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LE DROIT EXPLIQUÉ
RÉUSSIR EN ESC
aux étudiants en écoles de commerce
Droit général - Droit des contrats
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
RÉUSSIR EN ESC
Le droit présente la particularité d’être enseigné aussi bien dans les écoles de com-
merce que dans les universités juridiques. Pourtant, quel est le rapport entre un Droit général - Droit des contrats
futur cadre ou dirigeant d’entreprise et un futur magistrat ou avocat ?
Les professions n’étant pas les mêmes, la formation pédagogique doit forcément se
différencier en fonction des « besoins juridiques » des uns et des autres.
Aurélie du Crest Ainsi, il ne s’agit pas d’apprendre aux étudiants en gestion tout le droit, ou toutes
LE DROIT EXPLIQUÉ
Docteur en droit, elle enseigne le droit
les règles d’une branche du droit, mais de cibler ce qui leur est indispensable
de connaître en tant que futur manager.
depuis 1997. Après plusieurs années
passées à l’Université, elle a intégré
C’est l’objet de ce manuel spécifiquement adapté à l’enseignement du droit
en écoles de commerce, quelle que soit la spécificité du programme, la durée du
le circuit des écoles de commerce cursus et la nature du diplôme délivré.
en 2004. Elle enseigne aujourd’hui
Il pose les bases du cours de droit civil généralement dispensé en première
le droit civil, le droit des affaires année autour de deux parties distinctes mais complémentaires: le droit général
et le droit du travail à l’EBS-Paris et le droit des contrats :
(European Business School). - la première partie, le droit général, a pour vocation de faire découvrir aux étudiants
l’univers juridique en présentant les modalités de l’élaboration et de l’application
des règles de droit en France (10 fiches) ;
- la seconde partie, le droit des contrats, a pour objectif de les familiariser avec l’un
des principaux outils juridiques qu’est le contrat (10 fiches).
La méthodologie adoptée se veut synthétique et pratique. Chaque fiche comporte
une leçon, illustrée par des exemples concrets, puis des exercices pratiques
Aurélie du Crest
corrigés qui permettent aux étudiants d’évaluer leur niveau de compréhension et
de mettre en application leurs connaissances.
Au terme de cet ouvrage, l’étudiant en école de commerce aura une vision claire
et simple (sans être simpliste !) des notions juridiques fondamentales afin de
pouvoir aborder par la suite la pratique du droit de l’entreprise.
crédit photo : Shutterstock
Aurélie du Crest
Contact éditeur : gualino@lextenso-editions.fr
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L
e droit présente la particularité d’être enseigné
aussi bien dans les écoles de commerce que dans les
universités juridiques. Pourtant, quel est le rapport
entre un futur cadre ou dirigeant d’entreprise et un
futur magistrat ou avocat ?
La règle de droit
Fiche 2 - Les sources nationales du droit.............. 15
Fiche 3 - Les sources internationales du droit ........ 27
L’organisation juridictionnelle
Fiche 4 - Les juridictions judiciaires..................... 33
Fiche 5 - Les juridictions administratives............. 47
Fiche 6 - Le personnel judiciaire........................... 51
Fiche 7 - Le procès................................................. 55
Fiche 8 - La preuve................................................ 61
La personnalité juridique
Fiche 9 - Les personnes physiques........................ 67
Fiche 10 - Les personnes morales......................... 71
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
La formation du contrat
Fiche 12 - Les conditions de validité du contrat... 83
Fiche 13 - L’annulation du contrat........................ 91
L’exécution du contrat
Fiche 14 - Les principales clauses contractuelles.... 95
Fiche 15 - Les effets du contrat............................ 103
Fiche 16 - L’inexécution du contrat..................... 109
La responsabilité contractuelle
Fiche 17 - Les conditions d’engagement de
la responsabilité contractuelle............. 115
Fiche 18 - La réparation du dommage................ 123
Le contrat de vente
Fiche 19 - Les obligations du vendeur................. 129
Fiche 20 - Les obligations de l’acheteur.............. 135
Webographie........................................................... 141
Index.......................................................................... 143
8
DROIT GÉNÉRAL
9
Fiche
Le droit
1
I - La règle de droit
On peut définir le droit comme l’ensemble des règles qui régissent la vie des hommes en
société et qui sont sanctionnées par l’autorité publique (l’état).
D’une part, le droit suppose l’existence d’une société, c’est-à-dire d’une pluralité d’individus.
Un individu vivant seul sur une île déserte n’a pas besoin de droit. Il est libre de faire ce qu’il
veut puisque sa liberté ne cause aucun tort à autrui. En revanche, dès l’instant où deux personnes
vivent ensemble, la règle de droit devient nécessaire pour organiser leur coexistence.
D’autre part, le droit suppose l’existence d’une sanction, puisque seule la sanction permet de
garantir le respect de la règle. Cette sanction est assurée par l’état à travers le recours à la force
publique afin de faire respecter l’ordre social. La violation d’une règle de droit est sanctionnée
principalement de deux manières :
– il peut s’agir d’une réparation, sous la forme de dommages et intérêts (sanction civile). On
entend par dommages et intérêts une somme d’argent évaluée par le juge destinée à compen-
ser le préjudice subi. Ainsi, celui qui ne respecte pas un contrat, qui provoque un accident,
qui commet une infraction peut être condamné financièrement à réparer le dommage causé à
autrui ;
– la sanction de la violation d’une règle de droit peut également prendre la forme d’une punition
(sanction pénale) : une amende, dont le montant est versé à l’état, une peine de prison ou des
travaux d’intérêt général.
La règle de droit est donc une règle obligatoire et contraignante, ce qui la distingue des autres
règles de conduite gouvernant la vie en société qui ne sont pas coercitives, telles que les règles de
politesse. Il est conseillé de se montrer cordial envers autrui, mais il n’y a pas de sanction si l’on
oublie un jour de saluer son voisin !
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
A. Le droit privé
Le droit privé est composé de l’ensemble des règles qui gouvernent les rapports des particuliers
entre eux ou des particuliers avec des groupements privés (sociétés, associations…).
Le droit privé se subdivise en plusieurs branches :
– le droit civil : c’est l’ensemble des règles générales applicables aux personnes privées. Exemples :
• la famille (divorce, autorité parentale, adoption…),
• les personnes (succession, nationalité…),
• les biens (droit de propriété…) ;
– le droit commercial : c’est l’ensemble des règles relatives à l’activité des entreprises commer-
ciales, quelle que soit leur forme (entreprise individuelle ou société). Exemples :
• l’acquisition d’un fonds de commerce,
• la création d’une SARL ;
– le droit du travail : c’est l’ensemble des règles qui gouvernent les rapports entre employeurs et
salariés, que ces rapports soient individuels (relatifs au contrat de travail) ou collectifs (concer-
nant la grève, la représentation du personnel). Exemples :
• la modification de la durée du travail,
• la diminution du salaire ;
– le droit international privé : c’est l’ensemble des règles applicables aux relations internatio-
nales entre personnes privées. Exemples :
• un mariage entre deux personnes de nationalités différentes,
• une vente internationale de marchandises entre deux sociétés domiciliées dans des états
différents ;
– le droit pénal : c’est l’ensemble des règles destinées à punir les faits constitutifs d’une infrac-
tion (contraventions, délits, crimes). Exemples :
• un excès de vitesse,
• un vol,
• un assassinat.
12
Fiche 1 - Le droit
B. Le droit public
Le droit public regroupe l’ensemble des règles relatives à l’organisation de l’état et qui gou-
vernent les rapports des personnes publiques entre elles, ou des personnes publiques avec les
personnes privées.
On entend par personne publique, l’administration (un ministère, un préfet), les collectivités
locales, appelées également collectivités territoriales (la commune, le département et la région)
et les établissements publics (universités, hôpitaux, entreprises publiques comme la SNCF, la
RATP, etc.).
Le droit public se subdivise en plusieurs branches :
– le droit constitutionnel : c’est l’ensemble des règles relatives à l’organisation et au fonction-
nement des pouvoirs publics : pouvoir législatif (exercé par le Parlement), pouvoir exécutif
(exercé par le gouvernement), pouvoir judiciaire (exercé par les juridictions). Les règles rela-
tives à l’organisation de ces pouvoirs publics sont énoncées par la Constitution du 4 octobre
1958 qui a institué la Ve République. Exemples :
• l’organisation des élections législatives,
• les pouvoirs du président de la République,
• le statut des magistrats ;
– le droit administratif : c’est l’ensemble des règles qui régissent les rapports des personnes
publiques entre elles ou avec des personnes privées. Exemples :
• le refus de délivrance d’un permis de construire par la mairie,
• l’exclusion d’un élève d’un lycée public ;
– le droit fiscal : c’est l’ensemble des règles relatives aux ressources et aux dépenses des personnes
publiques. Exemples :
• la création d’une nouvelle taxe,
• la suppression d’un avantage fiscal ouvrant droit à un crédit d’impôt ;
– le droit international public : c’est l’ensemble des règles relatives aux organisations interna-
tionales et aux rapports entre états. Exemples :
• une résolution adoptée par le conseil de sécurité de l’ONU,
• la délimitation des frontières maritimes entre deux états.
13
LE DROIT EXPLIQUÉ
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Exercices
pratiques
publique (l’hôpital).
4. Droit civil car concerne le droit de la famille.
5. Droit du travail car concerne la rupture d’un contrat de travail.
6. Droit pénal car concerne une infraction (délit).
7. Droit commercial car concerne la faillite d’une entreprise.
8. Droit civil car concerne un litige entre deux personnes privées.
9. Droit administratif car concerne un litige entre une personne privée (le particulier) et une
personne publique (le maire).
10. Droit civil car concerne un litige entre deux personnes privées (l’assuré et la compagnie d’assu-
rance).
14
Fiche
Les sources nationales
du droit 2
Nos règles de droit proviennent de différentes sources nationales : la Constitution du 4 octobre
1958 qui fonde la Ve République, la loi, la coutume, la jurisprudence.
I - La Constitution
La Constitution est la norme juridique suprême de l’état. Elle fixe l’ensemble des règles
qui déterminent l’exercice du pouvoir politique et garantissent les droits et les libertés
des citoyens. Depuis la Révolution, la Constitution consacre le principe de la séparation des
pouvoirs, théorisé par Montesquieu :
– au pouvoir législatif le soin d’adopter les lois ;
– au pouvoir exécutif la tâche de les exécuter ;
– au pouvoir judiciaire la mission de sanctionner leur violation.
La Constitution de 1958 cite un certain nombre de textes fondamentaux qui ont, de ce fait,
valeur constitutionnelle : la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, le
Préambule de la Constitution de la IVe République de 1946 et la Charte de l’environnement de
2004. La Constitution proclame ainsi de nombreux droits absolus auxquels nulle règle ne peut
déroger : égalité des citoyens, liberté d’association, présomption d’innocence, droit de propriété,
développement durable, etc.
1. Article 34 de la Constitution.
2. Article 38 de la Constitution.
16
Fiche 2 - Les sources nationales du droit
2) Les règlements
Dans toutes les matières qui ne sont pas réservées au Parlement, le Gouvernement a le pouvoir
d’adopter des règles de droit écrites, appelées règlements autonomes3.
Ces règlements, adoptés chaque semaine en conseil des ministres, sont innombrables. Leur nom
diffère selon leur auteur. Il y a d’abord les décrets, adoptés par le président de la République et
par le Premier ministre, pour faire fonctionner les différentes administrations. Il y a ensuite les
arrêtés, ministériels ou interministériels, adoptés par un ou plusieurs ministres, les arrêtés pré-
fectoraux adoptés par le préfet4 et les arrêtés municipaux adoptés par le maire.
Ces règlements autonomes, appelés aussi décrets lorsqu’ils proviennent du président de la Répu-
blique et du Premier ministre, ne doivent pas être confondus avec les règlements d’application,
également dénommés décrets d’application, qui sont des textes adoptés par le gouvernement
pour compléter la loi parlementaire5.
3. Article 37 de la Constitution.
4. Le préfet est le représentant de l’état, soit dans le département (préfet), soit dans la région (préfet de région).
5. Cf. D. L’application des lois dans le temps.
17
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
6. à condition que la disposition législative concernée n’ait pas déjà été déclarée conforme à la Constitution par le Conseil consti-
tutionnel au moyen du contrôle a priori (avant promulgation de la loi) ou à l’occasion d’une précédente question prioritaire de
constitutionnalité.
7. Loi n° 2011-392 du 14 avril 2011 relative à la garde à vue.
18
Fiche 2 - Les sources nationales du droit
dants des lois parlementaires10, les règlements d’application sont des textes adoptés par le gou-
vernement qui complètent la loi en apportant un certain nombre de précisions (chiffres, délais,
etc.). Toutefois, il arrive que, pour des raisons politiques comme un changement de gouver-
nement, les règlements d’application ne voient jamais le jour, et que, de ce fait, certaines lois
n’entrent jamais en vigueur !
Une fois entrée en vigueur, la loi civile n’a d’effet que pour l’avenir. Elle ne revient pas sur le
passé. C’est le principe de non-rétroactivité11. Ainsi, la loi nouvelle ne s’applique pas aux situa-
tions antérieures à son entrée en vigueur, passées et terminées. Par exemple, une nouvelle loi de
2011 modifiant les règles du divorce ne s’appliquera pas aux divorces déjà prononcés avant son
entrée en vigueur.
La nouvelle loi ne s’applique pas, non plus, aux situations passées mais non terminées car conti-
nuant à produire des effets dans le temps. C’est le cas des contrats à exécution successive qui ont
été signés avant l’entrée en vigueur de la nouvelle loi mais qui continuent de s’appliquer après.
Par exemple, une loi sur les contrats de location modifiant les règles de fixation des loyers ne
s’appliquera pas aux contrats de bail signés avant son entrée en vigueur et continuant de s’appli-
quer mais seulement aux contrats passés après son entrée en vigueur. Il y aurait, en effet, une trop
grande insécurité juridique si chaque nouvelle loi pouvait remettre en cause tous les contrats en
cours d’application.
Exceptionnellement, les lois dites impératives, appelées aussi lois d’ordre public, c’est-à-dire
adoptées dans l’intérêt général, ont un effet rétroactif en s’appliquant aux contrats en cours,
signés avant leur entrée en vigueur. De telles lois existent en matière de droit de la consommation
ou de droit du travail. Par exemple, une nouvelle loi modifiant la durée du travail ou augmentant
le SMIC s’appliquera à tous les salariés en poste ayant déjà signé leur contrat de travail et pas
seulement aux contrats conclus postérieurement.
Si les lois civiles sont donc, en principe, non-rétroactives, il n’en va pas de même pour les lois
pénales, c’est-à-dire les lois instituant de nouvelles infractions ou modifiant les sanctions des
infractions existantes. Il faut distinguer deux cas de figure :
– première hypothèse : la nouvelle loi pénale est plus sévère que l’ancienne : elle prévoit une
sanction (amende ou peine de prison) plus forte qu’auparavant. Cette loi pénale plus sévère
n’est pas rétroactive, c’est-à-dire qu’elle ne s’applique pas aux infractions commises avant son
entrée en vigueur et non encore définitivement jugées ;
– seconde hypothèse : la nouvelle loi pénale est plus douce que la précédente : elle allège la
sanction prévue auparavant. Cette loi pénale, moins sévère, a une portée rétroactive pour des
raisons d’humanité. Elle va ainsi s’appliquer aux infractions commises avant son entrée en
vigueur mais non encore jugées définitivement. Par exemple, la loi de 1981 qui abolit la peine
de mort et lui substitue la réclusion à perpétuité s’est appliquée aux crimes commis avant sa
promulgation mais pas encore jugés, de sorte que les prévenus ont été jugés selon la nouvelle
loi plus clémente, alors qu’ils avaient commis leur crime avant son entrée en vigueur.
III - La coutume
On peut définir la coutume comme une règle de droit non-écrite, née d’un usage prolongé,
et considérée comme obligatoire. Ainsi, deux éléments doivent être réunis pour former une
coutume :
– d’une part, un élément matériel : la pratique constante, répétée, car « une fois n’est pas cou-
tume » ;
– d’autre part, un élément psychologique : le sentiment, pour ceux qui suivent la coutume,
d’obéir à une règle obligatoire.
