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Introduction

L
e mot « management », contrairement à ce que certains initiative, une action, un projet, un programme ou une œuvre
prétendent1, ne provient pas directement du vieux français que l’on veut mener à bien. En embrassant ces deux définitions,
« ménager ». Il n’en est tout au plus qu’un cousin éloigné2. nous misons sur le postulat selon lequel le management concerne
En fait, il dériverait plutôt de manège (« lieu où se font les les individus, les entreprises et la société dans son ensemble. Par
exercices de dressage que l’on fait faire à un cheval ») qui provient conséquent, cet ouvrage vise un public composé de personnes
lui-même de l’italien maneggiare (« contrôler, manier, avoir en qui croient (encore) à l’importance du management et à sa
main », du latin manus « main »). Pourtant, avec les crises écono- capacité à se renouveler3.
miques, écologiques, politiques et sociales qui secouent la planète
À la base du management se trouvent quatre processus essentiels
en ce début de XXIe siècle, resserrer les liens entre le management
à toute entreprise pour soutenir ses activités et atteindre ses
et le ménagement se révèle indispensable. En effet, la responsabi-
objectifs (Figure 1) :
lité du management consiste de plus en plus à « employer avec
modération », à « traiter avec des attentions particulières », à « faire 1) La planification est le processus grâce auquel on anticipe
preuve d’indulgence », à « utiliser avec parcimonie » ou encore « à l’avenir et formule les objectifs qui doivent guider les
ne pas abuser » d’une chose ou d’une personne. Les connais- actions des uns et des autres, tout en pavant le chemin à
sances, le savoir-faire et le savoir-être qui viennent avec cette l’entreprise de demain.
responsabilité forment le cœur de cet ouvrage.­ 2) L’organisation est le processus grâce auquel on conçoit et
coordonne le travail des membres de l’entreprise.
Depuis plus d’un siècle, le management se définit comme l’en-
semble des activités et des outils de planification, d’organisation, 3) La direction est le processus grâce auquel on oriente
de direction et de contrôle nécessaires pour qu’une entreprise l’action des membres de l’entreprise, communique les
atteigne ses objectifs. Dans son sens strict, une entreprise corres- informations requises pour accomplir les tâches, motive
pond à une unité socioéconomique de production de biens ou le personnel et participe au développement des relations
de services : elle peut prendre la forme d’une corporation, d’une humaines au sein de l’entreprise.
firme, d’une société d’État, d’une coopérative, d’une association,
etc. Dans un sens plus large, une entreprise désigne une

1. David (2016).
2. Aktouf (2012). 3. Déry (2007).

1
2 L E MANAGE ME NT R E SPONSAB L E • U NE APPR OC HE AXIOLOGIQUE

4) Le contrôle est le processus de rétroaction grâce auquel la recherche scientifique et analyser les situations qu’il rencontre
on prend la mesure des réalisations de l’entreprise et on pour construire, à l’aide de ces connaissances scientifiques, sa
en juge l’efficacité4. manière d’agir.

Figure 1 Figure 2
Les quatre processus essentiels au management d’une entreprise Les trois sources auxquelles s’abreuve le management

ART
PLANIFICATION Vision
Créativité

CONTRÔLE LE MANAGEMENT ORGANISATION


LA GESTION
EN TANT
QUE PRATIQUE

SCIENCE ARTISANAT
DIRECTION Analyse Expérience
Données systématiques Apprentissage pratique

(Déry et coll., 2015) (Mintzberg, 2010)

Selon Henry Mintzberg, l’un des plus importants théoriciens Toujours selon Mintzberg, hormis certaines actions clairement
contemporains de la discipline, le management est une pratique illégales ou inhumaines, aucune pratique de management n’est,
qui s’abreuve à trois sources : l’art, l’artisanat et la science en soi, meilleure ou plus efficace qu’une autre : la pertinence
(Figure 2)5. Selon cet auteur, le management relève d’abord et d’une pratique dépend du contexte et de la façon dont elle est
avant tout d’un art qui s’appuie sur l’intuition et une vision mise en œuvre. Pour Sumantra Ghoshal, il existe cependant de
globale de la manière dont les choses devraient être, tout mauvaises théories du management6. Ce dernier soutient, à cet
comme le peintre ou le sculpteur qui « voient » leur œuvre avant égard, que les écoles de gestion, à travers les théories qu’elles
de la réaliser. Dans sa relation à l’artisanat, le management promeuvent, ont une grande part de responsabilité dans l’émer-
renvoie à un apprentissage par l’expérience : gérer doit s’ap- gence de pratiques managériales qui ont conduit et qui
prendre en gérant. Le gestionnaire réagit aux évènements tels conduisent encore aux scandales trop fréquents qui affectent le
qu’ils se présentent et construit, au fur et à mesure, sa propre monde des affaires (p.  ex., mauvais traitement du personnel,
pratique du management. Enfin, si le management n’est certai- fraude, mensonge, extorsion, corruption et destruction de la
nement pas une science exacte et appliquée, le gestionnaire biosphère). En propageant certaines théories foncièrement
doit tout de même utiliser les données probantes obtenues par amorales, les écoles de gestion libèrent leurs étudiants de tout

