de « stratégie d’évite-
ment des syndicats ». « Aujourd’hui, il
n’existe aucune statistique officielle sur le
recours à ce type de consultants mais si l’on se
base sur les sondages, 70 à 80 % des entre-
« L’atmosphère de peur
est essentielle. [...]
Nous pouvions jouer
sur les rivalités, entre
groupes ethniques,
entre religions,
entre classes d’âge.
Nous pouvions utiliser
le parcours de chacun
pour lancer de fausses
rumeurs, au risque
de gâcher des vies,
si besoin. »
MARTIN J. LEVITT
Ancien consultant
L’an dernier, une gigantesque grève a paralysé toutes les usines de General Motors pendant un mois et demi. Photo R. Cook/Reuters
Profession :
consultant
« antisyndicat »
SOCIAL // Aux Etats-Unis, les entreprises recourent
à des consultants pour empêcher l’implantation
de syndicats et dépensent des millions de dollars
pour s’attacher leurs services. Une profession aussi
stratégique que polémique, à l’heure où la crise
du coronavirus aggrave les tensions sociales.
prises confrontées à un vote sur la création
d’un syndicat font appel à leurs services »,
affirme John Logan, expert du sujet à la
San Francisco State University.
Nissan, Volkswagen, Boeing
Ces dernières années, dans presque toutes
les ouvertures d’usines dans le Sud, où la
législation est plus permissive, la question
s’est posée. Quand Nissan a ouvert son usine
de Canton, dans le Mississippi, les syndicats
ont dénoncé les agressions et les menaces
dont certains employés auraient été victi-
mes. Le personnel a finalement choisi de ne
pas se syndiquer, par 2.244 voix, contre
1.307 en faveur de la création d’un syndicat.
« Les salariés ont choisi de s’autoreprésenter,
poursuivant la relation directe qu’ils appré-
cient avec l’entreprise », s’était alors félicitée
la direction. Les mêmes accusations sont
apparues contre Volkswagen à Chatta-
nooga (Tennessee) et contre Boeing à
Charleston (Caroline du Sud).
Deux types de services existent, selon
qu’ils impliquent ou non un contact direct
avec les salariés. En règle générale, les
grands cabinets d’avocats qui exercent dans
ce milieu évitent le contact. La loi améri-
caine les obligerait en effet, dans ce cas, à
dévoiler la teneur du contrat passé avec
l’employeur. La mission échoie donc aux
« consultants », qui peuvent aller à la ren-
contre des employés. Ils leur expliquent les
avantages à ne pas créer de syndicats, van-
tent les mérites d’un dialogue social en
dehors des structures syndicales… Quitte,
parfois, à employer des méthodes mus-
clées. « Durant les campagnes qui précèdent
les votes, les violations de la loi sont fréquen-
tes. Il y a souvent des menaces, des pots-de-
vin. Mais les consultants parleront toujours
d’un travail d’éducation », souligne John
Logan. Selon un rapport de l’Economic
Policy Institute, les employeurs ont été
accusés de violer les lois fédérales dans 41 %
des campagnes sur la création d’un syndi-
cat, notamment en renvoyant un leader
dans 20 % des cas.
Perte d’influence des syndicats
Pour Terry Potter, un consultant du cabinet
Husch Blackwell spécialisé dans les « rela-
tions de travail », les syndicats ont perdu de
leur capacité d’influence. « Ils étaient forts,
traditionnellement, dans l’industrie. Or,
aujourd’hui, l’industrie américaine n’existe
quasiment plus, juge-t-il. Les jeunes ne
savent plus ce qu’est un syndicat. » Selon lui,
le dialogue social a donc appris à s’exercer
en dehors du cadre syndical. « Vous n’avez
plus besoin d’un syndicat pour régler la
majorité des problèmes, assure-t-il. Et si vous
avez un problème de discrimination, de har-
cèlement, vous appelez un avocat et vous pou-
vez obtenir de votre employeur des millions
de dollars. Vous pouvez aussi engager un
recours collectif. » Lui qui est missionné par
les directions d’entreprise dans un peu tous
les secteurs, de la santé à l’automobile en
passant par l’alimentation, met en avant la
rigidité des syndicats. « La principale préoc-
cupation des employeurs américains
aujourd’hui, c’est de rester compétitifs. Et
pour cela, il faut une certaine flexibilité, dans
la durée du temps de travail, dans les salaires
et les bénéfices. C’est ce que les syndicats ont
du mal à accepter. »
Les témoignages de ces « union busters »
sont rares. Martin J. Levitt fut l’un des seuls à
se confier sur son métier, dans un ouvrage
paru en 1993. « J’ai participé à près de
250 campagnes antisyndicats, je n’en ai
perdu que 5 », confiait ce « repenti », décédé
en 2004, qui a pratiqué son métier dans les
années 1970 et 1980. Pour lui, les motiva-
tions économiques ne sont pas au cœur de
l’activité. « Les gens pensent que les entrepri-
ses vont combattre les syndicats par
n’importe quel moyen pour des raisons éco-
nomiques, pour augmenter leurs profits,
déclarait-il avant sa mort. J’ai appris au
cours de ma carrière, et j’ai encore renforcé
cette conviction depuis que j’ai arrêté, qu’il n’y
a en fait qu’un seul motif : le contrôle. »
Martin J. Levitt a aussi livré quelques petits
secrets de son ancienne profession.
« L’atmosphère de peur est essentielle, souli-
gnait-il. Plus on en savait sur la composition
démographique d’une entreprise, mieux
c’était. Nous pouvions jouer sur les rivalités,
entre groupes ethniques, entre religions, entre
classes d’âge. Nous pouvions utiliser le par-
cours de chacun pour lancer de fausses
rumeurs, au risque de gâcher des vies, si
besoin. »
Jon Schleuss raille, lui, les pratiques de
ces consultants. Président de la NewsGuild-
CWA, un syndicat de journalistes, il a eu
affaire récemment à plusieurs histoires de
ce genre dans des rédactions. « Certains
sont pathétiques, confie-t-il. Lors d’une
récente campagne, la direction d’un média
avait copié-collé la présentation d’un de ces
consultants dans Word. Il restait même des
blancs où il était mentionné : “écrivez le nom
du syndicat ici” ! » Autrefois actifs dans
l’industrie, les consultants antisyndicats
ont étendu le champ de leurs interventions.
Récemment, Google a fait appel à IRI
Consultants, l’un des principaux acteurs du
marché, pour faire face à la contestation
croissante de certains de ses employés. Sa
décision de licencier quatre salariés, qui
étaient investis dans la création d’un syndi-
cat, fait l’objet d’une enquête. Mais les
efforts du géant ont eu un effet limité : les
employés d’un sous-traitant, qui travaillent
dans le bureau de Pittsburgh, ont voté pour
la formation d’un syndicat.
« Vitesse, innovation
et obsession du client »
Amazon aussi a eu recours aux « union
busters » après le rachat de la chaîne d’épi-
ceries Whole Foods, alors que ses salariés
souhaitaient s’organiser. « Nous ne pensons
pas que les syndicats soient dans le meilleur
intérêt de nos clients, de nos actionnaires, et
plus important encore, de nos salariés, cla-
mait une vidéo diffusée aux employés et qui a
fuité. Notre modèle économique est basé sur
la vitesse, l’innovation et l’obsession du client.
Des choses qui, en général, ne sont pas asso-
ciées à un syndicat. Lorsque nous perdons de
vue ces priorités, nous mettons en danger
l’emploi de chacun : le vôtre, le mien, celui de
tous les salariés. »
Les arguments sont souvent les mêmes :
avec un syndicat, les rapports avec sa
// 13
hiérarchie seraient impossibles, la compé-
titivité de l’entreprise chuterait, les emplois
seraient menacés… « Il est interdit de mena-
cer des employés avec la perte de leur emploi
ou de leurs avantages s’ils rejoignent un syn-
dicat ou s’ils votent pour la création de
celui-ci », précise-t-on au National Labor
Relations Board, qui régule les « relations
de travail ». « Il est également interdit de fer-
mer une usine en réponse à la constitution
d’un syndicat. »
Pour Terry Potter, les conflits restent
toutefois une exception. « Quand on fait
appel à mes services, c’est avant tout dans un
rôle de médiateur, de communication. Les
employeurs ont parfois l’impression que
leur message n’est pas entendu », assure-
t-il. Pour lui, il s’agit donc de pédagogie.
« C’est un travail d’éducation. Il s’agit de bien
analyser toutes les conséquences que peut
avoir la création d’un syndicat. Les syndi-
cats peuvent promettre beaucoup, mais ne
peuvent rien garantir. Il faut bien se rendre
compte que leur seul pouvoir, c’est de
demander. Demander des hausses de salai-
res, des avantages, une réduction du temps
de travail… Au final, cela reste un processus
de négociations. »
L’an dernier, le marché
des consultants
antisyndicats était estimé
à 340 millions de dollars
outre-Atlantique.
Ce pourrait être l’un
des seuls, cette année,
à ne pas connaître la crise.
Malgré les grèves, qui sont en hausse par-
tout dans le pays, malgré les conflits, il
affirme que les relations sociales ont plutôt
tendance à se pacifier. « De plus en plus, les
syndicats coopèrent avec la direction. Ils com-
prennent que tout le monde a quelque chose à
gagner à travailler ensemble. » Dans un
monde postcoronavirus, où le chômage
sera élevé et les tensions exacerbées, les
consultants antisyndicats devraient encore
avoir leur rôle à jouer.
« Ce sont désormais, pour la plupart, des
cabinets internationaux embauchés par des
multinationales. Leurs méthodes peuvent se
retrouver ailleurs qu’aux Etats-Unis »,
souligne John Logan. L’an dernier, le mar-
ché était estimé à 340 millions de dollars
outre-Atlantique. Ce pourrait être l’un des
seuls, cette année, à ne pas connaître la
crise. D’autant que le contexte est plutôt
favorable à la profession : l’administration
Trump a assoupli certaines règles et
nommé deux anciens consultants à
l’agence du département du Travail qui
régule le droit syndical… n
 « Tous unis au balcon » par Alice Des pour « Les Echos »

DERNIÈRE HEURE

Accusé JO : le projet de Paris Proclamation La Fondation Gates

de harcèlement, 2024 est « obsolète, de l’autonomie va accorder
L’ÉDITORIAL Asselineau riposte dépassé », pour Drut au Yémen du Sud sa « totale attention »
DES « ÉCHOS » au coronavirus
'
POLITIQUE – Le président de SPORT – Guy Drut, membre CONFLIT – Le Conseil de transi-
l’Union populaire républicaine, du Comité international tion du Sud (STC), un mouvement
Air France : le prix François Asselineau, a annoncé
« la convocation dans les délais les
olympique et ancien minis-
tre des Sports, estime le projet de
séparatiste qui avait conclu une
trève avec le gouvernement d’Aden
PANDEMIE – Dans une interview
au « Financial Times » publiée
du sauvetage plus brefs » d’un congrès du parti,
en dénonçant une « tentative de
Paris 2024 « aujourd’hui obsolète,
dépassé, déconnecté de la réalité » et
en novembre dernier, a proclamé
dimanche l’autonomie du Yémen
dimanche, Bill Gates explique que
sa fondation – dotée de 40 mil-
déstabilisation » interne après des appelle à « réinventer » le modèle du Sud après l’effondrement d’un liards de dollars – va se consacrer
Faut-il vraiment sauver Air France quoi qu’il en accusations de harcèlement pré- des Jeux Olympiques dans une accord de paix avec le gouverne- entièrement au coronavirus. Elle
coûte ? A l’heure ou les Etats français et néerlandais sumé. L’ex-candidat à la présiden- tribune publiée par franceinfo ment, compliquant le conflit qui s’est associée vendredi à une
lancent une bouée de sauvetage à plus de 10 milliards tielle a indiqué samedi soir que ce dimanche. « Il nous faut revoir ses sévit depuis des années dans ce alliance multilatérale publique et
d’euros à Air France-KLM, la plupart des observateurs congrès, qui doit avoir lieu avant la moyens, et nous recentrer sur pays exsangue, théâtre d’une grave privée autour de l’Organisation
estimeront en toute bonne foi que notre compagnie fin de l’année, pourrait « se tenir l’essentiel. La première nécessité, crise humanitaire. C’est un coup mondiale de la santé pour déve-
nationale et sa sœur néerlandaise méritent bien sûr autour du samedi 6 juin, avec des c’est de faire une réévaluation dur pour l’Arabie saoudite, soutien lopper tests, traitements et vac-
d’être financièrement soutenues. Au nom de sa opérations de vote se tenant par budgétaire de ce que vont coûter les d’Aden contre les houthis, qui cins. Une levée de fonds sera orga-
souveraineté, un grand pays se doit d’avoir une grande Internet, bien sûr sous contrôle JO de Paris-2024 », estime l’ancien avait organisé le précédent accord nisée par la Commission
compagnie nationale et il serait, en plus, injuste d’huissier ». champion olympique. de réconciliation. européenne le 4 mai prochain.
d’abandonner les salariés d’une entreprise terrassée
par une crise sanitaire dont ils ne sont en rien
responsables. Cela étant, on pourrait tout aussi bien se LA PHOTO DU JOUR
dire qu’une faillite d’Air France n’empêcherait pas les
Français de reprendre l’avion une fois la crise passée.
D’abord parce que easyJet et Ryanair sont devenues de
véritables alternatives sur les lignes domestiques et
européennes. Ensuite parce que, sur les liaisons
longue distance, de nombreuses compagnies
pourraient répondre à la
demande dès que celle-ci
rebondira. Enfin, parce qu’une
faillite n’entraîne pas
systématiquement la
disparition d’une entreprise. La
preuve en est aux Etats-Unis où
depuis le début du
Par David siècle, pratiquement toutes les
Barroux grandes compagnies aériennes
sont passées par la case faillite
Très faible (Chapter 11), ce qui ne les a pas
empêchées de renaître bien
avant plus fortes de leurs cendres, en
la crise, nouant souvent à l’occasion un
Air France nouveau pacte social avec des
risque pilotes et hôtesses devenus des
actionnaires de poids. Très
d’être faible avant la crise, Air France
encore risque d’être encore plus fragile
plus fragile demain. En grande partie
privée pendant des mois, voire
demain. des années, des hommes
d’affaires qui remplissent la
« classe avant » et des touristes qui s’entassent à
l’arrière de ses appareils, la compagnie aura un mal fou
à rembourser les milliards qui alourdissent sa dette.
Pour que ces milliards prêtés par les contribuables
ne soient pas des milliards perdus, il importe que
l’aide actuelle ne se transforme pas en chèque en
blanc. Incapable de se réformer en profondeur hors
période de crise, Air France ne mérite d’échapper à la
faillite que si la compagnie accélère et intensifie un
indispensable plan de restructuration lui permettant
réellement de combler son écart de compétitivité avec
ses rivaux. A l’heure où les pilotes ne peuvent user de
l’arme de la grève et où la compagnie est virtuellement
morte, il faut qu’Air France ait le courage de se HUNTINGTON BEACH, CALIFORNIE. Alors que le sud de la Californie a essuyé ce week-end sa première vague de chaleur, certaines plages ont été prises d’assaut dès
réinventer sans tabou. L’Etat, ADP et tout le personnel samedi. Dans le comté de Los Angeles, l’interdiction d’accéder aux plages de Malibu ou Santa Monica était parfaitement respectée. Il en allait en revanche différem-
devront faire des concessions pour que les efforts ment dans d’autres comtés de l’Etat, notamment celui d’Orange. La plage d’Huntington Beach, par exemple, était bondée et les distances de sécurité, entre chaque
financiers de la collectivité ne soient pas vains. personne, complètement occultées. Photo Apu Gomes/AFP

( Lire nos informations

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CAC 40 DOW JONES EURO/DOLLAR ONCE D’OR PÉTROLE (BRENT) Lundi 27 avril 2020
4.393,32 points 23.775,27 points 1,0817 $ 1.715,9 $ 21,44 $ www.lesechos.fr
-1,2959 % 1,1057 % -4,1726 % -1,1721 % -0,8784 %

DEVISES EUR/GBP 0,8745 EUR/JPY 1,1615 EUR/CHF 1,0533 GBP/USD 1,237 USD/JPY 1,0739 USD/CHF 0,9738 TAUX EONIA -0,454 LIFFE EURIBOR 3 MOIS -0,161 OAT 10 ANS 0,0628 T-BONDS 10 ANS 0,6204

Amazon s’organise pour faire face Boeing renonce

aux interdictions judiciaires
ÉPIDÉMIE
Leïla de Comarmond
@leiladeco
Amazon a perdu une nouvelle manche judi-
ciaire. Mais ne s’avoue pas vaincu. Vendredi,
la justice française a confirmé en appel que le
géant d’e-commerce qui avait été condamné
mi-avril n’avait pas pris assez de mesures
pour garantir la santé de ses salariés mais le
groupe dirigé et contrôlé par Jeff Bezos
s’organise pour continuer à livrer un maxi-
mum de clients en France alors qu’il a décidé
de maintenir fermés ses six entrepôts hexa-
gonaux. Pour ne pas baisser totalement le
rideau, le champion de l’e-commerce peut
déjà s’appuyer sur ses entrepôts implantés
dans les pays limitrophes de la France
– comme la Belgique par exemple – dans
lesquels son activité n’est pas entravée. Le
groupe, qui génère une part très importante
de son activité via sa place de marché sur
laquelle il propose des articles de revendeurs
indépendants, a d’autre part assisté ces com-
merçants pour qu’ils puissent livrer directe-
ment les consommateurs sans passer par les
services logistiques d’Amazon.
Pour pouvoir reprendre au plus vite une
activité normale, Amazon va néanmoins
réunir ce lundi son comité social et économi-
que central. « Il va falloir être très vigilant sur
le fait qu’Amazon ne fasse pas une consulta-
tion express bidon », a alerté l’avocate de Soli-
daires et de la CGT, Judith Krivine. La justice
a en effet exigé que soient associés à l’évalua-
tion des risques les CSE des sites – ce qui a
démarré chez certains –, mais aussi le CSE
central.
« On va arrêter de tourner autour du pot, il
faut négocier », a affirmé Laurent Dégousée de
Solidaires. « Si ça se passe bien, cela peut être
rapide », a ajouté Julien Vincent, de la
CFDT. La société, elle, maintient que « l’enjeu
principal n’est pas tant la sécurité que la volonté
de certaines organisations syndicales de tirer
Pour ne pas baisser totalement le rideau, le champion de l’e-commerce peut déjà s’appuyer sur ses entrepôts implantés
dans les pays limitrophes de la France dans lesquels son activité n’est pas entravée. Photo Denis Charlet/AFP
parti d’un processus de consultation complexe
avec les comités sociaux et économiques ».
Contraintes assouplies
Vendredi, la cour d’appel de Versailles a
estimé qu’Amazon « ne justifie pas de sa
volonté de procéder à une évaluation des ris-
ques de qualité à la hauteur des enjeux d’une
pandémie » mais a tout de même légèrement
assoupli les contraintes pesant sur le distri-
buteur. Elle a ainsi autorisé, en plus des pro-
duits alimentaires, d’hygiène et médicaux,
ceux d’entretien et pour animaux ainsi que la
l’essentiel Accord entre le foot français,
high tech, l’informatique et les fournitures
de bureau (liés au télétravail). Cela repré-
sente « environ 50 % » de l’activité habituelle
d’Amazon, selon Laurent Degousée, du syn-
dicat Sud-Solidaire, à l’origine de la procé-
dure judiciaire.
Les juges ont en outre réduit l’astreinte.
Fixée au départ à un million d’euros par pro-
duit non autorisé, elle a été ramenée à
100.000 euros « pour chaque réception, pré-
paration et/ou expédition » de tels produits.
L’e-commerçant a rétorqué que « même un
taux infime de traitement accidentel de pro-
duits non autorisés, de l’ordre de 0,1 %, pour-
rait entraîner une pénalité de plus d’un mil-
liard d’euros par semaine ». Amazon, qui
a fermé tous ses entrepôts en France mi-
avril, a dans ces conditions demandé à ses
salariés « de rester chez eux jusqu’au 28 avril
inclus ». Elle affirme qu’elle va « évaluer dans
les meilleurs délais les conséquences de cette
décision pour [son] activité ainsi que pour [ses]
collaborateurs, pour les clients en France ainsi
que pour les nombreuses TPE et PME françai-
ses qui comptent sur Amazon pour dévelop-
per leur activité ». n
à racheter les
activités civiles
d’Embraer
AÉRIEN
Un divorce douloureux s’annonce entre
Boeing et Embraer. Après deux ans de
discussions parfois compliquées, le
constructeur aéronautique américain a
indiqué samedi renoncer à racheter les
activités civiles de son concurrent bré-
silien. Un deal à 4,2 milliards de dollars,
signé en juillet 2018, selon lequel Boeing
devait prendre le contrôle de 80 % de la
division d’Embraer, qui produit des avi-
ons commerciaux de 30 à 150 sièges.
Alors que la date butoir de l’opération
avait été fixée au 24 avril, Boeing « a
exercé son droit d’y mettre fin, car
Embraer n’a pas satisfait les conditions
nécessaires », a indiqué le groupe améri-
cain. Un prétexte pour ne pas avoir à
payer des pénalités de rupture, a aussi-
tôt accusé Embraer, soulignant qu’il
entendait bien réclamer les frais de
dédit dus pour « rupture abusive de
contrat ». Selon l’agence Bloomberg, les
pénalités prévues s’élèvent à 100 mil-
lions de dollars pour Boeing et à 75 mil-
lions pour Embraer.
Nouvelle épreuve pour Boeing
L’acquisition devait permettre à Boeing
de concurrencer son grand rival Airbus
dans le segment des avions régionaux
mono couloirs, tout en permettant à
Embraer de bénéficier de la force de
frappe commerciale de Boeing. Il avait
reçu le feu vert de l’ensemble des autori-
tés impliquées, sauf celui de la Commis-
sion européenne.
Selon le deal à
4,2 milliards de dollars,
signé en juillet 2018,
Boeing devait prendre
le contrôle de 80 % de
la division d’Embraer,
qui produit des avions
commerciaux
de 30 à 150 sièges.

De nombreux traitements Les banques face au casse-tête

à l’étude
Des centaines d’études cliniques sont en
cours. Ces médicaments destinés à
d’autres maladies pourraient être
utiles, mais ont peu de chances
d’être une panacée. Revue
d’effectif des principaux trai-
tements testés. // P. 20
Les masques grand
public autorisés
à la vente en pharmacie
Le ministre de la Santé vient
de prendre un arrêté autorisant
la vente des masques industriels et nor-
més au grand public. L’ETI stéphanoise
Thuasne démarre l’approvisionnement
CDC
du chômage partiel
Le 1er mai, les arrêts maladie pour garde
d’enfants vont automatiquement être
basculés en chômage partiel. Outre
le fait que les banques s’étaient
engagées à ne pas y avoir
recours, le sujet pose pro-
blème, car elles sont des
activités essentielles. // P. 27
Le Covid-19 impose
de nouvelles règles
du jeu aux organisations
Garantir la santé des collaborateurs,
gérer le chômage partiel, préserver la tré-
sorerie, réorienter l’activité… Les entre-
prises prennent de lourdes décisions pour
Canal + et BeIN Sport
SPORT
Florian Dèbes (avec AFP)
@FL_Debes
Soulagement pour les clubs de football
français ! A l’issue de houleuses négocia-
tions, Canal + et BeIN Sport ont accepté de
verser une partie des sommes qu’ils devai-
ent aux clubs depuis début avril, alors
que tous les matchs ont été reportés en
raison de l’épidémie de coronavirus. Les
deux diffuseurs à la télévision des cham-
pionnats de Ligue 1 et de Ligue 2 sont la
la LFP précise que l’accord avec Canal+ ne
porte que « sur le montant du règlement
relatif aux matchs des Championnats de
Ligue 1 et de Ligue 2 déjà diffusés ». Aucune
information n’a filtré concernant la
somme finalement réglée par BeIN Sport
sur les 42 millions d’euros dus aux
clubs français.
Espoir d’une reprise
des entraînements le 11 mai
Par la voix de son patron Maxime Saada,
Canal + plaidait pour un strict respect
des contrats, tandis que ses activités
étaient elles-mêmes ralenties par le
Mais depuis la signature de l’accord,
les conditions économiques ont radica-
lement changé. Boeing a subi la crise
du 737 MAX, cloué au sol depuis plus
d’un an après deux accidents ayant fait
346 morts, dont il estime le coût à
19 milliards de dollars. L’épidémie de
coronavirus a mis une pression supplé-
mentaire sur les besoins en cash de
l’avionneur. Les compagnies annulent
leurs commandes, et les industriels ont
dû suspendre la production dans
leurs usines.
Valorisation en chute libre
Le patron de Boeing, Dave Calhoun, a
estimé à 60 milliards de dollars les
besoins de l’industrie aéronautique
américaine pour survivre à la crise. La

des officines à partir de ce lundi. // P. 25 faire face à la crise. // PP. 32 À 34 première source de recettes du ballon confinement (fermeture des canaux de valeur du groupe a fondu de 61 % à
rond dans l’Hexagone. vente de Canal+, baisse de la publicité la Bourse de New York depuis le début
D ’a p r è s l e q u o t i d i e n s p o r t i f sur le gratuit, activité de Studiocanal de l’année.

= LES ENTREPRISES CITÉES « L’Equipe », la Ligue de football profes-

sionnelle (LFP) va obtenir 37 millions
d’euros de la part de la chaîne cryptée,
paralysée). Pour les clubs privés de recet-
tes depuis la mi-mars et la suspension du
championnat, cet accord représente un
Dans ces conditions, débourser plus
de 4 milliards pour une acquisition
pouvait sembler moins pertinent. Et ce,
AbbVie 20 Capgemini 22 Hiscox 26 Novartis 20
Air France-KLM 18 Covéa 26 Kering 35 Orange 22 alors que cette dernière refusait, depuis bol d’air frais en attendant le retour sur d’autant qu’Embraer a vu sa valorisa-
Airgas 29 Crédit Agricole 35 Le Slip Français 16 Roche 20 fin mars, d’honorer un versement de les gazons. tion tomber à moins de 1,1 milliard de
Air Liquide 29 Crédit Mutuel 26 Lloyd’s 26 Sanofi 20, 35 110 millions d’euros. Pour la LFP, ce mon- La LFP poursuit en parallèle ses dollars, en chute de près de 60 % à la
Allianz 26 Dassault Systèmes 22 Lunabee 22 Sessùn 16 tant de 110 millions d’euros dû au 5 avril travaux en vue de la reprise du champion- Bourse de São Paulo depuis janvier.
Amazon 13 EDF 20 Macif 26 Shine 23 couvrait certes des matchs qui n’ont pas nat et donc de la diffusion télévisée L’avionneur brésilien avait annoncé
Apple 22 Fuyao 13 Maif 26 Société Générale 18, 27, 35
pu se tenir, mais aussi des rencontres dis- des matchs. Elle espère une reprise des d’importantes pertes au quatrième tri-
AXA 26 General Motors 13 Matmut 26 Total Direct Energie 20
Balibaris 16 Gilead 20 MMA 26 Volkswagen 13 putées à la fin de l’hiver, avant que les entraînements le 11 mai et, si le gouverne- mestre 2019 et renoncé à annoncer des
BNP Paribas 18, 27, 35 Google 13, 22 Nexity 29 Withings 22 joueurs ne déchaussent leurs crampons. ment donne son feu vert, un redémarrage objectifs pour 2020.
Boeing 13 Hermès 35 Nissan 13 Yves Rocher 16 Dans son communiqué publié vendredi, des championnats à la mi-juin. n — A. F.
ENTREPRISES
Le plan des
commerçants pour
rouvrir le 11 mai
l Les enseignes rédigent leurs protocoles de sécurité sanitaire
en vue de la réouverture, possible pour tous les magasins dès le 11 mai.
l Mais les inconnues de l’équation de la reprise sont multiples.
l Les clients reviendront-ils en masse, manquera-t-il de salariés,
les consommateurs évacueront-ils leur frustration d’achats
ou bien ressortiront-ils appauvris du chômage partiel ?
DISTRIBUTION
Philippe Bertrand
@Bertra1Philippe
avec Dominique Chapuis
dchapuis@lesechos.fr
Le commerce, c’est la vie. La réou-
verture des magasins non alimen-
taires le 11 mai sera un signe fort du
redémarrage de la société après le
confinement. Jeudi, Bruno Le Maire
a levé les hypothèques du discours
d’Emmanuel Macron. Le ministre
de l’Economie a précisé que « tous »
les commerces rouvriront. Les pro-
fessionnels craignaient une limita-
tion à l’allemande aux surfaces de
moins de 800 mètres carrés. Les ges-
tionnaires des gigantesques centres
commerciaux s’interrogeaient sur
leur sort. Ils sont rassurés, en partie.
L’hypothèse d’un séquençage par
région a été évoqué. Le diable se
cache aussi dans les détails. Jean
Castex déroulera son plan de décon-
finement fin avril. Le haut fonction-
naire désigné par le gouvernement
ainsi que les équipes de Bercy exa-
minent les plans de sortie de crise de
tous les acteurs. C’est alors seule-
ment que le feu sera vraiment vert.
Sans attendre, les enseignes se pré-
parent et affinent leurs protocoles
de sécurité sanitaire. Les patrons
font de même avec leurs modèles
économiques. Le 11 mai ne sera pas
le grand soir du retour à la normale.
Le triptyque masques-gants-gel
hydroalcoolique sera roi dans tous
les commerces. Les parois de Plexi-
glas aux caisses s’y ajouteront,
comme dans les supermarchés, sauf
dans les boutiques de luxe. « Il est
aussi nécessaire de veiller à ce que cha-
que employé ait son stylo, son agra-
feuse afin que le personnel ne
s’échange pas le matériel », note Caro-
Cinq recettes pour éviter la contagion en magasin
Afin d’assurer la sécurité
des employés comme des
clients, les points de vente
vont multiplier les précautions.
1 LE TRIPTYQUE
MASQUES-GANTS-GEL
Toutes les enseignes doteront leurs
employés de masques, de gel
hydroalcoolique et de gants, le kit
de protection de base sans lequel
ils pourraient refuser de reprendre
leur emploi. S’ajoute à ces « must
have » les parois en plastique au
niveau des caisses, sauf pour les
boutiques de luxe. Le nettoyage
des surfaces de vente, des cabines,
des poignées de porte et des caisses
sera effectué plus souvent.
2 LA DISTANCE
PHYSIQUE
La meilleure des protections reste la
distanciation sociale. Il faut se situer
à 1 mètre, voire 1,50 mètre, de ses
line Hupin, la déléguée générale de
la Fédération des magasins de brico-
lage. Il faut rassurer et les clients et
les salariés, mais cela ne suffira pas.
La distanciation physique sera la
règle, ce qui passe par des marqua-
ges au sol. Elle peut prendre la forme
d’une limitation du nombre de per-
sonnes dans le magasin, avec des
ratios fonction du nombre de mètres
carrés : 12 clients pour 300 mètres
carrés, 30 pour 1.000 mètres carrés,
50 pour 3.000 mètres carrés ? Les
centres commerciaux proposent de
passer de 3 mètres carrés par per-
sonne à 10. Les opticiens privilégie-
ront la prise de rendez-vous permet-
tant de venir à une heure donnée.
Problème : cette division par trois du
nombre de clients renforcera la qua-
lité du conseil des vendeurs, mais
diminuera les chiffres d’affaires,
sauf si le panier moyen augmente.
Dans l’habillement, la question
des essayages est sensible. Les cabi-
nes seront nettoyées plus souvent,
comme tous les éléments à portée
de main. « Il faut trouver le bon équili-
bre entre les règles de santé et les
nécessités de l’activité économique »,
explique Yohann Petiot, directeur
général de l’Alliance du commerce,
qui représente 450 chaînes d’équi-
pement de la personne (habillement
et chaussures) et 27.000 points de
vente. « Le jour où l’on rouvre, on
retrouve tous les coûts d’exploitation,
avec sûrement au début une partie
seulement des recettes. »
Horaires resserrés
Les enseignes qui n’ont pas acquitté
leurs loyers pendant le confine-
ment demandent leur indexation
sur le chiffre d’affaires pendant la
période de redémarrage. « Le plus
grand risque, ce ne sont pas les condi-
tions de sécurité, mais le fait de rou-
vrir sans clients », souligne Eric
congénères afin de ne pas les conta-
miner et de ne pas être contaminé.
Certaines enseignes redessineront
le parcours du client afin d’éviter les
regroupements. Elles multiplieront
les marquages au sol. D’autres joue-
ront la carte du contingentement du
nombre de clients. Pas plus de 2 à
3 personnes en même temps dans
les boutiques de prêt-à-porter. Les
centres commerciaux veulent pas-
ser d’une densité de 3 à 10 mètres car-
rés par personne. Bertrand Clémen-
cin, associé du cabinet de conseil
BearingPoint, rappelle la possibilité
de fonctionner par prise de rendez-
vous. Cela a été le choix des opticiens
pendant le confinement. Des « wel-
come managers » à l’entrée des bou-
tiques peuvent aussi orienter les
clients vers ce qu’ils recherchent.
3 DES SERVICES EN MOINS
OU DÉLOCALISÉS
Certains magasins rouvriront en
Mertz, président de la Fédération
nationale de l’habillement, qui
représente les boutiques indépen-
dantes. Selon une étude, 90 % des
consommateurs d’habillement se
sont totalement abstenus d’achat
depuis le 15 mars, mais 50 % seule-
ment se disent prêts à racheter des
articles de mode pour la réouver-
ture. « Dès la fin du confinement, les
marques vont nous demander de
payer les stocks. La situation est apo-
calyptique », se plaint Eric Mertz.
Le manque de personnel, voire
de clients, poussera les boutiques à
resserrer leurs horaires d’ouver-
ture. Stéphanie Dangre, patronne
du Groupe All, qui approvisionne
des opticiens indépendants, pen-
che pour cette hypothèse. Le Con-
seil national des centres commer-
ciaux pense, au contraire, qu’il
faudra élargir les plages d’ouver-
ture afin de compenser la filtration
du nombre des clients.
« Tous les magasins ne rouvriront
pas immédiatement », prévient Ber-
trand Clémencin, chargé de la dis-
tribution au cabinet BearingPoint.
« Les enseignes ne savent pas si les
clients seront nombreux dans un
premier temps. Certaines manque-
ront de personnel en raison des
« Dès la fin du
confinement,
les marques vont
nous demander
de payer les stocks.
La situation est
apocalyptique. »
ERIC MERTZ
Président de la Fédération
nationale de l’habillement
mode dégradé en matière de servi-
ces. Chez Castorama, il ne sera pas
possible de dessiner sa cuisine avec
un conseiller. « Nous démarrerons
avec du libre-service intégral », expli-
que la porte-parole. « La plupart
des enseignes se concentreront sur
le commerce », confirme Bertrand
Clémencin. Le consultant préconise
de déporter en dehors de la surface
de vente les comptoirs réservés au
service après-vente ou aux retours.
Certaines enseignes interdiront les
retours dans un premier temps.
4 E-RÉSERVATION ET
« CLICK AND COLLECT »
Dédensifier les magasins tout en
faisant du chiffre passe aussi par le
développement – ou le maintien –
de la combinaison entre l’e-com-
merce et le magasin physique. Le
plus facile est de commander et
payer en ligne, et de ne venir que
pour retirer sa commande.
employées qui garderont leurs
enfants ou de ceux qui feront jouer un
droit de retrait. » Les marques qui
quadrillent une ville ou un quartier
ne rouvriront peut-être que deux
unités sur quatre ou cinq.
Frustration
« Nos magasins n’ouvriront pas tous
le 11 mai, car nous avons souhaité que
les équipes n’interviennent en maga-
sin qu’à compter de ce jour. Elles
auront à préparer la boutique, qui
aura été fermée près de deux mois, et
elles devront tout organiser pour être
prêtes à accueillir leurs clients en
toute sécurité à compter du 12 mai. A
cette date, nos 600 magasins seront
ouverts au public », explique de son
côté Pierre Aoun, le PDG des parfu-
meries Nocibé.
« Assistera-t-on à du “revenge
shopping” ? », s’interroge Bertrand
Clémencin. C’est toute la question.
En Chine, à Guangzhou, selon une
information du « Women’s Wear
Daily », la boutique Hermès a enre-
gistré près de 2,7 millions de dollars
de chiffre d’affaires lors de sa jour-
née de réouverture. L’expérience
chinoise montre que la reprise est
plus progressive pour l’habillement.
En France, les magasins de brico-
lage pourraient profiter de la frus-
tration des confinés qui n’ont pas pu
aménager leur résidence et planter
leur jardin alors qu’ils en avaient le
temps. L’équipement en meubles n’a
pas non plus été satisfait. Les expé-
riences d’e-commerce menées par
Conforama, par exemple, prouvent
que la demande est là. Mais les con-
sommateurs sont aussi des salariés.
Dix millions d’entre eux sont au chô-
mage partiel et ne toucheront que
70 % de leur salaire brut pour la
période fin mars-début mai. Leur
pouvoir d’achat risque d’être
amputé d’autant. n
5 VAPEUR ET ISOLEMENT
POUR LES ESSAYAGES
Dans le prêt-à-porter, difficile
d’acheter sans essayer. Yohan
Petiot, le directeur général de
l’Alliance du commerce, explique
que plusieurs solutions sont envi-
sagées. D’abord, la distanciation
sociale sera de mise dans les cabi-
nes, qui seront souvent nettoyées.
Les vêtements seront essayés sur
les habits des clients ou bien alors,
ils seront mis de côté pendant trois
ou quatre heures et repassés à la
vapeur, avant d’être remis en rayon.
Les boutiques qui ne disposent
pas d’appareils à vapeur préféreront
un isolement des pièces essayées
pendant toute une journée. La Fédé-
ration nationale de l’habillement
recommande aux boutiques indé-
pendantes de ne pas laisser le client
toucher les vêtements avant d’avoir
fait son choix. Frustrant pour appré-
cier la qualité d’un tissu. — Ph. B.
Lundi 27 avril 2020 Les Echos
Selon une étude, 90 % des
consommateurs d’habillement
se sont totalement abstenus
d’achat depuis le 15 mars.
Photo Xavier Popy/RÉA
Yves Rocher va équiper
ses conseillères de visières
La première marque
française d’hygiène beauté
se prépare en vue de la
réouverture des magasins.
Elle va équiper les
conseillères de ses
instituts de beauté, et
celles en caisse avec des
visières de protection.
L’offre sera réduite
aux soins d’épilation
et de corps. Dans les
boutiques, il faudra
passer par les vendeuses
pour tester les produits.
Première marque d’hygiène-
beauté en France, selon Kantar
WorldPanel, Yves Rocher a
préparé très tôt, quinze jours
seulement après le début du
confinement, un scénario de
redémarrage. Il s’agit de ne rien
laisser au hasard. « Nous avions
besoin de fixer un cap, avec le
postulat de voir comment protéger
au mieux nos équipes et nos clien-
tes », explique le PDG de la mar-
que, Alexandre Rubin. Un travail
de titan pour l’enseigne qui ne
compte pas moins de 686 maga-
sins en France dans un secteur,
la cosmétique, où les clientes
sont friandes de conseils.
Une offre réduite
en cabine
Dans ce contexte, la marque a
décidé de ne rien négliger. Ses
6.000 conseillères de vente seront
ainsi équipées de masques et de
gel. Celles en caisses et dans ses
instituts de beauté, présents dans
la quasi-totalité du réseau, bénéfi-
cieront en plus de visières de pro-
tection. Ces derniers ne seront
pas rouverts le 11 mai, mais plus
tard, afin de permettre de former
les salariés aux nouvelles règles.
« Les visières vont permettre de
rassurer pour les soins en cabine,
poursuit le dirigeant. Notre offre
sera revue à la baisse, avec le main-
tien seulement des séances d’épila-
tion et des soins du corps, mais pas
du visage. Il y aura une forte
demande en raison de l’été qui
approche. » Entre deux clientes,
les cabines seront désinfectées.
Ce qui demandera donc un espa-
cement des rendez-vous, avec des
horaires à respecter pour ne pas
créer de files d’attente.
Dans les magasins (en
moyenne de 35 mètres carrés), le
nombre de clientes sera limité à
3, afin de respecter les distances,
avec les deux à trois salariés sur
place. Et pour tester les produits,
un passage incontournable dans
la cosmétique, il faudra s’adres-
ser aux conseillères. « Ce sont
elles qui, avec des gants, mani-
puleront les spatules, lesquelles
seront bien sûr changées à cha-
que fois. Il n’y aura plus de libre-
service pour les testeurs », indi-
que Alexandre Rubin.
Yves Rocher (685 millions
d’euros de chiffre d’affaires) peut
compter sur la fidélité de ses
6 millions de clientes. La marque
estime que nombre d’entre elles
devraient refaire leurs stocks de
crèmes et autres gels douche
après deux mois de confinement.
Même si ses ventes sur Internet,
soit 7 % du chiffre d’affaires, ont
connu une forte hausse sur la
période. Pas suffisant toutefois
pour compenser celles en bouti-
ques qui assurent 80 % de l’acti-
vité, le solde provenant de la VPC.
Le PDG se dit « soulagé que notre
réseau reprenne vie, et confiant
dans notre capacité à gérer ces
règles sanitaires. La proximité est
notre atout. Cette crise va encore
plus humaniser la relation avec
nos clientes. » — D. C.
Les Echos Lundi 27 avril 2020
Comment les jeunes marques de mode
veulent faire revenir les consommateurs
Selon l’Institut Français
de la Mode, les ventes
d’habillement ont plongé
de 59 % en mars. Les jeunes
marques de mode comme
Sessùn, Balibaris ou Le Slip
Français, préparent
activement la réouverture
de leurs boutiques le 12 mai.
Sessùn, Sœur, Balibaris, Le Slip
Fr a n ç a i s … t o u t e s c e s j e u n e s
marques de mode préparent active-
ment le déconfinement. Une sortie
de crise pour laquelle elles vont
appliquer un plan commun orches-
tré par leur actionnaire, Experien-
ced Capital, le fonds sectoriel lancé
en 2016 par les anciens dirigeants de
Sandro, Maje et Claudie Pierlot
(SMCP). Positionné sur le luxe
accessible, ce dernier détient 12 par-
ticipations (entre 10 et 30 millions
d’euros) dans des marques émer-
gentes, de l’habillement aux cosmé-
tiques, en passant par la déco.
Si toutes leurs boutiques sont fer-
mées, soit 350 points de vente (dont
130 corners), ces marques nées sur
Internet ont pu compter sur l’e-com-
merce pour soutenir leur activité.
« Elles ont connu en moyenne une
hausse de plus de 50 % de leurs ventes
en ligne entre le 1er et le 20 avril. Leurs
clients sont très connectés », explique
Emmanuel Pradère, président et
fondateur d’Experienced Capital,
avec Frédéric Biousse et Elie Kouby.
Pas suffisant toutefois pour com-
penser la perte dans les boutiques.
D’où l’importance des réouvertures
en vue. Une équipe de 8 experts tra-
vaille aux côtés de chacune de façon
opérationnelle. Des conseils pré-
cieux dans cette période de turbu-
lences. Selon l’Institut Français de la
Mode, les ventes d’habillement ont
plongé de 59 % en mars, par rapport
au même mois l’an dernier. Après la
gestion de la pandémie, ces profes-
« Le retour à la normale
n’interviendra pas avant
le quatrième trimestre 2021 »
Propos recueillis par
Philippe Bertrand
@Bertra1Philippe
L
e groupe de grands magasins
connaîtra en 2020 un man-
que à gagner d’un milliard
d’euros, soit la moitié de son chiffre
d’affaires 2019. L’entreprise fami-
liale subit la double peine : ferme-
ture des commerces non alimen-
taires, disparition des touristes
étrangers. Du jamais-vu en 125 ans
d’histoire. Elle a demandé un prêt
garanti par l’Etat. Son dirigeant,
Nicolas Houzé, estime que la reprise
sera longue et progressive. Il
n’entend pas pour autant changer
de modèle ni arrêter ses chantiers
prioritaires.
Vos magasins vont-ils rouvrir
le 11 mai ?
Nous nous y préparons depuis le
jour où nous avons fermé nos portes
au public. Ce qui est certain, c’est que
rouvrir un magasin emblématique
comme les Galeries Lafayette Haus-
smann enverrait un signal fort pour
la reprise de l’activité à l’échelle de la
capitale comme du pays. Les diffé-
rentes annonces des membres du
gouvernement laissent supposer
que tous les commerces pourront
rouvrir le 11 mai, les petits comme
les grands. Avec nos organisations
professionnelles et mes confrères
des autres enseignes de grands
magasins, nous préparons un plan
de reprise de l’activité qui contien-
dra des mesures communes à la
profession. Dans notre cas spécifi-
que, nous souhaitons faire certifier
notre protocole par un organisme
sionnels ont préparé avec elles un
plan d’action pour le 11 mai. « Le sec-
teur a beaucoup souffert, aussi, nous
nous organisons pour être en ordre de
marche pour la reprise », indique le
dirigeant.
Priorité des priorités, recenser les
salariés présents mi-mai, hors les
mères de famille et les personnes à la
santé fragile. A partir de là, chaque
marque va constituer des équipes
capables de faire tourner les maga-
sins. Pour réussir avec un effectif
moindre, une réduction des horaires
est prévue. D’autant que les achats
ne vont pas repartir dans l’immédiat.
Les boutiques rouvriront ainsi à
11 heures au lieu de 10. Le nombre de
clients sera lui aussi limité selon la
superficie des points de vente.
« Nous sommes en train de calculer
pour chacun le nombre maximum
qu’il pourra accueillir afin de respec-
ter la distanciation sociale. Cela ira de
2 à 10 clients en même temps »,
détaille Emmanuel Pradère.
Nouveaux comportements
Ce travail de fourmi achevé, les
règles d’hygiène seront elles aussi
très encadrées. Gel hydroalcooli-
que à l’entrée, et aussi aux caisses,
« avec l’obligation pour chacun avant
son achat de se relaver les mains ».
Du gel désinfectant servira pour
nettoyer les locaux toutes les deux
heures. « Dès qu’un client aura tou-
ché un vêtement, une poignée ou uti-
lisé une cabine d’essayage, nous
désinfecterons », assure le prési-
dent. Le fait d’ouvrir une heure plus
tard le matin permettra d’appliquer
l’ensemble de ce protocole.
Afin de protéger ses salariés,
Experienced Capital a commandé
90.000 masques, en partie en
France. Le Slip Francais est le coor-
dinateur des ateliers de confection,
qui se sont convertis en urgence à
leur fabrication. Parmi les griffes du
indépendant, dans un souci d’exem-
plarité. C’est un énorme travail de
préparation et de pédagogie après
deux mois d’inactivité. Il nous faut
contacter nos milliers d’employés
pour leur expliquer les mesures que
nous prendrons pour assurer leur
sécurité, ainsi que celle de nos
clients. Nous échangeons toutes les
semaines avec nos instances repré-
sentatives du personnel, mais sur le
fond tout reste suspendu aux nou-
velles annonces que fera le Premier
ministre cette semaine.
Comment se passera
la réouverture ? Allez-vous
rouvrir tous les magasins,
tous les rayons ?
Nous rouvrirons tous nos maga-
sins, même si nous anticipons une
reprise longue et progressive. Nous
adapterons notre organisation au
cas par cas. Pour notre navire ami-
ral du boulevard Haussmann à
Paris, qui reçoit en temps normal
80.000 personnes par jour, nous ne
pouvons pas condamner certains
rayons ou certains étages. En revan-
che, nous allons limiter le nombre
« Pendant le
confinement, notre
positionnement
multi-catégoriel
mode-maison-
décoration
s’est révélé un
atout de poids. »
fonds, Figaret a décidé d’utiliser les
chutes de ses chemises pour pro-
duire des masques pour son per-
sonnel, avec le style maison.
Lourdes contraintes
De lourdes contraintes, mais pas
insurmontables selon Experienced
Capital. Car les consommateurs
vont changer de comportement.
« Ils viendront en repérage, avant
d’acheter sur Internet, ou alors seule-
ment pour un essayage avant de
confirmer en ligne, mais ils resteront
moins longtemps », estime Emma-
nuel Pradère.
L’activité de ces jeunes marques
sera-t-elle fortement impactée ?
« Nous ne sommes pas dans le “mass
market”. Il n’y a pas la queue aux
caisses dans nos boutiques. Ce sera
dur, mais nous ne sommes pas
inquiets. » Rendez-vous le 12 mai.
Le 11 sera consacré à la formation
de tout le personnel via des
visioconférences. — D. C.
« Les clients
viendront en
repérage, avant
d’acheter sur
Internet, ou alors
seulement pour
un essayage avant
de confirmer
en ligne, mais
ils resteront moins
longtemps. »
EMMANUEL PRADÈRE
Président et cofondateur
d’Experienced Capital
NICOLAS HOUZÉ
Directeur général des
Galeries Lafayette
et du BHV/Marais
de clients présents au même
moment, selon un ratio d’une per-
sonne pour dix mètres carrés. Il fau-
dra donc filtrer les entrées, et nous
pourrions envisager de limiter les
horaires d’ouverture dans un pre-
mier temps. Tous nos employés ne
seront pas disponibles, certains
devront encore garder leurs
enfants, d’autres auront peut-être
des problèmes de transp ort.
Aujourd’hui, 95 % du personnel des
magasins est au chômage partiel. Il
est possible que nous le prolon-
gions pour certains dans la mesure
où l’activité sera lente au redémar-
rage. Aujourd’hui rien n’est tran-
ché, toutes les options sont ouver-
tes. Ce qui est certain, c’est que le
choc traumatique collectif prendra
du temps à s’estomper et que nous
devrons aider nos clients à retrou-
ver le chemin de nos magasins en
récréant le désir chez eux à travers
une expérience réconfortante et
divertissante.
Quelle est la situation écono-
mique de votre groupe après
deux mois de fermeture ?
Il faut bien avoir conscience que
c’est la première fois dans nos 125
ans d’histoire que nos magasins fer-
ment aussi longtemps. Cela n’était
pas arrivé pendant la Seconde
Guerre mondiale. Nous subissons
une double peine puisque nos
A Berlin, des commerces
ouverts mais sans clients
Une semaine après les
premières ouvertures de
magasins outre-Rhin, les
commerçants font grise
mine. Les consomma-
teurs ont le moral dans
les chaussettes.
Ninon Renaud
— Correspondante à Berlin
Angela Merkel voulait à tout
prix éviter le scénario d’une
marée humaine à l’assaut des
centres-villes allemands après
quatre semaines d’interdiction
de shopping. Huit jours après
les premiers levers de rideau
des commerces, ses craintes ne
se sont pas réalisées : les règles
imposées aux professionnels et
l’état d’esprit morose des ména-
ges ont étouffé toute fièvre
acheteuse.
Sur S chönhauser Allee,
l’artère principale du quartier
bobo de Prenzlauer Berg, dans
le nord de Berlin, Heinz
Rothholz, a accueilli le premier
jour 15 clients dans sa petite
bijouterie nouvellement équi-
pée de vitres en Plexiglas pour
assurer une séparation avec la
clientèle. « La plupart viennent
pour changer une pile de montre
ou pour une réparation. Nos
clients ne nous ont pas oubliés,
mais l’avenir est trop incertain
pour qu’ils fassent des dépenses
superflues », estime le septuagé-
naire. Dans Bergmannstrasse,
artère commerçante du quar-
tier de Kreuzberg, dans le sud de
Berlin, Denise prend le soleil
devant sa boutique de fripes des
années 1950. Elle a le temps : elle
n’a vendu qu’une pièce en deux
jours, grâce à un client fidèle. « Il
a sauvé ma journée », soupire-t-
elle en montrant les marqueurs
« C’est la première fois que nos magasins ferment
aussi longtemps », explique Nicolas Houzé. Photo Paul Blind
magasins sont fermés et parce que
le tourisme est en panne et ne repar-
tira pas avant un moment. La clien-
tèle touristique internationale
représente la moitié des ventes du
boulevard Haussmann, avec une
bonne part de Chinois. Nous avons
refait cinq fois nos prévisions. Nous
estimons que notre groupe va faire
en 2020 la moitié seulement du
chiffre d’affaires de 2019. C’est une
crise sans précédent, qui intervient
après plusieurs années perturbées
jaunes sur le sol que d’éventuels
clients devraient respecter pour
garantir les règles de distancia-
tion physique.
Le soleil pousse les Berlinois
à flâner dans les parcs mais
dépenser de l’argent est une
autre affaire. Le baromètre des
attentes de revenus des con-
sommateurs de l’institut GfK a
perdu 47,1 points sur un mois
en avril, à –19,3 points. Du
jamais-vu.
Des règles d’ouverture
peu favorables
Seules les grandes enseignes de
mode comme Zara ou H&M
attiraient, samedi, adolescentes
et jeunes couples heureux de
pouvoir faire un peu de shop-
ping dans les environs de Kur-
fürstendamm, l’artère com-
merçante chic de la partie ouest
de Berlin. Les magasins d’élec-
tronique provoquaient aussi
des queues à leur entrée : une
cinquantaine de personnes
attendaient devant Saturn,
mais surtout pour s’approvi-
sionner en matériel informati-
que et bureautique pour conti-
nuer de travailler depuis chez
soi. Ces files d’attente sont en
outre dues aux règles imposées
à ces grandes enseignes dans
nombre de Länder : elles se
devaient de limiter leur surface
de vente à 800 mètres carrés et
de respecter une densité maxi-
male d’une personne pour 20
mètres carrés.
« En moyenne seulement 40 %
du volume d’affaires normal est
réalisé », a calculé vendredi la
Fédération du commerce de
détail (HDE) qui estime à
30 milliards d’euros le montant
des pertes subi au cours du
mois passé. n
ENTREPRISES // 17
par les attentats, les « gilets jaunes »
et les grèves.
Votre groupe a-t-il les reins
suffisamment solides pour
supporter ce manque à gagner
et quand prévoyez-vous un
retour à la normale ?
Si nous restons solides sur le long
terme, nos résultats et notre tréso-
rerie vont souffrir en proportion de
la violence du choc subi. Nous
avons fait une demande de prêt
garanti par l’Etat afin de passer ce
cap et de relancer l’activité, car il est
difficile de prédire le rythme de la
reprise. Nous pensons retrouver
une partie de la clientèle internatio-
nale à la fin de l’année, mais le véri-
table retour à la normale n’inter-
viendra pas avant le quatrième
trimestre 2021.
Cette crise vous pousse-t-elle
à revoir vos investissements
et à réorienter votre modèle
vers la clientèle française ?
Nous allons diminuer nos dépenses
d’investissement, nos capex, de
30 % pour retrouver une dynami-
que positive. Mais nous ne remet-
trons pas en question deux de nos
chantiers prioritaire que sont la
réinvention du magasin d’Hauss-
mann et l’accélération dans le digi-
tal, pour devenir résolument omni-
canal. Quant à notre mo dèle
historique, notre magasin du bou-
levard Haussmann a été pensé dès
son origine comme un « magasin
monde », et je reste persuadé que ce
modèle est pertinent. La France et
Paris resteront parmi les premières
destinations touristiques mondia-
les. Mais la clientèle française a tou-
jours été importante pour nous, à
Haussmann où elle reste la pre-
mière en nombre et où elle croît
plus rapidement que les touristes
étrangers, comme dans l’ensemble
de magasins français. Notre credo,
c’est d’offrir de la mode accessible
autant que du luxe.
Quelles leçons tirez-vous
de la crise ?
Je crois plus que jamais à l’omnica-
nalité. Il n’y a plus de différence
entre les magasins et l’e-commerce
pour le client. Pendant le confine-
ment, notre positionnement multi-
catégoriel mode-maison-décora-
tion s’est révélé un atout de poids.
Les ventes de galerieslafayette.com
ont doublé et celles de La Redoute
ont grimpé. Mais globalement,
l’e-commerce n’a pas remplacé les
magasins. A l’avenir, nous devrons
revoir notre organisation en pro-
fondeur afin de tenir compte de
cette nouvelle équation. n
18 // ENTREPRISES Lundi 27 avril 2020 Les Echos