C’est en droit commercial et en droit du travail que l’on trouve le plus de coutumes, comme le
fait pour un employeur d’attribuer à ses salariés une prime de Noël.
La coutume a une valeur inférieure à la loi. Elle peut compléter la loi, mais pas lui être contraire.
Une coutume allant à l’encontre d’une loi sera écartée par le juge.
IV - La jurisprudence
On appelle jurisprudence l’ensemble des décisions de justice rendues par les juridictions. Les
juges n’ont pas pour mission d’élaborer eux-mêmes des règles de droit. Leur rôle est d’appliquer
les lois, voire de les interpréter si les textes ne sont pas clairs ou si la situation à juger n’est pas
clairement visée par un texte de loi. Il appartient alors au juge d’interpréter un ou plusieurs
textes pour trouver une solution au cas particulier qui lui est soumis. Sa décision constitue une
jurisprudence12.
La difficulté vient de ce que la jurisprudence n’a pas le caractère général et permanent des autres
règles de droit, en particulier de la loi. En effet, la règle élaborée par le juge ne vaut que pour
la situation jugée à un moment donné. Une autre solution peut, dans un contexte pourtant
similaire, être retenue par le même juge. Il s’agit alors d’un revirement de jurisprudence. De
12. On appelle aussi jurisprudence l’ensemble des décisions de justice rendues par plusieurs juridictions différentes qui vont
dans le même sens.
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LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
même, on peut rencontrer des jurisprudences différentes d’une juridiction à une autre. C’est la
raison pour laquelle il existe une juridiction supérieure appelée Cour de cassation dont le rôle
est d’unifier la jurisprudence en censurant les décisions qui lui semblent contraires aux textes de
lois (cf. fiche 4)13.
L’exemple de la publicité comparative illustre bien le pouvoir créateur du juge et le caractère
évolutif de la jurisprudence. Jusqu’en 1992, il n’existait pas de loi autorisant ou interdisant la
publicité comparative. En général, celle-ci était systématiquement attaquée par les entreprises
faisant l’objet d’une comparaison et elle était mal vue par les tribunaux, qui avaient l’habitude
de condamner l’annonceur pour concurrence déloyale. Mais à partir de 1986, la jurisprudence
changea à l’occasion de litiges opposant notamment des concurrents de la grande distribution.
Les juges admirent la comparaison de produits similaires, vendus dans les mêmes conditions,
par des commerçants différents. Cette évolution jurisprudentielle a été consacrée par la loi du
18 janvier 1992 qui a admis pour la première fois la publicité comparative.
La jurisprudence peut ainsi inspirer l’adoption de nouvelles lois. Mais dès qu’un nouveau texte
de loi est adopté, les juges sont tenus de le respecter. La jurisprudence a ainsi une valeur infé-
rieure à la loi.
13. En cela, le droit français se distingue du droit anglo-saxon. Dans les pays de Common Law où la jurisprudence prime sur la
loi, les juges sont tenus par l’interprétation de leurs prédécesseurs dans les affaires similaires, en vertu de la règle du précédent
(rule of precedent).
22
Fiche 2 - Les sources nationales du droit
Exercices
pratiques
l Cas pratique 1
Énoncé
Jacques Tulipe et Ernestine Cactus ont eu une fille, Fleur, née en 2000, qui porte le nom de son père et
s’appelle donc Fleur Tulipe. Une loi de 2002, entrée en vigueur en 2005, permet que le nom des deux
parents soit transmis aux enfants.
La petite fille peut-elle s’appeler Fleur Tulipe-Cactus ?
Question juridique
Corrigé
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LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
l Cas pratique 2
Énoncé
Une personne commet un vol en janvier 2012. En mars 2012, une nouvelle loi réduit la sanction de
3 à 2 années d’emprisonnement.
Lors de son procès en avril 2012, quelle est la peine qui lui sera appliquée ?
Question juridique
Corrigé
Une nouvelle loi pénale s’applique-t-elle aux infractions commises avant son entrée en vigueur ?
Règles de droit
Le principe de la non-rétroactivité de la loi pénale connaît une exception : lorsque la nouvelle loi
pénale allège la sanction existante, elle s’applique aux infractions commises avant son entrée en vigueur
et non encore jugées définitivement.
Solution
La personne n’ayant pas encore été jugée lors de l’entrée en vigueur de la nouvelle loi pénale (mars
2012) pourra bénéficier de ses dispositions moins sévères, même si le vol a été commis avant.
24
Fiche 2 - Les sources nationales du droit
l Cas pratique 3
Énoncé
Une loi du 1er janvier 2011 supprime le crédit d’impôt sur le revenu qui permettait aux acquéreurs
d’une résidence principale de déduire fiscalement pendant 5 ans les intérêts d’emprunt contractés à
l’occasion de cet achat immobilier.
Cette loi s’applique-t-elle aux contrats de crédit conclus avant 2011 ?
Question juridique
Une nouvelle loi civile s’applique-t-elle aux contrats conclus avant son entrée en vigueur mais conti-
Corrigé
25
Fiche
Les sources
internationales du droit 3
Notre droit ne se limite pas aux règles d’origine nationale. Il existe en effet de très nombreuses
règles internationales et européennes qui influencent de plus en plus notre environnement juri-
dique.
inapplicables. Le contrôle de la conformité des lois internes aux traités internationaux n’est pas
effectué par le Conseil constitutionnel, à la différence du contrôle de la conformité des lois à
la Constitution. Lorsqu’apparaît un conflit entre une loi et un traité à l’occasion d’un litige en
cours devant une juridiction française, il appartient à cette juridiction de déclarer la loi inappli-
cable et de faire prévaloir le traité.
Cette supériorité des traités sur les lois internes peut être illustrée par un exemple de droit du tra-
vail. L’Organisation Internationale du Travail (OIT) est une agence spécialisée de l’ONU char-
gée d’élaborer les normes internationales du travail. À cette fin, elle rédige des traités internatio-
naux proclamant les droits fondamentaux des travailleurs : interdiction du travail forcé, liberté
syndicale, égalité de rémunération, non-discrimination, réglementation du travail de nuit, des
accidents du travail, des congés payés, etc.
L’un de ces traités, la Convention n° 158 sur le licenciement (adoptée en 1982 et ratifiée par la
France en 1989), soumet le licenciement à plusieurs conditions. Parmi ces conditions, figure
l’exigence d’une justification4. Or en 2005, une loi française a institué le « Contrat Nouvelles
Embauches » (CNE) autorisant la rupture du contrat de travail par l’employeur sans justification
pendant une durée de 2 ans. D’après cette loi, il suffisait que l’employeur envoie au salarié une
lettre recommandée avec accusé de réception l’informant de la fin de son contrat, sans avoir à
motiver sa décision. Lorsque les premiers litiges entre salariés et employeurs ont été portés devant
les juridictions françaises, ces dernières ont jugé que le CNE était contraire aux dispositions de
la Convention de l’OIT qui imposent une justification du licenciement. À la suite de cette
jurisprudence, la loi instaurant le CNE a été abrogée par le gouvernement en 2008. En résumé,
la loi française de 2005 a été jugée incompatible avec le droit international, et donc supprimée.
4. Article 4 de la Convention : « Un travailleur ne devra pas être licencié sans qu’il existe un motif valable de licenciement lié à l’apti-
tude ou à la conduite du travailleur ou fondé sur les nécessités du fonctionnement de l’entreprise ».
5. L’Union européenne comprend actuellement 27 états membres. Les règles de droit sont élaborées conjointement par la Com-
mission européenne, le Parlement européen et le Conseil de l’Union (appelé aussi Conseil des ministres).
28
Fiche 3 - Les sources internationales du droit
L’application du droit de l’Union européenne ne va pas toujours de soi. Il arrive que, au cours
d’un procès, un texte communautaire invoqué par un citoyen français manque de clarté et néces-
site des précisions. Il appartient alors au juge de mettre en attente le litige en attendant l’avis de
la Cour de justice de l’Union européenne7. C’est le mécanisme du renvoi préjudiciel qui existe
dans chaque état membre et qui contribue à une interprétation uniforme du droit communau-
taire en évitant les divergences d’une juridiction à une autre. En effet, la réponse apportée par la
Cour de justice s’impose non seulement au juge qui a posé la question mais également à toutes
les juridictions nationales des états membres.
Constitution de 1958
Traités internationaux
Lois communautaires
(règlements et directives) Conformité examinée
Conformité examinée
par les juridictions
par le Conseil
judiciaires et
constitutionnel Lois françaises administratives
(ordonnances et lois parlementaires)
Coutumes
Jurisprudence
Exercices
pratiques
Le 1er janvier 2011 entre en vigueur un traité international, signé entre la France et le Pakistan visant à
l’établissement d’un partenariat économique entre les deux états. En vertu de ce traité, les échanges de
Énoncé
biens sont libres de tous droits de douane entre eux. Or, quelque temps plus tard, luttant par tous les
moyens contre la crise, l’état français décide de rétablir et d’augmenter les droits de douane sur toutes
les importations de textile provenant d’États étrangers à l’Union européenne. Une loi est adoptée en
ce sens le 1er février 2012.
M. Omar, commerçant pakistanais qui exporte des tee-shirts en France, se voit alors imposer des droits
de douane extrêmement élevés. Il voudrait les contester.
Peut-il obtenir gain de cause ?
Question juridique
Quelle est la valeur d’une loi française par rapport à un traité international ?
Corrigé
Règles de droit
En France, les traités internationaux ont une valeur supérieure aux lois internes. Les lois doivent donc
être conformes aux traités. Les lois non conformes, antérieures ou postérieures au traité, sont inappli-
cables.
Solution
En l’espèce, la loi du 1er février 2012 est postérieure au traité du 1er janvier 2011. Elle lui est contraire.
Elle n’est donc pas applicable devant les tribunaux. M. Omar peut continuer de commercer sans payer
de droits de douane.
31
Fiche
Les juridictions
judiciaires 4
Les juridictions judiciaires jugent des litiges relevant du droit privé, c’est-à-dire des litiges
concernant des personnes privées (particuliers, entreprises, associations, etc.). On distingue les
juridictions civiles et les juridictions pénales, chapeautées par la Cour de cassation.
C’est une juridiction collégiale composée de trois juges. Toutefois, le TGI siège parfois à juge
unique, comme le juge aux affaires familiales en matière de divorce.
Le tribunal de grande instance a deux sortes de compétences : une compétence générale (au-
dessus d’une certaine somme de dommages et intérêts) et une compétence exclusive (quel que
soit le montant du litige) :
– compétence générale : le TGI juge les litiges civils qui représentent un montant supérieur à
10 000 euros ;
– compétence exclusive : le TGI est compétent, quel que soit le montant de la demande, en
droit de la famille (unions, séparations, successions, etc.), droit des personnes (état civil, natio-
nalité, etc.), droit immobilier (achat d’un bien foncier, etc.), droit de la propriété intellectuelle
(droits d’auteur, marques et brevets).
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
C’est une juridiction statuant à juge unique. Le tribunal d’instance a également une double
compétence, générale et exclusive :
– compétence générale : le TI juge les litiges civils dont le montant de la demande est supérieur
à 4 000 euros, jusqu’à 10 000 euros ;
– compétence exclusive : le TI est aussi compétent, quel que soit le montant de la demande,
en matière de loyer et de tutelle.
3) Le juge de proximité
C’est un juge unique non professionnel. Ayant une expérience juridique (avocat, notaire, huis-
sier, juriste…), il est nommé par le gouvernement pour 7 ans. Il juge les petits litiges de la vie
quotidienne inférieurs à 4 000 euros (vente, assurance, etc.)1.
4) Le tribunal de commerce
C’est une juridiction collégiale composée de trois juges non professionnels, des commerçants
élus par leurs pairs. Ce ne sont donc pas des juristes de formation mais des chefs d’entreprise,
des spécialistes du commerce.
Ces juges sont élus pour deux ans (période probatoire) puis rééligibles trois fois pour quatre ans,
soit quatorze ans au total. Ils jugent les affaires commerciales, quel que soit le montant de la
demande (litiges entre entreprises, faillite, etc.).
5) Le conseil de prud’hommes
C’est une juridiction collégiale composée d’au moins quatre juges non professionnels, deux
salariés et deux employeurs élus par leurs pairs pour cinq ans, renouvelables indéfiniment. En cas
de partage des voix, un magistrat professionnel (juge au tribunal d’instance) tranche.
Les conseillers prud’homaux jugent les litiges individuels du travail, c’est-à-dire les litiges rela-
tifs au contrat de travail, quel que soit leur montant (durée du travail, harcèlement, licencie-
ment, etc.). Les litiges collectifs, tels que ceux nés à l’occasion d’une grève, relèvent du TGI.
1. La loi n° 2011-1862 du 13 décembre 2011 supprime la juridiction de proximité mais maintient les juges de proximité. Ces
derniers seront rattachés au tribunal d’instance, compétent pour les litiges compris entre 0 et 10 000 euros. Cette loi entrera en
vigueur en janvier 2013.
34
Fiche 4 - Les juridictions judiciaires
C. La Cour d’appel
Selon le principe du double degré de juridiction, toute personne ayant perdu en première
instance peut faire rejuger entièrement le litige une seconde fois devant une Cour d’appel. Le
jugement de première instance est alors remplacé par l’arrêt rendu par la Cour d’appel, qui peut
soit le confirmer, soit l’infirmer.
Ce principe de l’appel est fondamental car il protège le justiciable d’une erreur judiciaire en lui
donnant une seconde chance. L’appel est néanmoins soumis à une double condition :
– d’une part, il faut que le litige représente une somme supérieure à un certain taux de ressort,
fixé aujourd’hui à 4 000 euros (le juge de proximité juge donc toujours sans appel, « en premier
et dernier ressort »). En effet, faire appel coûtant cher, la somme en jeu doit être significative ;
– d’autre part, il faut faire appel dans le délai d’un mois à compter de la notification du juge-
ment de première instance, c’est-à-dire du jour où il est porté à la connaissance des parties.
L’appel est, en principe, suspensif : il suspend l’application du jugement de première instance.
Par exemple, une personne condamnée en première instance à payer une somme d’argent ne
devra verser cette somme que si cette condamnation est confirmée une seconde fois en appel.
Mais en pratique, le juge de première instance assortit très souvent son jugement d’une mesure
d’exécution provisoire, dès l’instant où le jugement de première instance a toutes les chances
d’être confirmé en appel (par exemple, en raison de l’évidente mauvaise foi de l’une des parties).
2. Art. 42 du Code de procédure civile. Mais il existe de très nombreuses exceptions à ce principe.
35
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
Ainsi, la personne condamnée en première instance devra payer même si elle fait appel, quitte à
être ensuite remboursée si elle obtient gain de cause devant la Cour d’appel.
La Cour d’appel est une juridiction collégiale, composée de trois juges. Il existe 37 Cours d’ap-
pel en France. Chaque Cour est divisée en chambres spécialisées en fonction de la nature des
litiges qui lui sont soumis : civils, commerciaux, sociaux. En effet, chaque Cour d’appel reçoit les
appels dirigés contre les jugements rendus par tous les tribunaux de grande instance, tribunaux
d’instance, tribunaux de commerce, conseils de prud’hommes, relevant de son ressort territorial.
Cour de Cassation
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Cour d’appel
3. La sanction pénale peut, en outre, être complétée par une demande de réparation civile sous la forme de dommages et
intérêts : c’est l’action civile. Par exemple, la contrefaçon est une infraction sanctionnée par 3 ans de prison et 300 000 euros
d’amende. La victime d’une contrefaçon peut, en outre, réclamer au juge pénal des dommages et intérêts pour réparer son pré-
judice (atteinte à son image de marque, baisse de son chiffre d’affaires, etc.).
36
Fiche 4 - Les juridictions judiciaires
Ce juge unique non professionnel statue sur les quatre premières classes de contraventions :
la plupart des infractions routières, le tapage nocturne, la diffamation, etc.
2) Le tribunal de police
C’est un juge unique statuant au sein du tribunal d’instance. Il est compétent pour les contra-
ventions de cinquième classe : excès de vitesse supérieur à 50 km/h, violences volontaires ayant
entraîné une incapacité de travail inférieure ou égale à 8 jours, etc.
3) Le tribunal correctionnel
Il juge les délits : publicité trompeuse, contrefaçon, vol, violences, homicide involontaire, etc.
