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Chapitre 2 : Les Principes cardinaux de la modélisation

comptable

La comptabilité comme toute autre discipline, est basée sur des principes relatifs à des
objectifs assignés. Ces principes sont issus de la pratique comptable, mais reconnus par la
doctrine et ont fait l’objet de normalisation et de règlementation : OHADA. C’est le droit
OHADA qui énonce les principes comptables et, le respect de ceux-ci permet de présenter des
comptes annuels réguliers et sincères, donnant ainsi une image fidèle du patrimoine, de la
situation financière et du résultat.

1. Les Emplois et les Ressources


Pour exploiter ses activités, une entité met en œuvre des moyens de production afin de
fournir à sa clientèle, un ensemble de biens et de services. La possession de ces moyens
constitue des Emplois qui sont financés par les Ressources dont dispose l’entité. En somme,
toute acquisition de moyen de production (emplois) s’accompagne obligatoirement d’un
financement mis la disposition de l’entité (ressources).
Les Ressources sont mises à la disposition de l’entité par : l’exploitant ou les associés,
les établissements de crédit et les fournisseurs. L’ensemble de ces ressources est affecté à
divers emplois notamment l’acquisition d’immobilisation (terrain, matériels, mobilier,
immeubles), des matières premières et des marchandises, la détention des créances sur les
clients en raison du décalage de paiement et la constitution de la trésorerie.

Exemple : JEMY qui, pour la création de son entité, apporte une somme de 150 000
FCFA déposée sur un compte bancaire ouvert à Afriland First Bank. Il achète ensuite divers
matériels d’exploitation pour une valeur de 200 000 FCFA. La moitié est payée par chèque,
l’autre moitié est financée par un emprunt contracté auprès de la BICEC. Il achète également,
pour un montant de 60 000 FCFA, des marchandises. Le fournisseur lui accorde un délai de
paiement de 30 jours.
Il ressort à la suite de ces opérations que :
¾ L’état des ressources utilisées est le suivant :
- Apport personnel de JEMY : 150 000
- Emprunt BICEC : 100 000
- Crédit fournisseur : 60 000
Total : 310 000
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¾ L’état des emplois utilisés est le suivant :
- Matériels d’exploitation : 200 000
- Stock de marchandises : 60 000
- Disponibilité sur le compte bancaire à Afriland First Bank : 50 000
(Dépôt par JEMY : 150 000 - Retrait pour achat matériels : - 100 000)
Total : 310 000

On remarque donc que, l’ensemble des ressources utilisées finance l’ensemble des
emplois dont le montant est équivalent. Le suivi de ces mouvements repose sur leur
enregistrement dans les comptes.

2. Le fonctionnement des comptes


Un compte est un tableau comportant deux parties dans lesquelles on enregistre les
opérations qui le concerne : la partie gauche est intitulée Débit et la partie droite est intitulée
Crédit.
Débiter un compte, c’est inscrire un montant à son Débit (partie gauche) et Créditer
un compte, c’est inscrire un montant à son Crédit (partie droite).
En reprenant l’exemple ci-dessus, nous avons le compte Banque qui se présente
comme suit :
BANQUE
Débit Crédit

150 000 100 000

150 000 100 000

En comparant le total des sommes inscrites au débit avec celui porté au crédit, on
obtient le solde du compte. Dans le cas d’espèce, le compte présente un solde débiteur de
150000-100000= 50 000.

Dans un compte, lorsque :

x Total Débit ˃ Total Crédit, le solde est débiteur


x Total Crédit ˃ Total Débit, le solde est créditeur.

Par convention, les Comptes relatifs aux Ressources sont crédités pour
enregistrer une augmentation des ressources et débités pour constater une diminution des
ressources.

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Par convention, les comptes relatifs aux emplois sont débités pour enregistrer une
augmentation des emplois et crédités pour enregistrer une diminution des emplois.