Sauvetage à 10 milliards d’euros pour Air

l Air France-KLM obtient des prêts pour un montant total de 7 milliards d’euros, destinés à Air France.
l Les Pays-Bas, dans les prochains jours, devraient suivre avec de 2 à 4 milliards supplémentaires, pour KLM.
AÉRIEN
Bruno Trévidic
@BrunoTrevidic
Vingt-six ans après la recapitalisa-
tion de 20 milliards de francs
(3 milliards d’euros), qui avait per-
mis au groupe Air France d’échap-
per à la faillite et d’effectuer par la
suite un spectaculaire redresse-
ment, l’Etat français vole de nou-
veau au secours de l’ex-compagnie
nationale.
« Il faut sauver notre compagnie
nationale », a déclaré Bruno Le
Maire, le ministre de l’Economie en
qualifiant ce plan à 7 milliards
d’euros d’« historique » et précisant
qu’une nationalisation n’était « pas
à l’ordre du jour ». Un consortium
de banques va prêter 4 milliards
garantis à 90 % par l’Etat qui, de son
côté, accordera un prêt d’action-
naire de 3 milliards.
La France d’abord
A ces 7 milliards d’euros devraient
s’ajouter dans les prochains jours la
contribution hollandaise au sauve-
tage de KLM, pour un montant de
« deux à quatre milliards », a indi-
qué le ministre des Finances des
Pays-Bas, Wopke Hoekstra, qui veut
faire valider ce sauvetage par le Par-
lement néerlandais.
L’enveloppe totale, qui reste
subordonnée à son approbation
par la Commission européenne,
devrait donc atteindre de 9 à 11 mil-
liards. De quoi permettre à Air
France-KLM, dont l’activité a chuté
de plus de 95 % et qui perd 25 mil-
lions d’euros par jour, de faire face à
ses échéances financières du troi-
sième trimestre et pouvoir accom-
pagner une lente reprise de l’acti-
vité, qui pourrait s’étaler jusqu’en
2022. Les dernières prévisions d’Air
France-KLM tablent sur un trafic
toujours en recul de 80 % en juin, de
60 % en juillet et de 40 % en août…
Des engagements
Ces prêts garantis sont complétés
par les aides consenties par l’Etat
français : les reports de paiement de
taxes et de charges et, surtout, des
mesures dites « d’activité par-
tielle », qui ont permis à Air France
de mettre temporairement au chô-
mage 76 % de ses effectifs. En y ajou-
tant les mesures équivalentes pri-
ses par l’Etat néerlandais, le groupe
a ainsi pu économiser près de
1,1 milliard d’euros pour 2020.
En contrepartie, Air France-
KLM a dû s’engager sur un certain
nombre de points. Le premier porte
sur un engagement à œuvrer en
faveur d’un « développement dura-
ble » et de réduction de ces émis-
sions de CO2 passant par une réduc-
tion de son offre domestique et une
modernisation de sa flotte. Mais
l’engagement principal concerne sa
capacité à rembourser ces sommes.
Pour cela, le groupe s’est engagé à
amplifier les réductions de coûts et
à accélérer son « plan de transfor-
mation », présenté en novembre L’aide de l’Etat à Air France-KLM, qui perd 25 millions d’euros par jour, lui permettra de faire face à ses échéances financières
dernier, qui visait à doubler son du troisième trimestre et de pouvoir accompagner une lente reprise de l’activité pouvant s’étaler jusqu’en 2022. Photo AFP
bénéfice d’exploitation d’ici à 2024
pour atteindre une marge opéra- opération de renforcement de ses français à bénéficier d’un prêt soutien de leurs gouvernements res- francs consentis à Air France
tionnelle « de 7 % à 8 % », contre fonds propres, qui pourrait interve- garanti par l’Etat, mais dans des pro- pectifs. Lufthansa serait sur le point avaient permis au groupe de revenir
4,8 % en 2019 (et 2,1 % seulement nir au plus tard à l’issue de l’assem- portions quatorze fois plus impor- d’obtenir une aide tout aussi massive aux bénéfices trois ans plus tard,
pour le groupe Air France). blée d’approbation des comptes de tantes. Partout dans le monde, les de la part de l’Etat allemand. après huit années de pertes. Et
Ce plan, initialement prévu sur l’exercice 2020 », précise Air France. Etats volent au secours de leurs com- A l’inverse du gouvernement d’achever sa transformation en
cinq ans devrait sans doute être réa- « Dans ce cadre, l’Etat français a indi- pagnies, Delta Air Lines, le parte- américain qui a conditionné l’octroi compagnie de « hub » internatio-
lisé d’ici à fin 2021. Il pourrait se tra- qué son intention d’examiner les naire américain d’Air France-KLM, de son aide à l’obligation de préser- nale, ouvrant ainsi la voie à sa priva-
duire là aussi par une réduction conditions de sa participation à une devrait ainsi toucher 11 milliards de ver à la fois les effectifs et le réseau tisation. Dix ans plus tard, le rachat
sensible de l’offre d’Air France, sur telle opération de renforcement des dollars du gouvernement américain intérieur, le gouvernement français de KLM permettait même à Air
son réseau domestique, avec un fonds propres », ajoute-t-il. sous forme de prêt direct bancaires n’a, semble-t-il, pas mis de frein aux France de se hisser au premier rang
impact sur les effectifs. garantis. Les compagnies scandina- possibilités de restructuration d’Air européen…
« A l’issue de l’élaboration de ce Un effort sans précédent ves SAS et Norwegian, Virgin Atlan- France et de KLM.
plan, le conseil d’administration du
groupe envisage de procéder à une
Après FNAC-Darty, Air France-
KLM est le deuxième grand groupe
tic au Royaume-Uni ou encore Alita-
lia en Italie ont également reçu le
Cette aide massive sera-t-elle suf-
fisante ? En 1994, les 20 milliards de ( Lire l’éditorial de David
Barroux Page 14

« Cette crise doit être pour Air France l’occasion de se réformer »

Propos recueillis par et à Air France. C’est une marque de BENJAMIN SMITH vité, mais aussi en utilisant des avi- d’Air France était plus rapide que outre-mer, ainsi que sur New York-
B. T. confiance exceptionnelle dans Directeur général ons moins polluants. Le deuxième celle de ses principaux concur- JFK au départ d’Orly. Nous ne pré-
et David Barroux notre avenir, celui d’Air France et d’Air France-KLM objectif est de poursuivre le renou- rents. Et ce, malgré les hausses de voyons pas d’y renoncer.

D
ans un entretien aux
« Echos », le patron d’Air
France-KLM, Benjamin
Smith, détaille les hypothèses de
sortie de crise et les conditions aux
7 milliards d’euros de prêts consen-
tis par l’Etat. En contrepartie, Air
France s’est engagé à accélérer son
plan de transformation. Des coupes
claires dans le réseau domestique et
un nouveau plan de départs volon-
taires sont en préparation.
Air France-KLM a obtenu de
l’Etat français et des banques,
7 milliards d’euros sous forme
de prêts pour Air France.
Est-ce suffisant pour passer
la crise et combien de temps
pouvez-vous tenir ?
Je tiens tout d’abord à remercier le
gouvernement français, le ministre
des Finances, Bruno Le Maire, ainsi
que nos partenaires bancaires
pour le soutien extraordinaire
qu’ils apportent à Air France-KLM
une preuve de leur intérêt stratégi-
que pour la France. Ce n’était pas un
accord facile, compte tenu de
l’engagement financier pour l’Etat.
Il a nécessité plusieurs semaines
intenses de travail. Mais grâce à ce
soutien, nous avons les moyens de
passer la période la plus difficile des
prochains mois, durant laquelle
nos liquidités risquaient d’atteindre
un niveau critique, et de continuer à
opérer pendant douze à dix-huit
mois, selon les hypothèses de
retour du marché.
Et pour KLM ?
Air France n’a pas la même taille ni
le même niveau de rentabilité que
KLM. Le gouvernement néerlan-
dais va donc soutenir le groupe et
KLM à un niveau proportionnelle-
ment équivalent à celui du gouver-
nement français pour Air France.
Quelles sont vos hypothèses
de reprise de l’activité ?
Aujourd’hui, l’activité d’Air France
n’est plus que 2 % à 3 % du pro-
gramme normal d’un mois d’avril.
La situation devrait commencer à
s’améliorer progressivement sur le
réseau domestique avec la sortie du
confinement, à partir du 11 mai.
Cependant, nous devrons attendre
la réouverture des frontières euro-
péennes, possiblement vers la fin de
l’été, pour pouvoir relancer notre
programme long-courrier, qui se
résume, pour l’heure, à quelques
vols de rapatriement et des vols
cargo. Il faudra aussi que les frontiè-
res des pays importants pour nous,
comme les Etats-Unis, soient
rouvertes. Cela fait beaucoup
d’inconnues.
A quand le retour
à la normale ?
Je ne le vois pas avant deux ans,
peut-être même un peu plus. Cela
dépendra de la réouverture des
frontières, mais aussi du temps qu’il
faudra à nos clients pour revenir
vellement de la flotte. Nous avons,
par exemple, commandé 60 Airbus
A220, pour remplacer les A318 et
A319, qui permettront, à eux seuls,
de réduire de 20 à 25 % ces émis-
sions. Enfin, nous avons décidé
d’utiliser autant que possible des
biocarburants dans le cadre de la
feuille de route nationale, dès qu’ils
seront disponibles en France. Ce
qui n’est pas encore le cas.
Pour pouvoir rembourser
ces prêts, Air France-KLM
s’est aussi engagé à accélérer
ses réductions de coûts et
sa restructuration. Quels
sont les nouveaux objectifs ?
Les objectifs du plan de transforma-
tion, présenté en novembre dernier,
ne changent pas. Ce plan a le sou-
tien du gouvernement et les 7 mil-
liards de prêts vont nous permettre
de le mener à bien malgré la crise.
Nous allons accélérer sa mise en
œuvre dans deux domaines : la
rationalisation du réseau domesti-
que, qui a encore généré 200 mil-
lions d’euros de pertes l’an dernier,
salaires consenties en 2019, plus
que compensées par l’augmenta-
tion de la productivité.
Que prévoyez-vous pour
le réseau domestique ? Allez-
vous transférer des lignes
d’Air France à Transavia ?
Les détails des mesures seront arrê-
tés cet été. Concernant Transavia,
c’est une très belle compagnie et
nous avons négocié un accord cons-
tructif avec les pilotes, qui a permis
de supprimer la limitation du nom-
bre d’avions à 40. Cependant, cet
accord prévoit que Transavia ne
peut pas opérer au départ de Rois-
sy-CDG, ainsi que sur les lignes
domestiques. Nous avons engagé
de bonnes discussions avec les pilo-
tes qui ont conscience de la gravité
de la situation et sont déterminés à
faire gagner Air France.
La marque Air France pour-
rait-elle disparaître d’Orly ?
Il n’en est pas question. Nous avons
le service de La Navette qui fonc-
tionne de façon très satisfaisante.
Au-delà de la question d’Orly,
pourquoi ne pas avoir davan-
tage développé l’activité low
cost de Transavia ?
Deux choses ont freiné le dévelop-
pement de Transavia : la crise du
Boeing 737 MAX et le manque de
737 NG disponibles sur le marché
et, d’autre part, la difficulté à accélé-
rer la formation des équipages pour
suivre la croissance. Aujourd’hui, la
chute de l’activité nous laisse plus
de latitude sur ce second point. La
priorité est de renforcer le plus pos-
sible nos positions à Orly et dans un
second temps, de multiplier les
bases en province comme Montpel-
lier, par exemple. Il y a encore telle-
ment d’opportunités en France
pour Transavia, dans des villes tel-
les que Bordeaux, Nantes, Nice,
Marseille, Lyon… Et nous n’avons
plus aucune limite concernant le
nombre d’avions pour Transavia. Si
nous voulons déployer 100 ou
150 avions, c’est possible. La seule
limite est la rentabilité.