C’est une juridiction collégiale située au sein du tribunal de grande instance.
Depuis 2012, deux citoyens assesseurs tirés au sort sur les listes électorales peuvent siéger aux
côtés des trois magistrats professionnels pour juger les délits les plus graves, punis d’au moins
cinq ans d’emprisonnement (comme les agressions sexuelles ou les vols avec violence).
4) La Cour d’assises
C’est une juridiction tout à fait particulière, par son organisation (elle ne siège pas de manière
permanente mais par session) et par sa composition : chaque Cour d’assises est composée de
neuf juges : trois magistrats professionnels et six jurés qui sont des citoyens tirés au sort sur les
listes électorales : c’est ce que l’on appelle le jury populaire. La Cour d’assises juge les crimes :
meurtre, assassinat, viol, etc.
37
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
Avant d’être jugés, les délits les plus graves et les crimes font l’objet d’une instruction confiée à un
juge d’instruction qui rassemble toutes les informations nécessaires sur les faits dont il est saisi.
Ces faits ne sont jugés que si le juge d’instruction renvoie la personne mise en examen devant
une juridiction de jugement : le tribunal correctionnel (si la personne est accusée d’un délit) ou
la Cour d’assises (si elle est accusée d’un crime).
En l’absence de charges suffisantes contre la personne mise en examen, le juge d’instruction rend
une ordonnance de non-lieu et la personne n’est pas jugée.
C. L’appel
Comme en matière civile, il existe le principe du double degré de juridiction. Par conséquent,
toute personne condamnée en première instance peut faire appel, sauf si elle a été jugée par le
juge de proximité pour une contravention de première ou de deuxième classe.
Le délai d’appel est de dix jours. L’appel est suspensif : le condamné en première instance qui
fait appel est libre, sauf dans certaines circonstances où l’ordre public est menacé, comme dans
les affaires criminelles.
L’appel des jugements rendus par les tribunaux de police et les tribunaux correctionnels est porté
devant la Cour d’appel (chambre des appels correctionnels).
Il en va différemment en matière criminelle. Pendant longtemps, les verdicts rendus par les
Cours d’assises ne pouvaient pas faire l’objet d’un appel en vertu du principe de la souveraineté
populaire : on considérait qu’un jury issu du peuple ne pouvait pas se tromper. Depuis 2001,
l’appel d’un verdict rendu par une Cour d’assises est porté devant une autre Cour d’assises
composée de douze juges : trois juges professionnels et neuf jurés.
4. Cependant, il existe une exception en matière de délit : la victime d’un délit peut soit saisir le tribunal correctionnel dans le
ressort duquel l’infraction a eu lieu, soit saisir le tribunal correctionnel du lieu où le prévenu réside ou a été arrêté.
38
Fiche 4 - Les juridictions judiciaires
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39
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
Par exemple, la Cour de cassation a rappelé aux juges du fond que l’enregistrement de paroles,
prononcées à titre privé ou confidentiel, sans le consentement de leur auteur constitue une
atteinte au droit au respect de la vie privée, même si l’auteur en question est une personne connue.
Il s’agissait en l’espèce de Liliane Bettencourt, principale actionnaire de l’Oréal, l’un des premiers
groupes industriels français. La Cour de cassation a ainsi opposé au droit à l’information du
public proclamé par la Cour d’appel de Paris un autre droit, le droit à l’intimité de la vie privée5.
B. Le mécanisme du pourvoi
Le recours en cassation s’appelle le pourvoi. Le pourvoi est obligatoirement conduit par un avo-
cat spécialisé, appelé « avocat aux Conseils » (cf. fiche 6). Le délai pour former un pourvoi est de
deux mois en matière civile, cinq jours en matière pénale.
Le pourvoi n’est recevable que s’il s’appuie sur la contestation d’un point de droit d’une décision
de justice. Le plus souvent, les décisions de justice contestées en cassation sont celles rendues
par les Cours d’appel. Mais il arrive aussi que la Cour de cassation ait à examiner des jugements
rendus en premier et dernier ressort pour les litiges inférieurs au taux de ressort de 4 000 euros.
Quel que soit le cas de figure, si la Cour de cassation considère que les juges du fond ont bien
appliqué la règle de droit, elle rend un arrêt de rejet : elle rejette le pourvoi et le procès s’achève.
Dans le cas contraire, elle rend un arrêt de cassation : elle annule la décision qui lui est déférée.
Elle renvoie alors les parties devant une autre juridiction du fond, appelée juridiction de renvoi,
chargée de réexaminer l’affaire.
Cette juridiction de renvoi est soit une juridiction de première instance (par exemple un juge
de proximité) si le jugement cassé n’a pas fait l’objet d’un appel, soit une Cour d’appel. La juri-
diction de renvoi rejuge entièrement le litige, à travers les faits et le droit, à la lumière de l’inter-
prétation juridique de la Cour de cassation. Il lui revient, notamment, d’évaluer le montant des
dommages et intérêts qui en découlent.
Toutefois, la juridiction de renvoi ne s’incline pas toujours devant la position de la Cour de cas-
sation. Le justiciable peut alors former un second pourvoi. Dans ce cas, et face à l’importance
de la situation, la Cour de cassation se réunit en Assemblée plénière, composée de magistrats de
chaque chambre. Soit elle rend un arrêt de rejet qui met fin au procès. Soit elle rend de nouveau
un arrêt de cassation. Le litige se présente alors devant une seconde juridiction de renvoi qui,
cette fois, est tenue de se conformer à l’interprétation juridique de la Cour de cassation et d’en
déduire toutes les conséquences factuelles qui en découlent.
Le recours en cassation
Arrêt Arrêt
de rejet de rejet
Cour Cour
de Cassation de Cassation
1re pourvoi 2e pourvoi
fin
41
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
Exercices
pratiques
l Questions - Série 1
42
Fiche 4 - Les juridictions judiciaires
l Questions - Série 2
Énoncé
Quels sont les jugements susceptibles de faire l’objet d’un appel et devant quelle juridiction :
1. Un jugement accordant 2 500 euros de dommages et intérêts.
2. Un jugement prononçant un divorce.
3. Une condamnation à 12 ans d’emprisonnement.
Corrigé
43
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
l Cas pratique 1
Énoncé
Léo, domicilié à Lille, refuse de rembourser les 6 000 euros qu’il a empruntés à son ami Tanguy qui
habite Paris.
Devant quel tribunal Tanguy peut-il agir (indiquez la compétence matérielle et territoriale) ?
Un appel est-il possible ?
Question juridique
Quelles sont les juridictions compétentes pour un litige entre deux particuliers ?
Règles de droit
Un litige entre deux particuliers relève du droit civil. La compétence matérielle des tribunaux civils
Corrigé
dépend du montant de la demande (sauf compétence spéciale) : juge de proximité (moins de 4 000
euros), tribunal d’instance (entre 4 000 et 10 000 euros), tribunal de grande instance (plus de 10 000
euros).
Le tribunal territorialement compétent est celui du lieu où demeure le défendeur.
Pour faire appel, il faut que le litige représente une somme supérieure à 4 000 euros (taux de ressort).
Solution
En l’espèce, le litige porte sur une somme de 6 000 euros et la personne assignée est Léo, qui habite
Lille. La juridiction compétente est donc le tribunal d’instance de Lille.
Le taux de ressort de 4 000 euros est atteint. S’il n’obtient pas gain de cause en première instance,
Tanguy pourra donc faire appel devant la Cour d’appel dans le ressort de laquelle se trouve le tribunal
d’instance de Lille : la Cour d’appel de Douai.
44
Fiche 4 - Les juridictions judiciaires
l Cas pratique 2
Énoncé
Monsieur Écolo, PDG de la société Nature dont le siège social est basé à Paris, refuse de payer la facture
de 3 000 euros envoyée par son fournisseur, la SARL Les Quatre Saisons, qui se trouve à Toulouse.
Devant quel tribunal la SARL peut-elle agir (indiquez la compétence matérielle et territoriale) ?
Un appel est-il possible ?
Question juridique
Quelles sont les juridictions compétentes en droit commercial ?
Règles de droit
Corrigé
Les litiges de droit commercial relèvent du tribunal de commerce, quel que soit le montant de la
demande.
Le tribunal territorialement compétent est celui du lieu où demeure le défendeur.
L’appel est soumis à un taux de ressort de 4 000 euros.
Solution
En l’espèce, il s’agit d’un litige entre deux sociétés donc d’un litige de droit commercial. La société
Nature est le défendeur. Son siège est à Paris. La SARL Les Quatre Saisons peut donc l’assigner devant
le tribunal de commerce de Paris afin d’obtenir le paiement des 3 000 euros.
Le taux de ressort de 4 000 euros n’étant pas atteint, l’appel est impossible. En revanche, le perdant
en première instance peut former un recours en cassation en cas de mauvaise application des règles de
droit par le tribunal de commerce.
45
Fiche
Les juridictions
administratives 5
Les juridictions administratives jugent des litiges de droit public, c’est-à-dire des litiges oppo-
sant soit des personnes publiques entre elles (état, collectivités locales, établissements publics,
etc.), soit des personnes publiques à des personnes privées (particuliers, entreprises, associations,
etc.).
Les juridictions administratives se préoccupent ainsi de la vie quotidienne de tous les citoyens
dans leurs rapports avec l’administration : permis de construire, antennes-relais, stationnement,
transports en commun, enseignement, permis de chasse, fiscalité, titres de séjour, etc. Illustration
du phénomène de judiciarisation de la société, ces juridictions ont vu le nombre de requêtes
doubler en dix ans, pour atteindre 240 000 affaires par an environ ! Ces requêtes sont portées
principalement devant les tribunaux administratifs, les Cours administratives d’appel et le
Conseil d’État1.
d’État qui statue sur la légalité des règlements en premier et dernier ressort, c’est-à-dire sans
appel possible.
Concernant la compétence territoriale des tribunaux administratifs, il faut, en principe, saisir le
tribunal du lieu où l’autorité administrative concernée par la requête du justiciable a son siège.
Par exemple, un recours dirigé contre un hôpital parisien suite à une infection nosocomiale
contractée lors d’une opération chirurgicale relève tout simplement de la compétence du tribu-
nal administratif de Paris.
48
Fiche 5 - Les juridictions administratives
D’autre part, le Conseil d’État est la plus haute juridiction de l’ordre administratif. Il exerce
une double fonction juridictionnelle, en première instance et en cassation :
– en première instance, il juge en premier et dernier ressort les recours dirigés contre les règle-
ments du président de la République et des ministres, qui échappent de ce fait à la compétence
générale des tribunaux administratifs ;
– il est aussi juge de cassation des jugements rendus par les Cours administratives d’appel.
Comme la Cour de cassation dans l’ordre judiciaire, il ne rejuge pas entièrement le litige mais
se contente de vérifier le respect des règles de procédure et la bonne application du droit par les
juges du fond. Le délai de recours pour saisir le Conseil d’État est de deux mois à compter de
la notification du jugement que le requérant souhaite contester.
Conseil d’état
Cour
administrative
d’appel
Tribunal
administratif
49
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
Exercices
pratiques
Énoncé
Le magasin Louis Vuitton, situé sur les Champs-Élysées, a obtenu du préfet de Paris l’autorisation
d’ouvrir le dimanche. Mais les syndicats sont très opposés au travail dominical. La CGT veut agir en
justice pour contester l’arrêté préfectoral.
Quelles sont les juridictions compétentes en première instance, en appel et en dernier ressort
(compétence matérielle et territoriale) ?
Question juridique
Quelles sont les juridictions compétentes pour un litige entre une personne privée (la CGT) et une
Corrigé
50
Fiche
Le personnel judiciaire
6
Chaque juridiction est composée de magistrats et d’auxiliaires de justice qui contribuent
ensemble au bon fonctionnement des institutions judiciaires.
I - Les magistrats
Ce sont des fonctionnaires, des agents de l’état au service de la fonction publique de la justice.
1. Cette appellation de garde des Sceaux remonte à l’Ancien Régime, lorsque le Chancelier, qui était responsable de la justice,
était chargé de conserver les sceaux de la monarchie destinés à authentifier les documents officiels. à l’heure actuelle, le sceau de
la République est toujours gardé dans le bureau du ministre de la Justice.
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
À la différence des magistrats du Parquet, les magistrats du siège sont indépendants : ils ne
reçoivent pas d’ordre du pouvoir politique sur la manière de juger. Afin de garantir cette indé-
pendance, ils sont inamovibles, ce qui signifie qu’ils ne peuvent pas être mutés sans leur accord.
En principe, les affaires sont jugées par plusieurs juges (un président et deux conseillers). C’est
le principe de la collégialité. Plus les juges sont nombreux, plus l’impartialité de la justice est
garantie. Cependant, pour des raisons économiques, de plus en plus de litiges sont jugés par un
seul juge (cf. fiche 4).
À côté des juges professionnels, il existe dans certaines juridictions des juges non professionnels,
qui sont soit des juristes comme les juges de proximité, soit des non-juristes : commerçants
devant le Tribunal de commerce, salariés et employeurs devant le Conseil de Prud’hommes
(cf. fiche 4).
Les juges sont personnellement irresponsables dans l’exercice de leurs fonctions. Cela signifie
qu’un justiciable ne peut réclamer de sanction contre un juge s’il considère qu’il a commis une
erreur dans son jugement, qu’il a « mal jugé ». Il dispose en revanche de la possibilité de mettre
en œuvre une voie de recours pour faire juger une nouvelle fois son affaire : appel, cassation,
recours en révision (cf. fiche 7).
Toutefois, les juges peuvent faire l’objet d’une sanction disciplinaire en cas de manquement
grave à leurs obligations professionnelles (lenteurs, négligences, etc.). Les sanctions, pronon-
cées par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), vont de la réprimande (à l’encontre, par
exemple, du juge d’instruction Fabrice Burgaud suite à l’affaire d’Outreau) à la révocation du
juge (sanction rarissime)2.
Ils interviennent en première instance et en appel. Ils exercent une profession libérale, c’est-à-
dire une profession intellectuelle indépendante. Ils ont 3 fonctions :
2. L’affaire d’Outreau est une sombre histoire de pédophilie, qui se déroula entre 2001 et 2005 et qui donna lieu finalement à
treize acquittements, après que les personnes poursuivies ont fait plusieurs années de prison. Cette affaire mit en évidence les
dysfonctionnements de l’institution judiciaire et, notamment, de l’instruction.
52
Fiche 6 - Le personnel judiciaire
– en premier lieu, ils conseillent leurs clients sur des points de droit. Ce conseil peut prendre
plusieurs formes : consultation sur une question juridique, rédaction d’un contrat, préparation
d’une transaction (c’est-à-dire d’un accord amiable) pour éviter un procès. En effet, un bon
avocat n’est pas celui qui cherche systématiquement à agir en justice, mais celui qui se préoc-
cupe des intérêts de son client ;
– en second lieu, si une action en justice est introduite, ils représentent leurs clients pendant
la procédure dans les rapports avec la juridiction saisie et la partie adverse (échange de docu-
ments, respect des formalités judiciaires, etc.) ;
– en dernier lieu, ils défendent leurs clients le jour de l’audience par leur plaidoirie. Il s’agit de
la fonction la plus connue. Pourtant, certains avocats, notamment parmi les avocats d’affaires,
plaident très peu et consacrent l’essentiel de leur activité à la fonction de conseil.
Il est utile de faire appel à un avocat lorsque l’on saisit la justice compte tenu de la complexité
croissante de l’environnement juridique. Toutefois, la présence d’un avocat n’est pas obligatoire
devant toutes les juridictions. En première instance, l’avocat n’est obligatoire que devant le TGI.
En revanche, il est obligatoire en appel.
2) Les avocats aux Conseils
Ils interviennent devant la Cour de cassation et devant le Conseil d’État. Ils ont un statut bien
différent de celui des avocats à la Cour car ce sont des officiers ministériels. Un officier ministé-
riel est un professionnel propriétaire d’un « office » (c’est-à-dire d’une « charge », d’un « métier »)
qu’il a acheté, et qui lui confère un monopole dans l’exercice de son activité3.
B. Les greffiers
Les greffiers sont des fonctionnaires, sauf devant le tribunal de commerce où ils sont des officiers
ministériels. Ce sont les secrétaires des tribunaux. Ils préparent les audiences, prennent note des
débats, préparent un projet de jugement et le cosignent avec le président du tribunal.
