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Outil pour l’évaluation de la vulnérabilité à la
fraude alimentaire
16 décembre 2015
Table des matières
Avant-propos et remerciements .......................................................................... 3
Aspects juridiques et clause de non-responsabilité ............................................. 3
Terminologie et définitions .................................................................................. 4
Introduction ......................................................................................................... 6
Champ d’application de l’outil ............................................................................. 7
Arbre décisionnel ................................................................................................. 8
Équipe d’évaluation .............................................................................................. 9
Mode d’emploi de cet outil : structure .............................................................. 10
Les différents volets ........................................................................................................................... 10
Les questions ...................................................................................................................................... 10
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Avant-propos et remerciements
Le présent Outil pour l’évaluation de la vulnérabilité à la fraude alimentaire a été conçu en
collaboration avec l’Université et le centre de recherche Wageningen (Wageningen UR) ainsi
qu’avec l’Université libre d’Amsterdam (VU Amsterdam). SSAFE a également collaboré avec
PwC afin de concevoir une version électronique de cet outil.
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Terminologie et définitions
Fraude alimentaire
Terme collectif englobant les activités consistant à procéder délibérément et
intentionnellement à la substitution, à l’ajout ou à l’altération de denrées alimentaires, ou à
présenter fallacieusement un aliment, des ingrédients alimentaires ou un emballage
alimentaire, un étiquetage ou les informations concernant un produit alimentaire, ou à faire
des déclarations fausses ou trompeuses formulées au sujet d’un produit en vue d’un gain
économique.
Cet outil traite plus particulièrement des types de fraude alimentaire suivants :
• La dilution, c’est-à-dire le processus consistant à mélanger un ingrédient liquide à
forte valeur avec un liquide de moindre valeur.
• La substitution, c’est-à-dire le processus consistant à remplacer un ingrédient ou une
portion d’un produit à forte valeur par un ingrédient ou une portion de produit de
moindre valeur.
• La dissimulation, c’est-à-dire le processus consistant à cacher la mauvaise qualité
d’ingrédients ou de produits alimentaires.
• L’étiquetage trompeur, c’est-à-dire le processus consistant à afficher de fausses
déclarations sur un emballage en vue d’un gain économique.
• Les supplémentations non approuvées, c’est-à-dire le processus consistant à ajouter
des substances inconnues et non déclarées à des produits alimentaires pour faire
ressortir leurs attributs de qualité.
• La contrefaçon, c’est-à-dire le processus consistant à copier le nom d’une marque, un
concept de conditionnement, une recette, une méthode de transformation, etc., de
produits alimentaires en vue d’un gain économique.
REMARQUE : Le vol, le détournement et la production sur les marchés parallèles (« gris »)
sortent du champ d’application de cet outil. Il est néanmoins possible que ce type de fraude
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Mesures de maîtrise de la fraude alimentaire
Adoption de mesures contraignantes ou souples pour lutter contre les vulnérabilités à la
fraude alimentaire qui ont été détectées.
Vulnérabilité à la fraude alimentaire
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Introduction
Les récents scandales internationaux liés à la fraude alimentaire soulignent qu’il est
nécessaire de renforcer la capacité des entreprises à réduire les risques de fraude
alimentaire au sein de leurs propres sites ainsi que dans toute leur chaîne
d’approvisionnement. Les autorités, les consommateurs et les autres parties prenantes
s’attendent à ce que les entreprises alimentaires agissent de façon proactive pour limiter les
risques de fraude alimentaire.
Pourtant, les systèmes actuels de sécurité sanitaire des aliments ne sont pas conçus pour
limiter la fraude alimentaire, qui demande un point de vue et des compétences qui diffèrent
de ce qui est exigé dans le domaine de la sécurité sanitaire des aliments ou dans celui de la
« food defense » (prévention des actes de malveillance visant la chaîne alimentaire). Par
exemple, les aspects socioéconomiques et les anciens cas de fraude alimentaire ne sont pas
inclus dans les évaluations de risques traditionnellement employées dans le cadre de la
sécurité sanitaire des aliments ou de la « food defense ». Les vulnérabilités liées à la fraude
alimentaire peuvent aussi se produire hors du cadre des activités traditionnelles d’une
entreprise.