4. Déry et coll. (2015, p. 83-84).


5. Mintzberg (2010). 6. Ghoshal (2005).
I NTR ODU C T I ON 3

sens de responsabilité morale, en plus de légitimer des pratiques la finalité humaniste de l’entreprise [et] sa responsabilité sociale
managériales douteuses7. et environnementale11 ». Dans l’esprit de l’entreprise humaniste,
et au-delà des seuls intérêts économiques, le management
Vincent de Gaulejac soutient, quant à lui, que l’obsession du
responsable place sur un pied d’égalité la bienveillance à l’égard
rendement financier, l’exigence par les actionnaires de divi-
des employés, la qualité des produits et du service à la clientèle12
dendes toujours plus élevés sans souci des moyens pour y
et le respect envers la planète13.
parvenir, le culte de la performance et la norme de compétitivité
sont autant de facteurs qui contribuent au découpage de la
société en marchés8. Tout cela rend légitimes une guerre écono- LE GRAND DÉFI DU MANAGEMENT RESPONSABLE :
mique sans merci pour les parts à conquérir et l’indifférence OPÉRATIONNALISER LE DÉVELOPPEMENT DURABLE
envers certaines « parties prenantes » de l’entreprise, en particu-
lier les employés, ces derniers pouvant être jetés comme des Avant d’aborder de front la notion de développement durable,
rebuts9. La culture du résultat financier poussée par un mana- il convient de brosser un tableau de la quadruple crise qui secoue
gement par projet10 s’érige en nouvelle idéologie managériale. la société mondialisée contemporaine14 :
Elle a pour effet de transformer le monde du travail en un 1) La crise économique rappelle les limites, voire les contra-
champ de bataille caractérisé par une pression constante, l’ex- dictions, du système économique dominant. De la fin de
clusion des moins performants, le harcèlement, le stress et la la Seconde Guerre mondiale, en 1945, jusqu’au premier
perte générale du sens et de la motivation au travail. choc pétrolier, en 1973, ce système a nettement amélioré
les conditions de vie dans la grande majorité des pays
Les théories amorales véhiculées par les écoles de gestion et les développés, de même qu’il en a diminué les inégalités. De
pratiques managériales néfastes soutenues par l’obsession de la nos jours, ce système génère toutefois davantage d’inéga-
performance financière ont ceci en commun qu’elles placent le lités qu’il ne permet d’en enrayer15.
rendement financier à court terme au-dessus de toutes les autres
considérations, surtout sociales et environnementales, avec des 2) La crise écologique découle de l’exploitation des
conséquences souvent catastrophiques. À ce portrait sombre de ressources naturelles bon marché pour les transformer en
l’entreprise, du management et de son enseignement, Jacques biens jetables et de l’utilisation de la nature comme d’une
Lecomte oppose un vibrant plaidoyer pour les entreprises poubelle géante. Or, la nature n’est plus capable de jouer
humanistes, dont les principaux traits renvoient à « la motiva- cette double fonction16.
tion par le sens donné au travail, la confiance des collaborateurs,
le leadership serviteur, le sentiment de justice organisationnelle,

11. Lecomte (2016, p. 9).


7. La science économique n’est pas en reste : on y enseigne encore la main 12. À titre d’exemple, l’entreprise Apple a récemment reconnu qu’elle ralentissait
invisible d’Adam Smith comme une vérité absolue alors que ce dernier l’envi- volontairement les performances des piles des iPhone (La Presse, 2017)
sageait plutôt comme une métaphore utile, mais une métaphore tout de 13. Lecomte (2016).
même (Pauchant, 2018). 14. Keucheyan (2017).
8. De Gaulejac (2009). 15. Le plus récent rapport d’Oxfam sur les inégalités dans le monde montre
9. Rappelons, à tire d’exemple, qu’à la suite de la fermeture de l’entreprise de qu’elles s’accentuent (http://wir2018.wid.world/).
commerce de détail Sears, les employés ont perdu leurs avantages sociaux alors 16. Lefèvre (2016). Les symptômes de la crise écologique sont difficiles à nier :
que les investisseurs ont reçu des milliards de dollars en dividendes (Mason, réchauffement climatique, extinction massive d’espèces, prolifération des
(2018). nuisances et autres pollutions (Figure 3). Des scientifiques ont récemment créé
10. Selon Gilles (2011, p. 74), « [l]e management par projet combine la gestion le concept d’anthropocène pour rendre compte des crises qui affligent notre
de projet, dans sa fonction “caisse à outils”, et la fonction de direction de époque. Selon les tenants de ce concept, les activités humaines ont maintenant
projet en charge de la définition des objectifs (coûts, délais, spécifications un impact si important et dynamique sur l’environnement global qu’elles
techniques), des actions politiques, des aspects financiers et de l’organisation entrent en rivalité avec les grandes forces de la nature en matière d’impact sur
du travail collectif des équipes [de] projets ». le fonctionnement du système planétaire (Bonneuil et Fressoz, 2016).
4 L E MANAGE ME NT R E SPONSAB L E • U NE APPR OC HE AXIOLOGIQUE