3. Le fait de pouvoir acheter ou vendre le droit d’exercer certaines activités est une survivance de l’Ancien Régime où les fonc-
tions judiciaires s’achetaient au Roi.
53
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
I - Le déroulement du procès
Le « droit à un procès équitable » est un droit fondamental du citoyen, proclamé par la Conven-
tion européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales1.
Il appartient donc à l’état d’organiser le service public de la justice afin que les juges rendent la
justice de manière impartiale. Cela signifie que les jugements doivent être objectifs. Au cours
du procès, le juge ne doit pas subir de pression de la part du pouvoir politique ou des parties en
litige. S’il s’avère qu’il existe un lien entre une partie et un juge, ce dernier peut être récusé et
dessaisi du dossier.
Le principe de l’impartialité de la justice a pour corollaire celui de la publicité des débats selon
lequel chaque citoyen a accès aux salles d’audiences. Le fait de pouvoir assister à un procès (le
sien mais aussi à n’importe quel procès) garantit directement l’impartialité des juges qui statuent
en public.
1. Article 6 de la Convention : « Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue publiquement, équitablement et dans un délai
raisonnable ».
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
Le principe de la publicité de la justice connaît néanmoins des exceptions dans les affaires rela-
tives aux mineurs, à la vie privée (comme les divorces) ou risquant de provoquer un trouble à
l’ordre public (par exemple pour des actes de pédophilie). Ces affaires sont jugées en « chambre
du conseil », c’est-à-dire à huis clos.
L’action en justice est introduite par une assignation. C’est un acte par lequel une personne (le
demandeur) fait connaître à une autre personne (le défendeur) son intention de la faire compa-
raître (de l’assigner) devant une juridiction2.
L’assignation doit être remise en mains propres par un huissier. Elle doit être délivrée dans un
certain délai, le délai de prescription. En matière civile, ce délai est, en principe, de cinq ans à
compter des faits reprochés. En d’autres termes, une personne voulant agir en justice contre une
autre personne doit le faire dans les cinq ans suivants les faits à l’origine du litige. Par exemple, en
cas de non-paiement d’une somme d’argent, il faut assigner le débiteur dans les cinq ans suivants
le jour où cette somme aurait dû être payée.
Mais ce principe du délai de cinq ans connaît des exceptions. Par exemple, pour le contrat de
vente, le délai de prescription est de deux ans pour une action en garantie de conformité, ainsi
que pour une action en garantie des vices cachés (cf. fiche 19).
L’action en justice marque le commencement du procès. Elle ouvre l’instance, c’est-à-dire le
début de la procédure. Cette procédure est guidée par le principe du contradictoire. Ce prin-
cipe impose de respecter les droits de la défense : les parties en litige doivent connaître leurs
arguments réciproques pour pouvoir se défendre. Par exemple, chaque partie doit communiquer
à l’autre toutes les pièces de son dossier ainsi que les conclusions de son avocat, de manière à
ce que la partie adverse puisse préparer sa défense. Aucun nouvel argument juridique, aucune
nouvelle preuve ne peut être dévoilée pour la première fois le jour de l’audience. Ce serait une
violation du principe du contradictoire qui aboutirait à un renvoi de l’audience par le juge à une
date ultérieure afin que la partie prise au dépourvue puisse prendre connaissance des nouveaux
éléments.
La justice est lente, faute de moyens suffisants. Une procédure de première instance dure en
moyenne entre 6 mois et un an selon la nature de l’affaire et la juridiction saisie. Pour l’appel, il
faut compter un an de plus environ.
2. Exceptionnellement, l’action en justice peut aussi être introduite par une « requête », par laquelle le demandeur saisit directe-
ment le juge. Cette procédure sur requête est utilisée lorsque le demandeur ne veut pas que le défendeur soit informé du procès
qui est intenté contre lui, par exemple parce qu’il veut demander une saisie ou faire constater un fait par surprise.
56
Fiche 7 - Le procès
Or il existe des situations urgentes où il est impossible d’attendre un tel délai pour obtenir une
décision. D’où la procédure du référé : le justiciable saisit le président du tribunal compétent
(TGI, tribunal de commerce, etc.) afin que soient ordonnées rapidement (en quelques heures
ou quelques jours) des mesures provisoires dans l’attente du jugement au fond. Par exemple, le
juge des référés peut ordonner de retirer immédiatement de la vente un livre diffamatoire ou une
contrefaçon, sans statuer sur le fond de l’affaire, qui est jugée ultérieurement.
Afin de garantir l’égal accès des citoyens à la justice, celle-ci est gratuite. Les justiciables ne paient
pas leurs juges qui sont des fonctionnaires rémunérés par l’état. Toutefois, un procès coûte cher
car il existe des frais de justice qui, en fonction des affaires, peuvent être très élevés3 : taxe de
35 euros pour saisir la justice civile, frais de procédure (huissier, expertise, etc.)4, honoraires
des avocats. Même si ces frais sont, à l’issue du procès, en partie remboursés par le perdant au
gagnant, ils représentent une somme d’argent importante à avancer qui peut dissuader certains
citoyens à agir en justice.
3. Sauf pour ceux qui, ayant de très faibles revenus, bénéficient de l’aide juridictionnelle.
4. La taxe de 35 euros (instituée en 2011) et les frais de procédure constituent les « dépens ».
57
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
Le recours en révision est porté devant la Cour de cassation. Celle-ci peut soit rejeter la demande
de révision5, soit décider qu’un nouveau procès doit avoir lieu. L’affaire est alors renvoyée devant
une juridiction de même nature que celle dont le jugement est annulé (par exemple, une autre
Cour d’assises dans une affaire criminelle).
Alors que les cas de révision sont rares (moins d’une dizaine depuis 1945), deux affaires très
médiatiques se sont récemment succédées. Loïc Sécher, condamné en 2003 à 16 ans de réclusion
pour le viol d’une adolescente, a vu sa condamnation annulée en 2010 après la rétractation de la
jeune femme. Il a été acquitté par la Cour d’assises de Paris en 2011.
La même année 2010, Marc Machin, condamné en 2004 à 18 ans de prison pour le meurtre
d’une femme au Pont de Neuilly (La Défense) a vu sa condamnation annulée, un autre homme,
David Sagno, s’étant accusé du meurtre. Ce dernier a été condamné en 2012 à 30 ans de réclu-
sion par la Cour d’assises de Nanterre.
Une personne reconnue innocente au terme de la procédure de révision peut demander une
indemnisation à l’état. Ainsi, Patrick Dils, acquitté en 2002 après avoir été condamné en 1989
pour le meurtre de deux garçons, a ainsi reçu un million d’euros de dommages et intérêts pour
les 15 années d’emprisonnement injustifié.
5. Ce qu’elle a fait à plusieurs reprises dans l’affaire de Guillaume Seznec, condamné au bagne en 1924 pour assassinat.
58
Fiche 7 - Le procès
Exercices
pratiques
Stanislas et Amélie se sont offerts une semaine à Florence, en Italie. Par prudence, Amélie étant enceinte
Énoncé
de 7 mois, ils souscrivent une assurance annulation auprès du voyagiste. Quinze jours avant le départ,
le médecin d’Amélie lui prescrit un repos forcé avec interdiction d’emprunter les transports. Déçus, ils
contactent l’assurance afin d’être remboursés de leur voyage qu’ils ont déjà payé pour un montant de
1 200 euros tout compris. À leur grande surprise, l’assurance refuse en invoquant une annulation trop
tardive, alors qu’aucun délai n’est mentionné dans le contrat.
Quelles sont les voies de recours de Stanislas et d’Amélie ?
Question juridique
Comment régler un litige entre deux personnes privées représentant un préjudice de 1 200 euros ?
Règles de droit
Les petits litiges civils peuvent être soumis à un conciliateur pour éviter de saisir la justice. En l’absence
Corrigé
d’accord entre les parties, ils relèvent de la compétence du juge de proximité. L’appel est impossible
lorsque le taux de ressort de 4 000 euros n’est pas atteint. En revanche, tout jugement de première
instance peut faire l’objet d’un recours en cassation dès lors qu’il s’appuie sur une mauvaise application
de la loi par les juges du fond.
Solution
En l’espèce, il s’agit d’un litige relatif à un refus de remboursement d’un voyage payé 1 200 euros puis
annulé. Stanislas et Amélie peuvent d’abord tenter une conciliation avec la compagnie d’assurance. Si
cette dernière s’entête, ils devront saisir le juge de proximité. Si leur demande est rejetée en première
instance, ils ne pourront pas faire appel car le taux de ressort de 4 000 euros n’est pas atteint. En
revanche, un pourvoi est possible, d’autant plus que la compagnie d’assurance semble ne pas respecter
le contrat. Toutefois, ils doivent savoir que cette procédure engendrera des coûts très importants à
avancer (frais de justice et honoraires de l’avocat aux Conseils).
59
Fiche
La preuve
8
Il ne faut pas aller en justice sans s’être préalablement assuré que l’on peut prouver ce que l’on
affirme. En effet, si celui qui réclame justice ne peut pas prouver ce qu’il avance, il perdra le pro-
cès, même s’il a raison. Car pour trancher et dire le droit, le juge a besoin d’éléments objectifs
sur lesquels s’appuyer.
En principe, la charge de la preuve pèse, au départ, sur le demandeur : celui qui agit en justice
doit prouver ce qu’il invoque1. Par exemple, il appartient à l’acheteur d’un bien qui n’a pas été
livré de prouver que ce bien devait lui être livré par le vendeur. Mais le défendeur peut répli-
quer. Il doit alors prouver ce qu’il avance. Par exemple, si le vendeur conteste son obligation de
livraison, il lui appartient de prouver que le bien devait être récupéré par l’acheteur.
En résumé, toute affirmation doit être prouvée, qu’elle provienne du demandeur ou du défen-
deur. Mais comment ?
2. Article 1341 du Code civil. L’écrit peut être un acte notarié ou sous seing privé.
3. Article 1348 du Code civil.
62
Fiche 8 - La preuve
de demander un écrit et obtenir malgré tout gain de cause sur la base d’autres éléments de
preuve. Ce fut le cas de l’écrivaine Calixthe Belaya, ex-compagne de Michel Drucker. Elle
avait écrit pour lui un livre qui ne fut finalement pas publié, moyennant une promesse de
rémunération de 200 000 euros. Après leur séparation, elle réclama en justice le paiement de
cette somme, sans pouvoir fournir de contrat écrit. Le juge lui donna raison, tout en abaissant
la somme à 40 000 euros.
Exercices
pratiques
l Question 1
Énoncé
Stéphane a prêté 1 000 euros à son ami Henri, par chèque. Ils sont convenus oralement que le rem-
boursement se ferait en une seule fois, 3 mois plus tard, sans intérêt. Le jour venu, Henri refuse de
rembourser sa dette en prétextant qu’il n’y a jamais eu de prêt. Stéphane veut saisir la justice.
Qui doit prouver et comment prouver ?
Corrigé
La charge de la preuve pèse sur le demandeur. Stéphane est l’auteur de l’action en justice. C’est donc
à lui de prouver qu’il a prêté de l’argent à Henri.
En droit civil, l’écrit est obligatoire lorsque les contrats portent sur une somme de plus de 1 500 euros.
Un prêt est un contrat. Mais comme il s’agit ici d’un prêt de 1 000 euros, le juge n’exigera pas d’écrit.
Le prêt peut être prouvé par tout moyen : témoignage d’une tierce personne, relevé bancaire attestant
l’encaissement du chèque par Henri, etc.
64
Fiche 8 - La preuve
l Question 2
Énoncé
Xavier, qui habite Paris, a loué une voiture pour partir en week-end en Normandie. Lors de son retour,
il enfonce la porte arrière du véhicule en heurtant une voiture garée. Il contacte son assurance mais
celle-ci refuse de couvrir le sinistre au motif qu’il n’y a aucune indemnisation possible pour les dom-
mages causés aux véhicules de location lorsque la distance parcourue est inférieure à 100 km.
Xavier peut-il obtenir gain de cause ?
Corrigé
Le principe général est celui de la preuve par tout moyen (hors contrats de plus de 1 500 euros) : aveu,
témoignage, présomption de fait, indices…
Pour prouver qu’il a roulé plus de 100 km pendant le week-end, Xavier peut s’appuyer sur le compteur
kilométrique de la voiture louée. Il peut aussi fournir divers écrits, notamment, la facture des hôtels
et des restaurants de Normandie où il s’est rendu. Il devrait ainsi facilement obtenir gain de cause.
65
Fiche
Les personnes physiques
9
Une personne physique peut être définie comme un individu, un être humain. Chaque être
humain est titulaire de droits et d’obligations. L’ensemble de ces droits et obligations consti-
tue la personnalité juridique.
68
Fiche 9 - Les personnes physiques
La mesure de protection juridique préconisée par le juge varie selon le degré d’altération. Le
majeur souffre-t-il de troubles du comportement provisoires (dépenses inconsidérées dues à un
épisode dépressif ) ou d’une grave pathologie comme la maladie d’Alzheimer ?
La protection varie également selon les contrats passés par les majeurs. On distingue les actes de
la vie courante (achats quotidiens), les actes d’administration (relatifs à la gestion du patri-
moine) et les actes de disposition (concernant l’augmentation ou la diminution du patrimoine).
Il existe trois mesures de protection juridique : la sauvegarde de justice, la curatelle et la tutelle :
– les personnes bénéficiant d’une sauvegarde de justice peuvent contracter, mais ces contrats
peuvent être annulés s’ils leur sont défavorables (comme par exemple une donation qui les
dépouille) ;
– le majeur placé sous curatelle peut accomplir lui-même les actes de la vie courante, mais a
besoin de l’autorisation de son curateur pour les actes de disposition (par exemple, vendre son
logement), voire d’administration si le juge le décide (par exemple, réaliser des travaux à son
domicile) ;
– les majeurs sous tutelle ne peuvent pas agir juridiquement. Ils sont représentés dans tous les
actes de la vie civile par un ou plusieurs tuteurs, choisis en priorité parmi les proches. La mil-
liardaire Liliane Bettencourt a ainsi été placée en 2011 sous la tutelle de sa fille unique et de ses
deux petits-fils, chargés de gérer à sa place ses biens privés et professionnels.
69
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
Exercices
pratiques
Énoncé
Cyril est un jeune garçon de 12 ans. Comme tous les enfants de son âge, il souhaiterait avoir une
mobylette, mais ses parents refusent catégoriquement de lui faire ce cadeau. Il décide alors de ramasser
ce qu’il a de plus précieux pour se l’offrir. Il rassemble ses économies (environ 80 euros) et emporte les
couverts en argent que sa marraine lui a offerts. Fier de son trésor, il se rend à la première brocante du
quartier et vend les couverts en argent au prix de 150 euros.
En a-t-il le droit ?
Question juridique
Un mineur est-il capable d’agir juridiquement ?
Règle de droit
Corrigé
70
Fiche
Les personnes morales
10
Une personne morale est un groupement de personnes physiques et/ou de biens en vue de
réaliser une activité commune. Ce groupement est titulaire de droits et d’obligations comme une
personne physique. Il dispose donc d’une personnalité juridique, que l’on appelle personnalité
morale pour bien la distinguer de la personnalité physique.
1. Il existe aussi des personnes morales de droit mixte soumises à la fois au droit public et au droit privé comme les ordres
professionnels qui représentent et contrôlent l’exercice d’une profession (ordre des avocats, des médecins, etc.).
2. Article 1er de la loi du 1er juillet 1901 : « L’association est la convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en commun
d’une façon permanente leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que de partager des bénéfices ».
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
72
Fiche 10 - Les personnes morales
Exercices
pratiques
Énoncé
Étudiant en école de commerce, vous organisez, en tant que président du BDE et pour la deuxième
année consécutive, une course de rollers à Marseille où se trouve votre école. Lors du parcours qui
longe le port, un participant heurte violemment un piéton. Gravement blessé, ce dernier réclame une
réparation pécuniaire.
Qui va devoir payer les dommages et intérêts ?
Corrigé
Il s’agit d’un litige entre une association, le BDE, et un particulier à l’occasion d’une activité sportive.
Une association est une personne morale de droit privé, ce qui signifie qu’elle est dotée d’une person-
nalité juridique : elle est titulaire de droits et d’obligations. Par conséquent, elle est responsable des
fautes commises dans l’exercice de son activité.