n FORMATION
LES ECHOS dans les avions.
En contrepartie des prêts,
Market access en France et en Europe le gouvernement français a-t-il
Les activités de Market Access s’inscrivent de demandé des engagements
manière continue, tout au long du cycle de vie supplémentaires à Air France
du médicament et évoluent dans un contexte
très réglementé. Prix, remboursement, évaluation
en matière environnementale ?
Air France s’est fixé trois objectifs,
médico-économique : comment optimiser chaque
avec l’ambition de réduire de 50 %
étape au niveau national et international ?
ses émissions de CO2 à l’horizon
Rendez-vous les 24 & 25 juin 2020 ou les 14 & 15 octobre 2020 à Paris 2030. Le premier est de réduire les
En savoir plus sur www.lesechos-formation.fr/market-access.htm émissions de CO2 de ses vols domes-
Un service proposé par Les Echos Solutions tiques de 50 % d’ici à 2024. Nous y
parviendrons en réduisant l’acti-
et la restructuration des fonctions
support, non opérationnelles. Nous
devons faire de cette crise l’occasion
de faire les réformes structurelles
que certains de nos concurrents ont
déjà réalisées. Pour cela, nous pou-
vons nous appuyer sur les 37 très
bons accords signés l’an dernier
avec les syndicats, qui permettent à
Air France de réduire ses coûts sans
le faire au détriment de ses salariés.
On pouvait déjà le constater sur les
derniers mois de 2019 : la trajectoire
de réduction des coûts unitaires
Nous avons aussi des vols sur les Que va-t-il se passer
pour la filiale régionale Hop
qui semble la plus fragile ?
Nous avions déjà lancé un plan de
« Je ne vois pas de transformation chez Hop avant la
retour à la normale crise. Nous avions décidé de conti-
avant deux ans, nuer à réduire le nombre et le type
d’avions. Hop est le résultat de la
peut-être même fusion de trois compagnies régio-
un peu plus. »
nales. Malgré les synergies réali-
sées, sa structure reste trop com-
plexe. Les coûts d’opération de Hop
sont plus élevés que la moyenne des
compagnies régionales européen-
Les Echos Lundi 27 avril 2020
France-KLM
L’incroyable bras de fer
entre les banques et l’Etat
Vendredi, BNP Paribas et
Société Générale ne
faisaient pas partie
du syndicat de 6 banques
s’étant engagées à prêter
4 milliards à Air France.
Elles négociaient pendant
le week-end.
Thibaut Madelin
@ThibautMadelin
Le plan de sauvetage d’Air France-
KLM, annoncé vendredi soir par
la compagnie aérienne et les gou-
vernements français et néerlan-
dais, a donné lieu à un bras de fer
inédit entre les banques et Bercy,
alors que les tractations se sont
poursuivies pendant tout le week-
end. Selon plusieurs sources, au
terme de négociations tendues,
BNP Paribas et Société Générale
ne faisaient pas partie vendredi du
syndicat bancaire qui a accordé
au groupe aérien le prêt géant de
4 milliards d’euros garanti par
l’Etat à hauteur de 90 %.
Celui-ci se trouve ainsi com-
posé pour moitié de banques
étrangères : aux côtés de Natixis
(filiale de BPCE), du Crédit Agri-
cole CIB et du CIC (filiale de Crédit
Mutuel), on trouve la britannique
HSBC, l’espagnole Santander et
l’allemande Deutsche Bank. Mais
les deux grandes banques françai-
ses tentaient durant le week-end
de revenir dans la course, et
Société Générale aurait in fine
rejoint, dimanche soir, le pool de
banques. « Je n’imagine pas qu’on
aurait pu faire autrement que de
participer, juge une source ban-
caire. C’est un client historique et,
compte tenu de sa dimension
emblématique, l’intérêt stratégique
nes. Cette situation n’est pas via-
ble. Cependant, la demande pour
des vols régionaux sur le marché
français existe bel et bien. Et
nous aurons toujours besoin
d’avions de moins de 100 places
pour alimenter notre hub de
Roissy-CDG au départ de certai-
nes villes de province et
d’Europe, et opérer certaines
lignes d’Orly et de Lyon. La
recette unitaire moyenne sur les
vols opérés par Hop est égale-
ment d’un bon niveau. En revan-
che, il y a aussi de nombreuses
lignes interrégionales très défici-
taires, sur lesquelles nous
devons agir. L’objectif n’est donc
pas de faire disparaître notre
filiale régionale, mais d’en faire
une compagnie rentable.
Quel sera l’impact social ?
Nous ferons en sorte que
l’impact social soit aussi réduit
que possible face à la transfor-
mation d’Air France et à la baisse
durable de l’activité. Certains
personnels d’Air France sont
probablement prêts à partir
volontairement, si on leur donne
la possibilité. La première étape
consisterait donc à proposer des
plans de départs volontaires.
L’étape suivante serait d’offrir à
ceux qui resteront dans le
groupe des plans de formation et
des possibilités de mutation en
rapport avec nos besoins. Tout
cela se fera de toute façon en très
étroite concertation avec les par-
tenaires sociaux, comme nous le
faisons depuis mon arrivée.
Le gouvernement a-t-il exigé
des garanties sur l’emploi ?
de l’entreprise pour l’Etat ne fait pas
de doute. » Ne pas faire partie du
syndicat bancaire sur un dossier
de place peut comporter un enjeu
d’image pour les banques. Un
financement peut en outre leur
permettre d’obtenir d’autres man-
dats plus rémunérateurs auprès
d’une entreprise. BNP Paribas a en
outre été accusé en coulisse par les
pouvoirs publics de freiner l’octroi
de prêts garantis sur plusieurs
dossiers. « Ce n’est pas finalisé,
insistait toutefois une source pro-
che de la rue d’Antin diman-
che. Les discussions sont en cours. »
De fait, les
conditions obtenues
vont au-delà de
celles prévues
dans le cadre du
PGE aux grandes
entreprises.
Techniquement, les six ban-
ques initiales se sont engagées à
apporter la somme de 4 milliards
d’euros, dont elles portent in fine
10 % du risque, soit 400 millions
d’euros. Mais la documentation
finale n’est pas signée et l’arrêté
ministériel non plus.
« Toutes les banques deman-
daient des conditions de sécurité
renforcées, compte tenu de la situa-
tion du secteur aérien, indique une
source. Certaines demandaient des
conditions encore améliorées que
les autres ne considéraient pas
indispensables. » « Certaines ban-
ques avaient le sentiment que ce
n’était pas la bonne façon de procé-
der, selon une autre source pro-
«Grâce au soutien de l’Etat, nous avons les moyens
de passer la période la plus difficile des prochains mois »,
estime Benjamin Smith. Photo Joël Saget/AFP
Le gouvernement n’a pas fait de
demande spécifique, mais il a
clairement souligné que cet
effort financier est fait avant tout
pour soutenir les salariés d’Air
France. Nous sommes une entre-
prise responsable et nos collabo-
rateurs sont notre principal actif.
La dernière chose que nous vou-
lons, c’est perdre cet atout.
Que peut encore faire
le gouvernement ?
A plus long terme, nous avons
besoin de règles du jeu et d’une
structure de coûts comparable à
celles de nos principaux concur-
rents. L’un des points les plus
importants pour nous est la com-
pétitivité de l’aéroport de Roissy-
che des négociations. C’est assez
courageux de dire non à l’Etat. Mais
à un moment, le gouvernement
devait décider vite et il avait assez de
banques. » De fait, les conditions
obtenues vont au-delà de celles
prévues dans le cadre du prêt
garanti par l’Etat (PGE) aux gran-
des entreprises. Normalement, la
part du prêt garantie par l’Etat est
de 70 ou 80 %. Dans le cas d’Air
France, elles ont obtenu une cou-
verture de 90 %.
Par ailleurs, l’Etat français a
accordé un prêt d’actionnaire de
3 milliards, ce qui soulage la tréso-
rerie de l’entreprise et peut être
considéré de facto comme du capi-
tal. Il portera aussi le risque (théo-
rique) d’une faillite d’Air France
dans les deux mois – un risque nor-
malement porté par les banques.
De son côté, le groupe aérien
dirigé par Ben Smith a obtenu ce
que FNAC-Darty n’avait pas réussi
à obtenir la semaine dernière : un
taux fixé à l’avance pour les deux
renouvellements annuels du cré-
dit lorsque celui-ci arrivera au
terme de la première année, et qui
serait inférieur à 2 %, selon nos
informations. Pour cela, il s’est
engagé à finaliser dans les pro-
chains mois un plan de transfor-
mation, qui inclura des engage-
ments de réduction des coûts. En
parallèle, le conseil envisagera de
procéder à une opération de ren-
forcement des fonds propres.
C’est sur cette deuxième partie
que BNP Paribas voulait un enga-
gement ferme et chiffré. Alors
que le secteur aérien n’a jamais
été aussi fragilisé, le groupe veut
s’assurer que les actionnaires et la
société font le maximum. Une
question de conviction. n
CDG. Nous sommes en discus-
sions avec le groupe ADP pour
nous assurer que les investisse-
ments prévus à Roissy-CDG
pour la construction du terminal
sont conformes aux besoins du
groupe Air France-KLM.
La crise peut-elle offrir des
possibilités de croissance
externe pour Air France-
KLM ?
Il est certain que beaucoup de
compagnies ne résisteront pas à
cette crise. Si des opportunités se
présentent, pourquoi pas ? Mais
notre priorité pour Air France
est, avant tout, de consolider
notre position sur le marché
français. n
L’hôtellerie-restauration obtient
de nouvelles aides à défaut
d’une date de réouverture
Le président de la
République a mené
vendredi une réunion
avec des profession-
nels du tourisme, dont
des chefs étoilés.
Emmanuel Macron
privilégie la sécurité
sanitaire.
Christophe Palierse
@cpalierse
Les chefs étoilés, qui ont mis une
forte pression médiatique sur les
pouvoirs publics afin de faire rou-
vrir sans tarder, à la fin du confine-
ment, le 11 mai, les restaurants
devront s’armer de patience.
Le président de la République qui
a mené vendredi, en fin de matinée,
une réunion avec des profession-
nels du secteur, dont certaines figu-
res emblématiques – Darroze,
Ducasse, Etchebest, Sarran, Savoy –
et plus largement de la filière tou-
risme n’a pas encore lâché du lest.
Exonération et étalements
« Rien ne serait pire que de faire une
réouverture dans la précipitation », a
notamment déclaré Emmanuel
Macron, selon des propos
rapportés par le ministre de l’Eco-
nomie et des Finances, Bruno
Le Maire à l’issue de cette réunion.
Le gouvernement veut s’assurer des
conditions sanitaires d’une reprise
les plus optimales possible. Il ren-
voie donc une éventuelle décision à
« la fin mai », a précisé le secrétaire
d’Etat en charge du Tourisme, Jean-
Baptiste Lemoyne. Les pouvoirs
publics devront alors « réétudier les
calendriers de réouverture ».
De nouvelles mesures
de soutien fortes,
au bénéfice aussi
des secteurs
de l’événementiel, du
sport et de la culture,
sont annoncées.
En attendant, a souligné Jean-
Baptiste Lemoyne, le gouverne-
ment confirme que « le tourisme est
vraiment une priorité nationale »,
avec de nouvelles mesures de sou-
tien à la filière, ainsi qu’aux secteurs
à suivre
Hermès résiste bien
à la crise sanitaire
LUXE Hermès a mieux résisté que
ses concurrents face à la pandé-
mie. Le recul de son chiffre d’affai-
res du premier trimestre a été
limité à 7,7 % à taux constants, à
1,5 milliard d’euros. C’est la forte
hausse du mois de janvier, du fait
du Nouvel An chinois, qui expli-
que cette résistance. Le gérant du
groupe familial, Axel Dumas, a
p r é v e n u q u e l ’a c t i v i t é a u
deuxième trimestre serait « forte-
ment » affectée car 75 % des maga-
sins sont toujours fermés. Depuis
la réouverture progressive en
Chine en mars, les ventes ont affi-
ché dans le pays des progressions
à deux chiffres. « La tendance est
très élevée, étant donné que les
voyages sont interdits », a indiqué
le dirigeant. Hermès a partielle-
ment repris ses activités dans les
sites de production et de logisti-
que depuis le 14 avril.
ENTREPRISES // 19
de l’événementiel, du sport et de
la culture.
Il a ainsi décidé d’appliquer une
exonération de cotisations sociales
aux TPE et aux PME – d’au plus
250 salariés – de ces secteurs pen-
dant la période de fermeture, de
mars à juin. A l’adresse des autres
entreprises, il est proposé la possi-
bilité d’obtenir « des étalements
longs » des charges sociales et fisca-
les reportées et, au cas par cas, de
solliciter des annulations de dette
en fonction de leur situation finan-
cière. Par ailleurs, le gouverne-
ment échangera avec les collectivi-
tés sur les modalités de report de la
cotisation foncière des entreprises
et d’exonération de la part forfai-
taire de la taxe de séjour au titre de
l’année 2020.
Chômage partiel prolongé
S’agissant des loyers, autre ques-
tion sensible, les pouvoirs publics
ont décidé que ceux dus aux
« bailleurs nationaux », ainsi que
les redevances d’occupation du
domaine public seront annulés
pour les TPE et PME. Bruno
Le Maire a, par ailleurs, rappelé la
mise en place d’une mission de
médiation sur les loyers des com-
merçants, confiée à Jeanne-Marie
Prost, la présidente de l’Observa-
toire des délais de paiement et ex-
médiatrice nationale du crédit.
A l’écoute des organisations pro-
fessionnelles, le gouvernement a
AVIS FINANCIERS
ALTEN
ACTIVITÉ DU PREMIER TRIMESTRE 2020 : + 7,3%
Croissance organique de 4,0% obérée
par le début de la crise sanitaire
1 acquisition à l’International
En millions d’Euros Q1 2019
Chiffre d’affaires
dont France
643,3
287,5 soit 44,7 %
dont International 355,7 soit 55,3 %
ACTIVITÉ A FIN MARS 2020 : + 7,3%
La croissance de l’activité s’établit à 7,3%
au premier trimestre 2020 : elle est de
- 0,1% en France et 13,2% à l’International.
A périmètre et change constants, la
croissance est de 4,0% (0,4% en France et
6,8% hors de France).
Ce trimestre a bénéficié d’une saisonnalité
favorable (+ 0,6 jour ouvré), mais a été
fortement pénalisé au mois de mars par le
début de la crise sanitaire. En Chine, dès la fin
janvier puis en mars en Europe, et enfin aux
Etats-Unis.
Le télétravail a été massivement mis en œuvre
pour permettre la continuité des activités.
Néanmoins, plusieurs clients, principalement
dans les secteurs de l’Automobile et de
l’Aéronautique civil, ont suspendu des projets
pour des durées indéterminées. Pour y faire
face, chaque fois que possible, des mesures
de chômage partiel ont été mises en œuvre.
En conséquence, le taux d’activité du mois de
mars est en fort recul, à 88%. Il s’est établi à
89,8% au premier trimestre, versus 91,8 %
l’an passé.
Dans ce contexte inédit, le chiffre d’affaires de
la France est stable. La croissance reste
supérieure à 10 % dans les secteurs de
l’Energie, de la Défense/Sécurité et du
Ferroviaire/Naval. Elle est satisfaisante dans
les secteurs de l’Aérospatial et des Telecom
mais en recul principalement dans les
secteurs de l’Automobile et du Finance/
Tertiaire.
Hors de France, l’Amérique du Nord, le
Royaume-Uni, l’Asie et l’Italie sont en forte
progression.
Au niveau Groupe, les principaux secteurs
d’activité en croissance sont ceux de
l’Energie, de l’Aérospatial, des Sciences de
la Vie et du Ferroviaire/Naval.
CROISSANCE EXTERNE :
1 ACQUISITION À L’INTERNATIONAL
ALTEN poursuit son développement à
l’international et a acquis une société en Asie
(Chine/Japon) spécialisée dans l’outsourcing
IT au premier trimestre 2020 (CA annuel :
18 M€, 400 consultants).
PERSPECTIVES 2020 :
ALTEN est affecté, comme l’ensemble
des acteurs économiques mondiaux,
par la situation d’urgence sanitaire
liée à la pandémie de Covid-19. Outre
les conséquences sanitaires, l’activité
économique mondiale ralentit fortement
depuis la mi-mars. A aujourd’hui, les risques
liés à la crise sanitaire du Covid-19 ne sont
À propos d’ALTEN
Pour toutes informations: www.alten.com/investisseurs / Contact : Cabinet ESCAL Consulting Tel : + 33 1 44 94 95 66
Leader Européen de l’Ingénierie et du Conseil en Technologies (ICT), ALTEN réalise des projets de conception et
d’études pour les Directions Techniques et DSI des grands comptes industriels, télécoms et tertiaires. Le titre
ALTEN est coté au compartiment A du marché d’Euronext Paris (ISIN FR0000071946), fait partie du SBF 120, de
l’indice IT CAC 50 et du MIDCAP 100, et est éligible au SRD.
également décidé de maintenir le
dispositif de chômage partiel après
la reprise de l’activité de la filière
tourisme, ainsi que celle des sec-
teurs de l’événementiel, du sport et
de la culture. De même, le fonds de
solidarité leur restera ouvert au-
delà du mois de mai. Son accès est
élargi aux entreprises employant
jusqu’à 20 salariés et réalisant jus-
qu’à 2 millions d’euros de chiffre
d’affaires, contre 10 salariés et un
million d’euros jusqu’alors. Le pla-
fond de l’aide est porté de 5.000 à
10.000 euros.
Au-delà des mesures d’urgence, il
faut aussi « préparer la reprise ».
Reprenant une proposition du
patronat de l’hôtellerie-restaura-
tion, le gouvernement « travaille »
sur la création d’un fonds d’investis-
sement en faveur de la filière touris-
me-loisirs, avec l’éventuelle partici-
pation des assureurs. Une
concertation est enfin en cours dans
le cadre du Comité de filière tou-
risme. Un « point d’étape » sera fait,
sous la houlette du Premier minis-
tre, lors d’un conseil interministériel
du tourisme qui se tiendra le 14 mai.
4
À NOTER
Une réunion des ministres
du Tourisme des Etats mem-
bres de l’Union européenne est
prévue lundi 27 avril afin
de coordonner leurs efforts.
Q1 2020 Variation
690,1
287,3 soit 41,6 %
+ 7,3%
- 0,1%
402,8 soit 58,4 % + 13,2%
pas quantifiables. Le Groupe ALTEN met tout
en œuvre afin de les maitriser, de les réduire,
et pour assurer la continuité de l’activité dans
les meilleures conditions. Le Groupe devrait
être en mesure de présenter une évaluation
des impacts économiques probables au plus
tard lors de la publication de ses résultats
semestriels en septembre 2020.
Compte tenu des mesures de confinement
prises partout dans le monde, malgré le
recours au télétravail, les suspensions/
arrêts de projets se sont multipliés, de façon
hétérogène selon les pays et les secteurs
d’activité.
Les secteurs de l’Automobile et Poids lourds,
de l’Aérien et des services associés, et de
l’Aéronautique civil sont les plus durement
touchés par la crise. En conséquence, la
France, la Suède et l’Allemagne sont les pays
où l’activité d’Alten est la plus impactée.
Avant un possible rebond au second
semestre, et au mieux des informations dont
nous disposons à ce jour, l’activité pourrait
fléchir d’environ 9 % au premier semestre
2020 par rapport au premier semestre 2019
(à périmètre constant).
TENUE DE L’ASSEMBLEE GENERALE 2020 :
Dans le contexte de crise sanitaire, et
conformément aux mesures d’urgence
adoptées par le Gouvernement, le Conseil
d’administration réuni ce jour a décidé que
l’Assemblée Générale Mixte des actionnaires
se tiendra le 18 juin 2020 à 10 heures à
huis clos, hors la présence physique des
actionnaires.
Les actionnaires pourront suivre la
retransmission en direct, par audio conférence.
Sa rediffusion sera disponible sur le site de la
Société via le lien suivant : https://www.alten.
com/fr/investisseurs/espace-actionnaires/.
Exceptionnellement, les actionnaires n’auront
pas la faculté de poser de questions durant
l’Assemblée Générale. Ils auront cependant
la faculté de poser leurs questions par
écrit en envoyant un courriel à l’adresse
suivante : relation.actionnaires@alten.com.
Les réponses seront apportées lors de
l’Assemblée Générale [ou dans un compte-
rendu à l’issue de l’Assemblée Générale.
PROCHAINE PUBLICATION :
28 JUILLET 2020
Chiffre d’affaires du 2ème trimestre 2020 :
Diffusion du communiqué de presse :
28 juillet 2020 après Bourse.
20 // ENTREPRISES
Coronavirus : les traitements à l’étude
l Des centaines d’études cliniques sont en cours. Ces médicaments destinés à d’autres maladies
pourraient être utiles, mais ont peu de chances d’être une panacée.
l Revue d’effectif des principaux traitements testés.
RECHERCHE
Catherine Ducruet
@CDucruet
Trois mois après l’apparition offi-
cielle du coronavirus, la recherche
de remèdes bat son plein. Sachant
qu’il faut habituellement une
dizaine d’années pour mettre au
point un médicament, ceux qui sont
actuellement en phase avancée des
essais cliniques étaient déjà utilisés
dans d’autres maladies et ont été
repositionnés vers le coronavirus.
Même si un rationnel scientifique a
présidé à leur sélection, il y a donc
très peu de chances que figure
parmi eux le remède miracle. Ce qui
ne signifie pas qu’ils ne peuvent pas
être utiles.
C’est dans cet état d’esprit qu’il fau-
dra accueillir les résultats du millier
d’essais cliniques en cours. Les pro-
duits actuellement testés sont de
deux types : ceux qui pourraient lut-
ter contre le virus, et ceux qui per-
mettraient de contrôler l’emballe-
ment immunitaire qui fait basculer
les patients en réanimation – le
« choc cytokinique ». Tour d’horizon
des principaux essais en cours, plus
ou moins prometteurs et avancés.
•CONTRE
LES MÉDICAMENTS
LE VIRUS
– Le Remdesivir de Gilead. Les quel-
ques éléments rendus publics et ceux
qui ont fuité incitent à pondérer les
espoirs que l’on mettait dans cet anti-
viral. Les changements opérés dans
le design des essais menés par l’entre-
prise évoquent un bénéfice difficile à
démontrer globalement. L’arrêt de
l’essai clinique chinois sur les
patients graves, semble-t-il par man-
que d’efficacité, n’est pas si surpre-
nant, sachant que les antiviraux ont
les meilleures chances d’être effica-
ces avant que le virus ne submerge le
système immunitaire. C’est aussi ce
que semblent indiquer les données
chez l’animal, rendues publiques la
semaine dernière par Gilead. Les
résultats des deux essais de phase III
(la dernière étape avec la demande
d’autorisation de mise sur le marché)
sont attendus courant mai.
– L’hydroxychloroquine. Cet
antipaludéen générique fait l’objet,
d’après la base de données mondiale
américaine, de plus de 130 essais,
essentiellement académiques, dont
l’essai Discovery mené notamment
en France. Très attendus par l’opi-
nion publique – certains confinés
s’étant même administré ce traite-
Total Direct Energie engage une bataille judiciaire contre EDF
Total Direct Energie
a enclenché une procédure
contre EDF au tribunal
de commerce, alors que
la consommation et les prix
de l’électricité s’effondrent.
Sharon Wajsbrot
@Sharonwaj
C’est une bataille judiciaire qui ris-
que de durer. Econduits par EDF et le
régulateur de l’énergie (CRE),
déboutés par le Conseil d’Etat, les
fournisseurs d’électricité alternatifs
qui estiment que la crise du Covid-19
constitue un cas de « force majeure »
contre-attaquent.
Selon nos informations, Total
Direct Energie a engagé une procé-
dure d’urgence auprès du tribunal
de commerce de Paris afin d’obtenir
la suspension d’une partie de ses
obligations d’achat d’électricité
nucléaire auprès d’EDF dans le
cadre du contrat Arenh (Accès
ment à titre préventif (non sans dan-
ger) –, les résultats sont imminents.
Un essai de phase III de Novartis
commencera également le 30 avril
pour s’achever en juillet. En atten-
dant, ce remède alimente toujours
un vif débat entre le professeur
Raoult, qui défend l’efficacité de ce
traitement, et le reste la commu-
nauté médicale française, qui attend
les résultats pour se prononcer.
– Le Kaletra d’AbbVie donne
lieu à une quarantaine d’essais. Les
résultats déjà connus sur un petit
nombre de patients n’incitent pas
non plus à l’optimisme. L’essai Dis-
covery, dont il compose un des bras,
permettra d’en savoir plus d’ici peu.
•L’EMBALLEMENT
LES MÉDICAMENTS CONTRE
IMMUNITAIRE
– L’Actemra de Roche fait l’objet de
près de 30 essais cliniques (dont neuf
en phase III), soutenus notamment
par les 25 millions d’euros dédiés de
l’agence américaine de la recherche,
Barda. Leurs résultats vont s’éche-
lonner entre août et décembre 2020.
Autorisé pour le traitement de la
polyarthrite rhumatoïde, il est aussi
utilisé dans la gestion du syndrome
immuno-inflammatoire fréquem-
ment déclenché par les nouveaux
traitements d’immunothérapies
cellulaires des cancers, les CAR-T
cells. Il bloque en effet l’interleu-
kine 6, une molécule qui joue un rôle
essentiel dans les mécanismes
inflammatoires. Or le syndrome
immuno-inflammatoire que déve-
loppent certains patients Covid-19
est tout à fait comparable à celui
induit par les CAR-T cells.
– Le Kevzara de Sanofi bloque lui
aussi l’interleukine 6, ce qui a con-
duit à le tester dans dix essais. On
attend dans les prochains jours les
résultats de deux essais de phase II
menés par Sanofi. En France, les
hôpitaux Georges-Pompidou, Lari-
boisière, Pitié-Salpêtrière et Saint-
Antoine y participent.
– Le Jakavi de Novartis est utilisé
contre certaines pathologies de la
moelle osseuse, mais aussi pour trai-
ter la maladie du greffon contre
l’hôte, c’est-à-dire une hyperréaction
du système immunitaire après une
greffe. C’est ce qui a incité à le tester
dans trois études, dont une menée
par Novartis.
Enfin, de nombreux autres médi-
caments sont également testés pour
traiter les complications de patholo-
gies préexistantes, entraînées par le
Covid-19, telles que le diabète, les
maladies cardiovasculaires ou res-
piratoires chroniques. n
régulé à l’électricité nucléaire histo-
rique).
Total Direct Energie n’est pas le
seul à s’engager dans cette voie. Deux
recours de fournisseurs alternatifs
ont déjà été déposés contre EDF
auprès du tribunal de commerce et
d’autres pourraient suivre. « On ne
demande pas un geste de la part
d’EDF, mais l’application de notre
contrat. Sauf si EDF revient à la rai-
son, on ira au tribunal de commerce »,
avertit Julien Tchernia, le président
et cofondateur du fournisseur
d’énergie verte ekWateur.
Les enjeux financiers sont impor-
tants, car, selon ce mécanisme
« Arenh », EDF doit vendre chaque
année un quart de sa production
d’électricité nucléaire à ses concur-
rents au prix fixe de 4,2 milliards
d’euros. « Les arbitrages sur l’Arenh
se chiffrent rapidement en dizaines,
voire en centaines de millions
d’euros », fait valoir un spécialiste du
secteur.
Les résultats des deux essais de phase III menés par Gilead avec son produit remdesivir sont atten-
dus courant mai. Photo AFP
Le pari de Sanofi contre l’épidémie
A l’occasion de la présen-
tation des résultats
du premier trimestre,
Sanofi a fait le point de son
engagement. Un pari sur
l’image et la rentabilité.
La pandémie de Covid-19 sera-t-
elle une b onne affaire p our
Sanofi ? En termes d’image sans
doute, mais en termes de rentabi-
lité c’est un pari. Le groupe fran-
çais a mobilisé pour cela toutes les
cartes qu’il avait en main pour par-
ticiper à la lutte contre le virus.
En sa qualité de grand acteur
des vaccins d’abord, il s’est lancé
dans la bataille avec quelques
atouts dans son jeu. Il les a complé-
tés au premier trimestre, en ren-
forçant sa boîte à outils technolo-
giques. Des accords ont été passés
avec Translate Bio (vaccins ARN)
et GSK (accès aux adjuvants). Un
vaccin va ainsi être développé
grâce à la technologie de Translate
Bio. Le lancement des essais clini-
ques est prévu à la fin 2020 pour
une autorisation envisagée d’ici à
la fin 2021. Pas moins de 360 mil-
lions de doses pourraient être
alors mises à disposition.
En outre, Sanofi va collaborer
avec les Américains du Barda (Bio-
medical Advanced Research and
Avec la crise du Covid-19, la
demande et les prix de l’électricité se
sont effondrés, laissant les fournis-
seurs alternatifs, qui s’approvision-
nent en partie auprès d’EDF, avec
des volumes excédentaires sur les
bras. « Nous disposons désormais
d’un surplus d’électricité qui doit quo-
tidiennement être revendu à un prix
inférieur de plus de 60 %. Cette situa-
tion menace notre équilibre économi-
que », alerte Julien Tchernia, dans
une lettre adressée à la ministre de la
Transition écologique et solidaire,
Elisabeth Borne, qui l’invite à chan-
ger d’avis.
Elisabeth Borne craint
des effets d’aubaine
Dénonçant des effets d’aubaine, la
ministre comme le président de la
Commission de régulation de l’éner-
gie, Jean-François Carenco, s’oppo-
sent à l’activation de cette clause de
force majeure. Les fournisseurs
alternatifs « ont bénéficié de l’Arenh
Development Authority) pour
appliquer au Covid-19 la technolo-
gie de vaccin recombinant, obte-
nue grâce son rachat, en 2017, de
Protein Sciences. Avant son acqui-
sition par Sanofi, la société avait
mis au point un candidat vaccin
contre le SRAS sans atteindre la
phase clinique. Mais chez l’ani-
mal, il avait montré qu’il conférait
une protection partielle.
Deux vaccins prêts
pour la fin 2021
Protein Sciences dispose aussi
d’un vaccin recombinant contre la
grippe déjà commercialisé (mais
pas en France), le Flublock. Sanofi,
qui espère parvenir à une autori-
sation pour un vaccin Covid de ce
type avant lafin 2021, s’estime
capable d’en produire plus d’un
milliard de doses en douze mois.
Certains analystes jugent cepen-
dant ces délais trop optimistes.
Sans compter une interrogation
majeure : le virus sévira-t-il encore
à ce moment-là ?
S’agissant de médicaments,
Sanofi s’est aussi trouvé impliqué
immédiatement. Grand produc-
teur de paracétamol (sous la mar-
que Doliprane), il disposait de la
seule médication recommandée
pour faire baisser la fièvre du
pour acheter de l’électricité à un tarif
plus faible que celui du marché, sinon
ils n’auraient pas eu recours à l’Arenh
mais à des contrats à terme. Mainte-
nant, ils souhaitent, tout compte fait,
rendre cette électricité. Cela revien-
drait finalement à faire peser sur EDF
la totalité des risques. Il y a un pro-
blème de principe », a souligné Elisa-
beth Borne devant la commission
des Affaires économiques du Sénat,
début avril.
Une prise de position qui agace
particulièrement les alternatifs : « Il y
a une confusion entre l’Etat régula-
teur et l’Etat actionnaire à un point
qui a rarement été atteint », estime
l’un d’eux, qui en veut pour preuve
l’annonce, il y a quelques jours, de la
baisse de l’objectif de production
nucléaire d’EDF : « EDF vient
d’annoncer une réduction historique
de sa production d’électricité
nucléaire alors que la demande
baisse. Mais nous, nous n’avons pas le
droit de réduire nos volumes d’Arenh.
Lundi 27 avril 2020 Les Echos
Covid-19, les autres antipyrétiques
de type ibuprofène ou aspirine
ayant été disqualifiés. Mais le Doli-
prane, vieux médicament, est par-
ticulièrement bon marché. Même
avec une hausse des ventes de plus
de 20 % au premier trimestre, son
chiffre d’affaires n’a pas dépassé
95 millions d’euros.
Quant aux possibles futurs trai-
tements, seul le Kevzara pourrait
apporter une manne inespérée.
Arrivé trop tard sur le marché
hyperconcurrentiel de la polyarth-
rite rhumatoïde, son lancement
avait été abandonné. Il vient d’être
ressorti des cartons, car sa cible,
l’interleukine 6, joue un rôle
majeur dans le syndrome
immuno-inflammatoire qui con-
duit à l’entrée en réanimation des
patients les plus graves. Un pro-
gramme clinique pour l’évaluer a
donc été lancé. Les résultats sont
imminents. Son concurrent,
l’Actemra de Roche, a, lui, vu ses
ventes grimper de 30 %, à 687 mil-
lions d’euros au premier trimestre.
En revanche, l’hydroxychloro-
quine (Plaquenil) pour laquelle
deux études sont en cours rappor-
tera encore moins que le Doli-
prane. Sanofi s’est engagé à faire
don de 500 millions de doses dans
le monde. — C. D.
C’est incompréhensible. » Pour EDF,
qui a fait de la réforme de l’Arenh son
cheval de bataille, jugeant ce méca-
nisme déséquilibré au profit de la
concurrence, le débat est tout autre.
« EDF est aussi confronté à la baisse de
la consommation des clients et subit
l’impact de la crise sur son activité de
production nucléaire », a pointé le
groupe public dans un communi-
qué publié il y a quelques jours.
Autrement dit, victime lui-même du
retournement de marché, EDF ne
veut pas jouer le rôle d’assureur en
dernier ressort. n
4,2
MILLIARDS D’EUROS
Le prix que doivent acquiter par
contrat les fournisseurs alternatifs
pour l’achat d’électricité à EDF.
« Il a fallu
expliquer aux
salariés qu’on
leur faisait
confiance »
CHRONIQUE
DU VIRUS
Fabio Ferrari
Fondateur de Symbio, une
start-up spécialisée dans
les piles à hydrogène pour
véhicules, Fabio Ferrari
explique comment la crise
a modifié le management
dans l’entreprise
Propos recueillis par
Anne Feitz
« J’ai le sentiment que nous
sommes en train de changer
durablement notre manière de
travailler. Avec les salariés, et
même avec les clients, l’esso-
reuse de la crise a créé une dis-
tanciation qui va sans doute
durer. On donnait autrefois une
grande importance au fait de se
rencontrer, qui n’est plus si pré-
gnante aujourd’hui. Il a aussi
fallu s’adapter aux contraintes
de chacun. Les réunions ne se
déroulent plus qu’entre 9 heu-
res et 12 heures ou entre 14 heu-
res et 17 heures. J’ai moi-même
appris à prendre quelques
minutes entre deux réunions,
pour décompresser et aller
regarder par la fenêtre.
« J’ai moi-même
appris à prendre
quelques minutes
pour aller regarder
par la fenêtre. »
Une chose m’a particulière-
ment étonné, il a fallu expliquer
aux salariés qu’on leur faisait
confiance, même si on ne pou-
vait plus passer derrière eux
pour vérifier qu’ils travaillaient.
Certains avaient pris peur pour
leur job ! Il va falloir aussi trou-
ver le moyen de maintenir le
sentiment d’appartenance à
l’entreprise, malgré la distance.
Nous travaillons actuelle-
ment à la façon d’augmenter les
capacités de travail sur chacun
de nos trois sites, où sont assurés
les bancs d’essai et la produc-
tion. Les mesures sanitaires
mises en place au départ
comme des règles d’exception
doivent être aménagées pour
durer. Je pense qu’on en a pour
au moins jusqu’en septembre.
Par exemple, la façon de se
nourrir. Les cantines sont fer-
mées, les 25 salariés qui vien-
nent sur les sites aujourd’hui
prennent des plateaux-repas ou
mangent froid.
Mais cela n’a qu’un temps. Il
faut aussi trouver le moyen
qu’ils puissent se rapprocher les
uns des autres, avec des sépara-
tions en verre ou en Plexiglas
par exemple. Notre objectif est
de faire revenir une centaine de
personnes sur les sites, sur les
230 que compte Symbio. Pour
l’instant, on devrait pouvoir
livrer les clients comme prévu.
Je ne suis pas vraiment inquiet
sur l’avenir. C’est vrai, il y a un ris-
que que les constructeurs cou-
pent leurs investissements dans
l’hydrogène, qui relève de la
R&D à long terme. Mais je reste
persuadé que ce ne sera pas le
cas. Ils savent qu’ils doivent bâtir
leur avenir. S’ils ralentissent, le
retard ne se rattrapera pas. En
Chine, la messe est dite sur
l’hydrogène, c’est bien ce qui a
poussé Volvo et Daimler à
annoncer leur alliance sur le
sujet cette semaine. En tout cas,
c’est ce que je défends. » n
 ASSEMBLÉE GÉNÉRALE À HUIS CLOS

Cette année, pour

être au rendez-vous
des actionnaires,
restez chez vous.
L’Assemblée générale mixte des actionnaires se tiendra le jeudi 7 mai 2020 à 10 heures, à huis clos.
Les actionnaires sont invités à voter et peuvent y assister grâce à la retransmission audio.
Devenons l’énergie qui change tout.

POUR EN SAVOIR PLUS SUR L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ET LES MODALITÉS DE VOTE : edf.fr/ag

POUR POSER VOS QUESTIONS POUR SUIVRE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Le jour de l’Assemblée générale : En ligne sur : www.edf.fr/ag-audio

www.edf.fr/ag-audio Par téléphone depuis la France : 0805 103 028
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Service et appel gratuits / Code de confirmation : 348 3 397

L’énergie est notre avenir, économisons-la !

HIGH-TECH&MEDIAS
Le gouvernement cherche à lever les obstacles
pour son projet d’application de traçage
l Dans le cadre du vote sur le déconfinement, mardi et mercredi, le Parlement va débattre du projet d’application
que l’exécutif veut mettre en place.
l Conçue pour alerter les personnes ayant été en contact avec des porteurs du coronavirus, elle suscite de vifs débats.
Déjà mise en place dans certains pays, comme Singapour, l’application doit permettre d’enregistrer de façon anonyme la liste des individus croisés par chacun des utilisateurs, afin de les prévenir
s’ils ont été exposés à un porteur du virus. Photo Catherine Lai/AFP
SANTÉ
Florian Dèbes
@FL_Debes
et Fabienne Schmitt
@FabienneSchmitt
Les discussions promettent d’être
animées au Parlement, mardi et
mercredi, lors du débat global sur le
déconfinement du 11 mai, au cours
duquel sera abordée la question très
sensible de l’application de traçage
StopCovid, que le gouvernement
veut mettre en place pour alerter les
personnes ayant été en contact avec
des porteurs du coronavirus.
Ces quinze derniers jours, Cé-
dric O, le secrétaire d’Etat au Numé-
rique, a tenté de défendre tant bien
que mal devant les commissions
parlementaires ce projet, qui suscite
de vives réactions, pose des ques-
tions liées à la protection de la vie pri-
vée, bute sur des difficultés techni-
ques et sur l’efficacité duquel beau-
coup s’interrogent par ailleurs… Le
feu vert de la CNIL au projet, publié
dimanche, l’estimant conforme à la
législation sur la protection des don-
L’exécutif passe en force
En intégrant le débat sur
StopCovid à celui, général,
sur le déconfinement,
l’exécutif est accusé de
passer en force. Une
situation dénoncée à
gauche comme au sein
même de la majorité.
Grégoire Poussielgue
@Poussielgue
Oubliés, le débat et le vote à l’Assem-
blée nationale et au Sénat unique-
ment dédiés au projet d’application
StopCovid. La volonté du gouverne-
ment de présenter, dès mardi, le
plan global de déconfinement lui
permet de passer à la trappe ces éta-
pes qui s’annonçaient sous haute
tension au sein de la majorité. Sans
oublier une gauche vent debout
contre ce projet et une droite, elle
aussi, très divisée sur la question.
nées personnelles, ne suffira sûre-
ment pas à calmer les esprits.
Alors que l’application elle-même
n’est pas encore prête, le gouverne-
ment donne des gages en rendant
publique une liste complète d’entre-
prises privées participant aux tra-
vaux pilotés par les chercheurs
publics de l’Inria. « L’équipe de
France » s’appuie particulièrement
sur Orange, Dassault Systèmes,
Capgemini et plusieurs start-up,
dont Lunabee ou la PME spécialiste
des ondes Bluetooth Withings.
La mise en commun des travaux
n’aurait cependant pas été de tout
repos entre ces différentes entrepri-
ses, certains se plaignant de « querel-
les internes » qui auraient fait pren-
dre du retard au projet. « Il faut
espérer que la bureaucratie n’entraîne
pas les mêmes loupés que pour les
masques et les tests », peste aussi une
personne au fait du dossier. Un pro-
totype de l’application aurait néan-
moins été présenté à Jean Castex, le
« Monsieur déconfinement » du
gouvernement français. Mais l’appli
elle-même ne pourrait pas être prête
avant la fin mai, soit bien après le
début du déconfinement.
L’exécutif anticipait une très forte
abstention du côté des députés
LREM, ce qui, au final, laissait augu-
rer une courte majorité en faveur de
l’application. Emmanuel Macron et
Edouard Philippe sont très pru-
dents sur ce projet, porté par le
secrétaire d’Etat au Numérique,
Cédric O, mais ils ne pouvaient pas
non plus le mettre de côté dans le
cadre du déconfinement, sous
peine de se voir accusés de refuser
des outils.
C’est le Sénat qui est venu au
secours du gouvernement. Gérard
Larcher, le président de la chambre
haute, était très réticent à l’idée
d’organiser un débat et un vote spé-
cifiques sur l’application StopCovid,
compte tenu des réserves de sa pro-
pre majorité sur ce projet. Il a donc
poussé pour que le débat soit global.
« Je suis un pragmatique ; le traçage,
pourquoi pas ? Mais si nous n’avons
En toile de fond de ce débat, un
bras de fer semble engagé entre le
gouvernement et Apple, que
Cédric O a récemment accusé de
poser des « barrières techniques » à
la conception de l’application. Invo-
quant des raisons de sécurité, Apple
refuse d’autoriser que le Bluetooth
de ses iPhone fonctionne sur la
future application quand elle n’est
pas active. Or le gouvernement en a
besoin pour que celle-ci puisse
identifier les utilisateurs du sys-
tème ayant couru un risque de con-
tagion – y compris lorsqu’ils
n’auront pas ouvert l’application
sur leurs smartphones.
Point de blocage
C’est un point de blocage majeur,
qui, s’il n’était pas levé, réduirait de
beaucoup les performances de
l’application, s’inquiétait récem-
ment une source gouvernementale.
Or rien ne dit que le camp califor-
nien mettra de l’eau dans son vin,
alors que l’entreprise se montre très
sourcilleuse sur ces questions. Aux
Etats-Unis, le même argument de la
sécurité avait été brandi par la mar-
que à la pomme pour empêcher les
ni masques ni tests, il ne nous proté-
gera pas du Covid. C’est pourquoi j’ai
demandé au président de la Républi-
que qu’il y ait un débat global sur le
déconfinement », a-t-il confirmé au
« JDD ». L’exécutif a donc saisi cette
opportunité.
La majorité vigilante
Ce passage en force risque de laisser
quelques traces. La disparition du
débat dédié à StopCovid est dénon-
cée à gauche et passe mal au sein de
la majorité. « Un vote unique sur le
plan de déconfinement (et donc sans
possibilité de se prononcer sur le tra-
çage numérique en tant que tel) et
avec un nombre aussi réduit de dépu-
tés ne correspond pas, au regard des
enjeux, à un niveau de démocratie
parlementaire suffisant », a dé-
noncé sur Twitter le député LREM
Aurélien Taché, très opposé à cette
application.
forces de l’ordre d’accéder aux mes-
sages sur l’iPhone du terroriste de la
tuerie de San Bernardino, une
démarche toutefois plus intrusive
que ce que le gouvernement fran-
çais demande aujourd’hui.
Sentant la pression monter,
Apple et Google ont dévoilé ven-
dredi de nouvelles mesures visant à
mieux sécuriser la plate-forme
qu’ils proposent aux autorités de
santé pour qu’elles puissent bâtir
leurs propres applis mobiles. Pas
sûr cependant que cela suffise à
convaincre les Etats européens à
qui Bruxelles a demandé de ne pas
dépendre des technologies des
deux géants.
Le gouvernement devra défen-
dre son choix d’une application
stockant des données sur un ser-
veur central et donc incompatible
avec des technologies développées
par Apple et Google. Tandis que la
France n’entend pas se laisser dic-
ter ses choix technologiques par les
deux géants du smartphone, l’Alle-
magne, elle, vient d’annoncer
qu’elle allait finalement opter pour
leurs technologies. Le débat est
loin d’être clos… n
Comme les autres pans du décon-
finement, Edouard Philippe a prévu
d’évoquer cette application lors de
son discours, mardi, sachant que
l’exécutif n’est pas encore sûr d’être
prêt pour le 11 mai. Malgré l’absence
de débat et de vote, les députés de la
majorité entendent rester vigilants.
« L’utilité du traçage ne peut s’appré-
cier qu’à l’aune de la stratégie globale
de déconfinement. Il est donc impor-
tant que nous puissions avoir mardi
cette vision d’ensemble. Pour autant,
beaucoup de questions restent ouver-
tes sur l’application, et il n’est donc
pas question de s’épargner ce débat
au Parlement. La Commission des
lois va poursuivre son contrôle et ses
échanges avec le ministre et la CNIL
sur le développement de l’application
et son utilisation », déclare aux
« Echos » Yaël Braun-Pivet, prési-
dente de la commission des Lois à
l’Assemblée nationale. n
Lundi 27 avril 2020 Les Echos
A l’étranger, les applis
peinent à convaincre
A Singapour ou en
Autriche, elles ont été peu
téléchargées. La Belgique,
quant à elle, a décidé jeudi
de ne pas lancer un outil
similaire, craignant
une faible utilisation.
Raphaël Balenieri
@RBalenieri
Une population réduite (5,7 mil-
lions d’habitants), une appétence
pour les nouvelles technologies et
un certain niveau de confiance
dans le gouvernement. Sur le
papier, l’application TraceTo-
gether, lancée le 20 mars à Singa-
pour pour identifier et alerter,
grâce au Bluetooth des télépho-
nes portables, les personnes ayant
été en contact avec des porteurs
du coronavirus, avait tout pour
réussir. La cité-Etat était alors le
premier pays au monde à lancer
un tel outil de « contact tracing ».
Un mois plus tard, le bilan est
contrasté. « Pour de nombreux
Singapouriens, cette application,
c’est Big Brother. Il y a encore un
énorme pas à franchir », résume
Frédéric Giron, directeur de
recherche chez Forrester à Singa-
pour. Seuls 1,1 million de citoyens,
soit 20 % de la population, ont
téléchargé l’application, selon les
derniers chiffres. Or celle-ci n’est
efficace qu’avec 75 % d’utilisation,
selon le gouvernement. Entre-
temps, le nombre de cas de
Covid-19 dans l’île est passé de
385… à plus de 8.000.
Les craintes en matière de pro-
tection des données personnelles,
ainsi que le mauvais timing, ont
détourné une grande partie des
Singapouriens du projet. L’appli-
cation, lancée avant le confine-
ment (et non pour préparer le dé-
confinement, comme en France),
a perdu beaucoup de son intérêt
une fois que le pays s’est retrouvé
cloîtré à domicile début avril.
« Etant à la maison la plupart
du temps, je ne vois pas pourquoi
j’aurais besoin d’être traqué cons-
tamment. Et l’appli devant être
allumée en permanence pour fonc-
tionner, ça pompe de la batterie »,
explique Stanley Kan, un Singa-
pourien de 25 ans.
Ces mêmes obstacles sont en
train de décourager certains pays
européens. Craignant que peu de
personnes téléchargent une appli-
cation similaire, la Belgique a fait
marche arrière, jeudi. Philippe De
Backer, le ministre belge en charge
du Numérique et des Télécommu-
nications, a mis un stop au dossier.
« Il n’y a pas besoin d’une appli-
cation pour la recherche de con-
tacts, elle peut être effectuée
manuellement, cela existe depuis
des années », a expliqué le minis-
tre à la télévision belge. Pour cela,
la Belgique a prévu de recruter
2.000 enquêteurs physiques pour
identifier les citoyens potentielle-
ment contaminés.
Seulement 3 % d’utilisation
en Autriche
Pour justifier sa décision, la Belgi-
que a mis en avant l’expérience de
l’Autriche. L’application de « con-
tact tracing » lancée par la Croix-
Rouge autrichienne ne serait uti-
lisée que par « 3 % ou 4 % des
gens », selon le ministre belge.
Bien loin des 60 % requis pour
être efficace, selon plusieurs étu-
des anglaises et suisses.
L’application StopCovid du
gouvernement français connaî-
tra-t-elle le même sort ? Comme
en Autriche, en Belgique ou à Sin-
gapour, l’exécutif a promis que le
service fonctionnerait unique-
ment sur la base du volontariat.
Fin mars, selon une étude réalisée
par l’université d’Oxford, 8 Fran-
çais sur 10 se disaient prêts à ins-
taller « sans aucun doute » ou
« probablement » une telle appli-
cation si elle était disponible. Mais
mi-avril, on ne comptait plus que
47 % de Français qui y étaient
favorables, selon un sondage Ifop
pour la Fondation Jean-Jaurès. n
Les Echos Lundi 27 avril 2020
« Nous sommes des géants
dans l’information
et des nains dans l’action ! »
Propos recueillis par
Nicolas Madelaine
et Fabienne Schmitt
Dans un entretien aux « Echos »,
Dominique Wolton dénonce la
« tyrannie de l’événement » imposée
par les chaînes d’infos et les réseaux
sociaux, et appelle à un sursaut.
Quel regard portez-vous
sur le traitement des médias
de la crise ?
C’est une très bonne nouvelle pour
l’espace public qu’il y ait aujourd’hui
beaucoup plus d’informations qu’il y
a cinquante ans. Mais elle a son
revers. Des contradictions nouvelles
apparaissent, liées à la victoire de
l’information comme concept du
progrès technique et de la démocra-
tisation. Aujourd’hui, dans l’espace
public, on assiste à un conflit entre
cinq logiques : la logique scientifi-
que, de long terme ; la logique médi-
cale, de moyen et court terme ; la
logique médiatique immédiate, ren-
forcée par les chaînes d’information
et les réseaux sociaux ; la logique de
l’opinion publique, qui est à la fois
entre information, inquiétude et
voyeurisme ; et la dernière logique,
la plus compliquée et la plus impor-
tante, la logique politique. Or les
chaînes d’information et les réseaux
sociaux cherchent à imposer leur
tempo à tout le monde. On est dans
une course inouïe à l’événement,
alors que les quatre autres logiques
ne vivent pas au rythme haletant des
chaînes d’information, qui doivent
apporter quelque chose de nouveau
toutes les heures… Il est urgent de
penser ce conflit indépassable !
Quelles en sont les conséquences
dans l’espace public ?
La surabondance et la rapidité de
l’information, alliées à l’argument
discutable que les gens ont le droit de
savoir et veulent savoir, exercent une
pression forte sur les politiques, les
scientifiques, les médecins, on le voit
en ce moment même avec la crise
« Il n’y a plus
de rapport entre
vitesse et vérité.
Plus le monde
est immédiat,
plus il est
incompréhensible. »
sanitaire. Toutes ces chaînes d’infor-
mation et ces réseaux sociaux qui
parlent au nom de la démocratie, du
droit de savoir, en réalité, ce n’est pas
vrai ! C’est leur modèle économique,
cette logique haletante ! Notre
société vit au rythme de cette sur-
information, cette tyrannie de l’évé-
nement. Et encore, l’information,
c’est le plus simple, parce que c’est le
message, tout est plus compliqué
avec la communication, qui est la
question de la relation, donc la réa-
lité de l’altérité. Depuis le XIXe siècle,
la logique à l’œuvre est que plus le
temps est court entre un événement
et l’information le dévoilant, mieux
c’est pour la vérité et donc pour la
démocratie. Or, c’est devenu faux : il
n’y a plus de rapport entre vitesse et
vérité. Plus le monde est immédiat,
plus il est incompréhensible. Il va fal-
loir ralentir. On ne peut pas tenir un
pistolet sur la tempe du citoyen en
lui disant informez-vous. Les gens
risquent de décrocher… C’est le pro-
blème le plus important à régler
pour l’avenir : arriver à réguler des
logiques de temps. Il y a un équilibre
à refonder. Quand les Gafa disent
vous devez en savoir plus, être en
interaction constante avec le
monde, cela renvoie à un individu
qui n’existe pas : ni vous, ni moi, ne
pouvons vivre dans ce rythme-là. A
l’horizon, il n’y aurait que de
l’angoisse et du désespoir. D’autant
que nous sommes devenus des
géants en matière d’information et
des nains en matière d’action ! Cette
révolution en cours de l’information
mondiale, c’est l’une des mutations
les plus importantes de notre
monde. L’objectif démocratique de
l’information a été dépassé par la
puissance technique et par les
enjeux financiers. L’information est
devenue une marchandise. Et les
Gafa ne peuvent pas être à la fois la
première industrie mondiale dans
tout et, soi-disant, le principal outil
de la liberté, quelque chose ne va pas.
Les réseaux sociaux peuvent
apporter une autre forme
d’information que les médias
classiques…
C’est ce que tout le monde a pensé
quand les réseaux sociaux sont nés…
On a tous cru que c’était un outil sup-
plémentaire pour la démocratie. On
se disait : si on peut s’exprimer, c’est
quand même mieux, et c’est un
contre-pouvoir face aux médias et
aux politiques. Alors oui, quand
vous êtes dans une dictature, les
réseaux sociaux représentent une
DOMINIQUE WOLTON
Directeur de recherche
au CNRS, directeur
de la revue internatio-
nale « Hermès »
(CNRS Éditions)
forme d’ouverture, comme, autre-
fois, la radio a joué un rôle d’émanci-
pation majeure. Mais les réseaux
sociaux, ce n’est pas de l’informa-
tion, c’est de l’expression. Tout ce
qu’on dit sur les réseaux sociaux n’est
pas forcément vrai ! La tyrannie de
l’expression est devenue aujourd’hui
la tyrannie de l’information… Et la
grandeur du métier de journaliste
est justement de faire continuelle-
ment la distinction entre les deux.
Les politiques ne gagnent pas grand-
chose à passer leur temps à tweeter !
La confiance ne se crée pas dans ces
interactions techniques.
« Les réseaux
sociaux,
ce n’est pas de
l’information, c’est
de l’expression. »
Quels risques représente
la saturation de l’information ?
J’en vois deux, en plus du risque
qu’une partie des gens saturent et
disent « Je m’en fiche, je n’écoute plus
les médias » : le développement de la
paranoïa, des rumeurs et des fausses
informations. Le thème de la trans-
parence est abusivement utilisé par
les politiques, qui pensent ainsi être
plus crédibles. Mais personne ne
peut être complètement transpa-
rent ! Et puis, les citoyens disent :
« S’il nous dit cela, c’est qu’il nous
cache encore plus de choses… » Donc
cette transparence réveille la para-
noïa et donne du grain à moudre à
tous les fabricants de fausses infor-
mations. D’ailleurs, quand une
fausse information circule sur un
sujet dont les médias classiques ne
parlent pas, on nous dit que c’est
parce qu’elle est vraie et censurée…
Les médias ont fait beaucoup
d’efforts pour contrecarrer
les fausses informations…
C’est vrai, et je trouve très bien de les
démonter. Mais il ne faut pas passer
trop de temps à faire cela, sinon on
n’a plus de temps pour le reste. Cela
dit, une poignée de médias sauvent
l’honneur en acceptant de prendre
du temps pour traiter l’information
et le risque de dire : « Voilà ce qui est
important. »
Dès lors, quelles mesures
doit-on prendre ? Est-ce qu’on
se dirige vers une mutation
lente qui permettra un jour
de corriger cela ?
Nous ne pouvons pas attendre que le
temps fasse son œuvre. D’abord, je
pense qu’il faudrait établir une sanc-
tion économique et financière ou
juridique sur les fausses informa-
tions. Il faudrait en discuter entre
médias, société civile et politiques.
Mais plus globalement, nous devons
accélérer et mener une réflexion
quasi métaphysique sur le rapport à
l’événement, à l’homme, à l’histoire
et à l’enjeu essentiel de la diversité
culturelle : on ne pense pas et ne rêve
pas de la même manière au Nord et
au Sud, à l’Est et à l’Ouest. Et nous, les
Européens, nous en faisons l’expé-
rience quotidiennement, ce qui fait
la grandeur de ce projet politique. Il
faut arrêter de croire que tout ce qui
est autour des ordinateurs, des
réseaux, c’est le monde de demain ;
ou ce qui est lié à l’intelligence artifi-
cielle, les objets connectés. Tout cela,
ce sont des révolutions techniques.
Exemple : on dit que l’avenir de
l’éducation, c’est d’avoir un cartable
électronique. Ce n’est pas vrai !
L’enjeu de l’éducation, depuis le
début de l’humanité, c’est la trans-
mission entre les générations. Bien
sûr que les cartables électroniques
peuvent aider, mais l’essentiel n’est
pas là. Il est dans les rapports
humains entre les enseignants et les
élèves, de la crèche à l’université. La
question du lien social n’a jamais été
aussi importante. 37 millions de per-
sonnes ont regardé Emmanuel
Macron à la télévision la dernière
fois qu’il a pris la parole. Ce lien
social de la radio ou de la télévision,
que l’on avait déjà condamnées
comme archaïques, vous n’aurez
jamais cela avec Internet.
Que pensez-vous de la manière
de communiquer du président
de la République ?
Je pense qu’Emmanuel Macron et le
gouvernement en font trop, qu’ils
prennent la parole trop souvent,
trop longtemps. Ils pensent ainsi
qu’ils vont rassurer, mais c’est le
contraire qui se passe : ils inquiè-
tent ! Les gens pensent qu’ils nous
cachent quelque chose. Et au bout
d’un moment, cela use la confiance,
paramètre fondamental dans la
politique moderne. La politique,
c’est aussi savoir se faire rare.
Dominique Wolton publiera
en juin « Vive l’incommunication.
La Victoire de l’Europe »
(François Bourin Editeur).
HIGH-TECH & MEDIAS // 23
start-up
Shine étoffe sa
gamme avec une
assurance-facture
BANQUE
La néobanque
dédiée aux indépen-
dants et entrepre-
neurs veut accom-
pagner ses clients,
dont près de la
moitié souffre de
retards dans le
paiement de leur
prestation depuis
le début de la crise
du coronavirus.
Guillaume Bregeras
@gbregeras
Jamais l’actualité n’avait autant
bouleversé l’ordre des priorités.
Chez Shine, l’un des projets qui
ne devait pas voir le jour avant le
second semestre est remonté
tout en haut de la pile en
48 heures : proposer une assu-
rance-facture à ses membres,
des travailleurs indépendants
et des TPE. La néobanque sou-
haite ainsi répondre à l’une des
principales préoccupations qui
stressent sa communauté, les
retards de paiement.
Dans une étude qu’elle a
menée durant la première
phase du confinement
(1.342 répondants), près d’un
Selon Shine, près d’un free-lance sur deux se déclare
victime de retards de paiement. Photo Shine
free-lance sur deux se déclarait
victime de cette pratique illé-
gale. Dans 52 % des cas, les factu-
res sont d’un montant supérieur
à 2.000 euros, et, si cette ten-
dance venait à se confirmer et à
durer plus de trois mois, 45 %
d’entre eux estiment ne pas pou-
voir survivre. Shine s’est donc
mis en ordre de bataille pour
lancer un service leur permet-
tant d’assurer leur prestation.
Pour cela, ils doivent éditer leur
facture via l’application et sous-
crire à l’option dédiée, contre un
coût de 2 % de son montant.
A échéance, si l’indépendant
ou la structure n’a pas été payé,
Shine relance automatique-
ment le client et prend en main
le recouvrement au bout de
60 jours, si ce n’est toujours pas
le cas malgré la démarche
amiable. Dans cet exemple
extrême, la start-up verse 90 %
du montant dû à son souscrip-
teur, le recouvrement intégral
de la créance revenant à la
jeune pousse. A la différence de
l’affacturage, ce service est
moins coûteux, mais il ne pro-
pose pas d’avance sur la facture.
D’autres acteurs évoluent sur
ce créneau, comme Euler Her-
mes, mais sans être spécialisés
sur cette cible des indépen-
dants, particulièrement vulné-
rable durant cette période.
« Nous proposons ce service
pour le démocratiser, précise
Nicolas Reboud, PDG et cofon-
dateur de Shine. Ce qui se passe
sur les délais de paiement en ce
moment est gravissime et nous
souhaitons mettre à disposition
l’outil auprès du plus grand
nombre. » A ce stade, Shine
compte 55.000 free-lances
parmi ses clients, alors que le
marché français compte 3 mil-
lions de travailleurs indépen-
dants. Il est difficile pour lui
d’estimer combien d’entre eux
lèveront cette option, mais la
demande est là.
Hokodo, une pépite
britannique partenaire
Pour construire cette nouvelle
brique, la jeune pousse pari-
s i e n n e s’e s t a p p u y é e s u r
Hokodo, une start-up britanni-
que qui distribue ce produit
assurantiel spécifique en parte-
nariat avec Lloyd’s of London.
Celui-ci permet de se connecter
à son service via une API, un
travail d’intégration qui a tout
de même nécessité un mois de
développement côté Shine.
Ce nouveau virage marque
une étape importante pour
l’agent prestataire de services
de paiement (APSP) tricolore
en attente de son agrément de
l’ACPR pour devenir un établis-
sement de paiement. Il lui per-
met de renforcer son position-
nement sur une cible de plus en
plus large et encore mal appré-
hendée par les autorités de
régulation du travail.
Shine compte 70 personnes à
ce jour et estime atteindre la
centaine de collaborateurs
dans les douze prochains mois.
Ce qui devrait lui donner encore
plus de latitude pour esquisser
les prochains services en fonc-
tion de l’actualité à venir. n
« Ce qui se passe
sur les délais
de paiement en
ce moment est
gravissime et
nous souhaitons
mettre à
disposition l’outil
auprès du plus
grand nombre. »
NICOLAS REBOUD
PDG et cofondateur
de Shine
PME&REGIONS
De nouveaux dispositifs de formation
à disposition des PME pendant la crise
l Les entreprises ont, depuis peu,
la possibilité de faire rembourser les
formations de leurs salariés pendant
leur période d’activité partielle.
l Certaines se lancent pour préparer
la reprise, apprendre à travailler
à distance ou maintenir le lien social.
FORMATION
Laurence Albert
@L_Albert_
et Léa Delpont
— Correspondante à Lyon
Profiter de cette période de chô-
mage partiel – plus de 10 millions de
Français concernés – pour se for-
mer à domicile. Certains salariés et
chefs d’entreprise qui y songeaient
ont, depuis mardi 14 avril, les cou-
dées franches. L’Etat a ouvert les
vannes du Fonds national pour
l’emploi (FNE), et rembourse 100 %
des frais pédagogiques des forma-
tions des entreprises pour leurs
salariés pendant leur période d’acti-
vité partielle. Gestion de projet,
management, mise à jour juridi-
que… L’éventail est large pour le chef
d’entreprise, qui, une fois recueilli le
consentement de son salarié, n’a
plus qu’à adresser sa demande à son
organisme agréé par l’Etat (Opco)
ou à sa Direction régionale des
entreprises, de la concurrence, de la
consommation, du travail et de
l’emploi (Direccte).
Les entreprises, et notamment
les PME, souvent à la traîne en
matière de formation, se saisiront-
elles du dispositif ? « Il est trop tôt
pour l’assurer, mais les entreprises
nous posent des questions », recon-
naît Gaëtan Rudant, le directeur de
la Direccte Ile-de-France, région où
les Opco jouent un grand rôle. En
Auvergne-Rhône-Alpes, des cen-
taines de demandes ont déjà été
enregistrées la semaine dernière.
« C’est une opportunité pour des
entreprises ayant besoin de dévelop-
per ou maintenir les compétences de
leurs salariés en vue de la reprise.
J’espère que les entreprises vont s’en
emparer », argue Nadine Gagnier,
secrétaire générale de la FFP (Fédé-
ration de la formation profession-
nelle) qui regroupe 900 entreprises
du secteur. Au sein de son organisme
de formation Man’Agir (1,8 million
de chiffre d’affaires, 10 salariés), la
dirigeante dit avoir déjà reçu plu-
sieurs sollicitations d’entreprises.
Coronavirus : l’imprimerie Deux-Pont prête
à rattraper les formations sans cesse repoussées
L’imprimerie d’art, en Isère,
est à l’arrêt. Elle a saisi
le dispositif de financement
des frais pédagogiques avec
promptitude, même si les
ateliers de production en
bénéficieront moins que les
fonctions administratives.
Cécile Kebbal, directrice des ressour-
ces humaines de la Manufacture
d’Histoires Deux-Ponts, a décroché
son téléphone le jour même où le
gouvernement a débloqué le finan-
cement des formations des
employés en activité partielle, mardi
15 avril. Elle a joint son organisme de
financement agréé Opco pour se
renseigner sur le dispositif, qu’elle
espère effectif dans les dix jours.
L’imprimerie d’art familiale,
14 millions d’euros de chiffre d’affai-
res, a mis la moitié de ses 100 colla-
borateurs au chômage partiel, en
A Tarbes, Christophe Pontens,
PDG du groupe d’intérim Oxygène
qui compte 50 salariés, 1.000 inté-
rimaires et réalise 35 millions
d’euros de chiffre d’affaires, s’est
ainsi lancé dans la bataille dès
cette semaine avec Man’Agir et
son Opco. Son plan de formation
prévoit 700 heures, réparties à rai-
son de 4 à 6 demi-journées par
semaine. Ralenti, le groupe ne fait
plus travailler qu’une centaine
d’intérimaires et une poignée de
salariés, qui oscillent entre l’activité
partielle et le télétravail, qu’ils ne
sont guère habitués à pratiquer.
Le dirigeant avait senti monter
leur inquiétude. Il a commencé à y
réfléchir avant même que l’Etat
n’ouvre les vannes du FNE. « Certains
salariés avaient besoin d’apprendre
comment manager et recruter à dis-
tance. D’autres voulaient réactualiser
leurs compétences juridiques »,
raconte Christophe Pontens. Dans
les semaines à venir, 40 salariés en
activité partielle seront donc, selon
les jours, tantôt en télétravail, tantôt
en formation. Les intérimaires, eux,
ne seront formés qu’au moment de la
reprise. « Il faut pouvoir anticiper les
besoins. C’est trop tôt pour nos intéri-
maires, que nous devrons peut-être
former à de nouveaux métiers ou ges-
tes professionnels », explique le PDG.
Le financement du FNE lui permet
de ne pas « griller » tous ses crédits
formation, dont il pressent qu’il
aura grand besoin. En revanche,
conseille-t-il, « mieux vaut bien pré-
parer son projet. S’il s’agit juste de
profiter de l’opportunité financière,
on est certain d’échouer. »
Mûrir un projet
C’est peut-être là la limite du dispo-
sitif. Les chefs d’entreprise man-
quent de temps pour se pencher sur
la question. Or il faut pouvoir identi-
fier les bénéficiaires (ni apprentis,
ni adultes en contrat de profession-
nalisation), les cursus (les forma-
tions obligatoires sont exclues du
financement). « Beaucoup de for-
mations existent, car de nombreux
organismes ont pris le virage du dis-
tanciel », assure Nadine Gagnier.
particulier dans les ateliers, à l’arrêt.
Ceux des bureaux qui ont basculé
en télétravail se tournent les pouces
et ne devraient pas tarder à être
aussi concernés.
La Manufacture, créée en 1935,
façonne des ouvrages d’art, revues et
catalogues de belle facture, aux
pages pliées, brochées, cousues, aux
tranches imprimées, aux couvertu-
res reliées, dorées, enrubannées,
découpées ou gaufrées. Elle travaille
pour des joailliers et des couturiers
(qui repoussent leurs lancements de
produits), des hôtels de luxe (fer-
més), des stations touristiques haut
de gamme (rideaux baissés), des évé-
nements de prestige (déprogram-
més). Elle n’a plus enregistré une
seule commande depuis trois semai-
nes et essuyé plusieurs annulations,
comme celle du Festival de Cannes.
En revanche, la petite-fille du fon-
dateur a reçu en une semaine une
L’Etat a ouvert les vannes du Fonds national pour l’emploi et rembourse 100 % des frais pédagogiques des formations des entreprises
pour leurs salariés en activité partielle. Photo iStock
« Beaucoup de
formations existent,
car de nombreux
organismes ont pris
le virage du
distanciel. »
NADINE GAGNIER
Secrétaire générale de la FFP
Pour le secteur de la formation
professionnelle, c’est aussi l’heure
des questionnements. Si certaines
jeunes pousses du numérique
voient affluer les inscriptions, les
organismes plus traditionnels souf-
vingtaine d’e-mails d’organismes de
formation impatients de proposer
leurs services. Elle consulte les sala-
riés pour connaître leurs besoins et
leurs souhaits. « C’est une opportu-
nité de consacrer du temps à des for-
mations jugées non prioritaires, sans
cesse repoussées. » Les demandes
concernent la bureautique, la prise
en main de logiciels, ou les langues,
utiles dans une société évoluant
dans le luxe, avec de nombreuses
expéditions à l’international. Cécile
Kebbal voudrait pousser des forma-
tions aux achats responsables ou à
l’écoconception dans le cadre de sa
politique RSE.
Des formations “métiers”
nécessitant du présentiel
« Mais je vois peu d’opportunités
pour les formations “métiers”, les-
quelles nécessitent du présentiel. Du
moins tant que le confinement ne sera
frent du confinement, qui interdit la
tenue des cours « en présentiel ». Le
déblocage du FNE constituera-t-il
une bouffée d’oxygène ? Le groupe
Cegos y voit une bonne solution.
Mais à Lyon, Fabrice Cohen, cofon-
dateur de Woonoz, organisme de
formation 100 % en ligne, se montre
circonspect. « Le dispositif n’est
garanti que le temps du chômage par-
tiel. Qu’adviendra-t-il du reste à
charge, au prorata des parcours res-
tés inachevés », fait-il valoir. Il
s’interroge également sur l’assi-
duité et la motivation des salariés, et
préfère promouvoir une formation
gratuite à la cybersécurité en situa-
tion de télétravail. Pour marquer
des points auprès de ses clients en
prévision de l’après-crise. n
pas levé. » Des métiers au nombre de
34 chez Deux-Ponts. « La transmis-
sion de savoir-faire rares est un
maillon essentiel chez nous. Les for-
mations en développement des com-
pétences sont programmées long-
temps à l’avance, et en l’état elles sont
reportées. » Elle ne désespère pas de
trouver quelque chose d’utile pour
les ateliers d’ici à la fin août, la date
butoir fixée par le gouvernement.
Cécile Kebbal mise sur « des for-
mations courtes, 7 à 10 heures ». La
Manufacture a déjà habitué ses sala-
riés aux formations à distance,
« moins chronophages », pour la
prévention du harcèlement sexuel
ou la gestion des déchets. La DRH
voit aussi dans le dispositif une
dynamique positive pour « recon-
textualiser dans l’entreprise des sala-
riés inquiets, démobilisés, en
renouant avec leur environnement et
habitudes de travail ». — L. D.
Lundi 27 avril 2020 Les Echos
Cegos « voit arriver
les demandes de devis »
Sommé de s’adapter,
Cegos a augmenté son
offre en ligne. Mais son
modèle reste fondé sur
les cours en présentiel.
BTP, transport, télécoms, électro-
nique, mais aussi distribution ou
numérique… Organisme de for-
mation professionnelle reconnu,
le groupe Cegos, qui emploie
1.200 salariés et réalise 200 mil-
lions d’euros de chiffre d’affaires
dans le monde, voit depuis une
semaine les demandes de forma-
tion émanant d’entreprises repar-
tir à la hausse. « Les dirigeants
appellent pour avoir des devis »,
constate Guillaume Huot, mem-
bre du directoire du groupe.
L’assouplissement des critères du
Fonds national de l’emploi (FNE),
ouvert depuis le 14 avril aux sala-
riés au chômage partiel (FNE ren-
forcé) pendant leur période
d’inactivité, y est évidemment
pour beaucoup. « C’est une bonne
mesure, qui répond à un raisonne-
ment qu’avaient commencé à tenir
de nombreux chefs d’entreprise
désireux de profiter de la période »,
explique-t-il. Il s’agit pour certains
« de rendre leurs salariés plus opé-
rationnels » avant la reprise
quand, pour d’autres, « l’enjeu est
plus social : maintenir le lien de leur
salarié avec leur métier pendant sa
période de chômage partiel ».
Besoins urgents
Le groupe Cegos a fait ses comp-
tes : une centaine de ses forma-
tions « majoritairement certifian-
tes » sont éligibles au dispositif.
Dans certains secteurs d’activité,
comme les déchets ou l’eau, les
dirigeants expriment des besoins
urgents sur la gestion des outils à
distance. Les commerciaux, eux,
viennent piocher dans le catalo-
gue pour s’acculturer aux nou-
veaux logiciels de gestion de la
clientèle. « De nombreuses PME et
ETI en profitent pour ressortir des
projets et les faire avancer », note
le dirigeant. Le catalogue du
groupe, déployé sous trois mar-
ques (IB, Cegos, Cimes), com-
prend aussi bien des cours « clés
en main » baptisés « 3 h Chrono »
que des cursus de six semaines.
Le décret du « FNE renforcé »
fixe un plafond de 1.500 euros par
salarié, mais il reste possible d’y
déroger par convention. « Avec
1.500 euros, on peut déjà faire
beaucoup de choses », estime
Guillaume Huot.
Privé de la possibilité de dis-
penser ses cours en présentiel au
moins jusqu’au 15 mai, le groupe
Cegos a vu, comme ses concur-
rents, son activité s’effondrer.
Comme la plupart des organis-
mes, son modèle combinait pré-
sence physique avec cours en
ligne. Sommé de s’adapter, Cegos
a augmenté son offre en ligne qui
ne représentait que de 5 à 10 % de
ses volumes. « Si nous arrivons à
aller à 25-30 % ce sera bien. Mais
attention à l’illusion du tout distan-
ciel que pourrait créer le confine-
ment. A distance, on peut se former
pour préparer un contrôle Urssaf,
améliorer son profil LinkedIn,
développer une culture apprenante
dans son entreprise. Mais certains
gestes techniques ou un change-
ment de situation professionnelle
nécessitent des interactions », pré-
vient Guillaume Huot. — L. A.
Les Echos Lundi 27 avril 2020 PME & REGIONS // 25

