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Les méthodes de travail les plus performantes sont généralement bien
connues des managers. L’organisation par projets, la production au plus
juste, l’ingéniérie simultanée, etc. : toutes ces approches ont fait leurs
clés
preuves et sont désormais largement documentées.
Malgré cela, la réalité des entreprises est souvent bien éloignée de cet
idéal. Pourquoi ? Quels sont les obstacles qui empêchent les dirigeants de
passer de la théorie à la pratique ? Et comment les surmonter ?
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synthèse de l’ouvrage
1 Passer de Tous ces exemples montrent la
difficulté des dirigeants à passer à
l’action, ils évoquent principale-
ment deux raisons :
la connaissance l’action. – la médiocre qualité des
à l’action individus;
– l’insuffisance des efforts de for-
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A
- Quand le discours Quand le discours se substitue à l’action
remplace l’action
On a de grandes chances de rencontrer des managers qui substituent
Le premier obstacle est inhérent l’action par le discours, lorsqu’on rencontre les situations suivantes :
au comportement des dirigeants, • Aucun suivi n’est fait pour s’assurer que les décisions prises sont mises
qui confondent souvent action et en œuvre.
discours sur l’action (figure A). Ils
exhortent leurs troupes, les encou- • Les managers n’ont pas l’intime conviction que se contenter de prendre
ragent à agir. Mais ne mettent pas une décision ne change rien.
en place les mécanismes qui garan- • Les managers appellent actions le fait de planifier, de conduire des
tissent une transformation de leurs réunions ou d’écrire des rapports.
discours en actions. Ils sont en ef- • Les managers n’ont pas conscience qu’engager une action implique
fet souvent victimes des 3 écueils obligatoirement de faire évoluer le comportement d’autres personnes.
suivants :
• Les managers considèrent que parce qu’ils ont dit quelque chose ou par
• Croire que décider suffit. ce que c’est inscrit dans la mission d’une personne, cela va se produire.
Trop souvent, les dirigeants • Les managers sont évalués sur ce qu’ils disent avoir fait et non sur ce
agissent comme si prendre une dé- qu’ils ont fait.
cision suffisait à la mettre en œu- • Les managers passent beaucoup de temps à dialoguer.
vre. Ils fixent un objectif et trans-
mettent le dossier à leurs • Les dirigeants ne considèrent pas que les managers doivent être
collaborateurs. Ces derniers, em- impliqués dans l’opérationnel.
barrassés par une idée qui n’est pas
la leur, transmettent à leur tour le
projet à leurs adjoints. que le programme n’avait pas en- marché élevée, une rentabilité ex-
Ainsi, si le dirigeant ne revient core pris : cellente, un personnel motivé rare-
pas régulièrement à la charge, son – 25% des salariés seulement esti- ment absent, etc. Pourtant, les
initiative se perd dans les méandres maient que Xerox était vérita- autres entités du groupe n’ont ja-
de l’organisation. Et son projet ne blement engagée dans un pro- mais adopté les méthodes de tra-
débouche jamais sur des actions gramme de Qualité Totale; vail développées pour le projet Sa-
concrètes. – 15% seulement estimaient que turn. En effet, les employés de
la qualité était le principal cri- Saturn transférés dans les autres di-
• Croire que planifier suffit. tère d’évaluation de la perfor- visions se sont trouvés marginali-
Beaucoup de managers confon- mance individuelle; sés. Leurs collègues percevaient
dent planifier et progresser vers le – 87% avouaient ne pas prendre comme une insulte les recomman-
but fixé. Comme en témoigne la en compte le coût de la qualité dations que leur faisaient ces der-
mise en œuvre du premier pro- comme critère de décision. niers.
gramme de Qualité Totale chez
Xerox. Le programme a été initié • La peur de se remettre en
en 1982. Après de longs débats in-
ternes, il a été officiellement lancé
- Quand la mémoire question.
La crainte du changement em-
en 1983. A la fin de l’année 83, on se substitue à la pêche parfois d’apprendre. La
constatait que beaucoup de docu-
ments avaient été rédigés sur le
réflexion chaîne de restaurants Fresh Choice
en a fait l’expérience. Elle a ren-
sujet : plan stratégique, plan de Le deuxième obstacle tient au contré d’importantes difficultés
mise en œuvre, manuels d’applica- poids du passé (figure B). En effet, dans les années 90 : le cours de ses
tion, etc. Mais, deux ans après le beaucoup de managers ont une actions est passé de 32 $ à 3 $
lancement de l’opération, Xerox forte propension à reproduire le entre 1994 et 1998 ! Pour surmon-
n’avait encore fait aucun progrès passé. Ils sont confrontés à 2 ter ce problème, la direction a dé-
tangible : les employés tra- problèmes : cidé d’acquérir Zoppa, une chaîne
vaillaient toujours de la même fa- très performante, dans l’objectif de
çon. • Le poids de la culture. bénéficier de son savoir faire.
Dans certaines entreprises, la Or, les performance de Zoppa
• Croire que les mesures culture peut devenir un obstacle au reposaient sur un mode de mana-
d’accompagnement suffisent. développement. Le projet Saturn gement beaucoup plus décentralisé
En 1987, 4 ans après le lance- de General Motors en est une illus- que celui de Fresh Choice :
ment du programme Qualité To- tration. En 1985, le leader améri- – Zoppa traitait ses responsables
tale, 70000 salariés de Xerox ont cain de l’automobile décide de de restaurants comme des chefs
participé à une session de forma- créer une entité indépendante d’entreprise. Ils étaient autono-
tion de 6 jours. Pourtant, cette pour se positionner sur le marché mes et jouissaient d’une grande
même année, une enquête a révélé des petites cylindrées. Le projet fut liberté à condition d’atteindre
un immense succès : une part de les objectifs financiers. Tandis
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E
- Mettre en place Comment minimiser la compétition interne
des indicateurs
qui favorisent l’action Pour réduire la compétition entre les employés, on peut s’appuyer sur les
leviers suivants :
Pour inciter ses employés à agir, • Recruter, promouvoir et retenir des employés qui ont démontré leur
il faut respecter deux règles volonté et leur capacité à coopérer avec leurs collègues pour le bien de
simples : l’entreprise.
