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Faculté des Lettres et Département LLF

des Sciences Humaines Matière : Initiation à la linguistique


Beni Mellal Semestre : 4
Prof : R. JAMA
Groupe 2

UNIVERSITE SULTAN MOULAY SLIMANE

FACULTE DES LETTRES ET DES SCIENCES HUMAINES

BENI MELLAL

DEPARTEMENT DE LANGUE ET DE LITTERATURE FRANÇAISES

INITIATION À LA LINGUISTIQUE

SEMESTRE IV

GROUPE 2

LA LINGUISTIQUE ET LES ECOLES LINGUISTIQUES

PRESENTATION ET CARACTERISTIQUES

(LA SUITE DU COURS)

RACHID JAMA

2019-2020

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Bibliographie

-BAYLON, C. et FABRE, P., 1995, Initiation à la linguistique, Paris, Nathan.

-BENVENISTE, E., 1966, Problèmes de linguistique générale, Paris,


Gallimard

-DUBOIS, J. et al., 1994, Dictionnaire de linguistique et des sciences du


langage, Paris, Larousse

-DUCROT, O., 1979, Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage,


Paris, Seuil

-FILIPPI, P., 1995, Initiation à la linguistique et aux sciences du langage

-JAKOBSON, R.1960, Essais de linguistique générale, Paris, Seuil

-LUDWIG, Pascal (1997): Le langage, Paris, Flammarion (GF).


-MARTIN, Robert (2014, 3e éd.) : Comprendre la linguistique, Paris, P.U.F.


(Quadrige).

-MARTINET, A., 1974, Éléments de linguistique, Paris, A. Colin

-MARTINET, A., 1974, Eléments de linguistique, Paris, A. Colin.

-MOUNIN, Georges (1975, 2e éd.) : La linguistique du XXe siècle, Paris,


P.U.F. (SUP).

-MOUNIN, Georges (1985, 4e éd.) : Histoire de la linguistique des origines au


XXe siècle, Paris, P.U.F. (Le linguiste).

-NORMAND, Claudine et al. (1978): Avant Saussure. Choix de textes (1875-


1924), Bruxelles, éditions Complexe (dialectiques).

-PINKER, Steven (1999): L’instinct du langage, Paris, Odile Jacob.

-ROBINS, R.H. (1976) : Brève histoire de la linguistique, chapitre 7, Paris,


Seuil (Travaux linguistiques).

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La suite du cours

1- La grammaire humaniste porte intérêt à la variété des formes et des


usages de la langue.
2- La Grammaire Générale et Raisonnée de Port Royal : elle tient
compte de son héritage antique (Aristote, Denys, Apollonios Dyscole). Ce qui
est nouveau, c’est le dispositif d’ensemble. La grammaire est conçue comme
une succession de renversement sur des bases stables tandis qu’il s’agit dans
les math de suite de mutations, de ruptures, et qui continue de progresser. En
linguistique, pas de vrais pas de faux, les concepts ne changent pas. C’est la
logique qui explique la linguistique : c’est-à-dire que pour bien parler, il faut
bien penser. ; l’esprit opère plusieurs opérations : concevoir et former des
concepts, juger et affirmer, raisonner et en fin ordonner.
3- La grammaire classique : naissance de la notion du « Bon usage » ;
Vaugelas avait publié Remarques sur la langue française

La grammaire historique puis comparée et les néogrammairiens pensent


que les langues doivent être étudiées pour elles-mêmes comme objet et non
comme moyen de connaissances. Le concept de linguistique est né au sein de
la grammaire historique et comparée (1816- 1870). Il a été attesté pour la
première fois dans le dictionnaire de Boiste 1800 Dictionnaire Universel.

L’objectif est d’établir une parenté génétique entre les langues pour
atteindre la langue mère (tentative théologique ou philosophique). Les

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changements attestés dans une langue sont attestés par l’observation d’objets,
changements attribués à une nécessité interne. C’est ainsi que nait la
linguistique scientifique dont le principe de base est l’observation des faits
collectés. Cette tâche exige une neutralité de la part du linguiste.

