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Hématurie

A - Définir, reconnaître et évaluer la gravité et l’urgence d’une hématurie :


1 - Définir et énumérer les différents types cliniques d’une hématurie.
2 - Enumérer les différents diagnostics différentiels (fausses hématuries)
3 - Citer les étapes de l’interrogatoire d’un patient qui présente une hématurie.
4 - Décrire l’examen clinique d’un patient qui présente une hématurie.
5 - Apprécier les critères de gravité d’une hématurie.
B - Enumérer les moyens de diagnostic d’une hématurie :
1 - Citer les examens biologiques à demander en cas d’une hématurie.
2 - Citer les indications et la chronologie des examens radiologiques à demander
3 - Citer l’intérêt des examens endoscopiques dans le cadre d’une hématurie.
C - Identifier l’étiologie d’une hématurie :
1 - Enumérer les différentes étiologies d’une hématurie haute.
2 - Enumérer les différentes étiologies d’une hématurie basse.
3 - Elaborer un arbre décisionnel.
D - Orienter le traitement d’une hématurie macroscopique :
1 - Savoir conduire le traitement selon l’étiologie.
2 - Reconnaître les indications d’hospitalisation.

A- Définir, reconnaître et évaluer la gravité et l’urgence d’une hématurie


1- Définir et énumérer les différents types cliniques d’une hématurie

Importance de l’âge et du sexe concernant l’hématurie :


o L’orientation devant le sexe :
- Un homme jeune qui se présente pour une hématurie le diagnostic le plus fréquent c’est
plutôt des origines néphrologiques

- Une femme jeune qui se présente pour une hématurie le diagnostic le plus fréquent c’est
une infection urinaire : la cystite. Il y a des cystites qui sont hémorragiques graves ou
sévères...
o En ce qui concerne l’âge :

Si c’est un homme âgé ou une femme âgée qui se présente pour une hématurie on pense à des
causes plus graves comme le cancer : les cancers urothéliaux ou le cancer du rein

L'hématurie est définie par la présence de plus de 10 hématies/mm3 ou 10 000 hématies/ml


émises dans les urines lors d'une miction

essentiellement.

N.B.
 Chez la femme, la recherche d'une hématurie doit être réalisée en dehors d'une période
menstruelle
 On a toujours des hématies dans les urines, l’hématurie c’est quand ce chiffre dépasse le
seuil de 10/mm3.
On en distingue deux types :

Hématurie Macroscopique Hématurie Microscopique

- Visible a l’œil nu : coloration rosée, rouge ou - Anomalie quantitative a l’examen cytologique
brunâtre des urines
- A partir de 500 hématies/mm3 - Urines macroscopiquement normales
- ≥ 10 hématies/mm3
Le malade ne voit pas l'urine rouge, mais en faisant
un examen d'urine pour n'importe quelle raison, on
trouve plus que 10 hématies/mm3

Circonstances de découverte

Isolée motivant une consultation : Isolée sur bandelette urinaire (BU) ou ECBU :
- Aux urgences, au décours d'un épisode - Réalisés de façon systématique (dépistage en
- À distance d'un épisode aigu unique ou répété médecine du travail, néphropathie familiale)
- Orientés lors d'un bilan de :

Diabète – HTA - Insuffisance rénale - œdème des


membres inférieurs - Maladie systémique

Associée à des troubles mictionnels, des douleurs lombaires ou de la fièvre évoquant une pathologie urologique
(néoplasiques, infectieuses, lithiasiques)
Associée à une HTA ou des œdèmes évoquant une pathologie néphrologique

 Physiopathologie
Les hématuries micro- et macroscopiques peuvent intervenir dans deux cadres nosologiques du
point de vue physiopathologie :

Urologique Néphrologique

La présence des hématies dans les urines est L'hématurie est liée au passage des hématies à
liée à : travers la membrane basale glomérulaire
 Une lésion du parenchyme rénal altérée.