Les masques grand public innovateurs

autorisés à la vente en pharmacie
SANTÉ LE PARTENARIAT PHARNEXT

Le ministre de la Santé
vient de prendre L’IHU teste ses thérapies
un arrêté autorisant
la vente des masques combinées anti-Covid-19
industriels et normés
au grand public. combinaison hydroxychloro-
quine-azithromycine.
En s’appuyant sur des techno-
L’ETI stéphanoise logiques de big data génomique
Thuasne démarre et d’intelligence artificielle,
l’approvisionnement Pharnext a identifié 79 candi-
des officines dats médicaments contre la
à partir de ce lundi. Covid-19. Quelques-uns sont
des antiviraux, mais la plupart
sont des molécules plus couran-

Denis Meynard
— Correspondant à Saint-Etienne
C’est acté, l’approvisionnement en
masques grand public des 21.000
officines françaises va démarrer ce
lundi 27 avril. Si le grand public
devait initialement attendre jus-
qu’au 4 mai pour acheter en phar-
macie des masques en tissu, réutili-
sables, de protection contre le
Covid-19, le gouvernement accélère
le calendrier. Certains industriels
sont déjà prêts à en livrer comme le
groupe Thuasne, spécialisé dans les
dispositifs médicaux, qui avait
commencé à fabriquer pour ses
employés dès la première quin-
zaine de mars. Sa production de
masques tissés ou tricotés, selon les
modèles, qui a commencé à Saint-
Etienne, est proposée depuis début
avril aux entreprises, administra-
tions et collectivités.
Mais l’ETI attendait avec impa-
tience de pouvoir livrer le réseau de
pharmaciens dans lequel elle est
très implantée. Le cabinet d’Agnès
Pannier-Runacher, la secrétaire
d’Etat auprès du ministre de l’Eco-
nomie et des Finances, vient de lui
faire savoir que cela sera possible, à
partir du début de cette semaine,
« qui ne compte que quatre jours
ouvrables », note au passage Eliza-
beth Ducottet, la présidente de
Thuasne. Le ministre de la Santé
vient de prendre un arrêté pour
autoriser ces ventes.
« La pharmacie est un lieu
approprié »
L’autorisation de vente en officine de
ces articles à TVA réduite (5,5 %),
très attendue par les pharmaciens,
doit offrir aux Français un réseau
spécialisé en produits de santé pro-
pice à les mettre en confiance et où
ils pourront recevoir des conseils
d’utilisation. « La pharmacie est un
lieu approprié, c’est une solution per-
tinente pour cet achat », insiste la diri-
geante de l’ETI qui « imagine que ce
réseau de vente ne proposera que des
produits aux normes définies par
400 personnes travaillent sur différents sites européens à la fabrication de modèles de masques
de qualité supérieure, explique Elizabeth Ducottet, la patronne de Thuasne. Photo Thierry Bouet
« Cela ne me choque pas pour
autant qu’on y trouve plusieurs
niveaux de qualité et, dans ces condi-
tions, un encadrement des prix des
m a s q u e s p a ra î t i m p e n s a b l e .
D’autant que parmi ceux qui sont
déjà vendus aux professionnels dans
notre pays, le ministère de la Santé
n’a, à ma connaissance, pas constaté
d’excès », poursuit-elle.
« Actuellement, 400 personnes
travaillent sur nos différents sites
De 3 à 20 euros ?
Les masques, tels que ceux de Thuasne,
qui supportent un grand nombre de lava-
ges pourraient être vendus une vingtaine
d’euros, mais certains pharmaciens
souhaitent des articles aux normes Afnor à
un prix public plus accessible. David Aben-
haim, président du groupement Pharma-
best, qui compte 90 officines, évoque « un
tarif de 4 euros » pour les deux millions
d’exemplaires qu’il a achetés, notamment
Pharnext
tes utilisées comme anti-in-
flammatoire ou pour lutter con-
tre l’hypertension et le diabète
de type 2. Ces médicaments sont
Date de création : 2007 peu coûteux et fréquemment
Directeur général : prescrits par les médecins, qui
David Horn Solomon en connaissent les effets secon-
Effectif : 60 personnes daires. Enfin, toutes les molécu-
Secteur : biopharmacie les cibles sont connues pour
avoir un effet barrière plus ou
moins important contre les
En associant un antipaludéen et infections virales des cellules.
un antibiotique connus, le pro-
fesseur Didier Raoult, de l’IHU Un objectif solidaire
Méditerranée Infection, a ou- Mais Pharnext ne vendra pas
vert une piste thérapeutique ses conclusions. « Notre objectif
dont l’efficacité reste à confir- est solidaire. Si des combinaisons
mer contre le Covid-19. « D’au- efficaces existent dans la phar-
tres combinaisons sont possi- macopée que notre plateforme de
bles », est persuadé le nouveau “pléothérapie” a identifiées, il est
directeur général de Pharnext, de notre devoir de les faire rapide-
David Horn Solomon, nommé ment connaître pour ralentir l’é-
le 16 avril dernier en remplace- pidémie et traiter les formes sévè-
ment du fondateur de l’entre- res de la maladie », insiste le
prise, le généticien de renom directeur général. L’IHU véri-
Daniel Cohen, qui reste prési- fiera, in vitro, des associations
dent du conseil scientifique. médicamenteuses par groupe
Cette société de biotechnologies, de trois sur des cellules de singe
européens à la fabrication de quatre à l’instant être concentrée sur les cotée et spécialisée dans le repo- et humaines, en commençant
cinq modèles de masques de qualité besoins du marché français ». sitionnement de médicaments par les combinaisons pressen-
supérieure, lavables 45 fois en con- Son groupe de 2.300 personnes, déjà autorisés et éprouvés, a ties par la littérature scientifi-
servant un excellent niveau de per- qui a réalisé l’an dernier un chiffre annoncé avoir conclu un parte- que. Cette phase préclinique
formance », explique la patronne de d’affaires de 235 millions d’euros, nariat avec l’institut marseillais, devrait représenter des centai-
Thuasne. Indiquant que cette pro- pour plus de 40 % à l’export, a jus- en vue de tester dans ses labora- nes, voire des milliers de tests.
duction, qui se répartit entre Saint- qu’à présent réussi à éviter l’arrêt toires de nouvelles associations Une première vague sur vingt
Etienne, où la capacité hebdoma- total de la production dans chacun thérapeutiques, à l’image de la molécules a démarré. — P. M.
daire dépasse désormais 100.000 de sa dizaine de sites industriels.
exemplaires, et les usines d’Allema- Cela n’empêche pas Elizabeth
gne, de République tchèque et de Ducottet de prévoir « une année
Roumanie du groupe, « va pour 2020 très chahutée ». n LA LEVÉE DE FONDS PHOST’IN THERAPEUTICS
Normaliser la glycosylation
des cellules tumorales
Malgré les délais très courts pour approvi- rante de cellules cancéreuses a
sionner le réseau des 200 Pharmacie été identifiée. La glycosylation
Lafayette de l’Hexagone, son directeur est une réaction qui couvre des
commercial, Pascal Fontaine, a bon espoir cellules de l’organisme de petits
que tous ses points de vente seront pour- motifs sucrés. Anormale pour
vus le 4 mai. « Pour cela, nous avions anti- les cellules tumorales, elle les
cipé une commande de 3,5 millions d’unités recouvre de motifs complexes,
à différentes entreprises françaises, notam- qui empêchent leur détection
ment la société Coco & Rico. Des masques par le système immunitaire et
lavables dix fois qui seront vendus moins favorisent la prolifération can-
E. Jarre

l’Afnor ». auprès de Lainiere Santé et d’Ecopharm. de 3,50 euros », précise-t-il. céreuse. La molécule de
Phost’in Therapeutics devrait
« pénétrer la cellule, inhiber
l’enzyme à l’origine du phéno-

Les melons Rouge Gorge victimes

Date de création : 2014
mène et restaurer un phénomène
Présidente : Karine Chorro
de glycosylation normal » pour
Montant : 10,3 millions d’euros
stopper le développement du
Effectif : 5 personnes

de la guerre des prix Secteur : biopharmacie cancer, détaille Karine Chorro.

Des cancers agressifs

CENTRE-
VAL DE LOIRE
L’entreprise, longtemps
leader français du
melon, cède cette
activité et sa marque
au groupement Force
Sud et se recentre sur
les pommes.
Stéphane Frachet
— Correspondant à Tours
La marque de melon Rouge Gorge
change de mains. Elle vient d’être
vendue par l’entreprise Le Rouge
Gorge à Force Sud, un groupement
de producteurs héraultais. Derrière
l’incontournable melon de
Cavaillon, Rouge Gorge a long-
temps fait bonne figure. Cultivé
autour de Taizé (Deux-Sèvres),
ainsi qu’en Espagne et près de
Béziers (Hérault), il avait été lancé
par la famille Couteleau avec un
positionnement haut de gamme,
qui a atteint jusqu’à 30.000 tonnes
de melons, plus de 10 % de la con-
sommation française.
Mais cette stratégie monomar-
que n’a pas résisté à la guerre des
prix dans la grande distribution et
le chiffre d’affaires qui avait flirté
avec les trente millions d’euros est
redescendu, la production plon-
geant en 2019 à 18.000 tonnes.
Après Terradelis en 2017, Fondor en
2018, c’est au tour de Rouge Gorge
d’arrêter le melon. La mort dans
l’âme, Christophe Couteleau, a
décidé en début d’année de se con-
sacrer à l’autre activité de l’entre-
prise fondée par son grand-père.
« Les pommes sont mieux protégées
grâce à des marques de référence »,
explique-t-il en citant la Pink Lady,
dont le prix au kilo est plus élevé.
Cadences ralenties
Cette décision a entraîné un plan so-
cial portant sur 36 des 72 postes,
sans compter les 1.500 cueilleurs sai-
sonniers. Nouveau leader du melon,
Force Sud, qui rassemble 6 familles
de producteurs pour un chiffre d’af-
faires de 31,5 millions d’euros, va
s’implanter ainsi « dans l’ouest de la
France et en région parisienne grâce à
une marque à forte notoriété », expli-
que Jérôme Jausseran, son prési-
dent. Le groupement basé à Saint-
Thibéry a contractualisé avec trois
producteurs de melons du Poitou,
sur 2.000 hectares dès cet été.
En 2019, Force Sud a produit
21.000 tonnes de melons sous les
marques Melon de Cavaillon, Label
rouge, Perle des champs, Goût du
sud. Grâce à Rouge Gorge, il espère
ajouter 2.000 tonnes dès 2020.
Mais la crise va forcément cham-
bouler les prévisions. « Mars a été
catastrophique pour les produits
frais en raison de la fermeture des
cantines, des restaurants d’entre-
prise et des marchés. Et chez eux, les
Français confinés se sont reportés
sur des produits de base. Nous avons
dû donner des melons cueillis au
Maroc. Avril se présente mieux. Les
produits frais “plaisir” reviennent en
grâce », affirme Jérôme Jausseran.
L’enjeu va être d’assurer la récolte
cet été. « La sécurité sanitaire va
nous obliger à ralentir les cadences
au conditionnement », observe-t-il.
Comme pour d’autres produits
frais, les prix de revient vont donc
augmenter cet été. n
Hubert Vialatte
— Correspondant à Montpellier
Phost’in Therapeutics, qui déve-
loppe une molécule pour lutter
contre les cancers solides, lève
10,3 millions d’euros auprès du
fonds d’investissement améri-
cain Remiges Ventures, accom-
pagné du japonais Anri et d’Irdi
Soridec Gestion. « Cette opéra-
tion va permettre de financer pen-
dant quatre ans les dernières éta-
pes précliniques réglementaires et
le premier essai clinique chez des
patients, avec la participation
active de l’Institut du Cancer de
Montpellier », explique Karine
Chorro, présidente et cofonda-
trice de Phost’in Therapeutics
avec le docteur Ludovic Clarion.
Après plusieurs années de
recherches, une molécule à
même d’empêcher le méca-
nisme de glycosylation aber-
La société s’attaque à des can-
cers particulièrement agressifs,
comme les glioblastomes,
tumeurs cérébrales les plus fré-
quentes, ou les cancers du sein
triple négatif. « Il y a un énorme
besoin de renouveau thérapeuti-
que sur ces pathologies. » Le pro-
jet a été porté, dès 2005, par le
monde académique, via un con-
sortium de biologistes, chimis-
tes et médecins qui ont com-
mencé les travaux à Montpellier
(Université, CNRS, Ecole natio-
nale de chimie, Institut des neu-
rosciences, Institut Gerhardt) et
à Paris (Sorbonne Paris Nord et
Paris-Saclay), les premiers bre-
vets ayant été déposés en 2009.
La société a confié la production
de sa substance active à Roowin,
la formulation au groupe belge
Ardena, les études précliniques
à Charles River Laboratories et
les bioanalyses à Eurofins. n
FINANCE&MARCHES
CORONAVIRUS
Pertes d’exploitation : bras de fer entre
le Crédit Mutuel et les assureurs
l Les assureurs et agents généraux s’insurgent contre la prime exceptionnelle promise par le Crédit Mutuel
aux entreprises assurées par le groupe, et dont l’activité a été affectée par le confinement.
l Ils lui reprochent de ne pas appliquer ses contrats et de tromper ses clients, ce que conteste formellement le patron
du Crédit Mutuel, Nicolas Théry. Celui-ci insiste sur l’urgence à soutenir financièrement les entreprises assurées.
ASSURANCE
Solenn Poullennec
@SolennMorgan
Le Crédit Mutuel met le monde de
l’assurance hexagonal en émoi. En
fin de semaine, les assureurs et leurs
agents généraux sont montés au cré-
neau pour s’insurger contre la prime
exceptionnelle créée par le bancas-
sureur en faveur de ses entreprises
clientes touchées par les mesures de
confinement. La semaine dernière,
le Crédit Mutuel avait proposé une
prime aux entreprises jouissant
d’un contrat multirisque et ayant
subi une baisse d’activité, chiffrant
ce geste à 200 millions d’euros.
Selon ses détracteurs, le Crédit
Mutuel s’est défaussé des engage-
ments prévus dans ses contrats
d’assurance. Il s’éviterait ainsi de
devoir verser beaucoup plus que les
quelque 200 millions d’euros pro-
mis, sous couvert de solidarité. Le
tout en réalisant un joli coup com-
mercial, une prime immédiate de
7.000 euros en moyenne ayant de
quoi séduire plus d’une entreprise.
Ces accusations sont fermement
contestées par le patron du Crédit
Mutuel, Nicolas Théry, attaqué sur
plusieurs fronts.
Un appel à la commission
de déontologie
D’une part, les chefs de file de deux
grandes familles d’assureurs (les
assureurs mutualistes et les sociétés
a n o ny m e s d ’a s s u r a n c e) o n t
demandé samedi à la présidente de
la Fédération Française de l’Assu-
rance (FFA) de convoquer en
urgence la Commission de déonto-
logie de l’organisation sur cette ques-
tion. Cette commission – habituelle-
ment dormante – est priée de se
pencher sur ce qui pourrait être
« une entorse extrêmement grave à la
déontologie de la profession », « un
préjudice majeur pour la réputation
de tous ses acteurs » et une « inaccep-
table concurrence déloyale », souli-
gne un courrier consulté par « Les
Echos ». Celui-ci n’est pas signé par
les bancassureurs.
Par ailleurs, Agéa, la fédération
représentant notamment les agents
L’assurance confrontée au « plus grand défi
de tous les temps », selon le Lloyd’s
« Des dizaines de milliards,
sinon des centaines
de milliards de dommages
vont peu à peu être
discutés », explique John
Neal, le directeur général
du Lloyd’s de Londres, dans
le « Financial Times ».
Alexandre Counis
@alexandrecounis
— Correspondant à Londres
L’ouragan Katrina de 2005 et les
attaques terroristes du 11 Septembre
peuvent aller se rhabiller. Le coro-
navirus est « sans aucun doute le plus
grand défi que l’industrie de l’assu-
rance ait jamais eu à affronter », a
estimé vendredi le directeur général
du Lloyd’s de Londres, John Neal.
« Ce sont des dizaines de milliards,
sinon des centaines de milliards de
dommages, qui vont peu à peu être
discutés », a expliqué dans un entre-
généraux d’AXA, Allianz et MMA
(groupe Covéa), a décidé d’interpel-
ler le régulateur du secteur. Dans un
autre courrier daté de vendredi et
consulté par « Les Echos », elle
demande à l’Autorité de contrôle
prudentiel et de résolution (ACPR),
d’enquêter sur les agissements du
Crédit Mutuel et, le cas échéant, de
sanctionner des « actions inexactes,
déloyales, trompeuses et préjudicia-
bles aux clients ».
La convocation de la commission
de déontologie est très inhabituelle.
L’attaque est d’autant plus rude
qu’elle est conjuguée à la saisine du
régulateur. Ces actions montrent à
quel point la question de la prise en
charge des pertes d’exploitation
– c’est-à-dire de la compensation par
les assureurs des baisses de revenus
des entreprises sinistrées – est deve-
nue sensible dans un secteur qui
s’est retrouvé dans le viseur des pou-
voirs publics avec la crise.
Pressés d’aider les entreprises à
encaisser le choc, les assureurs ont
annoncé des mesures diverses, por-
tant leur soutien global à 3,2 mil-
liards d’euros à la mi-avril. En revan-
che, ils n’ont cessé de répéter que la
pandémie n’est pas assurable : com-
penser toutes les difficultés financiè-
res des entreprises risquerait de
mettre le secteur financier à genoux.
Seule une poignée de contrats
n’excluant pas formellement les ris-
ques actuels ont été activés pour
couvrir les pertes d’exploitation, par
exemple chez Covéa. Le Crédit
Mutuel assure que ses garanties per-
tes d’exploitation ne peuvent pas
jouer aujourd’hui. Son projet de
prime a pourtant donné du grain à
moudre aux entreprises désireuses
de faire payer leur assureur. Annon-
cée dans les médias, elle a ainsi ren-
forcé la pression sur les assureurs.
7.000
EUROS
Le montant moyen de la prime
exceptionnelle créée par le
Crédit Mutuel en faveur de ses
entreprises clientes touchées
par les mesures de confinement.
tien au « Financial Times » le patron
du plus grand et plus ancien
marché mondial de l’assurance et
de la réassurance. Les indemnisa-
tions devraient donc dépasser, et de
loin, les 50 milliards de dollars que
les assureurs avaient dû débourser
pour Katrina. « Les chances que le
marché a de faire autre chose qu’une
grosse perte en 2020 sont nulles »,
résume John Neal.
Remboursement
des primes
Au-delà des indemnisations, les
assureurs devraient aussi avoir à
rembourser une partie des primes
reçues de leurs clients, la pandémie
ayant réduit le niveau d’activité éco-
nomique. « Beaucoup de polices
d’assurance s’ajustent économique-
ment... en fonction du chiffre d’affai-
res, de la masse salariale ou du taux
d’utilisation », a averti John Neal. Ce
sont ainsi des centaines de millions
« Nous sommes solidaires de la profession sur la perte d’exploitation, mais nous considérons qu’il faut aider les clients très vite
pour leur permettre de rester en activité », explique le dirigeant du Crédit Mutuel, Nicolas Théry. Photo Loic Venance/AFP.
Dans un secteur où la concurrence
est très forte entre bancassureurs et
assureurs, les professionnels ont les
nerfs à vif. Les agents généraux
reprochent d’ailleurs à des agences
du Crédit Mutuel de démarcher les
clients en mettant en avant une sup-
posée prise en charge des pertes
d’exploitation.
Ferme contestation
Cette affirmation est, comme les
autres, contestée par le Crédit
Mutuel. Le patron du groupe certifie
que ses contrats d’assurance ne
l’obligent pas à indemniser les entre-
prises, car ils excluent les domma-
ges causés par les « micro-organis-
mes ». Il se défend de vouloir limiter
la facture. «Le coût de la prime de
relance mutualiste pour ces deux
mois est supérieur au coût qui serait
couvert par les pertes d’exploitation»,
de livres qui pourraient devoir être
remboursées.
Le débat ne fait que commencer
sur le niveau auquel les compa-
gnies d’assurances devront indem-
niser les entreprises qui ont dû se
résoudre à interrompre leur acti-
vité à cause de l’épidémie. Les assu-
reurs estiment que les polices
standards excluent les cas de pan-
démie. Pour réduire encore leur
exposition, ils l’ont même précisé
explicitement dans les contrats
venant récemment à échéance.
Mais les entreprises, flanquées
de leurs avocats, ont de bonnes rai-
sons de croire qu’elles peuvent récu-
pérer de l’argent. Et elles fourbis-
sent déjà leurs armes. Jeudi dernier,
Hiscox Action Group, une initiative
qui réunit 200 plaintes contre
l’assureur britannique Hiscox, a par
exemple annoncé qu’elle s’entou-
rait des conseils du cabinet d’avo-
cats Mishcon de Reya.
explique Nicolas Thér y, aux
«Echos». Surtout, le mutualiste
défend le bien-fondé de sa mesure.
« Nous sommes solidaires de la pro-
fession sur la perte d’exploitation,
mais nous considérons qu’il faut aider
les clients très vite pour leur permettre
de rester en activité ».
Reste à savoir quelles suites
seront données aux actions des
assureurs et des agents généraux.
Dans le pire des cas, le Crédit Mutuel
pourrait, selon certains, être exclu
de la FFA. Ce scénario n’est pas celui
privilégié dans la profession qui
attend d’abord une mise au point.
« L’ACPR n’a pas de pouvoir d’inter-
prétation des contrats et ne peut pas
forcer un assureur à payer. Ce
débat-là est pour les tribunaux »,
avance par ailleurs un expert du sec-
teur. Ce qui ne l’empêchera pas
forcément d’avoir un avis. n
Comme d’autres, cette action de
groupe menace d’ajouter aux
demandes d’indemnisation liées à
leur contrat d’assurance des dom-
mages et intérêts supplémentaires
si leur assureur se fait tirer l’oreille
p our indemniser les assurés
concernés. Une loi de 2016, qui n’a
pour l’instant jamais été utilisée
avec succès, autorise en effet les
entreprises à demander de telles
compensations financières en cas
de retard de paiement.
Epée de Damoclès
Les discussions s’annoncent aussi
musclées qu’interminables. Com-
bien de temps l’épée de Damoclès
restera-t-elle suspendue au-dessus
des comptes de résultat des compa-
gnies d’assurances ? « Mettons rapi-
dement en place des mécanismes
pour qu’en cas de différends, cela ne
dure pas des mois, voire davantage»,
demande John Neal. n
Lundi 27 avril 2020 Les Echos
UFC- Que Choisir
demande une
rétrocession d’argent
aux assurés auto/moto
L’association de défense
des consommateurs
souhaite que les pouvoirs
publics contraignent
les assureurs à redistri-
buer les « économies »
réalisées du fait de
la chute de la sinistralité.
Eric Benhamou
@eric_benhamou
Déjà dans le radar des pouvoirs
publics, les assureurs sont désor-
mais attaqués par les associations
de consommateurs, qui les accu-
sent, elles aussi, de manquer de
solidarité face à une crise écono-
mique sans précédent. Dans un
communiqué qui doit être diffusé
lundi, la puissante association de
consommateurs UFC-Que Choisir
demande en effet aux assureurs de
rétrocéder quelque 2,2 milliards
d’euros aux assurés auto/moto.
« Alors que les deux tiers des primes
sont habituellement affectées à
l’indemnisation des sinistres, la
chute du trafic automobile profite à
plein aux assureurs », souligne
UFC-Que Choisir.
A partir de trois scénarios de
reprise du trafic, l’association
estime que la baisse des sinistres
pourrait générer entre 1,4 et
2,3 milliards d’euros d’économies
pour les assureurs. Le scénario
médian, qui table sur une reprise
du trafic à la mi-juillet, prévoit
ainsi une économie de 1,8 milliard.
D’où la demande d’UFC-Que
Choisir aux pouvoirs publics d’exi-
ger que ces économies soient inté-
gralement restituées aux assurés à
proportion des primes collectées
et des taxes, soit un total de 2,2 mil-
liards d’euros. Ce qui équivaudrait
à une réduction moyenne de
50 euros par assurance automo-
bile et de 29 euros par moto.
L’association ne manque pas
d’arguments. Déjà, trois mutuelles
(Maif, Matmut, Macif) ont
consenti, sous différentes formes
(remboursement partiel, gel des
primes…) des rabais à leurs assu-
rés. C’est d’ailleurs le principe
même de la mutualité.
Effort collectif
Historiquement, les assureurs
mutualistes ajustaient leur niveau
de prime de l’année suivante en
fonction du taux de sinistralité de
l’année en cours. Avec le temps,
ces pratiques se sont estompées,
même si elles restent inscrites
dans la loi et le code des assuran-
ces. De plus, les pouvoirs publics et
même le superviseur encoura-
gent les assureurs à participer à
l’effort collectif en cours. Mais la
diversité des prises de position
brouille le message de la profes-
sion et laisse à penser qu’il existe
des « réserves » dans lesquelles
certains refusent de puiser.
Les assureurs sont certes riches
d’abondantes provisions techni-
ques. Mais ces « réserves » sont
constituées sur le long terme pour
faire face aux évolutions de la
sinistralité, sur le principe de la
mutualisation et d’un juste équili-
bre entre les différents risques. Or,
à ce jour, personne ne peut antici-
per ce que sera le comportement
des assurés dans la période de
« l’après », aussi bien sur leur
santé qu’au volant. n
Les Echos Lundi 27 avril 2020 FINANCE & MARCHES // 27

Les banques
face au casse-tête
du chômage partiel
l Le 1er mai, les arrêts maladie pour garde d’enfants vont
automatiquement être basculés en chômage partiel.
l Outre le fait que les banques s’étaient engagées à ne pas
y avoir recours, le sujet pose problème, car elles sont
des activités essentielles.