– simplifier les outils de mesure en
se limitant à l’essentiel; • Licencier, ne pas promouvoir et punir les employés qui agissent
– mesurer le fonctionnement d’un uniquement pour leur bien personnel.
processus, autant que son résultat. • Focaliser l’énergie des employés sur la compétition externe et non
interne à l’entreprise.
• Se focaliser sur l’essentiel. • Eviter de mettre en place des systèmes de primes qui incitent le
Des systèmes excessivement développement d’une compétition interne.
complexes empêchent de fixer une
direction claire. A contrario, • Mettre en place des indicateurs qui prennent en compte la coopération.
Southwest Airlines a adopté, avec • Développer une culture qui définit le succès comme le fruit d’un travail
le succès qu’on lui connaît, la dé- d’équipe.
marche inverse. La direction suit • Modeler le comportement des employés en mettant aux postes de
un nombre très limité d’indica- managers des individus qui croient au travail en équipe, au partage
teurs, tous destinés à mesurer la sa- d’information et à l’assistance mutuelle.
tisfaction des clients : bagages per-
dus, plaintes, retards, qualité de • Promouvoir aux postes de dirigeants des managers qui ont démontré
l’accueil et du service à bord. leur aptitude à faire fonctionner des équipes.
• Ne pas hésiter à utiliser le pouvoir du Président pour « conseiller »
• Mesurer le fonctionnement explicitement aux employés qu’ils ont intérêt à coopérer.
des processus.
Fournir des informations sur le
résultat d’un processus donne des Pour éviter de tels dysfonction- sion, les employés d’Apple ont
indications sur le passé. C’est inté- nements, il faut catalyser l’esprit resserré leurs rangs pour se lancer
ressant, mais pas très efficace. Le de compétition sur les dans une lutte sans merci contre
niveau de marge par produit, par concurrents : l’équipe à battre est IBM.
exmple, ne fournit aucune indica- à l’extérieur, pas à l’intérieur (fi-
tion pour améliorer la producti- gure E). Certaines entreprises,
vité. Seuls, des indicateurs sur le comme Apple, ont bien compris
fonctionnement des processus l’intérêt de diaboliser ses concur- •••
(temps morts, délais d’approvison- rents. Lorsqu’elle a introduit ses
nement, etc.), aide à repérer l’ori- micro-ordinateurs sur le marché,
gine des dysfonctionnements. Et l’entreprise avait peu de chances
facilite la mise en place d’actions de réussir face à IBM. Aussi, Steve Les entreprises progressent len-
correctrices. Jobs, pour inciter ses employés à tement, car leurs managers ont du
se surpasser, a communiqué en di- mal à mettre en œuvre de nouvel-
sant qu’IBM était un monstre froid les méthodes de travail. Pour éviter
- Eviter toute qui s’opposait au développement
de l’humanité : « Ses positions de
cela, il faut agir à 5 niveaux :
– éviter que le discours ne se subs-
compétition interne marché lui permettent de réguler, titue à l’action;
selon son bon vouloir, le rythme – contourner les obstacles culturels;
Dans une entreprise, les équipes d’introduction de nouvelles tech- – éviter de générer des sentiments
doivent s’entraider et se faire con- nologies. Freinant ainsi le déve- de crainte chez les employés;
fiance. Faute de quoi, l’entreprise loppement de l’humanité (…). – mettre en place des indicateurs
se cloisonne et devient moins Aussi, il incombe aux employés qui favorisent l’action;
performante : manque de réacti- d’Apple de lutter contre cette – bannir toute compétition in-
vité, doublons, etc. injustice ! » Forts de cette mis- terne.
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a gestion des connaissan- contrées dans sa vie profession- peuvent apporter à la disposition
Directeur de la publication : Etienne Baërd - Abonnement 1 an Les synthèses Manageris sont des œuvres
Rédaction : Chrystel Martin (11 numéros, 22 synthèses, plus un classeur originales destinées à vous informer.
Direction : Sabine de Virieu de rangement et l’index annuel) Elles sont le résultat d’une analyse critique
Service commercial : Marcelina Labarre 4 200 F HT, soit 640,29 € HT (TVA : 2,10 %) de l’ouvrage. Il ne s’agit ni de citations,
Solutions intranet : Pierre Bass ni d’extraits, ni de simples condensés de textes.
Relations abonnés : Sofia Polini - Ventes au numéro
Maquette : Barbary & Courte (TVA : 2,10 %) Abonnés Non abonnés
Le commentaire critique de l’ouvrage porte
Impression : Promoprint sur l’ouvrage, et non sur la synthèse élaborée
Synthèse
205 F HT 410 F HT par Manageris. Certains des aspects évoqués
Publication mensuelle composée 31,25 € HT 62,50 € HT dans le commentaire peuvent ainsi ne pas être
de 2 synthèses, éditée par Manageris
Numéro 410 F HT 820 F HT présents dans la synthèse, par un choix délibéré
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