Vous êtes sur la page 1sur 4

Chapitre 3: Quelles sont les caractéristiques contemporaines et les facteurs de la

mobilité sociale ?

I.Les différents types de mobilité.


Lorsqu’on parle de mobilité on peut parler tout d’abord du fait qu’un individu peut changer de
lieu de résidence. On parlera alors de mobilité géographique.
Les sociologues s’intéressent cependant davantage aux possibilités de mobilité
professionnelle. Ainsi un individu peut changer de profession au cours de sa période
d’activité. En supposant que la société présente des formes de stratification, il peut
connaître une ascension dans la hiérarchie des catégories sociales. Pour caractériser cette
mobilité professionnelle au cours de la vie active individu, on parle aussi de mobilité
intragénérationnelle.
Dans les paragraphes suivants, nous nous pencherons cependant sur les phénomènes de
mobilité intergénérationnelle. Il s’agit dans ce cas de voir quelle est la position sociale
qu’occupe un individu par rapport à celle de ses parents. Cette position est observée à
travers la PCS à laquelle l’individu appartient.
On peut considérer que les PCS représentent une forme de stratification sociale, notamment
en ce qui concerne les 4 dernières catégories (hors indépendants donc): cadres et
professions intellectuelles supérieures, professions intermédiaires, employés et ouvriers.
Doc 3 p 281.

II.Les tables de mobilité.


A.Présentation.
Exercice du document annexe.
Doc 3 et 4 p 283.
A partir de données brutes résultant d’une enquête où les individus interrogés indiquent leur
PCS ainsi que celle de leur père ou de leur mère, on obtient un tableau à double entrée. A
partir de ce tableau, on peut construire deux types de tables de mobilité.
Les tables destinées nous indiquent ce que sont devenus les enfants, c’est-à-dire à quelle
PCS ils appartiennent, en fonction de leur origine, c'est -à-dire la PCS de leurs parents. Ex:
sur 100 individus dont le parent appartenait à la PCS (A) x appartiennent à la PCS (B).
Quant aux tables d’origine, elles nous indiquent quelle était la PCS des parents d’individus
eux-même classés selon leur PCS. Ex: Sur 100 individus appartenant à la PCS (A) x ont un
parent qui appartient à la PCS (B).

B.Les limites des tables de mobilité.


Doc 2 p 284.
Une première précision doit être faite. Les individus interrogés sont âgés de 40 à 59 ans.
Ceci permet de se concentrer sur la catégorie à laquelle sont parvenus les personnes à la
fin de leur carrière professionnelle. Ceci présente donc un inconvénient. Ceci ne permet pas
d’avoir d’informations sur la mobilité professionnelle des individus au cours de leur carrière,
donc de mesurer la mobilité intragénérationnelle.

De plus, d’une génération à l’autre, la hiérarchie des catégories peut avoir été modifiée.
Ainsi, la catégorie des cadres, qui comprenait il y a cinquante ans une petite élite est
considérée aujourd’hui comme recouvrant en partie la classe moyenne.
La structure des six principales PCS ne montre pas les différences qui existent au sein d’une
PCS. Par exemple, les cadres et professions intellectuelles supérieures rassemblent aussi
bien des cadres de la fonction publique que de professions libérales. Au sein de la catégorie
des ouvriers on observe aussi des différences notables entre ouvriers qualifiés et non
qualifiés. Des tables plus précises, présentant les sous-catégories de PCS nous montrent
certaines nuances.
Doc 4 p 285. (Questions 1 & 2)

Doc 1 p 282. Doc 3 p 285.


Enfin, les tables de mobilité classent les individus de façon nominaliste. Or, il serait
intéressant de connaître le sentiment subjectif des individus à propos de leur trajectoire
sociale. Certains ont connu une ascension observée de façon objective sans avoir
l’impression d’avoir changé de catégorie, car ils se sentent proches de la catégorie de leurs
parents. Ceci est vrai aussi pour des individus qui se trouvent dans une catégorie
hiérarchiquement inférieure à celle de leurs parents, sans avoir un sentiment de
déclassement, car ils possèdent le même capital culturel que celui de leurs parents.

