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Démarche de l'examen
2 bactériologique
P. Lanotte, L. Mereghetti, R. Quentin
Les objectifs de la démarche de l'analyse bactériologique très peu probable si la désinfection cutanée préalable au
sont divers. Le plus fréquemment, il s'agit pour le labora- prélèvement a été correctement exécutée. L'interprétation
toire de mettre en évidence la ou les bactéries responsables de ces prélèvements est relativement aisée. Dans d'autres
d'une infection, d'effectuer une identification précise du ou cas, le prélèvement provient d'un site anatomique nor-
des pathogènes et de tester sa (leurs) sensibilité(s) aux anti- malement stérile mais la contamination par une flore
biotiques habituellement actifs sur cette ou ces bactérie(s). endogène est pratiquement obligatoire (par exemple les
Dans certains cas, il s'agit de s'assurer que la bactérie initia- prélèvements pulmonaires profonds comme les brossages
lement responsable de l'infection pour laquelle un traitement distaux, même s'ils sont protégés). Enfin, lorsque la bac-
antibiotique a été entrepris est bien éradiquée. Dans d'autres térie responsable de l'infection est associée à une flore
cas, il peut s'agir de rechercher un portage bactérien. endogène (c'est le cas dans les infections digestives, les
Les moyens de diagnostiquer une infection bactérienne infections cutanées, les angines, etc.), la présence de cette
sont de deux ordres, les méthodes de diagnostic direct et flore va interférer inévitablement avec l'isolement de la
les méthodes de diagnostic indirect. Les méthodes direc- bactérie, ce qui nécessitera l'utilisation de milieux sélec-
tes regroupent les techniques qui permettent de mettre en tifs et/ou de milieux d'enrichissement (voir infra). Par
évidence tout ou partie de la bactérie. Les méthodes met- ailleurs – il est vrai essentiellement dans les infections
tant en évidence les bactéries dans leur intégralité sont cutanées –, il faut distinguer les prélèvements superficiels
fondées principalement sur les techniques de microscopie et les prélèvements profonds, seuls ces derniers présen-
en absence de coloration (état frais) ou après coloration tant un intérêt médical réel.
et sur les techniques de culture sur milieu artificiel. La Ces prélèvements sont soit de consistance liquide
détection d'antigènes spécifiques de la bactérie ainsi que (urine, liquide céphalorachidien, liquides d'épanchement,
les méthodes de mise en évidence d'acides nucléiques etc.), soit de consistance solide (sécrétions visqueuses, des
(ADN ou ARN) spécifiques de la bactérie constituent tissus, des biopsies, etc.), soit enfin du matériel (chambres
les autres méthodes de diagnostic direct. Les méthodes implantables, cathéters, redons, drains, matériel prothéti-
de diagnostic indirect correspondent aux techniques de que, etc.). Dans le cas des hémocultures, le prélèvement
détection d'anticorps développés par l'organisme infecté de sang est directement mis dans un flacon de culture dès
en réponse à l'agression par la bactérie pathogène. Il s'agit le prélèvement.
dans ce cas des méthodes de sérodiagnostic. Les métho- En fonction du type de prélèvement, l'analyse bactério-
des indirectes ne seront pas abordées dans ce chapitre. logique sera complétée par une analyse cytologique qui
permet d'orienter vers une étiologie bactérienne ou virale
en fonction du type de cellules retrouvé.
Prélèvements
Prélèvement
– Analyse moléculaire ?
– Recherche d’antigènes ?
Examen quantitatif
(numération des éléments figurés)
Examen qualitatif
(coloration de May-Grünwald-Giemsa)
Examen direct par Mise en culture
coloration de Gram
ou autre coloration
Cultures pures
Cellules réutilisables
Fig. 2.3. – Cellule Kovaslide® sur la platine
Les différentes cellules sont constituées de la même façon d'un microscope.
(fig. 2.2). Il s'agit d'une épaisse lame porte-objet en verre,
quadrillée en son centre, qui présente de part et d'autre des
plateaux surélevés qui permettent, lorsque ceux-ci reçoi-
vent une lamelle, de définir un volume de liquide défini
Analyse qualitative
propre à chaque cellule. Afin de connaître avec précision la nature des éléments
Les cellules utilisées dépendent des habitudes de l'uti- figurés observés lors de l'analyse quantitative, l'étale-
lisateur ainsi que de la cellularité des milieux étudiés. ment du prélèvement avant ou après centrifugation suivi
Pour les milieux riches en cellules, l'hématimètre de d'une coloration est indispensable. La finesse de l'étale-
Thoma permet l'étude d'un volume de 0,1 μl, et la cel- ment du frottis est importante pour une observation de
lule de Malassez, l'etude de 1 μl. Pour des milieux où qualité. Ce frottis doit être réalisé, dans la mesure du
les éléments figurés sont rares, des volumes plus impor- possible, rapidement après le prélèvement car certains
tants peuvent être analysés ; la cellule de Lemaur permet éléments cellulaires se dégradent vite, en particulier dans
d'étudier jusqu'à 40 μl et celle de Nageotte par exemple les liquides pauvres en protéines comme les urines ou le
jusqu'à 50 μl. liquide céphalorachidien. La fixation des frottis est effec-
tuée en recouvrant de méthanol la préparation jusqu'à
Cellules à usage unique évaporation.