C’est à Saussure que revient le mérite de constituer la linguistique en


discipline rigoureuse. Sa pensée façonnera les œuvres de Hjelmslev,
Benveniste, Jakobson, Lacan, Greimas etc. et dépassera le cercle des sciences
du langage. Le Cours de Linguistique Général n’a pas été écrit par Saussure,
mais il fut transmis et édité grâce à ses élèves. Saussure s’est attaché à la tâche
de définir un objet de la linguistique. Le langage. Celui-ci a un côté individuel
et côté social. En fait, la langue est présentée par Saussure comme « un système
de signe exprimant des idées et par là, comparable à l’écriture, à l’écriture,
à l’alphabet des sourds-muets [] etc. Elle est seulement le plus important
de ces systèmes » CLG P. 33. F.de Saussure pense que « la tâche du linguiste
est de définir ce qui fait de la langue un système spéciale dans l’ensemble
des faits sémiologiques » CLG P 33

§ Les principes fondamentaux du CLG

Les principes et les concepts du CLG sous-tendent la recherche


linguistique européenne jusqu’au milieu du XX ème siècle.

Saussure distingue langue et langage. La langue est selon Saussure la


partie sociale du langage. Celui-ci a un côté individuel et un côté social. Le côté
individuel du langage serait représenté par la parole. La langue est un produit
social qui n’existe, pour Saussure, que dans la collectivité alors que la parole
est un acte individuel de volonté et d’intelligence.

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L’objet d’étude de la langue saisie en synchronie conçue comme un


système de signes constitué de deux faces : le signifié (le concept) et le
signifiant (l’image acoustique) associés de manière arbitraire. La valeur des
signes est tirée des oppositions contractées avec les autres signes. Chaque signe
est une unité discrète qui définit une combinatoire syntagmatique et
paradigmatique à l’intérieur du système formel et structurée qu’est la langue.
Saussure définit le concept de la langue en faisant appel aux quatre traits
suivants :

- « Dans la langue, il n’y a que des différences sans termes positifs » C.L.G
p 166
- « Le signe linguistique est arbitraire » P100
- Une langue constitue un système » P 107
- Le phénomène linguistique présente perpétuellement deux faces qui se
correspondent et dont l’une ne vaut que par l’autre » P23

La vision qu’a Saussure du langage est profondément dualiste : le


langage est à la fois un fait individuel et un fait social c’est un fait individuel et
un fait social ; c’est un système établi et un système en évolution. La langue est
une alliance de « sons » et « d’idées. La première opposition établit par
Saussure est celle de langue et de parole. Il s’agit de deux réalités distinctes :
« dès que nous donnons à la langue la première place parmi les faits de
langage, nous introduisons un ordre naturel dans un ensemble qui ne se
prête à aucune classification » Saussure P.25. Pour prouver que langue et
parole sont deux réalités, Saussure donne l’exemple de certaines maladies,
telles que l’aphasie (trouble affectant l’expression et la compréhension des
signes verbaux) car le malade perd l’usage de la parole mais conserve
néanmoins le code de la langue.

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La deuxième grande distinction conceptuelle est celle établie entre étude


synchronique et diachronique d’une langue. L’étude diachronique consiste en
la description de l’évolution historique de la langue à travers le temps : « À
chaque instant, le langage implique à la fois un système établi et une
évolution » CLG P24

L’étude synchronique consiste à décrire un état déterminé d’une langue


à une époque donnée. Cependant, l’étude synchronique peut non seulement
concerner une langue vivante mais aussi une langue « morte » si l’on possède
suffisamment de documents écrits. Ainsi, la vision diachronique consiste à
considérer les éléments dans leur successivité alors que la synchronie consiste
à décrire les rapports entre éléments simultanés Saussure privilégie l’étude
synchronique et l’évolution serait conçue comme le passage d’un état (de
langue) à un autre. Ceci a contribué à rompre avec la tradition de la grammaire
comparée qui pour reconstituer le passé, concevait une comparaison entre les
langues car l’aspect actuel de la langue est la seule vraie réalité. Pour Jakobson
« …l’analyse synchronique doit englober les changements linguistiques,
inversement, les changements linguistiques ne peuvent se comprendre qu’à
la lumière de l’analyse synchronique » 1963 pp 36- 37.