 Ou de l'arbre urinaire (uretère, Le problème dans ce cas est au niveau du


glomérule : la membrane basale glomérulaire
vessie, prostate…).
normalement ne fait pas passer les hématies, elle
 Celle-ci conduit à l'effraction (micro- ou joue le rôle d’un filtre pour le passage du sang ;
macroscopique) de vaisseaux sanguins, mais une pathologie glomérulaire ou tubulaire va
dont le contenu va se retrouver en faire de sorte que les GR passent à travers cette
contact avec la lumière de la voie membrane basale ce qui donnera une hématurie
excrétrice urinaire (le vx sanguin va
déverser son contenu dans l’appareil
collecteur urinaire

Saignement d'origine vasculaire Saignement d'origine parenchymateuse le


plus souvent glomérulaire

2- Enumérer
Coloration d'origine
les
alimentaire
différents
Coloration liée à une prise diagnostics
DIAGNOSTICS médicamenteuse
DIFFERENTIELS
Origine métabolique

Hémorragie de voisinage

différentiels (fausses hématuries)


La 1ère chose qu’on fait devant un patient qui se présente aux urgences pour une hématurie est
l’anamnèse (interrogatoire) pour s’assurer si c’est une vraie hématurie ou une fausse hématurie.
a. Hémorragie de voisinage
 Urétrorragie = persistance d'un saignement à travers l’urètre en dehors des mictions.
 Génitale
 Menstruations
 Métrorragies = saignement de l'utérus en dehors des périodes menstruelles chez la
femme.
 Hémospermie = c’est la présence de sang dans le sperme. Il s'agit d'un phénomène le
plus souvent sans gravité, sans cause identifiée la plupart du temps (à 90% c’est
idiopathique et bénin), parfois causé par une prostatite subaiguë. Le sang est le plus
souvent remarqué dans le sperme juste après l'éjaculation.

b. Coloration d'origine alimentaire


• Betteraves, mûres, myrtilles, rhubarbe, chou rouge, colorant alimentaire : rhodamine B.
c. Coloration liée à une prise médicamenteuse
• Antibiotiques : rifampicine, érythromycine, métronidazole.
• Anti-inflammatoires : acide aminosalicylique, salazopyrine, ibuprofène.
• Vitamine B12
• Laxatifs contenant de la phénolphtaléine.
• Contact avec un antiseptique : povidone-iodine, eau de Javel.

Attention : ces médicaments colorent les urines en rouge sans qu’il y ait des GR, cependant les anticoagulants
augmentent le risque de saignement et donc la présence de GR dans les urines → et donc une vraie hématurie.

d. Origine métabolique
- Hémoglobinurie par hémolyse : suite à l’hémolyse, l’hème va passer et donner la
couleur rouge des urines sans qu’il y ait de GR.
- Myoglobinurie par rhabdomyolyse.
- Urobilinurie, porphyrie = la porphyrie est une affection caractérisée par la présence,
dans l'organisme, de quantités massives de porphyrines, molécules précurseurs de l'hème,
le signe commun des porphyries étant la présence de porphyrines dans
l'urine (porphyrinurie) qui lui donne cette couleur rouge.
- Intoxication : plomb, mercure.

Diagnostic Positif

La BU (test qualitatif) détecte la présence de sang dans les urines (≥ 5 hématies/mm3) grâce aux propriétés
peroxydasiques de l'hémoglobine :
 On prend une bandelette et on la trempe dans l’urine.
 On met sur la bandelette une substance qui agit avec l’hémoglobine, si on observe un changement de couleur on
confirme la présence de GR.

La sensibilité de cet examen est de 90 %, mais il existe des faux positifs : myoglobinurie, hémoglobinurie, porphyrie,
prise médicamenteuse, consommation de betterave.
Comment donc faire la différence entre une vraie hématurie et une fausse hématurie  ?
Avant la réalisation d'un bilan étiologique, la présence de fausses hématuries est à éliminer par
un examen cytologique quantitatif des urines lors d'un ECBU qui montre ≥ 10 hématies/mm3 :
 On met les urines sur une lame et on voit si on a + que 10 hématies /mm3  ce qui
confirme une hématurie.

3- Interrogatoire du patient qui présente une hématurie :

Dans cette étape, nous allons interroger le patient sur ses habitudes de vie, ses antécédentes,
les circonstances dans laquelle il a découvert qu'il souffrait d’une hématurie, ainsi que les
caractéristiques de cette hématurie. Ces questions seront orientées selon l’origine urologique ou
néphrologique de ce syndrome.

