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En marge du statut des fonctionnaires de 1941 : Le rapport Leloup en août 1939

Author(s): Guy THUILLIER


Source: La Revue administrative, 45e Année, No. 268 (JUILLET AOUT 1992), pp. 308-315
Published by: Presses Universitaires de France
Stable URL: https://www.jstor.org/stable/40773878
Accessed: 10-06-2022 13:03 UTC

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LA REVUE ADMINISTRATIVE

En marg
Le rap
par Guy THUILLIER

Le Comité de réorganisation administrative dit Leloup (5). C'est un document à nos yeux très im-
Comité de la hache avait cherché en 1939 à élaborer portant pour comprendre l'état des réflexions d'une
un statut des fonctionnaires : Maurice Lagrange, partie de la haute administration dans ce domaine
maître des requêtes au Conseil d'Etat (1), avait été difficile de l'avancement et du droit syndical. Leloup
chargé de la partie concernant le recrutement et a été chargé de mission à la présidence du Conseil
Marcel Leloup, un polytechnicien, ingénieur des Eaux en 1936-1937, il y suivait les problèmes de fonction
et forêts entré au Conseil d'Etat (2), de la partie publique. C'était un libéral, mais son rapport reflète
relative aux règles d'avancement et à la disci- la doctrine commune du Conseil d'Etat sur bien des
pline (3). En août 1939 les deux projets étaient points. Nous croyons devoir publier en partie ce
prêts : ils ont servi, ainsi que nous l'avons conté rapport qui pose clairement quelques principes : on
ailleurs, à la préparation du statut des fonctionnaires notera en particulier que Leloup rappelle qu1« il faut
de 1941. Or nous avons retrouvé (4) le rapport redonner aux agents chargés d'un pouvoir de déci-
sion la possibilité et le goût de l'exercer : trop sou-
(1) Maurice Lagrange était né en 1900. Auditeur au ConseH vent l'on s'en réfère, pour le faire, à l'autorité supé-
d'Etat en 1923, il devint commissaire au contentieux en 1929.
M sera en 1940 chargé de mission à la vice^présiderrce du rieure, qui elle même se met à couvert d'une
Conseil. commission irresponsable », bref, il convient « de
(2) Marcel Leloup, né en 1897, ingénieur des Eaux et forêts rétablir dans chaque administration le sens de la
en 1919, avait participé, avec Haas-Picard, L Franck, Netter, hiérarchie et de la responsabilité » (6). Mais,
au groupe des Techniciens socialistes, qui avaient réfléchi en
1934-1935 aux réformes de l'administration. Il était entré au en même temps, ce polytechnicien socialiste est
ConseM d'Etat en octobre 1937 comme maître des requêtes. très attaché à ΓΊ-dée d'une collaboration permanente
Il fut nommé, en décembre 1944, directeur général des Eaux entre l'administration et ses agents, et il souhaite
et forêts (il était conseil l-er d'Etat et fut placé en position
la création, dans chaque ministère, de « Comités où
hors cadre).
(3) La Mission des fonctionnaires du Comité était dirigée siégeront des représentants du personnel afin de
par un inspecteur général des finances, X. des Francs. Cf. les associer et de les intéresser à la bonne marche
des services administratifs », ce qui permettrait de
« Le statut des fonctionnaires de 1941 », dans la Bureaucratie
aux XIXe et XXe siècles, 1987, p. 503-534. développer chez eux « le sens de la collaboration et
(4) Dans les dossiers du conseiller d'Etat Pierre Josse,
l'esprit d'équipe ». Et de déclarer hautement : « II faut
qui était chargé de préparer en 1941 le statut de la fonction
publique. Nous avions vainement cherché le rapport Le»loup donner aux organisations professionnelles qui grou-
dans les dossiers de Lagrange conservés dams 'les archives pent les agents de l'Etat la possibilité d'exprimer
du Secrétariat général du gouvernement.
en toute liberté, leur avis sur les problèmes qui
(5) Le rapport comprend 159 pages. Leloup examine suc-
cessivement : l'avancement et la discipline ; la réglementation
des mises en disponibilité ; les mutations ; les congés ; les
incompatiibiilités ; les détachements ; la cessation de fonc-
tions ; les limites d'âge ; le droit syndical et « la collabora-
tion des organisations professionnelles groupant les agents [€) Ce passage coïncide avec les tendances autoritaires qui
de l'Etat », et enfin la rémunération, chapitre fort important se font jour dans la haute administration après un certain
(p. 111-157). . relâchement » en 1936-1937.