Le BDE doit donc réparer le préjudice subi par le piéton. En cas de procès, son président sera assigné
en justice car il représente le BDE envers les tiers mais les dommages et intérêts seront prélevés sur le
patrimoine de l’association et non sur son compte personnel.
73
DROIT 2
DES CONTRATS
Fiche
La notion de contrat
11
Qu’est-ce qu’un contrat ? Un document écrit, répondent le plus souvent les novices, ignorant que
l’on peut parfaitement être engagé dans une relation contractuelle sans avoir signé le moindre
papier ! Car un contrat est avant tout un engagement, qui peut être verbal, même si la difficulté
réside alors dans la preuve de cet engagement. C’est une manifestation de volonté qui produit
des effets juridiques.
I - Définition du contrat
Le contrat se définit comme la « convention par laquelle une ou plusieurs personnes s’obligent envers
une ou plusieurs autres, à donner, à faire ou à ne pas faire quelque chose »1.
D’une part, le contrat réunit au moins deux volontés. C’est un « acte juridique bilatéral ». Il
rassemble au minimum deux personnes, les « parties » au contrat, appelées aussi contractants.
Les parties au contrat se distinguent des « tiers » qui, eux, n’ont pas contracté.
Le plus souvent, un contrat est conclu entre deux personnes, comme le contrat de travail, entre
le salarié et l’employeur. Mais il arrive qu’un contrat regroupe plus de deux personnes, comme
le contrat de société au terme duquel plusieurs personnes mettent en commun des apports pour
exercer une activité en vue de partager le bénéfice qui en résultera.
D’autre part, le contrat, en tant qu’accord de volontés, crée des obligations, c’est-à-dire des
prestations à accomplir : donner, faire ou ne pas faire quelque chose. Cela signifie que si l’un des
contractants ne remplit pas son obligation, l’autre partie pourra en obtenir l’exécution forcée
devant un tribunal. Par exemple, si l’une des parties ne paie pas ce qu’elle doit, l’autre partie peut
demander au juge d’ordonner un paiement forcé au moyen d’une saisie sur compte bancaire
(cf. fiche 16).
Dans les autres contrats, sans intuitu personae, la qualité du contractant a peu d’importance.
Ainsi du contrat de société dans les grandes sociétés anonymes cotées en bourse : peu importe
l’identité des actionnaires, seuls comptent les dividendes perçus en fin d’année.
79
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
80
Fiche 11 - La notion de contrat
Exercices
pratiques
4. Les questions posées ne reprennent pas, volontairement, les exemples donnés dans la fiche, l’objectif étant de
pouvoir appliquer la leçon à de nouveaux cas de figure.
81
Fiche
Les conditions
de validité du contrat 12
Au moment de sa formation, un contrat doit respecter plusieurs conditions de fond qui
concernent le consentement des parties, leur capacité, l’objet et la cause du contrat1.
À ces conditions de validité, visant tous les contrats, s’ajoute parfois une condition de forme :
la nécessité de rédiger un écrit.
C. L’acceptation
Puisque le contrat résulte de l’accord de deux volontés, l’acceptation de l’offre forme le contrat.
L’acceptation doit être pure et simple. Si l’auteur de l’acceptation émet des réserves sur l’offre,
telle qu’une diminution du prix, il s’agit d’une modification de l’offre et donc d’une contre-pro-
position, à laquelle l’offrant va devoir répondre à son tour.
L’acceptation doit être claire. Elle prend la forme d’une déclaration verbale ou écrite. L’avan-
tage de l’écrit est de constituer une preuve, tout du moins si cet écrit est fait par courriel, téléco-
pie ou par lettre recommandée avec accusé de réception.
En matière de commerce électronique, l’acceptation d’une offre se décompose en deux étapes :
la commande, puis la confirmation de la commande à laquelle l’offrant répond par un accusé de
réception.
Une acceptation peut être tacite, c’est-à-dire résulter d’un comportement. C’est le cas du piéton
qui monte dans un taxi, du client qui s’attable à un restaurant, etc. Mais, contrairement au
proverbe « Qui ne dit mot consent », le silence ne vaut pas acceptation en droit2.
Une acceptation ne peut, en principe, être rétractée. Néanmoins, lorsqu’il est nécessaire de pro-
téger une partie, la loi prévoit pour certains contrats un droit de rétractation, appelé aussi droit
de repentir. C’est le droit pour l’auteur de l’acceptation de revenir sur son engagement pendant
un certain temps, sans avoir à s’en justifier.
2. Il existe cependant des exceptions à ce principe. Par exemple, le locataire qui ne précise pas qu’il reste dans les lieux est présumé
avoir accepté le renouvellement du contrat de bail : c’est le mécanisme de la « tacite reconduction ».
84
Fiche 12 - Les conditions de validité du contrat
Une erreur est une représentation inexacte de la réalité, soit par l’une des parties au contrat qui
« s’est trompée », soit par les deux contractants qui se sont tous les deux trompés.
Pour entraîner l’annulation du contrat, l’erreur doit porter sur un élément déterminant sans
lequel le contrat n’aurait pas été conclu. Le droit parle d’erreur sur « la substance » de la chose,
la « substance » étant l’un de ses éléments essentiels (sa matière, l’usage à laquelle on la destinait,
etc.).
Les cas les plus fréquents d’erreur sur la substance concernent l’authenticité des œuvres d’art
(auteur, époque, etc.) ou des pierres précieuses. Par exemple, une erreur lors de la vente d’un
tableau entre deux particuliers : le vendeur et l’acquéreur pensent qu’il s’agit du tableau d’un
peintre célèbre, puis l’acquéreur découvre par une expertise qu’il s’agit d’une copie. Ou bien une
erreur lors de la vente d’une bague : les parties pensent qu’il s’agit d’un saphir alors qu’il s’agit
d’une topaze, pierre moins précieuse et donc moins chère. Dans les deux cas, le contrat peut être
annulé pour erreur.
3. La directive 2011/83 du 25 octobre 2011 relative aux droits des consommateurs allonge le délai légal de rétractation en cas de
démarchage ou de vente à distance à 14 jours. Cette directive doit être transposée avant le 14 décembre 2012.
85
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
2) Le dol
Le dol est une tromperie ayant provoqué une erreur. Le contractant a été « induit » en erreur
par l’autre partie. Il s’agit d’une faute intentionnelle, d’une erreur provoquée : l’auteur du dol a
agi délibérément pour tromper l’autre et le pousser à contracter.
Le dol entraîne l’annulation du contrat s’il a joué un rôle déterminant dans la conclusion du
contrat en déclenchant le consentement du contractant.
Il peut s’agir d’un mensonge. Par exemple, l’embauche d’un salarié ayant menti sur ses quali-
fications peut être annulée si l’employeur apprend par la suite que ce salarié n’a pas obtenu les
diplômes mentionnés.
Le dol peut aussi prendre la forme d’une omission, d’une dissimulation d’information, comme
le fait de ne pas dire à l’acquéreur d’une maison que celle-ci se trouve en zone inondable. Si, à la
suite de la vente, la maison subit une importante inondation, l’acquéreur a, dans ce cas précis, le
choix entre une action en annulation de la vente (fin du contrat) et une demande en réduction
du prix de la vente (maintien du contrat).
3) La violence
La violence est une contrainte exercée sur une personne pour l’obliger à contracter. Cette
contrainte peut être physique (coups, séquestration) ou, plus souvent, morale (pression, menaces,
chantage, etc.) : enfermer son employeur pour qu’il s’engage à augmenter les salaires (violence
physique), pousser une personne âgée démarchée à domicile à acheter le dernier smart phone
(violence morale), etc.
La violence entraîne l’annulation du contrat si elle a joué un rôle déterminant dans le consen-
tement de la victime, qui a donné son acceptation sous l’emprise de la crainte.
Une personne majeure non protégée peut, néanmoins, être frappée temporairement d’un trouble
mental. Si elle a contracté pendant cet épisode et réalisé par exemple une donation importante,
le contrat peut être annulé à condition de prouver la démence au moment de la conclusion de
l’acte.
II - L’objet du contrat
L’objet d’un contrat varie selon la nature du contrat.
Si le contrat porte sur une chose, c’est cette chose. Dans la vente, par exemple, l’objet du contrat,
c’est le bien vendu. Si ce bien n’existe plus parce qu’il a péri (une récolte détruite), le contrat peut
être annulé car il n’a plus d’objet.
Si le contrat porte sur une prestation à réaliser, c’est cette prestation. Dans le contrat de travail
par exemple, l’objet du contrat diffère selon les parties. Pour l’employeur c’est le travail, pour le
salarié, la rémunération.
L’objet doit être licite, c’est-à-dire conforme à la loi. Tuer est interdit, c’est un crime. Un contrat
ne peut donc avoir pour objet le meurtre de quelqu’un : le tueur qui n’aurait pas été payé de sa
mission ne pourrait réclamer des comptes devant un juge car le contrat de tueur à gages a un
objet illicite !
L’objet du contrat doit aussi être conforme « à l’ordre public et aux bonnes mœurs »4, c’est-à-
dire à un certain nombre de principes supérieurs touchant à la moralité.
Il existe par exemple, en droit français, le principe de l’indisponibilité du corps humain selon
lequel les éléments du corps ne sont pas commercialisables, et ne peuvent donc pas faire l’objet
d’une convention : on ne peut vendre tout ou partie de son corps. D’où la gratuité et l’anonymat
des dons d’organes.
D’où également, l’interdiction de la gestation pour autrui, même à titre gratuit : sont interdits
les contrats de mères porteuses par lesquels une femme s’engage à porter un enfant et à le mettre
au monde pour une autre femme, qui ne peut pas en avoir.
88
Fiche 12 - Les conditions de validité du contrat
Exercices
pratiques
Monsieur de Montmirail vient de créer un parc de loisirs sur le thème du Moyen Âge. Afin d’assurer
la promotion de ce parc, il fait appel à deux sociétés de communication pour qu’elles lui proposent un
Énoncé
Question juridique
Comment se forme un contrat entre deux parties ?
Corrigé
Règles de droit
Un contrat se forme par un échange des consentements entre une offre et une acceptation.
L’offre doit être précise, c’est-à-dire porter sur les principaux éléments du contrat : la chose et le prix.
L’acceptation doit être claire. Le silence ne vaut pas acceptation.
Solution
La proposition de la société de communication ne constitue pas une offre de contracter car elle ne
mentionne aucun prix. Et Monsieur de Montmirail n’a pas donné son accord au slogan.
Il n’y a donc pas eu formation d’un contrat mais invitation à entrer en pourparlers.
Monsieur de Montmirail n’est donc pas tenu de payer la facture.
89
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
L’été dernier, la famille Rossignol a loué une jolie maison en Provence. Elle a rapidement sympathisé
avec ses voisins, la famille Touati. Les Touati sont propriétaires d’une grande et belle bastide. Ils ont
Énoncé
l’intention de faire construire une piscine afin de pouvoir la louer l’été suivant pour s’offrir un beau
voyage à l’étranger. Amoureux de la Provence, les Rossignol décident d’y passer leurs prochaines
vacances et de louer la maison des Touati pendant tout le mois de juillet. Les deux familles s’accordent
oralement sur le prix de la location et se quittent, enchantées.
L’année se passe. Les Rossignol recontactent les propriétaires un mois avant le début de la location.
Stupéfaits, ils apprennent que la piscine n’a pas été construite et ne le sera pas d’ici les vacances.
Le contrat est-il valable ?
Question juridique
Le contrat a-t-il un objet valable ?
Corrigé
Règles de droit
Pour qu’un contrat soit valable, il doit avoir un objet qui est soit une chose, soit une prestation.
Cet objet doit obligatoirement exister.
Il doit être licite et moral, sous peine d’annulation du contrat.
Solution
En l’espèce, les époux ont loué une maison avec piscine.
L’objet du contrat est donc la location d’une maison avec piscine.
Or, la piscine manque.
Le contrat n’est pas valable.
Les Rossignol ne sont donc pas tenus de louer la maison.
90
Fiche
L’annulation du contrat
13
Si l’une des conditions de formation du contrat n’est pas respectée, ce dernier peut être annulé,
ce qui entraîne certaines conséquences.
Exercices
pratiques
Indiquez, pour les contrats suivants, les nullités encourues en justifiant votre réponse :
1.Le vendeur d’un terrain n’a pas dit à l’acquéreur que le terrain était inconstructible.
Énoncé
2. Rodolphe vend à Anatole un local commercial. Ce dernier compte y exploiter des machines à sous.
3. Stéphanie achète un collier chez un bijoutier qui le lui présente comme étant en corail, alors qu’il
s’avère être en plastique.
4. Deux personnes se marient pour que l’une d’entre elles obtienne un titre de séjour.
5. Hugo vend du cannabis à Paul.
1. C’est une omission qui a induit en erreur l’acquéreur qui voulait peut-être faire construire une
maison sur ce terrain. Il s’agit donc d’un dol : nullité relative invocable par l’acquéreur dans un délai
de 5 ans à compter de la découverte du dol.
2. Les casinos ont l’exclusivité des jeux d’argent. Donc le contrat a une cause illicite : nullité absolue
Corrigé
invocable par tout intéressé (comme par exemple les autres habitants de l’immeuble) dans un délai de
5 ans à compter de la conclusion du contrat de vente.
3. Stéphanie a été victime d’un mensonge qui l’a induite en erreur en la poussant à contracter. Il s’agit
d’un dol : nullité relative invocable par Stéphanie dans un délai de 5 ans à compter de la découverte
du dol.
4. Il s’agit d’un mariage blanc, c’est-à-dire d’un mariage contracté dans un but autre que la vie com-
mune. Les parties n’ont pas consenti à vivre ensemble. Il s’agit d’une absence de consentement : nullité
absolue invocable par tout intéressé (comme par exemple le maire qui a célébré le mariage) dans un
délai de 5 ans à compter du jour de la célébration du mariage.
5. Le trafic de drogue est interdit. Ce contrat a un objet illicite : nullité absolue invocable par tout
intéressé (Paul, Hugo, leurs parents, le Ministère public…) dans un délai de 5 ans suivant la vente.
93
Fiche
Les principales
clauses contractuelles 14
Dans l’hypothèse, la plus fréquente, où le contrat est rédigé par écrit, le document commence en
général par définir l’identité des parties, le contexte de leur accord, puis à exposer leurs droits et
leurs obligations, avant de préciser les sanctions encourues en cas de non-respect de leur enga-
gement. Il est généralement divisé en articles distincts (article 1, article 2, etc.), que l’on appelle
des « clauses ».
Le contenu précis du contrat varie selon la nature de la prestation : vente, bail, assurance, travail,
etc. Il varie également selon les parties en présence : deux particuliers, deux professionnels, ou
un particulier et un professionnel.
Toutefois, on retrouve d’un contrat à l’autre un certain nombre de clauses identiques visant soit
les obligations des parties, soit les sanctions en cas d’inexécution du contrat.
B. La clause de paiement
Elle définit les obligations des parties en matière de paiement du prix : délais de paiement (en
cas de paiement échelonné), lieu du paiement, moyens de paiement (espèces, chèque, virement),
pénalités de retard, rabais et ristournes éventuels, etc.
Si une clause limitative de responsabilité n’entre pas dans l’énumération du décret de 2009, le
juge saisi d’un litige conserve toujours le pouvoir de la qualifier d’abusive, et donc d’inexistante.
Pour ce faire, il peut s’inspirer des recommandations de la Commission des clauses abusives dont le
rôle est d’examiner les contrats proposés par les professionnels et de recommander la suppression
ou la modification des clauses défavorables au consommateur.
La Commission s’est ainsi penchée sur de très nombreux contrats, comme les contrats de soutien
scolaire, d’installation de cuisines, de déménagement, de locations saisonnières ou d’agence
matrimoniale.
En l’absence de recommandation de la Commission sur le contrat ou la clause litigieuse, le juge
peut toujours saisir cette instance pour avis, avant de se prononcer.
Lorsqu’un juge déclare une clause limitative de responsabilité abusive, il ordonne au profession-
nel concerné de la retirer des contrats soumis aux consommateurs. C’est ainsi que la compagnie
aérienne à bas coût EasyJet a été condamnée par le Tribunal de Grande Instance de Paris à retirer
une vingtaine de clauses de ses conditions générales de transport. Parmi les clauses qualifiées
d’abusives, figurait une disposition prévoyant notamment une absence totale de responsabilité
de la compagnie en cas de changement d’horaire des vols !