3) La crise politique renvoie à la méfiance généralisée des régénérer et offrir le même niveau de subsistance à tous les êtres
populations à l’égard de la démocratie représentative, de vivants, notamment à l’espèce humaine21. Franchir ces limites
même qu’à l’incapacité des gouvernements à gérer les non seulement reviendrait à hypothéquer la vie sur la Terre,
affaires publiques dans l’intérêt du bien commun17. mais entraînerait aussi des crises écologiques telles que la dété-
4) La crise sociale renvoie à la polarisation de plus en plus rioration importante de la biodiversité, l’acidification des
grande entre les groupes qui composent la société (p. ex., océans, la désertification de plusieurs régions, la diminution des
riches contre pauvres, gauche contre droite, ville contre réserves de ressources non renouvelables et exploitables (comme
campagne) et à ses conséquences dommageables sur le les hydrocarbures ou le charbon) et l’accroissement des désastres
vivre-ensemble. naturels (Figure 3)22.

Le concept de développement durable a été popularisé par les De plus en plus de scientifiques comprennent d’ailleurs qu’il n’y
travaux de l’ONU (Organisation des Nations unies) visant à aura pas de victoire en environnement sans une plus grande
repenser la relation entre les êtres humains, l’économie et la justice sociale23. Les modes de production et de consommation
nature. Le rapport Brundtland, publié en 1987 et considéré actuels créent, on le sait tous maintenant, d’énormes dommages
comme un précurseur en la matière18, souligne que « le genre à la planète tout en faisant bon nombre de victimes, d’exclus et
humain a parfaitement les moyens d’assumer un développe- d’autres laissés-pour-compte du développement partout à
ment durable, [c’est-à-dire] de répondre aux besoins du présent travers le monde. L’exclusion de larges pans de populations
sans compromettre la possibilité pour les générations à venir de humaines des considérations sur le développement durable
satisfaire les leurs19 ». S’appuyant, entre autres, sur le constat risque d’entraîner davantage de conflits qui pourraient nuire
selon lequel la consommation globale actuelle des ressources aux avancées réalisées sur le plan strictement environnemental.
naturelles est plus grande que leur capacité de régénération, les Voilà pourquoi les objectifs du développement durable
représentants des nations se sont rassemblés20 pour mettre en (Figure  4) de l’Organisation des Nations unies accordent une
place des plans d’action visant à prévenir les catastrophes appré- grande place à la dimension humaine (p. ex., éradication de la
hendées. D’un point de vue écologique, le fait de dépasser pauvreté, accès à des emplois décents, réduction des inégalités).
certaines limites signifierait que la Terre ne pourrait plus se

17. Certains sondages récents montrent que les citoyens ont moins confiance
dans les services publics que dans les entreprises privées (Giguère, 2018).
18. Le rapport du Club de Rome en 1972 avait été le premier coup de semonce
sur les limites à la croissance (voir Meadows et coll., 2004). Le thème de la
responsabilité envers les générations futures avait déjà été exploré par le philo-
sophe Hans Jonas (1903-1993), sans toutefois encore faire référence à l’idée
d’un développement dit durable.
19. CMED (1987, p. 14).
20. La Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques,
adoptée à Rio en 1992, prévoit une rencontre annuelle des parties prenantes, 21. Rockström et coll. (2009) ; Steffen et coll. (2015).
appelée Conférence des parties (COP). La Conférence de Paris sur les chan- 22. Lefèvre (2016).
gements climatiques (COP21) a débouché sur l’Accord de Paris de 2015. 23. Pilon (2017).
I NTR ODU C T I ON 5