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dominent la carrière de ses agents » : mais sur ce une certaine mesure à la nature des choses », mais
point Josse était plutôt réservé (7). il retient quelques principes généraux et propose
la généralisation des tableaux d'avancement (sauf
On notera quelques positions assez nettes de pour les grades les plus élevés) ; les commissions
Leloup :
d 'avancement sont paritaires, avec des délégués du
- il insiste beaucoup sur la question de la nota- personnel, « soit élus par leurs collègues (...), soit
tion, et notamment sur la communication des notes désignés par l>es associations les plus représenta-
aux agents (8) : la notation était à cette date un des tives des agents de ce grade» (11), mais l'auto-
problèmes les plus difficiles à régler (9), chaquerité qui a le pouvoir de nomination doit garder
administration ayant ses habitudes : généraliser les sa liberté de choix « à mesure qu'on s'élève dans
feuilles de notes, obtenir que les fonctionnaires la hiérarchie», à l'intérieur de certaines limites,
soient traités « de façon équivalente », en assurer
- il préconise la création de commissions de
la communication de façon générale, supposaient
classement pour l'avancement de classe (12),
une véritable révolution des mœurs administrati-
ves (10). - en matière de discipline, il reprend les conclu-
sions d'un rapport de la commission consultative
- pour l'avancement de grade, il insiste sur la
de la présidence du Conseil : on ne peut obtenir
nécessité d'un certain pragmatisme : « II n'est ni
l'uniformité, et l'échelle des peines doit être fixée
souhaitable ni même possible de faire disparaître
pour les différents corps de fonctionnaires,
une diversité de réglementation qui correspond dans
- la partie la plus significative concerne le
droit syndical : comment Leloup considère-t-il les
(7) Dans une note conservée au dossier le consoler Josse limites à apporter à l'exercice de ce droit syndical,
note : « D'accord, mais il s'agit de les associer aux règles qui, rappelons-le, n'était pas reconnu à cette date
concernant l'organisation du service et le statut du personnel, par le législateur (ii n'y avait qu'une tolérance édic-
non l'exécution. Actes réglementaires, non actes individuels. »
tée par une circulaire d'août 1924) ? Leloup cherche
Leloup avait préparé un titre du Statut concernant ces comi-
à trouver des formules de collaboration efficace en-
tés : « Article 61 : M est institué dans chaque département
ministeriell et en général près de tout service important, un tre les organisations syndicales et la hiérarchie
comité du personnel. Ce comité est composé de membres administrative (13) ; il veut instituer des comités
nommés par le ministre, l-es uns, appartenant aux adminis-
trations en cause, les autres, aux différentes catégories de
de personnel, qui sont « l'aboutissement d'anciennes
personnel« intéressés, ces derniers étant élus dans les mêmes revendications qui paraissent justifiées » (déjà de
conditions que les délégués au comité d'avancement ou au tels comités ont été créés aux Finances, aux Tra-
comité de discipline. Le comité du personnel du département vaux publics, aux Colonies). L'avantage de ces comi-
est présidé par le secrétaire général ou, à son défaut, par
un directeur désigné par le mifiistre. Le comité du person-
tés, c'est qu'ils permettraient certaine rénovation
nel d'un service est présidé par le directeur de ce service. » de l'administration : « Nos administrations sont, en
L'article 62 créait auprès de la présidence du Conseil « un général, vétustés et routinières, et, le plus souvent,
comité consultatif chargé d'étudier les questions concernant inadaptées à la vie moderne. Il y a des habitudes,
les fonctionnaires des administrations publiques. Ce comité
se compose de membres désignés par le président du Conseil
des traditions à vaincre. Le mouvement syndical, en
et cboi'sis, les uns, parmi les hautes fonctionnaires, les au- participant effectivement à la réorganisation de ces
tres, parmi des membres des organisations professionneMes administrations, leur infusera un esprit nouveau et
les plus représentatives ». Il est présidé par te secrétaire général
leur apportera ce qu'il représente de hardi et de
de la présidence du Conseil. L'article 63 dispose que « sont
soumises obligatoirement à l'ordre du jour de ces comités
non-conformiste » : c'était là une vue quelque peu
toutes les questions touchant à l'organisation des services, utopique de l'action syndicale. Leloup prônait la col-
au fonctionnement des services ou à l'amélioration des condi- laboration, l'esprit d'équipe : il croyait, par la parti-
tions de travaM des fonctionaires et agents placés sous leur cipation des syndicats, accroître le rendement de
autorité. Ces comités émettent des avis qui sont adressés
par le président, suivant le cas, soit aux ministres intéressés,l'administration, il jugeait nécessaire de développer
soit au président du Conseil ». Enfin, il est prévu que « les l'organisation professionnelle parmi les fonctionnai-
propositions de règlements organiques à prendre en exécu- res : « La discussion au sein des comités ne peut
tion du présent statut, 'les propositions de modifications à ces que contribuer à développer le sens des responsa-
règlements organiques ou les propositions de modifications
au présent statut seront soumises à l'avis préalable du comité
du personnel compétent · (article 64).
(8) Le problème des notes occupe les pages 16 à 25 du
rapport. (11) Josse rtote : ce Ne faut-il pas choisir?»
(9) Rappelons <la place que cette question tient dans le (12) Cette proposition suscite le scepticisme de Josse.
mémoire de Dauvergne en octobre 1940.
'(13) La justification - partielle - du syndicalisme des
(10) Josse est très réservé sur la communication des notes : fonctionnaires est la volonté d'améliorer les conditions de
il faudrait « savoir 1° s'il y a d'autres administrations que les travail, les règles de fonctionnement, 'la marche du service :
PTT où l'usage de la communication soit établi ; 2° quels il ne s'agit nullement, aux yeux de Leloup, de cogestion des
résultats cette pratique a donnés. » services.