C’est cette perspective qu’adopteraient les structuralistes.

§ L’unité et la valeur linguistique

Saussure rappelle que les « signes dont la langue est composée ne sont
pas des abstractions, mais des objets réels » P.144. Le signe linguistique
« que par association du signifiant et du signifié et « n’est complètement
déterminée que lorsqu’elle est délimitée de tout ce qui l’entoure sur la
chaîne phonique ».

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Dans cette perspective, Saussure associe entité et unité linguistique.


Celle –ci se confond selon lui avec la notion de valeur. En effet la langue n’est
pour lui « qu’un système de valeurs pures ». Pour démontrer cette hypothèse,
Saussure fait intervenir la pensée et le son dans le fonctionnement de la langue.
La valeur d’un signe résulte du réseau de ressemblances et de différences qui
situe ce signe par rapport à tous les autres signes. La valeur d’un mot se définit
par l’existence d’autres mots proches.

Rivière par rapport à Fleuve : le sème commun = cours d’eau

Le sème différent = se jette dans un autre cours d’eau par rapport à « se


jette dans la mer »

Vivre / survivre : ce dernier à un sème supplémentaire « continuer à vivre


en dépit de quelque chose.

Vivre / mourir : se définissent négativement

Le dictionnaire de linguistique définit la valeur comme étant « le sens


d’une unité définie par les positions relatives de cette unité à l’intérieur du
système linguistique.

Exemple :

1-les pièces de monnaie, les billets de banque et les chèques sont des
manifestations différentes d’une seule et même valeur.

2- les unités linguistiques demeurent les mêmes et gardent les mêmes


valeurs quels que soient les sons qui les représentent et qu’elles soient
représentées phoniquement ou graphiquement

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Autrement-dit, la valeur est la primauté des rapports entre les éléments


sur les éléments eux-mêmes qu’ils soient des signifiés, des signifiants ou des
signes.

La valeur diffère de la signification mais elle en est un élément « la


signification n’est que la contrepartie de l’image auditive à l’intérieur du signe
mais le signe lui-même est aussi la contrepartie des autres signes de la langue »
P 159. La signification serait donc un élément du signe pris en lui-même alors
que la valeur serait un élément du signe considéré parmi un ensemble de signe
(la langue). La langue est donc « un système dont tous les termes sont solidaires
et où la valeur de l’un ne résulte que de la présence simultanée des autres »159

§ Rapport Syntagmatique/ paradigmatique

Deux types de relations entre les éléments sont à considérer, qui ont pour
corrélats deux types pratiques d’analyse : les relations syntagmatiques (in
praesentia) et les relations paradigmatiques, associatives (in absentia) Saussure
171. Il s’agit dans le premier cas de considérer les relations de succession
immédiates sur la chaîne parlée. Il s’agit dans les secondes de préciser et de
spécifier la nature du paradigme construit. Autrement- dit le rapport
paradigmatique est celui qui associe une unité de la langue réalisée dans un
énoncé.

Donc tout signe recevra sa valeur de ses relations avec tous les autres.
Ces relations se manifestent sur le plan horizontal c’est-à-dire les combinaisons
et sur le plan vertical c’est-à-dire les associations

Le petit garçon est parti

Il y a en chaque point de l’énoncé des possibilités de substitution.

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Le /ce/mon /un

Petit/gros/ beau/gentil

Les rapports entretenus entre ces unités sont des rapports


paradigmatiques c’est-à-dire qu’il s’agit des unités linguistiques qui peuvent se
substituer l’une à l’autre dans un même contexte. Ces rapports
paradigmatiques, sur l’axe paradigmatique s’opposent aux rapports
syntagmatiques.