pris de ne pas recourir au chômage de se retrouver sans aucune rémuné-

BANQUE
Romain Gueugneau
@romaingueugneau
Ce n’est plus qu’une question de
jours. A partir du 1er mai, les salariés
du privé qui bénéficient d’un arrêt de
travail pour garde d’enfants ou pour
une vulnérabilité particulière par
rapport au coronavirus (maladies
chroniques, faiblesses respiratoires)
vont être automatiquement bascu-
lés dans le dispositif de chômage
partiel. Conformément à ce qui est
indiqué dans un amendement au
projet de loi de finances rectificatif,
récemment adopté au Parlement.
La mesure concerne potentielle-
ment beaucoup de salariés dans les
banques, avec de nombreux parents
d’enfants en bas âge. « On dénombre
un peu moins de 50.000 salariés qui
ont posé des arrêts maladie pour
garde d’enfants ou situation de vulné-
rabilité », alerte Frédéric Guyonnet,
le président du principal syndicat de
la profession, SNB/CFE-CGC.
Inquiétude des syndicats
Mais les banques étant considérées
comme des opérateurs d’impor-
tance vitale, dont le maintien de
l’activité est indispensable en temps
de crise, elles ne sont pas censées
avoir recours au chômage partiel.
Les banques se sont d’ailleurs
engagées, de façon collégiale, auprès
de leurs salariés et des pouvoirs
publics, dès les premiers jours de la
crise, à ne pas avoir recours à ce dis-
positif. C’est pourquoi la bascule pré-
vue cette semaine des arrêts maladie
en chômage partiel sème le trouble
au sein des effectifs, qui se sont par
ailleurs vu imposer des congés et
RTT par leur employeur.
A la Société Générale, les organi-
sations syndicales CFTC, CGT et
SNB/CFE-CGC ont ainsi adressé, le
23 avril, un communiqué commun à
la direction des ressources humai-
nes, afin de « clarifier l’engagement
partiel » et de « réaffirmer l’engage-
ment pris sur le maintien des rémuné-
rations et avantages de l’ensemble des
salariés concernés par un change-
ment de situation lié au Covid-19 ». Un
accord avait en effet été signé entre
les syndicats et la direction, valable
jusqu’au 30 juin.
« Il est important que les salariés ne
soient pas pénalisés financièrement
par ces nouvelles mesures adoptées
par les pouvoirs publics en cours de
dispositif », écrivent encore les orga-
nisations syndicales. Interrogée, la
banque assure qu’elle maintiendra
les engagements pris.
Mais le flou subsiste sur ce qui
pourrait se passer à partir du 1er mai,
alors que d’autres établissements
que Société Générale ont pris ce type
d’engagements auprès de leurs sala-
riés. « Il y a un trou dans la raquette,
estime Frédéric Guyonnet, et un vrai
risque pour certains salariés, qui
étaient jusqu’alors en arrêt maladie,
Société Générale et BNP Paribas pénalisés
par les secousses sur les marchés
Les violentes secousses sur les marchés
financiers au mois de mars auraient causé
d’importantes pertes dans les activités
de trading des banques françaises, et plus
particulièrement de Société Générale et
de BNP Paribas. Selon l’agence Bloomberg,
la première aurait perdu « entre 150
et 200 millions d’euros » sur ses activités
de dérivés actions au premier trimestre.
Ces pertes auraient néanmoins été amor-
ties par de bonnes performances dans
les produits de taux et de devises. Il y a
deux semaines, l’agence de presse finan-
cière révélait que BNP Paribas avait égale-
ment perdu 200 millions d’euros sur
les trois premiers mois de l’année dans
ses activités de dérivés actions. Des infor-
mations que les deux banques, qui présen-
tent leurs résultats trimestriels les 5
et 6 mai prochains, n’ont pas commentées.
Le mois dernier, l’incertitude sur la gravité
ration le mois prochain. »
D’autres responsables syndicaux
sont moins alarmistes. « C’est sur-
tout un problème de posture pour cer-
taines banques, qui s’étaient fait un
point d’honneur à ne pas recourir au
chômage partiel pour montrer leur
mobilisation face à la crise », dit l’un
d’eux. En principe, l’indemnité per-
çue par le salarié au titre du chô- Près de 50.000 salariés du secteur bancaire ont posé des arrêts maladie pour garde d’enfants
mage partiel équivaut à au moins ou situation de vulnérabilité. Photo Philippe Huguen/AFP
70 % du salaire brut horaire.
tion pour les salariés des banques,
Une dérogation, au même afin qu’ils puissent encore bénéfi-
titre que les fonctionnaires cier des arrêts maladie, à l’instar des AVIS FINANCIERS
Le sujet est en tout cas suffisamment travailleurs indépendants, des
sérieux pour avoir été porté à la fonctionnaires et des agents con-
connaissance du ministère du Tra- tractuels de droit public, qui y SOCIÉTÉ MARSEILLAISE DU TUNNEL PRADO CARÉNAGE
vail, lors d’une réunion avec les gran- auront encore droit après le 1er mai RÉSULTATS ANNUELS 2019
des confédérations syndicales ven- et jusqu’à la fin de l’état d’urgence Le Tunnel Prado Carénage, premier ouvrage urbain, en France, de circulation routière à
dredi. Celles-ci ont ainsi plaidé pour sanitaire. Le cabinet de Muriel Péni- péage, est en exploitation depuis le 18 septembre 1993. 14,9 millions de véhicules légers
que l’amendement dans lequel caud verrait plutôt d’un bon œil l’ont emprunté en 2019, soit une baisse de 10,47 % par rapport à 2018.
figure la bascule des arrêts maladie cette proposition et aurait Cette baisse est la conséquence de la mise en service de la rocade L2, itinéraire
en chômage partiel soit modifié. Les demandé une proposition de texte. concurrent pour la traversée de Marseille, financé par l’Etat et les collectivités locales et
syndicats proposent une déroga- Mais le temps presse. n libre de péage.
Le Conseil d’administration qui s’est tenu le 24 avril 2020 a arrêté les comptes de l’exercice
2019. Ils seront soumis à l’approbation de l’Assemblée Générale annuelle des actionnaires
qui se tiendra le 10 juin à 11H à huis clos.
1 – Comptes résumés
Compte de résultat résumé (En euros) 2019 2018
Chiffre d’affaires 35 350 157 38 303 924
Charges d’exploitation (16 389 263) (17 383 567)
de la crise sanitaire et ses répercussions Résultat d’exploitation 18 960 894 20 920 357
Résultat financier (1 061 788) (130 033)
sur l’économie avaient fait flancher Résultat courant avant impôt et participation 17 899 106 20 790 324
les places financières du monde entier, Résultat net 12 000 116 13 498 393
avec des records historiques à la baisse,
comme la chute de 12,3 % de l’indice Bilan résumé (En euros) 2019 2018
CAC 40 lors de la séance du 12 mars.
IImmobilisations incorporelles nettes 1 441 184 1 038 368
Les banques elles-mêmes avaient été Immobilisations corporelles nettes 88 410 823 39 079 943
particulièrement chahutées. La volatilité Total de l’actif circulant 29 957 394 42 702 215
des marchés était alors très importante. Total de l’actif 119 809 401 82 820 526
Une partie des pertes serait liée aux déri-
Capitaux propres 65 978 521 65 069 656
vés de dividendes, ces produits financiers
Provisions pour charges 1 733 721 1 478 168
qui permettent de parier sur la valeur Total des dettes 52 097 159 16 272 702
des coupons distribués par les entreprises. Total du passif 119 809 401 82 820 526
Or du fait de la crise, de nombreuses entre-
prises ont suspendu ou annulé la distribu- Au compte de résultat :
tion de dividendes aux actionnaires, provo- - Le chiffre d’affaires s’établit à 35,3 M€ fin 2019, en diminution de 7,7% M€ par rapport
quant un effondrement de la valeur de ces à fin 2018.
- L’augmentation des charges financières résulte de l’effet combiné du remboursement
produits dérivés. Dans une note, les analys- par anticipation de l’emprunt Natixis en date du 5 février 2019 d’un montant de 9,6 M€
tes de JP Morgan estimaient la perte réali- et des intérêts d’un nouvel emprunt d’un montant de 60,5 M€ mis en place le 26
sée par Société Générale dans cette activité novembre 2019, dont l’objet est le financement du projet Schlœsing. Le 29 novembre
à près de 300 millions d’euros. — R. G. 2019, la société a effectué un premier tirage pour un montant de 46 M€.
Au bilan :
- Ce premier tirage vient augmenter au passif le poste « Total des dettes ».

L’Etat pourra accorder des prêts en direct

- En contrepartie, à l’actif, les immobilisations corporelles augmentent du fait des
investissements réalisés dans le cadre du projet Schlœsing.
- L’actif circulant diminue de par l’utilisation de la trésorerie pour le paiement des frais de

aux PME retoquées par leur banque

Certaines des petites
entreprises n’ayant pu
obtenir un prêt garanti par
l’Etat pourront in fine
emprunter directement
auprès des pouvoirs
publics. Le dispositif a été
intégré à la loi de finances
rectificative adoptée en fin
de semaine au Parlement.
Edouard Lederer
@EdouardLederer
Repêchage en vue pour les recalés
du crédit. La nouvelle loi de finances
rectificative – qui complète l’arsenal
de l’Etat dans sa riposte au Covid-19
et définitivement adoptée jeudi –
prévoit que l’Etat pourra lui-même
accorder un prêt à certaines petites
entreprises qui n’auraient pas
obtenu de leur banque le fameux
« prêt garanti par l’Etat » (PGE).
Au dernier pointage, le PGE mis
en place pour aider les entreprises à
traverser la crise du coronavirus,
affichait 38 milliards d’euros de
prêts auprès de 269.000 entrepri-
ses. Et 90 % des bénéficiaires sont
des TPE. Mais, selon des sources,
entre 1 et 2,5 % des demandes sont
retoquées par les banques. Ce
sont donc plusieurs milliers d’entre-
prises pour lesquelles une solution
doit encore être recherchée.
Le risque
d’une antisélection
En particulier, « pour les entreprises
qui, sans relever d’un processus de res-
tructuration, ne peuvent bénéficier
d’un prêt garanti par l’Etat accordé
par les banques, aucune solution n’est
envisagée », expliquait lors de l’exa-
men du projet de loi Albéric de Mon-
tgolfier, président de la commission
des Finances du Sénat.
Ce dernier propose alors que les
TPE puissent bénéficier d’un prêt
de bpifrance garanti à 100 % par
l’Etat, hypothèse retenue en Alle-
magne ou en Italie. « Mais cela
aurait conduit à une antisélection, les
banques orientant les canards boi-
teux vers bpifrance », explique un
bon connaisseur.
En lieu et place, c’est la solution
d’un prêt participatif qui émerge.
L’Etat reste en première ligne puis-
que - au lieu de garantir le prêt… il
l’octroie. Créé par la loi en 1978, le
prêt participatif a pour particularité
d’être remboursable après tous les
autres prêts, il est donc longue durée
et assimilé à des fonds propres (et
non à de la dette). C’est notamment
une solution pour les petites structu-
res déjà trop endettées, et pour qui le
remboursement d’un PGE aurait été
mortifère.
En pratique, « jusqu’au 31 décem-
bre 2020, les prêts octroyés à des très
petites entreprises ou à des petites
entreprises prennent la forme de
prêts participatifs […] afin de renfor-
cer leurs fonds propres et d’assurer la
pérennité de leur activité et des
emplois associés », indique le texte
de loi.
Pour financer ces prêts aux TPE,
l’Etat pourra puiser dans un fonds
déjà existant (« fonds de développe-
ment économique et social » ou
FDES) qu’il prévoit d’abonder jus-
qu’à un milliard d’euros (contre
75 millions actuellement). A noter
que cette somme ne doit pas servir
seulement aux prêts participatifs
des TPE, mais aussi à des ETI en
grandes difficultés.
Des précisions à apporter
Reste à connaître le coût et les
conditions à remplir pour tenter
d’obtenir ce prêt, et la date de sa mise
en place. La décision d’octroi revien-
dra a priori aux Codefi, des comités
chargés d’examiner dans chaque
département les difficultés de finan-
cement des entreprises. Il se com-
pose du préfet, d’un représentant du
fisc, de l’Urssaf et de la Banque
de France. n
financement ainsi que le paiement des frais d’étude du groupement Concepteurs
Constructeurs.
Le résultat net s’établit à 12 M€, en baisse de 11% par rapport à l’année précédente.
Le résultat net ramené au nombre d’actions au 31 décembre 2019 ressort à 2,06 € (2,31€
en 2018).
Dans le contexte inédit de la pandémie liée au Covid-19, de ses impacts sur le plan
sanitaire, social et économique, le conseil d’administration, dans sa séance du 24 avril
2020, a décidé exceptionnellement de ne pas proposer de distribution de dividende à
l’Assemblée Générale du 10 juin 2020. La Société précise toutefois que cette décision ne
fait pas suite à un manque de liquidité mais qu’elle est prise dans un souci de
responsabilité vis-à-vis de l’ensemble de ses parties prenantes.
2 – L’actualité boursière
Le cours de l’action au 31 décembre 2019 était à 20,30 €.
584 052 titres ont été échangés durant l’année 2019, à un cours moyen de 19,23 € alors
qu’il était de 21,37 € l’année précédente.
3 – Perspectives 2020
La pandémie de Covid-19 et l’état d’urgence sanitaire déclaré par la loi n°2020-290 du
23 mars 2020 conduisent à reporter le démarrage des travaux de la Bretelle Schlœsing à
une date ultérieure.
La pandémie de Covid-19 touche depuis les derniers jours de février 2020, l’activité de la
société SMTPC, comme celle de tous les réseaux autoroutiers et ouvrages urbains à
péage en France. Elle n’a pas d’effet sur les comptes 2019.
Pour l’exercice en cours, les hypothèses de trafic devront être sensiblement revues à la
baisse. Il n’est pas possible, à ce jour, de chiffrer avec suffisamment de précision
l’incidence de cette crise sanitaire sur l’activité et les comptes de la société.
La Société Marseillaise du Tunnel Prado Carénage (SMTPC) est concessionnaire de la Métropole Aix Marseille
Provence, d’un tunnel routier à péage de 2,5 Km reliant par le centre de la ville, l’autoroute A50 à l’Est et
l’autoroute A55 au Nord jusqu’en janvier 2033, date à laquelle la société remettra l’ouvrage à titre gratuit à la
Métropole. SMTPC est chargée de la maintenance, de la sécurité et de l’exploitation de cet ouvrage.
La société est également exploitante du tunnel Prado Sud, tunnel reliant le tunnel Prado Carénage aux quartiers
sud de Marseille.
Cotation : EURONEXT Paris compartiment C. Code ISIN : FR0004016699. MNO : SMTPC
www.tunnelprado.com Tél : +33(0)6 07 08 40 82
Contact : Frédérique Alary f.alary@tunnelprado.com
28 // FINANCE & MARCHES Lundi 27 avril 2020 Les Echos

CORONAVIRUS

Le Royaume-Uni quadruple son plan

d’émission de dette
l Pour financer les mesures budgétaires visant à soutenir son économie face à la pandémie, le Trésor britannique
vient d’annoncer un quadruplement de son plan d’émission sur les trois prochains mois, à 180 milliards de livres.
l Soit plus que ce qu’il prévoyait de lever sur l’ensemble de l’année.

DETTES
SOUVERAINES Le chancelier
de l’Echiquier,
Rishi Sunak,
Alexandre Counis a annoncé
@alexandrecounis quelque 60 milliards
— Correspondant à Londres de livres de
dépenses pour
Les pays de la zone euro ne sont pas limiter les effets
les seuls à voir s’emballer le comp- du virus
teur de leur dette pour cause de sur l’économie.
coronavirus. Le Royaume-Uni Photo Pippa Fowles/
s’apprête lui aussi à lever des mon- 10 Downing Street.
tants exceptionnels pour financer
les mesures budgétaires visant à
soutenir son économie face à la
pandémie. Le Trésor britannique
vient même d’annoncer un quadru-
plement de son plan d’émission sur
les trois prochains mois, à 180 mil-
liards de livres, contre 39 milliards
initialement prévus entre mai et
juillet. C’est davantage que ce qu’il
prévoyait de lever sur l’ensemble de
l’exercice budgétaire 2020-2021 :
156 milliards annoncés le 11 mars,
au moment de la présentation du
budget. Le niveau des émissions sur
le marché des « gilts » avait déjà tri-
plé sur le seul mois d’avril, à 45 mil-
liards de livres, contre 15 milliards
prévus à l’origine.
Il faut dire que les besoins sont
gigantesques : le ministre des

La descente aux enfers

Finances, Rishi Sunak, a annoncé
quelque 60 milliards de livres de
dépenses pour limiter les effets du
virus sur l’économie, soit l’équiva-
lent d’un peu moins de 3 % du PIB.
M e r c r e d i s o i r, 3 , 2 m i l l i o n s
d’employés bénéficiaient notam-
ment de son coûteux plan de chô-
mage partiel, où 80 % des salaires
sont pris en charge par le contribua-
ble. De quoi faire potentiellement
monter le déficit budgétaire à
260 milliards de livres sur l’année,
explique le chef économiste de
PwC, John Hawksworth, dans le
« Financial Times ». Et faire sans
doute de l’exercice budgétaire en
cours un nouveau record en termes
d’émission de dette publique outre-
Manche, devant les 227,6 milliards
levés par l’Etat britannique en
2009-2010 après la crise financière
– certains parlent d’au moins 320 à
350 milliards de livres.
Un tel bond des émissions britan-
niques ne devrait pas poser de pro-
blème à court terme. Non seule-
ment les investisseurs ne sont pas
inquiets sur la solvabilité du pays,
mais tout semble indiquer que les
nouvelles obligations d’Etat trouve-
ront aisément preneurs. En outre, la
Banque d'Angleterre a promis le
mois dernier, dans le cadre de son
dernier programme de « quantita-
tive easing », d’acheter 200 milliards
de livres de gilts sur le marché
secondaire. La BoE a même accepté,
il y a quinze jours, de financer tem-
porairement les dépenses de l’Etat
en supprimant tout plafond dans
l’arrangement datant de 1694, qui
permet au Trésor de tirer sur une
ligne de financement (« Ways and
Means Facility ») auprès de la ban-
que centrale. Une sorte de facilité de
découvert, qui reste normalement à
370 millions de livres, et qui était
brièvement montée, en 2008, à
20 milliards de livres.
A plus long terme, néanmoins, le
bond de l’endettement public pour-
rait poser problème. « Tout dépen-
dra du type de rebond économique,
en U ou en V, que connaîtra le pays, et
du niveau auquel se situera alors le
déficit budgétaire, prévient un ana-
lyste. S’il s’ajoute à un déficit courant
élevé, cela pourrait effrayer les inves-
tisseurs étrangers, et amener les
agences de notation à revoir leur
note. » Au vu de « l’affaiblissement
significatif des finances publiques
causé par le virus », Fitch a déjà revu
celle du Royaume-Uni de AA à AA –
fin mars, et a placé le pays sous sur-
veillance négative.
4
À NOTER
S&P a confirmé vendredi la note
de crédit de l’Italie à « BBB »,
citant le « filet de sécurité »
constitué par les programmes
d’achats d’actifs de la BCE.
de la livre libanaise
En pleine crise s’amenuise, s’éloignant du taux
de liquidités depuis huit officiel de 1.507,50 livres pour un
mois, le Liban voit dollar en vigueur depuis 1997.
sa monnaie se déprécier Une circulaire publiée mardi
rapidement par rapport
au dollar.
prévoit entre autres la possibilité
pour tous les détenteurs de comp-
tes en dollars de retirer leur épar-
Justine Babin gne en livres libanaises à un taux
— Correspondante à Beyrouth plus proche de celui du marché
noir. Un autre texte réglemen-
La livre libanaise continuait sa taire, entré en vigueur vendredi,
dégringolade, samedi, sur le mar- impose par ailleurs aux agences
ché noir. Dans un bureau de de transfert d’argent de régler en
change du quartier de Furn el livres les montants envoyés à

Le Covid-19 fait entrer la Banque nationale Chebbak, dans la banlieue de Bey-

routh, le billet vert s’échangeait à
3.900 livres libanaises, soit une
leurs clients en devises.
Redoutant une hausse de
l’inflation, plusieurs centaines

suisse dans la « guerre des changes »
Le franc progresse compte
tenu de son statut de devise
refuge lors des crises.
La banque centrale de la
Suisse intervient massive-
ment pour lutter contre
la tendance à l’appréciation
de sa monnaie.
Nessim Aït-Kacimi
@NessimAitKacimi
Le franc suisse fait une fois de plus
figure de havre de paix dans la crise
mondiale du coronavirus. Depuis le
début de l’année, l’euro a perdu 3,1 %
contre son homologue helvète.
La devise européenne s’établit à
1,0510 franc suisse, proche de son
plus bas niveau depuis cinq ans
(1,03 franc suisse). Pour la première
fois en dix ans, le taux de l’obligation
à 10 ans suisse est repassé au-dessus
de celui de son homologue alle-
mande, à cause du programme de
rachats d’actifs de la Banque centrale
européenne. Les investisseurs étran-
gers ont alors acheté des obligations
suisses et fait grimper le franc.
La hausse du franc, devise refuge
qui progresse lors des grandes cri-
ses, a conduit la Banque nationale
suisse (BNS) à entrer de nouveau
massivement dans la « guerre des
changes » (les actions menées pour
affaiblir une monnaie). En mars et
avril, elle a vendu sa devise principa-
lement contre l’euro mais aussi con-
tre des dollars à un rythme jamais vu
depuis 2015. Selon le Fonds moné-
taire international, ses interventions
ont été d’un montant de 45 milliards
de francs suisses depuis la mi-fé-
vrier, ce qui représente 6,5 % de son
produit intérieur brut (PIB) de 2019.
La banque centrale intervient
pour éviter que l’euro passe sous la
barre de 1,05 franc suisse et s’appro-
che de la parité. Les hedge funds
parient sur la hausse du franc par
rapport à l’euro dans un contexte qui
reste très dégradé. Une deuxième
vague de coronavirus et un nouveau
confinement en Europe en 2020
feraient glisser l’euro vers la parité
avec le franc suisse.
« Défis hors du commun »
Le 19 mars la BNS avait admis dans
son communiqué de politique
monétaire qu’elle intervenait « de
manière accrue sur le marché des
changes pour contribuer à stabiliser
la situation, en tenant compte de la
situation pour l’ensemble des mon-
naies. […] Le coronavirus place la
hausse de près de 160 % par rap-
port au taux de change officiel.
Le Liban traverse depuis sep-
de Libanais ont bravé en fin de
semaine les mesures de confine-
ment pour manifester. Le Pre-
tembre une grave crise de liquidi- mier ministre Hassan Diab
société et l’économie suisses devant une meilleure résistance que la zone tés en dollars, dont le paroxysme affirme pour sa part que son gou-
des défis hors du commun. L’incerti- euro (– 8,4 %). a été atteint le mois dernier avec vernement n’a pas été tenu au
tude s’est très fortement accrue à Cette année la devise helvète perd l’annonce d’un défaut de paie- courant des dernières mesures de
l’échelle de la planète, et les perspec- 1 % contre le dollar et 2 % contre ment sur une série d’eurobonds la Banque du Liban.
tives de l’économie mondiale comme l’autre grande devise refuge, le yen. (titres de dette envers des créan-
de l’économie suisse se sont considéra- Les monnaies de la Suisse et du c i e r s é t r a n ge r s) a r r i va n t à « Fuite en avant »
blement assombries. » Japon ont tendance à évoluer en échéance, ainsi que d’une restruc- Le chef du gouvernement a égale-
sens inverse de l’orientation de Wall turation de sa dette publique, esti- ment annoncé que trois cabinets
Décorrélation à Wall Street Street, et progressent lors des krachs mée à plus de 90 milliards de dol- internationaux – KPMG, Oliver
L’appréciation du franc pénalise les boursiers. L’euro y est peu sensible, lars fin 2019, soit plus de 170 % Wyman et Kroll – allaient auditer
exportations et accroît les risques de alors que de nombreuses devises du PIB. les comptes de la banque cen-
déflation. La BNS anticipe une « latinas » (pesos chilien, mexicain Afin de préserver ses dernières trale. « L’opinion publique se
baisse des prix de 0,3 % cette année. et colombien) évoluent dans la réserves en devises, évaluées à retrouve au centre d’une empoi-
Le PIB de la Suisse pourrait chuter même direction que le marché moins de 22 milliards de dollars, gnade entre l’exécutif, qui veut faire
de 7,1 % selon la banque Citi, offrant boursier américain. n la Banque du Liban a ainsi réduit du gouverneur un bouc émissaire,
drastiquement l’accès au billet et le secteur bancaire, qui refuse
vert depuis huit mois, obligeant que l’on constate ses pertes et joue
Forte volatilité des résultats les banques à instaurer à leur tour sur les peurs des déposants », ana-
de sévères restrictions. Depuis fin lyse Jean Riachi, PDG de FFA Pri-
mars, à l’exception des comptes vate Bank. Les circulaires de la
La Banque nationale suisse connaît une forte volatilité alimentés par de l’« argent frais », Banque du Liban s’apparentent
de ses résultats trimestriels du fait de ses investissements les retraits en devises sont totale- cependant plus à une « fuite en
en actions qui représentent 20 % de ses placements après ment impossibles. avant », reconnaît le banquier :
les obligations d’Etat (69 %) et devant les autres titres obliga- « Ces petites mesures ne parvien-
taires (11 %) tels ceux des entreprises. La BNS a enregistré une Marché noir dront pas à stopper la dépréciation
perte de 38,2 milliards de francs au premier trimestre, essen- Particuliers et entreprises – à de la livre ; des réformes structurel-
tiellement due à son portefeuille boursier (– 31,9 milliards l’exception de quelques secteurs les sont nécessaires. »
de francs). Ses stocks d’or sont de 51,9 milliards de francs protégés – sont donc contraints C’est notamment l’objet du
(50 milliards d’euros). Depuis la crise de 2008, elle a enregistré de se tourner vers le marché plan de sauvetage de l’économie
cinq années déficitaires et sept de profits (de 6 à 57 milliards parallèle pour acheter des devi- que doit présenter le gouverne-
de francs). La BNS, une des très rares banques centrales à être ses. Mais la livre ne cesse de s’y ment cette semaine, qui servira
cotée en Bourse, a vu son titre céder 10 % depuis le début déprécier à mesure que la quan- de base aux négociations avec ses
de l ’année. Sur cinq ans, son cours a été multiplié par quatre. tité de dollars en circulation créanciers. n
Les Echos Lundi 27 avril 2020 FINANCE & MARCHES // 29

Une affaire de délits d’initiés suspendue à une décision européenne

RÉGULATION
Les suspects accusent
l’AMF d’avoir rassemblé
des preuves sans
respecter le droit
européen.
Laurence Boisseau
@boisseaul
C’est l’un des plus gros dossiers de
délits d’initié de la place de Paris.
Une histoire qui aurait rapporté des
dizaines de millions d’euros, à des
financiers principalement, infor-
més d’un projet de rachat ultra-
confidentiel de l’américain Airgas
par son rival, le géant hexagonal Air
Liquide, en 2015. L’affaire pourrait
pourtant faire pschitt : les princi-
paux suspects accusent le gendarme
boursier d’avoir rassemblé des preu-
ves sans respecter le droit européen.
Ils ont saisi la Cour de cassation qui,
début avril, a décidé d’en référer à la
Cour de justice de l’Union euro-
péenne (CJUE). Pour les enquêteurs
de l’Autorité des marchés financiers
(AMF), les juges d’instruction, les
policiers de la brigade financière,
qui travaillent depuis des années sur
cette affaire, les conséquences pour-
raient être désastreuses.
L’affaire a démarré il y a cinq ans,
juste avant qu’Air Liquide ne lance
une OPA sur Airgas. Comme l’a
révélé « Le Point » en octobre 2017
dans un article « Le coiffeur qui en
savait trop », un banquier spécialisé
en financement d’acquisition à la
Société Générale apprend par une
indiscrétion ce projet de rachat. Il est
accusé d’avoir transmis cette infor-
mation à un contact, propriétaire de
salons de coiffure en région pari-
sienne, qui l’aurait répercutée,
ensuite, à un banquier genevois. Ce
dernier a acheté des CFD, des instru-
ments dérivés sur Airgas et empo-
ché, selon les juges, une plus-value
d’environ 8 millions d’euros.
Un an avant, le même petit
groupe avait déjà acheté des titres
CGG, juste avant le rachat par Tech-
nip. Tous sont accusés d’avoir trans-
mis ou utilisé des informations pri-
vilégiées. L’AMF, qui est à l’origine
des investigations, doit faire face,
depuis, à la riposte des avocats. En
Les méthodes des agents de l’Autorité des marchés financiers sont attaquées. Photo A. Poilleux/Les Echos
2017, ils ont soulevé une question
prioritaire de constitutionnalité.
Au cœur des débats : l’accès aux
données de connection, ces fameu-
ses informations conservées par les
opérateurs téléphoniques (les
fadettes) qui permettent d’identifier
les appels entrants ou sortants, leur
durée, et leur géolocalisation.
Le Conseil constitutionnel a
donné raison aux plaignants en con-
cluant que les « garanties en termes
de respect de la vie privée n’étaient pas
suffisantes ». Mais cette décision n’a
pas eu de conséquence sur l’affaire
en cours. Car si le Conseil constitu-
tionnel a déclaré le régime de l’accès
des agents de l’AMF aux fadettes
non conforme à la Constitution, il a
décidé de reporter à fin 2018 les
effets de sa décision. Et ce, compte
tenu des « conséquences manifeste-
ment excessives » qu’aurait une
annulation immédiate, en particu-
lier sur les enquêtes en cours.
Depuis la loi a été modifiée : les
enquêteurs de l’AMF ne sont pas pri-
vés de fadettes, mais ils doivent faire,
au préalable, une requête auprès
d’un contrôleur des données de con-
nection et justifier leur demande.
Sursis
Les plaignants ont continué leur
riposte devant les hautes juridic-
tions. En 2018, ils ont saisi la Cour de
cassation, mais cette fois-ci sur la
non-conformité du droit français
sur ce point précis avec le droit euro-
péen. Cette dernière a prononcé un
sursis à statuer et posé des questions
préjudicielles à la CJUE. Elle lui a
demandé si « les effets de cette législa-
tion française [l’ancienne sur les
données connectées, NDLR] ne
pourraient pas être maintenus provi-
soirement afin d’éviter une insécurité
juridique ». En clair, « cela revient à
demander à la CJUE si la France peut
continuer à violer la loi de manière
temporaire pour éviter que cette af-
faire ne tombe », s’insurge un avocat
extérieur à l’affaire. La Cour de cas-
sation a prévu une audience le 1er dé-
cembre. Selon que l’arrêt de la CJUE
leur sera favorable ou pas, le sort des
nombreux accusés de délits d’initié
sera en grande partie scellé. n

carnet
fr

DISPARITION
par Myriam Chauvot
ENTREPRISES Publicis Emil et de Publicis One
Touch. Il a rejoint Publicis Groupe +
mchauvot@lesechos.fr
GECINA
Jérôme Brunel
il y a dix ans. D’abord CEO de Saat-
chi & Saatchi Greater China, il a
Ils sont nés
est nommé président du conseil occupé des postes de direction un 27 avril
d’administration. chez Saatchi & Saatchi avant

Jean-Philippe Ruggieri Jérôme Brunel, 65 ans, ancien

d’être COO de Publicis Communi-
cations. Il était CEO de DACH •88Anouk Aimée, actrice,
victime du Covid-19, élève de l’ENA et de l’Insead,
diplômé de l’IEP de Paris, est
(Allemagne, Autriche et Suisse). ans.
•ex-champion
Daniel Cathiard,
l’immobilier en deuil titulaire d’une maîtrise de droit
public. Il fut DRH du Crédit lyon-
PRIMAGAZ
Nathalie Lefèvre
de ski,
fondateur de Go Sport, gérant
nais en 2001, puis du groupe Cré- Laetitia Aymard du domaine Château Smith
dit Agricole lors de la fusion sont nommées respectivement Haut Lafitte, 76 ans.
chief commercial et marketing •écrivain,
Didier Daeninckx,
Nexity

Il était une grande figure de l’immobilier et tout le sec- entre le Crédit Agricole et le Cré-
teur, au-delà de Nexity, s’est réveillé en deuil. Dans la dit lyonnais en 2003. Il a aussi officer, et directrice 71 ans.
nuit de jeudi à vendredi, Jean-Philippe Ruggieri a perdu
le combat et s’est éteint à 51 ans des suites du Covid-19. Il il y reste et il y grimpe les échelons sans jamais perdre
été directeur du pôle caisses
régionales et responsable du
de la communication et
du marketing. A ce titre,
•présidente
Marion Darrieutort,
de l’agence Elan-
y a un an, le patron historique de Nexity, Alain Dinin, sa prédilection pour le terrain. Il le connaît bien. A 12 capital investissement de Crédit Nathalie Lefèvre entre Edelman et de Syntec études
l’avait choisi pour lui succéder à la direction générale du ans, il arpentait les chantiers avec son père et quand, Agricole SA ou encore directeur au comité de direction. et conseil, coprésidente
groupe, ne conservant que la présidence. Les deux en 1994, il avait intégré la société familiale, ce n’était de la banque privée et directeurs d’Entreprise & progrès,
hommes étaient proches et le coup est dur. « Je venais de pas le choix de la facilité. « J’étais revenu à Toulouse des affaires publiques de Crédit Nathalie Lefèvre, 52 ans, diplô- 47 ans.
créer Nexity. Je l’ai rencontré en 2000, quand j’ai racheté à
Toulouse la société de promotion immobilière de son père,
pour aider mon père à relancer la société frappée par la
crise immobilière », avait-il expliqué. Cette dimension
Agricole SA. Il était secrétaire
général du groupe jusqu’en
mée de l’ISC Paris, a débuté au
sein du Groupe Danone avant de
• Michel Delebarre, ancien
ministre, ex-sénateur
Ruggieri Immobilier. Il était jeune – 30 ans –, joyeux, pas terrain a nourri sa vision stratégique et était son décembre. devenir directrice du développe- du Nord, 74 ans.
compliqué, se souvient Alain Dinin. Je lui demande ce
qu’il compte faire dans la vie, à part fils à papa ? Il me
moteur. « Il avait une intime compréhension du monde
dans lequel on vit et des autres. Même une fois dirigeant, WILLIS TOWERS WATSON
ment grand public chez Bou-
ygues Telecom. Après avoir pris,
• Xavier Durand, directeur
général de Coface, 56 ans.
répond : “Mon idée, c’est d’être un jour à votre place, dans
votre bureau”. » Bonne réponse. Alain Dinin, à qui la
en cas de problème, il allait voir un client ou un maire »,
poursuit le président de Nexity.
Cyrille de Montgolfier
prend ce lundi la direction
par la suite, la direction com-
merciale de la marque de cos-
•comédienne,
Lou de Laâge,
30 ans.
provocation ne déplaît pas, fera monter à Paris le jeune
homme pressé, pour voir... Confrontation fructueuse
générale de Gras Savoye Willis
Towers Watson.
métiques Clarins, elle était deve-
nue en 2016, la directrice
•écrivain,
Vladimir Fedorovski,
70 ans.

Sur les chantiers à 12 ans

Le provisoire a finalement duré dix-neuf ans et la
confrontation des visions pour l’avenir du groupe entre Cyrille de Montgolfier, 58 ans,
commerciale des marques de
parfums de Shiseido.
•duDavid Guiraud, président
conseil de surveillance
Comme toujours avec Jean-Philippe Ruggieri, c’est le patron historique et son dauphin s’est révélée fruc- ancien élève de l’ENA, diplômé de « Ouest-France » et de
vite vu. Monté à la capitale, ce boulimique de la vie y tueuse pour l’entreprise. Quand Jean-Philippe Ruggieri de l’IEP de Paris et en droit, est Laetitia Aymard, 40 ans, diplô- l’Association pour le soutien
travaille avec la même passion qu’il met à vivre. Aux prend les rênes de l’ensemble de la promotion immobi- membre du Conseil d’Etat. mée de Paris-Dauphine et de des principes de la démocra-
yeux du jeune homme, c’était du provisoire. « Je pen- lière de logements en 2010, Nexity et plusieurs autres Après avoir travaillé seize ans l’Institut d’études politiques, a tie humaniste, 65 ans.
sais rester seulement quelques années au sein de ce
groupe avec l'idée, par la suite, de monter ma société,
acteurs de l’immobilier étaient dans un mouchoir de
poche. Il a su opérer la mutation du groupe pour en faire
chez AXA, il avait pris la direc-
tion générale de La Parisienne
d’abord été responsable marke-
ting opérationnel des solutions
• Noëlle Lenoir, avocate,
ancienne ministre, 72 ans.
racontait l’an dernier aux « Echos » ce père de deux
(grands) enfants, à l’occasion d’un portrait que le jour-
le leader. De même, en un peu moins d’un an à la tête de
la direction générale du groupe, il a impulsé plusieurs
Assurances puis codirigé
Nemrod Finance.
Kodak Versamark pour la zone
Europe. En 2008, elle a rejoint
•directeur
Antoine Lissowski,
général
nal avait fait de lui en mai 2019 pour sa nomination à chantiers qui resteront son héritage, comme l’indus- les bureaux londonniens de de CNP Assurances, 64 ans.
la direction générale de Nexity. « Mais j’ai trouvé dans
cette entreprise un côté entrepreneurial qui m’a plu »,
trialisation de la construction en bois, qu’il voyait
comme l’avenir du logement, et la numérisation.
PUBLICIS
Justin Billingsley
Getty Images en qualité de res-
ponsable des relations publi-
•33William
ans.
Moseley, acteur,

avait-il poursuivi. C’était aussi la rencontre de deux

fortes personnalités qui se sont appréciées. « C’était
« Pendant l’année écoulée, il a prouvé que j’avais fait le bon
choix », résume Alain Dinin.
devient global chief marketing
officer de Publicis Groupe.
ques et des partenariats Europe,
Moyen-Orient et Afrique. En
•ex-PDG
Eric Emerson Schmidt,
de Google, président
un affectif, sensible et orgueilleux comme tous les gens Entre le patron historique et l’étoile montante, tous 2013, elle a été nommée direc- du conseil d’administration
du Sud...mais fin. Très fin, juge Alain Dinin. Et loyal. deux amateurs de golf et hauts en couleur, une solide J u s t i n B i l l i n g s l e y, 4 7 a n s , trice de la communication de la d’Alphabet, 65 ans.
C’est une des seules personnes que je connaisse qui fai- amitié s’était forgée. Alain Dinin fut même le témoin de diplômé de l’University of NSW marque et des partenariats.
sait passer l’intérêt de la société avant son intérêt per- son remariage avec l’architecte Guillaume Dujon. Une (Australie), restera membre du Cinq ans plus tard, elle était
sonnel. » Une fois Ruggieri Immobilier devenu le pôle
immobilier résidentiel de Nexity, à sa propre surprise,
amitié sans paternalisme : « J’ai déjà des enfants, remar-
que Alain Dinin. Mais c’était mon petit frère. » n
management committee de
Publicis Groupe et président de
directrice de la communication
de DxO. , Envoyez vos nominations à
carnetlesechos@nomination.fr

Les Echos est une publication du ÉDITRICE Marie Van de Voorde-Leclerq Elsa Conesa (Finance et Marchés) DIRECTEUR DE CRÉATION Fabien Laborde LES ECHOS WEEK-END DIRECTEUR DE LA DIFFUSION ET DU MARKETING CLIENTS
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Ce journal est imprimé sur du papier porteur de l’Ecolabel européen sous le numéro FI/37/002. Eutrophisation : Ptot 0.013kg/tonne de papier Membre de membre ACPM OJD CPPAP : 0421 c 83015. Toute reproduction, même partielle, est interdite sans l’autorisation expresse de l’éditeur (loi du 11 mars 1957)
30 // FINANCE & MARCHES Lundi 27 avril 2020 Les Echos

euronext
SÉANCE DU 24 - 04 - 2020 A : Indicateur acompte, solde ou total du dividende. BPA : Bénfice par action. PER : Price Earning Ratio. Les plus hauts et plus bas ajustés sont sur l’année
CAC 40 : 4393,32 (-1,30 %) NEXT 20 : 9283,15 (-0,57 %) civile. Les valeurs classées par ordre alphabétique sont regroupées en trois classes de capitalisation signalées par les lettres A pour les capitalisations
CAC LARGE 60 : 4855,76 (-1,23 %) supérieures à 1 milliard d’euros, B pour les capitalisations comprises entre 1 milliard d’euros et 150 millions d’euros et C pour les capitalisations inférieures
CAC ALL-TRADABLE : 3394,51 (-1,22 %) à 150 millions d’euros. L : Valeurs de l’indice CACNext20. R : Valeurs de l’indice CACLarge60. G : Valeurs de l’indice CACMid60. g : Valeurs de l’indice
DATE DE PROROGATION : 27 AVRIL CACSmall. Les bénéfices par action : source FacSet JCF Estimates. Mise en ligne intégrale des informations réglementées sur www.lesechos-comfi.fr