Les méthodes de centrifugation douces sont intéressan-
Les cellules à usage unique type Kovaslide® présentent tes pour les liquides contenant peu de cellules et l'utili-
l'avantage de regrouper sur un même support 10 cellu- sation d'une cytocentrifugeuse permet d'obtenir un dépôt
les, ce support étant jeté après utilisation sans désinfec- cellulaire de très bonne qualité.
tion contrairement aux cellules précédentes (fig. 2.3). Le La coloration cytologique effectuée est la coloration de
volume étudié est de 1 μl. May-Grünwald-Giemsa. La méthode classique consiste
à déposer sur le frottis préalablement fixé la solution
Utilisation de systèmes automatiques de May-Grünwald et à la laisser agir 5 minutes. Après
un lavage à l'eau de 1 minute, la solution de Giemsa est
de comptage
laissée en contact 15 minutes. Après un dernier lavage
Les systèmes automatiques de comptage utilisent l'urine à l'eau, la préparation est laissée séchée puis observée
native avec un volume d'échantillon analysé voisin de 0,8 à à l'immersion. Cette coloration permet de colorer les
1 ml. Ces systèmes sont fondés soit sur une coloration des noyaux en bleu, le cytoplasme en rose et les bactéries,
éléments urinaires avec différents colorants fluorescents lorsqu'elles sont présentes, en bleu. Il existe des colora-
qui sont ensuite comptés et différenciés par cytométrie tions dérivant de la méthode de May-Grünwald-Giemsa
en flux, soit par cytométrie en flux avec capture d'images qui sont plus rapides et permettent d'obtenir un résultat
associée à une reconnaissance automatique des particu- satisfaisant en quelques minutes.
les. Dans ce dernier cas, toutes les particules sont numé- Les frottis réalisés dans ces conditions sont également
risées et mémorisées. Ces systèmes sont connectables au colorés par la coloration de Gram qui ne permet qu'une
système informatique de laboratoire. observation grossière de la morphologie des cellules.
8 Bactériologie médicale
Examen microscopique bactériologique convection dans ces conditions peuvent être présents et per-
turber l'observation. En fonction de la mobilité observée,
L'examen microscopique en bactériologie peut être effec- si elle est présente, on peut préjuger du type de ciliature de
tué sans coloration de l'échantillon par observation directe la bactérie (monotriche, péritriche, etc.), ce qui oriente sur
entre lame et lamelle (technique de l'état frais), ou bien la bactérie en cause. Ainsi, par sa mobilité, Pseudomonas
après coloration de l'échantillon, ou encore après réaction aeruginosa par exemple peut se distinguer aisément d'une
d'immunofluorescence. Cet examen renseigne sur la pré- entérobactérie. Cet examen peut s'avérer très utile lors de
sence de bactéries confirmant l'origine bactérienne d'une la positivité d'une hémoculture. En effet, un doute peut
infection (morphologie, propriétés tinctoriales particu- persister sur l'orientation d'identification, après coloration
lières après coloration de Gram ou coloration de Ziehl- de Gram d'un étalement du bouillon d'hémoculture coloré.
Neelsen), ce qui représente un élément majeur pour une Une mobilité importante avec des bacilles qui traversent le
prise en charge thérapeutique adaptée. Ainsi, cet examen champ microscopique est en faveur de P. aeruginosa alors
oriente sur une famille de bactéries ou un genre bactérien, qu'une entérobactérie mobile sera mobile sur elle-même
permettant d'adapter ou de modifier une antibiothérapie. dans la majorité des cas.
En fonction du prélèvement ou du contexte clinique, il Certaines bactéries de mobilité caractéristique sont
peut dans certains cas, en quelques minutes, identifier de également repérées par la technique de l'état frais, comme
façon quasi certaine un pathogène. les vibrions ou les campylobactéries.
L'examen renseigne également sur la quantité de bac- Cet examen peut être effectué après avoir luté la
téries présentes dans le prélèvement. Si l'on estime que, lamelle sur la lame, c'est-à-dire après avoir déposé sur
lors d'une observation à un grossissement de 1000 fois la totalité du pourtour de la lamelle un peu de paraffine
(oculaire de 10 et objectif 100 à l'immersion), le volume préalablement fondue (fig. 2.4). Cette méthode permet de
observé correspond à 1/1000e de μl, alors l'estimation de « sceller » la lamelle et ainsi d'empêcher les courants de
la quantité de bactéries visibles lors d'un examen direct convection. Dans ces conditions, une observation à l'im-
peut être donnée selon le tableau 2.1. mersion peut être effectuée.
Fig. 2.4. – Réalisation de l'état frais après avoir luté la lamelle sur la lame.
A) La lame est posée sur un chevalet ; la paraffine va être fondue en chauffant au bec Bunsen une tige métallique. B) Les quatre
côtés de la lamelle vont être scellés par la paraffine. C) Observation à l'immersion, objectif 100, de la préparation.
colorables par les colorations classiques. Ainsi, les visualiser les morphologies bactériennes et de préciser
spirochètes et en particulier les tréponèmes (fig. 2.5) et les agencements des bactéries les unes avec les autres.
les leptospires sont facilement repérables à l'aide de cette Les colorations différentielles distinguent les bactéries en
méthode, avec visualisation de la mobilité et présence de fonction de la structure de leur paroi. Deux colorations de
spires régulières pour les premiers et mise en évidence référence sont employées, la coloration de Gram distin-
d'une mobilité par flexion pour les seconds. guant bactéries à Gram positif et bactéries à Gram néga-
tif, et la coloration de Ziehl-Neelsen mettant en évidence
les bacilles acido-alcoolo-résistants. Certaines colorations
Examen microscopique après coloration
spéciales seront ensuite abordées.
Les techniques les plus communément utilisées au
laboratoire de bactériologie médicale font appel à des Coloration non différentielle – coloration
colorations. La préparation est fixée sur une lame puis
au bleu de méthylène
colorée. Plusieurs types de coloration existent. Les colo-
rations non différentielles, anciennes, peu utilisées en La coloration au bleu de méthylène est réalisée en faisant
pratique, colorent toutes les bactéries de la même façon couler une solution de bleu de méthylène sur un frottis
sans distinction, si ce n'est qu'elles permettent de mieux correctement fixé. Le temps de contact est d'une minute.
10 Bactériologie médicale
Fig. 2.5. – Examen direct au microscope à fond noir de Leptospira interrogans (photo Mathieu Picardeau, Unité Biologie
des Spirochètes, Institut Pasteur).
Coloration différentielle
B
Coloration de Gram
C'est la coloration de référence en bactériologie. Elle est
réalisée comme suit et le résultat obtenu à chaque étape
est schématisé dans la figure 2.6.