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à s'occuper de questions
bîlités (...) de personnel nous ont permisto
de connaître de quelle façon fonctionne la réglementation
de coopératio
actuelle, et les mesures que nous serons appelés à pré-
sives dans
coniser ont, à notre avis, le mérite d'obvier certains les
après 1946
inconvénients qui n'ont pas manqué d'apparaître très n
tes - mais, aux yeux de Le loup, le statut qu'il souvent.
Ο
propose au Comité de réorganisation administrative
vise principalement « à améliorer le fonctionnement L'élaboration de oe statut sera commandée par l'ob-
des services publics, à garantir la carrière des agentsservation de quatre grands principes que nous croyons
et à créer un esprit de collaboration entre l'Etat et indispensables.
ses serviteurs ». Leloup croit - tout comme Georges 1« principe - Le premier principe est la nécessité de
Mer et le groupe de l'Etat moderne - que cet esprit baser sur le seul mérite le recrutement et l'avancement
de collaboration, de coopération mutuelle est possi- des agents de l'Etat.
ble : mais les Mmi-tes d'une teHe cotllaboratioin sont Le recrutement nous semble le pivot de toute saine
étroites, et la thèse de Leloup suppose qu'il y ait réforme administrative. A raison de leur dignité, tes
services administratifs ne peuvent s'accommoder de ia
chez les syndicats une réelle volonté de participa- médiocrité. L'administration de l'Etat, de jour en jour
tion, qui n'existe pas partout, semble-t-il, à cette plus complexe, exige pour son développement des hommes
date. de caractère et de savoir. Le choix de ces hommes impli-
que que la faveur et l'intrigue soient complètement ex-
Le rapport Leloup était ambitieux : il explique fort clues du recrutement des agents de l'Etat et du dévelop-
bien la modération du statut de 1941 sur bien des pement de leur carrière. Seules la valeur personnelle
et les qualités professionnelles ûes candidats, en un mot
points, son réalisme ; Leloup avait (l'expérience leur
de mérite, doivent être les motifs déterminants des
l'administration active (il le rappelle lui-même) et nominations comme des promotions. C'est pourquoi nous
il ne cherchait pas l'uniformité à tout prix. Et il estimons, d'une part, que le recrutement des agents de
l'Etat doit se faire exclusivement au concours et que,
croyait sincèrement que les syndicats pouvaient
aider à la rénovation de l'administration : il voulait d'autre part, la réglementation de l'avancement et de la
disicipline doit permettre «à la fois d'assurer la sélection
créer des mécanismes de coopération - des « comi- des agents les meilleurs et d'accorder à ceux qui se dis-
tés du personnel », ancêtres de nos comités techni- tinguent par leur valeur un avancement et une rémuné-
ques paritaires - , mais il était fort conscient des ration conforme à leurs qualités.
dangers d'un statut trop rigide, et il était très inquiet 2e principe - II convient d'assurer un juste équilibre
de la disparition du sens de la hiérarchie et de la entre les droits des agents et les intérêts supérieurs de
l'Etat.
responsabilité : ce qui explique la prudence de ces
pages (14). C'est ce seul principe qui doit nous dicter les règles
relatives aux devoirs des agents et aux peines discipli-
naires qui les sanctionnent. En ce qui concerne la disci-
L'établissement d'un statut du fonctionnaire est, à notre pline, nous nous efforcerons de donner aux agents de
avis, une des conditions essentielles de toute réforme l'Etat une garantie complète contre les dangers d'un
administrative. arbitraire administratif, et, à leurs chefs, la faculté de
sanctionner les fautes commises.
Un plan d'ensemble devrait nécessairement présider à
l'aménagement de la carrière des agents de l'Etat. Or, 3e principe - Rétablir dans chaque administration les
les règles actuelles sont fragmentaires et manquent d'unité. sens de la hiérarchie et de la responsabilité.
Une juste conception de la qualité d'agent de l'Etat impli- Il faut redonner aux agents chargés d'un pouvoir de
que un régime uniforme réglant la carrière et établis- décision la possibilité et le goût de l'exercer : trop sou-
sant les garanties essentielles qui la protègent. Cette vent l'on s'en réfère, pour le faire, à l'autorité supérieure
uniformité qui est, d'une part, pour les agents de l'Etat,
une question d'équité est, d'autre part, pour l'Etat, un qui, elle-même, se met à couvert par l'avis d'une com-
élément d'ordre et de clarté.
mission irresponsable. Ces commissions, les contrôles
trop nombreux et des interventions extérieures font que
En vue d'élaborer ce statut, nous avons étudié les règles les chefs perdent fréquemment de vue l'intérêt collectif
existantes et tiré un enseignement particulier des règles pour accepter et proposer des solutions qui, tout en
appliquées actuellement pour le personnel dépendant du dégageant leurs responsabilités, leur permettent, en don-
ministère des Postes, Télégraphes et Téléphones. nant satisfaction aux points de vue exprimés, d'en retirer,
En notre qualité de chargé de mission à la présidence soit un bénéfice de carrière, soit une quiétude complète,
du Conseil depuis juin 1936, nous avons, d'autre part, soit de cumuler ces avantages.
assisté »à toutes les réunions de la nouvelle commission
consultative de la présidence du Conseil, chargée d'étudier 4· principe - Nous estimons qu'il convient d'assurer
une collaboration permanente entre l'administration et
les questions intéressant les fonctionnaires. Cette commis-
ses agents. C'est dans ce but que nous vous proposons :
sion a mis au point certaines réformes que nous repren-
drons dans l'établissement de oe statut. Nous avons a) - le maintien et même le renforcement des pouvoirs
toujours présentes à la mémoire les discussions qui ont de la commission siégeant à la présidence du Conseil ;
eu lieu au sein de cette commission, entre les représen-
tants du personnel et les fonctionnaires des grands corps
de l'Etat, membres de ladite commission. Ces discussions
ainsi que notre expérience personnelle de fonctionnaire (14) U était impossible de publier en entier ce rapport ;
d'une administration active et de fonctionnaire ayant eu nous avons donné Jes pages 1 à 32.