Figure 3
L’impact des activités humaines sur la viabilité de l’humanité

FACTEURS CULTURELS AGGRAVANTS

CROISSANCE COMPORTEMENT CROISSANCE INNOVATION


GOUVERNANCE
ÉCONOMIQUE SOCIAL DÉMOGRAPHIQUE TECHNOLOGIQUE

ACTIVITÉS HUMAINES
(Extraction des ressources, transformation et utilisation, transport,
agriculture et élevage, urbanisation, production et consommation d’énergie)

PÉNURIE DE DESTRUCTION Altération POLLUTION


RESSOURCES DES HABITATS (émission et redistribution
(prélèvement) (changement d’utilisation) des habitats de molécules)

CRISES ÉCOLOGIQUES (CRISE ENVIRONNEMENTALE GLOBALE)


Érosion Cycles de Trou de
Cycle Désertifi- Qualités Changement Dégradation
de la l’azote et du la couche
de l’eau cation des sols climatique des océans
biodiversité phosphore d’ozone

CONSÉQUENCES SUR L’ÊTRE HUMAIN


Eaux Réfugiés
Inspiration Connaissance Crise
Catastrophes potables et environ- Santé
culturelle scientifique alimentaire
sanitaires nementaux

Bien-être, impacts sociaux


Viabilité de l’humanité

(Lefèvre, 2016)
6 L E MANAGE ME NT R E SPONSAB L E • U NE APPR OC HE AXIOLOGIQUE

Figure 4 Puisque le principal défi du développement durable est son


Les objectifs du développement durable 24 opérationnalisation, il interpelle directement la notion de
management responsable. S’il n’existe pas de définition univer-
selle du management responsable27, cet ouvrage le définit

OBJECTIFS DURABLE
DE DÉVELOPPEMENT simplement comme un management qui intègre, dans ses
activités et ses outils, la triple contrainte sociale, économique et
environnementale du développement durable. Le management
1 ÉRADICATION DE
LA PAUVRETÉ 2 LUTTE CONTRE
LA FAIM 3 BONNE SANTÉ
& BIEN-ÊTRE 4 ÉDUCATION
DE QUALITÉ 5 ÉGALITÉ ENTRE
LES SEXES 6 EAU PROPRE ET
ASSAINISSEMENT
responsable propose ainsi une nouvelle orientation au manage-
ment traditionnel en lui infusant des valeurs inspirées de
l’interaction entre ces trois dimensions. En effet, c’est à l’inter-
section de ces dimensions – soit l’équité, la vivabilité et la
7 RECOURS AUX
8 ACCÈS À DES
9 INNOVATION ET
10 RÉDUCTION
11 VILLES ET
12 CONSOMMATION
ÉNERGIES
RENOUVELABLES
EMPLOIS DÉCENTS INFRASTRUCTURE DES INÉGALITÉS COMMUNAUTÉS
DURABLES
RESPONSABLE
viabilité – que se trouvent les enjeux concrets du développe-
ment durable qui doivent être gérés par et pour les personnes,
les entreprises et les sociétés en général (Figure 5).
13 LUTTE CONTRE LES
CHANGEMENTS
CLIMATIQUES
14 PROTECTION
DE LA VIE
AQUATIQUE
15 PROTECTION
DE LA VIE
TERRESTRE
16 PAIX ET
JUSTICE 17 PARTENARIATS
POUR LA
RÉALISATION

Figure 5
DES OBJECTIFS

Les dimensions du développement durable

(Adaptée de Nations unies, 2000)

ÉCOLOGIQUE
Bien que nous sachions qu’il faut se garder de réduire le déve-
loppement durable à sa seule dimension environnementale,
c’est encore souvent le premier réflexe dans le monde des affaires. VIVABLE VIABLE
Jeffrey Pfeffer montre d’ailleurs que, si la durabilité environne-
mentale a reçu beaucoup d’attention ces dernières années dans DURABLE

le monde des affaires, la durabilité sociale, quant à elle, a été


SOCIAL ÉCONOMIQUE
largement écartée des réflexions25. Par là, il entend que le
ÉQUITABLE
bien-être physique et mental des personnes au travail, mais aussi
des populations qui dépendent des entreprises, doit être
davantage inclus dans l’équation de la durabilité autant au
niveau mondial (p.  ex., réduire les inégalités dans les pays et
d’un pays à l’autre) que dans chaque entreprise (p. ex., réduire
l’écart entre la rémunération des membres de la haute direction 1) La première intersection introduit la notion d’équité, qui
et celle des employés)26. vise à allier prospérité économique et sociale, en luttant
concrètement contre les sources d’inégalités (p.  ex.,
24. Couvrant un spectre d’action beaucoup plus large que les huit objectifs de favoriser l’inclusion, l’insertion, la diversité, la solidarité,
développement du millénaire qui se concentraient essentiellement sur la lutte
contre la pauvreté sur la période 2000-2015, ces 17 objectifs du développe-
ment durable (ODD), assortis de 169 cibles d’action, visent plus généralement
trois objectifs ambitieux, à savoir : lutter contre la pauvreté, combattre les employés. De plus, cet écart ne fait que se creuser. En 1998, les PDG des
inégalités et l’injustice et régler le problème des changements climatiques. 60  plus grandes entreprises canadiennes cotées en Bourse gagnaient en
25. Pfeffer (2010). moyenne 60 fois le salaire médian des employés. En 2010, un PDG gagnait
26. Parmi tous les pays, le Canada affiche l’un des plus grands écarts entre la 150 fois le salaire médian d’un employé (Allaire, 2012).
rémunération des membres de la haute direction des entreprises et celle des 27. Nonet et coll. (2016).
I NTR ODU C T I ON 7