Sur frottis fixé à la chaleur puis à l'alcool (fig. 2.6A) : C
• recouvrir la lame de violet de gentiane : 1 minute
(fig. 2.6B) ;
• rejeter le violet de gentiane ;
• recouvrir de lugol : 1 minute (fig. 2.6B) ; D
• rejeter le lugol ;
• décolorer à l'alcool, la lame étant tenue inclinée. La Fig. 2.6. – Principe de la coloration de Gram, avec à
durée de décoloration à l'alcool est variable selon gauche une bactérie à Gram positif et à droite une
l'épaisseur du frottis. En pratique, la durée de décolo- bactérie à Gram négatif.
ration est suffisante lorsque ce qui s'écoule en bas de la A) Bactéries fixées non colorées. B) Bactéries colorées par
lame inclinée est devenu clair ; le violet de gentiane. C) Seules les bactéries à Gram positif
restent colorées en violet après l'étape de décoloration.
• stopper la décoloration par un nouveau lavage à l'eau
D) Les bactéries décolorées à l'étape précédente sont
(fig. 2.6C) ;
recolorées en rose par la fuchsine.
• recouvrir la lame de fuchsine diluée, 30 secondes à
1 minute ;
• laver à l'eau (fig. 2.6D) ; Les bactéries à Gram positif doivent apparaître colorées
• sécher entre deux feuilles de papier filtre, puis à la en violet et les bactéries à Gram négatif en rose (fig. 2.7).
chaleur ; Lorsque la coloration est effectuée à partir d'un produit
• examiner à l'immersion. pathologique contenant des cellules ou des leucocytes, la
Démarche de l'examen bactériologique 11
et du fait d'une spécificité relative des anticorps utilisés. Les milieux se présentent sous forme liquide ou sous
Les applications de cette méthode concernent entre autres forme solide. Par addition dans les milieux liquides d'un
Bordetella pertussis, Legionella pneumophila, Chlamydia agent solidifiant, on obtient des milieux solides appelés
et les mycoplasmes. communément gélose. En effet, l'agent le plus souvent
L'immunofluorescence est dite directe (IFD) lorsque utilisé est l'agar-agar (agar ou gélose) qui est un poly-
l'immunsérum antibactérien est marqué avec le fluoro- saccharide complexe provenant d'algues marines. Cette
chrome ; elle est dite indirecte (IFI) lorsque la réaction de substance permet, à des concentrations de 15 à 20 g/l, de
révélation utilisant un anticorps marqué est secondaire à solidifier les milieux liquides. Cette gélose fond à 80 °C,
une première étape de réaction antigène–anticorps. Il peut reste en surfusion à des températures voisines de 50 °C et
s'agir soit d'un sérodiagnostic par IFI (antigène connu et se solidifie à des températures inférieures. D'autres agents
des anticorps spécifiques de l'antigène sont recherchés solidifiants peuvent être utilisés, comme les œufs coagu-
dans le sérum d'un patient), soit d'une immunodétection, lés dans le milieu de Löwenstein-Jensen utilisé pour la
IFD ou IFI (des anticorps spécifiques d'un antigène bacté- recherche des mycobactéries, et le sérum coagulé pour le
rien sont utilisés pour repérer cet antigène dans un produit milieu de Loeffler utilisé pour la recherche du bacille de
pathologique ou une suspension de germes). la diphtérie.
Les milieux sont commercialisés soit sous forme de
poudres déshydratées, soit prêts à l'emploi en tube ou en
boîte de Petri. Pour les poudres déshydratées, les milieux
Culture et isolement doivent être reconstitués selon les instructions du fabri-
des bactéries cant et doivent être autoclavés avant utilisation, sauf dans
certains cas lorsque les milieux contiennent des compo-
Les bactéries d'intérêt médical les plus fréquemment sés thermolabiles. Les milieux prêts à l'emploi présen-
responsables d'infection arrivent à se développer sur des tent l'avantage d'être de qualité constante et de garantir
milieux de culture. Ces milieux de culture sont indispen- la croissance d'un certain nombre de bactéries testées
sables à la multiplication bactérienne, ce qui permet par la avant mise sur le marché des lots fabriqués, cela bien évi-
suite une identification bactérienne ainsi que l'étude de la demment sous la condition d'avoir été stockés selon les
sensibilité aux antibiotiques lorsque la bactérie est isolée recommandations du fabricant et d'être utilisés dans leur
en culture pure. période de validité.
ANNEXE 2-3
• Gélose de Mueller-Hinton (MH)
Composition des principaux Infusion de viande de bœuf 300 g/l
milieux de culture Hydrolysat de caséine 17,5 g/l
Amidon 1,5 g/l
• Bouillon nutritif Agar 17 g/l
Extrait de viande de bœuf 1 g/l PH 7,4 ± 0,2
Extrait de levure 2 g/l • Gélose HTM (Haemophilus Test Medium)
Peptone 5 g/l Gélose de Mueller-Hinton 38 g/l
Chlorure de sodium 5 g/l Extrait de levure 5 g/l
PH 7,4 ± 0,2 PH 7,4 ± 0,2
• Bouillon cœur-cervelle Ce milieu est supplémenté en hémine et en NAD,
Infusion de cervelle de veau 12,5 g/l indispensables à la croissance de H. influenzae.
Infusion de cœur de bœuf 5 g/l • Gélose de Wilkins Chalgren
Protéose–peptone 10 g/l Tryptone 10 g/l
Glucose 2 g/l Peptone de gélatine 10 g/l
Chlorure de sodium 5 g/l Extrait de levure 5 g/l
Phosphate disodique 2,5 g/l Glucose 1 g/l
PH 7,4 ± 0,2 Chlorure de sodium 5 g/l
• Bouillon de Schaedler L-arginine 1 g/l
Bouillon tryptone soja 10 g/l Pyruvate de sodium 1 g/l
Peptone spéciale 5 g/l Ménadione 0,0005 g/l
Extrait de levure 5 g/l Hémine 0,005 g/l
Glucose 5 g/l Agar 10 g/l
Chlorhydrate de cystéine 0,4 g/l PH 7,1 ± 0,2
Hémine 0,01 g/l
Tampon Tris 0,75 g/l
PH 7,4 ± 0,2
• Gélose nutritive ordinaire d'intérêt médical. Seules les géloses les plus couramment
Extrait de viande de bœuf 1 g/l utilisées seront abordées.