A) Mode de vie :

Origine urologique Origine néphrologique

- Origine ethnique évocatrice de bilharziose  Pas de mode de vie qui oriente vers une origine
néphrologique
- Notion de voyage en zone d'endémie pour certaines
expositions environnementales ou infectieuses
(bilharziose, tuberculose)

- Facteurs de risque de carcinome urothélial : exposition


professionnelle à des carcinogènes (amines aromatiques,
goudrons, colorants) ou un tabagisme actif ou sevré

B) Antécédents :

Origine urologique Origine néphrologique

Antécédents Polykystose hépatorénale ou cancers Antécédents familiaux de néphropathie


familiaux (rénaux, prostatiques ou urothéliaux)
Antécédents - Troubles de la coagulation (épistaxis, - HTA
personnels hémorragie digestive, hématomes sous- - Insuffisance rénale
cutanés), - Surdité héréditaire (syndrome d'Alport)
- Endométriose pelvienne - Diabète
- Infections urinaires - Drépanocytose
- Lithiases urinaires/coliques néphrétiques - Infection ORL récente (glomérulonéphrites post-
- Tumeurs urologiques streptococciques)
- FDR de carcinome urothélial : - Maladie systémique
administration d'une chimiothérapie par - Insuffisance cardiaque ou hépatique
cyclophosphamide ou une irradiation - Prise médicamenteuse et en particulier AINS
pelvienne.

C) Circonstances de découverte :

Origine urologique Origine néphrologique

- Recherche d'un contexte évocateur évident : comme un Recherche d'un contexte évocateur de pathologie
traumatisme, une chirurgie urologique ou une manœuvre néphrologique :
endo-urologique récente (sondage, cystoscopie). o HTA (orienté par des signes indirects ;
céphalée et acouphènes),
- Recherche de l'existence de signes fonctionnels o Œdèmes des membres inférieurs,
urologiques : pollakiurie, dysurie qui évoqueront une o Fièvre,
étiologie du bas appareil. o Perte de poids,
o Asthénie (insuffisance rénale).
- Des douleurs lombaires chroniques ou des coliques
néphrétiques feront évoquer plutôt un caillotage de la
voie excrétrice ou une pathologie lithiasique.

- Une hyperthermie, des brûlures mictionnelles feront


penser à un processus infectieux.

D) Caractéristique du saignement :

Origine urologique Origine néphrologique

- Hématurie macroscopique et microscopique Le plus souvent l'hématurie est microscopique


- Caractère cyclique ou non du saignement
(endométriose) En cas d'hématurie macroscopique, il s'agit d'une
- Présence de caillots hématurie totale et sans caillots.

- Chronologie de l'hématurie sur le temps mictionnel :


o Initiale (survenant au début de la miction) : suggère
une localisation urétro-prostatique
o Terminale (en fin de miction) : signe une
localisation vésicale
o Totale (sur toute la durée de la miction) : peut être
d'origine rénale, cependant en cas d'hématurie
abondante, elle n'a pas de valeur localisatrice.

4- Décrire l’examen clinique d’un patient qui présente une hématurie


5- Apprécier les critères de gravité d’une hématurie

Recherche de signes de gravité indispensable :


- Évaluation du retentissement hémodynamique en cas d'hématurie macroscopique :
Tachycardie, hypotension artérielle, marbrures…
- Recherche de signes d'anémie aiguë ou chronique : polypnée, pâleur
cutanéomuqueuse
- Recherche de signes évocateurs d'une hypertension maligne en cas de néphropathie
glomérulaire sévère

Recherche d'un globe vésical (rétention aiguë sur caillotage) indispensable en cas d'hématurie
macroscopique par la palpation hypogastrique

Recherche de signes d'orientation étiologique :


- Palpation des fosses lombaires : un contact lombaire évoque une tumeur ou une polykystose
- Une douleur à la percussion évocatrice de colique néphrétique (par lithiase ou caillotage
de la voie excrétrice)
- Une varicocèle (signe de Conduite à tenir
compression de symptomatique
la veine spermatique gauche ou de la veine
cave) est parfois évocatrice d'une tumeur rénale gauche
Si hématurie macroscopique importante avec caillotage et/ou rétention aiguë d'urine  mise en place :
- Les touchers pelviens sont requis à la recherche d'une hypertrophie ou d'un cancer
prostatique,
1- D'une sonde oudouble
vésicale d'une masse pelvienne
courant avec mesures d'asepsie, en système clos + Réalisation d'un ECBU
- L'inspection
lors de la pose et la palpation des membres inférieurs doivent rechercher des œdèmes
2- D'irrigations/lavages en continu associés à des décaillotages à la seringue si nécessaire + Surveillance
des volumes d’entrée/sortie