la répartition et la redistribution des ressources et des deux personnes peuvent avoir une lecture différente d’une
richesses, des revenus équitables, de meilleures conditions même situation, selon la valeur qu’elles utilisent pour la juger.
de vie et l’accès à la santé et à l’éducation)28. Cela dit, une valeur constitue un levier puissant qui oriente le
2) La deuxième intersection introduit la notion de vivabi- jugement (consciemment ou non) et, en conséquence, l’action
lité, qui requiert la prise en compte simultanée des qui en découle.
facteurs environnementaux et sociaux. Elle consiste à Selon Humphrey Bourne et Mark  Jenkins, quatre types de
assurer un cadre de vie acceptable pour que tout le monde valeurs circulent dans les entreprises30 :
puisse vivre dignement, et non uniquement survivre
1) Les valeurs épousées sont celles qui sont mises en avant
(p.  ex., contrôle des rejets atmosphériques, préservation
par la haute direction sur les sites Web et à l’intérieur des
de la biodiversité des habitats naturels, prévention des
rapports annuels, mais qui ne sont parfois que des outils
diverses formes de pollution et des impacts des change-
de marketing.
ments climatiques).
2) Les valeurs attribuées sont celles que les parties prenantes
3) La troisième intersection introduit la notion de viabilité,
d’une entreprise lui associent spontanément.
qui regroupe facteurs économiques et environnementaux.
Il s’agit de répondre aux besoins de toutes les populations 3) Les valeurs partagées renvoient à la synthèse des valeurs
en assurant leur pérennité économique sans toutefois personnelles communes aux membres d’une entreprise et
compromettre les besoins des générations futures (p. ex., qui guident concrètement leurs actions.
diminution de la consommation, meilleure gestion des 4) Les valeurs aspirationnelles correspondent aux aspira-
ressources naturelles, invention de nouveaux modes de tions des membres d’une entreprise, soit aux valeurs qu’ils
production, recours aux énergies renouvelables et innova- souhaiteraient mettre en avant, l’idéal vers lequel l’entre-
tions responsables). prise devrait tendre.
S’il est permis de croire que le management responsable repré-
LA STRUCTURE DE L’OUVRAGE sente déjà une aspiration, un idéal pour bon nombre de
personnes et d’entreprises, cet ouvrage vise à leur donner des
Le management responsable exige, pour son déploiement, un moyens d’incarner cet idéal au quotidien, à travers les pratiques
changement de mentalité dans les manières d’envisager la de gestion responsables qui y sont présentées.
conception, la production, la distribution et la consommation
de biens et de services, ainsi que la transformation des personnes, Cet ouvrage accompagne une formation en ligne gratuite et
des entreprises et de la société dans son ensemble. En d’autres ouverte à toutes et à tous (Massive Open Online Course, MOOC)
mots, le management responsable n’est pas une méthode que sur le management responsable. Le contenu de cette formation
l’on peut appliquer en suivant une recette ; il suppose de repenser procède de l’analyse d’entretiens menés auprès des professeurs et
nos habitudes et nos préjugés, et de réfléchir aux valeurs qui professeures du Département de management de la Faculté des
guident nos actions. En faisant des recherches sur le concept, il sciences de l’administration de l’Université Laval (FSA ULaval)31.
est devenu de plus en plus clair qu’il faut privilégier une pers- L’un des objectifs de cette formation est de proposer une repré-
pective axiologique29 grâce aux valeurs d’un management sentation des valeurs du management responsable qui seraient
responsable. Une valeur est un principe qui guide l’évaluation partagées par l’ensemble du corps professoral. Il faut cependant
d’un élément et permet de le juger. Elle est toujours relative, car
30. Bourne et Jenkins (2013).
28. À ce titre, il faut rappeler qu’en 2017, 82 % de la richesse créée dans le monde 31. Au total, trente-cinq professeurs ont participé à des entretiens semi-dirigés
est allée entre les mains de 1 % de la population (La Presse, 2018). d’une à deux heures. Chaque entretien a été enregistré et retranscrit pour en
29. En termes simples, l’axiologie (du grec axion « valeur ») est l’étude de ce qui faciliter l’analyse à l’aide du logiciel NVivo, ce qui a mené à la création d’un
peut être un objet de jugement de valeur, mais aussi des valeurs en général cadre conceptuel permettant d’intégrer les opinions parfois opposées émises
(Heinich, 2006 et 2017). par les professeurs.
8 L E MANAGE ME NT R E SPONSAB L E • U NE APPR OC HE AXIOLOGIQUE