Extrait de levure 2 g/l
Peptone 5 g/l
Chlorure de sodium 5 g/l Géloses de base
Agar 15 g/l Les géloses de base sont constituées par les géloses nutri-
PH 7,4 ± 0,2 tives ordinaires et les géloses tryptone soja (ou trypticase
• Gélose tryptone soja (TS)
soja [TS]). Ces milieux permettent la culture des bacté-
Tryptone (hydrolysat trypsique de 15 g/l
ries non exigeantes (voir annexe 2.3). La gélose de base
caséine)
Columbia est un milieu hautement nutritif permettant la
Peptone de soja 5 g/l
Chlorure de sodium 5 g/l
culture des germes exigeants
Agar 15 g/l
La gélose CLED (cystine-lactose-électrolyte déficient)
PH 7,3 ± 0,2 est un milieu recommandé pour l'analyse bactériologique
• Gélose de base Columbia des urines. Ce milieu permet la croissance et l'isolement
Peptone (hydrolysat pepsique de 23 g/l de la plupart des bactéries responsables d'infections uri-
viande) naires. La déficience en électrolytes s'accompagne d'une
Amidon 1 g/l absence de mobilité des Proteus.
Chlorure de sodium 5 g/l
Agar 10 g/l Géloses enrichies
PH 7,3 ± 0,2
• Gélose CLED (cystine-lactose-électrolyte déficient) Géloses au sang frais
Peptone 4 g/l
Extrait de viande de bœuf 3 g/l Les géloses au sang frais, en général sang de mouton ou
Tryptone 4 g/l de cheval, sont obtenues en ajoutant à des géloses ordi-
Lactose 10 g/l naires du sang frais dans des proportions de 5 à 10 % en
L-cystine 0,128 g/l volume. Ce sont des géloses qui permettent la croissance
Bleu de bromothymol 0,02 g/l des bactéries exigeantes grâce à la présence de facteurs de
Agar 15 g/l croissance contenus dans le sang. En fonction de l'origine
PH 7,3 ± 0,2 des hématies, le caractère hémolytique des bactéries peut
varier. Les géloses au sang sont en général fabriquées à
Démarche de l'examen bactériologique 15
partir soit de géloses TS additionnées de sang de cheval noires, petites avec un halo marron-noir après 24 heures
(gélose TSH [tryptone-soja-horse blood]), soit de gélose d'incubation.
de base Columbia, plus riches, additionnées de sang de
mouton (gélose SBA [sheep-blood-agar]). Pour l'isolement d'Escherichia coli O157 : H7
Le milieu utilisé est le milieu de MacConkey au sorbitol
Géloses au sang cuit
(SMAC). Ce milieu est sélectif par la présence de sels
Les géloses au sang cuit, appelées géloses « chocolat », biliaires et différentiel par le remplacement du lactose
permettent de libérer par la cuisson des facteurs de crois- du MacConkey standard par du sorbitol pour la recher-
sance supplémentaires. Néanmoins, ces géloses sont sou- che d'E. coli O157 : H7. En effet, cet E. coli ne fermente
vent supplémentées en vitamines (par exemple gélose habituellement pas le sorbitol, à la différence des autres
chocolat Polyvitex®). Elles permettent la croissance E. coli. Les colonies apparaissent incolores, alors que les
des bactéries exigeantes, en particulier celles du genre colonies de bactéries fermentant le sorbitol sont roses.
Haemophilus.
Pour les légionelles
Géloses sélectives Le milieu de base pour la recherche des légionelles est com-
Pour Bordetella pertussis posé de charbon activé et d'extrait de levure. Il est supplé-
menté avec un tampon ACES/hydroxyde de potassium, du
Les milieux de Bordet-Gengou ou les géloses au charbon pyrophosphate ferrique, de la L-cystéine et du cétoglutarate
contenant de l'acide nicotinique, supplémenté de 10 % de dans le milieu BCYE, et peut être rendu sélectif par l'ajout
sang de cheval défibriné (v/v) sont rendus sélectifs par de glycine, vancomycine, polymyxine, cycloheximide.
addition de céfalexine à 40 μg/ml.
Pour les Neisseria pathogènes
Pour Brucella
Plusieurs associations d'antibiotiques permettent de ren-
La gélose de base Columbia ou la gélose de base pour dre sélectives pour les gonocoques et méningocoques des
Brucella additionnées de 5 à 10 % (v /v) de sérum de cheval géloses enrichies. Il s'agit des associations VCN (vanco-
décomplémenté et de 1 % (m/v) de glucose sont rendues mycine, colistine, nystatine), VCNT (vancomycine, colis-
sélectives par addition d'antibiotiques (polymyxine B, tine, nystatine, triméthoprime), VCAT (vancomycine,
bacitracine, acide nalidixique, nystatine, vancomycine). colistine, amphothéricine B, triméthoprime).
A B
Fig. 2.11. – Résultat d'une culture d'E. coli sur CPS ID3® (bioMérieux) (A) et sur milieu UTI® (Oxoid) (B).
A B
Fig. 2.12. – Résultat d'une culture d'Enterococcus faecalis sur CHROMagar Orientation® (BD) (A) et sur milieu Uriselect®
(Bio-Rad) (B).
A B
Fig. 2.13. – Résultat d'une culture de Proteus mirabilis sur CPS ID3® (bioMérieux) (A) et sur milieu UTI® (Oxoid) (B).