97
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
B. La clause résolutoire
C’est la clause qui prévoit la rupture automatique du contrat en cas d’inexécution par l’une des
parties. L’avantage de cette clause est d’éviter de saisir le juge en cas de litige, ce qui représente
un gain de temps et d’argent.
En principe, la partie qui veut mettre fin au contrat pour inexécution doit d’abord adresser à
celle qui ne remplit pas son obligation une mise en demeure de s’exécuter, c’est-à-dire lui ordon-
ner d’exécuter le contrat dans un certain délai (par lettre recommandée avec accusé de réception
ou par acte d’huissier).
Si rien ne change, elle signale la fin du contrat à la partie défaillante (également par lettre
recommandée avec accusé de réception ou par acte d’huissier). Les effets d’une clause résolutoire
diffèrent suivant la formulation retenue :
– « En cas d’inexécution totale ou partielle de ses obligations par l’une ou l’autre des parties, le contrat
sera résolu ».
Il ne s’agit pas d’une véritable clause résolutoire : il faut donc saisir le juge en cas d’inexécution.
– « En cas d’inexécution totale ou partielle de ses obligations par l’une ou l’autre des parties, le contrat
sera résolu de plein droit ».
Il s’agit d’une véritable clause résolutoire : l’expression « de plein droit » dispense de saisir le
juge.
– « En cas d’inexécution totale ou partielle de ses obligations par l’une ou l’autre des parties, le contrat
sera résolu de plein droit et sans sommation ».
Cette formulation dispense non seulement de saisir le juge, mais aussi de faire une mise en
demeure.
98
Fiche 14 - Les principales clauses contractuelles
C’est la clause qui impose aux parties de chercher un accord avant de saisir le juge. Elle ren-
force l’obligation de collaboration des parties en présence d’un différend :
« En cas de litige, les parties s’engagent à négocier de bonne foi en vue de parvenir à une transaction.
En l’absence d’accord au bout d’un délai de (?) à compter de la naissance du différend, elles s’en remet-
tront au juge compétent ».
2) La clause compromissoire
C’est la clause par laquelle les parties décident, avant même la survenance d’un litige, que, dans
l’hypothèse d’un conflit, celui-ci ne sera pas confié à la justice étatique, mais à un ou plusieurs
arbitres indépendants choisis par les parties :
« Tout litige concernant l’exécution du présent contrat sera tranché par voie d’arbitrage ».
99
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
Exercices
pratiques
l Question 1
Énoncé
Il s’agit d’une clause résolutoire qui permet au bailleur de rompre le contrat si le locataire ne paie pas
son loyer. Cette clause dispense le bailleur d’obtenir une autorisation du juge. Il suffit au bailleur, après
une mise en demeure restée infructueuse, de signaler au locataire la fin du contrat par lettre recom-
mandée avec accusé de réception.
100
Fiche 14 - Les principales clauses contractuelles
l Question 2
Énoncé
Un contrat de télésurveillance est conclu entre un particulier et une société, pour une durée de
60 mois irrévocables.
Cette clause est-elle légale ?
Corrigé
Il s’agit d’une durée exceptionnellement longue et défavorable au particulier. Cette clause a été jugée
abusive et donc illégale par le juge1 conformément à la Recommandation n° 97-01 de la Commission
des clauses abusives qui tient pour non-écrites les clauses des contrats de télésurveillance imposant une
durée initiale du contrat supérieure à un an.
101
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
l Cas pratique
Monsieur et Madame Sarrazin partent en vacances pour trois semaines avec leurs enfants. Ils louent
pour l’occasion une voiture auprès de la société Motor. Peu après avoir quitté Paris, la voiture tombe
en panne sur l’autoroute. Leur premier réflexe est d’appeler la société mais ils tombent sur un répon-
Énoncé
deur. De guerre lasse, ils appellent un dépanneur qui les transporte dans la ville la plus proche. Le
garagiste déclare qu’il ne peut pas réparer la voiture qui est, à son avis, hors d’usage. Les époux Sarrazin
rappellent alors la société pour avoir une voiture de remplacement. Un responsable leur répond qu’il
n’est pas tenu de leur procurer une nouvelle voiture conformément à la clause suivante figurant dans
le contrat de location :
« En cas de panne, la société Motor n’est pas tenue de procurer une voiture de remplacement et ne pourra en
aucun cas être tenue responsable du préjudice subi ».
Les époux Sarrazin sont-ils obligés de louer à leurs frais une autre voiture ?
Question juridique
Quelles sont les conditions de validité d’une clause limitative de responsabilité ?
Règles de droit
Corrigé
Une clause limitative de responsabilité ne doit pas contredire l’obligation principale du contrat dans
lequel elle figure, sous peine d’être qualifiée de clause abusive.
Dans un contrat de location de véhicule, la principale obligation du loueur est de louer le véhicule en
parfait état de fonctionnement. Si tel n’est pas le cas, la voiture doit être remplacée par la société de
location.
Solution
En l’espèce, la voiture est tombée en panne peu après le début du voyage. C’est donc un véhicule qui
ne présentait pas toutes les garanties de fonctionnement.
La société Motor ne peut pas s’abriter derrière la clause contractuelle pour ne pas remplir son obliga-
tion. Elle doit fournir un véhicule de remplacement.
102
Fiche
Les effets du contrat
15
Une fois valablement formé, le contrat va produire des effets, entre les parties, et envers les tiers.
Par exemple, le contrat de bail, conclu en principe pour une durée de 3 ans renouvelable, peut
être résilié à tout moment et sans justification par le locataire2.
De même, le contrat de travail à durée indéterminée peut être révoqué soit par l’employeur
(licenciement), soit par le salarié (démission) moyennant le respect d’un délai de préavis, qui
varie suivant le motif de la rupture ainsi que le poste (pour la démission) et l’ancienneté (pour
le licenciement) du salarié.
Dans la mesure où le contrat doit être obligatoirement exécuté tel qu’il a été négocié, les parties
ne peuvent pas le modifier ultérieurement de manière unilatérale (en revanche, elles peuvent
toujours le renégocier d’un commun accord).
Si un juge est saisi, il n’a pas le pouvoir de revenir sur l’accord des parties, même s’il survient, par
la suite, un changement imprévu des circonstances économiques rendant son exécution beau-
coup plus difficile pour l’un des contractants comme, par exemple, une augmentation des prix.
C’est le principe de l’imprévision : l’impossibilité de modifier le contrat en cas de changement
imprévu du contexte initial.
Ce principe a été fixé il y a bien longtemps, en 1876, à l’occasion de l’affaire du canal de
Craponne. Ce canal, qui prend sa source dans la Durance, permettait d’arroser les plaines de
Provence moyennant le paiement d’une redevance au propriétaire du canal, Adam de Craponne,
ingénieur établi à Salon. Fixée en 1560, le montant de cette redevance était devenu dérisoire
trois siècles plus tard. Néanmoins, le juge refusa sa réévaluation sur le fondement de la force
obligatoire du contrat !
Toutefois, la théorie de l’imprévision ne joue pas si une possibilité de révision est prévue par
le contrat lui-même. Ainsi, le contrat peut comporter une clause d’indexation du prix, afin
d’éviter une dépréciation monétaire. Il s’agit d’une clause de variation automatique du prix en
fonction d’un indice de référence ayant un rapport direct avec le contrat. Par exemple, le contrat
de bail peut contenir une clause prévoyant une augmentation du loyer chaque année, indexée sur
l’indice de référence des loyers (IRL) publié chaque trimestre par l’INSEE3.
2. Le locataire doit simplement prévenir le propriétaire de son départ 3 mois à l’avance, délai ramené à 1 mois dans certains cas
(mutation, perte d’emploi, etc.). En revanche, le bailleur ne peut résilier le contrat qu’à la fin du bail et moyennant un préavis
de 6 mois.
3. En l’absence de clause, le bailleur ne peut réclamer d’augmentation du loyer qu’à la date anniversaire du contrat, soit, en
principe, au bout de 3 ans.
104
Fiche 15 - Les effets du contrat
– la promesse de porte-fort : elle constitue une autre exception au principe de l’effet relatif du
contrat : une personne s’engage (« se porte fort ») à l’égard d’une autre personne à faire en sorte
qu’un tiers s’oblige.
Par exemple, l’agent d’un artiste s’engage pour cet artiste à ce qu’il participe à une émission.
L’artiste, tiers au contrat, est impliqué par la promesse. S’il participe à l’émission, l’agent est
dégagé de toute obligation. S’il n’y participe pas, la responsabilité de l’agent peut être engagée.
106
Fiche 15 - Les effets du contrat
Exercices
pratiques
l Question 1
Énoncé
Un contrat de location de matériel de télésurveillance est conclu entre une société et un particulier. Ce
contrat stipule qu’il est conclu pour une durée irrévocable de 60 mois et, qu’en cas de rupture anticipée
par le particulier, ce dernier devra verser à la société une somme égale au solde des loyers dus.
Est-ce légal ?
Corrigé
Il s’agit d’un contrat de longue durée. En principe, les contrats de longue durée peuvent être résiliés
à tout moment (ou bien à la date anniversaire du contrat) par chaque partie dès lors qu’un délai de
préavis est respecté, sans avoir à payer d’indemnité. La clause concernée n’est donc pas légale.
107
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
l Question 2
Énoncé
Un contrat de réservation de chambre d’hôtel est passé entre un particulier et un hôtel de standing
pour un séjour de deux nuits. Un versement de 200 euros est demandé au particulier à titre de « garan-
tie ». Mais la veille du séjour, l’hôtelier annule la réservation au motif qu’il doit engager des travaux
urgents dans la chambre.
En a-t-il le droit ?
Corrigé
Dans les contrats entre professionnels et particuliers, les sommes versées à l’avance pour confirmer les
réservations sont des arrhes. L’hôtelier peut donc revenir sur son engagement, à condition de verser le
double de la somme perçue au particulier, soit 400 euros, à titre de dédommagement.
108
Fiche
L’inexécution du contrat
16
Que faire si l’une des parties, en dépit de la force obligatoire du contrat, ne respecte pas son
engagement ? Il convient tout d’abord de lui adresser une mise en demeure d’exécuter son obli-
gation. Il s’agit d’une « sommation », c’est-à-dire d’un ordre d’agir dans un certain délai. Cet
ordre se fait par lettre recommandée avec accusé de réception ou par acte d’huissier.
Cette mise en demeure peut être très utile si la partie fautive a simplement oublié de s’exécuter
car elle va lui rappeler son devoir. En revanche, s’il s’agit d’un oubli « volontaire » et en l’absence
de réaction de sa part, il existe des moyens de la contraindre à remplir son obligation : l’excep-
tion d’inexécution et l’exécution forcée du contrat.
En cas d’échec de ces moyens, le juge peut prononcer la résolution du contrat.
I - L’exception d’inexécution
L’exception d’inexécution, c’est la suspension du contrat. Le mécanisme est simple : une par-
tie n’a pas rempli son obligation. En signe de représailles, l’autre partie décide de suspendre la
sienne, jusqu’à ce que la partie fautive s’exécute. Il s’agit d’une sorte de justice privée.
Ce moyen de défense n’est possible que dans l’hypothèse d’un contrat synallagmatique don-
nant naissance à des obligations réciproques. Si, par exemple, dans un contrat d’abonnement à
une revue mensuelle, un particulier ne paie pas un numéro, l’éditeur peut suspendre le contrat
et l’envoi des numéros suivants jusqu’au paiement de la dette. Autre exemple, dans le bail, le
locataire peut refuser de payer les loyers tant que le propriétaire ne fait pas les travaux auxquels
il est tenu, dès lors que son absence de réaction a des répercussions importantes sur la qualité du
bien loué en empêchant une occupation normale des lieux (comme des travaux concernant le
chauffage ou l’électricité).
Si la partie fautive n’agit toujours pas, il est alors possible de demander en justice soit l’exécution
forcée, soit la résolution du contrat.
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
La résolution du contrat a un effet rétroactif : les parties doivent revenir dans la situation
antérieure au contrat. Elle ressemble donc à l’annulation, mais ne doit pas être confondue
(cf. fiche 13) :
– un contrat est annulé parce qu’il n’est pas valable (car mal formé) ;
– un contrat est résolu parce qu’il n’est pas appliqué par l’une des parties (bien que valablement
formé).
L’effet rétroactif de la résolution entraîne une obligation de restitutions. Ainsi, dans le contrat
de vente, l’acheteur doit rendre la chose et le vendeur doit rembourser le prix. Toutefois, ces
restitutions ne sont possibles que dans les contrats instantanés. La rupture des contrats successifs
(bail, travail, assurance, etc.) n’a pas d’effet rétroactif. On parle à leur sujet de « résiliation » et
non de résolution.
L’action en résolution peut, en outre, s’accompagner d’une demande de dommages et intérêts
si la victime de l’inexécution du contrat a subi un préjudice. Cette dernière doit alors engager la
responsabilité contractuelle de la partie fautive (cf. fiches 17 et 18).
111
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
Exercices
pratiques
l Cas pratique 1
Énoncé
Monsieur Lillo est fromager. Il décide d’ouvrir son commerce à la vente de quelques plats préparés
et conclut un contrat en ce sens avec un traiteur, Bernard Traiteur. Ce dernier doit lui livrer chaque
semaine pendant 6 mois un certain nombre de plats cuisinés. Tout se passe bien pendant les deux
premiers mois, puis des problèmes finissent par survenir : il manque des plats, les livraisons ont lieu en
retard, certains plats ont un drôle de goût…
Que peut faire Lillo ?
Question juridique
Quelles sont les sanctions en cas d’inexécution d’un contrat synallagmatique ?
Règles de droit
Si l’une des parties ne remplit pas son obligation, l’autre partie doit commencer par lui adresser une
mise en demeure de s’exécuter dans un certain délai (lettre recommandée avec accusé de réception ou
Corrigé
acte d’huissier).
Si la mise en demeure ne produit aucun effet, la victime de l’inexécution du contrat a le choix entre
l’exception d’inexécution, l’exécution forcée ou, si elle veut mettre fin au contrat, l’action en résolution.
Solution
En l’espèce, Monsieur Lillo doit mettre en demeure Bernard Traiteur de respecter toutes ses obligations.
Si ce dernier n’en tient pas compte, l’exécution forcée est impossible car on ne peut obliger un traiteur
à cuisiner (implication personnelle).
L’exception d’inexécution ne semble pas davantage appropriée car il ne s’agit pas d’un simple problème
de livraison, mais d’un ensemble de manquements (quantité et qualité des plats préparés).
En revanche, Monsieur Lillo peut s’entendre avec Bernard Traiteur pour mettre fin au contrat de
manière anticipée, ce qui éviterait une action en justice. Si le traiteur n’est pas d’accord, Lillo peut
saisir le juge pour qu’il prononce la résiliation du contrat.
112
Fiche 16 - L’inexécution du contrat
l Cas pratique 2
Énoncé
Charlotte a acheté un appartement qu’elle fait entièrement rénover. Les derniers travaux viennent
de s’achever. Charlotte doit encore à l’entrepreneur 3 000 euros. Or, il s’avère que la douche fuit
de manière importante. Malgré les nombreuses relances téléphoniques, l’entrepreneur ne semble pas
pressé de faire la réparation.
Que conseillez-vous à Charlotte ?
Question juridique
Quelles sont les sanctions en cas d’inexécution d’un contrat synallagmatique ?
Règles de droit
Si l’une des parties ne remplit pas son obligation, l’autre partie doit commencer par lui adresser une
Corrigé
mise en demeure de s’exécuter dans un certain délai (lettre recommandée avec accusé de réception ou
acte d’huissier).
Si la mise en demeure ne produit aucun effet, la victime de l’inexécution du contrat a le choix entre
l’exception d’inexécution, l’exécution forcée ou, si elle veut mettre fin au contrat, l’action en résolution.
Solution
Charlotte doit d’abord mettre en demeure l’entrepreneur de venir réparer la douche dans un délai
rapide, de 8 à 15 jours.
S’il ne réagit pas, elle peut faire jouer l’exception d’inexécution : le prévenir par écrit qu’elle ne paiera
pas le solde des travaux tant que la douche n’est pas réparée.