Attention à ne pas poser de cathéter sus-pubien : Toute hématurie pouvant révéler un cancer urothélial, la pose
d'un cathéter pourrait aggraver le stade d'une éventuelle lésion en réalisant une dissémination le long de son
trajet.
B- Enumérer les moyens de diagnostic d’une hématurie
Les examens complémentaires sont de 4 catégories : biologique, morphologique ou radiologique,
endoscopique et anatomopathologique.

1- Citer les examens biologiques à demander en cas d’une hématurie

Il y a 4 examens biologiques ayant une visée diagnostique :

Examens
biologiques

Retentissement de
Protéinurie des 24
ECBU Créatininémie l’hématurie (NFS,
heures
hemostase)

a) Examen cytobactériologique des urines (ECBU)

C’est un examen de première intention prescrit par le médecin, réalisé au laboratoire préférablement le matin
et utilisant un flacon d’analyse stérile. Il doit être effectué avant tout traitement antibiotique pour ne pas
bloquer la prolifération bactérienne si présente.

L’ECBU présente 2 types d’analyse :

i- Analyse cytologique :
- Quantitative : confirme le diagnostic microscopique et élimine une fausse hématurie détectée par la BU
(exemples de fausses hématuries : hémoglobinurie, porphyrie, prise médicamenteuse…)
- Qualitative : confirme une néphropathie glomérulaire (détection d’hématies déformées et de cylindres
hématiques)
ii- Analyse bactériologique : élimine une infection urinaire
Remarque : En cas de contexte évocateur, il faut faire une recherche spécifique d’infection urinaire par
bilharziose et tuberculose. Ces infections peu courantes ne sont pas recherchées en routine.

b) Protéinurie des 24 heures

La protéinurie est définie par la présence de quantité anormale de protéines dans les urines. Elle utilise une
bandelette urinaire et doit être recherchée en dehors d’une hématurie macroscopique puisqu’elle indique
possiblement la présence de sang en grande quantité dans les urines.
> 0.5g/24h  atteinte glomérulaire

L’analyse est souvent associée à un dosage de la créatininurie des 24 heures.

c) Créatininémie
Une créatininémie permet d’explorer la fonction rénale et surtout le débit de filtration glomérulaire (DFG).
Elle est normalement recherchée par recueil des urines du patient de 24 heures et qui sont conservées à basse
température. Un taux urinaire de créatinine élevé oriente vers un problème rénal (urologique ou
néphrologique).

De plus, une altération de DFG en absence d’une insuffisance rénale aigue obstructive (qui est la
conséquence d’un obstacle tel globe vésical, caillot ou obstacle bilatéral de la voie excrétrice…) indique une
anomalie d’origine néphrologique

Remarque : Il est important de noter que le taux de créatinine urinaire chez la femme est plus bas que celui
chez l’homme ; ceci est due à différence de masse musculaire entre les 2.

d) Retentissement de l’hématurie

Une numération-formule sanguine (NFS) et un bilan d’hémostase (crase) sont aussi effectués surtout chez
ceux qui sont sous traitement (anticoagulant, prise d’antiagrégant plaquettaire). Ils permettent :

- D’évaluer l’importance d’un saignement en phase aigüe


- De supposer le retentissement en phase chronique (anémie inflammatoire, syndrome paranéoplasique
avec anémie ou polyglobulie, drépanocytose…)
- De détecter des facteurs favorisant le saignement (traitements déjà cités)

2- Citer les indications et la chronologie des examens radiologiques à demander

Les examens radiologiques demandés sont : une échographie vésicorénale en 1ère intention, un
uroscanner qui est l’examen de référence pour sa sensibilité supérieure, et il y a d’autres examens
qui diffèrent en fonction des circonstances et les indications.

a) Echographie vésicorénale
 Examen de référence en 1ère intention : cause urologique de l’hématurie
 Surtout pour visualiser : rein – vessie – prostate (moins performante pour la visualisation
des uretères)

Intérêt :

- Poser le diagnostic (lithiases, tumeur du parenchyme rénal- des cavités pyélocalicielle-


vésicales, kystes rénaux...)
- Mettre en évidence des signes indirects d’orientation (urétéro-hydrnéphrose, caillotage...)
- Doppler des vaisseaux rénaux  thrombose veineuse

Sensibilité limitée pour lésions de petite taille


Sa négativité ne dispense pas d’une imagerie plus sensible
a) Uroscanner :
 Scanner abdominopelvien sans puis avec injection de produit de contraste iodé,
couplé à une acquisition au temps excréteur ou tardif avec reconstruction.

