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FSJP-MASTER 1 - CM DROIT DU TRANSPORT - Pr I.K.

DIALLO – 2012/2013 - ISM

COURS DE DROIT DU TRANSPORT

L’IMPORTANCE DES TRANSPORTS

En matière de développement économique, il n’est pas contesté que les transports jouent un rôle
fondamental parce que pour se développer il faut échanger. Ce qui suppose un mouvement de personnes
et de biens à l’intérieur du pays ou à l’extérieur.
Ce mouvement de personnes et de biens ne peut se faire sans un système de transport adapté.
C’est si vrai que souvent on dit qu’il n’y a pas de développement sans un bon système de transport.
D’autres disent de façon imagée que le développement passe par la route. En effet, il a été
démontré que les mauvaises infrastructures routières mais aussi les embouteillages incessants dans les
grandes agglomérations constituent des freins au développement.
Ces mouvements de personnes et de biens d’un point de vue juridique se font essentiellement à
travers des contrats, des contrats de transport. Le droit des transports est la branche du droit qui a pour
objet pour l’essentiel d’étudier la réglementation régissant ce mouve ment de personnes et de biens.

DEFINITION DU CONTRAT DE TRANSPORT

Le contrat de transport est celui dans lequel une personne appelée transporteur va accepter de
déplacer d’un point à un autre une personne ou des biens moyennant rémunération. Si on analyse cette
définition, il en ressort un certain nombre de caractéristiques permettant d’identifier ce type contrat.
- D’abord il s’agit du transporteur.
En général une entreprise commerciale au sens de l’AUDCG. C’est donc en principe un professionnel
encore que le contrat de transport peut bien être effectué par un bénévole c'est-à-dire des
personnes qui ne sont pas des professionnels du transport. Et en droit on verra que ce transporteur
peut être
o un transporteur contractuel lorsque c’est lui qui a conclu le contrat de transport, il peut s’agir
d’un
o transporteur appelé transporteur de fait ou transporteur substitué, il s’agit d’un transporteur qui
n’a pas conclu le contrat de transport mais qui sera amené à l’exécuter en lieu et place de
l’autre ; c’est fréquent dans la pratique.
- Le déplacement
Le déplacement est le critère principal du contrat de transport. Cela veut dire qu’il n’y a pas de
transport sans déplacement mais tous les contrats avec déplacement ne constituent pas
nécessairement un contrat de transport. Et dans le contrat de transport il n’y a qu’un déplacement et
rien qu’un déplacement, c’est un élément exclusif permettant de distinguer le contrat de transport
d’autres contrat voisins, d’autres contrats similaires. Effectivement quand dans un contrat il s’agit
que de déplacer des personnes et des biens, n’hésitez pas, il s’agit certainement d’un contrat de
transport.
Mais lorsqu’en plus du déplacement le débiteur de la prestation s’engage à fournir d’autres
prestations il ne s’agit certainement plus d’un contrat de transport mais d’un autre contrat. C’est le
cas dans les contrats de déménagement pour lesquels le déménageur s’engage à déplacer les biens
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d’un endroit (l’ancien site) à démonter le matériel, à le faire emballer, le faire embarquer dans le
véhicule, le déplacer vers un autre endroit (le nouveau site) où il devra procéder à l’action inverse à
l’arrivée, il va le faire débarquer, le désemballer, et l’installer.
C’est également le cas du contrat de manutention. Ce type de contrat a pendant longtemps été
considéré en droit fra nçais comme un contrat de transport de marchandise par route. Le
manutentionnaire était assimilé à un voiturier au sens du code de commerce français. C’est en 1960
que la distinction a été clarifiée par la juridiction française qui a estimé que le manutentionnaire n’est
pas un voiturier.
En effet, le contrat de manutention consiste pour le manutentionnaire à prendre en charge les
marchandises dans les entrepôts dans les hangars ou sur le quai, à les déplacer jusqu’au navire ou à
l’aéronef, à les faire embarquer à bord et à les arrimer à bord. A l’export il fera les prestations
inverses. Ce manutentionnaire offre plusieurs prestations de service parmi lesquelles le déplacement
des biens, de la marchandise. C’est pour cela que l’on ne doit pas l’assimiler à un transporteur.
- Le déplacement concerne des biens et des personnes
o S’agissant des personnes, on parle de transport de passagers ou de personnes.
o Si le déplacement concerne des biens, on distingue en droit des transports le transport de
marchandises et le transport de bagages. En effet, les marchandises ne sont pas des bagages en
principe.
Les bagages désignent en principe des effets personnels, des effets usagers strictement
personnels alors que les marchandises ont été achetées en vue d’être revendues, elles sont
destinées au commerce.
Mais souvent, les textes ne définissent pas ces notions, certains autres les définissent mais