Selon Dubois « le terme « structuralisme » s’est appliqué et


s’applique à des écoles linguistiques assez différentes ». Ces écoles ont en
commun certains nombres de conceptions et de méthodes qui impliquent la
définition de « structures » en linguistique. Toute langue est considérée comme
un système où chaque élément n’a de valeur que par ses équivalences et ses
oppositions qui le relient aux autres éléments du système. On peut considérer
que la parution du Cours de linguistique générale marque le début du
structuralisme. Autrement dit la linguistique, européenne surtout, à partir du
« cours de linguistique générale » et à partir des travaux collectifs du Cercle de
Prague. Elle s’est diversifiée en plusieurs courants, comme l’école de
Copenhague et le fonctionnalisme. Les principes fondamentaux sont les mêmes
pour toutes ces écoles ; elles considèrent les langues comme des ensembles
d’objets arbitraires. En effet, la construction d’un modèle linguistique se fait à
partir d’un ensemble de données effectives appelées « corpus ». Diverses
théories notamment le fonctionnalisme, la glossématique ou le
distributionnalisme fondent la linguistique sur l’étude des énoncés réalisés.
Pour élaborer une théorie de texte, la linguistique utilise pour cette fin une
méthode d’analyse formelle. Cependant, si le linguiste étudie les énoncés
réalisés (dans un corpus) et tente d’en définir la structure, l’architecture et

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l’indépendance des éléments internes ; tout ce qui touche l’énonciation (sujet


et situation sont considérés comme invariants et relève d’autres domaines) n’est
pas pris en considération. Des divergences peuvent toutefois être constatées
notamment avec R. Jakobson et E. Benveniste qui se préoccupent d’analyse les
rapports locuteur /message. (Fonctions du langage, énonciation).

Les hypothèses forgées aux États-Unis sont proches de celles des


européens. L’ouvrage de Bloomfield Langage est considéré comme un ouvrage
décisif et de là l’élaboration de la méthode distributionnelle dont l’objectif est
de définir avec rigueur une segmentation de la chaîne parlée et la méthode des
« constituants immédiats » qui définit une analyse combinatoire des unités
obtenues par la segmentation.

Bloomfield et le structuralisme américain considèrent qu’il est


impossible de définir le sens et la relation du locuteur au monde réel. Ils pensent
que le linguiste est incapable d’ordonner de manière explicite les traits
pertinents de la situation.

Le structuralisme sera présenté en deux volets : le premier est consacré


au structuralisme européen, et le second au structuralisme américain.

2. Les structuralistes

La pensée saussurienne est à la base de la linguistique moderne. Ces


concepts clés sont, comme on l’a déjà vu, l’arbitraire du signe, la langue en tant
que système, la dichotomie synchronie/ diachronie, le rapport syntagmatique/
paradigmatique et la valeur du signe et sa position au sein du système. Ce sont
les mêmes principes qui seront plus ou moins adoptés par tous les
structuralistes.

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Le structuralisme linguistique ne constitue pas une école unique se


référant à une doctrine précise ; il s'agit bien plutôt d'un ensemble de courants,
voire d'individus, qui ont développé des théories diverses mais qui se fondent
sur certains principes généraux communs. Le nom même de « structuralisme »
indique que la langue est conçue comme une structure, c'est-à-dire comme un
ensemble d'unités structurées par des réseaux de relations : la parenté avec
l'approche saussurienne est claire (bien que le terme « structure » soit absent
chez Saussure, qui ne parle que de « système »). D'où une commune attention
portée à la forme et un même effort pour décrire la langue comme une pure
combinatoire d'éléments.