III.Mobilité structurelle et fluidité sociale.


La mobilité totale est constituée par l’ensemble des personnes qui se trouvent dans une
catégorie différente de celle de leurs parents. Si on possède les données brutes, il est aisé
de calculer le pourcentage des individus ayant connu une mobilité sociale par rapport au
total des individus.
Il faut noter qu'une partie de cette mobilité est liée à des changements de la structure de la
population active. En effet, si une PCS voit sa part relative baisser, comme c’est le cas des
agriculteurs exploitants mais aussi des ouvriers, il est obligatoire qu’une partie des
personnes issues de cette catégorie connaissent une mobilité vers d’autres catégories. A
l’inverse, si certaines PCS voient leur part augmenter (employés, professions intermédiaires
et cadres), il est logique que des individus issus d’autres catégories en fassent partie.
A cette mobilité, se rajoute la fluidité sociale (ou mobilité nette). Celle-ci est le résultat de la
plus ou moins forte égalité des chances qui existe au sein de la société. Cette fluidité se
mesure habituellement par des “odd-ratios”: chances d’un enfant de cadre de devenir cadre
plutôt qu’ouvrier relativement à un enfant d’ouvrier.
Doc 3 & 4 p 289.
Il faut ainsi préciser que certaines sociétés connaissent beaucoup de mobilité sans que
celle-ci soit le fait de l’égalité des chances. C’est le cas des sociétés où la mobilité
structurelle est importante, comme la France des Trente Glorieuses.

IV.Reproduction sociale, mobilité ascendante, déclassement.


Doc 2 p 286.
Lorsqu’on observe une table de mobilité, les différentes cases de ce tableau à double entrée
peuvent être divisées en trois compartiments différents.
-La reproduction sociale, soit le fait pour un individu de se trouver dans la même catégorie
que celle de ses parents. La diagonale d’une table de mobilité englobe tous les individus se
trouvant dans cette situation.
-L'ascension sociale, soit le fait pour un individu d’occuper une position sociale
hiérarchiquement supérieure à celle de ses parents. Ex: enfants d’ouvriers ou d’employés
devenus professions intermédiaires ou cadres.
-Le déclassement, soit le fait pour un individu d’occuper un position sociale
hiérarchiquement inférieure à celle de ses parents. Ex: enfants de cadres ou de professions
intermédiaires devenus employés ou ouvriers.
Doc 1 et 2 p 292.
On constate que le déclassement est devenu plus important pour les personnes nées à
partir des années 1970. Dans certains cas, il s’agit d’un véritable phénomène de
paupérisation des classes moyennes. Les personnes nées dans les classes moyennes
courent un risque plus grand de se trouver dans les catégories populaires. La génération
précédente avait bénéficié quant à elle d’un double phénomène: la croissance économique
et la massification scolaire.