noter que les professeurs possèdent des parcours particuliers qui influencer de manière importante l’avenir de l’espèce
les amènent à avoir des visions différentes de ce que devrait être humaine sur la planète Terre.
un management responsable. Le défi de cette formation en ligne 3) Le point de vue sociétal (ou macro) se concentre sur des
est de dépasser les prises de position personnelles pour promou- changements qui engagent la société dans son ensemble.
voir les sept valeurs communes qui se sont dégagées de nos Il intègre les gouvernements, les institutions internatio-
entretiens et qui forment le cadre conceptuel proposé pour nales et les organisations de la société civile à l’équation
mieux appréhender le management responsable (Figure 6). du management responsable.

Figure 6 Le premier chapitre porte sur l’efficacité, c’est-à-dire sur la


Les valeurs du management responsable qualité que doit posséder une personne, une chose ou une
approche pour produire les résultats attendus. L’efficacité est la
valeur cardinale du management responsable, car les ressources
Chapitre 3 Chapitre 4
DÉVOUEMENT AUDACE naturelles, humaines, matérielles et financières sont rares et
précieuses. Il est donc nécessaire de prendre les décisions qui
permettent d’utiliser efficacement ces ressources, en tenant
compte du contexte et des objectifs des parties prenantes. L’effi-
cacité est un concept polysémique qui peut être décrit de
manière assez simple (p. ex., rendement, rentabilité, producti-
Chapitre 2 Chapitre 1 Chapitre 5
vité et profitabilité) ou plutôt complexe (p. ex., utilité, fertilité,
INTÉGRITÉ EFFICACITÉ SOLIDARITÉ
santé et impact social).
• Sur le plan individuel, l’efficacité consiste, entre autres, à
bien utiliser les talents dont chaque personne dispose afin
de laisser une empreinte positive dans le monde. Le
sentiment d’efficacité personnelle est lié au sens que chacun
donne à sa vie et à ses actions, notamment au travail.
Chapitre 7 Chapitre 6
AGILITÉ HUMILITÉ • Sur le plan organisationnel, l’efficacité facilite l’atteinte
des objectifs attendus par les parties prenantes de l’entre-
prise. Ces objectifs sont rarement en parfaite harmonie ; il
faut donc apprendre à faire des compromis, voire des
Afin que soit explicitée la complexité du management respon- sacrifices.
sable, chaque valeur est présentée dans un chapitre distinct, à
partir de trois angles d’analyse : • Sur le plan sociétal, l’efficacité correspond à la pertinence
et à la cohérence des solutions apportées pour répondre
1) Le point de vue individuel (ou micro) aborde les compor- aux besoins des populations et de la planète. La prise en
tements et les attitudes des personnes qui évoluent à compte du développement durable demande un change-
l’intérieur et autour des entreprises. C’est souvent à la ment de mentalité et l’adoption d’un nouveau rapport au
suite d’actions individuelles que des mouvements collec- monde qui ne serait pas basé sur sa domination.
tifs émergent et inspirent des changements profonds dans
nos sociétés. Le second chapitre traite de l’intégrité, une valeur largement
2) Le point de vue organisationnel (ou méso) cible les médiatisée dans les scandales éthiques qui minent la réputation
actions de l’entreprise, de même que sa structure, ses des individus (p.  ex., l’escroquerie du financier américain
processus et ses parties prenantes. Les entreprises sont Bernard Madoff) et des entreprises (p. ex., la réduction fraudu-
également de puissants outils de changement qui peuvent leuse du taux d’émissions polluantes de certains modèles du
I NTR ODU C T I ON 9