Le structuralisme linguistique se développe, entre les années 1920 et les


années 1960, le de façon indépendante en Europe d'une part et aux États-Unis
d'autre part. Le structuralisme européen se constitue à Prague avec le cercle
linguistique autour de Nikolaï Troubetzkoy (1890-1938) et de Roman Jakobson
(1896-1982), à Copenhague et l’on parle alors de la « Glossématique » de
Louis Hjelmslev (1899-1965), et en fin à Paris avec le « Fonctionnalisme »
d'André Martinet (1908-1999), sans oublier la « Psychomécanique » de
Gustave Guillaume (1889-1960). Le structuralisme est marqué aux États-Unis
surtout avec les travaux de Bloomfield (1897-1941) ou ce qu’on appelle le
« Distributionnalisme », D’autres types de travaux distinguent ce
structuralisme américain notamment les travaux d'inspiration ethnolinguistique
et comparatif, avec Edward Sapir (1884-1939), Benjamin Whorf (1897-1941)
et Joseph Greenberg (1915-2001). La Glossématique de Hjelmslev (très
formelle et difficile d'accès) est une théorie générale qui prolonge la réflexion
saussurienne en la complexifiant : elle propose une organisation d'ensemble où
le contenu et l'expression ont chacun une forme et une substance ; l'unité

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d'analyse de la forme du contenu est le plérème, celle de la forme de


l'expression, le cénème.

• Le structuralisme européen
§ TROUBETZKOY ET CERCLE LINGUISTIQUE DE PRAGUE

N. S. Troubetzkoy (1890-1939) : Grundzüge der Phonologie (1939). On


trouve chez ce chercheur russe tous les grands principes de la phonologie
moderne. Entre autres : typologie des oppositions, concept de neutralisation et
d’archiphonème.

Cercle de Prague : créé en 1926 par des linguistes tchèques et russes.


Donnera naissance à deux courants fonctionnalistes : Jakobson, Martinet vs
Hjelmlev et école de Copenhague

(= les “phonématiciens” qui évoluent vers une méthode où la déduction


jouera un rôle important). Fonctionnalisme : approche structuraliste où la forme
(langue, système) se définit uniquement par la fonction. La phonologie devient
sous l’influence de cette école une discipline pilote.

Roman Jakobson : concept de trait distinctif et binarisme (à partir d’un


modèle élaboré par les ingénieurs de la communication). Phonème = faisceau
de traits distinctifs. Traits de sonorité et traits de tonalité. Aspirations
universalistes (sons préexistants).

André Martinet : opposant au binarisme de Jakobson. Accent sur la


spécificité des langues. Priorité à la description des langues. Réalisme
fonctionnaliste (attachement aux faits observables). Phonologie et linguistique
générale : la double articulation du langage (unités distinctives et unités

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significatives). Utilisation de la notion de traits pertinents mais refus


d’introduire une 3ème articulation.

• École De Londres

Mise à profit de l’étude des langues africaines et orientales →


développement de la phonologie prosodique.

Daniel Jones (1881-1967) : phonéticien ; les sons bi-phonémiques (dans


quelques cas rares un son peut appartenir à deux phonèmes).

J. R. Firth, R. H Robins et l’analyse prosodique : prise en compte


également des relations syntagmatiques en phonologie. Sont également à
inclure dans la prosodie de certaines langues : les traits phonologiques de
nasalisation, de palatalisation, de labialisation, etc.

Extension d’une prosodie à une syllabe, un mot, une phrase. Analyse des
frontières morphologiques et syntaxiques en rapport avec la phonologie.

• ÉCOLE NORD-AMERICAINE OU STRUCTURALISME AMERICAIN

Il n’a pas subi l’influence de Saussure. Néanmoins fondamentalement


structuraliste : la linguistique a pour seule tâche la description objective des
langues. Aussi l’influence du behaviorisme (description du comportement).
Deux notions essentielles : Environnement et distribution. La décomposition
de la phrase grâce à la notion de distribution. L’influence du behaviorisme
(Skinner).E. Sapir (1884-1939) : précurseur. Approche fondamentalement
pragmatique. L’mportance de la distribution. L’interprétation en phonologie.
Ses vues semblent anticiper les théories génératives sur les structures profondes
et les structures de surface.

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1. L. Bloomfield : Descriptiviste. Language (1933). Linguiste très influent


sur le continent américain (→ 1957).