3. Le principe de la partie double

Il règle la saisie des informations financières dans les comptes. Ce principe signifie
qu’une flèche « Allée » est systématiquement accompagnée d’une flèche « Retour ».deux
niveaux d’explication de ce principe s’observent :

3.1. L’explication par les flux

Un flux est un mouvement de quantité ou de valeur au cours d’une période


déterminée. Du point de vue économique, les flux économiques sont des mouvements de
biens et de valeurs qui se produisent dans un intervalle de temps déterminé. Elle repose sur
l’idée que la comptabilité des entités a pour rôle fondamental de mémoriser des flux
économiques nés d’opérations d’échange. Le principe de la partie double procède à la
classification duale des flux. Par exemple, un achat de marchandise au comptant, donne
indubitablement naissance à deux flux en sens contraire et de même montant.

Monnaie
Entité cliente Entité fournisseur
Marchandises

L’analyse de cette relation se présente ainsi :


Entité cliente : Ressource = Stock de monnaie ; Emploi : Stock de marchandises
Entité fournisseur : Emploi : stock de monnaie ; Ressources : stock de
marchandises.
Les deux entités notent respectivement l’origine du flux entrant (emploi) et celle du
flux sortant (ressource). Cette analyse constitue une sorte de théorème : « Tout emploi est
financé par une ressource, toute ressource finance un emploi ».
L’origine du flux indique une ressource, c’est-à-dire « ce qui fournit de quoi
satisfaire un besoin » La destination du flux indique l’emploi, c’est-à-dire l’utilisation de
l’élément transféré par le flux.

Exemple1 : L’entité YOEL achète 10 sacs de riz à l’entité JEMY pour un prix de 600 000 F

10 sacs de cacao pour une valeur de 600 000 F


X Y

Exemple 2 : L’entreprise YOEL remet en règlement 600 000 F à l’entité JEMY

X Espèces
Z

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3.2. L’explication patrimoniale (les stocks)
Celle-ci repose sur l’analyse et la mesure du patrimoine et la situation nette. Cette
dernière est constituée de l’ensemble des biens et des droits détenus (A) et l’ensemble des
dettes (D). A un moment donné, la situation nette se mesure en faisant la différence entre la
valeur de (A) et la valeur des dettes (D). Cette relation permet d’énoncer selon André Cibert
(1983) ce qui suit : « Tout mouvement affectant un élément quelconque du bilan est
nécessairement accompagné d’un mouvement inverse et de même valeur sur un ou plusieurs
autres éléments ».
Par exemple, pour un achat de marchandise en espèce de 10 000 FCFA, l’entité
augmente l’actif (le compte stock) du montant des marchandises et, simultanément, diminue
l’actif (le compte caisse) du montant payé. D’où le schéma du compte en T suivant :
D Stocks C D Caisse C

10 000 10 000

Traditionnellement, le compte se présente ainsi :

DEBIT Compte Banque CREDIT


Dates Libellés Montant Dates Libellés Montant
- Solde initial 2 5000 - Règlement fournisseur 13 000
- Règlement client 10 000 - Paiement salaire 5 000
- Apport actionnaires 20 000

Exemple : Au 26 janvier 2019, le compte caisse de l’entité KAMDEM présentait un solde


débiteur de 600 000. Entre le 27 et 31 janvier, M. KAMDEM a réalisé les opérations ci-
après :
27/01 Règlement des fournisseurs en espèces 300 000
28/01 Vente contre espèces 500 000
29/01 Achat contre espèces de marchandises 400 000
30/01 Versement en espèces du client 300 000
31/01 Divers règlements contre espèces :
- Loyer du magasin 50 000
- Salaire du gardien 35 000
- Ration alimentaire ménage ESSOMBA 100000
- Prélèvement pour argent de poche 50 000

T.A.F : Présenter le compte caisse de l’entreprise ESSOMBA entre le 27 et le 31 janvier et


l’arrêter à la date du 31 janvier.