 Sensibilité pour détection des tumeurs et calculs de petite taille > l'échographie.

 Acquisition en phase artérielle = anomalie des vaisseaux rénaux (notamment en cas de


traumatisme) ou présence d'une fistule aorto-urétérale.
 L'étude morphologique de l'urètre peut être réalisée en fin d'acquisition par l'association
de clichés radiologiques permictionnels.

Examen de référence pour l’étude du parenchyme rénal + voies excrétrices urinaires


supérieures
En cas de CI, remplacé par uro-IRM

b) Autres examens :
L'abdomen sans préparation ASP :

 Facile d'accès
 Souvent réalisé en urgence (couplé à l'échographie) pour la recherche d'une image
lithiasique lors d'une colique néphrétique
 Sensibilité < scanner, ce qui n'en fait plus un examen de première intention lors d'un
bilan d'hématurie

L'artériographie :

 N’est réalisée qu'en cas de forte suspicion d'atteinte vasculaire, notamment lors d'un
traumatisme rénal
 BUT : Objectiver un saignement actif  l'assécher par une embolisation

Les examens complémentaires à réaliser en première intention pour explorer une hématurie sont :

 L’ECBU avec analyse quantitative et qualitative


 La créatininémie
 La protéinurie des 24 h
 L’échographie rénovésicale ou réno-vésico-prostatique (homme)
3- Citer l’intérêt des examens endoscopiques dans le cadre d’une hématurie

a) Urétrocystoscopie : 

- Sous anesthésie locale. 


- Permet l'exploration de l'urètre, de la paroi vésicale et des méats urétéraux. 

Indications : 
- Suspicion de tumeur vésicale à l'échographie ou au scanner 
- Hématurie isolée avec facteurs de risque : 
 Patient de plus de 50 ans 
 Tabac 
 Exposition professionnelle 
 Origine ethnique évocatrice de bilharziose 
- Suspicion d’obstruction des voies urinaires basses 
- Suspicion de présence de corps étrangers dans la vessie 

b) Urétéroscopie : 

- Sous anesthésie générale. 


- Permet l'exploration du haut appareil urinaire. 

Indications : 
- Orientation spécifique des examens précédents (suspicion de tumeur urétérale ou pyélocalicielle) et peut
s'associer à la réalisation de biopsies. 
- Patient présentant des facteurs de risque de tumeur urothéliale avec bilan morphologique et cystoscopique
négatif. 

En plus : Examens anatomopathologiques

a) Cytologie urinaire : 

Réalisée idéalement sur les urines du matin, ou lors d'un examen endoscopique. 

Indications : 
- Proposée dans les mêmes conditions que la cystoscopie, selon les résultats du bilan étiologique
de première intention. 

Sensibilité élevée pour la détection des cellules tumorales de haut grade (avec une sensibilité de
plus de 90 % dans la détection du CIS vésical) 
Mais faible sensibilité pour les tumeurs de bas grade. 

Une cytologie urinaire négative ne dispense pas d'un bilan endoscopique. 


Le diagnostic cytologique s'appuiera sur des critères morphologiques objectifs, précis et
reproductibles. Il est basé principalement sur la mise en évidence d'une population cellulaire
tumorale du fait : 
- De données architecturales : disposition des cellules : isolées ou en groupements plus ou moins
cohésifs. 
- De données cellulaires : anomalies nucléaires surtout (taille par rapport à des éléments de
référence, irrégularités de la membrane et texture chromatinienne) et cytoplasmiques. 

b) Ponction – biopsie rénale : 

Indications : 
- Suspicion de : 
o Néphropathie glomérulaire (hématurie microscopique associée à une protéinurie et/ou
insuffisance rénale et HTA) 
o Altération récente et rapide de la fonction rénale 
o Maladie de Berger 