2.Néo-bloomfieldiens : Développement important de l’analyse


phonologique, notamment grâce aux travaux sur les langues amérindiennes.
Langue = système complexe d’habitudes doté de cinq niveaux d’analyse :

1)Phonologique, 2) Morpho-phonétique”, 3) Grammatical (centraux), 4)


Sémantique, 5) Phonétique (périphériques). Une sorte d’exposition claire des
procédures de découverte et d’analyse. Parmi les linguistes qui ont œuvré dans
ces domaines il y a :

ª M. Swadesh (élève de Sapir) : reformulation de principes d’analyse de Jones,


Sapir, Troubetzkoy et Bloomfield. Distribution. Classes de phonèmes.
Morphophonologie.
ª Bloch et Trager (Outline of Linguistic Analysis, 1942) : présentation la plus
succincte et la plus rigoureuse de ce type de phonologie. Techniques
d’analyse.
ª C. F. Hockett : la morphonologie comme un domaine intermédiaire entre
phonologie et grammaire.
ª Kenneth L. Pike : Importance de la prise en compte des données
grammaticales dans l’analyse phonologique.

Ce qui est à retenir en particulier sont les aspects suivants :

- le concept de distinctivité (ou de pertinence) ;

- les concepts d’opposition et de variation (libre ou conditionnée) ;

- le concept de phonème ;

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- les concepts de neutralisation et d’archiphonème.

- les méthodes d’identification (paires minimales, contexte identique et


contextes analogues)

- les niveaux de représentations (phonétique, phonologique et souvent


aussi Morphophonologique)

Les courants structuralistes représentent une grande richesse du point de


vue scientifique, où certaines des nouvelles phonologies ont puisé des idées
(concernant en particulier la morphophonologie).

§ Les limites et faiblesses du structuralisme

- Approche qualifiée par les générativistes de “taxinomiste” (= dont les


activités se limitent) la description et au classement des faits observés).

- Refus d’un certain structuralisme d’avancer des hypothèses sur le non


directement observable (cf. behaviorisme, Skinner). Trop empirique, inductif.
Approche qualifiée de “surfaciste”.

- Incapacité à produire des généralisations suffisantes.

Les phénomènes de la langue doivent être considérés comme les éléments


d’une structure et non évalués isolément. La langue système conventionnel de
signes avec beaucoup de dichotomies : langue/ parole signifié / signifiant,
diachronie/synchronie. Mais c’est un système qui peut être analysé sous
différents aspects. Dans une phrase par exemple chaque constituant a un rôle
bien déterminé par rapport aux autres éléments de la phrase. La langue assume
sa fonction communicative grâce aux éléments dont elle est constituée qui ont
entre eux des relations qui doivent être définis.

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Pour la description, les structuralistes inspirés des principes saussuriens a


élaboré des méthodes qui permettent de traiter la matière de façon rigoureuse.
Ce courant ne s’est pas constitué en école à proprement parler, il va prendre
pour unique et véritable objet d’étude la langue en elle-même et pour elle-même
en tant que structure logique et signifiante. Le langage est alors vu comme
support de la pensée tandis que sa fonction de communication reste ignorée
reléguée à l’arrière-plan. Le structuralisme recouvre des champs diversifiés.

Le modèle linguistique structuraliste de Saussure va s’étendre à tous les


systèmes de signes (sémiologie structurale) et plus loin aux sciences humaines
spécialement à l’anthropologie, à la psychanalyse et à la philosophie.