groupe automobile allemand Volkswagen). En fait, l’intégrité bien-être des parties prenantes externes, notamment de la
présente au moins deux significations distinctes. D’une part, est communauté dans laquelle l’entreprise est installée).
intègre ce qui est authentique, « vrai », sans voile et sans artifice. • Sur le plan sociétal, cette valeur se manifeste par la bien-
D’autre part, l’intégrité consiste à être honnête, à ne pas mentir, veillance d’une société envers ses membres les plus
ni à tromper volontairement les autres. vulnérables (p. ex., filet social et action humanitaire).
• Sur le plan individuel, l’intégrité est souvent perçue
Le quatrième chapitre aborde l’audace, c’est-à-dire la capacité à
comme la qualité d’une personne qui fait preuve de
se dépasser et à innover, mais aussi à affronter ses peurs et à
leadership authentique. Chaque personne peut déve-
prendre des décisions courageuses, notamment en lien avec les
lopper son intégrité personnelle, notamment par
enjeux du développement durable. L’audace présente au moins
l’entremise de pratiques contemporaines (p. ex., médita-
trois modalités distinctes. Elle peut prendre la forme du dépas-
tion de pleine conscience) visant un état de congruence.
sement de soi et de l’ambition. L’audace peut aussi s’exprimer
• Sur le plan organisationnel, l’intégrité suppose une par le courage d’affronter les obstacles qui paraissent insurmon-
cohérence entre les valeurs et les actions de l’entreprise. tables. L’audace peut finalement se manifester à travers la
Elle implique en effet d’incarner les valeurs de l’entreprise, créativité, l’inventivité ou l’originalité.
et ce, tout en respectant les lois et en évitant de commettre
• Sur le plan individuel, l’audace se révèle, entre autres,
des fraudes et de la corruption. Les conseils d’administra-
dans des gestes de bravoure face à l’adversité (p. ex., les
tion jouent un rôle considérable dans l’atteinte et le
lanceurs d’alerte). En entreprise, le courage managérial et
maintien de cette intégrité organisationnelle.
le leadership transformationnel suscitent l’engagement
• Sur le plan sociétal, la valeur de l’intégrité correspond au des employés.
respect de la biodiversité environnementale et culturelle
• Sur le plan organisationnel, cette valeur s’exprime dans les
de la planète. Elle suppose notamment de lutter contre la
notions d’entreprise apprenante et innovante, mais aussi
marchandisation du vivant, qui brime l’intégrité des
dans le concept d’entrepreneuriat responsable, qui
écosystèmes et de la vie privée.
implique des sacrifices et des arbitrages.
Le troisième chapitre porte sur le dévouement, c’est-à-dire la • Sur le plan sociétal, l’audace s’affiche entre autres dans des
disposition à servir une personne ou une communauté pour son innovations sociales et des actions collectives qui bous-
bien-être, ou à se consacrer à une cause qui dépasse l’individu ou culent le statu quo et favorisent la transformation sociale.
l’entreprise. C’est la capacité de se décentrer de soi afin de
prendre soin des autres et de penser au bien-être d’autrui. Le Le cinquième chapitre présente la solidarité, qui renvoie
dévouement, d’une part, se présente sous la forme d’une bien- d’abord au rapport d’interdépendance entre des personnes ayant
veillance, d’une sollicitude et d’une compassion envers autrui conscience de la communauté d’intérêts qui les pousse à se
et, d’autre part, renvoie à une forme de générosité, de sacrifice porter une aide mutuelle. La solidarité requiert aussi la prise de
ou de don de soi. conscience de l’importance du collectif, du « nous » et du
vivre-ensemble, et la mise en place de pratiques qui favorisent ce
• Sur le plan individuel, il s’exprime au moyen d’attitudes
vivre-ensemble.
fondamentales, comme l’empathie et l’écoute active, mais
aussi par l’entremise de gestes concrets, notamment du • Sur le plan individuel, la solidarité exprime d’abord par
bénévolat et des dons en argent ou en nourriture. des gestes de camaraderie, de courtoisie et de collégialité
(p.  ex., adoption d’un vocabulaire inclusif, gestion
• Sur le plan organisationnel, le dévouement consiste à
adéquate des conflits et autres manifestations collectives
prendre soin de ses employés (p. ex., à mettre leur bien-
de considération) qui témoignent du fait que les personnes
être, leur santé et leur sécurité physique et psychologique
sont interdépendantes.
en priorité) et de sa communauté (p. ex., se soucier du
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• Sur le plan organisationnel, la solidarité s’exprime, d’une Le dernier chapitre présente l’agilité, soit la capacité à s’adapter
part, par la promotion de la diversité au sein des entre- à la complexité et aux conditions changeantes de son environne-
prises (p.  ex., égalité femmes-hommes, intégration des ment. Dans le contexte du management responsable, il s’agit
minorités et des groupes ostracisés) et, d’autre part, par d’une valeur à promouvoir, mais aussi d’une habileté à acquérir,