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b) - la création, dans chaque département ministériel, sonnelle et les qualités professionnelles des candidats doi-
de comités où »siégeront les représentants du personnel, vent être les seuls motifs des nominations et des pro-
afin de les associer et de les intéresser à la bonne mar- motions.
che des services administratifs. Il nous apparaît néces- La suppression des recommandations sera, d'autre part,
saire de développer -parmi eux le iseos de la collaboration une mesure d'économie puisqu'elle permettra de mettre
et l'esprit d'équipe en leur permettant de prendre une fin à un échange de correspondances nécessitant par-
part active aux réformes intérieures et de faire valoir fois des recherches et des rédactions délicates occu-
leurs suggestions. Il faut donner aux organisations pro- pant, soit en totalité, soit en partie, le temps de cer-
fessionnelles qui groupent les agents de l'Etat la possi- tains agents de tous grades.
bilité d'exprimer, en toute liberté, leur avis sur les pro-
blèmes qui dominent la carrière de ces agents. A notre VI. - a) - Le recrutement doit avoir lieu exclusivement
avis, l'organisation de ces comités est de nature à complé-au concours et les nominations seront faites dans l'or-
ter heureusement l'ensemble des mesures qui seront pré- dre du classement établi par celui-ci.
vues dans ce stataut pour assurer la bonne marche et b) - L'accès aux services publics doit être conditionné
l'amélioration progressive des services administratifs. par une triple épreuve comprenant un concours d'ad-
mission, un stage de durée variable d'après la catégorie
PRINCIPES PRELIMINAIRES
à laquelle l'agent appartient et au cours duquel il ac-
quiert sa formation professionnelle, et »un examen d'ad-
mission définitive qui pourrait être remplacé dans cer-
Nous croyons devoir poser avant d'abonder les grands tains cas par un simple rapport des chefs directs sur
chapitres du statut, quelques principes préliminaires qui la manière de servir de l'agent.
seront par ailleurs développés dans la première partie
qui traitera du recrutement. c) - Les concours ont lieu par catégories d'agents.
d) - Les concours d'admission doivent avoir le carac-
I. - Est agent de l'Etat toute personne qui, à titre tère d'une épreuve de maturité et non d'une épreuve
définitif, prête ses services aux administrations de l'Etat. livresque. Ils doivent permettre d'apprécier les qualités
Ceci inclut la notion d'un lien définitif entre l'admi- intellectuelles et le degré de formation de l'esprit de
nistration et l'agent : c'est l'essence même du service l'agent. L'Etat doit avoir à son service des fonctionaires
public qui veut qu'il y ait «continuité» de la collabora- qui possèdent à la fois de la culture et du caractère.
tion à la gestion de la « chose publique ». e) - L'admission aux épreuves est soumise en outre à
certaines conditions : être 'Français, de conduite irrépro-
IL - L'administration de l'Etat comporte des activités chable, jouir des droits civils et politiques, avoir satisfait
très diverses et requiert le concours d'agents de forma- à la doi militaire, n'avoir pas atteint certaines limites
tion et d'aptitudes souvent très variées. La nature du d'âge, présenter les aptitudes physiques nécessaires pour
travail, le degré de connaissances et de culture requis exercer la fonction.
militent en faveur du classement des agents en catégo-
f) - En vue d'assurer l'impartialité complète du recru-
ries. Cette classification en catégories dont dépendent
tement, il pourra être créé un secrétariat permanent de
les règles de recrutement et d'avancement doit être basée
recrutement dépendant directement de la présidence du
sur l'autorité chargée de procéder aux nominations des Conseil.
agents. Cette classification ne doit pas avoir comme résul-
tat de déprécier le rôle de certains agents. Dans ce vaste VIL - Dans certaines administrations, il est admis
organisme qu'est l'Etat, le travail de chacun est indis- actuellement que l'agent a une responsabilité personnelle
pensable à tous, et tous, dans l'accomplissement de leur illimitée envers l'Etat. Cette responsabilité qui paraît
tâche, ont les mêmes droits, doivent disposer des mêmes justifiée dans son principe est très rarement appliquée,
garanties, et travaillent au même but : le bien de la du fait de son caractère illimité. L'administration renonce
« chose publique ». Seules, les sphères d'activité, seules souvent à se retourner contre les agents, redoutant par-
les fonctions diffèrent. fois des conséquences désastreuses. Nous estimons donc
qu'il sera utile de régler l'application de cette respon-
III. - Cependant, le service de l'Etat exige parfois sabilité et de prévoir une procédure réduisant le montant
l'exécution de certains travaux à caractère passager et de Γ indemnité à une partie du dommage causé.
extraordinaire qui ne peuvent être effectués par le person-
nel permanent. Les agents chargés de ces travaux, nom-
més agents temporaires, ne rentrent pas dans la défini- I - AVANCEMENT ET DISCIPLINE
tion posée au principe 1er et ne seront donc pas, en
principe, soumis au statut. S'il existe en général et pour chaque ordre de fonc-
IV. - Le présent statut n'aura pas seulement pour but tionnaires civils une réglementation propre en matière
d'accorder aux agents des garanties juridiques constituant d'avancement et de discipline «(a), l'absence de coordina-
tion entre les diverses administrations a entraîné des
l'énoncé de leurs droits, mais il leur imposera, en contre-
partie, des obligations. Ces obligations ne seront fixées différences parfois très sensibles et souvent difficiles à
que dans leurs grandes lignes, car quelque rigoureuses justifier entre les sorts faits à des fonctionnaires qui
que soient les stipulations d'un texte, le respect est sur- tous concourent cependant à assurer le bon fonctionne-
tout une question d ''honneur professionnel, de tradition, ment des services publics.
de fidélité et de dévouement à « la chose publique ». Il est souhaitable de faire cesser dans toute la mesure
du possible ces inégalités choquantes et nous nous effor-
V. - Nous serons amenés à vous proposer une innova- cerons de dégager des règles générales susceptibles de
tion : la suppression des recommandations. Il nous sem-
ble que c'est un droit, pour chaque citoyen, d'être jugé,
quand il pose sa candidature à un emploi public, selon (a) Dans certains cas, très peu nombreux, le législateur a
ses aptitudes et ses qualités, en dehors de toute influence posé lui-même ces principes. Le plus souvent c'est l'autorité
politique. Ce droit doit subsister pendant toute la car- investie du pouvoir réglementaire qui a élaboré les principaux
rière de l'aigent. En vous proposant d'interdire les recom- textes. Certaines dispositions de détaiil ont été prises par de
mandations, notre but est d'affirmer que la valeur per- simples arrêtés.