Démarche de l'examen bactériologique 19
Orientation®, UriSelect 4®, UTI® et bleu-vert sur CPS isolement est effectué à l'aide d'une pipette Pasteur bou-
ID 3®. La mise en évidence de bacilles à Gram négatif à tonnée ou d'un ensemenceur à usage unique stérile selon
l'examen microscopique donne une forte présomption de les différentes étapes de la figure 2.14.
bactérie appartenant à ce groupe. L'identification par une Ainsi, par cette méthode, le dernier quadrant contient
méthode classique sera poursuivie. des colonies isolées dont la morphologie permet de s'orien-
ter vers une espèce ou un genre bactérien voire une famille
de bactéries. C'est à partir de ces colonies isolées que des
Autres milieux chromogènes
tests d'identification pourront être pratiqués et la sensibi-
La plupart des fabricants de milieux gélosés ont déve- lité aux antibiotiques testée. Parfois, une subculture peut
loppé des milieux chromogènes pour un nombre impor- être nécessaire pour parfaire l'obtention d'une culture pure
tant de bactéries dans des circonstances particulières. avec un inoculum suffisant pour les tests à effectuer.
Il s'agit notamment du dépistage du portage génital de
Streptococcus agalactiae chez les femmes enceintes,
Ensemencement pour dénombrement
du dépistage du portage nasal de S. aureus résistant à
l'oxacilline et du dépistage des bactéries multirésistantes
des bactéries
(dépistage des entérobactéries porteuses de β-lactamases Plusieurs approches en dehors de l'isolement en quadrant
à spectre étendu par exemple). Des milieux chromogènes peuvent être retenues pour une appréciation semi-quanti-
utiles pour la détection des salmonelles ou de C. difficile tative de la quantité de bactérie présente.
dans une coproculture sont également disponibles.
Ensemencement en stries
Géloses pour étude de la sensibilité
Cette technique est en particulier appliquée pour estimer
aux antibiotiques
de manière approchée la quantité de bactéries dans les
Des géloses adaptées et recommandées pour l'étude de la urines (fig. 2.15). Un volume connu d'urine est déposé en
sensibilité aux antibiotiques des bactéries ont également
été développées.
La gélose la plus communément utilisée est la gélose
de Mueller-Hinton (MH). L'utilisation de cette gélose est
recommandée par le Comité de l'antibiogramme de la
Société française de microbiologie. Cette gélose MH peut
être supplémentée en sang frais ou en sang cuit lorsque
les bactéries testées nécessitent ces milieux enrichis.
La gélose HTM (Haemophilus Test Medium) a été A B
développée pour tester la sensibilité des souches d'Hae-
mophilus aux antibiotiques. Ce milieu est supplémenté
en hémine et en NAD indispensables à la croissance de
H. influenzae.
La gélose de Wilkins Chalgren est utilisée pour la
croissance et pour tester la sensibilité des bactéries ana-
érobies aux antibiotiques. Cette gélose peut être supplé-
mentée avec 5 % de sang. C D
La composition de ces milieux est présentée dans l'an-
nexe 2.3.
Méthodes d'isolement
En fonction de la présentation des milieux et de leur utili-
sation, les méthodes d'ensemencement diffèrent.
E F
Ensemencement des milieux solides Fig. 2.14. – Principe et résultat de la méthode d'isolement
en boîte de Petri en quadrant.
A) Dépôt de l'échantillon. B) Stries serrées sur la première
Méthodes des quadrants moitié de la boîte (stries vertes). C) Après avoir tourné la
boîte de 90°, des stries serrées sont à nouveau effectuées
Ce mode d'ensemencement permet d'isoler les différen- sur une moitié de boîte (stries rouges). D) Le dernier
tes bactéries contenues dans un mélange. Le dépôt de quadrant est ensemencé sans rentrer au contact des
l'échantillon ou de la suspension de germe est effectué quadrants précédents. Cette technique permet d'obtenir
près d'un bord de la boîte de Petri, ou en une strie dans un dans le dernier quadrant des colonies isolées schématisées
quart de la boîte qui constituera le premier quadrant. Un en E et en pratique en F.
20 Bactériologie médicale
A B C D
Étude du métabolisme glucidique 20 minutes, le milieu est refroidi totalement puis ense-
mencé par piqûre centrale. Lorsque l'indicateur coloré
Étude de la voie d'attaque des glucides passe du rouge au jaune, ce qui correspond à l'acidification
MEVAG (milieu de Hugh et Leifson) du milieu, le mannitol a été utilisé. Le caractère mobile
Les bactéries peuvent utiliser les glucides selon deux est défini dans ce milieu par un trouble envahissant toute
voies. La voie fermentative se déroule en l'absence d'oxy- la largeur de la gélose de part et d'autre de la piqûre cen-
gène de l'air et les catabolites formés, acides, entraînent trale, alors qu'une bactérie immobile ne se développe que
une diminution du pH du milieu. Par voie oxydative, le long de la piqûre centrale.
l'oxygène de l'air est utilisé et peu de catabolites acides
sont formés.
Étude de la fermentation de plusieurs sucres
Deux milieux semi-solides contenant un indicateur de
pH (par exemple du bleu de bromothymol) sont régéné- pour l'identification des entérobactéries
rés au bain-marie bouillant 20 minutes. Ensuite, lorsqu'ils Le milieu de Kligler-Hajna ou milieu lactose-glucose-
sont refroidis autour de 45 °C, 6 gouttes d'une solution de H2S est le plus couramment utilisé. Ce milieu solide en
glucose à 30 % (concentration finale en glucose de 1 %) pente contient du glucose (0,1 %), du lactose (1 %), des
sont ajoutées. Les milieux sont ensuite refroidis complè- acides aminés, du thiosulfate de sodium, du citrate ferri-
tement et ensemencés par piqûre centrale. L'un des deux que et du rouge de phénol. Ce milieu est ensemencé avec
tubes est recouvert de 0,5 cm d'huile de paraffine stérile. la souche à étudier en effectuant des stries à la surface
Ce tube constitue le tube dit « fermé », c'est-à-dire dans de la pente de la gélose, puis le culot est ensemencé par
lequel les réactions s'effectueront en absence d'oxygène. piqûre centrale.