CAC 40 SRD Suite VALEURS FRANÇAISES SRD Suite VALEURS FRANÇAISES

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER
ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT
ACCOR (AC) R A 25,2 24,6 - 4,02 - 41,08 MICHELIN (ML) R A 80,18 82,4 + 0,2 - 24,47 GENSIGHT (SIGHT) g C 2,76 2,725 - 2,68 + 9,66 ROTHSCHILD & CO (ROTH) G A 17,88 18 + 0,33 - 29,69
579651 25,45 - 5,42 42,24 332224 84,12 + 7,94 112,8 308537 2,88 +48,91 4,88 10082 18,04 - 2,17 26
FR0000120404 10/05/19 1,05 270.673.406 24,6 - 35,35 21,06 9,84 FR0000121261 21/05/19 3,7 178.627.555 79,64 - 28,03 68 4,49 FR0013183985 32.827.362 2,66 + 40,32 1,36 FR0000031684 20/05/19 0,79 77.617.512 17,88 - 40,69 14,62
AIR LIQUIDE (AI) R A 115,5 115,3 - 1,96 - 8,64 ORANGE (ORA) R A 11,05 11,185 - 1,11 - 14,75 GETLINK (GET) LR A 11,25 11,27 - 0,71 - 27,34
943412 117,7 + 5,97 140,7 5043572 11,44 - 3,99 13,545 RUBIS (RUI) G A 40,06 40 - 1,53 - 26,94
416749 11,42 +10,17 17,04 DIV 2 28/07/17 111799 40,56 - 6,67 57,45
FR0000120073 20/05/19 2,65 473.281.466 115,1 + 7,67 94,86 2,3 FR0000133308 02/12/19 0,3 2.660.056.599 11,02 - 21,48 8,84 2,68 FR0010533075 23/05/19 0,36 550.000.000 11,21 - 20,86 8,615
AIRBUS GROUP (AIR) R A 53,54 52,34 - 3,52 - 59,89 3,4 PERNOD-RICARD (RI) R A 134,35 135 - 2 - 15,31 FR0013269123 17/06/19 1,59 100.385.652 39,62 - 17,32 31,6 3,98
GL EVENTS (GLO) g B 10,66 10,62 + 0,19 - 55,84
2081357 53,67 - 6,5 139,4 15,42 388688 136,15 + 5,76 171,1 19757 11,24 -22,37 24,45 SARTORIUS STED. BIO. (DIM) G A 215,2 211,6 - 2,4 + 43,26
NL0000235190 20/04/20 1,53 783.173.115 52,02 - 57,17 48,12 3,15 FR0000120693 25/11/19 1,94 265.421.592 133 - 13,88 112,25 1,44 FR0000066672 01/07/19 0,65 29.982.787 10,62 - 53,11 10,28 6,12 DIV 6 10/05/16 55826 216 +30,78 225
ARCELORMITTAL (MT) R A 9,06 8,949 - 4,02 - 42,79 PEUGEOT (UG) R A 12,045 12,385 - 0,12 - 41,85 GROUPE CRIT (CEN) g B 51,5 51 - 1,16 - 30,71 FR0013154002 27/03/20 0,68 92.180.190 210,2 + 76,63 133,9 0,27
5357273 9,314 + 4,79 16,85 2808265 12,71 + 3,47 22,01
LU1598757687 16/05/19 0,15 1.021.903.623 8,888 - 55,61 5,98 FR0000121501 02/05/19 0,78 904.828.213 12,01 - 49,01 8,878 6,3 2511 51,7 +32,12 74,4 SAVENCIA (BH) B 52 52,2 + 1,16 - 14,98
FR0000036675 26/06/19 1 11.250.000 48,15 - 22,02 36,15 1,96 1288 52,6 + 8,98 64,8
ATOS SE (ATO) R A 60,66 60,9 - 1,52 - 18,06 PUBLICIS GROUPE (PUB) R A 25,66 26,9 + 3,07 - 33,35
293485 62,9 + 7,29 82,46 2234933 27,71 + 7,04 43,7 GROUPE GORGÉ (GOE) g B 13,24 13,06 - 1,21 - 23,36 FR0000120107 13/05/19 1 14.032.930 51,6 - 20,18 45,1 1,92
FR0000051732 03/05/19 1,7 107.157.904 59,86 - 12,32 43,26 2,79 FR0000130577 25/06/19 2,12 240.438.556 25,35 - 48,27 20,94 7,88 3046 13,34 +11,62 19 SCOR (SCR) LR A 22,3 23,48 + 3,53 - 37,25
FR0000062671 04/07/19 0,32 13.502.843 13,06 - 13,51 8,59 2,45
AXA (CS) R A 14,586 14,56 - 1,36 - 42,02 RENAULT (RNO) R A 16 16,002 - 2,95 - 62,06 418488 23,92 + 1,56 39,12
7220568 14,77 - 7,91 25,615 1704354 16,694 -10,93 43,365 GTT (GTT) G A 72,9 72,95 - 0,07 - 14,58 FR0010411983 21/04/20 1,8 187.185.911 22,1 - 40,3 15,88 7,45
FR0000120628 02/05/19 1,34 2.417.695.373 14,362 - 38,42 11,844 9,2 FR0000131906 18/06/19 3,55 295.722.284 15,9 - 73,55 12,77 22,19 45968 73,5 +27,53 102,7
FR0011726835 25/09/19 1,5 37.028.800 71,1 - 14,33 48,76 2,06 SEB (SK) G A 115,5 114,9 - 0,69 - 13,22
BNP PARIBAS (BNP) R A 26,405 26,3 - 3,06 - 50,22 SAFRAN (SAF) R A 75,1 76,18 - 1,83 - 44,66
5119969 26,825 - 5,33 54,22 886829 76,88 +10,44 152,3 GUERBET (GBT) g B 28,25 29,15 + 1,04 - 29,42 30455 115,7 + 3,42 139,8
FR0000131104 29/05/19 3,02 1.249.798.561 26,1 - 44,22 24,505 FR0000073272 27/05/19 1,82 427.235.939 74 - 39,44 51,1 4188 29,45 + 1,22 44,1 FR0000121709 27/05/19 2,14 50.307.064 113,7 - 29,25 86,35 1,86
BOUYGUES (EN) R A 26,91 26,98 - 1,61 - 28,78 SAINT-GOBAIN (SGO) R A 23,7 22,96 - 4,85 - 37,1 FR0000032526 03/06/19 0,85 12.581.261 28,2 - 46,9 26 2,92 SES-IMAGOTAG (SESL) g B 20 21,6 + 8,54 - 31,86
672525 27,36 - 7,67 41,32 1802112 23,74 +14,37 37,255 HAULOTTE GROUP (PIG) g B 4,06 4,015 - 1,35 - 24,25 11675 21,65 - 8,28 37,5
FR0000120503 30/04/19 1,7 379.909.803 26,59 - 22,56 22,27 FR0000125007 10/06/19 1,33 544.683.717 22,96 - 36,55 16,408 5,79 14031 4,075 + 4,02 5,6 FR0010282822 25/06/12 0,5 15.758.108 19,88 - 23,4 19,5
CAP-GEMINI (CAP) R A 78,82 78 - 3,06 - 28,37 SANOFI (SAN) R A 91,56 90,94 + 2,31 + 1,47 FR0000066755 10/07/19 0,22 31.371.274 4,015 - 54,48 3,27 5,48
438501 79,42 + 8,39 120,9 3904653 92,65 +21,68 95,06 SHOWROOMPRIVÉ (SRP) g C 0,8 0,857 + 2,76 - 33,98
HEXAOM (HEXA) g B 25 25,4 + 1,6 - 30,98 884234 0,94 +45,75 1,532
FR0000125338 05/06/19 1,7 169.449.699 77 - 31,58 51,78 2,18 FR0000120578 09/05/19 3,07 1.254.420.040 87,05 + 22,33 67,65 3,38 1221 25,4 +12,14 39,8
CARREFOUR (CA) R A 13,37 13,32 - 0,49 - 10,9 SCHNEIDER ELECTRIC (SU) R A 80,84 80,18 - 3,61 - 12,37 FR0013006558 50.865.537 0,754 - 68,67 0,477
FR0004159473 11/06/19 1,5 6.937.593 24,8 - 29,83 21,7
1899338 13,52 - 6,43 16,915 1400873 83 + 5,64 105,5 HIGH CO (HCO) g C 3,49 3,37 - 2,04 - 44,57 SOITEC (SOI) G A 82 83 - 1,78 - 11,42
FR0000120172 20/06/19 0,46 807.265.504 13,25 - 20,5 12,195 FR0000121972 30/04/19 2,35 581.982.902 80,16 + 4,92 61,72 2,93 EX-DS 13/05/16 REGR.1P20 58939 84,4 +23,51 101,4
2389 3,49 -17,8 6,32
CREDIT AGRICOLE (ACA) R A 6,56 6,542 - 3,2 - 49,38 SOCIÉTÉ GÉNÉRALE (GLE) R A 13,88 13,518 - 4,88 - 56,41 FR0000054231 24/05/19 0,16 22.421.332 3,36 - 38,73 2,95 FR0013227113 32.853.813 81,6 - 10,27 48,86
5412369 6,742 - 7,23 13,8 4270547 13,988 -12,93 32,23
FR0000045072 24/05/19 0,69 2.884.688.712 6,51 - 45,69 5,7 FR0000130809 27/05/19 2,2 853.371.494 13,518 - 50,88 12,8 ICADE (ICAD) G A 70 69,25 - 2,47 - 28,65 SOLOCAL GPE (LOCAL) g B 0,165 0,16 - 5,33 - 71,01
63775 70,75 + 0,51 106 REGR. 10626447 0,168 -14,85 0,583
DANONE (BN) R A 61,16 62,5 + 0,9 - 15,43 SODEXO (SW) R A 65,6 67,32 + 1,2 - 36,28 FR0000035081 04/03/20 2,41 74.535.741 69,25 - 10,3 59
1982736 63 +13,8 75,16 292025 67,94 + 7,88 107,25 FR0012938884 619.541.466 0,158 - 81,52 0,087
FR0000120644 07/05/19 1,94 686.120.806 60,82 - 12,1 50,26 3,1 FR0000121220 30/01/20 2,9 147.454.887 65,34 - 35,08 48,45 4,31 ID LOGISTIC (IDL) g A 174 176,6 - 2,11 SOMFY (SO) A 72,9 72,9 - 0,14 - 16,69
DASSAULT SYSTEMES (DSY) R A 134 135,85 - 0,66 - 7,3 STMICROELETRONICS (STM) R A 21,67 22,63 + 1,21 - 5,59 0,23 1337 178 +13,94 186 1591 73,9 + 1,39 95
266259 139,55 + 2,03 164,15 2193946 23,3 +23,49 29,44 99,58 FR0010929125 5.646.927 172,6 + 18,52 115
FR0013199916 03/06/19 1,4 37.000.000 72,7 - 13,42 63,6 1,92
FR0000130650 29/05/19 0,65 262.927.968 133,65 - 4,5 105 NL0000226223 16/03/20 0,05 911.204.420 21,31 + 34,38 13,73 0,27 IMERYS (NK) G A 23,84 24,02 - 0,17 - 36,25
70350 24,8 + 1,69 43,54 SOPRA STERIA GP (SOP) G A 102,7 102 - 0,68 - 28,92
ENGIE (ENGI) R A 9,04 9,246 + 0,48 - 35,79 1,21 THALES (HO) R A 68 68,18 - 1,39 - 26,31 26605 106,2 +15,91 162
4652615 9,284 -11,01 16,795 7,67 256287 69,1 + 2,1 99,96 FR0000120859 20/05/19 2,15 79.343.115 23,8 - 50,68 20,68 8,95
FR0010208488 21/05/19 0,75 2.435.285.011 8,982 - 29,01 8,626 FR0000121329 03/12/19 0,6 213.181.224 67,4 - 38,16 52,5 0,88 INGENICO GROUP (ING) LR A 113,5 117,5 + 3,07 + 21,38 FR0000050809 02/07/19 1,85 20.547.701 101,2 - 7,27 78,15
ESSILORLUXOTTICA (EI) R A 104,05 105 - 1,04 - 22,68 TOTAL (FP) R A 31,99 31,86 - 1,73 - 35,24 181550 120,2 +25,35 142,7 SMCP (SMCP) g B 4,146 4,092 - 1,3 - 56,7
604908 105,95 - 3,71 145 6164822 32,72 + 4,54 50,93 FR0000125346 17/06/19 1,1 63.713.047 112 + 62,07 64,46 73601 4,146 +12,73 10,08
FR0000121667 26/04/18 1,53 437.533.516 103,8 - 1,96 86,76 1,94 FR0000120271 30/03/20 0,68 2.601.881.075 31,325 - 36,33 21,12 2,13 INNATE PHARMA (IPH) g B 6,2 6,15 - 1,91 + 3,19 FR0013214145 74.117.760 3,96 - 71,74 2,945
HERMES INTL (RMS) R A 695 674,4 - 3,8 + 1,23 UNIBAIL-R/WFD (URW) R A 51,5 50,2 - 3,68 - 64,31 202664 6,24 +28,88 7,48 SPIE (SPIE) G A 11,36 11,1 - 3,48 - 38,88
56032 697 + 5,18 725,6 1060417 52,08 -23,94 142,05 FR0010331421 78.898.264 6,045 + 4,86 2,9
FR0000052292 03/03/20 1,5 105.569.412 673 + 8,95 516 0,22 FR0013326246 24/03/20 5,4 138.378.605 50,2 - 67,72 45,22 95340 11,57 +23,13 19,58
INTERPARFUMS (ITP) g A 33,05 32,05 - 3,03 - 13,38 FR0012757854 24/09/19 0,17 157.698.124 11,02 - 32,69 7,805
KERING (KER) R A 450 451,35 - 1,25 - 22,87 VEOLIA ENV. (VIE) R A 18,38 18,705 - 0,19 - 21,11 13091 33,3 - 2,29 38,9
182103 456,45 + 0,67 614,9 1501192 18,955 + 1,99 29,09 FR0004024222 02/05/19 0,71 47.262.190 32 - 31,81 26,05 2,22 SQLI (SQI) g 18 18 + 1,12 - 26,53
FR0000121485 14/01/20 3,5 126.279.322 445,45 - 15,33 348,55 0,78 FR0000124141 14/05/19 0,92 567.266.539 18,215 - 11,43 16,015 4,92 2334 18,05 +16,73 24,5
IPSEN (IPN) G A 65,1 65,2 - 2,32 - 17,47
L.V.M.H. (MC) R A 344 340,85 - 2,24 - 17,71 VINCI (DG) R A 70,58 69,94 - 0,34 - 29,35 110513 67,9 +28,73 83,9 FR0011289040 21/07/17 0,88 4.613.975 17,75 - 22,08 13,42
487270 348,25 + 0,5 439,05 1596539 72,98 + 1,22 107,35 FR0010259150 31/05/19 1 83.814.526 63,4 - 46,16 34,2 1,53 STEF (STF) g B 70 70 - 5,02 - 12,94
FR0000121014 06/12/19 2,2 505.027.339 340,85 - 2,88 278,7 0,65 FR0000125486 05/11/19 0,79 606.212.714 69,56 - 22,2 54,76 3,23
IPSOS (IPS) G A 18 17,24 - 3,36 - 40,45 4439 70,9 + 3,7 85,1
LEGRAND (LR) R A 59,54 58,4 - 2,96 - 19,6 VIVENDI (VIV) R A 20,05 19,65 - 2,53 - 23,9 52739 18,16 + 5,9 32,1 FR0000064271 03/05/19 2,5 13.000.000 69,5 - 16,96 57,2 3,57
349200 59,6 - 0,21 77,94 3734217 20,31 + 4,3 26,42 FR0000073298 01/07/19 0,88 44.436.235 17,14 - 24,22 15,82 5,1
FR0010307819 03/06/19 1,34 266.945.149 58,38 - 9,26 45,91 2,3 FR0000127771 21/04/20 0,6 1.185.425.457 19,53 - 23,42 16,6 3,05 SUEZ (SEV) LR A 9,572 9,612 - 0,54 - 28,72
L'ORÉAL (OR) R A 242,2 243,3 - 1,02 - 7,84 WORLDLINE (WLN) G A 62,46 64,68 + 2,02 + 2,42 JACQUET METAL SERVICE (JCQ) g B 9,6 9,51 - 2,96 - 38,33 647806 9,786 + 3,8 16,035
422753 245,5 + 2,1 278,5 696483 69 +23,44 77,7 9387 9,64 +12,15 15,86 FR0010613471 20/05/19 0,65 628.362.579 9,36 - 22,04 8,046 6,76
FR0000120321 26/06/19 3,85 559.278.611 241,6 - 0,69 196 1,58 FR0011981968 182.805.852 61,6 + 10,94 36,36 FR0000033904 02/07/19 0,7 24.028.438 9,4 - 48,32 7,6 7,36
JCDECAUX (DEC) G A 16,84 16,31 - 2,57 - 40,65 SWORD GROUP (SWP) g B 25,9 25,6 - 0,78 - 24,93
124123 16,87 - 7,7 27,74 2891 25,9 +11,3 37,15
FR0000077919 21/05/19 0,58 212.902.810 16,31 - 43,41 15,06 FR0004180578 07/05/19 1,02 9.544.965 25,5 - 19,75 20,45 9,38
KAUFMAN & BROAD (KOF) g B 31 32,6 + 2,36 - 11,89 SYNERGIE (SDG) g B 19,5 19,3 - 1,53 - 33,9
24397 32,6 +38,96 41,86 1313 19,78 +41,29 31,4
SRD VALEURS FRANÇAISES FR0004007813
KLEPIERRE (LI) LR
15/05/19 2,5 22.088.023
A 16,565
30
16,155
- 11,7 19,4
- 4,35 - 52,27
7,67 FR0000032658
TARKETT (TKTT) G
19/06/19 0,8 24.362.000
B 8,21
19,2
8,29
- 41,52 13
+ 2,03 - 42,43
4,15

499231 16,745 -26,06 34,66 24420 8,36 - 0,9 16,56

FR0000121964 09/03/20 1,1 302.664.095 16,155 - 50,48 12,625 FR0004188670 12/06/19 0,6 65.550.281 8,035 - 58,45 7,53
VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA KORIAN (KORI) G A 27,2 28,42 + 5,26 - 32,2
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER 164067 28,44 - 0,49 45,66 TECHNICOLOR (TCH) g A 0,21 0,206 - 3,92 - 69,91
ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT 3304396 0,212 + 9,69 0,73
FR0010386334 11/06/19 0,6 82.730.907 26,8 - 18,71 25,16 2,11
A.S.T. GROUPE (ASP) g C 2,48 2,38 + 0,42 - 33,7 CATANA GROUP (CATG) g C 1,84 1,762 - 2,65 - 59,31 LAGARDÈRE (MMB) G A 14,84 14,84 - 3,39 - 23,62 FR0010918292 21/06/17 0,06 414.461.178 0,204 - 82,39 0,17
3949 2,48 +20,2 4,05 175988 1,84 -14,05 4,49 262401 15,22 +70,28 19,76 TELEPERFORMANCE (RCF) LR A 198,1 189,5 - 4,34 - 12,83
FR0000076887 19/06/19 0,25 12.903.011 2,3 - 42,16 1,82 10,5 FR0010193052 30.514.178 1,76 - 33,63 1,7 FR0000130213 14/05/19 1,3 131.133.286 14,51 - 39,63 8,14 118148 198,3 + 7,85 246,8
AB SCIENCE (AB) g B 8,4 8,39 - 0,59 + 55,95 CGG (CGG) G A 0,973 0,945 - 3,71 - 67,34 LDC (LOUP) A 101,5 101 - 0,49 - 3,35 FR0000051807 20/04/20 2,4 58.719.000 189 + 10,3 150,3 1
99036 8,45 +22,66 11 6522762 0,978 + 2,76 3,121 239 102 +12,22 109
FR0010557264 41.597.243 8,22 + 75,52 4,81 FR0013181864 709.961.702 0,932 - 45,53 0,76 TF1 (TFI) G A 4,486 4,396 + 0,83 - 40,59
FR0013204336 27/08/19 1,6 16.713.242 101 - 6,05 74,2 1,58 544009 4,56 -11,8 7,805
ABC ARBITRAGE (ABCA) g B 6,38 6,25 + 0,16 - 6,72 CHARGEURS (CRI) g C 17,5 17,78 + 3,86 + 2,89 LE BÉLIER (BELI) g C 28,9 29 + 0,35 - 20,33
59837 6,5 + 6,11 6,84 437093 18,26 +69,33 24,1 FR0000054900 29/04/19 0,4 210.242.074 4,318 - 51,64 4,242 9,1
8658 29,2 - 4,61 37,7
FR0004040608 23/04/20 0,1 58.512.053 6,21 - 5,73 5,05 1,6 FR0000130692 18/09/19 0,2 23.848.641 16,72 - 5,32 7,9 FR0000072399 21/05/19 1,18 6.582.120 28,9 - 18,08 26,15 TFF GROUP (TFF) B 25,6 24,5 - 3,92 - 33,24
ABIVAX (ABVX) g B 17,8 17,6 - 0,45 - 21,95 CHRISTIAN DIOR (CDI) A 354,6 345 - 1,2 - 24,47 3910 25,6 + 3,81 38,2
LNA SANTÉ (LNA) g B 40,95 41 + 0,12 - 17,26
11092 17,88 +26,44 24,2 EX D OP 08/06/17 6621 354,6 +11,22 479,8 4456 41,05 + 9,63 52 FR0013295789 06/11/19 0,35 21.680.000 24,1 - 39,51 22 1,43
FR0012333284 12.151.939 17,18 + 79,04 10,4 FR0000130403 06/12/19 31,4 180.507.516 345 - 22,51 252,4 1,33 FR0004170017 08/07/19 0,38 9.705.937 40,5 - 10,28 31,75 THERMADOR GROUPE (THEP) B 45,1 45 - 15,09
ACTIA GROUP (ATI) g C 2,3 2,245 - 2,39 - 47,91 CNP ASSURANCES (CNP) G A 8,26 8,245 - 1,96 - 53,5 LECTRA (LSS) g B 14,44 14,46 - 0,41 - 35,3 1699 45,9 +14,21 55
7225 2,32 + 5,65 4,625 884537 8,375 - 0,3 18,17 21779 14,52 - 0,41 24,85 FR0013333432 09/04/20 1,8 9.109.752 45 - 13,79 35,7 4
FR0000076655 12/06/19 0,1 20.099.941 2,245 - 46,03 1,8 4,45 FR0000120222 26/04/19 0,89 686.618.477 8,02 - 61,86 5,3 FR0000065484 03/05/19 0,4 32.099.100 14,24 - 33,36 12,2 2,77 TIKEHAU CAPITAL (TKO) g A 20 20,3 + 1 - 7,73
ADOCIA (ADOC) g B 9,6 9,18 - 2,34 - 7,27 COFACE (COFA) G A 5,49 5,33 - 6,66 - 51,41 LINEDATA SVICES (LIN) g B 20,5 21,9 + 7,88 - 17,98 EX D S 03/07/17 14785 20,6 - 4,25 25,8
162183 10,44 +28,75 16,18 468286 5,54 - 1,84 12,51 6212 22 +10,61 30,9
FR0011184241 6.960.069 9,12 - 40,16 5,6 FR0010667147 22/05/19 0,79 152.031.949 5,11 - 40,38 4,448 FR0013230612 24/05/19 0,25 136.794.130 20 - 9,78 15,45 1,23
FR0004156297 05/07/19 1,35 6.625.726 20,5 - 22,34 18 6,16
AÉROPORTS DE PARIS (ADP) G A 86,5 86,25 - 0,69 - 51,02 COLAS (RE) A 108,5 108 - 0,92 - 23,3 TRANSGÈNE (TNG) g B 1,63 1,6 - 1,48 + 3,23
LISI (FII) g A 15,9 15,66 - 2,13 - 47,89
69194 87,25 -19,54 179,2 339 109 + 2,47 143 14767 15,98 -10,51 32,7 32210 1,638 +30,29 2
FR0010340141 06/12/19 0,7 98.960.602 84,8 - 52,14 70,7 0,81 FR0000121634 29/04/19 5,55 32.654.499 107 - 25,72 90 FR0000050353 30/04/19 0,44 54.114.317 15,5 - 46,92 14,34 2,81 FR0005175080 83.841.334 1,59 - 45,39 0,81
AIR FRANCE-KLM (AF) LR A 4,5 4,462 - 2,04 - 55,04 COVIVIO (COV) G A 59 59,4 + 0,68 - 41,3 LUMIBIRD (LBIRD) g C 9,86 9,99 - 0,5 - 34,28 TRIGANO (TRI) G A 72,75 75 + 4,75 - 20,3
2038705 4,572 -11,36 10,27 264413 59,7 + 2,5 112,2 5318 10 +34,27 15,6 37294 75 +44,37 101
FR0000031122 14/07/08 0,58 428.634.035 4,42 - 57,22 3,81 FR0000064578 13/05/19 4,6 87.257.829 56,7 - 38,41 38,84 FR0000038242 18.429.867 9,82 - 43,75 5,4 FR0005691656 14/01/20 2 19.336.269 71,8 - 7,41 41,76 2,67
AKKA TECHNOLOGIES (AKA) Gg B 27,7 28,75 + 3,98 - 56,11 COVIVIO HOTELS (COVH) A 18,05 18,2 + 1,11 - 36,14 M6-MÉTROPOLE TV (MMT) G A 9,85 9,45 - 3,57 - 43,68 UBISOFT ENTERTAINMENT (UBI) LRA 66,18 67,2 - 0,09 + 9,13
55893 29,15 + 9,94 68,5 276 18,3 + 1,11 30 80081 9,85 - 7,8 17,07
FR0004180537 28/06/19 0,49 20.291.990 27,3 - 56,24 18,64 2,44 FR0000060303 08/04/20 1,55 121.036.633 18 - 30 16 297064 67,32 + 4,58 75,7
FR0000053225 15/05/19 1 126.414.248 9,45 - 45,47 9,16 10,58 FR0000054470 121.240.798 65,56 - 18,84 51,16
AKWEL (AKW) g B 10,5 10,24 - 2,48 - 49,31 DASSAULT AV. (AM) G A 795 785 - 2 - 32,91 MAISONS DU MONDE (MDM) G B 6,985 6,92 - 1,21 - 46,65
18110 10,5 - 7,91 20,8 3312 803,5 + 6,51 1192 80292 7 - 9,01 13,38 VALEO (FR) LR A 16,25 17,43 + 7,83 - 44,51
FR0000053027 05/06/19 0,3 26.741.040 10 - 41,55 8,8 2,93 FR0000121725 22/05/19 21,2 8.348.703 780 - 40,98 624 FR0013153541 02/07/19 0,47 45.241.894 6,895 - 63,07 5,35 6,79 1678099 18,15 + 5,48 33
ALBIOMA (ABIO) g B 29,85 29 - 2,19 + 11,54 DBV TECHNOLOGIES (DBV) G B 9,79 9,73 - 1,62 - 50,43 FR0013176526 30/05/19 1,25 241.036.743 16,19 - 44,12 10,51 7,17
MANITOU (MTU) g B 13,9 13,22 - 4,34 - 38,37
31489 29,9 +13,28 35,75 189964 9,97 +27,19 25,44 22699 13,9 - 3,08 22,3 VALLOUREC (VK) G A1 0,971 - 3,6 - 65,46
FR0000060402 11/06/19 0,33 31.320.533 28,8 + 37,12 22,85 1,12 FR0010417345 54.927.187 9,635 - 42,43 3,5 FR0000038606 17/06/19 0,78 39.668.399 13,12 - 55,93 11,36 5,9 3466858 1,003 - 4,78 2,867
ALD (ALD) G A 7,4 7,4 - 0,8 - 46,53 DERICHEBOURG (DBG) g B 2,616 2,556 - 2,14 - 29,97 MARIE BRIZARD W & S (MBWS) g C 1,18 1,068 - 9,34 - 33,33 FR0000120354 04/06/15 0,81 457.987.760 0,97 - 58,23 0,65
123219 7,62 -10,52 14,2 202758 2,616 + 7,58 3,784 62707 1,18 + 1,14 1,7 VALNEVA (VLA) g B 3,19 3,2 + 0,95 + 24,51
FR0013258662 29/05/19 0,58 404.103.640 7,39 - 46,61 6,29 7,84 FR0000053381 07/02/20 0,11 159.397.489 2,508 - 35,45 2,07 4,3 FR0000060873 27/09/07 0,5 44.698.454 1,062 - 64,22 0,651 367016 3,245 +36,17 3,475
ALPES (CIE DES ) (CDA) g B 15,7 15,9 + 2,85 - 46,73 DEVOTEAM (DVT) g C 67,3 65,6 - 4,37 - 30,58 MAUNA KEA (MKEA) g C 1,202 1,29 + 8,22 - 5,56 FR0004056851 92.132.927 3,14 - 6,98 1,784
6781 16 - 0,5 30,95 3574 68,8 +18,2 96 1010987 1,392 +50 2
FR0000053324 10/03/20 0,7 24.510.101 15,48 - 41,11 13,2 4,4 FR0000073793 03/07/19 1 8.332.407 65,6 - 36,68 47,25 FR0010609263 30.558.480 1,162 - 18,46 0,566 VERALLIA (VRLA) A 23,9 23,35 - 2,71 - 22,84
ALSTOM (ALO) LR A 38,5 38,6 - 1,51 - 8,6 EDENRED (EDEN) LR A 33,46 35,68 + 5 - 22,6 42972 24 + 1,48 36,01
MEDIAWAN (MDW) g B 7,7 7,7 - 26,25
314846 39,39 + 4,52 50,64 891422 35,68 - 5,06 51,56 1002 7,7 +16,14 11,2 FR0013447729 118.393.942 22,9 - 13,52 19,26
FR0010220475 15/07/19 5,5 225.973.782 38,22 - 3,5 29,73 14,25 FR0010908533 20/05/19 0,86 243.204.857 33,4 - 15,71 29,74 2,41 FR0013247137 31.922.723 7,65 - 36,47 5,02 VERIMATRIX (VMX) g B 1,586 1,598 - 0,13 - 19,29
ALTAREA (ALTA) A 108,4 105,8 - 0,19 - 47,75 EDF (EDF) LR A 6,7 6,704 - 0,65 - 32,47 MERCIALYS (MERY) G A 7,55 7,71 + 0,65 - 37,47 96286 1,62 +10,97 2,09
9690 108,4 - 2,76 210 EX-DS 7/03/17 2498190 6,89 - 5,79 13,61 172039 7,81 + 2,53 12,64 FR0010291245 84.911.882 1,57 - 7,63 1,138
FR0000033219 29/05/19 12,75 16.700.762 105 - 43,84 103,2 FR0010242511 26/11/19 0,15 3.103.621.086 6,6 - 46,22 5,978 FR0010241638 21/10/19 0,47 92.049.169 7,55 - 38,02 5,7 VICAT (VCT) g A 25,9 25,25 - 2,32 - 37,42
ALTEN (ATE) G A 64,7 65,1 - 1,29 - 42,13 EIFFAGE (FGR) LR A 70,5 70,18 - 1,74 - 31,2 MERSEN (MRN) g B 18,14 17,02 - 6,17 - 50,16 19037 25,9 + 3,27 41,65
36727 66,15 + 5,51 119 209343 71,6 +16,23 111,75 25044 18,18 +13,01 35,3 FR0000031775 20/04/20 1,5 44.900.000 24,7 - 48,31 22,5 5,94
FR0000071946 20/06/19 1 34.153.067 63,9 - 34,04 54,5 1,54 FR0000130452 21/05/19 2,4 98.000.000 68,68 - 23,45 44,65 FR0000039620 03/07/19 0,95 20.855.883 17,02 - 45,88 12,38 5,58
AMPLITUDE SURG. (AMPLI) g 1,02 1,035 + 0,49 - 38,76 EKINOPS (EKI) g 5,7 5,69 + 0,35 - 13,92 VILMORIN & CIE (RIN) g A 37,2 36,5 + 0,14 - 24,35
METABOLIC EXPLORER (METEX) g C 1,29 1,37 + 8,3 - 11,04 12515 37,5 - 4,2 49
45678 1,035 - 6,76 1,85 43865 5,79 +20,04 6,8 173557 1,44 +18,72 1,79
FR0012789667 47.804.841 1,005 - 60,94 0,92 FR0011466069 24.163.017 5,48 + 28,01 3,67 FR0004177046 27.813.800 1,25 - 21,98 0,921 FR0000052516 11/12/19 1,35 22.917.292 36,35 - 28,43 34,25 3,7
AMUNDI (AMUN) G A 55,6 57,55 + 1,86 - 17,67 ELIOR (ELIOR) G A 6,22 5,945 - 4,11 - 54,62 NANOBIOTIX (NANO) g B 6,45 6,51 + 0,31 - 21,38 VIRBAC (VIRP) G A 167 168 + 1,21 - 28,96
EX-DS 15/03/17 130038 58,15 + 2,95 78,55 204804 6,22 + 6,16 13,83 109455 6,54 +25,31 9,56 2193 168 +10,82 244,5
FR0004125920 24/05/19 2,9 202.163.305 55,5 - 8,36 43,82 FR0011950732 07/04/20 0,29 174.125.268 5,945 - 53,48 4,072 4,88 FR0011341205 13/05/19 22.731.122 6,4 - 44,97 3,54 FR0000031577 26/06/15 1,9 8.458.000 165,2 + 9,09 132,2
ARCHOS (JXR) g C 0,052 0,047 - 6,93 - 56,07 ELIS (ELIS) G A 8,585 8,3 - 2,12 - 55,14 NATIXIS (KN) LR A 1,948 1,913 - 3,63 - 51,67 WAVESTONE (WAVE) g B 17,5 17,8 + 1,71 - 31,54
7499859 0,052 +27,03 0,115 362032 8,585 - 9,93 19 9134866 1,95 -28,54 4,411 1701 17,9 - 1,11 29
FR0000182479 86.009.898 0,046 - 82,75 0,031 FR0012435121 27/05/19 0,37 221.793.981 8,16 - 46,76 5,375 4,46 FR0000120685 31/05/19 0,78 3.155.846.495 1,903 - 63,11 1,471 FR0013357621 19/09/19 0,23 20.196.492 17,5 - 39,66 15,5 1,29
ARKEMA (AKE) LR A 72,34 72,84 - 0,98 - 23,08 EOS IMAGING (EOSI) g C 1,99 2,12 + 7,61 - 4,29 NEOEN (NEOEN) g A 34,1 32,9 - 4,08 + 6,47
107746 73,54 +24,43 95,66 876030 2,2 + 1,44 2,9 WENDEL (MF) G A 77,35 76 - 2,38 - 35,86
45798 34,1 +17,08 37,25
FR0010313833 27/05/19 2,5 76.736.476 71,2 - 22,49 42,5 3,43 FR0011191766 26.589.946 1,97 + 32,67 1,654 FR0011675362 85.191.040 32,7 + 72,98 25,3 34594 77,35 + 3,05 127,5
ARTMARKET.COM (PRC) g C /160320 - 47,32 ERAMET (ERA) G A 28,5 28,78 + 1,05 - 37,22 FR0000121204 21/05/19 2,8 44.682.308 75,3 - 37,35 54,8 3,68
NEXANS (NEX) G A 32,78 33,02 - 0,72 - 24,07
10,1 30165 29,3 - 7,04 47,18 33212 33,82 +16,43 50,8 WORLDLINE (WLN) G A 62,46 64,68 + 2,02 + 2,42
FR0000074783 6.651.515 - 62,1 5,01 FR0000131757 29/05/19 0,6 26.635.884 28,01 - 56,45 18,665 FR0000044448 17/05/19 0,3 43.606.320 31,62 + 4,83 21,55 696483 69 +23,44 77,7
ASSYSTEM (ASY) B 18,88 19,1 + 1,38 - 40,87 ERYTECH PHARMA (ERYP) g B 5,35 5,8 + 10,69 - 13,43 NEXITY (NXI) G A 26,8 26,66 - 0,52 - 40,46 FR0011981968 182.805.852 61,6 + 10,94 36,36
OPA 24/11/17 1738 19,28 + 1,38 34,65 123669 5,97 +22,49 6,97 35658 26,88 - 3,75 46,2 XPO LOGISTICS (XPO) A - 1,54
FR0000074148 17/06/19 1 15.668.216 18,76 - 44,23 16,58 5,24 FR0011471135 17.940.035 5,23 - 19,33 2,8 FR0010112524 27/05/19 2,5 56.129.724 26,5 - 37,86 23,3 9,38 + 1,59 280
ATARI (ATA) g C 0,296 0,321 + 8,28 - 2,76 ESI GROUP (ESI) g C 29,4 29,1 - 1,02 - 10,46 NICOX (COX) g B 3,8 3,78 - 1,95 - 13,2 FR0000052870 20/06/19 0,6 9.836.241 - 8,57 216
4542876 0,325 +39,35 0,36 5789 29,4 - 2,02 41 29972 3,85 + 6,63 5,23
FR0010478248 267.782.050 0,288 - 23,32 0,17 FR0004110310 6.019.592 28,2 - 11,01 24,6 FR0013018124 33.469.770 3,78 - 29,61 2,53
AUBAY (AUB) g C 23,65
15196
23,6
23,9
- 0,21 - 29,45
+34,09 34,2
EURAZEO (RF) G A 42
44905
41,68
42,88
- 2,3
+ 2,91
- 31,67
67,05
NRJ GROUP (NRG) B 4,86
6007
4,92
4,96
+ 1,24 - 26,57
- 2,77 6,88
AUTRES VALEURS DE LA ZONE EURO
FR0000063737 08/11/19 0,33 13.193.296 23,15 - 27,05 15,32 1,4 FR0000121121 08/05/19 1,25 78.764.149 41,68 - 35,45 35,6 FR0000121691 03/06/19 0,17 78.107.621 4,86 - 27,65 4,5 3,46 EURONEXT (ENX) G A 70,8 72 + 3,6 - 0,89
AVENIR TELECOM (AVT) g C 0,011 0,012 + 5,26 - 1,64 EUROFINS SCIENTIFIC (ERF) G A 455 442,6 - 3,53 - 10,44 ONXEO (ONXEO) g B 0,482 0,454 - 6,2 - 18,2 64420 72,2 + 7,38 83,2
26904157 0,013 +13,21 0,017 31248 462,9 - 3,11 523,5 367176 0,488 +20,74 0,663
FR0000066052 21/10/11 0,05 459.297.338 0,011 - 89,07 0,005 FR0000038259 03/07/19 2,45 17.915.265 442,6 + 11,77 393 0,65 NL0006294274 22/05/19 1,31 70.000.000 69,3 + 19,8 52,9 2,14
FR0010095596 65.862.234 0,45 - 44,5 0,3
AXWAY SOFTWARE (AXW) g B 14,95 14,95 + 20,56 EUROPCAR GROUPE (EUCAR) G B 1,578 1,578 - 2,17 - 63,59 ORPÉA (ORP) G A 99 96,32 - 2,71 - 15,73 NOKIA (NOKIA) R A 3,142 3,07 - 2,74 - 7,17 0,3
4073 15,3 + 5,28 18,4 818517 1,65 +13,77 4,688 114988 99,38 + 4,98 129 185545 3,148 +12,58 4,12 10,37
FR0011040500 02/07/19 0,4 21.210.546 14,75 + 11,99 10,55 2,68 FR0012789949 21/05/19 0,26 163.884.278 1,556 - 78,82 1,22 FR0000184798 12/07/19 1,2 64.615.837 95 - 8,53 69,1 1,25 FI0009000681 29/07/19 0,02 5.653.886.159 3,06 - 40,71 2,083 1,63
BAINS MER MONACO (BAIN) B 52 51 - 11,15 EUTELSAT COM. (ETL) G A 9,956 9,944 - 0,56 - 31,37 PHARMAGEST INT. (PHA) g 60,7 61 + 0,49 + 0,66 SES (SESG) LR 5,94 5,95 - 2,3 - 52,4
3402 52 - 5,56 67,6 630680 10,28 +13,08 14,825 2337 61 +21,76 65,9 879017 6,034 + 0,95 14,165
MC0000031187 26/09/14 0,01 24.516.661 51 + 7,59 44 FR0010221234 21/11/19 1,27 232.774.635 9,832 - 37,52 7,996 12,77 FR0012882389 01/07/19 0,85 15.174.125 60,2 + 7,02 41,25 1,39 LU0088087324 21/04/20 0,34 370.693.490 5,804 - 57,58 4,87 6,72
BÉNÉTEAU (BEN) g B 5,99 5,9 - 2,08 - 45,52 EXEL INDUSTRIES (EXE) B 42,3 41,5 - 2,35 - 10,94 PIERRE & VACANCES (VAC) g B 13,4 13,4 + 2,68 - 33,66 X-FAB SILICON (XFAB) g A 3,135 3,03 - 5,02 - 27,34
119526 6,045 + 4,61 10,9 205 42,3 +20,29 47,8 19315 13,65 +14,73 33,9 354408 3,135 +44,63 6,08
FR0000035164 12/02/20 0,23 82.789.840 5,75 - 48,74 4,9 3,9 FR0004527638 13/02/19 1,14 6.787.900 41,5 - 38,06 31 FR0000073041 19/03/12 0,7 9.805.232 12,7 - 24,63 9,9 BE0974310428 130.781.669 2,945 - 43,89 1,868
BIC (BB) G A 48,4 47,92 - 1,4 - 22,71 FAURECIA (EO) LR A 30,41 31,16 - 0,42 - 35,12 PLASTIC OMNIUM (POM) G A 15,27 15,12 - 0,2 - 39,28
50297 49,12 - 6,22 66,05 181080 32,22 + 7,45 49,49 77583 15,27 + 5,99 26,41
FR0000120966 03/06/19 3,45 45.532.240 47,92 - 42,3 41,86 7,2 FR0000121147 31/05/19 1,25 138.035.801 29,9 - 34,57 20,58 4,01
BIGBEN INT. (BIG) g C 11,4 11,78 + 2,61 - 26,56 FDJ (FDJ) G A 25,6 25,26 - 2,62 + 6,02
FR0000124570
PLASTIVALOIRE (PVL) g
02/05/19 0,74 148.566.107
B 3,87
14,85
3,93
- 45,24 12,01
- 0,25 - 43,21
4,89
VALEURS ZONE INTERNATIONALE
29898 11,78 +11,98 17,1 212927 25,79 +12,77 30,655 DIV 8 02/05/17 4879 3,955 + 5,08 7,48
FR0000074072 24/07/19 0,2 19.718.503 11,28 + 16,87 8,1 1,7 FR0013451333 191.000.000 25,26 + 29,54 18,3 FR0013252186 18/04/19 0,2 22.125.600 3,87 - 61,09 2,79 GENERAL ELECTRIC (GNE) 6,1 5,85 - 5,13 - 40,6 1,29
12159 6,108 -10,14 12,1
BIOMÉRIEUX (BIM) G A 121,6 118,3 - 3,27 + 49,09 FFP (FFP) g A 60 58,5 - 43,75 PROLOGUE (PROL) g C 0,266 0,258 - 3,01 - 24,56
74253 122,1 +25,12 125,1 13014 60,4 +19,27 105,6 US3696041033 USD 06/03/20 0,01 8.700.000.000 5,85 - 29,94 5,65
97339 0,266 +23,44 0,387
FR0013280286 04/06/19 0,35 118.361.220 118,3 + 71,45 75 0,3 FR0000064784 20/05/19 2,15 24.922.589 58,5 - 43,53 42,15 3,68 FR0010380626 46.585.630 0,254 - 58,12 0,15 HSBC (HSB) 4,662 4,598 - 1,45 - 34,45 52,19
BOIRON (BOI) g A 33,55 33,7 + 0,45 - 7,42 FIGEAC AERO (FGA) g B 3,86 3,88 + 0,52 - 58,28 QUADIENT (QDT) G B 12 11,35 - 5,42 - 47,41 15192 4,7 -16,42 7,121
15251 35,6 +17,42 37,15 4960 3,9 - 6,05 9,69 136656 12 -12,02 24,3 GB0005405286 USD 27/02/20 0,21 20.639.646.097 4,598 - 39,93 4,421
FR0000061129 30/05/19 1,45 17.545.408 33,5 - 33,13 26,75 4,3 FR0011665280 31.839.473 3,86 - 69,21 3,7 FR0000120560 02/08/19 0,53 34.562.912 11,35 - 48,22 11,35 4,67 LAFARGEHOLCIM LTD (LHN) A 35,2 34,78 + 0,58 - 28,95 4
BOLLORÉ (BOL) G A 2,354 2,322 - 0,43 - 40,31 FIN. ODET (ODET) A 578 574 + 0,35 - 26,6 RALLYE (RAL) A 7,59 7,85 + 0,64 - 22,43 17026 35,2 + 8,15 49,79
1592938 2,364 -13,29 3,996 54 578 + 9,13 810 76181 7,85 +12,3 10,3 CH0012214059 CHF 20/05/19 2 615.929.059 34 - 24,52 26,89
FR0000039299 19/09/19 0,02 2.941.500.778 2,3 - 44,71 2,01 1,72 FR0000062234 04/06/19 1 6.585.990 560 - 36,5 497 0,17 FR0000060618 20/05/19 1 52.181.769 7,25 - 24,66 3,87 12,74
SCHLUMBERGER (SLB) A 15,3 15,25 + 0,99 - 57,52 3,45
BONDUELLE (BON) g B 21,1 20,5 - 2,61 - 12,02 FNAC DARTY (FNAC) G A 26,9 26,36 - 1,64 - 50,08 RAMSAY GDS (GDS) A 17,55 18,05 - 1,9 + 7,44 92358 16,05 +16,86 36,9
35717 21,95 23,9 43213 27,1 +15,61 53,85 335 18,4 + 0,28 21,8
FR0000063935 06/01/20 0,5 32.538.340 20,25 - 26,65 16,58 2,44 FR0011476928 26.566.152 25,78 - 65,77 16,29 FR0000044471 02/12/14 1,4 110.389.690 17,55 + 10,06 15,2 AN8068571086 USD 11/02/20 0,5 1.385.122.304 14,95 - 61,88 11,05
BUREAU VERITAS (BVI) LR A 18,45 18,01 - 3,72 - 22,57 FONCIÈRE LYONNAISE (FLY) A 67 68,8 + 2,69 - 6,78 RECYLEX SA (RX) g C 2,09 2,025 - 0,74 - 40,35
632684 18,46 + 1,87 26,01 285 69,4 + 2,69 83,4 2856 2,09 - 7,11 3,66
FR0006174348 20/05/19 0,56 452.092.988 17,905 - 18,65 15,165 3,11 FR0000033409 21/04/20 2,65 46.528.974 67 + 8,18 58 FR0000120388 04/07/90 0,61 25.886.482 2,02 - 60,29 1,3
BURELLE SA (BUR) A 487 485 - 0,82 - 40,71 GECI INTERNATIONAL (GECP) g C 0,041 0,039 - 5,11 + 18,9 RÉMY COINTREAU (RCO) G A 103 99,75 - 1,14 - 8,9
35 488 + 3,19 842 1736749 0,041 +16,42 0,07 29793 103 + 8,66 118,1
FR0000061137 05/06/19 20 1.757.623 485 - 48,4 407 4,12 FR0000079634 01/10/01 0,1 210.245.083 0,039 - 70,18 0,018 FR0000130395 12/09/19 2,65 50.149.787 98,95 - 16,88 79,2 3,66
CARMILA (CARM) g C 11,46 11,56 + 1,58 - 42,2 GECINA (GFC) LR A 111 110,5 - 0,99 - 30,76 REXEL (RXL) G A 7,86 8,622 + 9,11 - 27,21
55034 11,56 - 7,96 20 86168 112,3 - 6,36 183,6 1249998 8,834 +23,28 13,415
FR0010828137 21/05/19 1,5 136.561.695 10,96 - 39,22 8,69 FR0010040865 04/03/20 2,8 76.411.605 109,2 - 17,54 88,5 FR0010451203 03/07/19 0,44 304.102.013 7,818 - 23,53 4,921 5,1
CASINO (CO) G A 36,85 35,68 - 0,47 - 14,44 GENFIT (GNFT) G B 18,8 18,15 - 4,77 + 2,83 ROBERTET (RBT) g B 795 791 - 1 - 14,3
413997 37,5 + 2,32 42,85 442511 19,42 +41,8 20,96 449 801 - 8,02 1068
FR0000125585 09/05/19 1,56 108.426.230 35,47 - 4,01 27,92 4,37 FR0004163111 38.858.617 18,15 - 21,02 8,905 FR0000039091 27/06/19 5,6 2.170.247 776 + 38,29 662 0,71
Les Echos Lundi 27 avril 2020 FINANCE & MARCHES // 31

euronext//taux&changes
ACTIONS ACTIONS ACTIONS ACTIONS
EURONEXT HORS SRD FRANÇAISES EURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES EURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES EURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES

ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL
FR0013341781 2CRSIg C 2,3 2,33 2,295 2,3 - 1,29 14762 FR0011799907 GENOMIC VISIONg C 0,41 0,43 0,382 0,404+ 0,5 1697089 FR0012613610 PRODWAYS GROUPg C 2,22 2,24 2,15 2,21 + 0,91 46637 BMG9887P1068 ZCI LIMITED C 0,02
FR0013185857 ABEOg C 8,4 8,5 8,34 8,4 7802 FR0000061459 GÉRARD PERRIER B 51,8 51,8 50,4 51,6 - 0,39 116 FR0000060329 PSB INDUST.g B 15,65 15,65 15,55 15,55 - 0,32 935
FR0012616852 ABIONYX PHARMAg B 0,915 1,092 0,91 0,983 - 8,13 888331 FR0000065971 GRAINES VOLTZ C 66,5 66,5 66,5 66,5 114 FR0000075954 RIBERg C 1,41 1,42 1,37 1,38 - 2,13 39999
FR0000064602 ACANTHE DEV. C 0,395 + 4,34 FR0004076891 GROUPE FLOg B 0,124 0,124 0,118 0,118 - 4,84 186245 FR0000045601 ROBERTET B 644
FR0000076861 ACTEOSg C 1,18 1,215 1,16 1,16 - 2,52 2551 FR0000124232 GROUPE IRD C 19,95 19,95 19,9 19,9 - 0,25 70 FR0000045619 ROBERTET B 150
BE0974269012 AD CAPITAL
FR0000062978 ADL PARTNERg C 10 10,4 10 10,25 + 1,99
0,112
2210
FR0004010338 GROUPE JAJ
FR0004050300 GROUPE OPENg
C
C 7,58 7,58 7,45
1,07
7,45 - 0,53 1534
FR0013344173 ROCHE BOBOIS
FR0000060071 S.A.M.S.E.
B 14,2
B 122
14,2
123
14
119
14,2
119
- 0,35
- 0,83
467
173 EURONEXT GROWTH (Sélection)
FR0012821890 ADUX (EX:HI MEDIA)g C 1,275 1,285 1,245 1,285+ 0,78 1055 FR0012612646 GROUPE PARTOUCHE 17,85 17,95 17,35 17,95 + 0,28 637 FR0000060121 SABETON C 22,2 ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL
FR0004152874 ADVENISg C 1,17 1,19 1,17 1,19 + 1,71 1301 FR0010214064 GROUPE PIZZORNO C 13,3 13,7 13,2 13,7 + 3,79 190 FR0006239109 SCBSMg C 7,05 7,05 7,05 7,05 1
FR0010641449 AGROGENERATION 0,093 0,093 0,089 0,092 - 1,08 97411
FR0013296746 ADVICENNEg C 8,9 9,2 8,5 8,98 + 2,05 30018 FR0004155000 GROUPE SFPIg C 1,225 1,24 1,18 1,185 - 3,27 25008 FR0000039109 SÉCHÉ ENV.g B 32,65 32,8 31,7 31,8 - 2,15 2755
FR0013410370 AUPLATA 0,227 0,227 0,208 0,218 - 1,58 1601032
FR0000053043 ADVINI C 19,2 20 19,2 20 + 0,5 118 FR0000066722 GUILLEMOT CORP.g C 2,22 2,22 2 2,07 - 5,05 120556 FR0004175842 SELECTIRENTE B 77,5 77,5 77,5 77,5 1
FR0012788065 BIOCORP 15 15,1 14,6 14,6 - 2,34 2025
FR0013421286 ALPHA MOS C 1,17 1,17 1,17 1,17 - 6,4 250 FR0000038531 HF COMPANY C 3,14 3,15 3,02 3,1 - 1,59 3375 FR0011950682 SERGEFERRARI GROUPg C 4,04 4,04 4 4,02 - 0,5 3718
FR0012816825 BIOPHYTIS 1,17 1,32 1,1 1,21 + 4,67 3293699
FR0000053837 ALTAMIR B 14,36 14,554 14,35 14,466+ 0,74 2068 FR0012821916 HIPAY GROUPg C 2,84 2,84 2,74 2,82 - 0,7 2232 FR0000060790 SIGNAUX GIROD g C 9,9 9,9 9,9 9,9 84
FR0011053636 BLOCKCHAIN GROUP 0,218 0,233 0,218 0,233 - 1,06 97449
FR0000039216 ALTAREIT B470 470 470 470 1 FR0000065278 HOPSCOTCH GROUPEg C 3,94 3,95 3,92 3,92 - 0,51 1185 FR0000074122 SIIg C 17,2 17,3 17 17,3 1331
FR0011648716 CARBIO 12,92 13,1 12,3 12,5 - 5,59 48700
FR0011051598 AMOEBAg C 1,776 2,38 1,722 1,93 + 3,54 8600692 FR0000051393 IDI B 37,4 37,4 36,9 37,3 437 FR0004016699 SMTPCg B 18,3 18,3 17,6 17,8 - 2,47 1265
FR0010907956 CARMAT 17,56 17,56 16,84 17,32 - 1,59 5657
FR0013258589 ANTALISg B 0,712 0,714 0,704 0,714 + 0,56 53244 FR0000030827 IGE + XAOg C 135 138 133 133 113 FR0010209809 SOC. FR. CASINOS C 1,63 1,63 1,63 1,63 - 1,81 330
FR0010879056 DEINOVE 0,85 0,92 0,834 0,846+ 5,75 381437
FR0004037125 APRIL GROUP B 21,9 21,9 21,9 21,9 141 FR0004035913 ILIADG A 138 140,6 137,45 139,7 + 0,32 38243 FR0000072563 SODIFRANCE C 15,7 15,7 15,7 15,7 500
FR0010436584 DNXCORPg 4,9 + 1,87
FR0010481960 ARGAN A 69,6 69,8 67,4 69,8 + 4,18 3507 FR0000033243 IMMO. DASSAULT B 63 63 62 62 - 1,27 659 FR0000078321 SODITECH ING. C 0,45
FR0004030708 ENCRES DUBUITg 3,6 3,6 3,6 3,6 12
FR0012185536 ARTEA C 9,25 9,25 9,25 9,25 1 FR0000066219 IND. FIN. ENT. C 41,2 41,2 41,2 41,2 + 0,49 35 FR0000038804 SOFIBUS B 183
FR0000035818 ESKER 100 103 99,3 103 9715
FR0000076952 ARTOIS A 3800 FR0000071797 INFOTELg C 31,9 32 31,7 32 + 0,31 1489 FR0000065864 SOGECLAIRg C 19 19,2 18,85 18,85 - 0,79 997
FR0004166197 EVOLIS 27,8 - 4,26
FR0011992700 ATEMEg C 12,98 13 12,7 12,78 - 0,93 5351 FR0000064297 INNELEC MULT.g C 3,58 3,58 3,3 3,37 - 5,87 13230 FR0000131732 SPIR COM.g C 4,84 4,94 4,84 4,94 1799
FR0013256518 EUROFINS CEREP 6100
FR0000061780 AUGROS CP C 4,6 FR0000060451 INSTALLUX SA C 278 278 278 278 3 FR0000054199 ST DUPONT C 0,073 0,074 0,07 0,073 - 1,36 95218
FR0000044810 EUROPLASMA 0,001 0,002 0,001 0,001 - 7,14 357813549
FR0000039232 AUREA g C 4,17 4,3 4,17 4,2 + 0,96 332 FR0000064958 INTEXA C 2,5 FR0010949404 STENTYS C 0,46
FR0010342329 GAUSSIN 1,22 1,248 1,17 1,2 - 4,61 155639
FR0013183589 AURES TECH.g C 16,1 16,25 15,95 15,95 - 0,93 239 FR0013233012 INVENTIVAg B 4 4,12 4 4,08 + 0,49 16037 FR0010526814 SUPERSONIC IM.g C 1,495 1,5 1,45 1,45 - 2,69 14233
FR0012819381 GROUPE GUILLIN 16,2 17 16,2 16,96 + 10,13 37311
FR0011800218 AWOXg C 0,612 0,676 0,612 0,64 + 8,48 178458 FR0000072597 IT LINKg C 9,74 9,76 9,7 9,76 + 0,21 351 FR0000063307 TAYNINH C 1,14
FR0000075442 GROUPE LDLCg 11,9 11,9 11,6 11,8 + 0,43 1616
FR0000064123 BACCARAT B 195 FR0004026151 ITESOFTg C 2,38 2,38 2,38 2,38 1 FR0004529147 TESSI B 69,2 71,6 69,2 69,6 + 0,58 294
FR0013204070 GROUPE PAROT 2,3 2,58 2,12 2,58 + 22,28 399
FR0013258399 BALYOg C 0,73 0,743 0,727 0,736 + 1,24 31826 FR0012872141 JACQUES BOGART g C 6,6 6,6 6,48 6,48 - 0,31 2107 FR0000066482 TIPIAK C 66 66 66 66 12
FR0000077562 HIOLLE INDUSTRIES 3,16 3,16 2,88 2,94 - 6,96 6116
FR0000062788 BARBARA BUI C 6 FR0004029411 KEYRUSg C 1,98 1,985 1,98 1,985+ 0,51 1183 FR0000060949 TIVOLY C 15,6 15,6 15,6 15,6 15
FR0004153930 HYBRIGENICS 0,19 0,259 0,19 0,206+ 6,52 20488681
FR0004023208 BASSAC B 36,4 36,7 36,4 36,7 + 0,82 71 FR0000039638 LA FONCIÈREVERTE C 84 FR0000033003 TOUAXg C 3,28 3,3 3,21 3,25 - 0,92 6509
FR0010458729 IMPLANET 1,66 1,66 1,54 1,62 - 4,17 84939
FR0000035370 BASTIDEg C 32,7 33,5 32,55 32,75 - 0,61 2901 FR0000066607 LACROIX SAg C 19,35 19,5 19 19,15 - 1,03 309 FR0000036816 TOUR EIFFEL g B 28,4 28,4 27,9 28,2 - 0,7 2373
FR0004027068 LANSON-BCC 21,2 21,2 21,2 21,2 87
FR0000121857 BEL A278 278 278 278 - 3,47 16 FR0000035263 LAFUMA C 14,5 FR0000054215 UNIBEL A 565
FR0000075673 LE TANNEUR 3,06 3,06 3,06 3,06 6
FR0000062150 BLEECKER B 152 FR0000032278 LATECOEREg C 1,97 1,982 1,956 1,978+ 0,41 27963 FR0000034548 UNION FIN.FRANCE g B 15,05 15,45 14,8 15,2 3157
FR0004155687 MASTRAD 0,35 0,35 0,35 0,35 + 12,18 100
FR0011592104 BLUE SOLUTIONS B 16,9 16,9 16,9 16,9 30 FR0006864484 LAURENT-PERRIER B 77,8 78,2 77,2 77,2 - 1,03 294 FR0000074197 UTIg C 0,37 0,378 0,352 0,352 - 4,87 6811
FR0000061244 MECELEC 1,81 1,81 1,8 1,81 2363
FR0011814938 BOOSTHEAT C 9,12 9,16 9,1 9,1 - 0,22 736 FR0000121295 LEBON C 93,6 93,6 93,6 93,6 10 FR0000062465 VERNEUIL PART. C 1,64
FR0011584549 MNDg 0,095 0,095 0,092 0,093 - 2,11 85750
FR0004548873 BOURBONg A 3,675 FR0004165801 LES HÔTELS DE PARIS C 3 FR0004186856 VETOQUINOL B 55,6 57 55,6 56,2 - 1,06 2032
FR0004034320 MR BRICOLAGE SA 2,98 3,06 2,86 2,86 - 3,38 4017
FR0000074254 BOURSE DIRECT C 1,46 1,46 1,4 1,4 - 4,11 9940 FR0013233475 LYSOGENE g C 3,91 4,21 3,88 3,9 - 10,14 472136 FR0000066680 VIDELIO (EX:IEC) C 1,55 1,55 1,55 1,55 1
FR0004032746 NEOVACS 0,058
FR0000078958 BUSINESS ET DEC. C 7,9 FR0000030074 MALTERIES FR-B C 565 FR0000050049 VIEL ET CIE C 4,7 4,8 4,7 4,72 + 1,29 8406
FR0000032302 MANUTAN INTER. B 49,4 49,4 47 47 - 4,08 440 FR0004171346 NEXTEDIA 0,4 0,4 0,382 0,395 - 2,47 31160
FR0010151589 CAFOM C 2,98 2,98 2,84 2,86 - 4,03 1111 FR0000035719 VIKTORIA INVEST C 3,28
FR0000051070 MAUREL & PROMg A 1,65 1,65 1,58 1,6 - 1,84 114896 FR0000064529 NSC GROUPE 58
FR0012969095 CAPELLIg 21,6 21,7 20,8 21,3 - 2,74 388 FR0000065765 VISIODENT C 2,4
FR0011742329 MCPHY ENERGYg 4,28 4,32 4,195 4,315 + 1,89 45464 FR0000061608 PISCINES DESJOYAUX 10,7 10,7 10,6 10,6 - 0,94 19
FR0000064156 CARP.DE PARTIC. C 38 FR0004183960 VOLUNTISg C 1,23 1,29 1,23 1,23 19981
FR0000052623 DEDALUSg C 0,516 0,52 0,476 0,51 - 1,16 118085 FR0000066441 POUJOULAT 21,4 21,4 21 21 - 1,87 26
FR0000072894 CASTg C 2,01 2,02 2,01 2,02 1101 FR0011995588 VOLTALIA A 13,8 14,08 13,7 14,02 + 1,01 31905
FR0000064404 MÉDIA 6g C 6,55 6,9 6,35 6,9 + 5,34 245 FR0004044600 PRISMAFLEXg 4,98 5,28 4,98 5,28 + 5,6 424
FR0000064446 CATERING INTER.g B 8,32 8,64 8,32 8,54 + 4,15 6922 FR0000062796 VRANKEN-POMMERY M. B 14,45 14,45 14,05 14,05 2310
FR0004065605 MEDINCELL C 11,5 11,8 10,6 11,2 - 2,61 77164 FR0012452746 SAFE ORTHOPAEDICSg 0,7 0,71 0,673 0,71 + 1,39 184728
FR0010193979 CBO TERRITORIA C 3,45 3,47 3,36 3,45 22864 FR0004034072 XILAM ANIMATIONg C 35,7 35,8 35,2 35,8 1572
FR0010298620 MEMSCAPg C 0,888 0,888 0,846 0,882+ 0,23 27536 FR0004197747 THERADIAG 1,87 3,43 1,76 3,25 + 73,8 3741668
FR0000053506 CEGEDIM B 27 27,8 26,8 27,8 + 2,96 5424 FR0011471291 YMAGISg 0,798
FR0000077570 MICROPOLEg C 1,03 1,045 0,98 1,01 - 1,46 48338 FR0013263878 UMANIS 4,62 4,8 4,62 4,7 + 1,73 1548
FR0010309096 CEGEREAL B 37 37 35,6 36 - 2,7 613
FR0000060196 MRM C 1,03 1,04 1,03 1,04 - 2,8 9647 FR0004155240 VERGNET 0,267 0,274 0,256 0,267 177130
FR0012633360 CELLNOVO C
AUTRES VALEURS DE LA ZONE EURO
0,128
FR0000037970 MUSÉE GRÉVIN C FR0004045847 VOY. DU MONDE 61,2 64,4 61,2 63 + 2,61 1044
FR0000037475 CFI C 1 50

FR0000060907 CHAUSSERIA SA C 4,1 FR0013482791 NACON B 5,23 5,45 5,23 5,34 - 0,74 24257
LU0569974404 APERAMG A 21,52 22,18 21,36 21,75 - 1,41
FR0000054322 CIBOX INTER.g C 0,172 0,19 0,167 0,179 + 5,29 1472661 FR0013018041 NAVYAg B 0,71 0,729 0,7 0,713 - 0,97 23177
BE0974260896 CELYAD C 7,7 7,99 7,7 7,94 + 0,89 17846
FR0000079659 CIE DU CAMBODGE
FR0013426004 CLARANOVAg
A
B 5,01 5,59 5,01
4900
5,24 + 2,64 595197
FR0004154060 NETGEMg
FR0004050250 NEURONES
C 0,87
B 19,25 19,5
0,87 0,846
19,25
0,86
19,5
- 1,15
+ 1,3
18170
238
NL0010949392 CNOVA B 3,1 3,3 3,08 3,08 1477 CERTIFICAT/FONDS INVESTIR 10
IE00BJYS1G50 MAINSTAY MEDICAL 2,28 2,38 2,22 2,22 - 2,63 1545 INVESTIR 10 GRANDES VALEURS I10GS - FR0011630474 99,12 -1,69
FR0000060824 CLAYEUX C 0,226 FR0012789386 NEXTSTAGE C 88,5 88,5 88,5 88,5 11
BE0003853703 MONTEA CVA 80 80 78,6 79,2 -1 INVESTIR PEA PALATINE FR0013284114 86,51 1,12
FR0000053399 CNIM GROUP C 12 12,4 12 12,4 + 3,33 475 FR0000052680 OENEOg B 10,64 11 10,64 10,7 - 1,84 7282
FR0013335742 COGELECg C 5,1 5,22 5,1 5,22 + 0,39 849 FR0010428771 OL GROUPEg C 2,2 2,2 2,18 2,18 - 0,91 11536
FR0004031763 COHERISg C 1,965 1,98 1,965 1,98 + 0,25 2509 FR0000075392 ORAPIg C 7,92 8,34 7,6 7,9 - 15,24 177337 VALEURS ZONE INTERNATIONALE
FR0000065393 COURTOIS C 111 111 111 111 + 4,72 28 FR0013190410 ORCHESTRA-PRE.g C 0,179

FR0000044323 CR ALPES PROV. C 116 116 113,5 113,5 - 2,16 63 FR0010609206 OREGE 0,73 0,746 0,7 0,722 - 1,1 11880 US00774B2088 AERKOMM INC. B 38

FR0000185506 CR ATL. VENDÉE C 136,02 138 135 138 + 1,46 390 FR0012127173 OSE IMMUNOg C 5 5,2 4,95 5,02 + 2,03 127366 CH0008853209 AGTA RECORD B 67,5 68,5 67,5 68,5 + 1,48 105
FR0010483768 CR BRIE PICARD. B 24,605 24,895 24,5 24,895+ 1,18 318 FR0013318813 PARAGON IDg C 32 32 31,6 32 46 US1491231015 CATERPILLAR INC. 97 + 0,47
FR0000045213 CR ILLE VILAINE C 99,99 99,99 99,99 99,99 - 0,01 4 FR0010263202 PAREF C 64,5 64,5 64,5 64,5 64 SN0000033192 CFOA C 8

FR0010461053 CR LANGUEDOC B 69 69,5 68,01 68,01 - 1,44 91 FR0004038263 PARROT B 2,35 2,35 2,31 2,34 5294 GB0002374006 DIAGEO 30,55 31,5 30,4 31 + 1,47 1091
FR0000045239 CR LOIRE HTE-LOIRE C 86,99 86,99 85 85,98 - 1,16 384 FR0000038465 PASSATg C 4,14 4,14 3,98 3,98 - 3,4 58 CI0000053161 FORESTIÈRE EQ. C 680

FR0000045551 CR MORBIHAN B 94 94 93,01 94 70 FR0011027135 PATRIMOINE & COM B 14,45 15,3 14,45 14,85 + 3,13 1531 CH0308403085 GENEURO B 3,1 3,1 2,98 3 - 3,23 511
FR0000185514 CR NORD FRANCE B 22,62 23,15 22,62 23,15 582 FR0000053514 PCAS B 9,1 9,1 8,8 8,8 - 3,3 295 MA0000011488 MAROC TELECOM 11,6 11,9 11,4 11,9 + 3,48 3817
FR0000044364 CR NORM. SEINE B 123,12 123,12 123,02 123,02 + 0,02 13 FR0012432516 POXELg C 7,8 7,93 7,53 7,64 - 4,5 228428 US58933Y1055 MERCK AND CO INC 76 76 75,8 75,8 + 0,27 28
FR0000045528 CR PARIS IDF B 82 82,74 81,67 81,91 - 0,16 192 FR0000060832 PRECIA C 162 164 162 164 - 3,53 17 CH0008175645 TELEVERBIER C 44,4

FR0000045346 CR RHÔNE-ALPES B 186 186 183 185 - 0,54 203 FR0004052561 PROACTIS C 0,094 0,094 0,094 0,094+ 4,44 500 GA0000121459 TOTAL GABON A100 101,5 98,6 100 - 0,99 770
FR0000045544 CR TOULOUSE C 110,02 111,24 110 111,24 + 1,13 223
FR0000045304 CR TOUR. POITOU C 115,98 115,98 114 114,02 - 1,69 38
FR0000050395 CROSSWOOD C 4,64
FR0007317813 CS GROUPg
FR0011026749 DALETg
C 4,09 4,09
C 10,4 10,4
3,98
10,2
4,08
10,2
+2 2491
99 TAUX ET CHANGES
FR0013283108 DELTA PLUS GROUPg B 43 44,4 42,6 44 + 2,33 3989
FR0000035784 DIGIGRAM C 1,04 1,04 1,01 1,01 3754
CHANGES : COURS AU COMPTANT COURS DE CHANGES CROISÉS TAUX MARCHÉS MONÉTAIRES ET EURODEVISES MARCHÉ OBLIGATAIRE
FR0012202497 DMSg C 1,66 1,95 1,65 1,75 + 2,94 338627
24-04-2020 VAR. VAR. 24-04-2020 EUR USD GBP CHF SEK DKK JPY (100) CAD MARCHÉS MONÉTAIRES
FR0000065260 DOCKS PÉTROLES A C 374 374 374 374 + 0,54 9 COURS VEILLE ANNÉE 24-04-2020 JOUR 1 MOIS 3 MOIS 6 MOIS 1 AN EUROMTS INDICE VAR % 31/12 VAR %
FR0010099515 ECAg B 23,9 24,3 23,6 23,7 - 0,84 1796 1 EURO EN DEVISE BCE EN % EN % EUR 1 0,9245 1,1435 0,9494 0,0921 0,1341 0,861 0,6563
ZONE EURO-0,42/-0,72-0,30/-0,60 -0,10/-0,40 -0,09/-0,39-0,06/-0,36
FR0000072373 EGIDEg C 0,68 0,68 0,68 0,68 + 3,03 2000 DOLLAR US 1,0817 0,35 -3,60 USD 1,0817 1 1,237 1,0269 0,0996 0,145 0,9312 0,7099 FRANCE 245,00 0.11 256,93 -4.75
LIVRE STERLING 0,8745 0,15 3,30 GBP 0,8745 0,8084 1 0,8301 0,0805 0,1172 0,7528 0,5739 ECARTS DE TAUX AVEC L’ALLEMAGNE 1-3 ANS 169,94 0.86 171,44 -0.50
FR0000031023 ELECT. STRASBOURG B 105,5 105,5 105,5 105,5 + 0,48 5
FRANC SUISSE 1,0533 0,11 -2,97 CHF 1,0533 0,9738 1,2047 1 0,097 0,1413 0,9069 0,6914 24-04-2020 6 MOIS 2 ANS 5 ANS 7 ANS 10 ANS
FR0012650166 ENGIE EPSg C 5,32 5,44 5,16 5,24 + 0,38 10701 COURONNE DANOISE 7,4582 0,01 -0,20 5-7 ANS 243,45 0.48 246,41 -1.68
SEK 10,8603 10,0395 12,4192 10,3089 1 1,4561 0,0935 7,1272 ALLEMAGNE 100,25 -0,56 -0,64 -0,59 -0,48
FR0000120669 ESSOg B 17,1 17,25 16,45 17,25 - 0,86 1624 COURONNE NORV. 11,5023 0,27 16,45 10-15 ANS 315,18 0.64 319,09 -1.85
KUNA CROATE 7,5668 -0,16 1,63 DKK 7,4582 6,8949 8,5289 7,0796 0,6868 1 6,4205 4,8946 PORTUGAL -0,25 1,36 1,07 1,36 1,52
FR0000061475 EURASIA FONC INV C 0,24
FRANCE -0,07 0,06 0,35 0,40 0,54 PLUS 15 ANS 401,43 1.14 395,77 0.29
COURONNE SUEDOISE 10,8603 0,04 3,47 JPY 1,1615 1,0739 132,8377 110,265 10,6961 0,1558 1 0,7623
FR0000075343 EUROMEDIS GROUPE C 11,1 11,3 10,9 11,2 + 0,9 16833 DOLLAR CANADIEN 1,5236 0,40 4,57 ESPAGNE -0,16 0,65 1,16 1,35 1,55 PLUS 25 ANS 436,35 1.59 422,19 1.73
CAD 1,5236 1,4086 1,7425 1,4464 0,1403 20,4306 1,3118 1
FR0010490920 EUROPACORPg C 0,645 0,668 0,643 0,643 - 0,31 41661 YEN JAPONAIS 116,15 0,16 -4,76 ITALIE -0,40 1,32 1,47 2,29 2,55 EMTXI-BE 248,37 0.46 250,19 -1.18
FR0000054678 EURO RESSOURCES C 3,02 3,02 2,97 3,02 4255 DOLLAR AUSTRALIEN 1,6927 0,11 5,84
ROUBLE RUSSE 80,688 -0,08 16,16
FR0000064164 EXACOMPTA CLAIREF. C 104 104 104 104 + 2,97 200 ROUPIE INDIENNE 82,6149 0,87 3,26 COURS A TERME DE L’EURO CONTRE LES PRINCIPALES DEVISES
FR0000037343 EXPL. PROD. CHIM. C 720 DOLLAR NEO-ZELANDAIS 1,7986 0,32 7,79
FR0000039026 EXPL. & PROD. CHIM. C 700
COURONNE TCHEQUE 27,2005 -1,11 7,05 24-04-2020 USD GBP CHF SEK DKK JPY (100) CAD INDICES DE RÉFÉRENCE DES EMPRUNTS À TAUX VARIABLES SOURCE CDC IXIS

FORINT HONGROIS 355,4 -0,53 7,34 MOY. TMM EURIBOR TME TMOR. MOY. EONIA EURIBOR TEC THE THOR.
FR0000062341 F.I.E.B.M. C 4,5 ZLOTY POLONAIS 4,539 -0,07 6,34 COMPTANT
MENS. 1 MOIS 3 MOIS PUB. PRIV. HEBDO 1 MOIS 3 MOIS 10 PUB. PRIV.
FR0000062507 F.I.E.B.M. C 105 LEV BULGARE 1,9563 0,03 0,00 ACHAT 1,0816 0,8744 1,0531 10,8553 7,4567 116,1400 1,5214
FR0000038184 F.I.P.P. C 0,173 + 4,52 DOLLAR HONG-KONG 8,3835 0,35 -4,04 VENTE 1,0818 0,8746 1,0534 10,8653 7,4596 116,1600 1,5254 DÉC. 17 -0,3411 -0,369 -0,328 0,62 0,82 0,82 18-03 -0,451 -0,495 -0,408 0,30 -0,27 -0,07 -0,07
WON SUD COREEN 1332,97 0,23 2,87 JANV. 18 -0,3614 -0,369 -0,328 0,82 1,02 1,02 19-03 -0,446 -0,478 -0,408 0,30 -0,27 -0,07 -0,07
FR0000063034 FAUVET-GIREL C 31,4 PESO MEXICAIN 27,0809 1,40 27,48 A 1 MOIS
REAL 6,0971 2,24 35,27 FÉV. 18 -0,3649 -0,37 -0,329 0,97 0 1,17 20-03 -0,444 -0,474 -0,393 0,17 0,19 0,39 0,39
FR0011271600 FERMENTALGg C 1,136 1,136 1,068 1,106 - 1,43 66783 ACHAT 0,0002 0,0000 0,0008 -0,0181 0,0002 -0,2568 0,0027
DOLLAR SINGAPOUR 1,5398 0,39 2,02 MARS 18 -0,3628 -0,371 -0,328 0,85 0 1,05 23-03 -0,441 -0,45 -0,371 0,10 0,19 0,39 0,39
FR0000062101 FERMIÈRE CANNES B1100 1100 1100 1100 - 2,66 2 VENTE 0,0000 -0,0001 0,0008 -0,0126 0,0011 -0,3035 0,0060
RAND SUD-AFRICAIN 20,5977 -0,03 31,11 AVR. 18 -0,3648 -0,372 -0,329 0,80 0 1,00 24-03 -0,439 -0,445 -0,369 0,14 0,19 0,39 0,39
FR0000061418 FIDUCIAL OFFICE C 27,6 27,6 27,6 27,6 1 LIVRE TURQUE 7,5526 0,74 13,15 A 3 MOIS MAI 18 -0,3628 -0,371 -0,326 0,83 0 1,03 25-03 -0,44 -0,457 -0,373 0,21 0,19 0,39 0,39
FR0000060535 FIDUCIAL RE B 167 167 167 167 1 RENMIBI YUAN 7,6604 0,56 -1,89 ACHAT -0,0013 0,0002 0,0014 -0,0266 0,0019 -0,2866 0,0010 JUIN 18 -0,3614 -0,37 -0,322 0,83 0 1,03 26-03 -0,442 -0,458 -0,369 0,21 0,19 0,39 0,39
FR0000076986 FIN. MONCEY B 4460
RUPIAH 16660,4975 0,38 6,95 VENTE -0,0018 -0,0011 0,0013 -0,0220 0,0007 -0,3336 0,0043 JUIL. 18 -0,3636 -0,37 -0,321 0,68 0 0,88 27-03 -0,442 -0,443 -0,349 -0,05 0,23 0,43 0,43
PESO PHILIPPIN 54,9493 0,55 -3,27 AOÛT 18 -0,359 -0,369 -0,319 0,73 0 0,93 30-03 -0,444 -0,438 -0,353 -0,09 0,23 0,43 0,43
FR0000035123 FINATIS B 26,6 RINGGIT MALAIS 4,7168 0,36 2,70 A 6 MOIS
BATH THALANDAIS 35,0822 0,72 5,25 SEPT. 18 -0,3609 -0,371 -0,319 0,79 0 0,99 31-03 -0,445 -0,436 -0,353 -0,04 0,23 0,43 0,43
FR0000074759 FLEURY MICHON C 22,3 22,7 21,9 22,2 - 0,45 334 ACHAT -0,0037 -0,0023 0,0024 -0,0395 0,0055 -0,2933 -0,0013
OCT. 18 -0,3662 -0,37 -0,318 0,86 0 1,06 01-04 -0,443 -0,423 -0,363 -0,02 0,23 0,43 0,43
FR0000065930 FONCIÈRE 7 INV. C 0,625 VENTE -0,0040 -0,0028 0,0020 -0,0350 0,0030 -0,3630 0,0016
NOV. 18 -0,3614 -0,369 -0,316 0,81 0 1,01 02-04 -0,437 -0,468 -0,343 0,08 0,23 0,43 0,43
FR0000064362 FONCIÈRE ATLAND C 152 152 150 150 - 2,6 14 A 12 MOIS
PRINCIPAUX TAUX DIRECTEURS DÉC. 18 -0,3608 -0,367 -0,312 0,74 0 0,94 03-04 -0,442 -0,454 -0,336 0,04 0,13 0,33 0,33
FR0000038499 FONCIÈRE EURIS B 10,5 10,5 10,5 10,5 48 ACHAT -0,0085 -0,0060 0,0046 -0,0644 0,0170 -0,2898 -0,0077 FÉV. 19 -0,3668 -0,366 -0,308 0,58 0 0,78 06-04 -0,449 -0,438 -0,341 0,07 0,13 0,33 0,33
PAYS TAUX DE RÉFÉRENCE TAUX EN %
FR0010341032 FONCIÈRE INEA B 38 38,2 37,8 38 181 VENTE -0,0093 -0,0067 0,0036 -0,0639 0,0073 -0,4446 -0,0050 MARS 19 -0,3671 -0,367 -0,309 0,44 0 0,64 07-04 -0,454 -0,431 -0,318 0,11 0,13 0,33 0,33
FR0011277391 FONCIÈRE PARIS NORDg C 0,026 0,026 0,025 0,025 - 5,77 21777 BCE TAUX PRET MARGINAL 0.25 % MARS 19 -0,3671 -0,367 -0,309 0,35 0 0,55 08-04 -0,448 -0,406 -0,293 0,15 0,13 0,33 0,33
Taux repo (refi) 0.00 % MAI 19 -0,3657 -0,369 -0,311 0,34 0 0,54 09-04 -0,448 -0,379 -0,254 0,16 0,13 0,33 0,33
FR0000053944 FONCIÈRE VOLTA C 6,1
TAUX BONS DU TRÉSOR
Taux depoT -0.50 % JUIN 19 -0,3548 -0,369 -0,311 0,14 0 0,34 13-04 -0,45 -0,387 -0,22 0,16 0,13 0,33 0,33
FR0013030152 FRANÇAISE ENERGIEg C 15,4 15,4 15,2 15,4 + 1,99 988 JUIL. 19 -0,3669 -0,395 -0,365 -0,01 0 0,19 14-04 -0,45 -0,387 -0,22 0,12 0,13 0,33 0,33
ROYAUME UNI TAUX JOUR LE JOUR -0.10 % BTF TAUX
FR0010588079 FREY B 30 30 30 30 100 Taux de base 0.75 % AOÛT 19 -0,3608 -0,41 -0,408 -0,27 0 -0,07 15-04 -0,451 -0,404 -0,248 0,09 0,13 0,33 0,33
1 MOIS -0,55
FR0000031973 FSDV C 30 USA TAUX JOUR LE JOUR 0.07 % 3 MOIS -0,47 SEPT. 19 -0,4036 -0,448 -0,416 -0,21 0 -0,01 16-04 -0,449 -0,422 -0,25 0,07 0,13 0,33 0,33
FR0000030611 GALIMMO C 18,4 18,4 18,4 18,4 1 fonds federaux 0.25 % 6 MOIS -0,41 OCT. 19 -0,4643 -0,448 -0,416 -0,10 0 0,10 17-04 -0,45 -0,438 -0,224 0,04 0,12 0,32 0,32
2 ans 0.29 % NOV. 19 -0,4525 -0,457 -0,413 0,02 0 0,22 20-04 -0,449 -0,434 -0,243 0,04 0,12 0,32 0,32
FR0000034894 GAUMONT B 98 98 96,2 97 - 1,02 204 10 ans 0.62 % 9 MOIS -0,42
1 AN -0,42 DÉC. 19 -0,4565 -0,453 -0,395 0,08 0 0,28 21-04 -0,453 -0,433 -0,246 0,06 0,12 0,32 0,32
FR0000053035 GEAg C 92,5 92,5 92,5 92,5 - 0,54 1 JAPON BOJ TOKYO -0.10 % 2 ANS -0,45 JANV. 20 -0,4524 -0,456 -0,39 0,05 0 0,25 22-04 -0,456 -0,425 -0,233 0,10 0,12 0,32 0,32
FR0010501692 GENERIXg C 6,02 6,1 5,9 6,1 + 1,67 53761 Taux jour le jour -0.10 %
Taux repo (refi) -0.10 % 5 ANS -0,26 FÉV. 20 -0,4546 -0,456 -0,39 -0,13 0 0,07 23-04 -0,456 -0,418 -0,19 0,10 0,12 0,32 0,32
FR0013399474 GENKYOTEXg C 2,35 2,5 2,31 2,39 - 0,42 37005 10 ANS 0,08 MARS 20 -0,4491 -0,472 -0,408 -0,03 0 0,17 24-04 -0,454 -0,402 -0,161 0,08 0,15 0,35 0,35
10 ans -0.01 %

sicav//fcp
VAL. UNIT DATE DERNIER VAL. UNIT DATE DERNIER VAL. UNIT DATE DERNIER VAL. UNIT DATE DERNIER
CLASSIFICATION

CLASSIFICATION

CLASSIFICATION

CLASSIFICATION

DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET
CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS** CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS** CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS** CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS**
MONT. DATE MONT. DATE MONT. DATE MONT. DATE

Banque Cantonale
de Genève (France) SA
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Valeur unitaire hors frais : valeur de la part ou de l’action hors droits d’entrée ou de sortie éventuels. Les SICAV éligibles au PEA sont signalées par un astérisque *. Le pictogramme P indique la cotation d’un FCP.
Classification des OPCVM : actions françaises (AF), actions de la zone EURO (AE), actions internationales (AI), monétaires EURO (ME), monétaires à vocation internationale (MI), obligations et autres titres de créances libellés en EURO (OE), obligations et autres titres de créances internationaux (OI), sicav luxembour-
geoises (LX), diversifiés (DI), garantis ou assortis d’une protection (GP). ** : en euros ou dans la devise indiquée dans la colonne «DÉSIGNATION DES VALEURS».
BUSINESS.LESECHOS.FR LUNDI 27 AVRIL 2020

EXECUTIVES

Le Covid-19
impose de
nouvelles
règles
du jeu aux
organisations
GESTION DE CRISE
Garantir la santé des
collaborateurs, gérer le chômage
partiel, préserver la trésorerie,
réorienter l’activité… Les
entreprises prennent de lourdes
décisions, sur tous les fronts
– avec une primauté pour les
ressources humaines –, pour faire
face à la crise du coronavirus.
Vincent Bouquet, Delphine Iweins
et Valérie Landrieu
sous-solliciter les collaborateurs. Un bon
dosage est à trouver », confirme Claire
Degueil, DRH du voyagiste Evaneos. Le
télétravail impose de laisser place à une
certaine autonomie des collaborateurs
tout en veillant au risque de burn-out.
Dès le 14 mars, la Macif – dont 60 % des
salariés sont en télétravail – a mis en
place un Numéro vert tenu par les colla-
borateurs RH pour répondre aux ques-
tions administratives. La cellule d’assis-
tance sociale et de soutien
psychologique qui existait déjà a été
complétée par un dispositif de soutien
scolaire aux enfants. « Quand bien
même ces dispositifs sont orchestrés par
la DRH, tout ce qui est dit est anonyme.
(ANDRH). Les managers se sont aussi
avérés être de précieuses courroies de
transmission pour faire comprendre les
choix.
Chez Evaneos, décision a d’abord été
prise de lancer un plan de solidarité
entre les 200 salariés, mais une fois
l’entreprise confinée, avec plus aucun
plans d’investissement. « Le manque de
visibilité et l’attention particulière accor-
dée à la trésorerie nous ont poussés à
mettre en attente certains projets de
croissance externe, mais aussi de dévelop-
pement organique », abonde le directeur
financier de Claranova, Sébastien
Martin.
Et si ces coupes ne suffisent pas, à
charge pour les grands argentiers de
investisseurs pour les rassurer, au cours
de road shows virtuels, sur la gestion de
la crise, et leur montrer que l’on pense
déjà à l’après et aux opportunités qui se
dessinent », ajoute Sébastien Martin.
Oser les nouvelles activitéset
miser sur la collaboration
avec l’écosystème
« Le 17 mars, c’est simple, tout s’est
arrêté : en 24 heures, les commandes ont
chuté de 90 % », raconte Arnaud Barral,
le directeur général d’EOL Group, un
fabricant de meubles de bureau made in
France. Une fois la mise au chômage
partiel de 290 des 300 salariés actée et

