Vous êtes sur la page 1sur 8

Rédigez par Prof.

N’DRI

CHAPITRE 5 : QUELLES SONT LES CARACTERISTIQUES ET LES FACTEURS


DE LA MOBILITE SOCIALE ?

Les études de mobilité montrent que les positions valorisées se transmettent de génération en
génération, alors la forme démocratique de la société est remise en cause.

I/ Comment définir et mesurer la mobilité sociale

A) Les différentes formes de mobilité sociale

La mobilité sociale est l’ensemble des changements de position sociale ou de statut social des
individus au sein d’une société.

Le statut social d’un individu est la position plus ou moins favorisée qu’elle occupe dans
l’espace social, selon des critères économiques (revenus, patrimoine), culturels (diplôme),
sociaux (relations).

La mobilité peut être géographique ou sociale. La mobilité sociale peut être collective ou
individuelle. Au sein de la mobilité individuelle, on distingue la mobilité intra-
générationnelle, ou professionnelle, de la mobilité intergénérationnelle.

La mobilité géographique est le changement de région à une autre par une personne pour
diverses raisons, conjugale ou bien professionnelle. Par exemple, un étudiant qui déménage
pour réaliser un stage dans une entreprise.

La mobilité sociale inter-générationnelle est le changement de position sociale d’un individu


ou d’un groupe social par rapport à ses parents. Par exemple, une fille de cadre qui devient
infirmière.

La mobilité sociale intra-générationnelle ou mobilité professionnelle est le changement de


profession d’un individu ou d’un groupe d’individu au cours de sa carrière. Par exemple, un
ouvrier qui accède à un poste d’encadrement en fin de carrière.

1/8
Rédigez par Prof. N’DRI

B) Comment mesure t-on la mobilité sociale ?

Les tables de mobilité étudient la mobilité sociale intergénérationnelle, entre les parents et les
enfants. Elles sont élaborés à partir des enquêtes Formation et qualification professionnelle
(FQP) menée par l’Insee depuis 1964. La dernière enquête FQP, la 7è datée de 2014-2015,
porte sur un échantillon de 45 000 personnes âgées de 30 à 59 ans.

1) Les tables de mobilité

a) La table de destinées répond à la question « Que sont devenus les fils d’une PCS ? ». Elle
montre ce que sont devenus les enfants dont les parents appartiennent à un même groupe
social.
Par exemple, sur 100 fils employé, 34 sont devenus employés.
La diagonale de la table de destinée met en évidence l’immobilité sociale qui dans ce cas
s’appelle l’hérédité sociale ou reproduction sociale.
.
b) La table des origines ou de recrutement répond à la question « D’où viennent les membres
actuels d’un groupe social ? ». Par exemple, sur 100 agriculteurs, 72 avaient un père
agriculteur.
La diagonale de la table de recrutement met en évidence l’immobilité sociale qui dans ce cas
s’appelle l’autorecrutement.
NB : Sur la diagonale, les individus occupent la même position sociale que leur père. Cela
met en évidence une immobilité sociale.

2/8
Rédigez par Prof. N’DRI

2) Les limites des tables de mobilité


Les tables de mobilité se heurtent à trois limites principales.

a) Elles utilisent la nomenclature des PCS qui n’est pas clairement hiérarchisée. Les PCS
ne sont pas classées par ordre d’importance sociale. Il est difficile de hiérarchiser les PCS
employés et ouvriers par exemple.

b) Le nombre de PCS choisie pour mesurer la mobilité sociale influence la mesure de la


mobilité. Fusionner les PCS employés et ouvriers en une seule catégorie reviendrait à
supprimer la mobilité sociale entre ces deux PCS. De ce fait, la mobilité sociale observée
diminuerait. Par exemple, les PCS actuelles ne prennent pas en compte, le passage d’un
individu de la catégorie employé non qualifié à la catégorie employé qualifié.

c) Enfin, la mobilité subjective n’est pas mesurée par les tables de mobilité sociale. Entre
deux générations, le prestige d’une profession peut augmenter ou diminuer. Par exemple, la
mobilité objective d’un fils de médecin généraliste qui devient lui-même médecin généraliste
sera caractérisée d’immobilité sociale. Mais l’individu interrogé exprimera une mobilité
subjective descendante et un déclassement social, tant le statut social de médecin généraliste
s’est détérioré entre la génération des parents et celle des enfants.
La mobilité objective désigne la mobilité observée, mise en évidence par les études de
mobilité sociale menées par l’Insee. La mobilité subjective est celle formulée par les
personnes interrogées. La mobilité objective ne coïncide pas toujours avec la mobilité
subjective.

d) Seuls les actifs âgés de 30 à 59 ans classés par PCS sont enquêtés.