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Champ d’application de l’outil
Il peut aider les entreprises à mettre en œuvre les nouvelles exigences de la Global Food
Safety Initiative (GFSI) pour lutter contre la fraude alimentaire.
Il contient des renvois vers des sources et d’autres outils si une analyse plus précise ou plus
approfondie s’impose.
Il dresse un profil présentant les vulnérabilités potentielles de l’entreprise à la fraude
alimentaire ; ce profil peut servir de base à la mise au point d’interventions spécifiques à
l’entreprise en vue d’atténuer les vulnérabilités repérées.
Cet outil ne donne pas de recommandations spécifiques concernant les techniques de
Les entreprises peuvent intégrer cet outil et les résultats qu’il fournit à leur système de
management de la sécurité sanitaire des aliments.
REMARQUE : Les vulnérabilités à la fraude alimentaire sont des éléments dynamiques, et
peuvent évoluer au fil du temps. Par conséquent, cet outil est un « instrument vivant » qu’il
convient d’utiliser régulièrement.
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Arbre décisionnel
Cet outil permet d’évaluer la vulnérabilité à la fraude à différents niveaux : ingrédient,
produit, marque, site, pays, entreprise et, le cas échéant, au niveau des grands clients et
fournisseurs directs. Pour déterminer à quel niveau employer l’outil (c’est-à-dire pour établir
le champ d’application), on peut utiliser l’arbre décisionnel (ou pré-filtre) suivant.
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Équipe d’évaluation
Une évaluation des vulnérabilités à la fraude alimentaire impose de faire appel à des
expertises variées. En fonction du champ d’application défini pour l’évaluation, il est possible
que l’entreprise soit amenée à solliciter des spécialistes des contrôles généraux (ex. : audits
internes, sécurité, AQ, analyses en laboratoire, audits externes, chaîne logistique), de
l’approvisionnement, des finances et d’autres fonctions de management. L’outil propose des
conseils quant au type d’expertise qui peut être requis pour répondre à chaque question.
Les grandes entreprises devraient former une équipe multifonctionnelle ; les PME pourraient
avoir besoin de l’aide de consultants ou d’experts externes.
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Mode d’emploi de cet outil : structure
Les différents volets
L’Outil pour l’évaluation de la vulnérabilité à la fraude alimentaire se compose de sept
parties :
i. Une fiche d’information générale où consigner les données sur l’entreprise et sur
l’équipe ayant rempli l’outil
ii. Un arbre décisionnel pour aider l’utilisateur à déterminer à quel niveau appliquer
l’outil
iii. Cinquante questions d’évaluation
iv. Des graphiques en radar globaux donnant un aperçu général des constatations
v. Des graphiques en radar détaillant les constatations de façon plus approfondie
vi. Des résultats permettant à l’utilisateur de préparer d’éventuelles stratégies et
techniques de maîtrise portant sur les vulnérabilités détectées
vii. Un rapport final présentant une synthèse des résultats
Les questions
L’outil contient cinquante questions pour l’évaluation des vulnérabilités à la fraude
alimentaire. Elles s’articulent autour de deux dimensions. La première dimension porte sur
les éléments affectant les comportements délictueux, c’est-à-dire les opportunités, les
motivations et les mesures de maîtrise. La deuxième dimension concerne l’entreprise et les
différentes strates de son environnement externe, c’est-à-dire ses clients et fournisseurs
directs, sa chaîne d’approvisionnement et l’environnement de gouvernance (inter)national.
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Chaque indicateur sur les opportunités et les motivations s’accompagne de trois descriptifs
reflétant trois niveaux de risque (faible, modéré et élevé). De même, pour la section sur les
mesures de maîtrise, chaque indicateur est assorti de trois descriptifs reflétant le niveau de
maîtrise. Le descriptif reflétant la situation de l’entreprise doit être sélectionné pour chaque
indicateur.