L’une des caractéristiques les plus saillantes de la linguistique structurale


est sa quête de la scientificité. La linguistique a tenté donc de définir sa méthode
et son objet à l’instar des disciplines reconnues comme scientifique. Il s’agit
donc de parvenir à la connaissance objective de l’objet de langue. Cette
objectivité en linguistique requiert deux conditions à savoir : la méthode sur
laquelle repose l’étude des langues est une méthode explicite, ensuite elle doit
porter sur des données observables, bien circonscrites. La linguistique
structurale a contribué de manière significative à la connaissance de la langue
et de sa structure. La phonologie était l’un des premiers domaines qui a été
soumis à une description structurale et qui a abouti à des résultats convaincants.
Ainsi, pour ce faire, Troubetskoï a dû définir la langue, ses fonctions et ses
parties constitutives. Définir le phonème en tant qu’unité distinctive est un
objet d’étude précis. Il est vrai que « le son du langage » était une évidence
mais chacun concevait ce « son du langage » en fonction des expériences
vécues et des buts qu’il s’était donnés.

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Le cercle de Prague a élaboré un structuralisme de type systémique


(Troubetskoï) et de séries évolutives (Jakobson). L’école de Prague a réussi, en
partant du principe de pertinence et en définissant le phonème sur une base
distinctive, à élaborer une procédure descriptive et obtenir des unités phoniques
ayant une contrepartie dans l’intuition et le comportement du sujet parlant. Le
concept de fonction dans le langage est la notion clef des travaux du cercle
pragois, c’est le point commun qui permet la cohésion du cercle. Le terme
structure, dans son sens linguistique, apparaît la première fois dans les écrits
en français. Cependant, il ne faudrait pas, comme c'est très répandu, assimiler
le cercle linguistique de Prague à l'invention de la phonologie.

- Le langage a une fonction, c'est-à-dire qu'il sert à quelque chose :


Cette fonctionnalité sera formalisée par le schéma de communication
de Jakobson.
- Une langue est composée d'éléments qui ont ou non une fonction :
les phonèmes servent à distinguer des paires minimales, ce qui fonde
la phonologie, alors que les phones sont des éléments non
discriminants, ce qui fonde la phonétique. Le fonctionnalisme de
Martinet reprendra cette distinction.

§ La portée et les limites du modèle pragois

Les sons susceptibles d’introduire une opposition significative sont


considérés par la phonologie pragoise comme unités linguistiques distinctes. /l/
et /r/ sont deux phonèmes en français dans la mesure où /li/ et /ri/ s’oppose
comme s’opposent /la/ et /ra/ et /lu/ et /ru/, respectivement. Les propriétés de
/l/ et /r/ ne sont pas suffisantes pour en faire deux phonèmes. Donc l’école
pragoise conçoit l’objet de la linguistique comme un fait humain doué d’un
double aspect physique et social. Les traits physiques peuvent avoir plus ou

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moins de pertinence linguistique. L’analyse poussée permet de circonscrire les


faits pertinents et leur attribuer une place à l’échelle de pertinence. Cf Julien
Kilanga Musinde (2009)

Ce sont avant tout les Écoles de Kazan, de Moscou et de Genève qui


contribuèrent sensiblement à la constitution de l'École de Prague. Cependant
on reconnaît en général trois courants qui figurent dans ses recherches et qui
sont particulièrement déterminants pour la linguistique contemporaine. Ce sont
les domaines concernant :

1) Le système des oppositions phonologiques — découvert par


Troubetzkoy dans la phonologie de l'allemand.

2) Le système des oppositions morphologiques — découvert par Jakobson


dans le verbe russe.

3) La perspective fonctionnelle de la proposition — découverte par


Mathesius dans la syntaxe de l'anglais et du tchèque.

Donc les conceptions de ces linguistes vont dans le sens de la démarche


saussurienne c’est –à-dire la langue comme système de signes, priorité donnée
à la fonction « communicative », priorité donnée à la description synchronique.
L’importance accordée au caractère fonctionnel des éléments linguistiques
« La langue est un système fonctionnel. » Les amène à privilégier la description
phonologique, l’ouvrage fondamental dans ce domaine est Les Principes de la
phonologie de Troubetzkoy publié en 1939. La deuxième figure emblématique
de ce cercle est R. Jakobson qui s’est illustré dans tous les domaines de la
linguistique : morphologie, grammaire, sémantique et surtout phonologie et
poétique.

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Prof : R. JAMA
Groupe 2

Exercices

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