II/ Les caractéristiques de la mobilité sociale


1▪ Immobilité sociale : reproduction sociale, hérédité sociale, autorecrutement.

2. La mobilité verticale

3/8
Rédigez par Prof. N’DRI

▪ Mobilité sociale ascendante : Promotion, ascension.


▪ Mobilité sociale descendante : Démotion sociale, déclassement.

Comprendre le déclassement social


Le déclassement social est la régression d’un individu ou d’un groupe social dans la
hiérarchie sociale. Ou encore c’est la perte du statut social. Elle revêt trois formes :
Le déclassement intra-générationnel est le changement d’emploi conduisant l’individu à une
position sociale inférieure au cours de sa carrière.
Le déclassement scolaire est lorsqu’un individu occupe un emploi inférieur à celui que son
diplôme lui aurait permis d’obtenir quelques années auparavant.
Le déclassement inter-générationnel est lorsqu’un individu occupe une position sociale
inférieure à celle de ses parents.
Plusieurs facteurs à l’origine du déclassement. D’abord, la dévalorisation des diplômes fait
qu’un enfant plus diplômé que ses parents peut occuper une position inférieure à ceux-ci
(Paradoxe d’Anderson). Ensuite, la précarisation des emplois et le chômage de masse
renforce le sentiment de déclassement chez les individus. Enfin, le déclassement est
inégalitaire du fait de l’inégale réussite scolaire selon l’origine sociale.

3. La mobilité horizontale ou mobilité intragénérationnelle


4. trajet de mobilité courte et longue
On parle de trajets de mobilité courts, lorsque la trajectoire de l’enfant s’est faite vers une
position sociale proche de celle des parents.
A contrario, on parle de trajets de mobilité longs, lorsque la trajectoire sociale de l’enfant est
éloignée de celle des parents.

C) Les inégalités de mobilité sociale


1▪ La mobilité entre groupe sociaux
Il existe des inégalités de mobilité sociale en fonction des groupes sociaux, ainsi, selon
l’Insee, en 2017, les groupes sociaux les plus touchés par la mobilité sociale descendante, ou
déclassement, sont les cadres avec une mobilité descendante de 51 %.

4/8
Rédigez par Prof. N’DRI

2▪ La mobilité féminine
Il existe des inégalités de mobilité sociale en fonction du genre.
▪ Les femmes se caractérisent par une mobilité ascendante par rapport à leur mère, plus
importante que celle des hommes. Ainsi, selon l’Insee, entre 2014 et 2015, seulement 29,5%
des femmes sont en situation de reproduction sociale par rapport à leur mère contre 34,6% des
hommes.

▪ Cependant, si l’on compare la position sociale des femmes par rapport à leur père, les
femmes ont le sentiment de connaitre moins de mobilité ascendante et plus de déclassement
que les hommes. Cela s’observe sur le marché du travail.

3▪ La mobilité masculine
▪ La mobilité masculine décrit une mobilité ascendante verticale courte moins importante que
celle des femmes.
▪ Les hommes connaissent un déclassement moins important que les femmes. Cela s’explique
par la précarisation des emplois et la dégradation des conditions de travail ressentie par les
salariés.

III/ Les composantes de la mobilité sociale

A) La composante structurelle de la mobilité sociale

1. Définition

La mobilité structurelle désigne le changement de position sociale résultant de la mutation


des emplois. Elle se mesure par les taux absolus de mobilité sociale.
Par exemple, les enfants d’agriculteurs ont souvent changé de PCS, car l’exploitation
familiale n’était plus rentable ou avait disparu. Egalement, les enfants d’ouvriers sont devenus
employés, car les emplois industriels ont vu leur part diminuer dans la population active.
Selon l’Insee, la part de la mobilité structurelle dans la mobilité observée a baissé de 16 points
de % entre 1977 et 2015. Elle est passée de 40 % à 24 %.

2. Lien entre progrès technique et mobilité structurelle

5/8
Rédigez par Prof. N’DRI

Selon Alfred Sauvy, la théorie du déversement explique la mobilité structurelle par


l’innovation. En effet, le progrès technique entraine le passage de la main d’œuvre du secteur
primaire et secondaire caractérisé par un fort progrès technique et une faible progression de
la demande d’activité au secteur tertiaire caractérisé par un faible progrès technique et forte
progression de la demande. Cette situation oblige les individus à changer de profession par
rapport à leurs parents. Par exemple, les enfants d’agriculteurs ont été contraints de travailler
comme employés, car le nombre d’exploitations agricoles a diminué dans la seconde moitié
du XXe siècle, l’évolution de la productivité de ce secteur étant supérieure à celle de la
demande qui lui est adressée.