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s'appliquer à tous les fonctionnaires et de constituer les ment sévère ou qu'il cherche à satisfaire des inimitiés
éléments d'un statut unique. personnelles ou encore qu'il s'inspire de considérations
Notre but n'est pas toutefois de pousser très loin étrangères à l'exécution du service.
ce travail ; les agents qui concourent à ia gestion des En sens inverse, la règle du secret offre de sérieux
esrvkes publics ont des attribution« très variées ; ils avantages : justement parce qu'elles ne sont communi-
les exercent dans des conditions très différentes d'une quées à personne, les notes secrètes reflètent souvent
administration à l'autre ; il n'est pas, par suite, toujours la pensée véritable du chef de service qui n'est pas
possible d'édicter des prescriptions communes. Ii convien- exposé aux protestations d'agents mécontents capables
dra de laisser à des règlements spéciaux le soin de fixer parfois de faire intervenir des personnalités étrangères
dans ses détails pour chaque cadre de fonctionnaires à l'administration. On peut craindre qu'en cas de commu-
les modalités d'application des quelques principes sim- nication, un chef de service manquant de fermeté ne
ples qui seront posés dans ce rapport. donne systématiquement de bonnes notes à tout son
personnel et qu'ainsi aux différences de notation qui
tiennent déjà à la sévérité ou à l'indulgence naturelle
des supérieurs ne s'ajoutent celles qui proviennent de
leur caractère.

D'autre part, la communication des notes détaillées


AVANCEMENT (a) se heurte à des difficultés ; dans certains services on
apprécie non seulement la science, le zèle, le rendement
Toute réglementation de l'avancement se propose un du fonctionnaire, mais également son intelligence, sa
double but : tenue, ses relations, sa moralité ; ces renseignements sont
utiles en ce qui concerne par exemple les agents appelés
D'une part, l'intérêt du service exige que seuls les plus
à avoir des responsabilités de caisse ou les membres des
capables parviennent aux plus hautes fonctions, que cha-
cun soit stimulé dans son travail par la perspective de corps de contrôle, appelés à remplir des missions déli-
cates ; il paraît difficile de les soumettre à l'agent ; on
pouvoir par son propre mérite améliorer son sort et
risque en effet que le chef de service n'adoucisse telle-
qu'enfin le chef de service responsable investi du pouvoir
ment ses expressions que les notes finissent par perdre
de promotion conserve dans le choix de ses collabora-
teurs une certaine latitude qui doit être d'autant plus le plus clair de leur signification. La solution intermé-
diaire qui consiste à communiquer seulement la note
grande que ceux-ci jouent un rôle plus important.
de valeur générale et non les notes détaillées, est de
D'autre part, l'intérêt des agents veut que la faveur
nature à ne contenter personne et ne peut être préco-
ne joue aucun rôle dans l'avancement et que la situa-
nisée qu'à titre exceptionnel.
tion pécuniaire d'un agent de mérite moyen, s'améliore
normalement au fur et à mesure qu'il avance en âge, Compte tenu de ces diverses considérations, nous esti-
et que ses besoins et notamment ses charges de famille mons, comme l'a admis la Commission consultative de
deviennent plus grands. la présidence du Conseil, qu'en principe il convient de
Tout avancement est dans une certaine mesure fonc- donner aux agents, communication de leurs notes détail-
lées ; toutefois, l'intérêt du service pourrait justifier des
tion des notes de l'agent : il convient donc tout d'abord
d'examiner les problèmes que pose la notation des fonc- exceptions à cette règle, notamment pour le personnel
tionnaires. Nous étudierons ensuite séparément les deux supérieur, et alors, la communication devrait être seule-
sortes d'avancement auxquelles peut prétendre un fonc- ment partielle ou même refusée.
tionnaire : Io) - l'avancement qui entraîne l'attribution Par contre, la communication des procès-verbaux ou
d'un emploi supérieur dans la hiérarchie, le plus sou- rapports établis par les fonctionnaires des corps de
vent dénommé avancement de grade ; 2°) - l'avancement contrôle, peut être préconisée sans aucune réserve.
qui se traduit par une simple augmentation de traitement, Ce premier point étant posé, nous pouvons examiner
ou avancement de classe.
la question de la rédaction des feuilles de personnel.
I. - Notation - Rédaction des feuilles de personnel A. - Position du problème. La contexture des feuilles
La première question qui se pose est de savoir si les de personnel est à l'heure actuelle extrêmement varia-
notes doivent être intégralement communiquées à l'agent, ble selon les administrations : elle est arrêtée par des
comme il est de irègle dans l'administration des Postes directions ou des bureaux qui s'ignorent les uns les
ou si, au contraire, il convient qu'elles restent secrètes. autres et aucun organisme ni aucune autorité ne se
La communication des notes présente un double inté- préoccupe d'apporter un peu d'homogénéité dans les
rêt : d'une part, il est bon que l'agent connaisse les méthodes en usage.
appréciations de ses supérieurs et la nature des repro- Il serait souhaitable cependant de faire disparaître
ches qui lui sont adressés. D'autre part, le chef de ser- dans la mesure du possible une diversité souvent diffi-
vice, sachant que les notes qu'il donne seront connues cile à justifier.
des agents, est 'naturellement porté à les rédiger avec
soin ; dès lors il n'y a pas à craindre qu'il soit injuste- On peut, en effet, poser en principe que tous les fonc-
tionnaires doivent être traités de façon équivalente, sous
réserve des nécessités de service propres à chaque admi-
(a) Les principes que nous poserons sur ce point ont déjà nistration. Il n'est donc pas juste que certaines feuilles
été adoptés par la Commission consultative de la présidence de personnel soient brèves et d'autres extrêmement dé-
du Consei'1 chargée d'étudier les questions concernant (es taillées au point de comporter parfois des rubriques qui
fonctionnaires des administrations publiques, instituée par ne correspondent à aucune utilité réelle. D'autre part,
arrêté du 20 octobre 1936 et composée ou secrétaire général le principe de la communication des notes ayant été
de la présidence du Consei·!, de 2 conseillers d'Etat, d'un ins- posé, il faut éviter, autant que possible, les remarques
pecteur général des finances, d'un conseiller-maître à la Cour désobligeantes ou blessantes.
des comptes, d'un inspecteur général ties services administra- On examinera successivement quelles indications doi-
tifs et de 4 représentants du personnel des administrations vent comporter les feuilles de personnel et par qui elles
publiques. (Rapport de M. Thomazeau, inspecteur des Finances). doivent être rédigées.