S’il ne réagit toujours pas, elle doit saisir le juge qui peut prononcer une astreinte à l’encontre de
l’entrepreneur pour le forcer à s’exécuter.
113
Les conditions Fiche
d’engagement
de la responsabilité
17
contractuelle
B. L’obligation de sécurité
L’obligation de sécurité est présente dans certains contrats, tel que le contrat de transport ou la
pratique d’un sport. Sa caractéristique est d’être tantôt une obligation de résultat, tantôt une
obligation de moyens selon la liberté d’action laissée au contractant (passager, sportif ).
En principe, le transporteur est tenu d’une obligation de résultat : conduire les passagers sains
et saufs à bon port. Par exemple, la SNCF est responsable de plein droit si un voyageur se blesse
en tombant d’un train en marche car la porte n’était pas verrouillée, ou bien si un passager se
fait agresser par un autre passager pendant le voyage. Le passager n’a pas à prouver une faute
quelconque pour obtenir réparation de son préjudice de la part de la SNCF qui a manqué à son
obligation de sécurité.
En revanche, si la personne transportée garde une certaine liberté de mouvement, l’obligation
du transporteur n’est qu’une obligation de moyens. C’est le cas pour le transport des skieurs
en remonte-pentes. L’exploitant d’un télésiège a une obligation de résultat compte tenu de la
passivité des skieurs (passivité cependant discutable pendant les phases d’embarquement et de
1. Il est rare que le contrat précise la nature de l’obligation en jeu. Il faut alors tenir compte, pour savoir si l’on est en présence
d’une obligation de résultat ou d’une obligation de moyens, du risque d’inexécution. Autrement dit, il faut s’interroger sur
l’importance de l’aléa présent dans le contrat. S’il n’existe pas d’aléa, ce qui est l’hypothèse la plus fréquente, il s’agira d’une
obligation de résultat. Si, en revanche, le résultat est aléatoire, il s’agira d’une obligation de moyens.
116
Fiche 17 - Les conditions d’engagement de la responsabilité contractuelle
débarquement). En revanche, l’exploitant d’un téléski a une obligation de moyens, car le skieur
reste actif pendant toute la durée du trajet : s’il se blesse en tombant du remonte-pente, il devra
prouver une faute de l’exploitant pour pouvoir engager sa responsabilité (comme un défaut de
signalisation d’un virage ou un manque d’entretien de la piste).
Concernant l’apprentissage ou la pratique d’un sport, les associations sportives sont le plus
souvent tenues d’une obligation de moyens envers les sportifs qui exercent librement une acti-
vité dans leurs locaux. Si ces derniers se blessent, ils doivent prouver une absence de surveillance
ou d’information pour engager la responsabilité du club sportif. Toutefois, si la personne qui
apprend un sport n’a aucune liberté d’action, comme c’est le cas par exemple durant un vol en
parapente biplace piloté par un moniteur, l’obligation de sécurité est une obligation de résultat.
Par conséquent, tout accident lors de ce vol entraînera la responsabilité de plein droit du club
sportif.
117
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
118
Fiche 17 - Les conditions d’engagement de la responsabilité contractuelle
119
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
Exercices
pratiques
l Questions
1. Michel a acheté et fait installer une alarme par le vendeur pour protéger sa maison. Il est cambriolé
sans que l’alarme ne se déclenche.
Peut-il engager la responsabilité du vendeur ?
2. Emmanuel a suivi un stage de trois jours pour apprendre à sauter en parachute. Le jour de son
premier saut seul, il se blesse lors de son arrivée au sol.
Peut-il engager la responsabilité du club sportif ?
Énoncé
3. Adrienne dîne dans un restaurant d’un repas composé de crustacés. Environ deux heures après son
dîner, elle subit de violentes crampes intestinales pendant plusieurs heures et doit être hospitalisée. Elle
ne peut pas prendre l’avion qu’elle avait réservé le lendemain matin et doit acheter un nouveau billet
à plein tarif pour partir en vacances.
Peut-elle engager la responsabilité du restaurant ?
4. Florian se penche dangereusement au-dessus du bastingage d’un navire, tombe et manque de se
noyer.
Peut-il engager la responsabilité de la compagnie maritime ?
5. Un train a 1h de retard. Peut-on engager la responsabilité de la SNCF si :
- le retard est dû à un suicide sur les voies
- le retard est dû à une panne au démarrage
- le retard est dû à un sabotage des voies
- le retard est dû à un incendie de la forêt longeant les voies
1. Dans le contrat de vente, le vendeur a une obligation de résultat : il doit vendre un bien en bon état
Corrigé
peu après le repas. Elle pourra engager la responsabilité du restaurant pour obtenir le remboursement de
son repas. En revanche, le fait de n’avoir pas pu prendre l’avion n’est pas un dommage prévisible pour le
restaurant.
4. Le transporteur a une obligation de résultat : conduire les passagers à destination sains et saufs, sauf
cause exonératoire de responsabilité. Il existe deux causes d’exonération : la force majeure et le fait de la
victime. Si la victime de l’inexécution du contrat commet une faute, cette faute exonère le contractant de
sa responsabilité. En l’espèce, Florian a commis une imprudence et ne pourra donc pas demander répara-
tion à la compagnie maritime, sauf à démontrer que la balustrade était défaillante, auquel cas il y aura un
Corrigé
121
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
l Cas pratique
Charlotte et François ont acheté des billets d’avion pour Bali où ils rêvent de partir en vacances. La
Énoncé
veille de leur départ, la compagnie aérienne les informe de l’annulation du vol. Un volcan islandais
baptisé Eyjafjöll est entré en éruption, répandant dans le ciel un immense nuage de cendres. Craignant
que les fines poussières volcaniques n’encrassent les moteurs des avions et ne les fassent tomber en
panne, les autorités aéronautiques ont fermé tout l’espace aérien européen, provoquant de ce fait
l’annulation de plusieurs milliers de vols.
Charlotte et François peuvent-ils engager la responsabilité de leur compagnie aérienne et lui
réclamer des dommages et intérêts pour le préjudice subi ?
Question juridique
Une compagnie aérienne est-elle responsable en cas d’annulation d’un vol ?
Règles de droit
Un transporteur est tenu d’une obligation de résultat : conduire les passagers à destination. Si le
contrat n’est pas exécuté du fait de l’annulation d’un vol, la responsabilité du transporteur est engagée.
Corrigé
122
Fiche
La réparation
du dommage 18
Si les conditions d’engagement de la responsabilité de la partie défaillante sont réunies (une
faute et un préjudice), celle-ci devra réparer le dommage subi par la victime de l’inexécution du
contrat en lui versant des dommages et intérêts : indemnité forfaitaire destinée à compenser le
préjudice subi.
L’obligation de réparer financièrement les dommages causés à autrui n’est évidemment pas limi-
tée au champ contractuel mais s’étend à toutes les situations de la vie dans lesquelles une règle
de droit a été violée. Celui qui provoque un accident de la circulation, qui commet un délit, ou
dont le chien mord un voisin devra verser à la victime une somme d’argent destinée à réparer
les préjudices subis. Mais en matière contractuelle, la réparation du dommage obéit à des règles
particulières.
L’inexécution de certains contrats peut aussi provoquer un dommage corporel (contrats de trans-
port, contrat médical, apprentissage ou pratique d’un sport). Le dommage corporel est une
atteinte à l’intégrité physique de la personne. Il comprend plusieurs aspects :
– le préjudice physiologique ou fonctionnel : incapacité permanente partielle (IPP) résultant de
l’accident ;
– le préjudice dû à la douleur physique : intensité de la souffrance engendrée par la blessure ;
– le préjudice esthétique : cicatrices ou séquelles résultant de la blessure ;
– le préjudice d’agrément : privation d’un loisir ou d’un sport à cause de la blessure.
Le dommage moral est une atteinte à l’état psychologique de la personne. Il peut s’agir d’une
atteinte à son honneur, à sa vie privée, provoquée, par exemple par des injures sur internet.
Il peut s’agir du préjudice d’affection résultant du décès ou de la déchéance d’un être cher :
la douleur d’avoir perdu un proche parent au cours d’un transport, le chagrin causé par une
erreur médicale commise sur un enfant, etc. Récemment, le stress et l’énervement générés par les
retards de la SNCF ont été également considérés par le juge comme un préjudice moral ouvrant
droit à réparation : un professeur ayant raté sa correspondance à cause d’un retard de plus de 3h
l’empêchant de donner ses cours à l’Université de Nantes a ainsi obtenu 200 euros de dommages
et intérêts au titre de son préjudice moral (outre le remboursement de son billet aller-retour).
124
Fiche 18 - La réparation du dommage
cafés servis par McDonald’s était anormalement élevée malgré des centaines de plaintes pour des
brûlures identiques, l’enseigne fut condamnée à verser à la victime 160 000 $ d’actual damages
et 640 000 $ de punitive damages.
Il arrive que la loi encadre l’évaluation judiciaire des dommages et intérêts en fixant un mon-
tant minimum de réparation. Ainsi, elle prévoit que le licenciement abusif d’un salarié ayant au
moins 2 ans d’ancienneté et travaillant dans une entreprise comptant au moins 11 salariés donne
droit à une indemnité qui ne peut être inférieure à 6 mois de salaires.
À l’inverse, la loi peut fixer un plafond de réparation, c’est-à-dire une somme d’argent maxi-
male que le juge ne peut pas dépasser. Par exemple, la Convention de Montréal de 1999 relative
au transport aérien international fixe un plafond d’indemnisation en cas de perte d’un bagage
d’environ 1 300 euros : un passager dont le bagage a été perdu par sa compagnie aérienne ne
pourra pas obtenir davantage, même si le contenu de sa valise dépasse cette somme.
125
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
Exercices
pratiques
Béatrice s’est entaillée profondément le tendon jambier antérieur de la cheville gauche en tombant
d’un escalier. Elle consulte un chirurgien qui propose de l’opérer puis de la plâtrer pendant trois
semaines afin que le tendon soit immobilisé pendant la cicatrisation. L’opération a lieu, le plâtre est
posé et Béatrice regagne son domicile trois jours plus tard.
Dès son retour à la maison, elle ressent de très violentes douleurs à la cheville. Au téléphone, le chirur-
gien la rassure en lui expliquant qu’il s’agit des suites normales de l’opération. Cependant, les douleurs
Énoncé
s’accentuent. Le chirurgien pense que le plâtre est trop serré. Il explique à Béatrice qu’il part quelques
jours en vacances et qu’il refera le plâtre à son retour.
Pendant toute son absence, les douleurs devenant de plus en plus insupportables, Béatrice laisse des
messages au cabinet du chirurgien qui ne la rappelle pas. Au bout d’une semaine, du pus sort du
plâtre : la peau de tout l’avant de la cheville a été gravement infectée à cause du plâtre qui comprimait
la plaie.
Béatrice doit subir une autre intervention en urgence pour ôter le plâtre, désinfecter la plaie et retirer
la peau nécrosée. Elle passe 2 semaines à la clinique en souffrant beaucoup, rentre chez elle et reste
immobilisée pendant 2 mois. C’est l’été. Elle doit annuler ses vacances et faire garder ses jeunes enfants
par une auxiliaire parentale car son mari est très pris par son travail. La peau de sa cheville met plus
d’un an à repousser et à cicatriser. Deux ans après sa double opération, la zone blessée est toujours
douloureuse et inesthétique.
Peut-elle obtenir réparation des différents préjudices subis ?
Question juridique
Corrigé
Quelles sont les conditions d’engagement de la responsabilité d’un chirurgien et de réparation des
dommages subis par un patient ?
Règles de droit
Le chirurgien est tenu d’une obligation de moyens envers son patient. Compte tenu du risque présent
dans chaque intervention chirurgicale, il s’engage à faire de son mieux pour l’opérer, en l’état des
connaissances médicales. Par conséquent, sa responsabilité ne peut être engagée que s’il a commis une
faute, une négligence dans les soins dispensés. Il appartient au patient de prouver la faute du chirur-
gien, son manque de diligence.
126
Fiche 18 - La réparation du dommage
Pour donner lieu à réparation, le dommage subi par le patient doit être certain (vérifiable), prévisible
(envisageable au moment de la conclusion du contrat) et direct (la conséquence de la faute).
La victime a droit à des dommages et intérêts qui tiennent compte de son préjudice matériel (atteinte
au patrimoine), corporel (atteinte à l’intégrité physique) et moral (atteinte à l’état psychologique).
Solution
En l’espèce, Béatrice doit prouver la faute du chirurgien. Le fait de ne pas l’avoir examinée après
Corrigé
l’opération, d’être parti en vacances alors qu’elle souffrait déjà sans la recommander à un confrère, de
ne pas avoir pris connaissance ou répondu à ses messages téléphoniques reflète un manque de suivi
médical indéniable.
Le dommage de Béatrice remplit les trois conditions requises. Il est certain car actuel, vérifiable. Il est
prévisible car poser un plâtre à l’issue d’une opération orthopédique est toujours susceptible d’entraî-
ner une infection de la peau qui se trouve comprimée. Il est direct car l’infection s’est manifestée juste
après l’opération.
Par conséquent, Béatrice peut réclamer des dommages et intérêts pour l’ensemble de ses préjudices.
Pour son dommage matériel : les frais médicaux non remboursés par la sécurité sociale et la mutuelle
complémentaire, les frais de garde de ses enfants, le prix de ses vacances annulées.
Pour son dommage corporel : la douleur physique ressentie après l’opération, le préjudice esthétique
dû à la vilaine cicatrice d’une zone corporelle facilement visible.
Pour son dommage moral si cet événement a eu des répercussions sur son état psychologique (fatigue,
dépression) ou sur sa vie privée (crise conjugale, difficultés relationnelles avec ses enfants).
127
Fiche
Les obligations
du vendeur 19
Outre les règles contractuelles générales1, il existe des règles particulières propres à chaque contrat.
Le meilleur exemple est celui du contrat de vente, qui est sans doute l’acte juridique bilatéral le
plus fréquent et le plus varié, qu’il s’agisse d’une vente entre professionnels, entre particuliers, ou
entre professionnels et particuliers.
Le vendeur a une triple obligation de renseignement, de délivrance et de garantie.
II - L’obligation de délivrance
L’article 1582 du Code civil définit le contrat de vente comme la « convention par laquelle l’un
s’oblige à livrer une chose et l’autre à la payer ». En d’autres termes, le vendeur transfère la propriété
d’une chose à l’acquéreur qui lui en verse le prix. La vente se caractérise donc par le transfert
de la propriété d’une chose. Par là, elle se distingue d’autres contrats qui portent également sur
une chose mais sans transfert de propriété, comme le contrat de location (je loue une chose) et
le contrat de dépôt (je remets une chose à quelqu’un qui s’engage à la conserver puis à me la
restituer).
Le transfert de propriété de la chose se fait au moment de l’échange des consentements et non au
moment de la livraison du bien. Autrement dit, l’acheteur devient propriétaire lors de la conclu-
sion du contrat, même s’il n’a pas encore été livré. Par conséquent, si la chose vendue disparaît
à cause d’un cas de force majeure (comme l’incendie du local où elle est entreposée), les risques
(de cette force majeure) pèsent sur son propriétaire, donc sur l’acheteur.
Il est, néanmoins, toujours possible d’insérer dans le contrat une clause de réserve de propriété.
Celle-ci retarde le transfert de propriété au moment de la livraison du bien. Dès lors, jusqu’à
la livraison, les risques de la force majeure pèsent sur le vendeur puisque l’acheteur ne devient
propriétaire du bien que lorsqu’il en prend possession.
La chose livrée par le vendeur doit être conforme à ce qui est prévu dans le contrat, en qualité
et en quantité. Il revient donc à l’acheteur de s’assurer que ce qui est livré correspond à ce qui a
été commandé.
Toutefois, le contrôle de conformité du bien ne peut pas toujours être intégralement effectué au
moment de sa réception, en particulier pour les choses complexes, tel qu’un système informa-
tique. Il est possible de vérifier son apparence mais non son fonctionnement.