A
vec le tsunami sanitaire, un
leitmotiv est revenu dans de
nombreuses entreprises : « Peo-
ple first ! », ont proclamé grands grou-
pes et PME. La santé et la situation en
emploi des collaborateurs se sont, de
fait, imposées comme les premiers
dossiers à traiter. Puis, très vite, sont
venus ceux de la trésorerie, voire de
l’activité même, avec réaiguillage des
opérations et/ou reprise dégradée.
Le point sur ce qui a été mis en place.
Santé et sécurité :
renforcer les dispositifs
La pandémie de Covid-19 a remis au
cœur des entreprises l’impérieuse
nécessité de prendre soin de ses sala-
riés, au-delà de l’obligation d’assurer la
sécurité et la santé imposée par le Code
du travail. « La tension est constante
pour maintenir le collectif, ne pas sur ou
L' ÉDITO de Muriel Jasor
Nous avons uniquement connaissance
des sujets abordés, avec une vigilance
particulière sur les risques de violences
et d’addictions », précise Valérie Scla-
von-Perronnet, DRH du groupe. Dans
d’autres entreprises, les responsables
des ressources humaines ont pris l’ini-
tiative d’appeler les personnes en chô-
mage partiel afin de garder un lien.
Plan d’activité partielle :
s’appuyer sur les managers
Fin avril, on dénombre près de 10 mil-
lions de salariés au chômage partiel. En
lien étroit avec la direction générale, les
DRH ont, non sans mal, élaboré un plan
d’activité partielle, fait le point sur les
collaborateurs susceptibles de pouvoir
télétravailler et ceux dispensés d’acti-
vité. « Il leur a été demandé d’assurer la
continuité de l’activité et ils l’ont fait », se
réjouit Audrey Richard, présidente de
l’Association nationales des DRH
départ de France possible, le chômage
partiel est devenu la seule solution.
« Nous sommes intervenus sur un sujet
très technique » reconnaît Claire
Degueil, elle-même en activité partielle
comme l’ensemble du comité de direc-
tion. En quatre semaines, le voyagiste
est passé du statut d’entreprise qui avait
besoin de recruter une vingtaine de
personnes à celui d’organisation réduite
à 30 % de son activité.
Réduire les dépenses et trouver
de nouveaux financements
Qu’elles puissent maintenir, ou non,
tout ou partie de leur activité, les entre-
prises veillent à préserver leur liquidité.
La plupart commencent, d’abord, par
tailler dans leurs dépenses. Outre le
recours au chômage partiel et au report
de charges sociales et fiscales, de nom-
breuses sociétés, telles LafargeHolcim,
Saint-Gobain ou Total, réduisent leurs
trouver de nouvelles sources de finance-
ment. Si certains, comme Aéroports de
Paris, Air Liquide, Bouygues Telecom
ou Engie, ont pu se tourner vers les
marchés pour réaliser des émissions
obligataires qui dépassent, à chaque
fois, le milliard d’euros, d’autres ont
sollicité leurs banquiers pour tirer sur
une ligne de crédit syndiqué ou obtenir
un nouvel emprunt. Là, deux choix
s’offrent à eux : contracter une dette
classique ou négocier un prêt garanti
par l’Etat (PGE), à l’image de FNAC
Darty ou de Pierre & Vacances.
Dans tous les cas, les directeurs finan-
ciers doivent être armés de business
plans très solides, fondés sur plusieurs
scénarios de reprise pour convaincre les
banques, parfois réticentes. En cas de
difficultés, le médiateur du crédit de la
Banque de France pourrait leur appor-
ter une aide précieuse. « Il est également
crucial d’être très transparent avec ses
les demandes de financement lancées,
« nous nous sommes mis en demeure de
trouver de nouveau débouchés pour que
l’entreprise continue d’exister », explique
le dirigeant. Ce seront des écrans de
protection en Plexiglas : « Le 7 avril, ils
étaient sur notre chaîne de production
adaptée, soit 48 heures après en avoir eu
l’idée et dessiné une ébauche. » En quinze
jours, 10.000 unités seront produites.
Une conduite à retenir dans la tour-
mente ? « Nous avons pris des risques »,
analyse le dirigeant. En 24 heures, la
Caisse d’Epargne s’est décidée et a passé
commande. Le nouveau produit a per-
mis de regagner 15 % d’activité et de
remettre au travail une douzaine de
salariés volontaires. Aujourd’hui, la
PME, qui s’estime encore en sursis,
développe un système d’ouverture de
porte avec les pieds.
Dans les grands groupes aussi, la direc-
tion des opérations s’est faite agile.
Michelin, Air Liquide, PSA et autres
champions du CAC 40, se sont mis à la
fabrication de masques, de respirateurs
ou de gel hydroalcoolique. « Il a fallu
commander les lignes et choisir les sites
dans lesquels serait lancée la produc-
tion », témoigne l’un de ces COO. Des

Incertitudes, expérimentations et cygnes noirs mises en places inédites, et un état

d’esprit : « De la solidarité et de la colla-

A
vec la pandémie du Covid-19 vient le temps du
« Test & Learn » généralisés en entreprise.
Aujourd’hui plus que jamais, il s’agit d’y
expérimenter des solutions à petite échelle, de les
corriger, « d’échouer encore, d’échouer mieux », dirait
Beckett, d’apprendre, de recommencer pour ensuite
pouvoir agir en fonction des résultats obtenus.
Autrement dit, de diriger avec des peut-être et moult
hypothèses, de communiquer de façon constante sans
pour autant être toujours en mesure de fournir des
réponses précises, et de faire preuve de transparence
sans entamer le moral des équipes. A n’en pas douter,
l’heure reste aux défis quotidiens, à commencer par
celui du retour progressif sur le lieu de travail dont le
rythme et les modalités demeurent encore, pour
beaucoup, inconnus. Les réunions physiques à
plusieurs et les voyages d’affaires devront attendre.
Prédictibilité impossible
Les premières précautions sanitaires prises, le
télétravail et diverses mesures RH, dont le chômage
partiel, enclenchés, les organisations ont compris qu’il
leur fallait faire évoluer leurs modes de travail,
accélérer leur transformation numérique, affiner leur
pilotage financier et mettre le cap sur la robustesse de
leurs chaînes logistiques pour en anticiper les
défaillances. Avec en plus l’impératif d’intégrer, dans
tous les raisonnements, la variable «incertitudes».
Justement, dans une série de webinaires consacrés au
leadership par temps de pandémie, la London
Business School se fait fort de distinguer les
incertitudes connues (risques de change, défauts
d’approvisionnement, etc.), que des compagnies
d’assurances peuvent couvrir, des autres événements
– les « unknown unknowns » issues de la théorie du
cygne noir – imaginables mais dont la prédictibilité est
impossible à fixer.
Aux méthodes d’expérimentation constante vient
donc aussi s’ajouter la nécessité d’imaginer d’autres
effets papillon et scénarios du pire pour préparer les
leaders à gérer la survenue de chocs aussi violents,
voire plus, que celui de l’actuel coronavirus. Et à
prendre les décisions les plus judicieuses sur la triple
base de leurs connaissances, expériences et qualités
personnelles. Pas une sinécure. n
boration intersociétés, parfois même avec
des concurrents », confie ce dernier. Une
attitude confirmée par Hanna Mouka-
nas, associé d’Oliver Wyman : « Les COO
que nous suivons soulignent cette
entraide ; ils disent qu’ils partagent avec
leurs clients et leurs fournisseurs des
éléments qu’ils n’avaient jamais partagés
auparavant. » Un directeur des opéra-
tions du secteur automobile a ainsi tenu
un webinaire avec ses 1.000 principaux
fournisseurs, et échangé des informa-
tions inédites, y compris dans la réparti-
tion de la marge. Objectif : épargner les
sous-traitants. Ils seront essentiels à
l’heure de la reprise. n
Les Echos Lundi 27 avril 2020
BUSINESS CASE
Pilot prépare
déjà la rentrée
de septembre
Pour la première fois en cent ans
d’histoire, le créateur
nippo-européen d’instruments
d’écriture prépare la rentrée
scolaire de septembre dans des
conditions inédites : un contexte
de confinement mondial.
Delphine Iweins
@DelphineIweins
S
itué dans l’un des premiers
foyers épidémiques du Covid-19,
à Annecy en Haute-Savoie, Pilot
Corporation of Europe a disposé d’un
court et précieux temps d’avance sur les
autres entreprises.
Le comité exécutif – composé du CEO
japonais, du vice-président vente et
marketing, du responsable (japonais)
finance et reporting, du directeur finan-
cier Europe, du directeur des opéra-
tions, de la directrice des ressources
humaines, du directeur de l’information
et du general counsel-compliance offi-
cer – s’est réuni dès la fin février pour
parer la crise à venir. Avant le confine-
ment officiel, les interrogations étaient
nombreuses : l’activité allait-elle se
poursuivre ? Si oui, comment l’assurer
en garantissant la santé et la sécurité
des 250 salariés du groupe ?
Les dirigeants ont très vite décidé de
fermer le site de production européen
de 10.000 mètres carrés d’Allonzier-La-
Caille. « Notre première action était de
protéger les salariés et d’assurer la sécu-
rité sanitaire », explique Pierre Giraud,
general counsel, compliance officer de
INTERVIEW HÉLÈNE GEMÄHLING DRH DE NESPRESSO FRANCE
« Il importe désormais
de recréer un lien
de proximité »
Propos recueillis par
Julie Le Bolzer
L
orsque l’activité reprendra, l'objec-
tif n'est pas de concentrer en une
semaine ce qui était prévu sur un
mois, prévient Hélène Gemähling. L’entité
française du groupe italien travaille d’ores
et déjà à différentes hypothèses pour la
reprise de ses activités, compte tenu des
recommandations du groupe, et bien sûr
des précisions gouvernementales à venir.
A quoi ressemblent vos journées
en cette septième semaine
de confinement ?
Cette crise génère de nombreuses sollicita-
tions pour les équipes des ressources
humaines. Notre rôle est de protéger, de
rassurer et d'expliquer. Chaque matin, de
9 heures à 9 heures 30, je prends un café
virtuel avec mes collaborateurs. L'objectif
de ce rendez-vous quotidien est de mainte-
nir le lien, de porter attention à l'autre , de
prendre des nouvelles, de s'enquérir de
l'organisation de chacun, pas de prioriser
le business. Quotidiennement aussi, le
comité de direction se réunit en visiocon-
férence pour piloter au mieux la gestion
de crise. Ensuite, je m'attache à diffuser
une information claire et rassurante à
l'ensemble des salariés.
Avez-vous anticipé l’ampleur
de cette vague ?
Dès fin février, nous avons pris des mesu-
res pour faire de la prévention, diffuser des
Covid-19 :
les DRH sur le front
echo.st/m335454
Pilot Corporation of Europe. Les ordon-
nances du 25 mars et du 20 avril –
posant les cadres du chômage partiel,
des congés payés, des mesures sanitai-
res obligatoires – ont pu apporter des
réponses aux questions encore en sus-
pens. « Nous n’avons pas eu besoin de
faire appel au dispositif d’aides d’Etat et
nous bénéficions en partie du chômage
partiel, le temps pour nous d’aménager
certains postes de production pour res-
pecter les consignes sanitaires », détaille
le general counsel.
Honorer les commandes
déjà passées
L’ETI ne fait pas partie des secteurs
d’activité suspendus pendant le confine-
ment. Les produits de papeterie peuvent
toujours être distribués dans les gran-
des surfaces, les commerces alimen-
taires et en e-commerce. « La produc-
tion a été arrêtée de façon provisoire,
mais nous avons maintenu et réorganisé
les activités logistiques pour honorer nos
commandes, en particulier pour la ren-
trée des classes 2020 », précise Pierre
Giraud. Dès la mi-mars, priorité a été
donnée à la logistique (Pilot assure
celle de 7 filiales et de 20 distributeurs
rien qu’en Europe). Il fallait alors infor-
mer les clients européens des condi-
tions et délais de livraison de leurs
commandes et demeurer informé des
situations locales. « Notre approche ?
Compromis avec nos fournisseurs et nos
clients et communication permanente »,
résume le compliance officer. De leur
côté, les équipes commerciales ont
adapté leurs méthodes : elles ont prio-
informations, rappeler les gestes barrières,
mettre du gel hydroalcoolique à la disposi-
tion des collaborateurs – dans les bouti-
ques, au sein des forces de ventes, dans le
centre de relation client et au siège –,
limiter (puis annuler) les déplacements à
l'étranger et en France… Le vendredi 13
mars au soir, nous avons invité les équipes
du siège à emporter leurs équipements. Et
le 14 au soir, nos managers ont informé les
équipes que les boutiques fermaient et que
tout le monde devait rester chez soi. Enfin,
très rapidement, nous avons mis en place
un plan de continuité d'activité.
« Nous avons créé
une newsletter hebdo-
madaire qui dispense
des conseils pragma-
tiques sur la santé, les
bonnes pratiques du
télétravail, le “prendre
soin de soi”. »
La bascule vers le télétravail
a-t-elle bien fonctionné ?
Oui, car nous avons signé, il y a deux ans,
un accord prévoyant le télétravail deux
jours par semaine. Nous avons toutefois
rappelé les règles du travail à distance, les
horaires, la nécessité de faire des pauses,
etc. A l'annonce du confinement, l'ensem-
ble du centre de relation client a égale-
ment été mis en télétravail, ce qui a néces-
Tous les regards se tournent vers le Japon, dont 85 % de la production
du groupe est issue. Photo DR
risé les commandes des campagnes
promotionnelles et établi un plan de
situation journalière de chaque pays.
« La transparence est indispensable.
Lorsque les clients sont tenus au courant,
ils n’entrent pas dans une logique de
pénalités de retard. Et les équipes peuvent
se concentrer sur les solutions », insiste
Pierre Giraud.
Pilot Coporation of Europe n’a donc pas
rencontré de blocages majeurs les
premières semaines de confinement.
L’entreprise dispose d’un stock suffisant
pour honorer les commandes courantes
et d’une trésorerie solide. Cependant, la
prolongation du confinement entraîne
un retard conséquent sur l’organisation
de la rentrée scolaire 2020. En temps
normal, l’entreprise devrait déjà être en
train de produire et livrer tous les pro-
duits de la rentrée. Les grandes surfaces
remplissent leurs rayons dès le prin-
temps.
Un retard impossible à combler
Depuis début avril, tout le travail est
d’anticiper la reprise et de reprendre
graduellement la production. Les prévi-
« Nous faisons d'importants efforts de
clarté. Nous avons, par exemple, conçu
une “foire aux questions exhaustive”
et des conférences téléphoniques régu-
lières », explique Hélène Gemähling,
Photo Nespresso
sité 48 heures, pour pouvoir équiper tous
les collaborateurs. Par ailleurs, nous avons
prévu des aménagements au cas par cas,
et autorisé ceux qui logent à l'étroit de
choisir un autre lieu de confinement, à
condition qu'une connexion Internet soit
possible et qu'un retour soit envisageable
dans des délais restreints.
Comment travaillez-vous au quoti-
dien avec la direction générale et
les salariés ?
Cette situation inédite suscite des interro-
gations : comment gérer les objectifs pour
les forces commerciales ? Quels impacts
sur les rémunérations variables, les con-
gés, les situations d’inactivité, l'enregistre-
ment des heures de travail, les effets con-
crets des derniers décret ? Nous faisons
d'importants efforts de clarté. Nous avons,
par exemple, conçu une « foire aux ques-
tions exhaustive » et des conférences
téléphoniques régulières avec nos mana-
sions de commandes et de leur absorp-
tion dans les mois à venir sont régulière-
ment évaluées. L’usine a rouvert pour
fabriquer en priorité ses produits best-
sellers, les rollers G-2 encre gel et V5
encre liquide. Elle a aussi mis en place
des équipes alternées sur la base du
volontariat et des plages horaires adap-
tées afin de respecter les distances
sociales imposées. Dans le même temps,
elle a fourni du gel hydroalcoolique, des
gants, des lunettes de protection aux
salariés. Les masques, en revanche, se
font toujours attendre.
La fermeture des entrepôts d’Amazon
pour quelques jours n’a, pour le
moment, pas altéré le business de
l’entreprise. Mais tous les regards se
tournent vers le Japon, dont 85 % de la
production du groupe est issue. Si les
quatre usines sur place devaient pro-
chainement fermer, des difficultés
d’approvisionnement pourraient alors se
faire ressentir. En France, une deuxième
vague d’épidémie compromettrait les
possibilités d’expédition. Comme par-
tout, le déconfinement va devoir être
progressif pour s’avérer efficace. n
gers permettent de faire remonter les
questions qui émanent du terrain. Pour
diffuser ces informations, nous avons
recours aux e-mails et à Workplace.
Les membres du comité de direction
travaillent quotidiennement ensemble, en
premier lieu pour gérer les situations à
très court terme, puis progressivement
s’atteler aux conditions de reprise. Nous
favorisons aussi la proximité avec la com-
munauté des managers en les « réunis-
sant » virtuellement toutes les trois semai-
nes afin de les informer sur l’ensemble des
actions mises en place et leur donner, en
temps voulu, les éléments d’information
relatifs aux conditions de reprise d’acti-
vité. Pour les télétravailleurs, nous avons
créé une newsletter hebdomadaire qui
dispense des conseils pragmatiques sur
diverses thématiques : la santé, les bonnes
pratiques du télétravail, le « prendre soin
de soi » et ainsi qu’une rubrique dédiée à la
conciliation du télétravail et la garde
d’enfants.
Comment se profile l’étape
du déconfinement ?
Les formations en présentiel ont été annu-
lées, les séminaires reportés et nos feuilles
de route vont être adaptées. Lorsque notre
activité reprendra, nous allons évidem-
ment prioriser et traiter le plus urgent :
l'objectif n'est pas de concentrer en une
semaine ce qui était prévu sur un mois.
Nous travaillons à différentes hypothèses
pour la reprise de nos activités, en tenant
compte des recommandations du groupe,
et bien sûr des précisions gouvernementa-
les à venir. Surtout, le retour au travail
devra être accompagné, il va s'agir de
récréer un lien de proximité. Chez Nes-
presso, nous misons sur la bienveillance.
Nos collaborateurs démontrent en perma-
nence non seulement un incroyable enga-
gement pour Nespresso France, mais aussi
un esprit d’équipe et de l’agilité. J'espère
que l'après continuera en ce sens. Leur
attente de reprendre leur activité est d’ores
et déjà forte. n
EXECUTIVES // 33
ARRÊT SUR SOI
ERIC ALBERT
Fondateur
d’Uside
Le DRH en
première ligne
L
a première compétence qu’un
DRH doit cultiver est la
capacité de résistance à la
frustration. Car, ce qui est vrai pour
toutes les fonctions, l’est encore plus
pour lui : lorsque ça va bien, il n’y est
pour rien et lorsque ça va mal, c’est
de sa faute. Au quotidien, le DRH est
là pour veiller à ce que la dimension
humaine ne soit pas oubliée par les
dirigeants et pour défendre les
intérêts économiques de l’entreprise
vis-à-vis des syndicats. Ces derniers
considèrent, par définition, que l’on
ne prend pas suffisamment en
compte l’humain. Il n’est pas facile de
maintenir le bon équilibre dans ce
double rôle. Certains penchent plus
volontiers d’un côté ou de l’autre de
la balance. Dans le contexte actuel de
la Covid-19, les DRH ont d’abord dû
fournir un énorme effort
organisationnel pour, dans un
premier temps, assurer la sécurité de
chacun, puis organiser le télétravail
et très souvent mettre en place le
chômage partiel. Autant dire qu’ils
n’ont pas été épargnés. Très vite,
ensuite, sont apparues les questions
liées aux risques psychosociaux de
beaucoup de collaborateurs qui,
isolés dans leur logement, parfois
dans des conditions difficiles et avec
des enfants, présentaient de graves
difficultés. Soutien psychologique
pour les collaborateurs, support aux
managers pour les aider à gérer la
situation de crise et le management à
distance, ici encore ils sont en
première ligne pour que le système
tienne.
Une place dans la gouvernance
Cette crise a l’immense vertu de
prouver aux entreprises que,
réellement, elles reposent sur
l’humain. Certes, les dirigeants dans
leur discours le disaient déjà mais
dans leur choix, ils montraient plus
souvent une préoccupation de
répondre aux exigences
économiques. Aujourd’hui, les choix
collectifs se font au profit de
l’humain. Et, dans la façon de faire
face à la crise, chacun réalise à quel
point se fait la différence entre
salariés qui, attachés à l’entreprise,
s’en préoccupent réellement, et ceux
qui, quelle soit la situation, se
protègent. Cette différence entre les
uns et les autres dépend en grande
partie du mode de management,
mode de management des managers
de terrain mais aussi de celui donné
par les dirigeants. Jamais l’influence
du DRH et sa crédibilité n’ont été
aussi fortes. Cette crise le légitimise
pour porter haut et fort la nécessité
de mettre vraiment l’individu au
cœur du système.
L’enjeu des DRH sera de garder cette
place centrale au moment de la sortie
de crise. Toutes les entreprises vont
être occupées à relancer leur chiffre
d’affaires et leur rentabilité. Et les
dirigeants risquent d’oublier dans
leurs arbitrages de prendre en
compte cette dimension humaine.
Forts de leur légitimité réaffirmée, les
DRH devront faire entendre leur voix
et ne rien lâcher pour que l’ensemble
de l’entreprise continue de placer les
individus en son cœur. L’une des
choses que cette crise doit avoir fait
changer sur le fond est cette place de
premier plan pour les DRH dans la
gouvernance des entreprises. n
34 // EXECUTIVES
TRÉSORERIE
Comment
Faurecia assure
sa liquidité
Confronté à une baisse
vertigineuse de son chiffre
d’affaires provoquée par la
fermeture de nombreuses usines
du secteur automobile,
l’équipementier a dû prendre
une série de mesures pour
sécuriser sa trésorerie.
Vincent Bouquet
vbouquet@lesechos.fr
P
our Faurecia, le freinage fut
brutal. A la suite des mesures de
confinement décidées dans de
nombreux pays à travers le monde pour
tenter d’endiguer la pandémie de
Covid-19, l’équipementier automobile a
vu les usines de ses principaux clients,
les constructeurs, mises à l’arrêt les
unes après les autres. Résultat : « A
partir de la mi-mars, nous avions un
chiffre d’affaires proche de zéro en
Europe, mais aussi aux Amériques,
comme cela avait déjà été le cas en Chine
au mois de février », constate son direc-
teur financier, Michel Favre. Se pose
alors un défi vital, celui de la liquidité,
que Faurecia se doit d’assurer.
Afin d’évaluer les multiples impacts de
la situation, malgré le manque de visibi-
lité globale, l’équipementier échafaude
de nombreux scénarios, y compris les
plus sombres, avec, à chaque fois, deux
variables : la date d’une potentielle
reprise d’activité et la montée, plus ou
moins forte, en volume. « Avec une
consommation de cash estimée à 1 mil-
liard d’euros au premier semestre, nous
INTERVIEW BERNARD DUVERNEUIL DSI D’ELIOR ET PRÉSIDENT DU CIGREF
« La crise du Covid-19 permet aux DSI
d’acquérir leurs lettres de noblesse »
Sécurisation du télétravail, lutte
contre les cyberattaques,
dématérialisation des processus…
Les directeurs des systèmes
d’information sont sur le pied de
guerre pour assurer la continuité
d’activité des entreprises, selon le
DSI d’Elior et président du Cigref,
Bernard Duverneuil.
Propos recueillis par
Vincent Bouquet
A la faveur de cette crise, les DSI
ont-ils enfin pu prouver leur rôle
stratégique ?
De l’avis de tous mes collègues, nous avons
gagné, auprès de la direction générale,
cette visibilité et ces lettres de noblesse
que nous espérions depuis longtemps,
même si tous ne les ont pas encore obte-
nues. Chacun a pris conscience que c’est
bien grâce au numérique que la continuité
de l’activité peut avoir lieu. En plus d’avoir
un effet accélérateur sur l’appropriation
des outils collaboratifs ou vidéos par les
dirigeants, la crise que nous traversons
démontre que les investissements réalisés,
ces dernières années, n’ont pas été vains et
ont permis une mise en place très rapide
du télétravail. En la matière, plus rien ne
sera jamais comme avant car le recours
massif à ce mode de travail à distance, qui
semblait inimaginable dans beaucoup de
fonctions, s’est bel et bien produit.
? Lundi 27 avril 2020 Les Echos
Covid-19 :
comment faire face
à l’ingéniosité
des fraudeurs
echo.st/m335968
avons rapidement acquis la conviction
que nous devions accroître notre liquidité
pour faire face à toutes les éventualités »,
explique Michel Favre.
Se tourner vers les banques
Après avoir tiré, pour moitié, sur sa
ligne de crédit syndiqué de 1,2 milliard
d’euros, le groupe, mis sous surveillance
négative par Moody’s comme d’autres
valeurs du secteur automobile, décide
de se tourner vers les banques pour
contracter un nouveau prêt. « Deux
options s’offraient alors à nous : avoir
recours au prêt garanti par l’Etat (PGE)
ou monter un club deal », précise le
directeur financier qui appelle, lui-
même, ses partenaires bancaires pour
leur exposer la situation et leur présen-
ter un business plan, construit en fonc-
tion des différents scénarios de reprise.
« Nous avons finalement opté pour la
seconde option, poursuit-il. D’une part
car le PGE se fait à coût coûtant, ce qui
peut être difficile pour certaines banques ;
et d’autre part car nous souhaitions aller
le plus vite possible pour nous inscrire
dans la limite de risques des banques
alors que d’autres secteurs, comme
l’aérien et la logistique, sont également
très demandeurs. » En dix jours, l’affaire
est conclue et, le 10 avril, Faurecia signe
avec quatre de ses banques principales
– BNP Paribas, CA-CIB, Société Générale
et Natixis – un club deal de 800 millions
d’euros. « Avec nos 2,2 milliards d’euros
de cash à fin mars, les 600 millions
d’euros restants sur notre ligne de crédit
syndiqué et cette nouvelle source de finan-
cement, nous sommes désormais en
mesure de pouvoir faire face à la crise »,
Ne donne-t-il pas quelques sueurs
froides au DSI que vous êtes ?
Dans l’urgence, nous avons dû faire quel-
ques compromis pour ouvrir cette possibi-
lité aux salariés tout en garantissant un
maximum de sécurité, mais, très rapide-
ment, chacun a pu bénéficier d’une con-
nexion entièrement sécurisée. Pour cela,
les équipes informatiques ont dû fournir,
en très peu de temps, un ordinateur porta-
ble à ceux qui n’en avaient pas – en passant
quelques commandes ou en recyclant
d’anciens modèles –, augmenter le nom-
bre d’accès au VPN, mais aussi offrir un
support aux utilisateurs désormais à
l’extérieur. Le tout en espérant que les
infrastructures télécoms tiennent le choc,
ce qui a été rendu possible par le travail
des opérateurs français.
Comme toute période de crise,
celle-ci est propice aux cyberatta-
ques, point de vigilance
particulier pour les DSI…
Même si nous ne disposons pas de don-
nées quantitatives, nous observons,
comme dans toute situation exception-
nelle, une recrudescence des formes
d’attaques classiques – fraude au faux
virement, ransomware, etc. –, mais aussi
l’émergence de nouvelles formes qui
prétextent une urgence sanitaire ou pro-
mettent de fournir des produits en rupture
de stock, comme des masques. Ce phéno-
mène n’est que l’amplification de ce que
nous constatons depuis deux ans, avec un
nombre très important d’attaques qui,
Faurecia a déjà les yeux rivés sur l’après, sur cette reprise qu’il espère la moins lente
possible. Photo Faurecia
assure Michel Favre. D’autant, qu’en
parallèle, l’équipementier veille à
réduire autant que possible ses dépen-
ses. En plus de la mise au chômage
partiel de 90 % de ses salariés, du con-
trôle strict de la collecte des créances
clients et du réajustement de ses stocks,
le groupe s’est engagé dans une « gestion
rigoureuse » de ses frais de fonctionne-
ment et d’administration, mais aussi de
ses dépenses de R&D, et envisage de
réduire ses dépenses d’investissement
jusqu’à 30 %. « Nous mettons toutefois un
point d’honneur à être un bon payeur
pour préserver notre tissu fournisseurs
car ils seront essentiels au redémarrage
de nos activités, ajoute le grand argen-
tier. Nous entretenons un contact très
régulier avec eux pour voir comment
nous pouvons les aider, en étant le plus
transparent possible. »
pour certaines, réussissent. C’est évidem-
ment un point de vigilance accrue qui
suppose une surveillance stricte via le
Security Operations Center (SOC), un
rappel des règles d’hygiène numérique à
l’ensemble des salariés et des équipes
sécurité toujours sur le pied de guerre.
Comment envisagez-vous la
période de déconfinement qui
s’annonce ?
Le déconfinement va nous confronter à
deux défis majeurs. D’une part, protéger la
Car Faurecia a déjà les yeux rivés sur
l’après, sur cette reprise qu’il espère la
moins lente possible. Déjà, en Europe de
l’Est, quelques usines de constructeurs,
comme celles de Volkswagen, ont pu
partiellement redémarrer. Afin de
gagner en visibilité et pouvoir préparer
une montée en puissance de sa produc-
tion dans les meilleures conditions,
l’équipementier cultive un lien perma-
nent avec ses clients, du plus haut
niveau hiérarchique aux directeurs
d’usine en passant par les services
achats et commerciaux. « Nous estimons
aujourd’hui que la reprise prendra entre
trois et six mois minimum, avec l’impact
sur les coûts et le cash que cela suppose.
Dans tous les cas, nous espérons qu’elle
sera rapide pour ne pas avoir à prendre
d’autres mesures plus difficiles », conclut
Michel Favre. n
santé des équipes informatiques en ins-
taurant les mesures sanitaires adéquates,
avec une organisation de l’espace de travail
assez différente ; d’autre part, gérer le
mode de travail hybride qui va, dans
beaucoup d’entreprises, se mettre en
place. Aujourd’hui, le télétravail fonc-
« Plus rien ne sera
jamais comme avant
car le recours massif
à ce mode de travail à
distance, qui semblait
inimaginable
dans beaucoup
de fonctions, s’est bel
et bien produit. »
tionne car tout le monde est en télétravail,
mais, à partir du moment où certains
seront au bureau et d’autres à domicile,
l’organisation risque d’être plus complexe.
Dans tous les cas, cette période de confine-
ment aura un impact certain sur l’après,
que ce soit en matière de télétravail,
d’appropriation des outils de vidéoconfé-
rence, mais aussi de dématérialisation de
certains processus. Elle aura aussi
prouvé qu’il faut faire confiance aux équi-
pes et que, même en période de crise, elles
sont très résilientes et capables d’innover
pour trouver des solutions par elles-mê-
mes. n
DES CHIFFRES
ET DES LETTRES
NICOLAS
JACQUOT
Avocat
associé chez
Arsene
Fiscalité et
gestion de crise :
s’inspirer
de l’étranger
D
epuis le début de la crise
sanitaire, le gouvernement
français a choisi, avec une
réactivité et une mobilisation des
services fiscaux remarquables, de
pallier l’urgence des difficultés de
trésorerie des acteurs économiques,
en accordant de nécessaires reports
de paiement des principaux impôts
directs. Pour autant, cette action
immédiate sur la trésorerie a été
plus partielle que chez nos
principaux partenaires, qui, sans
idéologie, ont presque tous adopté
des mesures en matière de TVA.
Allemagne, Royaume-Uni, Italie,
Espagne, Belgique, Pays-Bas,
Portugal, Danemark, Suède, Suisse,
Grèce... Tous ont clairement fait le
choix de mesures concernant la
TVA, parfois ciblées uniquement sur
les plus petites entreprises ou celles
en difficulté. L’Allemagne a ainsi
décidé d’un décalage de paiement de
l’ensemble des impôts jusqu’au
31 décembre 2020, sur demande,
pour les entreprises en difficulté – le
gouvernement ayant demandé une
application « souple » de ce critère.
Le Royaume-Uni a même fait du
report de paiement de la TVA, sur
option, sans conditions et sans
intérêts de retard, jusqu’au 31 mars
2021, la mesure principale de son
action. Il y a chez nos voisins la prise
de conscience que l’après-crise
sanitaire se prépare dès maintenant,
comme le montrent l’adoption
d’échéances lointaines de report et
la mobilisation de l’ensemble des
impôts pour faire « repartir la
machine ». C’est sans doute plus
facile à dire qu’à faire, surtout dans
un contexte d’effondrement
budgétaire, mais il n’en reste pas
moins que nos partenaires pilotent
déjà leur fiscalité sur le moyen
terme.
Effet contracyclique
Autre exemple : les Etats-Unis
revoient, dès aujourd’hui, leurs
dispositifs de déductibilité des
charges financières. On sait que ces
règles, qui existent dans la plupart
des pays – dont la France –,
instaurent des plafonds de
déductibilité en fonction
notamment d’un pourcentage de
l’Ebitda. Cet indicateur se
détériorant en situation de crise,
c’est donc moins de charges qui
peuvent être déduites alors que le
recours à l’emprunt sera nécessaire.
Revoir ces règles participe donc d’un
effet contracyclique et d’une relance
par l’offre, ce qu’ont compris
certains partenaires de la France. Il
en est de même de l’assouplissement
des règles de reports déficitaires,
déjà en œuvre aux Etats-Unis ou en
Chine. D’autres enfin, tel l’Australie,
adoptent dès maintenant des
dispositifs d’amortissement accéléré
pour encourager l’investissement.
La fiscalité a toute sa place dans la
gestion de la crise économique, en
tant qu’outil contracyclique et
pouvant agir à la fois sur une offre
atone et une demande faible – une
baisse de TVA peut contribuer à
contrer un risque d’augmentation de
l’épargne de précaution. Mais il faut
l’utiliser avec pragmatisme et sans
tarder, dès le déconfinement. n
Les Echos Lundi 27 avril 2020 // 35

= Les chiffres de l’économie

// Budget de l’Etat 2020 : 399,2 milliards d’euros // PIB 2019 :2.479,4 milliards d’euros courants
// Plafond Sécurité sociale :3.428 euros/mois à partir du 01-01-2020 // SMIC horaire :10,15 euros à partir du 01-01-2020
// Capitalisation boursière de Paris :1.827,78 milliards d’euros (au 06-01-2020)
// Indice des prix (base 100 en 2015) :103,55 en décembre 2020 // Taux de chômage (BIT) :8,6 % au 3etrimestre 2019
// Dette publique :2.415,1 milliards d’euros au 3etrimestre 2019

crible
Lanterne rouge et lunettes roses
Les actions et les obligations des banques ne racontent plus la même histoire. Ami de l’homme et de l’actionnaire
Le secteur bancaire est la lanterne Nestlé maintient ses perspectives
rouge en Europe cette année, der- annuelles, bien aidé par Purina.
rière les voyages et loisirs qui sont
pourtant à l’arrêt. Créances dou-
teuses, érosion des résultats, bais-
se d’activité, les explications abon-
dent, sans parler de la volatilité
extrême des marchés. Plus sur-
prenante, relèvent les économis-
tes de LBPAM, s’avère la différen-
ce de performance avec les obliga-
tions depuis la mi-mars. L’Union
bancaire, qui prévoit la mise
à contribution en priorité de l’ac-
tionnaire en cas de problèmes, est
la cause probable de ces lunettes
plus roses. Avec un ratio « price to
book » sous les 40 %, « le marché
fait très clairement l’hypothèse
d’un risque important de recapita-
lisation. Cela diluerait l’actionnaire
mais protégerait le créditeur ».
Ce dernier peut aussi compter
sur la BCE, qui accepte désormais
des obligations risquées en garan-
tie de ses refinancements.

Primum non nocere

La crise sanitaire peut se révéler à double
tranchant pour Sanofi.
Les meilleurs amis de l’homme le restent, même quand leurs meilleurs
On n’a jamais vu un pharmacien se plaindre d’une mauvaise grippe, ennemis viraux viennent du règne animal ! Sous l’effet du stockage lié
et Paul Hudson, le patron de Sanofi, n’allait pas prendre le risque de se au confinement, les ventes d’articles pour animaux de compagnie Puri-
distinguer. Le surstockage dû au Covid-19, en boîtes de Doliprane mais pas na (+13,9 %) ont ainsi tiré la croissance organique de Nestlé au premier
seulement, même s’il va s’inverser dans les trimestres à venir, n’a-t-il pas fait trimestre (+4,3 % contre +3 % attendu). Plus dynamique encore que
la première démonstration du bien-fondé de son plan stratégique par les plats préparés ou produits pour cuisiner (+7,1 %), cette famille de
un fort levier opérationnel en trois mois ? Entre la diminution des frais produits représente le deuxième gros morceau du leader mondial de
commerciaux et de R&D grâce au désengagement du diabète, des hausses l’agroalimentaire, derrière les boissons liquides et en poudre aux mar-
de volumes inespérées et le plus que doublement des ventes de son nouvel ques iconiques (Nescafé, Nespresso, Starbucks, Nesquick, Nestea, etc).
étendard anti-inflammatoire Dupixent, une légère érosion de la marge L’as des produits laitiers Danone n’a pas fait mieux (+3,7 %) et sa bran-
brute (moins franche qu’attendu) n’a pas empêché le bénéfice net des che eaux minérales a davantage souffert. Quant à Unilever, plus diversi-
activités de progresser fortement en atterrissant 12 % au-dessus des fié vers les produits d’hygiène, son activité a stagné, pénalisée par
attentes. En Bourse, le dogme médical « primum non nocere », ordonnant ses points forts d’antan, l’exposition aux pays émergents et les glaces,
de ne pas nuire, a été adopté par les portefeuilles qui se sont bourrés un domaine dont la vieille dame de Vevey a d’ailleurs dû se désengager
de valeurs pharmaceutiques pour soigner leur « Corona-krach ». Sanofi en partie. Cette dernière peut donc se payer le luxe de maintenir, pour
en ressort comme l’une des six valeurs du CAC 40 en hausse sur un an. l’instant, ses perspectives pour 2020 – y compris pour la marge –,
Mais le fabricant de vaccins sait aussi qu’il marche sur des œufs. Ce n’est à la différence de ses deux concurrents européens. Elle avait déjà
pas un hasard si Paul Hudson insiste sur le retard de l’Union européenne confirmé son dividende. Bien sûr, la suite de l’exercice ne sera pas aussi
dans la coordination d’une réponse vaccinale : que se passera-t-il si sa facile, comme le signale la chute des ventes en Chine, qui a toutefois
collaboration avec l’Amérique de Trump aboutit à une solution avant épargné Purina. Et surtout, le patron, Mark Schneider, se sent assez
ses autres projets ? O tempora, o mores ! d’attaque pour saisir les occasions d’acquisitions.

Le CAC 40 repart à la baisse

EN VUE

•semaine
La Bourse de Paris a terminé la
nettement dans le rouge,
pénalisée par le manque d’avancées
sur le plan de relance européen. Le
CAC 40 a chuté de 1,30 % à
4.393,32 points, mettant un terme à
deux séances de rebond. Sur la
semaine, l’indice phare de la Bourse
de Paris a reculé de 1,85 %.
Les derniers indicateurs écono-
miques ont confirmé le caractère
particulièrement sévère du ralen-
tissement économique. La con-
fiance des consommateurs a de
nouveau fortement reculé aux
Etats-Unis en avril. Tandis qu’en
Allemagne, le moral des entrepre-
neurs est ressorti à son « plus bas
« catastrophique », selon le baro-
mètre Ifo.
Du côté des valeurs, le secteur
bancaire a subi le contrecoup des
désaccords européens : Société
Générale (–4,88 %), BNP Paribas
(–3,06 %) et Crédit Agricole
(–3,20 %) se sont inscrits parmi les
plus fortes baisses de l’indice.
Le luxe n’a pas été épargné, Her-
mès a abandonné 3,79 %, alors que
Kering cédait 1,25 %, et LVMH
reculait de 2,24 %.
En revanche, Sanofi a gagné
2,31 %, profitant d’un chiffre d’affai-
res de près de 9 milliards d’euros au
premier trimestre, soit une hausse
de 6,9 % due pour moitié à la pandé-
Philippe Etchebest
L orsque l’on réunit cinq chefs aussi
réputés que Philippe Etchebest,
Alain Ducasse, Guy Savoy, Hélène
Darroze et Michel Sarran, il est regretta-
ble que ce ne soit pas autour d’une bonne
table. Hélas l’heure n’est pas aux mignar-
dises. Au menu de la visioconférence
tenue le 24 avril entre Emmanuel
Macron, ses ministres, des représen-
tants de l’hôtellerie-restauration et du
tourisme, et ces artistes du bien-vivre
figurait une question de survie. Celle
d’une filière qui emploie un million de
personnes. De ceux-là ,de la crêperie aux
trois-étoiles, le restaurateur Philippe
Etchebest s’est fait le porte-voix. Le grand
public le connaît surtout par ses presta-
tions dans « Top Chef » et « Cauchemar
en cuisine », aujourd’hui son cauchemar
c’est le virus. L’ancien trois-quarts aile de
Bègles n’a pas l’habitude de se découra-
ger, cueille les étoiles, s’investit dans le
mouvement des Pompiers solidaires
avec lequel il part en mission en Afrique
ou ailleurs, se lance constamment des
défis. En 2017, il ouvrit ainsi une table
d’hôte de douze personnes en sous-sol
de sa brasserie bordelaise. Son équipe
n’avait jamais fait de cuisine gastronomi-
que, il lui fit donner son meilleur. Six
mois plus tard, ils décrochaient une
étoile. Aujourd’hui, il ne veut pas lâcher
les « gars ». Soixante sont en chômage
partiel et il a fait les comptes. Que faire
dans une salle outillée pour 80 couverts
si on peut n’en accueillir que 40 ? Pour la
première fois, le fonceur est pessimiste,
prédit une « hécatombe », estime que
40 % ne rouvriront pas. Espérons en
revanche qu’il n’est pas trop optimiste
lorsqu’il dit : « S’il faut travailler plus, on le
fera. Il y aura une cohésion collective pour
reconstruire notre pays, son économie. »
« Je ne lâche rien », c’est après tout le titre
de son autobiographie !
( Lire nos informations
Page 19

historique » en avril, un niveau mie de Covid-19.

 AUX ÉQUIPES SOIGNANTES

BRAVO
& MERCI
pour votre engagement au service du
public. Nous sommes fiers d’être à vos
côtés et de vous protéger en Santé comme
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