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Β. - Contexture
certaine mesure abandonnédes feuill
à l'initiative des différentes
gnements qui figurent
administrations. sur
lement en usage
L'un des éléments essentielspeuvent
d'appréciation consiste en ê
principaux. Il
effet dansconvient
les résultats obtenus par l'agent dams son de d
- la «situation personnelle
service. Or, les attributions des fonctionnaires sont trop
- l'appréciation
variées pour qu'on puissede es
tracer, ne fut-ce quali
qu'un simple
- l'appréciation
schéma des indicationsde qu'il est utile sa valeu
de faire figurer
- la conclusion générale. sur une feuille de personnel. Il reste toutefois un certain
nombre d'éléments d'appréciation communs à toutes les
Chacun de ces points doit être examiné séparément. fonctions publiques ; ils peuvent être groupés de la façon
suivante :
a) Situation personnelle de l'agent. - Les renseigne-
ments redatifs à la situation personnelle de l'agent concer- - nature des fonctions occupées,
nent des points de fait et ne soulèvent pas de difficultés - instruction administrative : concours ou examens pas-
particulières. Ils doivent notamment porter sur : sés avec succès,
- l'état civil de l'agent, - ordre et méthode dams le travail,
- exactitude et assiduité,
- sa situation et ses changes de famille,
- aptitude à l'organisation et à la direction,
- sa situation administrative et ses états de services, - rapports avec les supérieurs,
- sa situation militaire,
- rapporta avec les inférieurs,
- - ses distinctions honorifiques, et éventuellement :
- ses desiderata au point de vue de la résidence, - rapports avec les autorités locales,
- éventuellement, d'autres renseignements qui peuvent - rapports avec les personnes étrangères à l'adminis-
être utiles dans certaines administrations (cautionnements, tration {contribuables, parents d'élèves, public, etc.).
contre-indication de résidence résultant des liens de
Les notes chiffrées ne paraissent pas indispensables.
famille ou de relations, etc).
Pour certains fonctionnaires et notamment dans les d) Conclusion générale - La conclusion de la feuille
cas où îles intérêts financiers de l'Etat peuvent être en de personnel comporte la réponse à un certain nombre
de questions et notamment aux suivantes :
jeu, il paraît indispensable de prévoir des renseignements
- l'agent convient-il au service qui lui est confié ?
sur la situation de fortune de l'agent - à cette rubrique
seront consignes les éléments d'information extérieure - est-il apte, dans les mêmes fonctions, à un service
plus difficile ?
que 'possédera l'administration (par exemple, immeubles
- est-il apte à d'autres fonctions ?
appartenant à l'agent, traitement de sa femme, pension,
etc.). - QSt-il apte à un autre emploi à équivalence ?
- s'il est en ligne pour un avancement de classe, dans
b) Appréciation des qualités et des défauts de l'agent. quelles conditions (normales, avec retard, a<vec bonifica-
tion exceptionnelle) ?
Il y aurait intérêt en général à détailler davantage les
- s'il est en ligne pour un avancement de grade le
rubriques qui figurent sur les feuilles de personnel ; le
mérite-t-il ? Dans quelles conditions ?
plus souvent on demande au chef de service d'apprécier
« l'intelligence », le « caractère » des agents placés sous Enfin, la feuille de personnel doit se terminer par une
ses ordres. Outre que ces notions gagneraient à être appréciation d'ensemble accompagnée d'une note chiffrée
analysées davantage, la réponse lorsqu'elle m'est pas favo- comprise entre 0 et 20. Il doit être entendu que les
rable .prend facilement un aspect blessant. Il peut arriver notes inférieures ou égales à 10 appellent un retard à
alors, si les notes doivent être communiquées, que le l'avancement de classe. Les notes comprises entre 11 et
chef de service ne dise pas toute sa pensée ou que 19 correspondent à l'avancement normal. La note 20
l'agent soit découragé ou aigri par les appréciations dont appelle une bonification exceptionnelle.
il est l'objet.
C. - Autorité qui rédige la feuille de personnel - II
Le libellé ci-dessous tient compte de ces considérations : convient de distinguer à ce sujet entre les appréciations
détaillées et l'appréciation d'ensemble qui forme la conclu-
1° - Culture générale : Diplômes. Connaissances spé- sion de la feuille de personnel.
ciales non sanctionnées par des diplômes, telles que
langues étrangères, mathématiques financières, méthodes En ce qui concerne les appréciations détaillées elles
statistiques et d'organisation commerciale ou indus fcrielle, doivent être données par un fonctionnaire qui a des
etc. contacts directs et fréquents avec l'agent noté, mais qui,
cependant, est assez ancien et assez élevé dans la hiérar-
2° - Qualités intellectuelles. Jugement. 'Pondération -
chie pour avoir l'expérience du service et des hommes.
Aptitude à s'assimiler les questions nouvelles.
Education, présentation et tenue. C'est aux règlements propres à chaque administration
qu'il appartient de fixer l'autorité compétente dans cha-
3° - Qualités morales
que cas particulier.
Caractère : droiture, fermeté.
Initiative et esprit de décision. Par contre l'appréciation d'ensemble peut sans incon-
Conduite privée. vénient être donnée par le chef de service qui doit alors
4° - Qualités physiques tenir compte à la fois de ses impressions personnelles
'Etat de santé - nature et durée des congés et maladies. et des appréciations détaillées fournies par les supérieurs
immédiats de d'agent noté. Rien ne s'oppose d'ailleurs,
Infirmités.
à ce que dans les administrations très hiérarchisées, un
Les appréciations doivent être données en 'quelques même agent fasse l'objet de plusieurs appréciations d'en-
mots, et il ne paraît pas nécessaire de prévoir des notes semble, données, la première par le chef immédiat et
chiffrées. la dernière par le chef de service. Le système qui consiste
dans ce cas à faire la moyenne arithmétique 'des notes
c) Apréciation de la valeur professionnelle de l'agent. données successivement par chaque supérieur pour déga-
Le libellé des feuilles de personnel doit ici être dans une ger une note de valeur générale ne semble pas de nature