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Solution
1) Compte à tracé normalisé
571 Caisse principale
Dates Libellés Montant Dates Libellés Montant
27/01 A nouveau 600 000 27/01 Règlement fournisseurs 300 000
28/01 Vente contre espèces 500 000 29/01 Achat contre espèces 400 000
30/01 Versement client 300 000 31/01 Règlement loyer 50 000
31/01 Salaire gardien 35 000
31/01 Ration alimentaire 100 000
31/01 Argent de poche 50 000
31/01 Solde débiteur 465 000
Total 1 400 000 Total 1 400 000

4. L’analyse comptable de l’information financière

La pratique de la comptabilité s’appuie sur les pièces justificatives. Selon le code de


commerce, « tout enregistrement comptable précise l’origine, le contenu et l’imputation de
chaque donnée ainsi que les références de la pièce justificative qui l’appuie ». Trois
catégories de pièces justificatives sont à distinguer :

x Les pièces en provenance de l’extérieur : factures fournisseurs, documents de


banque, contrats, règlements envoyés par les clients, etc. ;
x Les pièces créées par l’entreprise elle-même à l’intention de tiers : factures clients,
fiche de paie, règlements envoyés aux fournisseurs ;
x Les pièces d’origine interne : état de stock, pièces de caisse, tableaux
d’amortissement, de provisions…

Toutes ces pièces doivent être conservées pendant une période 15 ans comme les
livres comptables obligatoires. Pour un enregistrement, il faut impérativement préciser la date,
la nature de l’opération, le tiers intervenant, le montant de l’opération.

5. Les livres comptables

Au terme de l’article 20 du Syscohada (2017), Les livres comptables et autres


supports dont la tenue est obligatoire sont :

x le Livre-Journal, dans lequel sont inscrits les mouvements de l'exercice, dans


un ordre chronologique (jour par jour), les différentes opérations décrites dans les pièces
justificatives. Pour chaque opération, le journal doit indiquer : la date, le code et le nom du
compte débité, le code et le nom du compte crédité, le libellé de l’opération avec référence de
la pièce justificative.
03/10
571 Caisse 200 000

4111 Clients 200000


P.C n° 123, règlement Ondoua

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x le Grand-Livre, constitué par l'ensemble des comptes de l’entité, où sont reportés
ou inscrits simultanément au journal, compte par compte, les différents mouvements de
l'exercice. Il représente la carte de l’entité et les enregistrements au journal y sont
systématiquement reportés ;
x la Balance Générale des comptes, état récapitulatif faisant apparaître, à la clôture
de l'exercice, pour chaque compte : le solde débiteur ou le solde créditeur, à l'ouverture de
l'exercice ; le cumul depuis l'ouverture de l'exercice des mouvements débiteurs et le cumul
des mouvements créditeurs ; le solde débiteur ou le solde créditeur, à la date considérée ;
La balance peut être à 4, 6 ou 8 colonnes de montants
¾ La balance à 6 colonnes

N° Soldes d’ouverture Mouvements période Soldes de clôture


Intitulés
Cptes D C D C D C

La balance fournit un certain nombre de contrôles arithmétiques :

ƒ Total des soldes débiteurs à l’ouverture = total des soldes créditeurs à l’ouverture
ƒ Total mouvements débit = total mouvements crédit
ƒ Total soldes débiteurs = total soldes créditeurs
ƒ Total mouvements débit = total journal débit ; total mouvements crédit = total
crédit du journal
x le Livre d'Inventaire, permet de vérifier que la comptabilité colle au réel. Chaque
entité doit, au moins une fois par an, contrôler par inventaire tous les éléments
actifs et passifs de son patrimoine et établir ses comptes annuels au vu de cet
inventaire. Le livre d’inventaire comprend : l’inventaire proprement dit
(physique : nature, quantité et valeur) et les comptes annuels que sont le Bilan, le
Compte de résultat et le Tableau des flux de trésorerie de chaque exercice, ainsi
que le résumé de l'opération d'inventaire.