L'autre tube est dit « ouvert ». Les résultats des deux voies Les bactéries acidifient le glucose en anaérobiose rela-
d'attaque des glucides sont présentés à la figure 2.20. tive (culot) ; le culot vire au jaune (par exemple entéro-
bactéries). Si le germe n'utilise pas le lactose, la pente
Milieu mannitol mobilité devient rouge par réalcalinisation du milieu due à la for-
mation de produits alcalins provenant de la dégradation
Il s'agit d'un milieu semi-solide contenant entre autres du des acides aminés (par exemple Proteus) (fig. 2.21). Si les
mannitol, et du rouge de phénol comme indicateur de pH. bactéries utilisent le lactose en aérobiose relative (pente),
Après régénération au bain-marie bouillant pendant il y a virage de la pente au jaune (par exemple E. coli).
Démarche de l'examen bactériologique 23
A B
Fig. 2.21.– Interprétation des résultats du milieu Kligler- Recherche de métabolites formés
Hajna. à partir de l'acide pyruvique
A) Milieu de Kligler-Hajna non ensemencé. B) De gauche
à droite, bactérie glucose +, lactose +, productrice de gaz À partir du milieu de Clark-Lubs contenant de l'acide
(E. coli) ; bactérie glucose +, lactose –, H2S +, productrice pyruvique, la formation d'acide formique et d'acide acéti-
de gaz ; bactérie glucose +, lactose –, H2S + faiblement que (réaction de rouge de méthyle [RM]) et la formation
(Salmonella Typhi). d'acétoïne ou acétyl-méthylcarbinol (réaction de Voges-
Proskauer [VP]) est étudiée (fig. 2.22).
En pratique, la réaction de VP est fréquemment réali-
sée, notamment sur les galeries miniaturisées. Sinon, le
Le milieu peut être coloré en noir de façon plus ou moins bouillon Clark-Lubs est ensemencé et incubé 18 heures à
intense par production d'H2S. Une pointe fine d'H2S est 37 °C. À 1 ml de culture, ajouter 0,5 ml d'alpha naphtol
observée pour Salmonella Typhi. Le milieu peut être à 6 % et 0,5 ml de soude à 16 %. La lecture est à effec-
entièrement noir. La présence de gaz est détectée par la tuer dans les 10 minutes. Les entérobactéries des genres
mise en évidence de bulles ou le soulèvement de la gélose. Klebsiella, Enterobacter et Serratia produisent de l'acé-
Un milieu contenant en plus du saccharose à 1 % peut être toïne, test VP +.
utilisé ; il s'agit du milieu TSI (Triple-Sugar-Iron).
Alpha naphtol
CH3COCHOOCH3 Réaction colorée en rouge (VP+)
(acétoïne) + soude
Fig. 2.22. – Mise en évidence des métabolites formés lors de la dégradation de l'acide pyruvique.
Recherche de décarboxylases
Trois décarboxylases sont fréquemment recherchées :
la lysine décarboxylase (LDC), l'ornithine décarboxy-
lase (ODC) et l'arginine dihydrolase (ADH). Les tests
correspondants sont présents notamment sur les gale-
ries API 20 E®. Le test individuel peut être effectué
sur le milieu de Taylor contenant l'acide aminé étudié
(soit la lysine, soit l'ornithine, soit l'arginine), du glu-
cose et un indicateur coloré, le bromocrésol pourpre.
La réaction s'effectue en deux temps. Lorsque le glu-
cose est fermenté, il y a virage au jaune du bromocrésol
pourpre ; lorsque l'acide aminé est décarboxylé, il y a
une réalcalinisation du milieu qui vire au violet. Après
18 heures à 37 °C, un milieu violet trouble correspond
à une réaction positive. Par exemple, E. coli possède
une lysine décarboxylase alors que Proteus vulgaris
n'en possède pas (fig. 2.24).
Recherche de désaminases
Recherche de tryptophane désaminase
Fig. 2.23. – Résultats du milieu à l'esculine.
À gauche tube ensemencé avec une bactérie esculine À partir du milieu de Ferguson contenant du trypto-
négative. À droite tube ensemencé avec une souche phane, du rouge de phénol et de l'urée, il est possible
esculine positive (Enterococcus faecalis).
de mettre en évidence une activité tryptophane désa-
minase (TDA). Une suspension bactérienne dense
dans le milieu pour former un complexe brun-noir corres- dans un milieu de Ferguson permet, après incubation
pondant à une réaction positive (fig. 2.23). à 37 °C pendant 18 heures et ajout d'une goutte de
perchlorure de fer à 30 %, de mettre en évidence une
coloration brune si la bactérie testée est dite TDA +
Étude du métabolisme protéique
( fig. 2.25 ).
L'appréciation du pouvoir protéolytique n'est que peu utili- Les entérobactéries TDA + appartiennent aux genres
sée actuellement. Plusieurs méthodes permettent d'appré- Proteus, Providencia et Morganella.
cier la protéolyse de la gélatine ; elles sont citées ici pour
mémoire : la méthode de Frazier, la méthode de Kohn et Recherche d'une phénylalanine désaminase
la méthode de Le Minor et Piechaud. L'étude de la pro-
téolyse de gélatine associée à de l'encre de Chine permet, De la même façon, une gélose à la phénylalanine peut
lorsque le pigment noir diffuse, d'apprécier cette activité. être ensemencée pour mettre en évidence une phény-
Ce test est inclus dans les galeries miniaturisées. lalanine désaminase. Après incubation de 18 heures à
Actuellement, les tests les plus utilisés concernent la 37 °C et ajout de quelques gouttes de perchlorure de fer
mise en évidence d'enzymes intervenant dans la dégrada- à 30 %, il apparaît en cas de positivité une coloration
tion des acides aminés. verte.
Démarche de l'examen bactériologique 25
Fig. 2.24. – Exemple de mise en évidence d'une lysine décarboxylase chez E. coli.
A) Test effectué sur le milieu de Taylor. B) Test effectué sur galerie API 20 E® (test LDC).
– CH – COOH CO – COOH
–
coloration brune
NH2 + NH3
TDA FeCl3
N N
H H
Fig. 2.25. – Mise en évidence de la dégradation du tryptophane par une tryptophane désaminase.