Elle permet d'obtenir la confirmation diagnostique et la caractérisation histologique de la


néphropathie. Elle sera guidée par l'échographie après vérification du bilan d'hémostase et
anesthésie locale. 
C- Identifier l’étiologie d’une hématurie

Bas appareil urinaire Haut appareil urinaire

- Tumeurs urothéliales Tumeur rénale


Cancer - Cancer de la prostate (plus rarement) Tumeur urothéliale des voies excrétrices
supérieures

Infection Cystite++, prostatite, urétrite Pyélonéphrite

Au niveau de l’urètre  Troubles mictionnels + globe Au niveau de l’uretère  Colique


Lithiase vésical (rétention aiguë sur caillotage) néphrétique

Trauma Plaie vésicale  - Fracture du parenchyme rénal


- Atteinte du pédicule vasculaire
- Sondage - Post-lithotritie extracorporelle
Iatrogène - Pose d'un cathéter sus-pubien - Biopsie rénale
- Résection endoscopique
Spécifique Hypertrophie bégnine de la prostate - Néphropathies glomérulaires :

 Glomérulonéphrite
o Aigue post- infectieuse
Diagnostic – en règle générale : o Rapidement progressive
(GNRP)
 Si hématurie initiale : Problème au niveau de l’urètre/ o Chronique : maladie de
prostate
Berger
 Si hématurie terminale : Problème au niveau de la vessie
 Syndrome d’Alport
 Si hématurie totale : soit hématurie abondante, soit problème
rénal  sans localisation précise (?)
- Néphropathie interstitielle aigue
médicamenteuse

- Néphropathie vasculaire

 Nécrose papillaire
 Infarctus rénal

- Polykystose rénale autosomique


dominante

D- Orienter le traitement d’une hématurie macroscopique


1- Conduire le traitement selon l’étiologie

L’hématurie n’est pas une maladie, mais un signe qui peut orienter vers une maladie quelconque.
C’est pourquoi, il n'y a pas de traitement ou de médicament spécifique pour la soigner. En
revanche, le médecin doit en rechercher la cause, contre laquelle il existe un traitement.

Cause macroscopique massive avec un retentissement


Traitement hémodynamique
de la cause
Remarque : Une hématurie
(tachycardie, hypotension artérielle, marbrures, …) est une
Bas appareil urgence thérapeutique et la prise en charge
urinaire
doit être débutée sans attendre.
Tumeurs urothéliales vésicales a. Si elle n’envahit pas le muscle vésical :
- Résection de la tumeur
- Lavements vésicaux par médicaments
(chimiothérapie ou BCG)

a. Si elle envahit le muscle vésical :


- Cystectomie
Infections urinaires (cystite, prostatite, urétrite) Traitement antibiotique

Calculs de la vessie Mise en place d’une sonde vésicale double courant


pour faire un lavage manuel continu de la vessie tout
en injectant et aspirant de l’eau et cela dans le but de
faire un décaillotage et nettoyer par la suite la vessie

Traumatisme (plaie vésicale) Traitement chirurgical

Affections prostatiques a. Traitement pharmacologique (Alpha-bloquants  ;


Inhibiteurs de la 5α-réductase ; …)
a. Hypertrophie bénigne de la prostate b. Traitement chirurgical

Tout dépend du risque du cancer :

b. Cancer de la prostate a. Surveillance active


b. Prostatectomie totale
c. Rayonnement :
- Radiothérapie externe
- Curiethérapie
Iatrogène (sondage, pose d’un cathéter sus-pubien Traitement chirurgical (pour la majorité des
ou résection endoscopique) complications)
Cause Traitement de la cause
Haut appareil urinaire

Tumeurs des voies excrétrices urinaires Tout dépend du risque de la lésion :


supérieurs (TVES)
a. Si lésion à haut risque : Néphro-
urétérectomie totale
b. Si lésion à bas risque : Traitement
endoscopique

Tumeurs rénales Selon la taille, le stade et la localisation de la


tumeur, on peut proposer :

a. Une chirurgie rénale conservatrice


(néphrectomie partielle)
b. Une chirurgie radicale (néphrectomie
élargie)

Infections urinaires (pyélonéphrite) Hospitalisation (antibiothérapie et drainage


chirurgical des urines en cas d’obstacle)

Lithiases urinaires a. Attendre que le calcul passe


b. Traitement médicamenteux (traitement
alcalinisant, …)
c. Mesures générales (boissons 2
litres/jour, limiter les protéines, …)
d. Traitement chirurgical

Traumatisme (fracture du parenchyme Traitement chirurgical


rénal, atteinte du pédicule vasculaire)

Iatrogène (biopsie rénale, post-lithotritie Traitement chirurgical (pour la majorité des


extracorporelle) complications)

Pour tout ce qui est pathologie néphrologique, le patient sera orienté vers un néphrologue.