6.1 – Les différentes sortes de comptes

6.1.1 - Comptes de bilan


Les opérations inscrites dans le bilan sont réparties en cinq classes de comptes
appelés comptes de bilan et organisés ainsi :
• Classe 1 : Comptes de capitaux
• Classe 2 : Comptes d'immobilisations
x Classe 3 : Comptes de stocks et en-cours
• Classe 4 : Comptes de tiers
x Classe 5 : Comptes financiers :

6.1.2. Compte de Gestion


Les opérations relatives à la détermination du résultat sont réparties en deux classes
de comptes organisées ainsi :

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• Classe 6 : Comptes de charges
• Classe 7 : Comptes de produits
x Classe 8 : Comptes des charges et produits hors activités ordinaires

7. Distinction entre charges et immobilisations


L’investissement est l’opération par laquelle une entreprise acquiert une
immobilisation afin d’accroître sa capacité de production ou de distribution. Ces
investissements peuvent prendre la forme de biens corporels, incorporels ou financiers (pour
tout développement, se reporter au plan comptable OHADA ou le Syscohada révisé 2017). Ils
se distinguent des dépenses ayant le caractère de charges et obéissent à des règles spécifiques
d’évaluation et d’enregistrement.

La principale distinction entre une immobilisation et une charge, s’opère


essentiellement sur le critère de durée d’utilisation d’un bien :

x Constituent des immobilisations, les biens qui ne se consomment pas par le


premier usage et qui sont destinés à servir durablement à l’activité de l’entité. Ils
s’enregistrent dans un compte de la classe 2 et sont inscrits à l’actif du bilan ;
x Constituent des charges, les biens destinés à être revendus en l’état
(marchandises) ou après transformation (matières premières) ou encore les biens
qui seront consommés rapidement (matières consommables, fournitures). Ils
s’enregistrent dans un compte de la classe 6 et contribuent à la détermination
du résultat de l’exercice.
x En ce qui concerne le cas des biens de faible valeur répondant à la définition
d’une immobilisation, l’administration fiscale retient un seuil qui autorise
l’inscription en charges des matériels, outillages, mobiliers de bureau, dont la
valeur hors taxe est inférieure ou égal 500 000 FCFA.

Exemple :
La société PELAP réalise les opérations suivantes :
x 1/6 achat à la SCI LANTA d’un immeuble de 140 000 000 FCA HT, dont
25 000 000 FCFA représentant le prix du terrain sur lequel l’immeuble est bâti.
Règlement par chèque bancaire 5/6, le reste devant être réglé dans 3 mois.
x 10/6 achat d’un photocopieur, 800 000 Fcfa HT, TVA : 19,25%, règlement de la
moitié par chèque postal et le reste dans 6 mois.
x 15/6 achat d’un mobilier de rangement 400 000 Fcfa HT, TVA : 19,25% par
chèque bancaire.
x 20/6 achat d’une voiture de tourisme, 15 000 000 Fcfa HT, TVA : 19,25%,
règlement au comptant par chèque bancaire.
x 30/6 Achat d’un ordinateur à la société MELY 2 000 000 Fcfa HT, TVA :
19,25%, frais d’installation et de mise en marche réglés au bureau INFO
DESIGN : 120 000 Fcfa HT, règlement par chèque bancaire.

Enregistrer les opérations au journal de la société PELAP.

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Solution
Calculs préliminaires
ƒ Coût d’acquisition de la voiture de tourisme :
15 000 000 + (15 000 000 * 0,1925) = 17 887 500
ƒ Coût d’acquisition ordinateur :
2 000 000 + 120 000 = 2 120 000
Débit Crédit 1/6 Montant Débit Montant crédit
223 Terrains bâtis 25 000 000
231 Bâtiments industriels 115 000 000
4812 Immobilisations corporelles 40 000 000
521 Banques locales 140 000 000
Fact n°……
10/6
2441 Matériels de bureau 800 000
4451 Etat, TVA récup/immobilisations 154 000
4812 Immobilisations corporelles 477 000
531 Chèques postaux 477 000
Fact n°….
15/6
6047 Fournitures de bureau 400 000
4451 Etat, TVA récup/immobilisations 77 000
521 Banques locales 477 000
Fact n°….
20/6
2451 Matériel automobile 17 887 500
521 Banques locales 17 887 500
Fact n°…
30/6
2442 Matériel informatique 2 120 000
4451 Etat, TVA récupérable/immob. 408 100
521 Banques locales 2 528 100
Fact n°…

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