des initiatives citoyennes d’économie solidaire qui mettent car elle permet de naviguer entre les obstacles et d’éviter les
l’activité économique au service de finalités sociales. récifs. L’agilité présente au moins trois formes complémentaires.
• Sur le plan sociétal, cette valeur apparaît dans les efforts Si elle évoque la virtuosité, l’intelligence et la vivacité d’un
déployés pour promouvoir une solidarité internationale esprit, elle désigne aussi la souplesse, la flexibilité et l’élasticité
basée sur un partenariat d’égal à égal entre les populations d’un corps. Enfin, elle est synonyme de résilience, c’est-à-dire de
et pour instaurer une solidarité écologique basée sur la l’aptitude à résister à un stress intense et de la capacité à rebondir
refonte de nos relations avec les autres espèces vivantes. après une crise.
• Sur le plan individuel, l’agilité se révèle dans l’intelligence
Le sixième chapitre porte sur l’humilité, qui est la capacité d’ac-
émotionnelle qui consiste à reconnaître et à gérer ses
cepter ses torts, de reconnaître ses erreurs et de chercher de
propres émotions autant que celles des autres. Elle
l’aide quand on en a besoin. L’humilité présente au moins trois
s’exprime aussi dans la complexité comportementale qui
caractères distincts. Elle peut prendre la forme d’une discrétion,
permet aux gestionnaires de déployer un éventail d’habi-
d’une réserve, d’un effacement ou d’une modestie. L’humilité
leté de gestion et d’adopter des comportements qui
comprend aussi la capacité à reconnaître et à accepter ses
apparaissent opposés.
faiblesses, et donc, à être capable de demander de l’aide. Enfin,
cette valeur implique l’expression directe et honnête de • Sur le plan organisationnel, l’agilité se manifeste dans la
gratitude, autant envers autrui qu’envers la Terre qui nous capacité d’une entreprise à gérer autant les changements
accueille. qu’elle souhaite mener à terme que les crises qu’elle
affronte. Les notions d’entreprise agile et d’entreprise
• Sur le plan individuel, l’humilité implique d’apprendre à
opale32 font référence à des modes d’organisation basés
s’aimer tel que l’on est, sans chercher à surévaluer ou à
sur la flexibilité, l’adaptation et l’évolutivité.
déprécier ses qualités et ses réalisations. C’est une valeur
qui renvoie à la reconnaissance de ses propres limites et, à • Sur le plan sociétal, l’agilité se manifeste notamment dans
ce titre, elle est le point de départ conduisant les individus la manière par laquelle une collectivité gère les paradoxes
à s’améliorer. inhérents au développement durable. La pensée para­
doxale permet d’appréhender les interrelations complexes
• Sur le plan organisationnel, l’humilité consiste à apprécier
au sein d’une société.
le travail des employés et à montrer une sincère gratitude
pour l’aide reçue, pour le travail bien fait. L’humilité La conclusion comporte deux objectifs complémentaires.
organisationnelle implique aussi d’apprendre de ses Premièrement, elle montre comment les valeurs du manage-
propres erreurs et de celles des autres entreprises, afin de ment responsable décrites dans cet ouvrage s’intègrent dans le
s’adapter continuellement à son environnement. programme de l’ONU sur l’éducation aux principes du mana-
• Sur le plan sociétal, l’humilité rayonne notamment dans gement responsable (Principles of Responsible Management
des pratiques visant à exercer moins de pression sur l’en- Education) tout en bonifiant ce programme à l’aide de proposi-
vironnement et à montrer de la reconnaissance pour ce tions concrètes et audacieuses. Deuxièmement, elle décrit une
qu’offre la Terre. Cela consiste à redonner à l’espèce méthode éprouvée afin de donner une voix aux valeurs du
humaine sa juste place dans l’écosystème terrestre. management responsable. Il ne s’agit pas de décrire avec
précision les valeurs, mais plutôt, par l’intermédiaire de

32. Laloux (2014).


I NTR ODU C T I ON 11

l’enseignement, de leur donner vie en offrant aux personnes, Loin d’être un frein ou un obstacle au développement, le mana-
aux entreprises et à la société en général de les incarner au gement responsable s’articule autour d’une vision holistique de
quotidien. Il est permis d’espérer qu’en faisant corps avec ces l’efficacité pour relever les défis de notre époque. Il recentre les
valeurs, une personne trouvera la force nécessaire pour tenir tête actions des personnes, des entreprises et des collectivités autour
aux personnes qui agissent contre celles-ci et créera des alliances des valeurs-clés qui constituent le cadre général du management
avec les personnes qui les partagent. responsable que nous décrirons dans les prochains chapitres.
2
Bibliographie
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suggère que l’introduction de petites pratiques associées au Gilles, G. (2011). « Qu’est-ce que le management de projet ? ». Informations
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