V. Les différences liées au genre.


Doc 2 p 284 (bis).
Pendant très longtemps, les tables de mobilité ne fournissaient d’informations que sur la
mobilité des hommes par rapport à la catégorie de leurs pères. Ceci ne permettait donc ni
d’analyser la trajectoire des femmes dans l’espace social, ni le rôle joué par la position
sociale de la mère dans ce processus. Aujourd’hui, de nombreuses enquêtes statistiques
permettent d’observer les différences liées au genre.
Doc 3 p 287.
Ces tables de destinée nous enseignent que la mobilité des femmes par rapport à leurs
mères est relativement importante. Elle est par exemple plus importante que celle des
hommes par rapport à leurs pères. En revanche, on observe que la mobilité des femmes par
rapport à leurs pères est plus faible que celle des hommes.
Si on observe les tables de mobilité au cours de la fin du XXème siècle en France, nous
observons que l’ascension sociale des hommes par rapport à leurs pères reste stable entre
1977 et 2015 tandis que celle des femmes par rapport à leurs mères augmente. Il s’agit en
réalité d’un phénomène de rattrapage car le niveau de diplôme des femmes et donc leur
rang dans les PCS, a considérablement augmenté sur cette période, les femmes ayant
aujourd’hui le même niveau de diplôme que les hommes.
Il faut noter aussi que le pourcentage des individus connaissant un déclassement a connu
une augmentation, pour les hommes comme pour les femmes. Ceci est lié au fait que la
proportion de parents appartenant à une catégorie hiérarchiquement élevée est plus
importante pour les adultes interrogés en 2015 par rapport à ceux qui sont nés en 1977.
Dans une société où la mobilité structurelle s’est réduite et où la fluidité reste importante, les
chances de connaître un déclassement sont plus fortes pour les enfants issus de catégories
favorisées.
Néanmoins ceci n’a pas fait disparaître le phénomène de reproduction sociale. Les enfants
de cadres restent ceux qui ont le plus de chances de se trouver dans cette catégorie. Ce
phénomène s'observe aussi bien pour les hommes que pour les femmes.

VI.Les facteurs de la mobilité sociale.


A.L’évolution de la structure professionnelle.
Doc 1 p 288.
La mobilité sociale s’explique par des phénomènes structurels liés à la transformation de la
population active. Tout au long du XXème siècle, la France est passée d’une économie
agricole à une économie industrielle, puis à une économie tertiarisée. Ainsi certaines
catégories ont vu leur part dans la population active évoluer: disparition des “paysans”
(agriculteurs exploitants), apparition puis déclin de la catégorie ouvrière. Augmentation de la
part des employés, des professions intermédiaires et des cadres. L’ensemble de ces
phénomènes engendre une mobilité structurelle.

B.Le niveau de formation.


Nous avons vu dans le chapitre 2 que le système scolaire a connu un phénomène de
massification. Ceci a permis à une génération entière d’accéder à des emplois plus qualifiés,
permettant ainsi une mobilité sociale ascendante. Malgré ses limites, la massification
scolaire a contribué à la fluidité sociale, tout en accompagnant les phénomènes structurels
de changement de la population active.
Notons cependant que ce phénomène s’est ralenti et que l’augmentation du nombre de
personnes diplômées a augmenté à un rythme plus rapide que le nombre d’emplois
qualifiés. Ainsi certaines personnes nées après les années 1970, tout en ayant un niveau de
diplôme plus élevé que celui de leurs parents connaissent un phénomène de déclassement.
Doc 4 p 295.

C.Ressources et configurations familiales.


La multiplication du nombre de diplômes ne fait pas disparaître l’inégalité des chances et la
reproduction sociale. Dans un contexte de compétition accrue pour les places
hiérarchiquement les plus favorables, les familles aisées mobilisent leurs ressources pour
favoriser la réussite de leurs enfants. Il s’agit de conditions matérielles: chambre individuelle,
cours particuliers, aides aux devoirs, etc. Le capital culturel a également un impact positif
sur la réussite scolaire.
Les configurations familiales ont également un impact. Les familles peu nombreuses
permettent aux parents d'accorder une attention plus grande à la scolarité de leurs enfants,
ce qui peut favoriser la réussite scolaire.
Doc p 296.
Les configurations familiales jouent aussi un rôle dans la réussite scolaire et dans
l’ascension sociale. S. Beaud a réalisé une monographie sur une famille immigrée d’Algérie.
On constate les efforts fournis par les filles, en particulier les aînées, pour utiliser l’école
comme outil de mobilité sociale. Ceci peut être relié au niveau de scolarité de leur mère,
scolarisée en Algérie dans un système francophone tandis que son mari n’a fréquenté
l’école que de façon irrégulière.

Vous aimerez peut-être aussi