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LA REVUE ADMINISTRATIVE

à donner une indication nouvelle sur l'agent noté ; il voir de promotion et les agents qui y figurent sont pro-
n'y a pas lieu de Je préconiser. mus au fur et à mesure des vacances. Ces divers points
Enfin, dans certains cais exceptionnels les appréciations doivent être examinés séparément.
d'ensemble sont données par une commission ou en Io - Propositions des chefs de service
général le personnel n'est pas représenté. C'est le cas
notamment dans les Contributions indirectes. Il ne paraît Le chef de service possède en règle générale le pou-
pas utile de généraliser cette procédure, les droits des voir discrétionnaire de proposer pour l'avancement les
agents devant être suffisamment garantis par la parti- agents qu'il estime les plus dignes.
cipation du personnel aux commissions de classement Dans certaines administrations, les agents qui réunis-
et d'avancement. sent les conditions reguises pour pouvoir prétendre à
l'avancement reçoivent sur leur demande communication
de la liste alphabétique des agents proposés ; ils peu-
II. - Avancement entranant l'attribution vent, s'ils n'y figurent pas, solliciter directement leur
d'un emploi supérieur dans la hiérarchie inscription au tableau et, dans ce cas, leurs dossiers
sont transmis à la Commission d'avancement avec ceux
(avancement de grade)
des agents proposés : il en est ainsi notamment pour
a) Généralités - Cet avancement ne se prête pas à une les magistrats coloniaux. Dans la mesure où elle est
réglementation étroite : la diversité des fonctions publi- compatible avec le bon fonctionnement des services, il
ques ne permet pas que l'accession à un grade supérieur y aurait intérêt à ce que cette disposition soit étendue
à d'autres administrations.
s'opère selon la même procédure dans toutes les admi-
nistrations.