B) La fluidité sociale : une mesure relative de la mobilité sociale

1. Définition

La mobilité nette = Mobilité observée – Mobilité nette. La mobilité nette est donc la mobilité
qui ne s’explique pas par les mutations de l’emploi. L’imprécision de cette définition a
conduit les spécialistes de la mobilité sociale comme Louis-André Vallet, par exemple, à
utiliser la notion de fluidité sociale. Elle exprime l’intensité du lien existant entre les
origines et les destinées sociales indépendamment des structures socioprofessionnelles.
C’est l’assouplissement du lien entre la position sociale d’un individu et sa destinée sociale.

2. Outil de mesure
La fluidité sociale se mesure à l’aide des odds ratio ou rapports des chances relatives. Il
indique une forte ou une faible influence de l’origine sociale sur les destinées sociales.
Lecture : Odds ratio = (16,6 / 33,6) / (12,3 / 47,6) = 1,91. En France, en 2015, les enfants
d’employés avaient 2 fois plus de chances que les enfants d’ouvriers de devenir employés
plutôt qu’ouvriers.

C) Distinction Mobilité sociale et fluidité sociale

Une société est très mobile lorsque de nombreux individus ont changé de groupe social par
rapport à l’un de leurs parents. Elle est fluide lorsque la probabilité d’appartenir à un groupe
donné ne dépend pas de l’origine sociale. Par exemple, quand le nombre d’emplois d’ouvriers
a baissé, et que le nombre d’emplois de cadres a augmenté, la mobilité a augmenté. Mais la
probabilité de devenir cadre plutôt qu’ouvrier reste plus élevée pour les enfants de cadres.
6/8
Rédigez par Prof. N’DRI

IV) Les facteurs responsables de la mobilité sociale


A/ L’évolution de la structure socioprofessionnelle
1▪ Cette évolution explique la mobilité structurelle. On observe des changements de position
sociale entre la génération des fils et celle des pères qui s’explique par les mutations de
l’emploi. Ainsi, en un siècle, la part des travailleurs indépendants (notamment les
agriculteurs) et des ouvriers (depuis les années 1980) a baissé, au profit de celle des salariés
qualifiés (professions intermédiaires et cadres) et des employés, ce qui a favorisé une mobilité
sociale surtout ascendante pour les enfants d’indépendants et d’ouvriers.

2▪ Le processus de destruction créatrice causé par le progrès technique explique que certains
secteurs ont décliné au profit d’autres secteurs. En effet, en détruisant des emplois et en créant
de nouvelles, le progrès technique est responsable en partie des changements de position
sociale entre les parents et les enfants. Ainsi, selon la théorie du déversement, une partie de la
main d’œuvre du secteur primaire et secondaire a été recruté dans le secteur tertiaire plus
dynamique.

3▪ Par ailleurs, la féminisation des emplois qui est un déterminant de la mobilité structurel a
eu des effets sur la mobilité sociale féminine et la mobilité masculine. De même, l’ascension
sociale des hommes est facilitée par le relatif retrait des femmes de la compétition pour les
postes les plus qualifiés.

4▪ Toutefois, le ralentissement de la création de postes de cadres, et la poursuite des créations


de postes d’employés pas ou peu qualifiés, devraient contribuer à freiner la mobilité sociale.

B) L’effet des ressources et configurations familiales sur la mobilité sociale

1▪ Les familles sont inégalement dotées de ressources économiques (Ensemble de revenus et


de patrimoine nécessaires au financement des études, à l’obtention d’un capital professionnel),
de ressources sociales (réseaux de relations socialement utiles, pour obtenir un emploi, par
exemple un stage), de ressources culturelles (le capital culturel, qui intervient dans la réussite
scolaire).

Ces ressources dépendent aussi des configurations familiales, notamment du nombre


d’enfants, de la taille de la fratrie, et du nombre de parents qui peuvent favoriser ou freiner la
mobilité sociale.

7/8
Rédigez par Prof. N’DRI

2▪ Toutefois, les familles des classes populaires ne sont pas totalement dépourvues de
ressources, ce qui permet d’expliquer certaines trajectoires probables.

C) L’effet de l’école sur la mobilité sociale

1▪ La formation joue un rôle capital dans la mobilité sociale, spécialement pour les catégories
très défavorisés. De façon générale, un niveau de diplôme élevé donne accès à un emploi
qualifié. Donc, l’élévation du niveau de diplôme devrait favoriser, pour les enfants de
catégories modestes, une mobilité sociale ascendante.

2▪ Toutefois, à diplôme équivalent, la position sociale reste différente, selon le sexe et


l’origine sociale. Ensuite, la hausse plus rapide du nombre de diplômés que du nombre
d’emplois qualifiés provoque un risque de déclassement scolaire : un diplôme du supérieur
court permet de moins en moins de devenir cadre. Enfin, un diplôme du supérieur garanti
moins qu’avant une position sociale élevée.

8/8

Vous aimerez peut-être aussi