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ANNEXE I : Références et lectures d’approfondissement
Références
Culture d’entreprise
Cohen, D. V. (1995). « Ethics and crime in business firms: Organizational culture and the impact of anomie. »
The Legacy of Anomie Theory, vol 6 : pp. 183-206.
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ethical virtues model. » Journal of Organizational Behavior, vol. 29(7) : pp. 923-947.
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Concepts sous-tendant les systèmes de management
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Luning, P. A., W. J. Marcelis, et al. (2011). « A tool to diagnose context riskiness in view of food safety activities
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12
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pp. 227-233.
Sampers, I., L. Jacxsens, et al. (2010). « Performance of Food Safety Management Systems in Poultry Meat
Preparation Processing Plants in Relation to Campylobacter spp. Contamination. » Journal of Food
Protection, vol. 73(8) : pp. 1447-1457.
Survenue de fraudes alimentaires et méthodes analytiques
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Données historiques sur les actes délictueux
13
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Mesures de contrôle managériales
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Demoralization, justice, proactive personality, and whistle-blowing. » Human Relations, vol. 65(8) :
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agency. » Explaining Compliance: Business responses to regulation, Christine Parker et Vibeke Nielsen
(éds), Edward Elgar.
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Administration & Society : DOI : 10.1177/0095399708328869.
Lectures d’approfondissement
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http://shop.bsigroup.com/Browse-by-Sector/Food--Drink/PAS-96-2014/.
Campden BRI (2014). TACCP (Threat Assessment and Critical Control Point): a practical guide 2014 (Guideline
G72). http://www.campdenbri.co.uk/publications/pubDetails.php?pubsID=4640.
De Lange, E. (2013). Crise alimentaire, fraudes dans la chaîne alimentaire et lutte contre de telles
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&l=FR.
Elliott, C. (2014). Elliott Review into the Integrity and Assurance of Food Supply Networks – Final Report.
https://www.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/350726/elliot-
review-final-report-july2014.pdf.
Commission européenne (2015). RASFF – Food and Feed Safety Alerts.
http://ec.europa.eu/food/safety/rasff/index_en.htm.
FMI/GMA Trading Partner Alliance (2014). Brand Protection and Supply Chain Integrity: Methods for
Counterfeit Detection, Prevention and Deterrence. A Best Practices Guide.
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ANNEXE II : Cadre scientifique sous-jacent à l’outil
Dans le domaine de la lutte contre la fraude alimentaire, un adage revient souvent : « Pour
attraper un criminel, il faut penser comme lui ». La criminologie est la science qui étudie le
comportement des criminels et leur processus décisionnel. Son champ d’études inclut la
fraude, qui est un crime motivé par l’appât du gain.
Selon la criminologie contemporaine, les crimes à motivation économique résultent de
l’association de trois facteurs : 1) la présence d’opportunités, 2) la présence de motivations,
et 3) l’absence de mesures de maîtrise (voir Figure 1). Ces trois éléments ont fait l’objet de
recherches approfondies et de tests théoriques détaillés, et constituent la base du présent
outil d’évaluation.
Opportunités
Motivations
Mesures de
contrôle
Vulnérabilité à la fraude
Figure 1 – Vulnérabilité à la fraude : les trois éléments qui influencent le comportement
La motivation économique peut viser un gain matériel à titre individuel, ou une ascension
professionnelle sous une forme ou une autre. Selon le fraudeur et la situation, cette
motivation économique peut se traduire de deux façons : optimisation des profits ou
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minimisation des pertes. Autrement dit, il s’agit dans le premier cas de cupidité (désir
d’obtenir un gain matériel supérieur), et, dans le deuxième cas, d’une nécessité (où il semble
inévitable d’enfreindre la loi pour survivre économiquement).
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Motivations
Entreprise
Chaîne
Opportunités d’approvisionnement
de l’entreprise
Segment sectoriel
Environnement
national/régional
Environnement
international
Déclin de «
l’étendue
du contrôle » de
Mesures de contrôle l’entreprise
Figure 2 – L’environnement de l’entreprise et les trois éléments de la fraude alimentaire
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