CH – COOH
–
N N
H H
pour S. aureus. Le milieu de Baird-Parker contenant de téries sont ensemencées en réalisant une strie à la sur-
la lécithine, du jaune d'œuf permet de mettre en évidence face de la gélose ; celle-ci est incubée 18 heures à 37 °C.
une lécithinase par apparition d'un halo clair autour des L'hydrolyse de l'ADN est révélée en ajoutant de l'acide
colonies (par exemple S. aureus). chlorhydrique. Lorsque l'ADN a été dégradé, un halo
clair est visible au pourtour de la strie, alors que l'ADN,
Autres tests sous l'action de l'acide, est à l'origine d'un précipité blan-
châtre (fig. 2.28).
Recherche d'une uréase
La recherche d'une uréase s'effectue en milieu urée-
Recherche d'une coagulase
tryptophane (improprement appelé milieu urée-indole).
Ce milieu contient du tryptophane, de l'urée et du rouge La coagulation du plasma de lapin oxalaté par une coa-
de phénol comme indicateur de pH. L'urée, sous l'ac- gulase s'effectue à partir d'un bouillon enrichi comme le
tion d'une uréase bactérienne, va être transformée en bouillon staphylocoagulase. Un bouillon de 18 heures
carbonate d'ammonium alcalin, entraînant une colora- incubé à 37 °C est mis en contact volume à volume avec
tion rose-rouge du milieu (fig. 2.27). Ce milieu ne per- du plasma de lapin oxalaté pendant au moins 30 minutes
met pas la croissance bactérienne. Il permet également à 37 °C. Si la bactérie possède une coagulase, il y a coa-
la recherche d'une tryptophane désaminase selon la gulation du plasma de lapin.
méthode précédemment décrite.
A B
pathogène recherché. Pour S. aureus, plusieurs tests 24 heures, éventuellement prolongée à 48 heures), soit sur
d'agglutination détectant un ou plusieurs antigènes ou une recherche d'activité enzymatique ne nécessitant pas
récepteurs de surface (récepteur pour le fibrinogène, de multiplication bactérienne, l'inoculum de départ étant
protéine A, antigènes capsulaires) sont commercialisés. plus important dans ce cas. Afin de faciliter l'interpréta-
En pratique, il est recommandé d'utiliser deux tests pour tion de ces tests colorimétriques ou turbidimétriques, des
l'identification de S. aureus : la détection de la coagulase appareils de lecture peuvent être utilisés, permettant de
et un test d'agglutination. L'identification des streptoco- faire bénéficier l'utilisateur de logiciels d'interprétation de
ques β-hémolytiques par agglutination de la structure du l'identification.
polyoside C pariétal participe également à l'identification Actuellement, les tests biochimiques d'identification
de ces bactéries. sont effectués plus souvent sur des automates. Ces automa-
L'identification des sérotypes bactériens fait appel aux tes permettent également la réalisation des antibiogrammes
méthodes d'agglutination, fondées sur l'utilisation d'im- en milieu liquide pour la plupart des germes courants. Les
munsérums polyvalents et monovalents reconnaissant tests utilisés correspondent à la plupart de ceux précédem-
des antigènes bactériens. Dans le cas des salmonelles, ment décrits avec l'utilisation, en fonction des utilisateurs
les sérotypes sont identifiés sur la base des proprié- et des versions d'automates, de substrats conventionnels, de
tés antigéniques des antigènes O de paroi et antigènes substrats chromogéniques, fluorescents ou fluorogéniques,
H flagellaires, et éventuellement la recherche de l'anti- de carbohydrates couplés à une lecture colorimétrique,
gène Vi. Pour les E. coli, des agglutinations permettent turbidimétrique ou fluorimétrique, etc. Les méthodologies
d'identifier certains sérotypes pathogènes dans les sel- utilisées dépendent des fabricants.
les (O157 : H7, O111, etc.) mais également capsulai- Les systèmes Vitek® technology (bioMérieux)
res (E. coli K1). Une réaction d'agglutination confirme (fig. 2.29A) utilisent des cartes plastiques renfermant
l'identification des espèces de Shigella. Divers sérotypes des microcupules, chaque cupule contenant un substrat
de P. aeruginosa peuvent être identifiés sur la base de spécifique déshydraté. Une quarantaine de substrats sont
leurs antigènes O. testés. Les cartes sont identifiées par un code à barres
précisant le type de carte (carte Gram positif, carte Gram
négatif, carte anaérobies/corynébactéries, Neisseria/
Recherche d'antigènes bactériens
Haemophilus), le numéro de lot, la date de péremption.
dans les milieux biologiques L'inoculum de départ doit être voisin de 0,5 McFarland
La présence d'une bactérie peut être détectée par la mise en et le délai d'obtention du résultat variable de 2 à 8 heures
évidence d'antigènes bactériens de paroi ou de substances pour les Gram positif et de 2 à 10 heures pour les Gram
sécrétées comme des toxines. Ces antigènes peuvent être négatif. La lecture est colorimétrique. Les tests varient
détectés au niveau du site infecté ou à distance, par exem- bien évidemment en fonction des cartes et, sur ce prin-
ple dans les urines. Ainsi, la mise en évidence d'antigènes cipe, plus de 120 espèces peuvent être identifiées pour
de Legionella pneumophila sérogroupe 1 dans les urines les Gram positif et plus de 150 pour les Gram négatif
par technique immunochromatographique participe gran- fermentants et non fermentants. Un algorithme d'in-
dement au diagnostic des infections pulmonaires dues terprétation est ensuite utilisé par l'appareil pour asso-
aux légionelles de ce sérogroupe. La recherche d'antigè- cier à un taxon particulier des résultats de métabolisme
nes de pneumocoque dans les urines, par le même type biochimique.
de technique, pour les infections pulmonaires, ou dans L'automate Phoenix® de la firme BD utilise une démar-
les produits pathologiques comme le liquide céphalora- che assez voisine, avec des caractéristiques assez com-
chidien dans les méningites à pneumocoque peut contri- parables (fig. 2.29B). Des développements sont en cours
buer au diagnostic. Les recherches d'antigènes solubles chez ces fabricants.
par réaction d'agglutination tendent à être abandonnées Les appareils WalkAway® de Siemens permettent
au profit des techniques immunochromatographiques ou d'identifier de manière globale un nombre similaire de
au profit des techniques moléculaires, plus sensibles et taxons incluant les genres Neisseria/Haemophilus et les
plus spécifiques. bactéries anaérobies strictes (fig. 2.29C). Une comparai-
son des différents taxons identifiables par ces automates
est présentée en annexe 2.5.