de façon assez vague et très vague. C’est le cas de l’acte uniforme du 22 mars 2003 portant sur le
contrat de marchandises par route.
Mieux encore, dans l’aérien on distingue parmi les bagages les bagages accompagnés des
bagages non accompagnés, les bagages en cabines et les bagages en soute.
Les bagages sont dits accompagnés lorsqu’ils prennent l’avion avec leur propriétaire ou
avec la personne chargée de les accompagnés. Le bagage est dit non accompagné dans le cas
contraire encore que dans la pratique on peut émettre des documents différents.
La deuxième distinction oppose les bagages en cabine et les bagages en soute. Le bagage
en cabine est celui que le passager emporte dans sa cabine et le second est celui qui est enregistré
et qui est remis au transporteur qui va les mettre dans les soutes à bagages, dans les calles. En
droit ces deux types de bagages ne sont pas soumis au même régime juridique non seulement du
point de vue de la responsabilité mais aussi du point de vue de l’indemnisation en ca de
dommages.
- La rémunération
En principe, le transport est une prestation de service rémunérée. C’est un contrat synallagmatique.
Le transporteur s’engage à déplacer, l’usager s’engage à payer le prix.
Suivant les modes de transport, cette rémunération peut être homologuée (tarifée) comme elle
peut être libre. Dans l’aérien, la réglementation de l’UEMOA prévoit la liberté des tarifs aériens sous
réserve non seulement d’informer les clients mais aussi d’éviter les tarifs excessivement élevés et
d’éviter les tarifs excessivement bas.
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Mais c’est un domaine où les compagnies aériennes sont bien organisées à travers une
organisation au plan mondial qui s’appelle IATA (Association Internationale du Transport Aérien –
International Air Transport Association). Généralement c’est dans la même fourchette de tarifs.
Il peut arriver par contre que le transport ne soit pas rémunéré c'est-à-dire que le transporteur a
pu le faire gratuitement ou bénévolement ; c’est pourquoi on distingue les transports à titre gratuit
et les transports à titre bénévole par opposition au transport à titre onéreux.
Le transport à titre gratuit et le transport à titre bénévole ont ceci de commun qu’il n’y a aucune
contrepartie financière dans les deux cas. Dans les transports dits bénévoles il n’y a aucune
contrepartie quelle qu’elle soit. Le transporteur l’a fait sans rien attendre de l’usager.
Le transport sera dit gratuit lorsque non seulement il n’y a pas de contrepartie financière mais
également le transporteur y trouve un intérêt quelque part, un intérêt commercial, un intérêt social,
peut être. Intérêt commercial car le transporteur peut vouloir faire du marketing ; intérêt social par
des soucis de politiques sociales, pour apaiser le climat social. 1
Il y a différents modes de transport. Les différents modes de transport : il y a au moins trois
grands mode de transport : le transport aérien (celui qui se fait par avion, par un aéronef), terrestre
(qui renvoie au transport par voie terrestre :le transport routier, le transport ferroviaire et le
transport fluvial)et maritime (par mer au moyen d’un bâtiment de mer, un navire).
On appelle transport multimodal, le transport effectué par au moins deux modes différents, ça
peut être rail-route, mer-terre. Il faut au moins deux modes et quelque soient les modes.
Une nuance doit être apportée dans les transports trans-maritimes ou transports maritimes plus ;
c’est un transport multimodal qui comporte au moins un maillon maritime. Ce n’est donc pas un
véritable transport multimodal. 2
On peut distinguer également dans les transports trois catégories du point de vue géographique :
les transports intérieurs ou nationaux, les transports internationaux et les transports
intracommunautaires.
Du point de vue normatif, les transports ont fait l’objet de beaucoup de texte s’y appliquant, mais
en ce qui concerne les conventions internationales, il n’en existe qu’une seule en matière de
transport international de marchandise, convention qui ne s ’applique pas chez nous car non ratifiée,
c’est celle de la convention sur le transport international de marchandises par route (CMR). En ce qui
concerne le transport aérien, il y a plusieurs conventions :
- la première est la convention de Varsovie du 12 octobre 1929 qui s’applique dans la plupart
des pays africains dont le Sénégal. C’est la première convention sur cette matière et elle
s’applique aussi bien au transport de marchandises, de passagers et leurs bagages. Elle a été
légèrement en 1955 à La Haye, c’est le protocole de La Haye.
- Le 28 mai 1999, une autre convention a été adoptée ayant le même objet appelée la
convention de Montréal. Cette convention a vocation à se substituer à Varsovie pour les pays
qui l’auront ratifié avec cette particularité qu’elle est beaucoup plus favorable pour les
usagers ; malheureusement elle a été ratifiée par très peu de pays africains dont le Sénégal.

