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Une circulaire interministérielle apporte des éclaircissements sur la

réforme des autorisations de travail accordées aux travailleurs


étrangers. Elle confirme le principe selon lequel tout nouveau contrat
de travail fait l'objet d'une demande d'autorisation de travail tout en
apportant quelques assouplissements.
Une circulaire des ministères de l’intérieur et du travail du 12 juillet 2021 précise les contours de la réforme des
autorisations de travail entrée en vigueur le 1er avril 2021. Elle souligne en effet que la mise en œuvre de la réforme
a soulevé de nombreuses questions. Les règles en vigueur en matière d’autorisation de travail « nécessitent une
information plus précise permettant aux employeurs et futurs travailleurs étrangers de bien identifier les règles
applicables en fonction des situations », expliquent les ministères, tout en précisant qu’une communication plus
détaillée à destination des employeurs sera assurée sur la base de ces nouvelles instructions.
Remarque : rappelons que, depuis le 1er avril, est entrée en vigueur la réforme des critères d’instruction des demandes
d’autorisation de travail, accompagnée d’une simplification de la liste des pièces à fournir et d’une modification de la liste
des métiers dit « en tension » (D. n° 2021-360, 31 mars 2021 : JO, 1er avr. ; Arr 1er avr. 2021, NOR : MTRD2110626A :
JO, 2 avr. ; Arr 1er avr. 2021, NOR : MTRD2109963A : JO, 2 avr.). A cette même date est intervenu le transfert de la
mission main-d’œuvre étrangère assurée par les services de main-d’œuvre étrangère (SMOE) des Direccte vers les
préfectures.

Recrutement en introduction depuis l’étranger

La circulaire rappelle que les projets de recrutement d’un collaborateur étranger (ressortissant d’un pays hors Union
européenne et Espace économique européen) nécessitent une autorisation de travail avec opposabilité de la
situation de l’emploi. Si le projet ne relève pas d’un métier en tension, le nouvel article R. 5221-20 1° du code du
travail exige désormais au préalable une publicité de 3 semaines obligatoires de l’offre d’emploi et de s’assurer que
l’emploi n’a pu être satisfait par aucune candidature répondant aux caractéristiques du poste de travail.

Travailleurs étrangers déjà présents

A propos des étrangers déjà présents en France et détenteurs d’un titre professionnel nécessitant une autorisation
de travail, (travailleur temporaire, salarié ou saisonnier), la circulaire distingue plusieurs situations.
Contrat d’apprentissage et de professionnalisation
Conformément à l’article L. 5221-5 du code du travail, l’autorisation de travail est accordée de droit à l’étranger
autorisé à séjourner en France pour la conclusion d’un contrat d’apprentissage ou de professionnalisation à durée
déterminée.

La circulaire souligne que le contrat signé et visé par l’Opérateur de compétences (Opco) suffit. Il autorise à travailler
pour toute sa durée, y compris lorsque le jeune devient majeur. En cas de nouveau contrat d’apprentissage avec
un nouvel employeur, le contrat devra être visé par l’Opco.

Tout changement de situation (passage du contrat d’apprentissage à un CDD ou CDI) nécessite en revanche une
autorisation de travail sans opposabilité de la situation de l’emploi.
Intérim
Selon l’administration, il n’est pas nécessaire de solliciter une autorisation de travail pour tous les contrats de
mission de moins de 3 mois. Pour les contrats au-delà de 3 mois et les CDI intérimaires, une autorisation de travail
sans opposabilité de la situation de l’emploi doit être demandée.

Changement de statut

Une autorisation de travail avec opposabilité de la situation de l’emploi est nécessaire en cas de changement de
statut (premier accès à un titre de séjour salarié, travailleur temporaire).
Remarque : les détenteurs d’un titre étudiant pour lesquels le projet de recrutement s’inscrit dans le cadre du diplôme
obtenu et qui remplissent des conditions de niveau de rémunération (C. trav., art. R. 5221-21) et les détenteurs de la carte
« recherche d’emploi ou création d’entreprise ». (C. trav., art. R. 5221-2) échappent toutefois à cette exigence.

Changement d’emploi pendant la durée de validité d’un titre de séjour professionnel

La circulaire confirme que, conformément au nouvel article R. 5221-1 II, « tout nouveau contrat de travail fait l’objet
d’une demande d’autorisation de travail ». Mais elle prévoit quelques assouplissements ; dans certains cas, la
demande d’autorisation de travail sera sans opposabilité de la situation de l’emploi.

Ainsi, si le détenteur d’une carte de séjour temporaire « travailleur temporaire » ou « salarié » change d’employeur
au cours de la durée de validité de son titre de séjour, une autorisation de travail (sans opposabilité de la situation
de l’emploi, est-il précisé) doit être sollicitée. Elle sera nécessaire au moment du renouvellement du titre de séjour.

La circulaire ajoute que si, « exceptionnellement », le CDD excède la durée du titre de séjour (15 mois par exemple
pour un titre d’un an), il n’est pas nécessaire de demander une nouvelle autorisation de travail au moment du
renouvellement de la carte de séjour.

De la même façon, l’autorisation de travail initiale suffit si le contrat de travail est renouvelé à l’identique (même
employeur, même fonction, même rémunération ou transfert conventionnel de contrat).
Remarque : dans ce cas, l’employeur effectue une demande d’autorisation de travail en ligne sans opposabilité (donc
sans publicité d’offre) et fournit l’autorisation de travail initialement délivrée ainsi que l’avenant au contrat, l’instruction du
dossier portant sur ces deux points.

S’agissant du titulaire d’une carte de séjour pluriannuelle « salarié » qui change de CDI durant la validité de son
titre de séjour, une autorisation de travail sans opposabilité de la situation de l’emploi doit être demandée, la
circulaire recommandant de la solliciter « au moment du recrutement ».

Il est encore précisé à propos des titulaires de cartes pluriannuelles « salarié », qui, après une rupture de CDI, sont
amenés à solliciter un emploi en CDD ou en intérim durant la période de validité de leur carte pluriannuelle, que ce
sont les consignes mentionnées ci-dessus sur les CDD et l’intérim qui s’appliquent.

Travailleur saisonnier

L’autorisation de travail doit être demandée pour chaque contrat de travail et faire l’objet d’une publicité préalable,
celle-ci pouvant être faite une fois pour plusieurs recrutements sur le même emploi.

Critères de rémunération

Parmi les critères d’octroi de l’autorisation de travail, le niveau de rémunération requis par l’article R. 5221-20 du
code du travail est apprécié par rapport au salaire défini par la convention collective ou au Smic. La circulaire
envisage le cas du contrat incomplet (temps partiel), précisant que « le taux horaire correspondant doit être pris en
compte ». La durée minimale de travail prévue par la convention collective doit l’être aussi.

Admission exceptionnelle au séjour

L’administration confirme que le dépôt d’une demande d’admission exceptionnelle au séjour s’effectue toujours
auprès de la préfecture (dossier papier avec Cerfa) et non en ligne

Une première analyse est effectuée sur la base des critères de la circulaire du 28 novembre 2012 (circulaire Valls)
sans opposabilité de la situation de l’emploi. L’administration confirme ainsi que les critères d’instruction prévus par
ce texte s’appliquent toujours.

A l’issue de cette analyse, si le service d’instruction s’oriente vers une régularisation, deux points seront
« uniquement » contrôlés : le niveau de rémunération proposée et si l’entreprise est à jour de ses obligations
légales.

Véronique Baudet-Caille, Docteur en droit

Circ. 12 juill. 2021, NOR : INTV2121684

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