2- Reconnaître les indications d’hospitalisation


Il n'existe pas de corrélation entre le type d'hématurie et la gravité de la maladie causale. La
démarche diagnostique est identique pour une hématurie macro- et/ou microscopique persistante.
Il s’agit surtout de rechercher les signes de gravité :

1. Le retentissement hémodynamique, en cas d'hématurie macroscopique, est à évaluer, grâce


à un bilan d’hémostase (TP/TCA) et d’une formule numération sanguine, à la recherche :
a. D’un éventuel choc hémorragique associé, dont les signes cliniques sont :
Tachycardie, hypotension artérielle, marbrures, etc. Ce risque est à évaluer en cas de
traumatisme du rein, du pédicule vasculaire, ou même d’une plaie vésicale, par
artériographie si l’atteinte est vasculaire. Si le patient est instable, il faudra faire une
échographie. En cas de saignement actif, il faudra l’assécher par embolisation.

b. D’une anémie. L’anémie aiguë donne une déglobulisation massive, alors qu’une
anémie chronique donne des symptômes d’anémie inflammatoire (en cas de cancer
ou de maladies infectieuses) et un syndrome paranéoplasique souvent associé à une
polyglobulie. Les signes cliniques à relever sont une polypnée et une pâleur
cutanéomuqueuse, etc.
Remarque : La prise d’anticoagulants ou d’antiagrégants plaquettaires peut favoriser une
hématurie mais n'est jamais à considérer comme étiologie de 1ère intention, les tests demeurent
nécessaires.

2. La recherche d’un globe vésical (rétention aiguë sur caillotage) est incontournable en cas
d'hématurie macroscopique. Dans ce cas où il est présent, il faut :
a. Mettre en place une sonde vésicale double courant, avec mesure d’asepsie, en
système clos, avec ECBU au moment de la mise en place
b. Faire une irrigation et décaillotage à la seringue si nécessaire.

Contre-indication de cathéter sus- pubien : Pour toute hématurie pouvant révéler un cancer
urothélial, la pose d'un cathéter sus- pubien pourrait aggraver le stade d'une éventuelle lésion en
réalisant une dissémination le long de son trajet.

3. L’hypertension (HTA) maligne en cas de néphropathie glomérulaire sévère


(L’HTA maligne se caractérise par une TAS>180mmHg et une TAD>110mmHg avec une
rétinopathie hypertensive au fond d’œil, avec plus ou moins une souffrance aigue d’organes),
que l’on traite par inhibiteur calcique ou alpha bloquant.

4. Lors d’une colique néphrétique, il faut faire un abdomen sans préparation en urgence à la
recherche d’une image lithiasique.

5. En cas de suspicion de néphropathie glomérulaire post infectieuse (sphère ORL) à


streptocoques, le tableau de syndrome néphritique (hématurie, protéinurie, HTA, oligurie et
insuffisance rénale) nécessite une recherche en urgence d’Ac anti-membrane glomérulaire
(MBG), anti-cytoplasme des polynucléaires neutrophiles (ANCA), et la biopsie rénale.

6. En cas d’hématurie associée à une douleur lombaire brutale difficilement calmée par les
antalgiques, il faut penser à un infarctus rénal, surtout s’il y a un terrain à risque (post-
traumatique, drépanocytose, maladie a potentiel thromboembolique ACFA). Le diagnostic
est réalisé par un scanner abdominopelvien injecté, une angio-IRM ou une échographie-
Doppler, et la prise en charge doit se faire en urgence (dans les 6 heures) par
reperméabilisation de l'artère rénale par voie radio-interventionnelle (stent) ou chirurgicale
(thrombectomie), sous peine d'ischémie définitive.

7. Un tableau de septicémie (en cas de pyélonéphrite, ou autre infection) est également une
indication d’hospitalisation.

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