1
Le contrat de transport est un contrat consensuel. Il est valable dès l’instant qu’il y a accord entre le trajet et le prix. Le
paiement du prix ou l ’émission de documents de transport ne sont pas une condition de validité du contrat de transport.
2
Nouvelle convention du 11 mars 2008 sur les transports maritimes
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- Une autre convention significative est celle de Guadalajara adoptée en 1961 pour compléter la
convention de Varsovie et régir les relations entre les compagnies aériennes. Cette convention
contient des dispositions supplétives de la volonté alors que Varsovie et Montréal sont
impératives dans leur champ d’application. Par exemple, la notion de transporteur de fait a été
réglementée par cette convention de 1961.
En droit communautaire, il y a un certain nombre de normes qui s’appliquent au transport routier ou
aérien. Le transport routier principalement, est régie par l’AU de l’OHADA du 22 mars 2003 relative au
contrat de transport de marchandises par route entré en vigueur le 1er janvier 2004. Mais cette AU ne
régie que le transport de marchandises et seulement de marchandises et ne concerne pas les passagers ni
leurs bagages. L’OHADA, à ce jour, n’a adopté aucun texte dans le transport aérien et encore moins dans
le transport maritime. S’agissant de l’UEMOA, elle a adopté beaucoup de textes en matière de transport
aérien :
- D’abord une décision du 27 juin 2002 portant programme commun du transport aérien.
- Ensuite, une série de règlements et de directives adoptés successivement en 2002 et en 2003
dans différents secteurs des transports aériens ; par exemple, l’agrément de transporteur
aérien, les tarifs, la concurrence c’est à dire l’accès des transporteurs aux lignes
intracommunautaires, la responsabilité des transporteurs en matière d’accident.
Toutefois, il n’y a pas eu de textes régissant globalement le contrat de transport aérien (comme Varsovie
ou Montréal par exemple). Cependant, en 2007 l’union a adopté un code communautaire de l’aviation
civile.
Dans le routier, l’UEMOA a adopté beaucoup de textes pas ce ne sont pas des textes régissant le contrat
de transport, ce sont essentiellement des textes concernant la sécurité rou tière, la fluidité du transport
avec les postes de contrôle juxtaposés et les infrastructures routières.
Le Traité CIMA intervient en matière d’assurance et ne régie pas à proprement parler le contrat de
transport mais régie les relations entre assureur et assuré, il s’occupe de réparation des dommages
occasionnés et pas de responsabilité car en droit on distingue la responsabilité de la réparation.
S’agissant de la jurisprudence, le contentieux est très faible en Afrique que ce soit dans l ’aérien ou
dans le routier. La raison est que les tribunaux sont très peu sollicités sur ces questions là. En matière de
transport aérien, les compagnies mettent souvent en place un dispositif de règlement amiable qui est
assez dissuasif ; mais la véritable raison est à chercher dans le comportement du consommateur, de
l’usager, surtout dans le routier.

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