130
Fiche 19 - Les obligations du vendeur
C’est pourquoi, la loi a institué une garantie légale de conformité dans les contrats conclus
entre professionnels et consommateurs2. Cette garantie protège le consommateur en cas de biens
meubles ne correspondant pas à la description donnée ou aux caractéristiques présentées lors
de la vente. Par exemple, une commode ne comprenant pas le nombre indiqué de tiroirs, une
machine pour le linge lavante-séchante qui s’avère ne pas avoir de fonction de séchage.
En cas de non-conformité, le consommateur doit réclamer au vendeur le remplacement ou la
réparation du bien.
En l’absence de réaction du vendeur, l’acheteur peut, dans un délai de 2 ans suivant la déli-
vrance du bien, soit restituer le bien au vendeur moyennant son remboursement (résolution du
contrat), soit le conserver en contrepartie de la restitution d’une partie de son prix.
En l’absence d’arrangement amiable, l’acheteur peut saisir le juge dans les 2 ans suivants la
découverte du vice. Il a le choix entre deux actions :
– d’une part, la résolution de la vente : il est alors remboursé du bien qu’il doit rendre au ven-
deur. C’est l’action rédhibitoire (est « rédhibitoire » un obstacle radical empêchant l’usage
normal de la chose) ;
– d’autre part, la conservation de la chose à un prix réduit, évalué par un expert. C’est l’action
estimatoire.
En outre, si le vendeur connaissait l’existence du vice caché lors de la vente, l’acquéreur pourra
lui réclamer des dommages et intérêts sur le fondement du dol (tromperie). Dans cette hypo-
thèse cependant, la preuve de la mauvaise foi du vendeur peut être difficile à apporter par l’ache-
teur. Par conséquent, on fait une distinction entre vendeur professionnel et vendeur occasionnel.
Le vendeur professionnel est, à la différence du vendeur occasionnel, présumé connaître les vices
de la chose, ce qui dispense l’acheteur d’avoir à prouver sa mauvaise foi.
132
Fiche 19 - Les obligations du vendeur
Exercices
pratiques
l Question 1
Énoncé
Les acquéreurs d’une vieille maison de village découvrent peu après la vente de la moisissure sur les
murs de plusieurs pièces. En interrogeant les voisins, ils apprennent que la maison a toujours eu des
problèmes d’humidité et que son ancien propriétaire lessivait les murs régulièrement pour enlever les
traces de moisi.
Quels sont leurs recours ?
Il s’agit d’un vice caché : les traces de moisissure existaient avant la vente, étaient invisibles lors de la
Corrigé
vente et empêchent une utilisation normale du bien vendu : trop d’humidité est néfaste non seulement
pour la santé mais aussi pour la qualité du bien immobilier. En outre, le vendeur n’ignorait pas cette
humidité puisqu’il a volontairement dissimulé la moisissure en nettoyant les murs avant la vente.
Par conséquent, les acquéreurs ont deux possibilités :
- demander un remboursement de la maison (action résolutoire) ;
- ou demander une réduction de son prix (action estimatoire).
Dans les deux cas, ils pourront, en outre, réclamer au vendeur des dommages et intérêts pour les avoir
induits en erreur (dol).
133
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
l Question 2
Énoncé
Une nappe et des serviettes de table sont commandées par un particulier sur internet. D’après le des-
criptif, elles sont rouges et entièrement en coton. Le colis est livré au lieu et à la date prévus. Quinze
jours plus tard, au moment du premier lavage, l’acheteur s’aperçoit que leur composition ne corres-
pond pas à la commande (70 % coton, 30 % polyester).
Peut-il réclamer leur remplacement ?
Corrigé
Le vendeur est tenu d’une obligation de délivrance, doublée d’une obligation de garantie de confor-
mité : ce qui est livré doit être conforme à ce qui a été commandé par l’acheteur.
En l’espèce, la composition de la nappe et des serviettes diffère de ce qui était présenté sur internet. Par
conséquent, l’acheteur peut exiger :
- le remplacement des serviettes ;
- ou leur remboursement ;
- ou la réduction de leur prix.
134
Fiche
Les obligations
de l’acheteur 20
L’acheteur a deux obligations légales :
– payer le prix convenu ;
– retirer la marchandise.
I - Le paiement du prix
Le prix est la contrepartie financière du transfert de propriété. Par le paiement du prix, la
vente se différencie des contrats sans contrepartie tels que la donation (je donne une chose à
quelqu’un sans rien avoir en retour) ou l’échange (j’échange un bien contre un autre bien).
Le prix peut être désigné par des termes divers : prix, loyer, intérêts, salaire, commissions, rede-
vances, honoraires, etc. Dans la majorité des cas, le prix est déterminé dès la conclusion du
contrat, par simple adhésion à une offre ou à l’issue de longs pourparlers entre les parties. Dans
cette dernière hypothèse, le contrat est formé dès que le prix proposé est accepté sans discussion.
À ce stade, il est fréquent dans les contrats de vente portant sur des sommes importantes de
conclure un avant-contrat dans l’attente de la signature de la vente définitive. Cet avant-contrat,
appelé aussi contrat préparatoire, permet aux parties de s’accorder sur les points essentiels du
contrat final, notamment la chose et le prix. En matière de vente immobilière, cet avant-contrat
s’appelle la promesse de vente.
Dans la « promesse unilatérale de vente », seule l’une des deux parties (vendeur ou acheteur)
s’engage à contracter dans un certain délai. Si l’autre partie se décide à son tour, la promesse se
transforme en contrat définitif.
Dans la « promesse synallagmatique de vente », appelée aussi « compromis », les deux parties
s’engagent à contracter : l’une à vendre, l’autre à acheter. Elles échangent leur consentement mais
la vente n’est pas définitivement conclue. Elle le sera le jour de la signature de l’acte notarié, lors
du transfert de la propriété du bien et du paiement du prix.
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
Les modalités du paiement varient. Il peut s’agir d’un paiement global, c’est-à-dire en une seule
fois, ou d’un paiement fractionné. Le paiement fractionné donne lieu au versement d’arrhes ou
d’un acompte.
Les arrhes consistent dans le versement d’une somme d’argent offrant à chaque partie une
faculté de dédit, c’est-à-dire de revenir sur son engagement. Si l’acquéreur ne veut plus acheter,
il peut se dégager en perdant les arrhes. Si le vendeur ne veut plus vendre, il peut se libérer en
versant le double des arrhes à l’acquéreur.
L’acompte, en revanche, est un paiement partiel ne permettant pas de faire marche arrière. Si
l’acquéreur ne veut plus acheter, il perd l’acompte et s’expose, en outre, au versement de dom-
mages et intérêts si le vendeur subit un préjudice à cause de la fin prématurée du contrat. Si le
vendeur ne veut plus vendre, il doit rembourser l’acompte à l’acquéreur et lui verser des dom-
mages et intérêts en cas de préjudice.
Par exemple, l’acquéreur d’un bien immobilier verse en principe un acompte de 10 % de son
prix au vendeur, lors de la signature du compromis de vente qui a lieu avant la vente définitive.
Si, après avoir versé cet acompte, l’acheteur ne veut plus contracter, il perd l’acompte et risque de
devoir payer des dommages et intérêts au vendeur si ce dernier ne parvient plus à vendre le bien.
Le paiement fractionné obéit à un régime spécial pour les contrats de vente conclus entre un
consommateur et un professionnel qui ne portent pas sur un bien immobilier. Lorsqu’il n’est pas
précisé dans le contrat si la somme versée à l’avance correspond à des arrhes ou à un acompte1, on
applique la solution la plus favorable au consommateur ; la somme est donc considérée comme
des arrhes afin de permettre à chaque partie de révoquer le contrat : si c’est le consommateur qui
ne veut plus contracter, il perd les arrhes ; si c’est le professionnel, il doit lui verser le double de
la somme prévue au contrat.
En principe, le prix fixé dans le contrat n’est pas renégociable par la volonté d’une seule des
deux parties, même en cas de changement imprévu des circonstances économiques. C’est le
principe de l’imprévision : on ne peut modifier le contrat, même en cas d’augmentation du prix
(cf. fiche 15).
1. Par exemple, le contrat se contente d’indiquer : « il sera versé une somme de ??? euros à titre de garantie ».
136
Fiche 20 - Les obligations de l’acheteur
II - Le retrait du bien
La seconde obligation de l’acheteur est de retirer la marchandise dans le délai prévu, afin de
permettre au vendeur de libérer son magasin (sauf si les parties sont convenues de la livraison du
bien par le vendeur au domicile de l’acheteur).
L’acheteur n’a pas le droit de changer d’avis et de renoncer à retirer le bien, même s’il l’a déjà
payé.
En l’absence de retirement, l’acheteur est sévèrement sanctionné :
– soit le juge ordonne une exécution forcée au moyen d’une astreinte, c’est-à-dire une condam-
nation à payer une somme d’argent par jour de retard dans la récupération du bien ;
– soit le contrat est résolu de plein droit (sans recours au juge), ce qui permet au vendeur de
revendre la marchandise à un tiers.
137
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
Exercices
pratiques
l Question 1
Énoncé
Victorien a trouvé l’investissement locatif de ses rêves : un joli studio rénové avec vue sur la tour Eiffel.
Dès la fin de la visite, il fait part au vendeur, Monsieur Bailli, de son intention de l’acquérir au prix
de vente proposé, soit 200 000 euros. Monsieur Bailli, très heureux, rédige aussitôt un contrat qui
met par écrit leur accord réciproque sur la chose et le prix. Il est prévu le versement d’une somme de
18 000 euros dans l’attente de la signature de la vente définitive chez le notaire.
De quoi s’agit-il ?
Corrigé
Il s’agit d’une promesse synallagmatique de vente, appelée aussi compromis. Les deux parties s’en-
gagent à contracter : Monsieur Bailli à vendre, Victorien à acheter.
La somme de 18 000 euros est un acompte. Si Victorien change d’avis et ne veut finalement plus
acheter le studio (par exemple parce qu’il en a trouvé un autre moins cher), il perdra cette somme.
Si Monsieur Bailli ne veut plus vendre, il devra rembourser la somme à Victorien. En outre, chaque
partie pourra réclamer des dommages et intérêts à l’autre partie pour le préjudice subi.
138
Fiche 20 - Les obligations de l’acheteur
l Question 2
Énoncé
Un contrat de vente est passé entre un équipementier et un restaurant italien pour l’achat d’un nou-
veau four à pizza, au prix de 5 000 euros. Dans l’attente de la livraison du four un mois plus tard, un
acompte de 1 000 euros est versé par le restaurateur. 15 jours plus tard, face à des difficultés de trésore-
rie, le restaurateur fait connaître son intention de ne plus acheter le four et de récupérer son acompte.
En a-t-il le droit ?
Corrigé
Un contrat de vente est conclu. L’acompte est un paiement partiel ne permettant pas de revenir
sur son engagement.
Par conséquent, le restaurateur ne peut pas se rétracter. S’il n’achète pas le four, il perd son acompte et
s’expose à une action en dommages et intérêts de la part du vendeur si ce dernier subit un préjudice
du fait de l’annulation de la vente.
139
WEBOGRAPHIE
www.legifrance.gouv.fr
www.justice.gouv.fr
www.vie-publique.fr
www.easydroit.fr
www.dictionnaire-juridique.com
INDEX
Les numéros renvoient aux numéros des fiches
A D
Acceptation, 12 Délai, 3, 4, 5, 7, 12, 13, 14, 15,
Acompte, 20 16, 19
Administrateur judiciaire, 6 Délit, 4
Appel, 4, 5, 6, 7 Directive européenne, 3, 12
Arrhes, 15, 20 Dol, 12, 13, 19
Assignation, 6, 7 Dommages et intérêts, 1, 4, 10,
Astreinte, 16, 20 14, 16, 17, 18, 20
Avant-contrat, 20 Droit de rétractation, 12, 15
Avocat, 2, 4, 6, 7
E
C écrit, 8, 11, 12, 13
Capacité, 9, 12, 13 Émancipation, 9
Cassation, 2, 4, 5, 6, 7 Erreur, 6, 7, 12, 13
Cause, 12, 13 Exception d’inexécution, 16
Conseil constitutionnel, 2 Exécution forcée, 16, 20
Conseil de prud’hommes, 4 Expert, 7
Conseil d’État, 5, 6
Consensualisme, 11, 12 F
Consentement, 11, 12, 13 Force majeure, 8, 17, 19
Constitution, 1, 2, 3 G
Contradictoire, 7, 8
Contravention, 4 Gouvernement, 2, 5
Cour administrative d’appel, 5 Greffier, 6
Cour d’assises, 4, 7 H
Cour de Justice de l’Union
européenne, 3 Huissier, 6
Coutume, 2
Crime, 4 I
Imprévision, 15, 20
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
J Pourparlers, 12, 20
Juge d’instruction, 4, 6 Préjudice, 1, 4, 7, 10, 13, 16,
Juge de proximité, 4, 7 17, 18, 19, 20
Jurisprudence, 2, 3, 4, 14, 17 R
L Référé, 7
Lésion, 20 Règlement autonome, 2, 5
Liquidateur judiciaire, 6 Règlement d’application, 2
Loi, 2, 3, 4, 5, 15 Règlement européen, 3
Résiliation, 16
M Résolution, 16, 19
Magistrat, 6 Révision, 6, 7
Mise en demeure, 6, 14, 16
S
N Saisie, 6, 11, 16
Nullité, 12, 13, 16, 20
T
O Tiers, 11, 15, 20
Objet, 10, 12, 13 Traité, 3
Obligation de conseil Tribunal administratif, 5
et d’information, 19 Tribunal correctionnel, 4
Obligation de délivrance, 19 Tribunal de commerce, 4
Obligation de moyens, 17 Tribunal de grande instance, 4
Obligation de résultat, 17 Tribunal d’instance, 4
Obligation de restitutions, 13, Tribunal de police, 4
16, 19
V
Offre, 12, 20
Ordonnance, 2, 3, 5 Vices cachés, 19
Vices du consentement, 12, 13
P Violence, 12, 13
Parlement, 1, 2, 3
Parquet, 6
144
RÉUSSIR EN ESC
LE DROIT EXPLIQUÉ
RÉUSSIR EN ESC
aux étudiants en écoles de commerce
Droit général - Droit des contrats
LE DROIT EXPLIQUÉ
aux étudiants en écoles de commerce
RÉUSSIR EN ESC
Le droit présente la particularité d’être enseigné aussi bien dans les écoles de com-
merce que dans les universités juridiques. Pourtant, quel est le rapport entre un Droit général - Droit des contrats
futur cadre ou dirigeant d’entreprise et un futur magistrat ou avocat ?
Les professions n’étant pas les mêmes, la formation pédagogique doit forcément se
différencier en fonction des « besoins juridiques » des uns et des autres.
Aurélie du Crest Ainsi, il ne s’agit pas d’apprendre aux étudiants en gestion tout le droit, ou toutes
LE DROIT EXPLIQUÉ
Docteur en droit, elle enseigne le droit
les règles d’une branche du droit, mais de cibler ce qui leur est indispensable
de connaître en tant que futur manager.
depuis 1997. Après plusieurs années
passées à l’Université, elle a intégré
C’est l’objet de ce manuel spécifiquement adapté à l’enseignement du droit
en écoles de commerce, quelle que soit la spécificité du programme, la durée du
le circuit des écoles de commerce cursus et la nature du diplôme délivré.
en 2004. Elle enseigne aujourd’hui
Il pose les bases du cours de droit civil généralement dispensé en première
le droit civil, le droit des affaires année autour de deux parties distinctes mais complémentaires: le droit général
et le droit du travail à l’EBS-Paris et le droit des contrats :
(European Business School). - la première partie, le droit général, a pour vocation de faire découvrir aux étudiants
l’univers juridique en présentant les modalités de l’élaboration et de l’application
des règles de droit en France (10 fiches) ;
- la seconde partie, le droit des contrats, a pour objectif de les familiariser avec l’un
des principaux outils juridiques qu’est le contrat (10 fiches).
La méthodologie adoptée se veut synthétique et pratique. Chaque fiche comporte
une leçon, illustrée par des exemples concrets, puis des exercices pratiques
Aurélie du Crest
corrigés qui permettent aux étudiants d’évaluer leur niveau de compréhension et
de mettre en application leurs connaissances.
Au terme de cet ouvrage, l’étudiant en école de commerce aura une vision claire
et simple (sans être simpliste !) des notions juridiques fondamentales afin de
pouvoir aborder par la suite la pratique du droit de l’entreprise.
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