Galeries miniaturisées et automates
En fonction des fabricants, ces automates permettent,
d'identification bactérienne de façon indépendante de l'identification ou conjointe,
Les tests effectués en tube de 15 ou 20 ml ont été progres- de tester la sensibilité des bactéries identifiées aux
sivement remplacés depuis de nombreuses années par des antibiotiques.
tests miniaturisés en galerie dans lesquels les différents
substrats étaient déshydratés. Pour n'en citer qu'un seul
type, universellement employé, il s'agit du système API®
Autres méthodes d'identification
de bioMérieux. Ces tests d'identification sont fondés sur bactérienne
l'étude d'une dizaine, d'une vingtaine ou de 32 caractères Méthodes moléculaires
en fonction des genres et espèces bactériens à identifier.
Ces tests sont fondés soit sur une croissance bactérienne Les méthodes moléculaires, en particulier fondées sur
associée à une étude de métabolisme (incubation de 18 à les réactions de polymérisation en chaîne (polymerase
28 Bactériologie médicale
chain reaction [PCR]), sont utilisées depuis quelques Certaines de ces méthodes peuvent s'appliquer direc-
années par les laboratoires et permettent notamment de tement sur le produit pathologique ou bien à partir des
diagnostiquer des infections dues à des bactéries non ou cultures.
difficilement cultivables sur milieux classiques ou de Les principes généraux seront détaillés dans le chapi-
croissance lente. Ces méthodes permettent également tre dédié à la biologie moléculaire et ses applications et
de mettre en évidence le portage de certaines bactéries. repris dans les chapitres concernés.
L'approche peut être spécifique de genre ou d'espèce
bactérienne en fonction de la spécificité des amorces. Au
Spectrométrie de masse
contraire, une approche dite par « PCR universelle » per-
met d'amplifier une cible retrouvée chez toutes les espè- Récemment sont apparus sur le marché des spectromètres
ces bactériennes. L'identification de l'espèce en cause de masse fondés sur la technologie MALDI-TOF (matrix-
sera alors fondée sur le séquençage du fragment amplifié, assisted laser desorption/ionisation time-of-flight), utili-
puis la comparaison de la séquence obtenue avec les ban- sant des bactéries entières et permettant l'identification
ques de données. bactérienne au rang d'espèce par comparaison des pics
La présence de certains gènes de résistance peut éga- protéiques obtenus avec les banques de données. Ces solu-
lement être recherchée par ces méthodes. C'est le cas tions d'identification présentent l'intérêt majeur d'être très
notamment pour le bacille tuberculeux, avec la recher- rapides (quelques minutes) et de pouvoir tester très facile-
che de la résistance à la rifampicine notamment qui est ment plusieurs colonies d'une même boîte. Des essais de
un marqueur de souche multirésistante, et la recherche du cette approche directement sur certains produits patholo-
gène mecA chez les staphylocoques responsables de la giques comme les urines ou sur des bouillons de culture
résistance aux pénicillines du groupe M. comme les hémocultures sont en cours de validation.
Démarche de l'examen bactériologique 29
ANNEXE 2-4
® ®
Comparaison des principales caractéristiques des automates Phoenix , Vitek ,
et WalkAway®.
Becton Dickinson bioMérieux Siemens
Appareil Phoenix® Vitek 2 compact® WalkAway®
Inoculum 0,25 McF 0,5 McF « 1 colonie »
Technique d'inoculation Facile Facile Très facile
Risque de contamination Galerie fermée Carte fermée Plaque ouverte
Lecture visuelle possible Non Non Oui
Germes identifiés
Staphylocoques Oui Oui Oui
Streptocoques Oui Oui Oui
Entérocoques Oui Oui Oui
Bacillus Oui Oui Non
Listeria Oui Oui Oui
Corynébactéries Oui Oui Non
Entérobactéries Oui Oui Oui
Pseudomonas Oui Oui Oui
Haemophilus/Neisseria Non Oui Oui
Campylobacter Non Oui Non
Anaérobies Non Oui Oui
Antibiogrammes
Staphylocoques Oui Oui Oui
Streptocoques Oui Non (sauf streptocoque B) Oui
Entérocoques Oui Oui Oui
Pneumocoque Oui Oui Oui
Listeria Non Non Oui
Corynébactéries Non Non Non
Entérobactéries Oui Oui Oui
Pseudomonas Oui Oui Oui
Haemophilus/Neisseria Non Non Non (sauf Haemophilus)
Anaérobies Non Non Non
Délais de résultat
– ID En moyenne de 10 à 12 h De 2 à 10 h (en moyenne En moyenne 3 h
6 à 8 h)
– AB En moyenne de 10 à 12 h De 5 à 15 h (en moyenne En moyenne 5 h (plus si
7 à 8 h) « besoin »)
30 Bactériologie médicale
▲
ANNEXE 2-5
Démarche de l'examen bactériologique 31
▲
32 Bactériologie médicale
▲
Démarche de l'examen bactériologique 33
POUR EN SAVOIR PLUS
CARBONNELLE B, DENIS F, MARMONIER A, PINON G, VARGUES R. MARCHAL N, BOURDON JL, RICHARD C. Les milieux de culture
Bactériologie médicale. Techniques usuelles. Simep ; pour l'isolement et l'identification biochimique des
1987. bactéries. Paris : Doin ; 1982.
Milieux et réactifs de laboratoire Pasteur. Microbio-
logie immunologie. Diagnostics Pasteur. Oxoid Le
Manuel Éditions ; 2001.