Dans certains services où les employés supérieurs doi- 2° - Composition de la Commission d'avancement
vent surtout posséder des connaissances étendues l'avan- La Commission d'avancement doit être composée d'un
cement de grade a lieu au concours (Enregistrement) ; fonctionnaire supérieur, président, et, en nombre égal,
dans d'autres où l'on apprécie surtout des qualités d'ini- de représentants de l'administration et de délégués du
tiative, de décision, de goût des responsabilités, d'auto- personnel. Le président dirige les débats et ne prend
rité, etc., on ne peut guère avoir recours qu'au choix part au vote qu'en cas de partage des voix.
(chefs de bureau de ministère, directeurs des Postes, Les délégués du personnel sont, pour une moitié des
ingénieurs en chef, etc.) ; dans d'autres cas où le change- agents ayant le même grade que ceux dont la commis-
ment d'attributions n'est pas très marqué (accession au sion examine les titres mais ne réunissant pas les condi-
grade de rédacteur principal) une certaine proportion tions nécessaires pour pouvoir prétendre à un avance-
des places peut être offerte a l'ancienneté. Des solutions ment et, pour l'autre moitié, des agents du grade immé-
intermédiaires ont parfois prévalu telles que la promotion diatement supérieur.
au choix, des candidats ayant satisfait à un examen
d'aptitude. Ces délégués, et éventuellement les délégués suppléants,
doivent être, soit élus par leurs collègues de même grade,
Il n'est ni souhaitasble ni même possible de faire dispa- soit désignés par les associations les plus représentatives
raître une diversité de réglementation qui correspond dees agents de ce grade.
dans une certaine mesure à la nature des choses. Mais
nous estimons que l'on «peut poser quelques principes
3° - Pouvoirs de la Commission d'avancement
généraux.
La commission dresse le tableau d'avancement selon les
1° - Le système des concours ou des examens ne doit
être maintenu que dans des cas spéciaux. règlements propres a chaque service. Il importe qu'elle
ait le droit non seulement d'examiner les dossiers des
2° - L'avancement de grade doit avoir lieu uniquement
au choix.
agents proposés, mais aussi de réclamer éventuellement
le dossier de tout agent qui réunit les conditions requi-
3° - La promotion à un grade ne peut être accordée ses pour pouvoir prétendre à l'avancement.
qu'à des agents possédant un minimum d'ancienneté
dans le grade immédiatement inférieur. Toutefois cette 4° Date et périodicité du tableau
règle n'est pas applicable aux grades les plus élevés En principe M doit y avoir un tableau par an, prenant
tels que ceux de directeur de ministère, d'ambassadeur,
etc.
effet au l«r janvier. Le tableau doit donc être adressé,
au plus tard, dans le dernier trimestre de l'année précé-
4o - Pour ces derniers toutefois, il paraît souhaitable dente. Au cas où le tableau viendrait à être épuisé en
d'exiger des agents promus au minimum d'âge et d'exer- cours d'année, il y aurai lieu de dresser des tableaux
cice de fonction publique. supplémentaires.
5° - Dans la mesure où les échelles de traitement le
permettent, l'agent promu doit être nommé à la dernière 5° Contexture du tableau
classe de son nouveau grade. Peuvent être inscrits au tableau primitif ou aux tableaux
6° - Enfin, sauf pour la promotion aux grades les supplémentaires les agents qui, au 1er janvier, réunis-
plus élevés il convient de généraliser la procédure des sent les conditions requises pour -pouvoir prétendre à
talbleaux d'avancement qui, organisant une publicité préa- un avancement.
lable, permet a chaque agent de connaître ses possibi- Les règlements propres à chaque catégorie de fonc-
lités d'avancement prochain et tend à rendre difficile les tionnaires doivent contenir les dispositions précises au
promotions insuffisamment justifiées. sujet du nombre des inscriptions. Ce dernier ne saurait
être inférieur au chiffre des vacances à prévoir ; sa
b) Tableau d'avancement. Le tableau d'avancement pré-
sentant un intérêt capital, cette matière doit être très limite maxima est susceptible de varier d'un service à
strictement réglementée. En principe, les dossiers des l'autre, mais il ne paraît pas souhaitable qu'elle puisse
agents qui ont été proposés par leurs chefs doit être dépasser le double des vacances.
soumis à une commission d'avancement. Celle-ci dresse 'Les agents sont inscrits sur le tableau dans l'ordre
un tableau qui est arrêté par l'autorité investie du pou- de l 'importance de leurs traitements et, en cas d'égalité

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de traitements, dans leur ordre d'ancienneté dans le exactement observée dans les emplois subalternes doit
traitement. être assouplie à mesure qu'on s'élève dans la hiérarchie ;
iCeux qui figuraient déjà sur le tableau précédent et il convient alors de stipuler que si l'autorité investie
qui, faute de vacances, n'ont pas été promus, doivent, du pouvoir de nomination peut, lorsque l'intérêt du ser-
si leur maintien est décidé, être inscrits en tête du nou- vice l'exige, ne pais respecter l'ordre du tableau, il lui
veau tableau, même si leurs traitements ou leur ancien- est du moins interdit de retairder de plus d'un certain
neté sont inférieurs à ceux des nouveaux inscrits. nombre de rangs d'avancement des agents tel qu'il résulte
du tableau.
6° Prérogatives de l'autorité qui possède le pouvoir de
nomination 7° Publicité du tableau

L'autorité qui possède le pouvoir de nomination { ou le Avant toute nomination le tableau doit être porté à
ministre pour les agents nommés par décret) doit préala- la connaissance des agents.
blement à la iréunion de la commission fixer le nombre
8° Modifications au tableau
des inscriptions que comportera le tableau, compte tenu
des vacances à prévoir, et des règlements en vigueur. Sauf le cas de mesure disciplinaire, le tableau ne peut
Elle approuve ensuite le tableau dressé par la com- être modifié que selon la procédure qui a servi à
mission. l'établir.

Il conviendrait de ne pas lui donner le pouvoir de 9° Refus du poste offert


décider l'inscription d'office de certains agents, cette
En principe, tout agent est tenu d'accepter le premier
faculté ayant donné naissance à de nombreux abus.
emploi qui lui est offert dans son nouveau grade. Son
En principe, elle doit effectuer les nominations dans rdfus, après mise en demeure, entraîne son inscription
l'ordre du tableau. Toutefois cette règle qui peut être en fin de tableau.

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